Chapitre 16
Severus était bien sûr curieux de voir ce que la Gazette des Sorciers avait à dire sur l'attaque contre Prewett. D'un autre côté, non seulement il avait une certaine idiosyncrasie envers les jounaux-les lire était une complète perte de temps précieux, pensait-il - mais entrer en valsant à Fleury & Botts pour acheter un journal le dimanche 14 novembre en particulier serait une chose très imprudente à faire. L'époque étant ce qu'elle était, les gens devenaient de plus en plus suspicieux envers tout ce qui était inhabituel, et il n'allait pas compromettre sa sécurité par simple curiosité. Habituellement, ce système marchait à la perfection.
Sa célébration d'anniversaire avait duré jusqu'à après une heure. Prévoyant quelque chose de la sorte, il avait déjà prévenu McLachlan qu'il allait probablement arriver plus tard qu'à l'habitude. Le vieux sorcier avait une préférence marquée à travailler les dimanches -Severus n'avait pas encore compris pourquoi. Mais il avait compris bien sûr qu'un dix-huitième anniversaire devait être célèbré en due forme.
Alors Severus s'était levé tard, du moins tard pour lui, et venait de s'asseoir dans la cuisine, appréciant un assez grand petit déjeuner qui, il espérait, le débarasserait d'une gueule de bois de taille plus que moyenne. Il n'était pas contre boire de l'alcool ; en fait, il aimait tout à fait boire. Mais les quantités de spiritueux qui étaient descendues par sa gorge la nuit dernière avaient certainement été un peu trop pour lui. Après la troisième tasse de café, néanmoins, il se sentait bien mieux. Peggy avait réussi à dénicher encore une autre entièrement nouvelle sorte de jambon qui avait un petit goût de genévrier et de romarin et allait très bien en effet avec le pain complet grillé qu'elle avait préparé. Tout en enfournant la dernière bouchée, Severus pensa qu'il devait lui parler, à la fois pour la remercier de prendre si bien soin de lui et pour lui demander le nom de cette marque particulière du jambon, quand elle apparut soudain.
" Maître Severus, M. Malfoy vous demande. Par Cheminette, " ajouta-t-elle, voyant que Severus se dirigeait vers l'entrée au lieu du salon.
Il fit demi-tour et traversa la cuisine en sens inverse. La tête de Lucius lui souriait depuis la cheminée.
"Bonjour, Sev, " dit-il, " comment va ta tête?"
Severus lui lança un regard plaintif. " Mieux qu'avant le petit-déjeuner mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que je me sente de nouveau comme un être humain. Et toi?"
" Comme ci, comme ça, " répondit Lucius. " As-tu déjà lu la Gazette?"
" Je ne lis jamais le journal, comme tu le sais parfaitement bien. Il c'est ennuyeux et une perte de temps. En outre, tu es là pour me dire ce qu'il faut que je sache."
Lucius roula des yeux. " Tu ne changeras jamais, n'est-ce pas? Je suggérerais que tu y jettes un coup d'oeil néanmoins, c'est. eh bien je suppose que l'on pourrait dire que c'est amusant."
" D'accord, je risquerai un regard, si tu insistes absolument. Mais pas maintenant-je préfère arriver chez McLachlan sans être préparé, afin d'afficher au moins un minimum de surprise non-feinte. Il sera très choqué, ce pauvre vieil homme. Après tout, Prewett était son ami et ex-élève."
Avec des sourcils levés et un sourire moqueur autour de ses lèvres, Lucius dit " Tu t'adoucis on dirait?"
" Je ne m'adoucis pas " répondit Severus avec passion, " j'ai simplement dit 'pauvre vieil homme', pour l'amour de Merlin! Tu exagères certainement avec le, Je-Suis-Un-Monstre-Sans-Sentiments, Malfoy. Je t'ai vu avec ta femme et ta mère hier soir, et vous ne donniez pas exactement une impression de totale réserve. Alors sois gentil d'arrêter ces enfantillages."
Malfoy renifla. " Je suppose qu'il y a une différence entre comment je me comporte envers mon épouse et-"
"Oh, va te faire foutre, Malfoy, " dit Severus d'un ton rogue, et il rompit la connexion.
Comme il avait l'intention de prendre un second petit déjeuner-sucré cette fois ci-il choisit un livre de l'une des étagères en se rendant à la cuisine. Plus tôt, Peggy avait désespérément essayé de le persuader de prendre ses repas dans l'espace de repas du salon, comme il seyait au Maître de Maison. Severus avait purement et simplement insinué que c'était moins à son propos à lui qu'au sujet de pouvoir démontrer ses compétences de décoration de table à elle. Cela avait été le jour où il s'était rendu compte que les Elfes de Maison étaient capables de rougir. Cela l'avait extrêmement amusé, et il lui avait expliqué qu'il préférait s'asseoir à la table de la cuisine simplement parce que c'était moins formel; il se sentait beaucoup plus à l'aise pour lire en mangeant. Pour faire amende honorable, il avait invité Clarissa à dîner quelques fois et avait permis à Peggy de faire de son pire en termes de bougies, de fleurs et de quoi qu'il lui vienne d'autre à l'esprit.
Le livre qu'il avait pris pour lui tenir compagnie pendant la partie dessert de son petit déjeuner était l'un des travaux les plus complets et approfondis qu'il avait pu trouver au sujet des sérums de vérité. Bien qu'il dût admettre que sa recherche avait été effectuée en se basant uniquement sur ses propres connaissances, car il n'avait pas voulu demander conseil à McLachlan ni à Lestrange. Avec bonne raison: Il s'était lui-même fixé une tâche, un défi digne de lui-même. Il voulait trouver un antidote au Veritaserum, indépendamment du temps et des efforts que cela allait lui coûter. Quelquefois, il se permettait de révasser au moment où il s'agenouillerait devant Voldemort, levant dans ses mains la fiole contenant l'antidote et la présentant à son maître. Il n'était pas sûr que sa propre culpabilité soit finalement apaisée en créant cette surprise inattendue et non-demandée pour l'homme qu'il avait trahi. Il l'espérait très certainement .
C'était une tâche difficile et certainement pas une à laquelle d'autres n'avaient pas essayé de s'attaquer avant lui. Sans succès, inutile de le dire. Severus n'était pas suffisamment vaniteux pour croire que la raison de leur échec avait simplement été du manque de talent. Mais il avait toujours été l'un de ceux qui regardaient un problème bien connu et apparemment insoluble sous un entièrement nouvel angle. C'était son fort, et il le savait. Dans le passé-bien que cela ne soit pas un passé très lointain, puisque la forme moderne du Veritaserum était un progrès relativement nouveau-la recherche d'antidotes avait toujours été faite en essayant de trouver l'agent neutralisant chacun des divers ingrédients. Le gros défaut de cette méthode était que la plupart des ingrédients et non seulement ceux du Veritaserum étaient neutralisés par plus d'une substance. Ainsi, le premier obstacle, presque insurmontable, était de trouver les bons ingrédients avec la bonne combinaison et le bon dosage. Une tentative futile selon l'opinion de Severus. Le problème suivant qui surgissait inévitablement si on cherchait de cette façon, était le mode de préparation. Si la recette d'une potion prescrivait que vous deviez la remuer trois fois en sens inverse des aiguilles d'une montre après l'avoir laissé frémir pendant cinq minutes, pour inverser son effet il n'était pas suffisant d'agiter le mélange approprié de composants trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre après cinq minutes de frémissement. Si les choses étaient vraiment si simples que cela, la fabrication de potions ne serait pas un art subtil mais quelque chose de peu meilleur que la cuisine.
Etant donné que préparer un Veritaserum puissant était un art maîtrisé seulement par quelques élus-y compris lui-même- et demandait une liste purement interminable d'ingrédients, il avait immédiatement écarté la manière traditionnelle de développer un antidote. Dans ce cas, l'approche beaucoup plus prometteuse était d'essayer de comprendre ce que la préparation faisait exactement à ceux qui en étaient bourrés et alors d'essayer de développer une autre substance qui inversait cet effet ou l'empêchait de se produire. C'était difficile mais faisable. Au moins cela semblait encore vrai maintenant, après moins qu'une semaine de lecture intense sur le sujet.
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Dire que McLachlan allait probablement être sous le choc avait été un euphémisme. Quand Severus transplana dans la pièce de l'encyclopédie, il fut surpris d'y trouver le vieux sorcier assis, son pince-nez pendant de sa main molle, sa tête enfouie dans l'autre main. Depuis les haut parleurs de la stéréo ensorcelée ruisselait dans la pièce le thème mélancolique du second mouvement de l'Eroica de Beethoven . Sulla morte di un eroe. Sur la Mort d'un Héros. le c?ur de Severus manqua un battement. S'adoucissait-il vraiment? Lucius avait raison, il ne devrait pas être ému par l'affliction d'un vieil homme inutile qui n'était même pas son ami ou son parent. Mais les larmes qui coulaient sur ces joues plissées comme du parchemin. il n'était pas facile de résister à l'impact de la scène.
" Monsieur, est-ce que vous allez bien?" demanda-t-il à voix basse, afin de ne pas effrayer l'autre.
" Ai-je l'air d'aller bien?" la voix avait perdu tout son côté criard; elle était enrouée et épaisse.
" Pas vraiment, c'est pourquoi j'ai posé la question. Que s'est-il passé? Avez-vous reçu des mauvaises nouvelles? A en juger par la musique."
McLachlan leva lentement la tête. Ses yeux étaient rouges et gonflés. D'une manière ou d'une autre, Severus sentit un profond respect pour cet homme qui n'avait pas de scrupules à lui laisser voir son affliction et ses larmes. C'était en quelque sorte . courageux. Plus courageux qu'il ne l'aurait été de le rembarrer ou de se détourner de lui. Ce visage flétri, ravagé par le chagrin, semblait tirer d'un coup sec quelque chose de profondément enterré en lui. Cela faisait mal. Il avait envie de pleurer lui aussi. Et il n'aimait très certainement pas ce sentiment. Ce fut son salut, néanmoins, car il dût se forcer à s'en empêcher. Combattre cela voulait dire combattre la compassion naissante qu'il ressentait pour McLachlan. Il était de nouveau en territoire familier. A bien y penser, ce vieil homme était simplement ridicule. Tant en fait, qu'il était difficile de ne pas le regarder d'un air moqueur.
" Oui, " répondit le vieux maître de potions, " j'ai en effet reçu de mauvaises nouvelles. Mauvaises en effet ." Son pince-nez tomba au sol, et Severus se pencha rapidement pour le ramasser et le lui rendre. " Merci, mon cher garçon."
Le regardant jouer distraitement avec les lunettes, Severus décida qu'il devait essayer de demander une fois de plus. " Que s'est-il passé, monsieur? C'est à dire, si vous voulez me le dire."
McLachlan le regarda fixement d'un air incrédule. " Vous n'avez. non, bien sûr, j'avais oublié. Vous ne lisez pas les journaux. Prewett a été assassiné."
Severus inclina la tête, comme pour penser intensément. " Prewett? Vous voulez dire Jonathan Prewett?"
Le vieil homme acquiesça. Ses cheveux semblaient plus blancs et hérissés que jamais. " Jonathan Prewett. Oui. Un grand maître de potions et un grand ami. Il est mort, et son épouse et sa fille aussi. Tous morts." De nouvelles larmes montèrent à ses yeux.
C'est une réaction appropriée que de lui passer discrètement un mouchoir, n'est-ce pas? Cela le semblait certainement, car McLachlan le prit avec reconnaissance. " Vous ne l'avez jamais rencontré, n'est-ce pas?" dit-il. Severus secoua la tête négativement. " Quel dommage, quel dommage. J'avais prévu de vous présenter un de ces jours. Vous l'auriez aimé, j'en suis sûr. C'était une si gentille personne, une si gentille personne." sa voix s'estompa, et il regarda fixement le mur avec des yeux aveugles. L'adagio s'était achevé. " J'ai peur de ne pas être en état d'enseigner aujourd'hui, " dit-il. " désolé de ne pas vous avoir appelé pour annuler la leçon-"
" Ne vous inquiétez pas, monsieur, ce n'est pas un problème, vraiment pas. Nous pouvons continuer mardi, si cela vous va . Si vous n'en avez pas envie, faites le moi simplement savoir." McLachlan hocha seulement la tête, de nouveau perdu dans ses pensées. "Eh bien, je suppose que je vais simplement vous quitter alors, " continu a Severus un peu maladroitement.
Le vieux sorcier ne répondit pas. Des larmes coulaient le long de ses joues, gouttant sur sa robe et continuant à dégouliner -elles ne pénétraient pas dans le tissu, car il était ensorcelé pour être imperméable. Voyant comment la communication avait à l'évidence été terminée, Severus fit un pas en arrière et Transplana. Il devait aller chercher un exemplaire de la Gazette du Sorcier, pour trouver ce qui avait provoqué l'hilarité de Lucius.
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Même le seigneur des ténèbres sourit. " Maintenant voyez la manière avec laquelle le destin favorise Lord Voldemort, " dit-il à ses quatre lieutenants qui étaient venu rapporter les résultats de leur action de la nuit passée. "Je vous aurais autorisé à tuer Greenbaum, sans laisser la marque visible à l'extérieur pour une fois. Vous savez tous que l'idée ne me plaisait pas mais je voyais la ruse et la logique derrière elle. Mais les choses que je ne veux pas qui se produisent ont une manière de ne pas se produire. Une crise cardiaque apportée par le choc est certainement le moyen de trépasser le plus innocent que cet homme ait pu choisir. Quant au reste, je suis satisfait. Très satisfait. Seulement cinq survivants, si bien que votre fils semble simplement avoir été plus chanceux que la plupart."
Malfoy hocha la tête. En fait, eux quatre avaient été d'accord plus tôt que le destin les favorisait en effet, parce que la 'chance' de Lucius n'avait pas suscité de soupçons. Aucun des autres survivants n'avait prononcé une seule accusation contre lui. Il avait aussi, Severus devait l'admettre, agi très prudemment et si bien couvert ses traces qu'il était virtuellement impossible de faire le lien entre lui et les coupables.
" Merci, Maître, " dirent-ils comme un seul homme. Puis Lestrange continua, " Maître, je ne sais pas si je devrais vraiment postuler pour le poste de Prewett. Cela pourrait sembler un peu étrange, étant donné que nous sommes au milieu de l'année scolaire. Si possible, j'aimerais quitter Poudlard sans donner l'impression que j'attendais seulement une occasion. Bien que Dumbledore puisse ne pas regretter m'avoir perdu, je préférerais recevoir une invitation par un tiers."
Sans commenter les paroles de Lestrange, Voldemort décroisa et recroisa ses jambes, tout en laissant ses doigts glisser sur l'exemplaire de la Gazette des Sorciers qui était posé à côté de lui sur le canapé. Les quatre hommes attendirent patiemment jusqu'à ce qu'il parle finalement . " Je vous laisserai cette décision, St. Jean. Si vous jugez la probabilité que quelqu'un d'autre soit appelé suffisamment petite, faites comme vous l'avez suggéré. Je peux certainement voir la validité de votre arguement, mais seulement si vous pouvez être sûr ou aussi bien que sûr que finalement, l'éventail de successeurs possibles à Prewett sera si étroit qu'il vous suggérera comme candidat idéal. La décision est vôtre, de même que la responsabilité des consequences."
La suggestion que Lestrange venait de faire était le résultat d'une discussion approfondie entre lui, Malfoy, Severus et Croupton. Ils s'étaient déjà réunis dans l'après-midi, afin de préparer leur visite nocturne en Albanie- ils avaient tous convenu qu'avoir exécuté avec succès une mission difficile pouvait être satisfaisant mais que Voldemort ne serait certainement pas satisfait de leur taper sur l'épaule. Ils devaient présenter leur rapport de la manière appropriée et donner un aperçu détaillé de l'opération suivante. Même Barty avait été de bonne humeur quand ils avaient levé leurs verres à leur succès.
" J'en suis sûr, mon maître, " répondit Lestrange. " Nous avons beaucoup réfléchi à la chose et en sommes venus à la conclusion qu'en premier l'UMU essayera d'avoir McLachlan. Il refusera, comme il l'a toujours fait. Juste au cas où il change d'avis, il y a Severus avec la potion d'Imperius. Connaissant très bien le vieil homme, je suis pratiquement sûr non seulement qu'il refusera, mais également qu'il suggérera un autre candidat qu'il considère digne d'être le successeur de Prewett. Le fait qu'il ait toujours enseigné de manière privée, en admettant seulement une poignée d'apprentis, joue en notre faveur. Il pourrait suggérer van der Beulen-vous savez, le hollandais-mais il n'enseignerait pas dans une université même s'ils lui offraient son poids en or. La même chose est valable pour Chang; de plus j'ai appris qu'il avait l'intention de retourner en Chine de toute façon. Alors il y a Victor Auden, mais même les enfants savent que depuis la mort de son épouse il a transformé avec succès son cerveau en éponge pleine de whisky. Et c'est tout. Tous les autres sont profondément impliqués dans des projets de recherche dans leurs propres universités ou académies tout autour du globe et ils ne les abandonneront certainement pas à la légère. Pas pour le salaire qu'Urqhart offre, en tout cas."
" Très bien " dit Voldemort " si cela est comment vous jugez la situation, agissez comme vous le trouvez convenable. Comme je l'ai dit, c'est votre responsabilité ." Lestrange inclina la tête. " Maintenant passons à la question beaucoup plus complexe de la place de Greenbaum. Vous, Julius, la demanderez bien sûr."
C'était exactement ce que Malfoy avait redouté, et il avait manifestement eu raison. " Mon Maître, " dit-il en choisissant ses mots aussi soigneusement que possible " si cela est votre souhait, je ferai bien sûr comme vous l'ordonnez. Puis-je néanmoins attirer votre attention sur le fait-"
" Etes vous en train de mettre à nouveau en question mes décisions, Julius?" l'interrompit Voldemort, sa voix un simple sifflement menaçant.
Severus vit les phalanges de Malfoy devenir blanches, comme il agrippait l'accoudoir de son siège. "Non, mon maître, certainement pas. Je voulais simplement-"
" Alors pourquoi ai-je l'impression que vous doutez de mon autorité? De nouveau?"
" Maître, je-"
" Julius, vous devriez savoir maintenant qu'il ne vaut mieux pas éprouver les limites de ma patience. Je n'en entendrai pas plus. Faites ce que je vous ordonne."
"Oui, mon Maître."
Avec une fort craquement, un morceau de l'accoudoir se détacha. Voldemort sourit simplement.
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Malgré les commentaires venimeux qui maintenant apparaissaient régulièrement en première page de la Gazette des Sorciers, les autorités essayaient encore d'éviter une escalade de la peur augmentant progressivement dans la société des sorciers. Nathalie Pierson pouvait refuser de faire imprimer les communiqués ministériels sur la page de couverture de son journal, mais elle devait se soumettre aux souhaits du ministère dans une certaine mesure si elle voulait les empêcher de prendre des mesures plus drastiques. Alors les textes étaient banis à la page cinq, mais il paraissaient néanmoins.
Les communiqués étaient ridicules-Severus n'était pas le seul à exprimer cette opinion tout haut. Ils contenaient principalement des comptes-rendus exagérés des succès de la mise en application de la loi, des directives pour les citoyens et la déclaration générale que les choses n'allaient pas aussi mal que quelques personnes douteuses aimeraient le faire sembler. Quant à la mise en application de la loi et aux Aurors, ils avaient simplement baissé leurs seuils de réussite, si bien que ne pas être tué comptât comme un succès. Les directives avaient provoqué plus d'une crise de fou rire parmi les Mangemorts- " Révisez vos Sortilèges de Protection" était devenu une sorte de plaisanterie permanente entre Severus et Clarissa. Et la situation générale. eh bien, pensa Severus en regardant dehors par la fenêtre du laboratoire, tout dépendait de vos références.
Vrai, les gens pouvaient encore marcher dans les rues en relative sécurité. Jusqu'ici, les zones résidentielles n'avaient pas subi d'attaques majeures. Et ceux qui avaient encore le pouvoir faisaient de leur mieux pour persuader ceux qu'ils devaient protéger que c'était plus qu'ils ne pouvaient raisonnablement attendre. Ils citaient des exemples dont l'absurdité pure aurait dû frapper les yeux des lecteurs violemment, mais le sorcier britannique moyen préférait à l'évidence être apaisé à ce qu'on lui donne une image réaliste de la situation. Ils étaient des moutons, et le ministère réussissait encore à les convaincre que les vipères qui serpentaient dans leurs pâturages étaient des orvets.
Revenirs aux 'affaires comme à la normale' était une partie essentielle de cette stratégie-si c'était une stratégie, ce dont Severus doutait fortement. A moins d'appeler l'instinct qu'a une autruche de se cacher la tête dans le sable une stratégie. Cependant, l'université avait volontiers rejoint le mouvement Tête-Dans-Le-Sable. Avoir une partie des cours de potions d'annulés était un rappel pénible du massacre du 13 novembre et ainsi il fallait y remédier dès que possible. Ce qui voulait dire qu'ils avaient envoyé une lettre à McLachlan le jour-même des funérailles de Prewett, lui offrant le poste de son ancien élève. Pas qu'il l'eut acceptée de toute façon, mais s'ils avaient jamais eu une chance, cette démarche manquant beaucoup de tact l'avait complètement ruinée.
" Regardez cela!" s'était exclamé McLachlan quand Severus avait transplané chez lui le jour d'après les funérailles.
Déroulant le parchemin que le vieux sorcier lui avait fourré dans la main, Severus examina la lettre. " Ils ne perdent certainement pas de temps, " commenta-t-il et il la rendit.
McLachlan acquiesça avec mécontentement. " J'aurais même pu considérer leur proposition, j'aurais pu la considérer. Mais avec ceci-" il brandit la lettre -" ils ont perdu la possiblité de m'embaucher. Traitez-moi de sentimental, mais je ne peux pas travailler avec des gens qui n'ont même pas la décence d'attendre que le corps mort de leur collègue soit froid. Des vautours, rien que des vautours."
Severus remercia silencieusement les gouverneurs de l'université pour leur insensibilité. " Je comprends certainement vos sentiments, monsieur, " dit- il " Mais qui d'autre pourrait remplir le poste? Recommanderez-vous au moins quelqu'un?"
McLachlan grommela. " Ils ne le méritent pas, ne le méritent certainement pas. Bien qu'il n'y ait pas grand monde à suggérer, pas grand monde. J'aurais pensé à Lestrange, mais cela voudrait dire priver Dumbledore d'un excellent professeur, excellent, oui."
Temps d'exercer de la diplomatie Serpentard. " Très vrai, monsieur. Et se faire un ennemi de Dumbledore n'est certainement pas une chose sage à faire."
La tête du vieux sorcier se releva d'un mouvement vif, si bien que le pince- nez fût propulsé contre une étagère, ricocha sur une copie cabossée de mille champignons et herbes magiques et atterrît, miraculeusement intact, sur le plancher de bois. " Alors c'est ce que vous pensez, n'est-ce pas?" demanda McLachlan, scrutant Severus de ses yeux rétrécis. Severus alla récupérer les lunettes et les lui fourra dans la main.
"Eh bien, " dit-il en hésitant " Je suppose que oui, oui. Qui voudrait provoquer Dumbledore?"
" J'ai provoqué Albus Dumbledore plus d'une fois de mon temps, plus d'une fois. Et croyez moi, mon cher garçon, il n'était pas toujours le gagnant, certainement pas toujours. Et que pourrait-il me faire hein? Dites-moi ce qu'il pourrait bien me faire!"
" Je. eh bien." bégaya Severus, levant ses mains en un geste d'ignorance absolue. Il n'avait pas à feindre cette réaction-il ne pouvait vraiment rien trouver.
" Vous voyez? Je parie que cela le rendrait furieux, oh oui, tout à fait furieux, si je recommandais Lestrange, " dit McLachlan en gloussant.
" Vous n'êtes pas ennemis, n'est-ce pas?" demanda Severus, maintenant vraiment curieux.
" Ennemis? Non, mon cher garçon , nous ne sommes pas ennemis. Adversaires serait plus ressemblant, beaucoup plus ressemblant."
Severus hocha la tête. Etait-il sage de pousser un peu plus avant? Il décida qu'il pourrait essayer. " Ne croyez-vous pas que ce serait plus qu'une simple. euh, blague, que de le priver de son professeur de potions juste comme cela, au milieu de l'année scolaire? Vous lui créeriez de grandes difficultés-"
" Ah, mais c'est là qu'est tout l'amusement !" s'exclama McLachlan, poignardant Severus à la poitrine avec son index. " C'est exactement de cela qu'il s'agit! Cela me fait penser aux vieux jours, où nous avions l'habitude de nous défier des manières les plus impossibles." il tripota son pince-nez avec une expression rêveuse dans les yeux. " Plus j'y pense, plus cela semble la parfaite chose à faire, tout juste la parfaite chose " dit-il. " A vrai dire je vais écrire à l'université tout de suite, immédiatement. Alors si vous voulez bien m'excuser un moment."
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Lestrange fut nommé successeur de Prewett vers milieu décembre, pour commencer ses devoirs à l'université après les vacances de Noël. Jusqu'ici, leurs plans s'étaient ensuivis d'une manière très satisfaisante. La candidature de Malfoy pour la position du recteur, néanmoins, n'était pas une si grande réussite.
Que le bureau des gouverneurs croie ou non les rumeurs toujours-croissantes au sujet de son obéissance à Lord Voldemort était peu clair. L'argument qu'ils utilisaient dans leur lettre polie mais directe de refus était que la réputation scientifique de Malfoy était dans le domaine des créatures magiques; étant donné que Greenbaum avait été un magizoologist, ce qui s'était révélé assez préjudiciable envers les autres facultés qu'il avait plus ou moins ouvertement méprisées, le nouveau recteur ne devrait pas porter une affiliation à la même discipline. Les gouverneurs regrettaient sincèrement.
" Ceci n'est pas de votre faute, Julius " dit Lestrange après avoir examiné la lettre.
" Nul besoin de me le dire " riposta Malfoy, " mais depuis quand Lord Voldemort s'est-il intéressé à qui portait l'erreur ? Il veut des résultats, et je ne peux pas lui donner de résultats. C'est ce qui compte et rien d'autre."
La lettre avait été passée à Barty, qui fronça les sourcils et secoua la tête. Severus attendit son tour de jeter un coup d'?il au parchemin et dût s'admettre à lui-même qu'il était un peu perplexe. Plus qu'un peu, en fait. Sa réaction instinctive aux paroles furieuses de Malfoy aurait été de se hérisser d'indignation; il était incapable de tolérer toute opinion ne serait-ce qu'un tant soit peu négative envers leur maître. A y penser deux fois néanmoins, il devait reconnaître que si Voldemort punissait Malfoy pour cette défaillance, il serait injuste envers cet homme. Il était possible de soumettre une ou deux personnes au sortilège d'Imperius ou de les droguer avec la potion, mais quand il s'agissait d'un bureau de gouverneurs se composant de quinze personnes, vous ne pouviez rien faire. Barty lui tendit la lettre, et il la balaya rapidement .
"Eh bien, " dit-il lentement " je ne crois pas qu'il y ait une possibilité de leur faire changer d'avis, non ?"
Les autres secouèrent silencieusement la tête. "Non, " dit Malfoy, " je regrette qu'il n'y en ait pas. Mais je suppose que je devrai simplement supporter cela. Au moins nous avons réussi à faire entrer Beckinsale au personnel de Ste. Mangouste. Peut-être que cela le calmera un peu."
Lestrange renifla simplement . " Si vous me demandez mon avis, tu auras de la chance si les effets secondaires ont disparu avant Noël."
" Toujours optimiste, St. Jean, " répondit Malfoy, " merci pour tes paroles d'encouragement. En parlant de Noël-Severus, voudriez-vous passer quelques jours au Manoir Malfoy? St. Jean sera assez occupé pendant les vacances, alors à moins que vous ne préfériez votre isolation splendide."
Cette proposition, autant que Severus l'apprécie, le confrontait à un gros dilemme: Il l'aurait acceptée avec joie, s'il n'y avait pas eu Clarissa. Elle semblait assez abattue ces derniers jours, et contrairement son habitude usuelle de simplement la quitter tranquille jusqu'à ce qu'elle se décide à lui dire ce qui la faisait souffrir, cette fois il avait simplement posé la question. De manière surprenante, elle avait semblé être plus que contente de son intérêt et lui avait dit qu'elle redoutait les vacances. Sa mère allait être de garde à Ste. Mangouste, Evan avait été invité à passer les vacances avec un ami, ce qui voulait dire qu'elle serait seule avec son père. Au cours des quelques derniers mois, il n'avait rien tenté; mais elle était morte de peur qu'il puisse, et il le ferait probablement, retourner à ses vieilles habitudes une fois qu'il pouvait être sûr d'être tranquille. Severus avait purement et simplement refusé de venir chez les Rosiers, mais il lui offrait l'hospitalité-ou plutôt un asile- quand que ce soit qu'elle en ait besoin. Il n'était pas tout à fait sûr qu'elle aime l'idée de l'accompagner au Manoir Malfoy néanmoins.
Ses pensées s'étaient manifestement montrées sur son visage car Malfoy ajouta, " Vous pouvez amener de la compagnie bien sûr, si c'est ce qui vous fait hésiter."
Severus se sentait inexplicablement mécontent de la proposition, mais était trop sage pour le montrer. " Merci , " dit-il, " j'apprécie vraiment cela, Julius. Puis-je envoyer Elias demain avec un message?"
" A condition que je sois en état de le lire demain, " dit sombrement Malfoy.
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Il n'avait pas considéré l'éventualité que Severus ne puisse pas l'écrire en premier lieu. Clarissa, qu'il avait invitée pour le petit déjeuner le jour suivant, afin de discuter de la question de leurs vacances, le trouva allongé sur son lit, complètement vêtu, et frissonnant violemment.
Sa voix, stridante de terreur, fit presque exploser ses tympans " Severus, quel est le problème? Es-tu malade? Dois-je appeler un medisorcier?"
Il réussit à lever la main pour arrêter son bavardage et secoua la tête. Avec son pouce, il indiqua le broc d'eau posé sur sa table de nuit. Après quelques petites gorgées prudentes, il se sentit assez bien pour croasser , "Pas de medisorcier! Potion. étiquetée Anti-Doloris.laboratoire."
Les mains de Clarissa volèrent à sa bouche. " T'a-t-il. ok, ok je poserai la quetion plus tard. Je reviens dans une seconde!"
Severus referma de nouveau les yeux. C'était la seconde fois que Voldemort le frappait du sortilège de torture, et non seulement il sentait qu'il ne l'avait pas méritée le moins du monde, cela avait aussi duré un peu plus longtemps que la première fois et ainsi les effets secondaires étaient encore pires. Les pas précipités de Clarissa ressemblaient au piétinement d'un troupeau d'hippogriffes enragés à ses oreilles hyper-sensibles. L'influence de la potion cependant, dont il avait légèrement changé la recette afin de la rendre plus puissante, était presque instantanée. Il avait réussi à prendre une première dose en arrivant à la maison, et la seconde améliora grandement sa condition.
Clarissa, qui avait heureusement compris qu'elle devait éviter de faire tout bruit superflu, pencha la tête vers son oreille et chuchota " Te sens- tu mieux?"
" Plutôt moins épouvantable. Pourrais-je avoir un peu plus d'eau?"
Un quart d'heure plus tard, il put se lever et descendre les escaliers en s'appuyant lourdement contre Clarissa. Peggy devint presque hysterique quand elle le vit-Severus bénit mentalement Clarissa d'avoir fait taire l'elfe immédiatement. Il doutait d'avoir pu survivre à sa voix grinçante.
Il fut mené dans la salle de séjour où Clarissa l'abaissa doucement dans un fauteuil et lui souleva les jambes pour les poser sur un autre. Quand Peggy apporta le plateau du petit déjeuner, il se rendit compte, à sa grande surprise, qu'il avait vraiment faim.
" Juste du thé et des toasts, " dit sévèrement Clarissa. " pour l'instant, " ajouta-t-elle avec un sourire en voyant son regard indigné.
"Ecoute Clarissa, je ne suis pas un infirme et-"
" Crois-tu que vomir serait agréable dans ta situation?" demanda-t-elle en levant ses sourcils. Severus grogna simplement " Content de voir que tu es capable d'entendre raison. Alors raconte moi, " dit-elle quand Peggy les eut laissé seuls, " Que s'est-il passé? Pourquoi t'a-t-il jeté Doloris?"
Severus expliqua entre des petites gorgées prudentes de thé et de petites bouchées de toast. " Tu vois, " dit-il, " d'une certaine manière je comprends sa réaction. Il ne veut pas d'explications, il veut des résultats. Il les veut depuis assez longtemps maintenant. Nous payons les dettes du passé, pour ainsi dire. Pas que je l'apprécie mais je l'accepte."
Clarissa lui lança un regard bizzare. " Cela ne te ressemble pas du tout, Severus. Habituellement, tu n'es pas du genre à accepter-"
" Allons, essaye de penser avant de parler !" l'interrompit Severus. " Crois-tu honnêtement que j'ai le choix? En outre, il a raison. Nous ne devons pas échouer. Jamais."
" Je vois, " dit-elle en évitant ses yeux. " Juste pour changer le sujet alors: de quoi voulais tu parler quand tu m'as dit de venir ici pour le petit-déjeuner?"
Severus lui parla de l'invitation de Malfoy.
" Mmmh, " dit-elle en remuant la tête, " je ne sais pas . cela pourrait même être une bonne idée, qui sait? Passer Noël avec l'heureux couple."
"C'est une chose étrange, " dit Severus, " je crois qu'ils sont vraiment heureux. Ce qui est un peu un miracle, connaissant Lucius."
Clarissa lui versa une autre tasse de thé. " Penses-tu qu'il l'aime ?"
" Lucius? Tu blagues? Le jour où Lucius aimera quelqu'un sera le jour où je demanderai à Sirius Black de m'épouser. Non, " il secoua la tête et grimaça. " Ouch, cela fait encore mal.-Non, je crois qu'ils ont simplement trouvé une sorte de modus vivendi. Il la traite avec respect, et elle joue l'épouse dévouée. C'est un mariage arrangé, après tout, alors ils ont probablement plus que ce qu'ils avaient prévu au départ."
" Mais crois-tu que les gens puissent être vraiment heureux dans un tel mariage?"
Severus roula des yeux et soupira. "Ah les filles! Pour vous, la pensée d'être heureux déclanche immédiatement des fantasies romantiques à l'eau de rose. Tout dépend de comment on définit le bonheur bien sûr. Prends nous deux, par exemple."
Clarissa lui lança un regard alarmé. "Maintenant qui blague?"
" Je ne blague pas, je raisonne, stupide femelle. Alors tais-toi et écoute."
" Tu payeras pour ceci immédiatement après ta complète rémission, " dit Clarissa d'un ton rogue, lui lançant un regard malveillant. " Remercie les dieux d'être presque infirme!"
" Depuis quand la faiblesse d'un adversaire dissuade-t-elle un Serpentard de frapper ?" demanda Severus, levant ses sourcils. Il les abaissa immédiatement, néanmoins, car ces minuscules muscles de son front lui faisaient plus mal qu'il ne l'aurait pensé possible. " Ce que je voulais dire était: Imagine que nous nous marions. Ne penses-tu pas que nous serions tout à fait heureux ensemble? Pas de la manière communément immaginée peut-être, mais heureux tout de même?"
Il n'avait aucune idée de pourquoi il l'avait dit. Et il ne s'était certainement pas attendu à sa réaction. " Tu ferais cela?" chuchota-t-elle, ses yeux se remplissant immédiatement de larmes. " Tu ferais vraiment cela? Tu me débarrasserais de cet homme horrible?"
" Tu échangerais la poelle à frire contre le fourneau, tu sais cela, n'est- ce pas? Je suis horrible à ma manière à moi. Alors quoi, est-ce que tu me demandes en mariage?"
Ses mains tremblaient quand elle beurra un autre morceau de toast. Elle avait déjà beaucoup mangé, alors Severus supposait qu'elle le faisait simplement pour cacher son embarras.
"Je. je ne sais pas quoi dire, Severus. Vraiment, je. tu es conscient que cela pourrait me prendre quelque temps avant que je sois prête à. à faire plus que s'embrasser?"
Etait-il vraiment en train d'avoir cette conversation ou était-ce un rêve étrange, apporté par le sortilège qu'il avait enduré? D'un autre côté, cela n'était pas si absurde que cela. Clarissa avait déjà passé beaucoup de temps chez lui; il lui avait donné la permission de venir ici même lorsqu'il était absent. D'un certain point de vue, ce serait la solution idéale: Il serait marié et ainsi beaucoup moins un mouton noir dans une rue où il était le seul célibataire parmi des couples mariés, surtout avec des enfants. Pour elle, cela voudrait dire une vie sans la crainte constante de son père. En outre, elle avait l'intention de jouer au Quidditch professionnellement; si elle réussissait-et son accomplissement aux sélections allait probablement être meilleur si elle n'était pas sous stress constant-elle passerait plus de temps sur les champs d'entraînement qu'à la maison.
Il lui prit la main. " A bien y penser, ce n'est pas une mauvaise idée. Et ne t'inquiéte pas au sujet de.euh, l'aspect physique. Si notre maître continue à ce rythme avec Doloris, tu n'auras rien à craindre ni à attendre de moi de toute façon."
" Crois-tu qu'il le permettra " demanda Clarissa , lui pressant la main. " Oh désolée, je n'avais pas l'intention de-est-ce que je t'ai fait mal?"
" Pour répondre à tes questions en ordre inverse: Oui un mal du diable, et pourquoi ne devrait-il pas le permettre?"
Elle haussa les épaules. " Je ne sais pas. J'espère qu'il le fera néanmoins. Quand demanderas-tu?"
" Je suppose que je devrais demander à ton père en premier, ne penses-tu pas?"
" Demander à ce bâtard? Je n'ai pas besoin de son consentement, puisque je suis majeure. Tu es majeur. Je ne veux pas du lui à mon mariage, non plus. Seulement Evan et tante Nathalie. Et Gwendolyn bien sûr."
Severus sentit des remords. " Au sujet de ta tante, je suppose que je devrais te dire -"
Il s'était attendu à ce qu'elle soit offusquée, mais elle lui fit simplement un sourire malicieux. " Severus, elle m'a dit qu'elle s'était entichée de toi immédiatement. Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas détestée pour cela, mais c'est du passé maintenant. Croyais-tu vraiment que je ne l'aurais pas remarqué?"
" Je. eh bien, oui pour dire la vérité." il se sentait très stupide et très embarrassé. " Et. nous ne nous sommes pas séparés de la manière la plus polie. Juste pour que tu sois prévenue. Elle pourrait refuser l'invitation."
~~~~*~~~~
Finalement, Clarissa décida qu'elle allait accompagner Severus au Manoir Malfoy. Ils étaient attendus là-bas en fin d'après-midi le 24 décembre accompagnés du chat et du corbeau. Un Noël sans Esmeralda était impensable, même si Peggy eût certainement pris bon soin d'elle.
L'aube de la veille de Noel se leva grise et froide, quoique sans trace de neige. Severus se réveilla plutôt tard et bien qu'il ne puisse guère y croire, il se sentait heureux. Ou peut-être seulement content; c'était difficile à définir. C'était un bon sentiment de toute façon, un qu'il n'avait pas ressenti depuis très longtemps. En fait, il était impatient de faire ses valises. Après un petit déjeuner qui lui fit se demander si Peggy avait perdu la tête " Mais vous n'êtes pas là pour Noël, maître Severus, alors je vous prépare un petit déjeuner de Noel en avance !"- il alla en flanant dans la salle de séjour pour sélectionner quelques livres qu'il voulait emmener avec lui. La bibliothèque de Malfoy n'avait certainement rien perdu de sa magnificence, mais il considérait meilleur de faire sa recherche sur le Veritaserum en utilisant ses propres livres. Ne donnez jamais d'idées à un Malfoy, même si vous êtes leur invité.
Il mettait tout juste le troisième volume qu'il avait sélectionné sur la table quand Clarissa tomba pratiquement hors de sa cheminée. Il n'aimait pas le moins du monde l'air sur son visage. " Clarissa, quel est le-"
Elle pouvait à peine parler. " Je. je. l'ai fait !" laissa-t-elle finalement échapper.
" Fait quoi? Remets-toi, pour l'amour de Merlin!"
" J'ai finalement tué ce porc!"
Severus était bien sûr curieux de voir ce que la Gazette des Sorciers avait à dire sur l'attaque contre Prewett. D'un autre côté, non seulement il avait une certaine idiosyncrasie envers les jounaux-les lire était une complète perte de temps précieux, pensait-il - mais entrer en valsant à Fleury & Botts pour acheter un journal le dimanche 14 novembre en particulier serait une chose très imprudente à faire. L'époque étant ce qu'elle était, les gens devenaient de plus en plus suspicieux envers tout ce qui était inhabituel, et il n'allait pas compromettre sa sécurité par simple curiosité. Habituellement, ce système marchait à la perfection.
Sa célébration d'anniversaire avait duré jusqu'à après une heure. Prévoyant quelque chose de la sorte, il avait déjà prévenu McLachlan qu'il allait probablement arriver plus tard qu'à l'habitude. Le vieux sorcier avait une préférence marquée à travailler les dimanches -Severus n'avait pas encore compris pourquoi. Mais il avait compris bien sûr qu'un dix-huitième anniversaire devait être célèbré en due forme.
Alors Severus s'était levé tard, du moins tard pour lui, et venait de s'asseoir dans la cuisine, appréciant un assez grand petit déjeuner qui, il espérait, le débarasserait d'une gueule de bois de taille plus que moyenne. Il n'était pas contre boire de l'alcool ; en fait, il aimait tout à fait boire. Mais les quantités de spiritueux qui étaient descendues par sa gorge la nuit dernière avaient certainement été un peu trop pour lui. Après la troisième tasse de café, néanmoins, il se sentait bien mieux. Peggy avait réussi à dénicher encore une autre entièrement nouvelle sorte de jambon qui avait un petit goût de genévrier et de romarin et allait très bien en effet avec le pain complet grillé qu'elle avait préparé. Tout en enfournant la dernière bouchée, Severus pensa qu'il devait lui parler, à la fois pour la remercier de prendre si bien soin de lui et pour lui demander le nom de cette marque particulière du jambon, quand elle apparut soudain.
" Maître Severus, M. Malfoy vous demande. Par Cheminette, " ajouta-t-elle, voyant que Severus se dirigeait vers l'entrée au lieu du salon.
Il fit demi-tour et traversa la cuisine en sens inverse. La tête de Lucius lui souriait depuis la cheminée.
"Bonjour, Sev, " dit-il, " comment va ta tête?"
Severus lui lança un regard plaintif. " Mieux qu'avant le petit-déjeuner mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que je me sente de nouveau comme un être humain. Et toi?"
" Comme ci, comme ça, " répondit Lucius. " As-tu déjà lu la Gazette?"
" Je ne lis jamais le journal, comme tu le sais parfaitement bien. Il c'est ennuyeux et une perte de temps. En outre, tu es là pour me dire ce qu'il faut que je sache."
Lucius roula des yeux. " Tu ne changeras jamais, n'est-ce pas? Je suggérerais que tu y jettes un coup d'oeil néanmoins, c'est. eh bien je suppose que l'on pourrait dire que c'est amusant."
" D'accord, je risquerai un regard, si tu insistes absolument. Mais pas maintenant-je préfère arriver chez McLachlan sans être préparé, afin d'afficher au moins un minimum de surprise non-feinte. Il sera très choqué, ce pauvre vieil homme. Après tout, Prewett était son ami et ex-élève."
Avec des sourcils levés et un sourire moqueur autour de ses lèvres, Lucius dit " Tu t'adoucis on dirait?"
" Je ne m'adoucis pas " répondit Severus avec passion, " j'ai simplement dit 'pauvre vieil homme', pour l'amour de Merlin! Tu exagères certainement avec le, Je-Suis-Un-Monstre-Sans-Sentiments, Malfoy. Je t'ai vu avec ta femme et ta mère hier soir, et vous ne donniez pas exactement une impression de totale réserve. Alors sois gentil d'arrêter ces enfantillages."
Malfoy renifla. " Je suppose qu'il y a une différence entre comment je me comporte envers mon épouse et-"
"Oh, va te faire foutre, Malfoy, " dit Severus d'un ton rogue, et il rompit la connexion.
Comme il avait l'intention de prendre un second petit déjeuner-sucré cette fois ci-il choisit un livre de l'une des étagères en se rendant à la cuisine. Plus tôt, Peggy avait désespérément essayé de le persuader de prendre ses repas dans l'espace de repas du salon, comme il seyait au Maître de Maison. Severus avait purement et simplement insinué que c'était moins à son propos à lui qu'au sujet de pouvoir démontrer ses compétences de décoration de table à elle. Cela avait été le jour où il s'était rendu compte que les Elfes de Maison étaient capables de rougir. Cela l'avait extrêmement amusé, et il lui avait expliqué qu'il préférait s'asseoir à la table de la cuisine simplement parce que c'était moins formel; il se sentait beaucoup plus à l'aise pour lire en mangeant. Pour faire amende honorable, il avait invité Clarissa à dîner quelques fois et avait permis à Peggy de faire de son pire en termes de bougies, de fleurs et de quoi qu'il lui vienne d'autre à l'esprit.
Le livre qu'il avait pris pour lui tenir compagnie pendant la partie dessert de son petit déjeuner était l'un des travaux les plus complets et approfondis qu'il avait pu trouver au sujet des sérums de vérité. Bien qu'il dût admettre que sa recherche avait été effectuée en se basant uniquement sur ses propres connaissances, car il n'avait pas voulu demander conseil à McLachlan ni à Lestrange. Avec bonne raison: Il s'était lui-même fixé une tâche, un défi digne de lui-même. Il voulait trouver un antidote au Veritaserum, indépendamment du temps et des efforts que cela allait lui coûter. Quelquefois, il se permettait de révasser au moment où il s'agenouillerait devant Voldemort, levant dans ses mains la fiole contenant l'antidote et la présentant à son maître. Il n'était pas sûr que sa propre culpabilité soit finalement apaisée en créant cette surprise inattendue et non-demandée pour l'homme qu'il avait trahi. Il l'espérait très certainement .
C'était une tâche difficile et certainement pas une à laquelle d'autres n'avaient pas essayé de s'attaquer avant lui. Sans succès, inutile de le dire. Severus n'était pas suffisamment vaniteux pour croire que la raison de leur échec avait simplement été du manque de talent. Mais il avait toujours été l'un de ceux qui regardaient un problème bien connu et apparemment insoluble sous un entièrement nouvel angle. C'était son fort, et il le savait. Dans le passé-bien que cela ne soit pas un passé très lointain, puisque la forme moderne du Veritaserum était un progrès relativement nouveau-la recherche d'antidotes avait toujours été faite en essayant de trouver l'agent neutralisant chacun des divers ingrédients. Le gros défaut de cette méthode était que la plupart des ingrédients et non seulement ceux du Veritaserum étaient neutralisés par plus d'une substance. Ainsi, le premier obstacle, presque insurmontable, était de trouver les bons ingrédients avec la bonne combinaison et le bon dosage. Une tentative futile selon l'opinion de Severus. Le problème suivant qui surgissait inévitablement si on cherchait de cette façon, était le mode de préparation. Si la recette d'une potion prescrivait que vous deviez la remuer trois fois en sens inverse des aiguilles d'une montre après l'avoir laissé frémir pendant cinq minutes, pour inverser son effet il n'était pas suffisant d'agiter le mélange approprié de composants trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre après cinq minutes de frémissement. Si les choses étaient vraiment si simples que cela, la fabrication de potions ne serait pas un art subtil mais quelque chose de peu meilleur que la cuisine.
Etant donné que préparer un Veritaserum puissant était un art maîtrisé seulement par quelques élus-y compris lui-même- et demandait une liste purement interminable d'ingrédients, il avait immédiatement écarté la manière traditionnelle de développer un antidote. Dans ce cas, l'approche beaucoup plus prometteuse était d'essayer de comprendre ce que la préparation faisait exactement à ceux qui en étaient bourrés et alors d'essayer de développer une autre substance qui inversait cet effet ou l'empêchait de se produire. C'était difficile mais faisable. Au moins cela semblait encore vrai maintenant, après moins qu'une semaine de lecture intense sur le sujet.
~~~~*~~~~
Dire que McLachlan allait probablement être sous le choc avait été un euphémisme. Quand Severus transplana dans la pièce de l'encyclopédie, il fut surpris d'y trouver le vieux sorcier assis, son pince-nez pendant de sa main molle, sa tête enfouie dans l'autre main. Depuis les haut parleurs de la stéréo ensorcelée ruisselait dans la pièce le thème mélancolique du second mouvement de l'Eroica de Beethoven . Sulla morte di un eroe. Sur la Mort d'un Héros. le c?ur de Severus manqua un battement. S'adoucissait-il vraiment? Lucius avait raison, il ne devrait pas être ému par l'affliction d'un vieil homme inutile qui n'était même pas son ami ou son parent. Mais les larmes qui coulaient sur ces joues plissées comme du parchemin. il n'était pas facile de résister à l'impact de la scène.
" Monsieur, est-ce que vous allez bien?" demanda-t-il à voix basse, afin de ne pas effrayer l'autre.
" Ai-je l'air d'aller bien?" la voix avait perdu tout son côté criard; elle était enrouée et épaisse.
" Pas vraiment, c'est pourquoi j'ai posé la question. Que s'est-il passé? Avez-vous reçu des mauvaises nouvelles? A en juger par la musique."
McLachlan leva lentement la tête. Ses yeux étaient rouges et gonflés. D'une manière ou d'une autre, Severus sentit un profond respect pour cet homme qui n'avait pas de scrupules à lui laisser voir son affliction et ses larmes. C'était en quelque sorte . courageux. Plus courageux qu'il ne l'aurait été de le rembarrer ou de se détourner de lui. Ce visage flétri, ravagé par le chagrin, semblait tirer d'un coup sec quelque chose de profondément enterré en lui. Cela faisait mal. Il avait envie de pleurer lui aussi. Et il n'aimait très certainement pas ce sentiment. Ce fut son salut, néanmoins, car il dût se forcer à s'en empêcher. Combattre cela voulait dire combattre la compassion naissante qu'il ressentait pour McLachlan. Il était de nouveau en territoire familier. A bien y penser, ce vieil homme était simplement ridicule. Tant en fait, qu'il était difficile de ne pas le regarder d'un air moqueur.
" Oui, " répondit le vieux maître de potions, " j'ai en effet reçu de mauvaises nouvelles. Mauvaises en effet ." Son pince-nez tomba au sol, et Severus se pencha rapidement pour le ramasser et le lui rendre. " Merci, mon cher garçon."
Le regardant jouer distraitement avec les lunettes, Severus décida qu'il devait essayer de demander une fois de plus. " Que s'est-il passé, monsieur? C'est à dire, si vous voulez me le dire."
McLachlan le regarda fixement d'un air incrédule. " Vous n'avez. non, bien sûr, j'avais oublié. Vous ne lisez pas les journaux. Prewett a été assassiné."
Severus inclina la tête, comme pour penser intensément. " Prewett? Vous voulez dire Jonathan Prewett?"
Le vieil homme acquiesça. Ses cheveux semblaient plus blancs et hérissés que jamais. " Jonathan Prewett. Oui. Un grand maître de potions et un grand ami. Il est mort, et son épouse et sa fille aussi. Tous morts." De nouvelles larmes montèrent à ses yeux.
C'est une réaction appropriée que de lui passer discrètement un mouchoir, n'est-ce pas? Cela le semblait certainement, car McLachlan le prit avec reconnaissance. " Vous ne l'avez jamais rencontré, n'est-ce pas?" dit-il. Severus secoua la tête négativement. " Quel dommage, quel dommage. J'avais prévu de vous présenter un de ces jours. Vous l'auriez aimé, j'en suis sûr. C'était une si gentille personne, une si gentille personne." sa voix s'estompa, et il regarda fixement le mur avec des yeux aveugles. L'adagio s'était achevé. " J'ai peur de ne pas être en état d'enseigner aujourd'hui, " dit-il. " désolé de ne pas vous avoir appelé pour annuler la leçon-"
" Ne vous inquiétez pas, monsieur, ce n'est pas un problème, vraiment pas. Nous pouvons continuer mardi, si cela vous va . Si vous n'en avez pas envie, faites le moi simplement savoir." McLachlan hocha seulement la tête, de nouveau perdu dans ses pensées. "Eh bien, je suppose que je vais simplement vous quitter alors, " continu a Severus un peu maladroitement.
Le vieux sorcier ne répondit pas. Des larmes coulaient le long de ses joues, gouttant sur sa robe et continuant à dégouliner -elles ne pénétraient pas dans le tissu, car il était ensorcelé pour être imperméable. Voyant comment la communication avait à l'évidence été terminée, Severus fit un pas en arrière et Transplana. Il devait aller chercher un exemplaire de la Gazette du Sorcier, pour trouver ce qui avait provoqué l'hilarité de Lucius.
~~~~*~~~~
Même le seigneur des ténèbres sourit. " Maintenant voyez la manière avec laquelle le destin favorise Lord Voldemort, " dit-il à ses quatre lieutenants qui étaient venu rapporter les résultats de leur action de la nuit passée. "Je vous aurais autorisé à tuer Greenbaum, sans laisser la marque visible à l'extérieur pour une fois. Vous savez tous que l'idée ne me plaisait pas mais je voyais la ruse et la logique derrière elle. Mais les choses que je ne veux pas qui se produisent ont une manière de ne pas se produire. Une crise cardiaque apportée par le choc est certainement le moyen de trépasser le plus innocent que cet homme ait pu choisir. Quant au reste, je suis satisfait. Très satisfait. Seulement cinq survivants, si bien que votre fils semble simplement avoir été plus chanceux que la plupart."
Malfoy hocha la tête. En fait, eux quatre avaient été d'accord plus tôt que le destin les favorisait en effet, parce que la 'chance' de Lucius n'avait pas suscité de soupçons. Aucun des autres survivants n'avait prononcé une seule accusation contre lui. Il avait aussi, Severus devait l'admettre, agi très prudemment et si bien couvert ses traces qu'il était virtuellement impossible de faire le lien entre lui et les coupables.
" Merci, Maître, " dirent-ils comme un seul homme. Puis Lestrange continua, " Maître, je ne sais pas si je devrais vraiment postuler pour le poste de Prewett. Cela pourrait sembler un peu étrange, étant donné que nous sommes au milieu de l'année scolaire. Si possible, j'aimerais quitter Poudlard sans donner l'impression que j'attendais seulement une occasion. Bien que Dumbledore puisse ne pas regretter m'avoir perdu, je préférerais recevoir une invitation par un tiers."
Sans commenter les paroles de Lestrange, Voldemort décroisa et recroisa ses jambes, tout en laissant ses doigts glisser sur l'exemplaire de la Gazette des Sorciers qui était posé à côté de lui sur le canapé. Les quatre hommes attendirent patiemment jusqu'à ce qu'il parle finalement . " Je vous laisserai cette décision, St. Jean. Si vous jugez la probabilité que quelqu'un d'autre soit appelé suffisamment petite, faites comme vous l'avez suggéré. Je peux certainement voir la validité de votre arguement, mais seulement si vous pouvez être sûr ou aussi bien que sûr que finalement, l'éventail de successeurs possibles à Prewett sera si étroit qu'il vous suggérera comme candidat idéal. La décision est vôtre, de même que la responsabilité des consequences."
La suggestion que Lestrange venait de faire était le résultat d'une discussion approfondie entre lui, Malfoy, Severus et Croupton. Ils s'étaient déjà réunis dans l'après-midi, afin de préparer leur visite nocturne en Albanie- ils avaient tous convenu qu'avoir exécuté avec succès une mission difficile pouvait être satisfaisant mais que Voldemort ne serait certainement pas satisfait de leur taper sur l'épaule. Ils devaient présenter leur rapport de la manière appropriée et donner un aperçu détaillé de l'opération suivante. Même Barty avait été de bonne humeur quand ils avaient levé leurs verres à leur succès.
" J'en suis sûr, mon maître, " répondit Lestrange. " Nous avons beaucoup réfléchi à la chose et en sommes venus à la conclusion qu'en premier l'UMU essayera d'avoir McLachlan. Il refusera, comme il l'a toujours fait. Juste au cas où il change d'avis, il y a Severus avec la potion d'Imperius. Connaissant très bien le vieil homme, je suis pratiquement sûr non seulement qu'il refusera, mais également qu'il suggérera un autre candidat qu'il considère digne d'être le successeur de Prewett. Le fait qu'il ait toujours enseigné de manière privée, en admettant seulement une poignée d'apprentis, joue en notre faveur. Il pourrait suggérer van der Beulen-vous savez, le hollandais-mais il n'enseignerait pas dans une université même s'ils lui offraient son poids en or. La même chose est valable pour Chang; de plus j'ai appris qu'il avait l'intention de retourner en Chine de toute façon. Alors il y a Victor Auden, mais même les enfants savent que depuis la mort de son épouse il a transformé avec succès son cerveau en éponge pleine de whisky. Et c'est tout. Tous les autres sont profondément impliqués dans des projets de recherche dans leurs propres universités ou académies tout autour du globe et ils ne les abandonneront certainement pas à la légère. Pas pour le salaire qu'Urqhart offre, en tout cas."
" Très bien " dit Voldemort " si cela est comment vous jugez la situation, agissez comme vous le trouvez convenable. Comme je l'ai dit, c'est votre responsabilité ." Lestrange inclina la tête. " Maintenant passons à la question beaucoup plus complexe de la place de Greenbaum. Vous, Julius, la demanderez bien sûr."
C'était exactement ce que Malfoy avait redouté, et il avait manifestement eu raison. " Mon Maître, " dit-il en choisissant ses mots aussi soigneusement que possible " si cela est votre souhait, je ferai bien sûr comme vous l'ordonnez. Puis-je néanmoins attirer votre attention sur le fait-"
" Etes vous en train de mettre à nouveau en question mes décisions, Julius?" l'interrompit Voldemort, sa voix un simple sifflement menaçant.
Severus vit les phalanges de Malfoy devenir blanches, comme il agrippait l'accoudoir de son siège. "Non, mon maître, certainement pas. Je voulais simplement-"
" Alors pourquoi ai-je l'impression que vous doutez de mon autorité? De nouveau?"
" Maître, je-"
" Julius, vous devriez savoir maintenant qu'il ne vaut mieux pas éprouver les limites de ma patience. Je n'en entendrai pas plus. Faites ce que je vous ordonne."
"Oui, mon Maître."
Avec une fort craquement, un morceau de l'accoudoir se détacha. Voldemort sourit simplement.
~~~~*~~~~
Malgré les commentaires venimeux qui maintenant apparaissaient régulièrement en première page de la Gazette des Sorciers, les autorités essayaient encore d'éviter une escalade de la peur augmentant progressivement dans la société des sorciers. Nathalie Pierson pouvait refuser de faire imprimer les communiqués ministériels sur la page de couverture de son journal, mais elle devait se soumettre aux souhaits du ministère dans une certaine mesure si elle voulait les empêcher de prendre des mesures plus drastiques. Alors les textes étaient banis à la page cinq, mais il paraissaient néanmoins.
Les communiqués étaient ridicules-Severus n'était pas le seul à exprimer cette opinion tout haut. Ils contenaient principalement des comptes-rendus exagérés des succès de la mise en application de la loi, des directives pour les citoyens et la déclaration générale que les choses n'allaient pas aussi mal que quelques personnes douteuses aimeraient le faire sembler. Quant à la mise en application de la loi et aux Aurors, ils avaient simplement baissé leurs seuils de réussite, si bien que ne pas être tué comptât comme un succès. Les directives avaient provoqué plus d'une crise de fou rire parmi les Mangemorts- " Révisez vos Sortilèges de Protection" était devenu une sorte de plaisanterie permanente entre Severus et Clarissa. Et la situation générale. eh bien, pensa Severus en regardant dehors par la fenêtre du laboratoire, tout dépendait de vos références.
Vrai, les gens pouvaient encore marcher dans les rues en relative sécurité. Jusqu'ici, les zones résidentielles n'avaient pas subi d'attaques majeures. Et ceux qui avaient encore le pouvoir faisaient de leur mieux pour persuader ceux qu'ils devaient protéger que c'était plus qu'ils ne pouvaient raisonnablement attendre. Ils citaient des exemples dont l'absurdité pure aurait dû frapper les yeux des lecteurs violemment, mais le sorcier britannique moyen préférait à l'évidence être apaisé à ce qu'on lui donne une image réaliste de la situation. Ils étaient des moutons, et le ministère réussissait encore à les convaincre que les vipères qui serpentaient dans leurs pâturages étaient des orvets.
Revenirs aux 'affaires comme à la normale' était une partie essentielle de cette stratégie-si c'était une stratégie, ce dont Severus doutait fortement. A moins d'appeler l'instinct qu'a une autruche de se cacher la tête dans le sable une stratégie. Cependant, l'université avait volontiers rejoint le mouvement Tête-Dans-Le-Sable. Avoir une partie des cours de potions d'annulés était un rappel pénible du massacre du 13 novembre et ainsi il fallait y remédier dès que possible. Ce qui voulait dire qu'ils avaient envoyé une lettre à McLachlan le jour-même des funérailles de Prewett, lui offrant le poste de son ancien élève. Pas qu'il l'eut acceptée de toute façon, mais s'ils avaient jamais eu une chance, cette démarche manquant beaucoup de tact l'avait complètement ruinée.
" Regardez cela!" s'était exclamé McLachlan quand Severus avait transplané chez lui le jour d'après les funérailles.
Déroulant le parchemin que le vieux sorcier lui avait fourré dans la main, Severus examina la lettre. " Ils ne perdent certainement pas de temps, " commenta-t-il et il la rendit.
McLachlan acquiesça avec mécontentement. " J'aurais même pu considérer leur proposition, j'aurais pu la considérer. Mais avec ceci-" il brandit la lettre -" ils ont perdu la possiblité de m'embaucher. Traitez-moi de sentimental, mais je ne peux pas travailler avec des gens qui n'ont même pas la décence d'attendre que le corps mort de leur collègue soit froid. Des vautours, rien que des vautours."
Severus remercia silencieusement les gouverneurs de l'université pour leur insensibilité. " Je comprends certainement vos sentiments, monsieur, " dit- il " Mais qui d'autre pourrait remplir le poste? Recommanderez-vous au moins quelqu'un?"
McLachlan grommela. " Ils ne le méritent pas, ne le méritent certainement pas. Bien qu'il n'y ait pas grand monde à suggérer, pas grand monde. J'aurais pensé à Lestrange, mais cela voudrait dire priver Dumbledore d'un excellent professeur, excellent, oui."
Temps d'exercer de la diplomatie Serpentard. " Très vrai, monsieur. Et se faire un ennemi de Dumbledore n'est certainement pas une chose sage à faire."
La tête du vieux sorcier se releva d'un mouvement vif, si bien que le pince- nez fût propulsé contre une étagère, ricocha sur une copie cabossée de mille champignons et herbes magiques et atterrît, miraculeusement intact, sur le plancher de bois. " Alors c'est ce que vous pensez, n'est-ce pas?" demanda McLachlan, scrutant Severus de ses yeux rétrécis. Severus alla récupérer les lunettes et les lui fourra dans la main.
"Eh bien, " dit-il en hésitant " Je suppose que oui, oui. Qui voudrait provoquer Dumbledore?"
" J'ai provoqué Albus Dumbledore plus d'une fois de mon temps, plus d'une fois. Et croyez moi, mon cher garçon, il n'était pas toujours le gagnant, certainement pas toujours. Et que pourrait-il me faire hein? Dites-moi ce qu'il pourrait bien me faire!"
" Je. eh bien." bégaya Severus, levant ses mains en un geste d'ignorance absolue. Il n'avait pas à feindre cette réaction-il ne pouvait vraiment rien trouver.
" Vous voyez? Je parie que cela le rendrait furieux, oh oui, tout à fait furieux, si je recommandais Lestrange, " dit McLachlan en gloussant.
" Vous n'êtes pas ennemis, n'est-ce pas?" demanda Severus, maintenant vraiment curieux.
" Ennemis? Non, mon cher garçon , nous ne sommes pas ennemis. Adversaires serait plus ressemblant, beaucoup plus ressemblant."
Severus hocha la tête. Etait-il sage de pousser un peu plus avant? Il décida qu'il pourrait essayer. " Ne croyez-vous pas que ce serait plus qu'une simple. euh, blague, que de le priver de son professeur de potions juste comme cela, au milieu de l'année scolaire? Vous lui créeriez de grandes difficultés-"
" Ah, mais c'est là qu'est tout l'amusement !" s'exclama McLachlan, poignardant Severus à la poitrine avec son index. " C'est exactement de cela qu'il s'agit! Cela me fait penser aux vieux jours, où nous avions l'habitude de nous défier des manières les plus impossibles." il tripota son pince-nez avec une expression rêveuse dans les yeux. " Plus j'y pense, plus cela semble la parfaite chose à faire, tout juste la parfaite chose " dit-il. " A vrai dire je vais écrire à l'université tout de suite, immédiatement. Alors si vous voulez bien m'excuser un moment."
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Lestrange fut nommé successeur de Prewett vers milieu décembre, pour commencer ses devoirs à l'université après les vacances de Noël. Jusqu'ici, leurs plans s'étaient ensuivis d'une manière très satisfaisante. La candidature de Malfoy pour la position du recteur, néanmoins, n'était pas une si grande réussite.
Que le bureau des gouverneurs croie ou non les rumeurs toujours-croissantes au sujet de son obéissance à Lord Voldemort était peu clair. L'argument qu'ils utilisaient dans leur lettre polie mais directe de refus était que la réputation scientifique de Malfoy était dans le domaine des créatures magiques; étant donné que Greenbaum avait été un magizoologist, ce qui s'était révélé assez préjudiciable envers les autres facultés qu'il avait plus ou moins ouvertement méprisées, le nouveau recteur ne devrait pas porter une affiliation à la même discipline. Les gouverneurs regrettaient sincèrement.
" Ceci n'est pas de votre faute, Julius " dit Lestrange après avoir examiné la lettre.
" Nul besoin de me le dire " riposta Malfoy, " mais depuis quand Lord Voldemort s'est-il intéressé à qui portait l'erreur ? Il veut des résultats, et je ne peux pas lui donner de résultats. C'est ce qui compte et rien d'autre."
La lettre avait été passée à Barty, qui fronça les sourcils et secoua la tête. Severus attendit son tour de jeter un coup d'?il au parchemin et dût s'admettre à lui-même qu'il était un peu perplexe. Plus qu'un peu, en fait. Sa réaction instinctive aux paroles furieuses de Malfoy aurait été de se hérisser d'indignation; il était incapable de tolérer toute opinion ne serait-ce qu'un tant soit peu négative envers leur maître. A y penser deux fois néanmoins, il devait reconnaître que si Voldemort punissait Malfoy pour cette défaillance, il serait injuste envers cet homme. Il était possible de soumettre une ou deux personnes au sortilège d'Imperius ou de les droguer avec la potion, mais quand il s'agissait d'un bureau de gouverneurs se composant de quinze personnes, vous ne pouviez rien faire. Barty lui tendit la lettre, et il la balaya rapidement .
"Eh bien, " dit-il lentement " je ne crois pas qu'il y ait une possibilité de leur faire changer d'avis, non ?"
Les autres secouèrent silencieusement la tête. "Non, " dit Malfoy, " je regrette qu'il n'y en ait pas. Mais je suppose que je devrai simplement supporter cela. Au moins nous avons réussi à faire entrer Beckinsale au personnel de Ste. Mangouste. Peut-être que cela le calmera un peu."
Lestrange renifla simplement . " Si vous me demandez mon avis, tu auras de la chance si les effets secondaires ont disparu avant Noël."
" Toujours optimiste, St. Jean, " répondit Malfoy, " merci pour tes paroles d'encouragement. En parlant de Noël-Severus, voudriez-vous passer quelques jours au Manoir Malfoy? St. Jean sera assez occupé pendant les vacances, alors à moins que vous ne préfériez votre isolation splendide."
Cette proposition, autant que Severus l'apprécie, le confrontait à un gros dilemme: Il l'aurait acceptée avec joie, s'il n'y avait pas eu Clarissa. Elle semblait assez abattue ces derniers jours, et contrairement son habitude usuelle de simplement la quitter tranquille jusqu'à ce qu'elle se décide à lui dire ce qui la faisait souffrir, cette fois il avait simplement posé la question. De manière surprenante, elle avait semblé être plus que contente de son intérêt et lui avait dit qu'elle redoutait les vacances. Sa mère allait être de garde à Ste. Mangouste, Evan avait été invité à passer les vacances avec un ami, ce qui voulait dire qu'elle serait seule avec son père. Au cours des quelques derniers mois, il n'avait rien tenté; mais elle était morte de peur qu'il puisse, et il le ferait probablement, retourner à ses vieilles habitudes une fois qu'il pouvait être sûr d'être tranquille. Severus avait purement et simplement refusé de venir chez les Rosiers, mais il lui offrait l'hospitalité-ou plutôt un asile- quand que ce soit qu'elle en ait besoin. Il n'était pas tout à fait sûr qu'elle aime l'idée de l'accompagner au Manoir Malfoy néanmoins.
Ses pensées s'étaient manifestement montrées sur son visage car Malfoy ajouta, " Vous pouvez amener de la compagnie bien sûr, si c'est ce qui vous fait hésiter."
Severus se sentait inexplicablement mécontent de la proposition, mais était trop sage pour le montrer. " Merci , " dit-il, " j'apprécie vraiment cela, Julius. Puis-je envoyer Elias demain avec un message?"
" A condition que je sois en état de le lire demain, " dit sombrement Malfoy.
~~~~*~~~~
Il n'avait pas considéré l'éventualité que Severus ne puisse pas l'écrire en premier lieu. Clarissa, qu'il avait invitée pour le petit déjeuner le jour suivant, afin de discuter de la question de leurs vacances, le trouva allongé sur son lit, complètement vêtu, et frissonnant violemment.
Sa voix, stridante de terreur, fit presque exploser ses tympans " Severus, quel est le problème? Es-tu malade? Dois-je appeler un medisorcier?"
Il réussit à lever la main pour arrêter son bavardage et secoua la tête. Avec son pouce, il indiqua le broc d'eau posé sur sa table de nuit. Après quelques petites gorgées prudentes, il se sentit assez bien pour croasser , "Pas de medisorcier! Potion. étiquetée Anti-Doloris.laboratoire."
Les mains de Clarissa volèrent à sa bouche. " T'a-t-il. ok, ok je poserai la quetion plus tard. Je reviens dans une seconde!"
Severus referma de nouveau les yeux. C'était la seconde fois que Voldemort le frappait du sortilège de torture, et non seulement il sentait qu'il ne l'avait pas méritée le moins du monde, cela avait aussi duré un peu plus longtemps que la première fois et ainsi les effets secondaires étaient encore pires. Les pas précipités de Clarissa ressemblaient au piétinement d'un troupeau d'hippogriffes enragés à ses oreilles hyper-sensibles. L'influence de la potion cependant, dont il avait légèrement changé la recette afin de la rendre plus puissante, était presque instantanée. Il avait réussi à prendre une première dose en arrivant à la maison, et la seconde améliora grandement sa condition.
Clarissa, qui avait heureusement compris qu'elle devait éviter de faire tout bruit superflu, pencha la tête vers son oreille et chuchota " Te sens- tu mieux?"
" Plutôt moins épouvantable. Pourrais-je avoir un peu plus d'eau?"
Un quart d'heure plus tard, il put se lever et descendre les escaliers en s'appuyant lourdement contre Clarissa. Peggy devint presque hysterique quand elle le vit-Severus bénit mentalement Clarissa d'avoir fait taire l'elfe immédiatement. Il doutait d'avoir pu survivre à sa voix grinçante.
Il fut mené dans la salle de séjour où Clarissa l'abaissa doucement dans un fauteuil et lui souleva les jambes pour les poser sur un autre. Quand Peggy apporta le plateau du petit déjeuner, il se rendit compte, à sa grande surprise, qu'il avait vraiment faim.
" Juste du thé et des toasts, " dit sévèrement Clarissa. " pour l'instant, " ajouta-t-elle avec un sourire en voyant son regard indigné.
"Ecoute Clarissa, je ne suis pas un infirme et-"
" Crois-tu que vomir serait agréable dans ta situation?" demanda-t-elle en levant ses sourcils. Severus grogna simplement " Content de voir que tu es capable d'entendre raison. Alors raconte moi, " dit-elle quand Peggy les eut laissé seuls, " Que s'est-il passé? Pourquoi t'a-t-il jeté Doloris?"
Severus expliqua entre des petites gorgées prudentes de thé et de petites bouchées de toast. " Tu vois, " dit-il, " d'une certaine manière je comprends sa réaction. Il ne veut pas d'explications, il veut des résultats. Il les veut depuis assez longtemps maintenant. Nous payons les dettes du passé, pour ainsi dire. Pas que je l'apprécie mais je l'accepte."
Clarissa lui lança un regard bizzare. " Cela ne te ressemble pas du tout, Severus. Habituellement, tu n'es pas du genre à accepter-"
" Allons, essaye de penser avant de parler !" l'interrompit Severus. " Crois-tu honnêtement que j'ai le choix? En outre, il a raison. Nous ne devons pas échouer. Jamais."
" Je vois, " dit-elle en évitant ses yeux. " Juste pour changer le sujet alors: de quoi voulais tu parler quand tu m'as dit de venir ici pour le petit-déjeuner?"
Severus lui parla de l'invitation de Malfoy.
" Mmmh, " dit-elle en remuant la tête, " je ne sais pas . cela pourrait même être une bonne idée, qui sait? Passer Noël avec l'heureux couple."
"C'est une chose étrange, " dit Severus, " je crois qu'ils sont vraiment heureux. Ce qui est un peu un miracle, connaissant Lucius."
Clarissa lui versa une autre tasse de thé. " Penses-tu qu'il l'aime ?"
" Lucius? Tu blagues? Le jour où Lucius aimera quelqu'un sera le jour où je demanderai à Sirius Black de m'épouser. Non, " il secoua la tête et grimaça. " Ouch, cela fait encore mal.-Non, je crois qu'ils ont simplement trouvé une sorte de modus vivendi. Il la traite avec respect, et elle joue l'épouse dévouée. C'est un mariage arrangé, après tout, alors ils ont probablement plus que ce qu'ils avaient prévu au départ."
" Mais crois-tu que les gens puissent être vraiment heureux dans un tel mariage?"
Severus roula des yeux et soupira. "Ah les filles! Pour vous, la pensée d'être heureux déclanche immédiatement des fantasies romantiques à l'eau de rose. Tout dépend de comment on définit le bonheur bien sûr. Prends nous deux, par exemple."
Clarissa lui lança un regard alarmé. "Maintenant qui blague?"
" Je ne blague pas, je raisonne, stupide femelle. Alors tais-toi et écoute."
" Tu payeras pour ceci immédiatement après ta complète rémission, " dit Clarissa d'un ton rogue, lui lançant un regard malveillant. " Remercie les dieux d'être presque infirme!"
" Depuis quand la faiblesse d'un adversaire dissuade-t-elle un Serpentard de frapper ?" demanda Severus, levant ses sourcils. Il les abaissa immédiatement, néanmoins, car ces minuscules muscles de son front lui faisaient plus mal qu'il ne l'aurait pensé possible. " Ce que je voulais dire était: Imagine que nous nous marions. Ne penses-tu pas que nous serions tout à fait heureux ensemble? Pas de la manière communément immaginée peut-être, mais heureux tout de même?"
Il n'avait aucune idée de pourquoi il l'avait dit. Et il ne s'était certainement pas attendu à sa réaction. " Tu ferais cela?" chuchota-t-elle, ses yeux se remplissant immédiatement de larmes. " Tu ferais vraiment cela? Tu me débarrasserais de cet homme horrible?"
" Tu échangerais la poelle à frire contre le fourneau, tu sais cela, n'est- ce pas? Je suis horrible à ma manière à moi. Alors quoi, est-ce que tu me demandes en mariage?"
Ses mains tremblaient quand elle beurra un autre morceau de toast. Elle avait déjà beaucoup mangé, alors Severus supposait qu'elle le faisait simplement pour cacher son embarras.
"Je. je ne sais pas quoi dire, Severus. Vraiment, je. tu es conscient que cela pourrait me prendre quelque temps avant que je sois prête à. à faire plus que s'embrasser?"
Etait-il vraiment en train d'avoir cette conversation ou était-ce un rêve étrange, apporté par le sortilège qu'il avait enduré? D'un autre côté, cela n'était pas si absurde que cela. Clarissa avait déjà passé beaucoup de temps chez lui; il lui avait donné la permission de venir ici même lorsqu'il était absent. D'un certain point de vue, ce serait la solution idéale: Il serait marié et ainsi beaucoup moins un mouton noir dans une rue où il était le seul célibataire parmi des couples mariés, surtout avec des enfants. Pour elle, cela voudrait dire une vie sans la crainte constante de son père. En outre, elle avait l'intention de jouer au Quidditch professionnellement; si elle réussissait-et son accomplissement aux sélections allait probablement être meilleur si elle n'était pas sous stress constant-elle passerait plus de temps sur les champs d'entraînement qu'à la maison.
Il lui prit la main. " A bien y penser, ce n'est pas une mauvaise idée. Et ne t'inquiéte pas au sujet de.euh, l'aspect physique. Si notre maître continue à ce rythme avec Doloris, tu n'auras rien à craindre ni à attendre de moi de toute façon."
" Crois-tu qu'il le permettra " demanda Clarissa , lui pressant la main. " Oh désolée, je n'avais pas l'intention de-est-ce que je t'ai fait mal?"
" Pour répondre à tes questions en ordre inverse: Oui un mal du diable, et pourquoi ne devrait-il pas le permettre?"
Elle haussa les épaules. " Je ne sais pas. J'espère qu'il le fera néanmoins. Quand demanderas-tu?"
" Je suppose que je devrais demander à ton père en premier, ne penses-tu pas?"
" Demander à ce bâtard? Je n'ai pas besoin de son consentement, puisque je suis majeure. Tu es majeur. Je ne veux pas du lui à mon mariage, non plus. Seulement Evan et tante Nathalie. Et Gwendolyn bien sûr."
Severus sentit des remords. " Au sujet de ta tante, je suppose que je devrais te dire -"
Il s'était attendu à ce qu'elle soit offusquée, mais elle lui fit simplement un sourire malicieux. " Severus, elle m'a dit qu'elle s'était entichée de toi immédiatement. Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas détestée pour cela, mais c'est du passé maintenant. Croyais-tu vraiment que je ne l'aurais pas remarqué?"
" Je. eh bien, oui pour dire la vérité." il se sentait très stupide et très embarrassé. " Et. nous ne nous sommes pas séparés de la manière la plus polie. Juste pour que tu sois prévenue. Elle pourrait refuser l'invitation."
~~~~*~~~~
Finalement, Clarissa décida qu'elle allait accompagner Severus au Manoir Malfoy. Ils étaient attendus là-bas en fin d'après-midi le 24 décembre accompagnés du chat et du corbeau. Un Noël sans Esmeralda était impensable, même si Peggy eût certainement pris bon soin d'elle.
L'aube de la veille de Noel se leva grise et froide, quoique sans trace de neige. Severus se réveilla plutôt tard et bien qu'il ne puisse guère y croire, il se sentait heureux. Ou peut-être seulement content; c'était difficile à définir. C'était un bon sentiment de toute façon, un qu'il n'avait pas ressenti depuis très longtemps. En fait, il était impatient de faire ses valises. Après un petit déjeuner qui lui fit se demander si Peggy avait perdu la tête " Mais vous n'êtes pas là pour Noël, maître Severus, alors je vous prépare un petit déjeuner de Noel en avance !"- il alla en flanant dans la salle de séjour pour sélectionner quelques livres qu'il voulait emmener avec lui. La bibliothèque de Malfoy n'avait certainement rien perdu de sa magnificence, mais il considérait meilleur de faire sa recherche sur le Veritaserum en utilisant ses propres livres. Ne donnez jamais d'idées à un Malfoy, même si vous êtes leur invité.
Il mettait tout juste le troisième volume qu'il avait sélectionné sur la table quand Clarissa tomba pratiquement hors de sa cheminée. Il n'aimait pas le moins du monde l'air sur son visage. " Clarissa, quel est le-"
Elle pouvait à peine parler. " Je. je. l'ai fait !" laissa-t-elle finalement échapper.
" Fait quoi? Remets-toi, pour l'amour de Merlin!"
" J'ai finalement tué ce porc!"
