Chapitre 15
Pour rester caché des Moldus, Poudlard avait fortement été protégé et enchanté pour ne rien montrer à leurs yeux de non-sorciers qu'une ruine dans laquelle ils n'auraient pas même désiré entrer sans le signe leur disant que l'édifice était en danger d'effondrement imminent, tant son aspect était dilapidé. A Urqhart, une méthode différente avait été choisie: Non seulement les regards curieux des Moldus ne rencontraient pas une ruine, c'était aussi une réplique magique du véritable château qui hébergeait l'université magique d'Angleterre, situé sur l'une des rives pas si facilement accessible du Loch Ness et protégée par des sortilèges d'invisibilité impénétrables à tout regard autre que celui d'un sorcier.
Pendant les quelques dernières années, le nombre d'étudiants avait augmenté considérablement, tant en fait qu'il était impossible de fournir un hébergement pour tous sur le campus sans faire des amplifications considérables de la plupart des bâtiments. Les experts en sortilèges du ministère avaient dissuadé les gouverneurs de l'université de faire cela néanmoins, parce que de tels changements allaient probablement influencer le champ magique alentours et ainsi aussi la réplique du château. Etant donné qu'attirer l'attention des Moldus en changeant l'apparence d'un des monuments les plus visités d'Ecosse serait la dernière chose qu'ils voulaient faire, les gouverneurs avaient tenu compte des conseils des experts. Mais il s'avéra que beaucoup d'étudiants préféraient vivre dans leurs propres maisons ou avec leurs parents, et ainsi l'augmentation de leur nombre cessa d'être un problème avant même qu'elle n'en devienne un.
Seuls les sortilèges anti-transplanage durent être enlevés, car il était impossible de laisser des troupeaux d'étudiants apparaître de nulle part hors des limites où tout le monde pouvait les voir. Cela créait bien sûr un certain risque, et pendant une courte periode de temps les gouverneurs firent l'expérience de deux portes de transplanage pour étudiants, une pour arriver et une pour repartir. L'expérience fut annulée après seulement une semaine, suite à quelques accidents sérieux qui s'étaient passés quand les portes avaient été bloquées par l'affluence de masse, et des retardataires avaient transplané pile sur leurs camarades qui étaient encore coincés entre les portails. L'accès par transplanage était maintenant possible pour tout le monde, et jusqu'ici rien ne s'était produit.
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Après l'exécution réussie de Herbert Wilkes, sa place avait été prise par son fils Stuart, qui, sous l'influence de la potion d'Imperius, avait refusé de prendre un troisième associé. Le RRS était maintenant seulement guidé par lui et Catherine Reynolds, dont l'influence était subtilement mais constamment ébranlée. Les choses allaient de manière satisfaisante, et ainsi les partisans de Lord Voldemort purent diriger leur attention vers leur projet suivant: éliminer Jonathan Prewett, qui enseignait les potions à l'université magique d'Urqhart. Le trimestre avait commencé au début d'octobre, et environ deux semaines plus tard, durant une réunion du personnel le 15 octobre, un hibou avait livré une lettre invitant Prewett de manière qui ne portait pas à confustion, à reconsidérer son attitude envers Lord Voldemort à moins d'être prêt à faire face aux conséquences de sa désobéissance.
Lucius, leur agent provocateur** qui venait juste de commencer sa première année de métamorphose et sortilège avancés, avait rapporté qu'une réunion du personnel était probablement la meilleure occasion d'avoir l'attention entière des personnes qui comptaient vraiment. Il n'y avait aucune cérémonie universitaire de prévue à court terme et le personnel enseignant prenait rarement ses repas en commun, avec ou sans les étudiants. Les cours ne semblaient pas non plus être une possibilité appropriée pour transmettre la lettre menaçante, parce que seuls les étudiants étaient présents. Il était néanmoins essentiel qu'autant de membres du personnel que possible assistent à l'événement, afin d'obtenir l'effet désiré.
La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre et le tumulte qu'elle causa fut considérable. Tout le monde était indigné, depuis le recteur jusqu'au concierge; tout le monde assurait Prewett de sa loyauté inébranlable, mais il était indéniable que les gens commençaient à garder leurs distances. Les étudiants s'excusaient de ses leçons sous les prétextes les plus usés; on demanda gentiment mais fermement à sa fille de six ans, Barbara, habituellement plus que bienvenue dans les quartiers des étudiants de rester loin de ses repaires favoris; et son épouse Elsa fut manifestement non-invitée à un thé d'après-midi organisé par l'épouse du recteur. Lucius, qui avait été chargé de garder un oeil sur la famille de Prewett, profita grandement de ses compétences de furtivité et d'espionnage acquises à Poudlard. Dans les rapports quotidiens qu'il était obligé d'écrire à son père, il racontait de manière très approfondie le désespoir de Prewett et par-dessus tout sa déception devant l'attitude de ses collègues et de ses étudiants.
Peu après Halloween, Prewett fut appelé dans le bureau du recteur. Il n'avait jamais été en termes particulièrement amicaux avec Chuck Greenbaum, en partie parce qu'il était un peu americanophobe mais surtout parce que Greenbaum était Magizoologiste, qu'il tenait les potions en très basse estime et qu'il ne manquait jamais d'exposer cette attitude à qui que ce soit qui veuille ou ne veuille pas l'écouter. Heureusement, Prewett avait discuté de l'aboutissement de cette conversation avec son épouse tard dans la nuit, après que leur fille ait été envoyée au lit, après que le campus ait été enveloppé dans l'obscurité et après que Lucius ait commencé ses activités d'espionnage de nuit. Les quatres hommes de confiance de Voldemort avaient ainsi appris que le professeur de potions avait reçu un délai de trois semaines pour mettre ses affaires en ordre, prendre sa famille avec lui et quitter l'université magique d'Urqhart pour quelque destination que ce soit qu'il choisisse mais de préférence quelque part aux antipodes. Il était temps d'agir.
Lucius était l'un des étudiants non-résidents et ainsi il put participer sans élever de soupçon superflu à la réunion qui fut tenue au Manoir Malfoy pour la planification méticuleuse de l'attaque.
" Es-tu sûr qu'il n'y a aucun Auror sur le campus?" demanda Lestrange pour la nième fois.
" Aussi incroyable que cela puisse sembler, il n'y en a aucun. Comme je vous l'ai déjà dit, " répondit Lucius, avec un soupçon d'impatience dans sa voix. L'espionnage constant commençait à porter sur ses nerfs. Il devenait assez irritable-mais jamais, le remarqua Severus avec plaisir et surprise, envers son épouse.
" Et en civil?" demanda Barty. " pas que j'aie entendu quoi que ce soit de ce genre au ministère, mais alors vous savez que je ne peux pas être trop visiblement curieux."
Lucius remua la tête pensivement. " Je dirais plutôt qu'il n'y en a pas. Maintenant, je connais tout le personnel et la plupart des étudiants. Et depuis que la lettre est arrivée, je n'ai pas vu beaucoup de nouveaux visages. S'il y a des gens de la mise en application de la loi, ils doivent être terriblement peu nombreux. Et certainement pas près de l'habitation de Prewett, car je les aurais certainement remarqués. Pour dire la vérité, je ne suis même pas sûr que Greenbaum ait informé le ministère. Pour moi, il ressemble beaucoup au type C'Est-Mon-Territoire-Alors-Je-Vais-M'En-Occuper. Plutôt imprudent, si vous me demandez mon avis, mais de beaucoup à notre advantage."
" En effet. Cela donnerait à l'opération entière un air presque incroyablement facile. " fit remarquer Severus .
" Facile mais pas spectaculaire, " fut le commentaire de Lestrange. " Nous voulions avoir quelque chose de vraiment sensationnel, beaucoup de morts et de blessés dans les victimes. Quelque chose que le ministère ne puisse pas simplement négliger. Oui je sais, " il devança impatiemment le commentaire de Barty avec une vague de sa main, "Je sais qu'ils seront hors d'eux parce que l'épouse de Prewett est de la famille de Weasley, même si seulement par mariage. Mais c'est une affaire qui leur est interne pour ainsi dire. Une question d'honneur. Ce dont nous avons besoin est de pression publique, et nous ne pouvons pas avoir cela sans un massacre."
" Exactement " acquiesça Julius Malfoy " C'est pourquoi nous l'avions prévu comme ceci: Attirer l'attention, faire en sorte que les gens se rassemblent autour de leur collègue menacé, et puis frapper. Qui diable pouvait prévoir que c'est un tel paquet de trouillards?"
" Dans ce cas-là " dit lentement Lucius " je pourrais avoir une idée."
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Il était difficile de ne pas sourire comme un idiot, pensa Severus, restant à traîner devant le bâtiment du ministère, quand on regardait un lieu qui était le symbole de plus d'un triomphe personnel. C'était le 13 novembre, jour de son dix-huitième anniversaire, et il venait de quitter le bâtiment dépressif avec son autorisation de transplaner en main-triomphe numéro un. Le cordon de sorciers de la mise en application de la loi formant une barrière vivante autour de l'édifice lui rappelait la manoeuvre de diversion réussie effectuée pour dissimuler l'attaque contre Wilkes. Et quelques mètres plus loin dans la rue, il y avait le siège du RRS, monument d'une autre victoire encore. Immobile parmi la foule se dépêchant vers ses bureaux, ses rendez-vous ou ses pauses déjeuner, il savoura ce moment aussi longtemps que possible.
Cette satisfaction éphémère devant ce qu'il avait réalisé n'annulait pas complètement le sentiment encore criaillant de culpabilité à cause de ce que Lucius, avec sa nonchalance habituelle, appelait la Blague de la Vierge. Mais il avait appris à vivre avec ce sentiment, plus ou moins confortablement, et l'avait sublimé, le transformant en motivation pour faire de son mieux pour son maître. Maintenant qu'il avait son autorisation, il n'y avait plus de limitations à ce désir. Il pourrait complètement prendre part à toute mission que Lord Voldemort lui confiait et montrer son dévouement absolu à la cause.
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L'habitation que Jonathan Prewett occupait sur le campus de l'université magique d'Urqhart avait auparavant hébergé une famille de six et était ainsi plutôt grande pour trois personnes. Moins de la moitié des membres de la faculté étaient mariés, et Prewett était actuellement le seul ayant un enfant de moins de quinze ans, s'étant marié assez tard pour un sorcier, à l'âge de quarante-deux ans. Ainsi ses collègues n'avaient été que trop contents de lui laisser l'appartement spacieux à la toute fin du long bâtiment à deux étages qui contenait les quartiers du personnel. Le bruit de petits enfants n'était pas la sorte de bruit que les occupants de cet édifice accueillaient volontiers. Mais ils devaient convenir que Barbara Prewett était une enfant modèle, tranquille et assez discrète, plus intéressée par s'asseoir avec les étudiants et écouter leur conversation que par le fait de faire du chaos ou de déranger le silence digne dont ils avaient besoin pour se concentrer sur leur travail. Ceci et beaucoup plus, était ce que Lucius avait entendu de la bouche de M. Augustus Juniper, factotum et concierge du bâtiment du personnel. Il avait aussi appris que les Prewetts préparaient déjà leur départ et seraient probablement partis plus tôt qu'il ne le leur avait été demandé.
Maintenant qu'il était de connaissance commune que le professeur de potions allait partir, les professeurs tout comme les étudiants semblaient regretter leur réaction précédente. Ce fut sur cette terre fertile que Lucius sema la pensée d'une grosse fête surprise pour Prewett et sa famille, en tant que geste de solidarité et d'adieu. Comme le dimanche était le seul jour de la semaine où même le professeur le plus consciencieux n'enseignait pas, ni ne travaillait à heures fixes, le samedi 13 novembre fut universellement acclamé comme étant la date idéale pour la célébration, car il n'était pas certain que Prewett soit encore un résident du campus le samedi suivant. Les préparatifs furent faits avec un secret total-les qualités de chef de Lucius s'avérant inestimables au cours du processus-le seul problème qui restait à résoudre était de faire sortir la famille de son logis environ une demi heure avant le commencement des festivités. Sur l'insistance polie mais inflexible de Lucius, Greenbaum prit à contrecoeur sur lui-même de convoquer Prewett à son bureau à 6 heures 15 du soir pour encore un autre tête à tête**. Puis Lucius eut une rencontre très cordiale avec Roger Lovegood, le recteur de l'Académie des Aurors où Mme Prewett enseignait les Techniques d'Interrogation et, utilisant une overdose massive du charme proverbial des Malfoys, obtint de lui la promesse qu'il l'appellerait pour affaires urgentes samedi prochain le soir à 6.30 sonnantes. Dans de tels cas, les Prewetts ne laissaient jamais Barbara seule à la maison, mais demandaient habituellement à M. Juniper de la garder chez lui jusqu'à ce qu'ils soient de retour.
Ainsi, en ce qui concernait la préparation in loco, tout promettait de se passer aussi tranquillement que possible.
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Pour une fois Croupton, Lestrange, Malfoy Sr. et Severus étaient en total accord : La mission Prewett devait être effectuée sans un seul accroc. Ils décidèrent que tous quatre allaient activement participer, ce qui était tout à fait exceptionnel. Suite au nombre de personnes que Lucius espérait voir se montrer à la fête, il était nécessaire d'amener au moins seize mangemorts de plus, sans se compter. Ce devaient être des duellistes adroits avec des réflexes rapides et moins qu'aucun scrupule à utiliser le sortilège de mort, car eux vingt devraient faire face à environ quatre- vingts personnes. Un rapport de un contre quatre était difficile mais faisable à condition que personne ne perde la tête.
Il fallut aux quatre hommes beaucoup de temps et d'endurance pour choisir ces seize mangemorts que tous considéraient assez rapides et assez impitoyables pour être des membres utiles du groupe. Ceux unanimement étiquetés comme idiots, comme Nott et Crabbe, devaient être exclus, de même que ceux qui avaient des compétences de duel insuffisantes. Avec des dents serrées, Severus accepta l'inclusion de Karkaroff dans les rangs, tandis que les protestations de Lestrange à mettre Tabitha en danger furent facilement écartées par à la fois Severus et Barty, qui soutenaient qu'elle pouvait leur en donner à la plupart d'entre eux pour leur argent en ce qui concernait les duels. Enfin, tous quatre furent satisfaits des choix qu'ils avaient faits.
Au milieu de novembre, il était extrêmement peu probable de trouver un seul touriste près du château d'Urqhart à 7 heures par un samedi soir glacial . En dépit de cette considération, Julius Malfoy avait conseillé qu'ils mettent des sortilèges d'invisibilité sur l'emplacement qu'ils avaient choisi pour le transplanage des mangemorts. Afin d'éviter des complications importunes, ceci devait être fait entre le coucher du soleil et 7 heures du soir, le jour de l'attaque. Les instructions devaient être données après que le groupe entier ait transplané à l'intérieur; chacun des quatre chefs devait faire sa propre partie du discours de préparation, afin d'éviter l'impression que l' un d'entre eux était moins important que les autres.
Ils avaient en effet de la chance, pensa Severus en mettant son masque dans la salle de séjour sombre. Le temps était meilleur en Ecosse qu'à Londres où une pluie lourde menaçait d'emporter la ville entière. Il avait craint de trouver des conditions semblables, sinon pires, à leur destination, mais quand il y était allé plus tôt avec Clarissa pour jeter les sortilèges nécessaires, il s'était rendu compte à sa grande joie, que le ciel était seulement bouché et ne semblait pas devoir changer pendant les quelques heures suivantes. Encore habitué à voyager par poudre de Cheminette, il avait déjà ouvert la boîte et tiré sa baguette pour allumer un feu, mais il se rappela alors qu'il ne dépendait plus de ce mode de transport.
Barty était déjà là quand il arriva, presque en même temps que Julius Malfoy. Lestrange arriva en vue quelques secondes plus tard. Ils avaient consenti à arriver dix minutes plus tôt-il était préférable que les chefs attendent l'arrivée de leurs troupes. Cette fois, pas un seul mangemort n'était en retard, et à sept heures trois - on leur avait dit de tranplaner à dix secondes d'intervalle les uns des autres pour éviter les collisions- le groupe était au complet. Barty fut le premier à délivrer sa partie du discours.
" Vous savez, " commença-t-il pompeusement comme à son habitude, " que le succès de la mission de ce soir dépend non seulement de votre prouesse mais également de nos tactiques. Ceci-" il tira sa baguette et désigna un rectangle oblong sur l'herbe " -est le contour du bâtiment et ceci-" il tira une ligne parallèle au côté le plus court du rectangle, en découpant ainsi une petite partie, " -est l'appartement de Prewett. Nous sommes seulement intéressés par le rez de chaussée, comme les gens seront empêchés d'aller en haut. Il y a seulement le salon et la cuisine. Les fenêtres des deux pièces sont à une hauteur d'approximativement un mètre vingt du sol. Le salon a trois fenêtres, la cuisine deux. Il y aura deux d'entre nous à chaque fenêtre, les dix autres utiliseront l'entrée principale, qui heureusement est la seule porte."
Il fit signe à Lestrange de continuer.
" Comme vous l'avez déjà entendu " dit Lestrange, " la tactique est essentielle et le chronométrage l'est aussi. J'ai contrôlé l'heure exacte d'arrivée de chacun d'entre vous pour m'assurer que nous étions parfaitement synchronisés. Maintenant tout le monde va là bas-" il indiqua le coin lointain de leur espace retiré - " et un par un, vous viendrez vers nous et ôterez votre masque. Nous vous répartirons en deux groupes, un pour les fenêtres et un pour la porte."
Un peu plus tard, ils avaient deux groupes de huit personnes chacune, et Lestrange continua.
" Le groupe des fenêtres mené par Julius et Bartemius, attaquera précisément vingt secondes avant huit heures, afin de créer un chaos qui permettra au groupe de la porte, conduit par Severus et moi-même, d'entrer."
Avec une vague de sa main, il fit signe à Severus de prendre la relève.
Il prit une respiration profonde, voyant que ses nerfs n'étaient pas tout à fait aussi calmes qu'il l'aurait désiré. " Nous ne pouvons pas nous permettre, sous quelque circonstance que ce soit, de perdre une seule personne. Par conséquent, la règle numéro un est de tuer et de tuer vite. Cette mission n'est pas faite pour s'amuser, alors pas de torture ni de petits jeux. Nous devrons faire face à plus ou moins quatre-vingts personnes, ce qui en dit assez en soi-même. Règle numéro deux: Nous avons exactement cinq minutes. A huit heures cinq, nous partons. Si l' un de nous incluant Malfoy, Croupton, Lestrange ou moi- même est trop gravement blessé pour transplaner, il ou elle sera tué. L'ennemi ne doit pas faire de prisonniers. Est-ce compris?"
Seize têtes hochèrent la tête en accord silencieux.
" Eh bien alors, " dit Malfoy, " tirez vos baguettes pour inspection." S'avança de silhouette noire en silhouette noire, prononçant 'Intactus' au- dessus de chacune des baguettes tendues vers lui. " Excellent. Maintenant, le sortilège de changement de voix, s'il vous plait. Fait? Bon. Dernièrement, juste pour s'assurer que tout le monde s'en rappelle: si vous êtes blessés n'allez pas, je répéte, n'allez pas demander de l'aide à Ste. Mangouste ou à tout autre medisorcier, même si vous le connaissez et êtes convaincus vous pouvez lui faire confiance. Appelez l'un d'entre nous-" il indiqua Severus, Barty et Lestrange " -par Cheminette, et nous contacterons immédiatement un camarade mangemort qui est aussi medisorcier. Si vous violez ce ordre explicite, soyez sûr que vous ne vivrez pas pour le regretter."
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" Nerveux?" chuchota Lestrange à Severus.
Leur groupe formait une ligne le long du côté étroit de l'immeuble, complètement cachée par les ombres. Il était huit heures moins cinq.
"Un peu, " répondit Severus. " Vous savez, j'ai comme l'impression qu'il y aura beaucoup plus de monde que nous n'avons pensé. J'espère seulement qu'il n'y a personne dans le couloir."
" Cela ne ferait pas de différence dramatique. Et n'oublie pas qu'ils boivent depuis déjà une heure. Etant donné que Lucius n'a jamais commandé les sandwichs, ils devraient être plus qu'éméchés maintenant."
Severus hocha seulement la tête. Il était plus que simplement un peu nerveux. Pour dire la vérité, il avait peur. Les missions précédentes auxquelles il avait pris part n'avaient rien été comparé à ce qui l'attendait ce soir. Maîtriser un seul adversaire et le tuer était quelque peu différent de devoir affronter une majorité à quatre contre un -et peut- être, à moins que ses tripes ne le trompent , encore plus-dans un espace relativement restreint. Le risque d'être frappé par un sortilège égaré ou une malédiction ricochant était aussi grand que celui d'être frappé par un adversaire. Il lui était soudain venu à l'esprit qu'il pourrait mourir ce soir, que les dix prochaines minutes pourraient être les dernières de sa vie. Mourir le jour de son dix-huitième anniversaire. quelle idée ridicule. Il regarda sa montre. Huit heures moins une. Temps de bouger.
Lestrange alla le premier, suivi de près par Severus. Baissant la tête, pour ne pas pouvoir être vu de l'intérieur, Lestrange passa la première fenêtre du couloir. Severus décida de prendre le risque de regarder-il n'y avait personne à l'extérieur et la porte d'entrée des quartiers de Prewett était fermée. Remerciant silencieusement quelque divinité que ce soit qui était compétente pour les raids de mangemorts, Severus se pencha et suivit rapidement Lestrange. Le groupe s'arrêta devant les deux marches plates menant vers le haut à la porte massive de l'entrée de l'édifice. C'était ouvert; les torches éclairant le couloir jetaient une lumière douce sur les marches et le sentier de gravier serpentant dans la nuit. Sur le petit bout de sa peau qui n'était couvert ni par la cape ni par le masque, Severus pouvait sentir l'air chaud ruisseler vers eux depuis l'intérieur.
A un signe de tête de Lestrange, ils entrèrent dans l'immeuble. Les dalles du couloir étaient couvertes par un tapis bleu épais, noir comme de l'encre, qui étouffait le bruit de leurs pas. Comme ils s'approchaient de la dernière porte au bout du couloir, Severus put finalement distinguer le bruit de la fête et trouva cela curieusement réconfortant. Vingt-cinq secondes avant huit heures, vingt-quatre, vingt-trois, deux-dit paires d'yeux regardant fixement la porte-un. et l'enfer se déchîna. Cris, hurlements, corps frappant contre la porte. Tapotant mentalement l'épaule de Lucius, car il avait réussi à verrouiller la porte, si tout allait bien sans être vu, Severus compta les secondes, tout en espérant que Lucius ait pu se placer près de la dernière fenêtre du salon, pour que son père puisse immédiatement l'assommer.
Quatre secondes avant huit heures, trois-lui et Lestrange marquèrent ces trois dernières secondes par des hochements de tête-deux, un. "Reducto!" La porte, désagrégée en milliers d'éclats, fit des blessures, petites mais douloureuses dans la foule déjà paniquant. Le reste était une simple tache compacte et floue de cris, d'explosions, d'éclairs de lumière rouge et verte et esquive-attaque-esquive-attaque comme une leçon de gymnastique aérobique venant directement d'enfer. Il leur fallut deux minutes et trente- sept secondes pour terminer la fête. Quand tout fut fini, ils pataugeaient littéralement dans les corps. Il y avait même assez de temps pour examiner la couche supérieure; qui que ce soit qui réagissait à " Enervate!" était immédiatement tué.
" Hé là, dehors! Etes-vous au complet?" appela Lestrange en direction des fenêtres. Les sortilèges de changement de voix étaient encore actifs, ainsi il fut impossible de déterminer qui avait confirmé qu'ils l'étaient.
Pendant ce temps, Severus comptait ses hommes à l'intérieur du salon. En se comptant, ils étaient dix. Complet. Personne de perdu. " Quelqu'un de blessé?" demanda-t-il.
Un bras fut levé. " Oui mais seulement légèrement. Je peux m'en occuper moi- même."
Lucius, assommé mais vivant, se trouvait sous la dernière fenêtre. En feignant de regarder dans la nuit, Severus s'approcha de la forme molle, juste pour voir s'il allait bien. Cela semblait certainement être le cas; il n'y avait ni sang ni aucune marque visible de malédiction. S'assurant que personne ne le regardait, Severus fit léviter le corps mort le plus proche et l'étendit discrètement sur lui. Comme ceci, qu'il soit un des quelques survivants semblerait moins suspicieux.
Quatre minutes après huit heures. " Morsmordre!" Lentement, sa taille augmentant proportionnellement à sa hauteur, la marque sombre s' éleva dans le ciel de nuit. C'était fini. Ils pouvaient rentrer chez eux. Et il avait survécu à son dix-huitième anniversaire.
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Peut-être s'était-il réjoui un peu trop tôt, pensa Severus quand il entendit le choc étourdissant qui, à en juger au bruit, allait bientôt abattre la porte d'entrée. Il était debout devant le miroir de sa chambre, examinant attentivement ses robes de soirée. Après tout, c'était son anniversaire, et il devait transplaner au Manoir Malfoy dans exactement cinq minutes. Peggy, les oreilles étirées, apparut avec un craquement.
" Maître Severus, il y a des Aurors-"
Ce fut tout ce qu'elle put dire avant d'être interrompue par une voix bien connue.
" Cela suffira, elfe, nous pouvons nous annoncer nous même! Qu'est-ce que tu mijotes, Rogue, tu te prépares à une fête d'après massacre? Et pourquoi le miroir est-il encore intact?"
" Black!" dit Severus en se retournant lentement. " Quel plaisir inattendu. Quant au miroir, il est encore en un seul morceau parce que je ne suis pas un vampire, je suis simplement laid. Et quant à ta visite inattendue, à quoi dois-je ce plaisir? Quelqu'un t'a-t-il déjà dit que tu ne devrais vraiment pas porter de rouge?"
" Ne te laisse pas provoquer, gamin!" retentit une autre voix hors de la pièce.
Maugrey. Cela allait demander beaucoup plus d'énergie qu'il ne l'avait pensé. " Y a-t-il une explication à votre présence soudaine et, si je puis dire, non désirée dans ma maison?"
Finalement, Maugrey avait atteint le sommet des marches et boita à travers le palier jusqu'à la porte de la chambre. S'appuyant lourdement contre le montant de la porte, il laissa son regard parcourir la chambre, prenant son temps. C'était bien sûr plus une méthode pour énerver sa victime qu'une recherche véritable. Le jeu était lancé.
" M. Maugrey. Ceci est certainement une surprise et pas une surprise agréable. J'ai déjà demandé à Black ici présent le motif de votre visite, mais il ne semble pas capable de me l'expliquer. Auriez-vous donc l'aimabilité-"
Alastor Maugrey ne se donna pas même la peine d'écouter. " Enlève ces robes, " fut tout ce qu'il dit.
" Si c'est ce que vous cherchez, vous auriez dû aller au Manoir Malfoy. M. Black a un certain faible** pour notre ami commun Lucius, alors si c'est pour se déshabiller-"
"Enlève les, maintenant !" hurla Maugrey. " Ou tu le regretteras!"
Devait-il le faire ou pas? Severus décida qu'il était mieux d'affronter le vieil Auror. " M. Maugrey, " dit-il en s'approchant de la silhouette vêtue de blanc habillée dans l'embrasure de la porte, " Je connais mes droits aussi bien que vous. Et je peux vous assurer que personne, même pas vous n'a le droit de prendre d'assaut ma maison, sans prévenir, et me dire d'enlever mes robes. Qu'est-ce que tout ceci?"
" Ceci est une enquête officielle, alors ne fais pas de chichis et enlève ces robes. Je ne le répéterai pas deux fois."
"Un enquête officielle ?" demanda Severus en débouttonnant ses robes de soirée. " A quel sujet?"
" Ce n'est aucunement tes affaires " mugit Black de derrière lui.
Severus renvoya les robes au cintre duquel il venait à peine de les prendre. " Satisfaits?" demanda-t-il, étendant ses bras et se tournant une fois sur lui-même.
Aucun des deux autres hommes ne fit de commentaire.
" Donne moi ta baguette!" demanda Maugrey. Il semblait un peu moins sûr de lui qu'avant.
" Ma. écoutez, Maugrey, voulez-vous l'examiner ou la confisquer? S'il c'est ce dernier, je dois protester le plus fort possible-"
La baguette fut dérobée de sa main avant qu'il ne termine sa phrase. Severus regarda impassiblement l'Auror, sous le regard impatient de Black, lancer le sortilège de Priori Incantatem. Le ministère croyait-il vraiment que les partisans de Voldemort étaient si stupides? Chacun d'eux avait deux baguettes, 'l'officielle', pour ainsi dire-le Ministère faisait un suivi soigneusement exact de quelle baguette était vendue à qui mais ceci était bien sûr seulement valable pour la Grande Bretagne-et l'autre. Celles qu'ils utilisaient pour leurs missions. Elles venaient d'un fabricant de baguette très adroit en Argentine et étaient cachées dans les lots de bois que l'entreprise de Lester McNair importait en Angleterre. Des pot-de-vins bien répartis rendaient sûr que personne ne prenait jamais la peine de vraiment y regarder de plus près.
A la déception évidente de Maugrey et Black, il s'avéra que Severus avait copié une recette de potions, réparé un alembic, appelé plusieurs livres par accio et conjuré un bouquet de fleurs.
" A qui les as-tu envoyées?" aboya Maugrey, continuant le spectacle mais sans beaucoup de conviction.
" Elles sont dans un vase en bas, dans le salon, " l'informa Severus. " Je préfère celles que je conjure à celles coupés dans le jardin, elles sont bien pl-"
Il était apparemment impossible qu'il termine une seule phrase ce soir.
" Je me fiche de tes préférences de décoration, espèce de fée, " ronchonna Maugrey.
" Je vous demande pardon?"
" Tu m'as entendu, Rogue. Je ne le répéterai pas, je ne suis pas si stupide." Severus leva un sourcil ironique. " Arrête ça, moutard morveux! Et ces robes de soirée? Pourquoi portes-tu des robes de soirée?"
" Premièrement je ne les porte pas, car vous m'avez vous-même donné l'ordre péremptoire de les ôter. Deuxièmement, c'est aujourd'hui mon dix-huitième anniversaire, et j'aurais déjà dû arriver chez mes amis pour dîner. A mon âge, il encore semble bon de fêter cela, vous savez?"
En ignorant exprès les derniers mots, Maugrey fit rétrécir ses yeux avec suspicion. "Amis? Quels amis?"
" Les Malfoys. Nous étions très proches à l'école, Lucius et moi. Et bien sûr St. Jean Lestrange. Il a été mon tuteur et presque un père pour moi. De plus, c'est l'oncle de Narcissa Malfoy."
Maugrey siffla entre ses dents. " Les Malfoys et Lestrange. Eh bien, il n'y a aucune nécessité de se dépêcher, mon garçon. Tout de suite, ils reçoivent tous des visiteurs, tout comme toi."
" Je me retiendrais de vous appeler ainsi, M. Maugrey. Les visiteurs sont invités ou du moins bienvenus. Vous n'êtes ni l'un ni l'autre. Inutile de dire qu'il en va de même pour le Gryffondor silencieux, et vêtu de rouge que vous avez apporté. Est-ce supposé être une action concentrée contre les ex-Serpentards? Et si c'est le cas pourquoi n'avez-vous pas de visiteurs vous-même? Ou dérangez-vous seulement les ex-amants de votre ancienne épouse?"
Cette dernière question provoqua un reniflement moqueur de Black. Maugrey lui lança un regard furieux puis revint à Severus. " Vous ne savez pas avec qui vous jouez, Severus Rogue, " grommela-t-il. " mais la prochaine fois que je viendrai dans votre maison, je n'amènerai pas seulement un apprenti. Et je retournai entièrement cette tanière de serpent, est-ce compris?"
Severus hocha la tête. " Bien sûr. S'il y a quelque chose que vous vouliez trouver en particulier, dites le moi pour que je puisse la cacher en pleine vue. Et n'oubliez pas d'apporter un mandat de perquisition. Pas un faux, " ajouta-t-il avec un sourire en se rappelant une histoire plutôt atroce que la Gazette des Sorciers avait rapportée il y a quelques jours au sujet d'un paquet d'Aurors qui avait fait une incursion dans la maison d'un suspect en présentant un mandat de perquisition qui s'était révélé être faux.
Maugrey blanchit puis devint rouge écarlate. Mais il se retint avec un effort visible et murmura seulement" Tu paries, mon garçon, tu paries."
Il devait être déçu mais aucunement aussi frustré que Black. Peut-être était-il seulement plus adroit à le dissimuler. La rage de Black, cependant, était clairement visible sur son visage. Severus trouva que c'était un début tout à fait prometteur pour une soirée agréable.
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Aujourd'hui était un mauvais jour pour les Elfes de Maison. Le dénommé Dobby qui arriva en courant dans le Hall d'entrée du Manoir Malfoy dès que Severus s' y fut martérialisé avait certainement l'air d'être près d'avoir une attaque cardiaque -c'est à dire si les Elfes de Maison faisaient des crises cardiaques. Ses yeux, déjà gros et globuleux comme il était commun pour son espèce, semblaient vouloir sauter hors de son crâne; ses grandes oreilles ressemblant à des chauves-souris, la gauche vers le haut, la droite vers le bas, frémissaient convulsivement, et même son nez long et mince en forme de crayon tressautait.
"Monsieur Rogue, monsieur, " dit-il d'un cri perçant, " Il y a. il y a des Aurors."
Peggy avait certainement eu un meilleur sang-froid. " Je sais, Dobby. Maintenant sois gentil de prendre mon manteau, et annonce moi, ou M Malfoy de donnera un coup de pied qui t'enverra dans la lune."
Les doigts minces et longs tremblaient si violemment que la créature avait des difficultés à tenir sa cape. "Oui, monsieur, " dit-il d'une voix rauque, " Dobby vous annonce, oui, monsieur, immédiatement." et il fila hors de vue.
Severus resta debout à attendre, regardant paresseusement les portraits des ancêtres de Malfoy qui étaient alignés sur les murs. Ils semblaient être un peu alarmés aussi, car ils se jetaient dans et hors de leurs cadres, échangeant apparemment des nouvelles de ce qui se passait. Soudain, la porte du grand salon fut ouverte, et Julius Malfoy sortit dans le hall.
" Severus!" s'exclama-t-il en lui tendant la main. " Il est bon de te voir! Bien que ce soit une situation très affligeante--"
" Je sais " dit Severus. Du coin de l'oeil, il vit une silhouette blanche s'approcher de la porte. "Julius, savez-vous par hasard le sujet de tout ceci? J'étais à la maison, me préparant à transplaner, quand Alastor Maugrey est pratiquement entré par effraction dans ma maison, a demandé à voir ce que je portais sous mes robes de soirée, a contrôlé ma baguette et a prononcé toutes sortes de menaces. Et il m'a dit que ses collègues allaient être ici aussi. Que s'est-il passé? Y a-t-il eu un autre attaque?"
"Eh bien, si ceci n'est pas une scene touchante et bien jouée!"
La silhouette en blanc, qui se révéla être Astraea Black, surgissait du salon. Severus lui donna simplement un regard profondément troublé.
" Ne vous connais-je pas? Vous êtes la mère de Black, n'est-ce pas?"
" En effet. Venez, vous deux, nous n'avons pas encore terminé l'interrogatoire."
"L'interr-Madame Black, pour votre information, je viens déjà d'être interrogé, sans qu'on m'ai dit pourquoi. Que diable-"
En entrant dans le salon, Severus crut qu'il était entré dans une scène particulièrement émouvante d'une tragédie grecque: Yelena Malfoy était assise dans un fauteuil, pliée en deux, sa tête presque posée sur ses genoux, et sanglotait, tandis que Narcissa, beaucoup moins échevelée que sa belle-mère, était à genoux à côté d'elle sur le tapis, et essayait de la réconforter. Gordon Black était appuyé contre le manteau de marbre de la cheminée, bras croisés, un ricanement méprisant sur son visage.
Maintenant Severus était vraiment surpris. " Que s'est-il passé?" demanda-t- il de nouveau, se retournant vers Malfoy, " Pourquoi est-ce. où est Lucius?"
" Mort, j'en ai peur " vint la voix de Mme Black de derrière lui. Elle ne semblait pas le moins du monde compatissante.
Severus eut l'impression que quelqu'un lui avait donné un coup de pied dans l'estomac. " Mort? Mais comment." il s'approcha de Julius Malfoy. Seulement maintenant il voyait que les lèvres du vieil homme étaient pressées ensemble en une ligne mince et que ses mains tremblaient un peu. " Julius, dites le moi, s'il vous plaît! Qu'est-il arrivé à Lucius?"
Quand il parla, la voix de Malfoy était rauque. " Il semble-" il se racla la gorge que -"Il semble qu'il y ait eu une attaque de mangemorts contre l'UMU. Lucius était là-bas-"
Ceci était-il une comédie bien jouée ou la vérité ? Incapable de répondre à cette question par lui-même, Severus décida de suivre. " Lucius était là- bas? Pourquoi? C'est samedi soir, que faisait-il là bas?"
Gordon Black, qui avait silencieusement regardé la scène, décida finalement de parler. " Votre ami estimé, M. Rogue prenait part à une fête chez le Professor Prewett. Il y a eu un raid de mangemorts, et il a été tué, ainsi que la plus grande part des autres invités." La voix de Black, dangereusement basse quand il avait commencée, se haussait maintenant progressivement. " Sans compter Prewett lui-même, son épouse et sa fille de six ans !" cria-t-il. Traversant la pièce en quelques pas rapides, il agrippa la manche de Malfoy. " A quoi cela ressemble-t-il, Malfoy? Hein? Comment vous sentez-vous d'avoir tué votre propre fils?"
D'un ton las, Malfoy haussa les épaules pour ôter la main de l'Auror. " Laissez moi en paix, Black. Vous savez aussi bien que moi que je ne suis pas un partisan de Voldemort. Je viens de perdre mon fils. Vous pourriez vouloir respecter cela." il se détourna de Black et se couvrit les yeux de la main.
Severus regarda fixement de l'un à l'autre, bouche-bée, espérant silencieusement qu'il était assez convaincant. Mais Malfoy ne semblait pas faire semblant. Il devait se sentir terrible à devoir supporter la présence des Aurors, à devoir mâcher ses mots tout en se maudissant d'avoir mis Lucius en si grave danger. Et peut-être, peut-être avait-ce été lui-même qui avait par hasard tué son propre fils. Severus avala. C'était affreux. Vraiment terrible.
" M. Black, " dit-il, " ne croyez-vous pas que vous devriez le laisser en paix? Lucius est. était son seul fils et héritier-"
Black tournoya sur ses pieds et le regarda avec une haine non dissimulée. " Vous! Vous avez fait de la vie de mon fils un enfer à l'école! Ne croyez pas, pas même un instant, que vous vous en tirerez aussi facilement avec ce que vous avez fait! Vous étiez plein de vers alors et êtes pourri maintenant." Severus ouvrit la bouche pour répondre mais Black continua, " Ne me dites pas que je ne peux pas le prouver car je sais que je ne le peux pas. Pas encore. Mais je sais ce que vous êtes, Mange-"
" Quel rassemblement extrêmement agréable , " retentit une voix traînante, paresseuse et bien connue depuis la porte ouverte. " Je ne savais pas que vous aviez été invité, Black!"
" Lucius!"
Severus recula un peu pour ne pas être renversé par les deux femmes et regarda, avec un sourire sardonique à Black, Lucius éviter de justesse la mort par asphyxie. Les deux Blacks semblaient un peu embarrassés, pour ne pas dire plus.
Julius Malfoy fut le premier à regagner son calme. Son visage blanc de colère, il s'approcha de Gordon Black. "Vous le saviez, n'est-ce pas ? " dit-il, contrôlant à peine sa voix.
Black, reconnaissant évidemment que son jeu s'était terminé prématurément et pas avec la fin qu'il avait imaginée, recula un peu. " C'était. une mesure nécessaire, " dit-il avec raideur "En des temps comme ceux-ci-"
Il ne termina jamais sa phrase. L'impact du poing droit de Malfoy l'envoya tomber au sol.
" Ramassez cette ordure que vous appelez votre époux, " siffla Malfoy à Astraea Black, qui se tenait debout comme pétrifiée, " et quittez ma maison immédiatement. Vos supérieurs seront informés de ce comportement atroce. Partez! Maintenant!"
Sans un mot, Mme Black fit léviter son époux à moitié conscient et, sa silhouette molle flottant à côté d'elle, quitta la pièce, non sans un dernier regard plein de haine aux personnes assemblées dans le salon.
Un moment, ils restèrent tous debout en silence, essayant de comprendre ce qui venait de se produire. Le silence fut rompu par un faible 'plop 'et la voix amusée de Lestrange.
"Eh bien, " dit-il, " il semble certainement que j'aie raté quelque chose."
** en français dans le texte.
Pour rester caché des Moldus, Poudlard avait fortement été protégé et enchanté pour ne rien montrer à leurs yeux de non-sorciers qu'une ruine dans laquelle ils n'auraient pas même désiré entrer sans le signe leur disant que l'édifice était en danger d'effondrement imminent, tant son aspect était dilapidé. A Urqhart, une méthode différente avait été choisie: Non seulement les regards curieux des Moldus ne rencontraient pas une ruine, c'était aussi une réplique magique du véritable château qui hébergeait l'université magique d'Angleterre, situé sur l'une des rives pas si facilement accessible du Loch Ness et protégée par des sortilèges d'invisibilité impénétrables à tout regard autre que celui d'un sorcier.
Pendant les quelques dernières années, le nombre d'étudiants avait augmenté considérablement, tant en fait qu'il était impossible de fournir un hébergement pour tous sur le campus sans faire des amplifications considérables de la plupart des bâtiments. Les experts en sortilèges du ministère avaient dissuadé les gouverneurs de l'université de faire cela néanmoins, parce que de tels changements allaient probablement influencer le champ magique alentours et ainsi aussi la réplique du château. Etant donné qu'attirer l'attention des Moldus en changeant l'apparence d'un des monuments les plus visités d'Ecosse serait la dernière chose qu'ils voulaient faire, les gouverneurs avaient tenu compte des conseils des experts. Mais il s'avéra que beaucoup d'étudiants préféraient vivre dans leurs propres maisons ou avec leurs parents, et ainsi l'augmentation de leur nombre cessa d'être un problème avant même qu'elle n'en devienne un.
Seuls les sortilèges anti-transplanage durent être enlevés, car il était impossible de laisser des troupeaux d'étudiants apparaître de nulle part hors des limites où tout le monde pouvait les voir. Cela créait bien sûr un certain risque, et pendant une courte periode de temps les gouverneurs firent l'expérience de deux portes de transplanage pour étudiants, une pour arriver et une pour repartir. L'expérience fut annulée après seulement une semaine, suite à quelques accidents sérieux qui s'étaient passés quand les portes avaient été bloquées par l'affluence de masse, et des retardataires avaient transplané pile sur leurs camarades qui étaient encore coincés entre les portails. L'accès par transplanage était maintenant possible pour tout le monde, et jusqu'ici rien ne s'était produit.
~~~~*~~~~
Après l'exécution réussie de Herbert Wilkes, sa place avait été prise par son fils Stuart, qui, sous l'influence de la potion d'Imperius, avait refusé de prendre un troisième associé. Le RRS était maintenant seulement guidé par lui et Catherine Reynolds, dont l'influence était subtilement mais constamment ébranlée. Les choses allaient de manière satisfaisante, et ainsi les partisans de Lord Voldemort purent diriger leur attention vers leur projet suivant: éliminer Jonathan Prewett, qui enseignait les potions à l'université magique d'Urqhart. Le trimestre avait commencé au début d'octobre, et environ deux semaines plus tard, durant une réunion du personnel le 15 octobre, un hibou avait livré une lettre invitant Prewett de manière qui ne portait pas à confustion, à reconsidérer son attitude envers Lord Voldemort à moins d'être prêt à faire face aux conséquences de sa désobéissance.
Lucius, leur agent provocateur** qui venait juste de commencer sa première année de métamorphose et sortilège avancés, avait rapporté qu'une réunion du personnel était probablement la meilleure occasion d'avoir l'attention entière des personnes qui comptaient vraiment. Il n'y avait aucune cérémonie universitaire de prévue à court terme et le personnel enseignant prenait rarement ses repas en commun, avec ou sans les étudiants. Les cours ne semblaient pas non plus être une possibilité appropriée pour transmettre la lettre menaçante, parce que seuls les étudiants étaient présents. Il était néanmoins essentiel qu'autant de membres du personnel que possible assistent à l'événement, afin d'obtenir l'effet désiré.
La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre et le tumulte qu'elle causa fut considérable. Tout le monde était indigné, depuis le recteur jusqu'au concierge; tout le monde assurait Prewett de sa loyauté inébranlable, mais il était indéniable que les gens commençaient à garder leurs distances. Les étudiants s'excusaient de ses leçons sous les prétextes les plus usés; on demanda gentiment mais fermement à sa fille de six ans, Barbara, habituellement plus que bienvenue dans les quartiers des étudiants de rester loin de ses repaires favoris; et son épouse Elsa fut manifestement non-invitée à un thé d'après-midi organisé par l'épouse du recteur. Lucius, qui avait été chargé de garder un oeil sur la famille de Prewett, profita grandement de ses compétences de furtivité et d'espionnage acquises à Poudlard. Dans les rapports quotidiens qu'il était obligé d'écrire à son père, il racontait de manière très approfondie le désespoir de Prewett et par-dessus tout sa déception devant l'attitude de ses collègues et de ses étudiants.
Peu après Halloween, Prewett fut appelé dans le bureau du recteur. Il n'avait jamais été en termes particulièrement amicaux avec Chuck Greenbaum, en partie parce qu'il était un peu americanophobe mais surtout parce que Greenbaum était Magizoologiste, qu'il tenait les potions en très basse estime et qu'il ne manquait jamais d'exposer cette attitude à qui que ce soit qui veuille ou ne veuille pas l'écouter. Heureusement, Prewett avait discuté de l'aboutissement de cette conversation avec son épouse tard dans la nuit, après que leur fille ait été envoyée au lit, après que le campus ait été enveloppé dans l'obscurité et après que Lucius ait commencé ses activités d'espionnage de nuit. Les quatres hommes de confiance de Voldemort avaient ainsi appris que le professeur de potions avait reçu un délai de trois semaines pour mettre ses affaires en ordre, prendre sa famille avec lui et quitter l'université magique d'Urqhart pour quelque destination que ce soit qu'il choisisse mais de préférence quelque part aux antipodes. Il était temps d'agir.
Lucius était l'un des étudiants non-résidents et ainsi il put participer sans élever de soupçon superflu à la réunion qui fut tenue au Manoir Malfoy pour la planification méticuleuse de l'attaque.
" Es-tu sûr qu'il n'y a aucun Auror sur le campus?" demanda Lestrange pour la nième fois.
" Aussi incroyable que cela puisse sembler, il n'y en a aucun. Comme je vous l'ai déjà dit, " répondit Lucius, avec un soupçon d'impatience dans sa voix. L'espionnage constant commençait à porter sur ses nerfs. Il devenait assez irritable-mais jamais, le remarqua Severus avec plaisir et surprise, envers son épouse.
" Et en civil?" demanda Barty. " pas que j'aie entendu quoi que ce soit de ce genre au ministère, mais alors vous savez que je ne peux pas être trop visiblement curieux."
Lucius remua la tête pensivement. " Je dirais plutôt qu'il n'y en a pas. Maintenant, je connais tout le personnel et la plupart des étudiants. Et depuis que la lettre est arrivée, je n'ai pas vu beaucoup de nouveaux visages. S'il y a des gens de la mise en application de la loi, ils doivent être terriblement peu nombreux. Et certainement pas près de l'habitation de Prewett, car je les aurais certainement remarqués. Pour dire la vérité, je ne suis même pas sûr que Greenbaum ait informé le ministère. Pour moi, il ressemble beaucoup au type C'Est-Mon-Territoire-Alors-Je-Vais-M'En-Occuper. Plutôt imprudent, si vous me demandez mon avis, mais de beaucoup à notre advantage."
" En effet. Cela donnerait à l'opération entière un air presque incroyablement facile. " fit remarquer Severus .
" Facile mais pas spectaculaire, " fut le commentaire de Lestrange. " Nous voulions avoir quelque chose de vraiment sensationnel, beaucoup de morts et de blessés dans les victimes. Quelque chose que le ministère ne puisse pas simplement négliger. Oui je sais, " il devança impatiemment le commentaire de Barty avec une vague de sa main, "Je sais qu'ils seront hors d'eux parce que l'épouse de Prewett est de la famille de Weasley, même si seulement par mariage. Mais c'est une affaire qui leur est interne pour ainsi dire. Une question d'honneur. Ce dont nous avons besoin est de pression publique, et nous ne pouvons pas avoir cela sans un massacre."
" Exactement " acquiesça Julius Malfoy " C'est pourquoi nous l'avions prévu comme ceci: Attirer l'attention, faire en sorte que les gens se rassemblent autour de leur collègue menacé, et puis frapper. Qui diable pouvait prévoir que c'est un tel paquet de trouillards?"
" Dans ce cas-là " dit lentement Lucius " je pourrais avoir une idée."
~~~~*~~~~
Il était difficile de ne pas sourire comme un idiot, pensa Severus, restant à traîner devant le bâtiment du ministère, quand on regardait un lieu qui était le symbole de plus d'un triomphe personnel. C'était le 13 novembre, jour de son dix-huitième anniversaire, et il venait de quitter le bâtiment dépressif avec son autorisation de transplaner en main-triomphe numéro un. Le cordon de sorciers de la mise en application de la loi formant une barrière vivante autour de l'édifice lui rappelait la manoeuvre de diversion réussie effectuée pour dissimuler l'attaque contre Wilkes. Et quelques mètres plus loin dans la rue, il y avait le siège du RRS, monument d'une autre victoire encore. Immobile parmi la foule se dépêchant vers ses bureaux, ses rendez-vous ou ses pauses déjeuner, il savoura ce moment aussi longtemps que possible.
Cette satisfaction éphémère devant ce qu'il avait réalisé n'annulait pas complètement le sentiment encore criaillant de culpabilité à cause de ce que Lucius, avec sa nonchalance habituelle, appelait la Blague de la Vierge. Mais il avait appris à vivre avec ce sentiment, plus ou moins confortablement, et l'avait sublimé, le transformant en motivation pour faire de son mieux pour son maître. Maintenant qu'il avait son autorisation, il n'y avait plus de limitations à ce désir. Il pourrait complètement prendre part à toute mission que Lord Voldemort lui confiait et montrer son dévouement absolu à la cause.
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L'habitation que Jonathan Prewett occupait sur le campus de l'université magique d'Urqhart avait auparavant hébergé une famille de six et était ainsi plutôt grande pour trois personnes. Moins de la moitié des membres de la faculté étaient mariés, et Prewett était actuellement le seul ayant un enfant de moins de quinze ans, s'étant marié assez tard pour un sorcier, à l'âge de quarante-deux ans. Ainsi ses collègues n'avaient été que trop contents de lui laisser l'appartement spacieux à la toute fin du long bâtiment à deux étages qui contenait les quartiers du personnel. Le bruit de petits enfants n'était pas la sorte de bruit que les occupants de cet édifice accueillaient volontiers. Mais ils devaient convenir que Barbara Prewett était une enfant modèle, tranquille et assez discrète, plus intéressée par s'asseoir avec les étudiants et écouter leur conversation que par le fait de faire du chaos ou de déranger le silence digne dont ils avaient besoin pour se concentrer sur leur travail. Ceci et beaucoup plus, était ce que Lucius avait entendu de la bouche de M. Augustus Juniper, factotum et concierge du bâtiment du personnel. Il avait aussi appris que les Prewetts préparaient déjà leur départ et seraient probablement partis plus tôt qu'il ne le leur avait été demandé.
Maintenant qu'il était de connaissance commune que le professeur de potions allait partir, les professeurs tout comme les étudiants semblaient regretter leur réaction précédente. Ce fut sur cette terre fertile que Lucius sema la pensée d'une grosse fête surprise pour Prewett et sa famille, en tant que geste de solidarité et d'adieu. Comme le dimanche était le seul jour de la semaine où même le professeur le plus consciencieux n'enseignait pas, ni ne travaillait à heures fixes, le samedi 13 novembre fut universellement acclamé comme étant la date idéale pour la célébration, car il n'était pas certain que Prewett soit encore un résident du campus le samedi suivant. Les préparatifs furent faits avec un secret total-les qualités de chef de Lucius s'avérant inestimables au cours du processus-le seul problème qui restait à résoudre était de faire sortir la famille de son logis environ une demi heure avant le commencement des festivités. Sur l'insistance polie mais inflexible de Lucius, Greenbaum prit à contrecoeur sur lui-même de convoquer Prewett à son bureau à 6 heures 15 du soir pour encore un autre tête à tête**. Puis Lucius eut une rencontre très cordiale avec Roger Lovegood, le recteur de l'Académie des Aurors où Mme Prewett enseignait les Techniques d'Interrogation et, utilisant une overdose massive du charme proverbial des Malfoys, obtint de lui la promesse qu'il l'appellerait pour affaires urgentes samedi prochain le soir à 6.30 sonnantes. Dans de tels cas, les Prewetts ne laissaient jamais Barbara seule à la maison, mais demandaient habituellement à M. Juniper de la garder chez lui jusqu'à ce qu'ils soient de retour.
Ainsi, en ce qui concernait la préparation in loco, tout promettait de se passer aussi tranquillement que possible.
~~~~*~~~~
Pour une fois Croupton, Lestrange, Malfoy Sr. et Severus étaient en total accord : La mission Prewett devait être effectuée sans un seul accroc. Ils décidèrent que tous quatre allaient activement participer, ce qui était tout à fait exceptionnel. Suite au nombre de personnes que Lucius espérait voir se montrer à la fête, il était nécessaire d'amener au moins seize mangemorts de plus, sans se compter. Ce devaient être des duellistes adroits avec des réflexes rapides et moins qu'aucun scrupule à utiliser le sortilège de mort, car eux vingt devraient faire face à environ quatre- vingts personnes. Un rapport de un contre quatre était difficile mais faisable à condition que personne ne perde la tête.
Il fallut aux quatre hommes beaucoup de temps et d'endurance pour choisir ces seize mangemorts que tous considéraient assez rapides et assez impitoyables pour être des membres utiles du groupe. Ceux unanimement étiquetés comme idiots, comme Nott et Crabbe, devaient être exclus, de même que ceux qui avaient des compétences de duel insuffisantes. Avec des dents serrées, Severus accepta l'inclusion de Karkaroff dans les rangs, tandis que les protestations de Lestrange à mettre Tabitha en danger furent facilement écartées par à la fois Severus et Barty, qui soutenaient qu'elle pouvait leur en donner à la plupart d'entre eux pour leur argent en ce qui concernait les duels. Enfin, tous quatre furent satisfaits des choix qu'ils avaient faits.
Au milieu de novembre, il était extrêmement peu probable de trouver un seul touriste près du château d'Urqhart à 7 heures par un samedi soir glacial . En dépit de cette considération, Julius Malfoy avait conseillé qu'ils mettent des sortilèges d'invisibilité sur l'emplacement qu'ils avaient choisi pour le transplanage des mangemorts. Afin d'éviter des complications importunes, ceci devait être fait entre le coucher du soleil et 7 heures du soir, le jour de l'attaque. Les instructions devaient être données après que le groupe entier ait transplané à l'intérieur; chacun des quatre chefs devait faire sa propre partie du discours de préparation, afin d'éviter l'impression que l' un d'entre eux était moins important que les autres.
Ils avaient en effet de la chance, pensa Severus en mettant son masque dans la salle de séjour sombre. Le temps était meilleur en Ecosse qu'à Londres où une pluie lourde menaçait d'emporter la ville entière. Il avait craint de trouver des conditions semblables, sinon pires, à leur destination, mais quand il y était allé plus tôt avec Clarissa pour jeter les sortilèges nécessaires, il s'était rendu compte à sa grande joie, que le ciel était seulement bouché et ne semblait pas devoir changer pendant les quelques heures suivantes. Encore habitué à voyager par poudre de Cheminette, il avait déjà ouvert la boîte et tiré sa baguette pour allumer un feu, mais il se rappela alors qu'il ne dépendait plus de ce mode de transport.
Barty était déjà là quand il arriva, presque en même temps que Julius Malfoy. Lestrange arriva en vue quelques secondes plus tard. Ils avaient consenti à arriver dix minutes plus tôt-il était préférable que les chefs attendent l'arrivée de leurs troupes. Cette fois, pas un seul mangemort n'était en retard, et à sept heures trois - on leur avait dit de tranplaner à dix secondes d'intervalle les uns des autres pour éviter les collisions- le groupe était au complet. Barty fut le premier à délivrer sa partie du discours.
" Vous savez, " commença-t-il pompeusement comme à son habitude, " que le succès de la mission de ce soir dépend non seulement de votre prouesse mais également de nos tactiques. Ceci-" il tira sa baguette et désigna un rectangle oblong sur l'herbe " -est le contour du bâtiment et ceci-" il tira une ligne parallèle au côté le plus court du rectangle, en découpant ainsi une petite partie, " -est l'appartement de Prewett. Nous sommes seulement intéressés par le rez de chaussée, comme les gens seront empêchés d'aller en haut. Il y a seulement le salon et la cuisine. Les fenêtres des deux pièces sont à une hauteur d'approximativement un mètre vingt du sol. Le salon a trois fenêtres, la cuisine deux. Il y aura deux d'entre nous à chaque fenêtre, les dix autres utiliseront l'entrée principale, qui heureusement est la seule porte."
Il fit signe à Lestrange de continuer.
" Comme vous l'avez déjà entendu " dit Lestrange, " la tactique est essentielle et le chronométrage l'est aussi. J'ai contrôlé l'heure exacte d'arrivée de chacun d'entre vous pour m'assurer que nous étions parfaitement synchronisés. Maintenant tout le monde va là bas-" il indiqua le coin lointain de leur espace retiré - " et un par un, vous viendrez vers nous et ôterez votre masque. Nous vous répartirons en deux groupes, un pour les fenêtres et un pour la porte."
Un peu plus tard, ils avaient deux groupes de huit personnes chacune, et Lestrange continua.
" Le groupe des fenêtres mené par Julius et Bartemius, attaquera précisément vingt secondes avant huit heures, afin de créer un chaos qui permettra au groupe de la porte, conduit par Severus et moi-même, d'entrer."
Avec une vague de sa main, il fit signe à Severus de prendre la relève.
Il prit une respiration profonde, voyant que ses nerfs n'étaient pas tout à fait aussi calmes qu'il l'aurait désiré. " Nous ne pouvons pas nous permettre, sous quelque circonstance que ce soit, de perdre une seule personne. Par conséquent, la règle numéro un est de tuer et de tuer vite. Cette mission n'est pas faite pour s'amuser, alors pas de torture ni de petits jeux. Nous devrons faire face à plus ou moins quatre-vingts personnes, ce qui en dit assez en soi-même. Règle numéro deux: Nous avons exactement cinq minutes. A huit heures cinq, nous partons. Si l' un de nous incluant Malfoy, Croupton, Lestrange ou moi- même est trop gravement blessé pour transplaner, il ou elle sera tué. L'ennemi ne doit pas faire de prisonniers. Est-ce compris?"
Seize têtes hochèrent la tête en accord silencieux.
" Eh bien alors, " dit Malfoy, " tirez vos baguettes pour inspection." S'avança de silhouette noire en silhouette noire, prononçant 'Intactus' au- dessus de chacune des baguettes tendues vers lui. " Excellent. Maintenant, le sortilège de changement de voix, s'il vous plait. Fait? Bon. Dernièrement, juste pour s'assurer que tout le monde s'en rappelle: si vous êtes blessés n'allez pas, je répéte, n'allez pas demander de l'aide à Ste. Mangouste ou à tout autre medisorcier, même si vous le connaissez et êtes convaincus vous pouvez lui faire confiance. Appelez l'un d'entre nous-" il indiqua Severus, Barty et Lestrange " -par Cheminette, et nous contacterons immédiatement un camarade mangemort qui est aussi medisorcier. Si vous violez ce ordre explicite, soyez sûr que vous ne vivrez pas pour le regretter."
~~~~*~~~~
" Nerveux?" chuchota Lestrange à Severus.
Leur groupe formait une ligne le long du côté étroit de l'immeuble, complètement cachée par les ombres. Il était huit heures moins cinq.
"Un peu, " répondit Severus. " Vous savez, j'ai comme l'impression qu'il y aura beaucoup plus de monde que nous n'avons pensé. J'espère seulement qu'il n'y a personne dans le couloir."
" Cela ne ferait pas de différence dramatique. Et n'oublie pas qu'ils boivent depuis déjà une heure. Etant donné que Lucius n'a jamais commandé les sandwichs, ils devraient être plus qu'éméchés maintenant."
Severus hocha seulement la tête. Il était plus que simplement un peu nerveux. Pour dire la vérité, il avait peur. Les missions précédentes auxquelles il avait pris part n'avaient rien été comparé à ce qui l'attendait ce soir. Maîtriser un seul adversaire et le tuer était quelque peu différent de devoir affronter une majorité à quatre contre un -et peut- être, à moins que ses tripes ne le trompent , encore plus-dans un espace relativement restreint. Le risque d'être frappé par un sortilège égaré ou une malédiction ricochant était aussi grand que celui d'être frappé par un adversaire. Il lui était soudain venu à l'esprit qu'il pourrait mourir ce soir, que les dix prochaines minutes pourraient être les dernières de sa vie. Mourir le jour de son dix-huitième anniversaire. quelle idée ridicule. Il regarda sa montre. Huit heures moins une. Temps de bouger.
Lestrange alla le premier, suivi de près par Severus. Baissant la tête, pour ne pas pouvoir être vu de l'intérieur, Lestrange passa la première fenêtre du couloir. Severus décida de prendre le risque de regarder-il n'y avait personne à l'extérieur et la porte d'entrée des quartiers de Prewett était fermée. Remerciant silencieusement quelque divinité que ce soit qui était compétente pour les raids de mangemorts, Severus se pencha et suivit rapidement Lestrange. Le groupe s'arrêta devant les deux marches plates menant vers le haut à la porte massive de l'entrée de l'édifice. C'était ouvert; les torches éclairant le couloir jetaient une lumière douce sur les marches et le sentier de gravier serpentant dans la nuit. Sur le petit bout de sa peau qui n'était couvert ni par la cape ni par le masque, Severus pouvait sentir l'air chaud ruisseler vers eux depuis l'intérieur.
A un signe de tête de Lestrange, ils entrèrent dans l'immeuble. Les dalles du couloir étaient couvertes par un tapis bleu épais, noir comme de l'encre, qui étouffait le bruit de leurs pas. Comme ils s'approchaient de la dernière porte au bout du couloir, Severus put finalement distinguer le bruit de la fête et trouva cela curieusement réconfortant. Vingt-cinq secondes avant huit heures, vingt-quatre, vingt-trois, deux-dit paires d'yeux regardant fixement la porte-un. et l'enfer se déchîna. Cris, hurlements, corps frappant contre la porte. Tapotant mentalement l'épaule de Lucius, car il avait réussi à verrouiller la porte, si tout allait bien sans être vu, Severus compta les secondes, tout en espérant que Lucius ait pu se placer près de la dernière fenêtre du salon, pour que son père puisse immédiatement l'assommer.
Quatre secondes avant huit heures, trois-lui et Lestrange marquèrent ces trois dernières secondes par des hochements de tête-deux, un. "Reducto!" La porte, désagrégée en milliers d'éclats, fit des blessures, petites mais douloureuses dans la foule déjà paniquant. Le reste était une simple tache compacte et floue de cris, d'explosions, d'éclairs de lumière rouge et verte et esquive-attaque-esquive-attaque comme une leçon de gymnastique aérobique venant directement d'enfer. Il leur fallut deux minutes et trente- sept secondes pour terminer la fête. Quand tout fut fini, ils pataugeaient littéralement dans les corps. Il y avait même assez de temps pour examiner la couche supérieure; qui que ce soit qui réagissait à " Enervate!" était immédiatement tué.
" Hé là, dehors! Etes-vous au complet?" appela Lestrange en direction des fenêtres. Les sortilèges de changement de voix étaient encore actifs, ainsi il fut impossible de déterminer qui avait confirmé qu'ils l'étaient.
Pendant ce temps, Severus comptait ses hommes à l'intérieur du salon. En se comptant, ils étaient dix. Complet. Personne de perdu. " Quelqu'un de blessé?" demanda-t-il.
Un bras fut levé. " Oui mais seulement légèrement. Je peux m'en occuper moi- même."
Lucius, assommé mais vivant, se trouvait sous la dernière fenêtre. En feignant de regarder dans la nuit, Severus s'approcha de la forme molle, juste pour voir s'il allait bien. Cela semblait certainement être le cas; il n'y avait ni sang ni aucune marque visible de malédiction. S'assurant que personne ne le regardait, Severus fit léviter le corps mort le plus proche et l'étendit discrètement sur lui. Comme ceci, qu'il soit un des quelques survivants semblerait moins suspicieux.
Quatre minutes après huit heures. " Morsmordre!" Lentement, sa taille augmentant proportionnellement à sa hauteur, la marque sombre s' éleva dans le ciel de nuit. C'était fini. Ils pouvaient rentrer chez eux. Et il avait survécu à son dix-huitième anniversaire.
~~~~*~~~~
Peut-être s'était-il réjoui un peu trop tôt, pensa Severus quand il entendit le choc étourdissant qui, à en juger au bruit, allait bientôt abattre la porte d'entrée. Il était debout devant le miroir de sa chambre, examinant attentivement ses robes de soirée. Après tout, c'était son anniversaire, et il devait transplaner au Manoir Malfoy dans exactement cinq minutes. Peggy, les oreilles étirées, apparut avec un craquement.
" Maître Severus, il y a des Aurors-"
Ce fut tout ce qu'elle put dire avant d'être interrompue par une voix bien connue.
" Cela suffira, elfe, nous pouvons nous annoncer nous même! Qu'est-ce que tu mijotes, Rogue, tu te prépares à une fête d'après massacre? Et pourquoi le miroir est-il encore intact?"
" Black!" dit Severus en se retournant lentement. " Quel plaisir inattendu. Quant au miroir, il est encore en un seul morceau parce que je ne suis pas un vampire, je suis simplement laid. Et quant à ta visite inattendue, à quoi dois-je ce plaisir? Quelqu'un t'a-t-il déjà dit que tu ne devrais vraiment pas porter de rouge?"
" Ne te laisse pas provoquer, gamin!" retentit une autre voix hors de la pièce.
Maugrey. Cela allait demander beaucoup plus d'énergie qu'il ne l'avait pensé. " Y a-t-il une explication à votre présence soudaine et, si je puis dire, non désirée dans ma maison?"
Finalement, Maugrey avait atteint le sommet des marches et boita à travers le palier jusqu'à la porte de la chambre. S'appuyant lourdement contre le montant de la porte, il laissa son regard parcourir la chambre, prenant son temps. C'était bien sûr plus une méthode pour énerver sa victime qu'une recherche véritable. Le jeu était lancé.
" M. Maugrey. Ceci est certainement une surprise et pas une surprise agréable. J'ai déjà demandé à Black ici présent le motif de votre visite, mais il ne semble pas capable de me l'expliquer. Auriez-vous donc l'aimabilité-"
Alastor Maugrey ne se donna pas même la peine d'écouter. " Enlève ces robes, " fut tout ce qu'il dit.
" Si c'est ce que vous cherchez, vous auriez dû aller au Manoir Malfoy. M. Black a un certain faible** pour notre ami commun Lucius, alors si c'est pour se déshabiller-"
"Enlève les, maintenant !" hurla Maugrey. " Ou tu le regretteras!"
Devait-il le faire ou pas? Severus décida qu'il était mieux d'affronter le vieil Auror. " M. Maugrey, " dit-il en s'approchant de la silhouette vêtue de blanc habillée dans l'embrasure de la porte, " Je connais mes droits aussi bien que vous. Et je peux vous assurer que personne, même pas vous n'a le droit de prendre d'assaut ma maison, sans prévenir, et me dire d'enlever mes robes. Qu'est-ce que tout ceci?"
" Ceci est une enquête officielle, alors ne fais pas de chichis et enlève ces robes. Je ne le répéterai pas deux fois."
"Un enquête officielle ?" demanda Severus en débouttonnant ses robes de soirée. " A quel sujet?"
" Ce n'est aucunement tes affaires " mugit Black de derrière lui.
Severus renvoya les robes au cintre duquel il venait à peine de les prendre. " Satisfaits?" demanda-t-il, étendant ses bras et se tournant une fois sur lui-même.
Aucun des deux autres hommes ne fit de commentaire.
" Donne moi ta baguette!" demanda Maugrey. Il semblait un peu moins sûr de lui qu'avant.
" Ma. écoutez, Maugrey, voulez-vous l'examiner ou la confisquer? S'il c'est ce dernier, je dois protester le plus fort possible-"
La baguette fut dérobée de sa main avant qu'il ne termine sa phrase. Severus regarda impassiblement l'Auror, sous le regard impatient de Black, lancer le sortilège de Priori Incantatem. Le ministère croyait-il vraiment que les partisans de Voldemort étaient si stupides? Chacun d'eux avait deux baguettes, 'l'officielle', pour ainsi dire-le Ministère faisait un suivi soigneusement exact de quelle baguette était vendue à qui mais ceci était bien sûr seulement valable pour la Grande Bretagne-et l'autre. Celles qu'ils utilisaient pour leurs missions. Elles venaient d'un fabricant de baguette très adroit en Argentine et étaient cachées dans les lots de bois que l'entreprise de Lester McNair importait en Angleterre. Des pot-de-vins bien répartis rendaient sûr que personne ne prenait jamais la peine de vraiment y regarder de plus près.
A la déception évidente de Maugrey et Black, il s'avéra que Severus avait copié une recette de potions, réparé un alembic, appelé plusieurs livres par accio et conjuré un bouquet de fleurs.
" A qui les as-tu envoyées?" aboya Maugrey, continuant le spectacle mais sans beaucoup de conviction.
" Elles sont dans un vase en bas, dans le salon, " l'informa Severus. " Je préfère celles que je conjure à celles coupés dans le jardin, elles sont bien pl-"
Il était apparemment impossible qu'il termine une seule phrase ce soir.
" Je me fiche de tes préférences de décoration, espèce de fée, " ronchonna Maugrey.
" Je vous demande pardon?"
" Tu m'as entendu, Rogue. Je ne le répéterai pas, je ne suis pas si stupide." Severus leva un sourcil ironique. " Arrête ça, moutard morveux! Et ces robes de soirée? Pourquoi portes-tu des robes de soirée?"
" Premièrement je ne les porte pas, car vous m'avez vous-même donné l'ordre péremptoire de les ôter. Deuxièmement, c'est aujourd'hui mon dix-huitième anniversaire, et j'aurais déjà dû arriver chez mes amis pour dîner. A mon âge, il encore semble bon de fêter cela, vous savez?"
En ignorant exprès les derniers mots, Maugrey fit rétrécir ses yeux avec suspicion. "Amis? Quels amis?"
" Les Malfoys. Nous étions très proches à l'école, Lucius et moi. Et bien sûr St. Jean Lestrange. Il a été mon tuteur et presque un père pour moi. De plus, c'est l'oncle de Narcissa Malfoy."
Maugrey siffla entre ses dents. " Les Malfoys et Lestrange. Eh bien, il n'y a aucune nécessité de se dépêcher, mon garçon. Tout de suite, ils reçoivent tous des visiteurs, tout comme toi."
" Je me retiendrais de vous appeler ainsi, M. Maugrey. Les visiteurs sont invités ou du moins bienvenus. Vous n'êtes ni l'un ni l'autre. Inutile de dire qu'il en va de même pour le Gryffondor silencieux, et vêtu de rouge que vous avez apporté. Est-ce supposé être une action concentrée contre les ex-Serpentards? Et si c'est le cas pourquoi n'avez-vous pas de visiteurs vous-même? Ou dérangez-vous seulement les ex-amants de votre ancienne épouse?"
Cette dernière question provoqua un reniflement moqueur de Black. Maugrey lui lança un regard furieux puis revint à Severus. " Vous ne savez pas avec qui vous jouez, Severus Rogue, " grommela-t-il. " mais la prochaine fois que je viendrai dans votre maison, je n'amènerai pas seulement un apprenti. Et je retournai entièrement cette tanière de serpent, est-ce compris?"
Severus hocha la tête. " Bien sûr. S'il y a quelque chose que vous vouliez trouver en particulier, dites le moi pour que je puisse la cacher en pleine vue. Et n'oubliez pas d'apporter un mandat de perquisition. Pas un faux, " ajouta-t-il avec un sourire en se rappelant une histoire plutôt atroce que la Gazette des Sorciers avait rapportée il y a quelques jours au sujet d'un paquet d'Aurors qui avait fait une incursion dans la maison d'un suspect en présentant un mandat de perquisition qui s'était révélé être faux.
Maugrey blanchit puis devint rouge écarlate. Mais il se retint avec un effort visible et murmura seulement" Tu paries, mon garçon, tu paries."
Il devait être déçu mais aucunement aussi frustré que Black. Peut-être était-il seulement plus adroit à le dissimuler. La rage de Black, cependant, était clairement visible sur son visage. Severus trouva que c'était un début tout à fait prometteur pour une soirée agréable.
~~~~*~~~~
Aujourd'hui était un mauvais jour pour les Elfes de Maison. Le dénommé Dobby qui arriva en courant dans le Hall d'entrée du Manoir Malfoy dès que Severus s' y fut martérialisé avait certainement l'air d'être près d'avoir une attaque cardiaque -c'est à dire si les Elfes de Maison faisaient des crises cardiaques. Ses yeux, déjà gros et globuleux comme il était commun pour son espèce, semblaient vouloir sauter hors de son crâne; ses grandes oreilles ressemblant à des chauves-souris, la gauche vers le haut, la droite vers le bas, frémissaient convulsivement, et même son nez long et mince en forme de crayon tressautait.
"Monsieur Rogue, monsieur, " dit-il d'un cri perçant, " Il y a. il y a des Aurors."
Peggy avait certainement eu un meilleur sang-froid. " Je sais, Dobby. Maintenant sois gentil de prendre mon manteau, et annonce moi, ou M Malfoy de donnera un coup de pied qui t'enverra dans la lune."
Les doigts minces et longs tremblaient si violemment que la créature avait des difficultés à tenir sa cape. "Oui, monsieur, " dit-il d'une voix rauque, " Dobby vous annonce, oui, monsieur, immédiatement." et il fila hors de vue.
Severus resta debout à attendre, regardant paresseusement les portraits des ancêtres de Malfoy qui étaient alignés sur les murs. Ils semblaient être un peu alarmés aussi, car ils se jetaient dans et hors de leurs cadres, échangeant apparemment des nouvelles de ce qui se passait. Soudain, la porte du grand salon fut ouverte, et Julius Malfoy sortit dans le hall.
" Severus!" s'exclama-t-il en lui tendant la main. " Il est bon de te voir! Bien que ce soit une situation très affligeante--"
" Je sais " dit Severus. Du coin de l'oeil, il vit une silhouette blanche s'approcher de la porte. "Julius, savez-vous par hasard le sujet de tout ceci? J'étais à la maison, me préparant à transplaner, quand Alastor Maugrey est pratiquement entré par effraction dans ma maison, a demandé à voir ce que je portais sous mes robes de soirée, a contrôlé ma baguette et a prononcé toutes sortes de menaces. Et il m'a dit que ses collègues allaient être ici aussi. Que s'est-il passé? Y a-t-il eu un autre attaque?"
"Eh bien, si ceci n'est pas une scene touchante et bien jouée!"
La silhouette en blanc, qui se révéla être Astraea Black, surgissait du salon. Severus lui donna simplement un regard profondément troublé.
" Ne vous connais-je pas? Vous êtes la mère de Black, n'est-ce pas?"
" En effet. Venez, vous deux, nous n'avons pas encore terminé l'interrogatoire."
"L'interr-Madame Black, pour votre information, je viens déjà d'être interrogé, sans qu'on m'ai dit pourquoi. Que diable-"
En entrant dans le salon, Severus crut qu'il était entré dans une scène particulièrement émouvante d'une tragédie grecque: Yelena Malfoy était assise dans un fauteuil, pliée en deux, sa tête presque posée sur ses genoux, et sanglotait, tandis que Narcissa, beaucoup moins échevelée que sa belle-mère, était à genoux à côté d'elle sur le tapis, et essayait de la réconforter. Gordon Black était appuyé contre le manteau de marbre de la cheminée, bras croisés, un ricanement méprisant sur son visage.
Maintenant Severus était vraiment surpris. " Que s'est-il passé?" demanda-t- il de nouveau, se retournant vers Malfoy, " Pourquoi est-ce. où est Lucius?"
" Mort, j'en ai peur " vint la voix de Mme Black de derrière lui. Elle ne semblait pas le moins du monde compatissante.
Severus eut l'impression que quelqu'un lui avait donné un coup de pied dans l'estomac. " Mort? Mais comment." il s'approcha de Julius Malfoy. Seulement maintenant il voyait que les lèvres du vieil homme étaient pressées ensemble en une ligne mince et que ses mains tremblaient un peu. " Julius, dites le moi, s'il vous plaît! Qu'est-il arrivé à Lucius?"
Quand il parla, la voix de Malfoy était rauque. " Il semble-" il se racla la gorge que -"Il semble qu'il y ait eu une attaque de mangemorts contre l'UMU. Lucius était là-bas-"
Ceci était-il une comédie bien jouée ou la vérité ? Incapable de répondre à cette question par lui-même, Severus décida de suivre. " Lucius était là- bas? Pourquoi? C'est samedi soir, que faisait-il là bas?"
Gordon Black, qui avait silencieusement regardé la scène, décida finalement de parler. " Votre ami estimé, M. Rogue prenait part à une fête chez le Professor Prewett. Il y a eu un raid de mangemorts, et il a été tué, ainsi que la plus grande part des autres invités." La voix de Black, dangereusement basse quand il avait commencée, se haussait maintenant progressivement. " Sans compter Prewett lui-même, son épouse et sa fille de six ans !" cria-t-il. Traversant la pièce en quelques pas rapides, il agrippa la manche de Malfoy. " A quoi cela ressemble-t-il, Malfoy? Hein? Comment vous sentez-vous d'avoir tué votre propre fils?"
D'un ton las, Malfoy haussa les épaules pour ôter la main de l'Auror. " Laissez moi en paix, Black. Vous savez aussi bien que moi que je ne suis pas un partisan de Voldemort. Je viens de perdre mon fils. Vous pourriez vouloir respecter cela." il se détourna de Black et se couvrit les yeux de la main.
Severus regarda fixement de l'un à l'autre, bouche-bée, espérant silencieusement qu'il était assez convaincant. Mais Malfoy ne semblait pas faire semblant. Il devait se sentir terrible à devoir supporter la présence des Aurors, à devoir mâcher ses mots tout en se maudissant d'avoir mis Lucius en si grave danger. Et peut-être, peut-être avait-ce été lui-même qui avait par hasard tué son propre fils. Severus avala. C'était affreux. Vraiment terrible.
" M. Black, " dit-il, " ne croyez-vous pas que vous devriez le laisser en paix? Lucius est. était son seul fils et héritier-"
Black tournoya sur ses pieds et le regarda avec une haine non dissimulée. " Vous! Vous avez fait de la vie de mon fils un enfer à l'école! Ne croyez pas, pas même un instant, que vous vous en tirerez aussi facilement avec ce que vous avez fait! Vous étiez plein de vers alors et êtes pourri maintenant." Severus ouvrit la bouche pour répondre mais Black continua, " Ne me dites pas que je ne peux pas le prouver car je sais que je ne le peux pas. Pas encore. Mais je sais ce que vous êtes, Mange-"
" Quel rassemblement extrêmement agréable , " retentit une voix traînante, paresseuse et bien connue depuis la porte ouverte. " Je ne savais pas que vous aviez été invité, Black!"
" Lucius!"
Severus recula un peu pour ne pas être renversé par les deux femmes et regarda, avec un sourire sardonique à Black, Lucius éviter de justesse la mort par asphyxie. Les deux Blacks semblaient un peu embarrassés, pour ne pas dire plus.
Julius Malfoy fut le premier à regagner son calme. Son visage blanc de colère, il s'approcha de Gordon Black. "Vous le saviez, n'est-ce pas ? " dit-il, contrôlant à peine sa voix.
Black, reconnaissant évidemment que son jeu s'était terminé prématurément et pas avec la fin qu'il avait imaginée, recula un peu. " C'était. une mesure nécessaire, " dit-il avec raideur "En des temps comme ceux-ci-"
Il ne termina jamais sa phrase. L'impact du poing droit de Malfoy l'envoya tomber au sol.
" Ramassez cette ordure que vous appelez votre époux, " siffla Malfoy à Astraea Black, qui se tenait debout comme pétrifiée, " et quittez ma maison immédiatement. Vos supérieurs seront informés de ce comportement atroce. Partez! Maintenant!"
Sans un mot, Mme Black fit léviter son époux à moitié conscient et, sa silhouette molle flottant à côté d'elle, quitta la pièce, non sans un dernier regard plein de haine aux personnes assemblées dans le salon.
Un moment, ils restèrent tous debout en silence, essayant de comprendre ce qui venait de se produire. Le silence fut rompu par un faible 'plop 'et la voix amusée de Lestrange.
"Eh bien, " dit-il, " il semble certainement que j'aie raté quelque chose."
** en français dans le texte.
