Chapitre 18
" Mon Maître!"
"Severus. Cela fait longtemps."
Oui, cela avait été une longue période temps, presque exactement un an. Trop longtemps. Du moins pour Severus. Il se sentait négligé, et utilisé- pas abusé. Pas encore. Mais il n'aurait pas fallu beaucoup plus longtemps pour lui faire douter sincèrement de ses convictions, parce que ces convictions étaient connectées de manière inséparable à ce qu'il ressentait pour Voldemort. Des émotions déroutantes, dérangeantes qu'il ne voulait pas examiner de plus près-ou avait-il peur de les regarder directement des deux yeux, au lieu de les regarder du coin de l'oeil? Amour. ce mot venait à l'esprit beaucoup trop facilement, il était trop utilisé, avait perdu sa valeur et son caractère precieux. En outre, à quoi pourrait-il comparer cela? Il avait probablement ressenti de l'amour pour sa mère, peut-être, dans les années éloignées du début de son enfance. Mais il doutait que cela ait été quelque chose de ressemblant à ce sentiment irrésistible d'être- tiré-vers, tiré par quelque cordon vaguement ombilical qui était attaché à son être-même. Peut-être était-ce de l'amour. Finalement ce que c'était n'importait pas. C'était là, et le long temps qui avait passé entre sa dernière rencontre avec son maître et la rencontre présente l'avait transformé en quelque chose qui faisait mal.
"Oui, mon Maître." A genoux, ses lèvres touchant l'ourlet de ces robes soyeuses, noires.
La main de son maître sur ses cheveux.Oh, ce contact, ce contact tant désiré, qui lui avait tant manqué. De nouveau à la maison.
" Je dois te présenter mes excuses."
Quelle inversion étrange, pensa-t-il. Le pardon étant demandé à celui qui était prostré à terre. Ayant peur de perdre ce poids trop léger, il n'osa pas secouer la tête. " Maître s'il vous plaît, ne-"
" Ah, mais je dois le faire. Je t'ai laissé attendre, j'étais distrait. trop longtemps peut-être. T'ai-je perdu, Severus?"
Soudain, le poids était lourd, trop lourd pour qu'il le supporte, parce que c'était le poids de sa conscience. Il menaçait de fissurer son crâne, si bien que tout serait dévoilé; plus de secrets, plus de trahison, juste le soulagement de laisser son esprit glisser dans les mains de son maître afin qu'il prenne la relève, décolle, emporte. Qu'était Lucius pour lui, qu'était Clarissa? Des vétilles, de petites silhouettes inanimées pour un jeu compris par personne sauf Voldemort et lui-même. "Non, mon maître. Vous ne pourriez jamais me perdre. Jamais."
Si la main était restée une fraction d'instant plus longtemps, il aurait tout laissé échapper. Avoué, attendu sa punition. Se serait laissé torturer jusque dans les griffes de la folie-car cela aurait été un acte d'amour. Mais la main disparut parce qu'une divinité avait cligné d'une paupière, et l'intensité du moment se dissipa dans le néant. L'attirance resta, mais c'était de nouveau douloureux. Ce peut-être amour était une fois de plus mêlé à un soupçon d'amertume. Un froissement de robes lui dit que Lord Voldemort bougeait; il leva un peu la tête et vit l'ourlet de ses robes serpenter sur le plancher.
Sa voix déjà un peu plus distante-pas seulement parce qu'il était maintenant quelques mètres plus loin-Voldemort dit, " Tu peux te lever, Severus. Viens, assieds-toi près de moi et raconte moi ce qui t'es arrivé cette année."
Où et comment devait-il commencer? Que lui était-il arrivé? Il y avait eu des moments de bonheur bref et difficile à saisir, ne restant jamais, et peu nombreux. Très peu nombreux. " Cela a été une année heureuse, mon maître. Surtout parce que j'ai trouvé ma place. grâce à vous. Je ne vous ai jamais correctement remercié pour ma maison ni pour la possibilité d'étudier avec McLachlan. Je souhaiterais. pouvoir vous payer ma dette." Correctement. En précipitant cette culpabilité à vos pieds pour en finir avec elle, une fois pour toutes. Mais vous ne me l'avez jamais même demandé, vous n'avez même pas douté de moi. Vous m'avez cru - aussi ridicule que cela semble, je vous blâme pour cela.
Il y a des années, ces yeux noirs avaient simplement contenu une étincelle de rouge, une trace si faible qu'il était difficile de le reconnaître consciemment en la voyant. Cela avait laissé une impression de quelque chose d'étrange et le souvenir distinct remontait seulement à la surface avec le recul. Maintenant, le rouge était visiblement là. Les yeux de Lord Voldemort étaient encore deux tourbillons, prenant et aspirant toute personne sur qui ils se posaient, et leur couleur n'avait pas vraiment changé; c'était plutôt comme si le noir coexistait avec le rouge, tous deux visibles en même temps. Cela dérangeait un peu.
" Tu me payes cette dette, Severus, tous les jours. Tu es l'un de mes serviteurs les plus dévoués, sinon le plus dévoué. J'avais de grandes attentes à ton sujet depuis le premier jour où je t'ai vu et tu n'en as pas déçue une seule."
Alors pourquoi était-il puni constamment? Non, cela était injuste. Pas constamment. Mais il y avait seulement eu une occasion où Severus avait senti qu'il le méritait vraiment et pourtant avait quand même moins reçu qu'il le méritait, le jour du mariage de Lucius. Depuis lors. s'il avait été versé dans cette sorte d'illusionisme transcendental que les Muggles appelaient Catholicisme, il aurait pu trouver quelque logique faussée d'une justice éternelle entourant tout dans l'acceptation d'une punition qu'il avait gagnée pour un autre pêché encore impuni.
D'une manière ou d'une autre, il réussit à captiver le regard de Voldemort dans le sien. " Pardonnez moi, mon Seigneur, mais ce n'est pas l'impression que j'en ai eu."
Le reflet rouge augmenta une fraction presque inexistente de seconde. " Comment cela se ferait-il ?"
" Je sais que je ne dois pas juger vos actions, Mon Maître, mais à en juger de la quantité de punitions que j'ai reçu--"
Le sourire qui se répandait maintenant sur le visage de son maître n'avait aucune ressemblance avec la douceur dont Severus savait qu'il était capable. Avait été capable,peut-être. "Punition, tu dis? Mon cher enfant-" il se pencha en avant et posa sa main droite sur les doigts de Severus qui étaient posés sur ses genoux. Severus se senti glacé jusqu'à la moëlle de ses os. -"Tu n'as aucune idée, absolument aucune idée de ce que la punition peut être si je choisis de ne pas être indulgent. Ce que tu as dit était juste: Tu ne dois pas juger mes actions. Mais crois-moi. Si je n'avais pas été satisfait de toi, tu connaîtrais la signification, la signification véritable du mot punition. Comme la plupart de tes camarades mangemorts le font."
Alors il y avait pire. Il avait été un idiot, un enfant ingénu de supposer qu'il avait déjà compris ce que cela voulait dire de servir Lord Voldemort. Pour la première fois il se sentit effrayé. " Je-" sa voix était enrouée et il dut se racler la gorge -"Je comprends, mon seigneur. Pardonnez moi, s'il vous plaît."
" Tu es encore très jeune, Severus. La jeunesse a un certain droit de se tromper. Mais maintenant tu comprends, n'est-ce pas?"
Severus hocha la tête. Le temps était mauvais aujourd'hui en Albanie; les sommets irréguliers de la montagne étaient cachés par des nuages bas, et une bruine constante rendait l'air humide et doux. Le doux bruit bruissant des gouttelettes frappant les feuilles et les brins de l'herbe était curieusement réconfortant; un contraste cru avec les stalactites de glace qui perçaient l'estomac de Severus. Il avait compris. Et il était plein de crainte.
Après un moment Voldemort continua, " Et ton apprentissage? Cela t'était très cher. Tes rêves sont-ils devenus réalité ?"
Ses pieds trébuchants avaient finalement trouvé un terrain sûr. D'autant plus parce qu'il était presque sûr que, dans un futur pas trop lointain, il réussirait à développer l'antidote au Veritaserum. Un libre cadeau à son maître ,donné volontiers. Ou c'est ce qu'il avait semblé. Car maintenant, la peur avait plongé ses dents venimeuses dans cette partie particulière de son coeur. Le futur cadeau chéri s'était transformé en monnaie qui pourrait très bien acheter sa raison un jour, quand son maître aurait décidé que le temps était venu de mettre un terme à son indulgence. "Oui, mon Maître, c'est tout ce que j'aurais pu immaginer ou désirer et plus encore. McLachlan a tant à m'apprendre que je doute que je termine jamais d'apprendre. Bien que je doive dire que je suis tout à fait fier d'avoir anéanti le résultat de notre recherche sur la potion du loup-garou. Il n'a jamais soupçonné que j'avais changé la formule."
"Oui, " dit Voldemort, son sourire maintenant de retour à la vieille chaleur, " avoir surpassé McLachlan sur son propre terrain mérite la plus haute louange. Bien que je doive dire que ma satisfaction a quelque peu été gâtée par le refus de Lupin. Un loup-garou dans nos rangs se serait prouvé de valeur inestimable."
" Je sais, mon seigneur, et je regrette profondément d'avoir échoué à le persuader. Tout ce que je peux dire pour ma défense est qu'il n'a jamais été de type vindicatif. Il a toujours eu tendance à se blâmer, quelles que soient les difficultés qu'il rencontrait. Il faudrait beaucoup de persuasion pour le convaincre que ce n'est pas de sa faute s'il est au chômage et au bord de la pauvreté."
Le seigneur des ténèbres hocha pensivement la tête. "Nous avons le temps, " dit-il finalement "Peut-être, quand il prendra conscience que les gens sont toujours bornés, que ce soit en Angleterre ou ailleurs, et qu'il sera toujours fui et méprisé, peut-être se tournera-t-il vers nous alors. Il est quelquefois suffisant d'attendre et d'être patient. Clarissa te manque-t- elle beaucoup?"
Paradoxalement, il était maintenant reconnaissant de son sentiment de culpabilité qui continuait à essayer de l'agripper tous les jours. Le poids constant était aussi un rappel constant du danger où il était et ainsi le gardait vigilant. Particulièrement en présence de Lord Voldemort. Par conséquent il senti l'aiguillon de la peur mais y était préparé. "Oui, mon seigneur. Elle était. la seule amie que j'avais." Prudent là. Il ne serait pas sage d'inclure Lucius dans cette catégorie. Deux événements mystérieux, tous deux des coups durs pour les plans de son maître, tous deux impliquant Severus et un ami. il pourrait tout aussi bien avouer.
" En effet? Je croyais que vous comptiez St. Jean comme un ami, ou est-ce que je me trompe?"
"Non, vous avez raison, mon seigneur. St. Jean est une sorte différente d'ami, néanmoins. Avec Clarissa, les choses étaient. moins compliquées. Sans soucis."
" Sans compter que c'était une fille, " remarqua sèchement Voldemort.
Et qu'il l'aurait même épousée. Cela aurait été amusant. leur lit n'étant pas un champ de bataille de passion et d'étreintes lascives, mais plutôt semblable à un dortoir d'école . un endroit pour de l'amitié et de la chaleur. " Ce n'était pas vraiment important. Mais elle vous a trahi et a fui, mon seigneur, alors elle ne serait guère plus une amie."
" Elle ne serait plus. " siffla Voldemort " Toi et son frère auriez eu l'honneur de la torturer à mort."
Ces yeux noirs pleins de vie roulant avec la folie de la douleur. Severus avait des difficultés à garder son calme. Il valait mieux ne pas s'attarder sur cette image. " Je suppose qu'Evan aurait grandement accueilli l'occasion de prouver sa loyauté, considérant comme il était furieux."
" Il ne devrait pas être trop furieux, " répondit le seigneur des ténèbres, " car après tout il a hérité de la position de son père dans la compagnie Brossdur, si bien que maintenant il m'est de plus d'utilité là qu'avant. Les Aurors auront un avant-goût des conséquences dès qu'ils commanderont un nouveau lots de balais."
Content que la conversation ait dérivé loin des falaises dangereuses et navigue maintenant dans des eaux plus pacifiques, Severus acquiesça. "Le sabotage à tous les niveaux est en effet une mesure indispensable, mon seigneur. L'insécurité parmi la population accroît quotidiennement. Avec quelques coups bien placés de plus, ils devraient pouvoir reconnaître clairement où placer leur loyauté."
" S'il n'y avait pas ce vieil imbécile de Dumbledore."
" Mais Karkaroff fait un travail stupéfiant à Poudlard, ne croyez-vous pas, mon Seigneur?"
Les yeux noirs se teintèrent de rouge, plus longtemps cette fois-ci et très évidemment de furie. " Ce n'est pas assez!" dit brusquement Voldemort, " Un homme au milieu d'une faculté de presque vingt personnes n'est pas suffisant. Nous avons besoin de plus de partisans là-bas, au moins d'un autre."
Comme toujours quand il était furieux, l'air entourant le seigneur des ténèbres semblait grésiller de puissance. Severus ne s'était jamais senti tout à fait confortable sous cette attaque d'énergie magique pure et aujourd'hui il pensa le ressentir encore plus qu'habituellement. Mais la colère n'était pas dirigée contre lui, et ainsi il réussit à dire "Si cela est votre désir, mon maître, je ne vois aucune autre moyen que d'éliminer un des professeurs. Aucun d'entre eux ne pourrait être gagné à notre cause, ni par des arguments ni par la violence."
" Exactement ce que St. Jean n'arrête pas de répéter. Il pourrait y avoir une possibilité, cependant, qu'Igor élimine l'un d'entre eux. C'est un chemin dangereux sur lequel s'engager, mais il devra le suivre. S'il réussit, nous devrions pouvoir remplacer la personne en question avant le début du trimestre d'automne ."
" Si tôt? Ce sont de bonnes nouvelles en effet, " dit Severus tout en se demandant qui Karkaroff avait pu viser. Voldemort ne voulait à l'évidence pas lui en dire plus - la raison à cela lui était peu claire cependant. " Et qui serait le successeur choisi?"
Voldemort secoua la tête. "Les noms, " dit-il, "sont très puissants en eux- même. Les utiliser peut influencer le cours des choses. Le développement entier à Poudlard est si précaire qu'il est recommandé de ne pas le propulser dans une quelconque direction en prononçant ce qui devrait pour l'instant rester tû. La magie élémentaire à son plus profond, " dit-il en donnant un de ces sourires insondables à Severus, " Le temps viendra que tu l'apprennes aussi. Sois patient. Tu n'as pas encore dix-neuf ans et tu es déjà plus puissant que la plupart de tes pairs. Attends que ta propre magie innée se soit complètement developpée-alors tu pourras franchir un autre seuil."
" Me l'enseignerez-vous?" demanda Severus, ayant soudain l'impression d'avoir à nouveau treize ans, et mécontent contre lui-même à cause de cette régression vers la puérilité.
" Je suis le seul qui le puisse " dit Voldemort. "Eh bien, Dumbledore pourrait aussi le faire, théoriquement parlant. Mais il s'est séparé des secrets les plus profonds de la sorcellerie pour servir ceux qui méprisent une telle connaissance. Peut-être va-t-il regretter sa décision. Le fossé entre lui et le ministère est déjà trop grand pour être comblé, parce qu'il n'a que trop conscience des défauts de ceux qui tiennent encore le pouvoir ou plutôt l'illusion de pouvoir. Dans quelques mois ou peut-être dans un an, l'écart se sera transformé en abîme. Je pensais que nous avions besoin de l'élargir, mais j'ai sous-estimé les puissances d'autodestruction de cette société dégénérée, faible. Ils feront la plus grande part du travail pour nous. Nous devrons seulement surveiller et attendre le bon moment pour donner la poussée finale."
" Et alors." dit Severus d'un ton rêveur, maintenant complètement fasciné par la puissance et le charisme de Voldemort.
" Et alors, " dit son maître, prenant les deux mains de Severus dans les siennes, " Une nouvelle ère commencera. Une renaissance de ce qui a été enterré beaucoup trop longtemps. Nous devrons tous apprendre alors, même moi; mais la puissance que nous tiendrons dans nos mains sera plus grande que n'importe lequel d'entre nous peut l'imaginer."
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Maintenant que les expériences sur la potion du loup-garou avaient été abandonnées-après que Severus ait déjoué ce qui aurait été avec une très haute probabilité un aboutissement réussi de presque une année d'essais et d'erreurs-il sentait qu'il pouvait respirer plus librement . Les derniers mois, plus ou moins depuis la mort de Julius Malfoy, avaient été frénétiques, et Severus avait à peine pu continuer à se tenir sur ses pieds. La plupart du temps il avait été si fatigué qu'il s'endormait presque debout.
Suite à son âge et au stress émotionnel qu'il avait subi récemment, McLachlan décida qu'il avait besoin de vacances. Sa soeur Katherine, alchimiste renommée et chercheur à l'Académie des sciences magiques d'Avalon, avait programmé un voyage à Prague depuis des années. Cette année, leurs projets, pour la première fois, n'avaient pas été gênés par soit les adversités imprévisibles de la politique mondiale des Moldus, des maladies inattendues ou des obligations professionnelles inévitables, si bien que leur départ était prévu pour le 15 juillet; si tout allait bien, ils allaient rester à l'étranger pendant environ quatre ou cinq semaines. Ces nouvelles étaient arrivées comme un soulagement considérable pour Severus, qui avait célébré le début de ces vacances en dormant vingt heures d'affilée. Il avait encore beaucoup de choses reposant sur ses épaules, mais il allait néanmoins avoir un peu de temps pour lui-même, qu'il pourrait utiliser à sa propre discrétion.
Tout en prenant le petit déjeuner, il essaya de se rappeler quand il avait été assis à sa table de cuisine en appréciant un repas paisible pour la dernière fois. Certainement pas au cours des trois ou quatre derniers mois. Son estomac avait souffert de ce traitement peu tendre- repas irreguliers, peu de sommeil, et rarement du sommeil paisible, des litres de café et un filet constant de toutes sortes de potions renforçantes et éveillantes avaient transformé cela en source de douleur et d'inconfort constants. Severus décida qu'il allait utiliser ces demi-vacances pour retrouver sa santé physique. Sans compter rattraper sa propre existence. Avec le recul, il était encore plus satisfait de sa décision d'acheter Elias-autrement la pauvre Esmeralda aurait mené une vie très solitaire. Tout de suite, elle était assise sur la table de la cuisine à côté de son ami aux plumes noires- plutôt son complice, pensa Severus, étant donné les destructions qu'ils causaient quelquefois -et lui lançait des regards douteux.
" Tu es furieuse contre moi, n'est-ce pas ? " Severus s'adressa à elle. Il se sentait plutôt coupable. Et il sentit un serrement de coeur quand elle ne s'approcha pas immédiatement de lui en entendant sa voix, comme cela avait été son habitude. " Je retire cela, " dit-il, "Tu es totalement outrée. Crois-tu que tu pourrais me pardonner la manière avec laquelle je t'ai traitée ces derniers temps?"
Comment exactement un animal, dont le visage était couvert de poils, réussissait à produire des expressions faciales était au-delà de sa compréhension. Mais il avait l'impression distincte qu'elle le regardait avec une combinaison de mépris et de reproche.
" Ne me laisseras-tu pas au moins te caresser?" se renseigna-t-il. "ce serait agréable, tu sais, j'ai presque oublié combien il est agréable de toucher ta fourrure." Il posa son couteau et sa fourchette et étendit la main droite. " Et je sais que tu le veux aussi, espèce de femelle capricieuse!"
Il aurait pu jurer qu'elle avait reniflé avec dédain; mais ensuite, après une session de lavage en profondeur pour sa patte avant droite, elle se leva lentement et .oui, marcha élégament vers lui, il la vit presque balancer ses hanches. Cinq minutes plus tard, les vacances avaient commencé pour de vrai. Esmeralda était assise sur ses genoux, avec l'attitude la plus royale dont elle était capable, Elias était perché sur son épaule gauche et ils partageaient le petit déjeuner de Severus. Il se sentait fou de joie. Un peu stupide mais transporté tout de même. Cela lui faisait se rendre compte néanmoins de combien il était devenu complètement isolé récemment. Vrai, il avait occasionellement une conversation amicale avec Lucius et Narcissa, et il était en compagnie humaine la plupart du temps; mais c'était limité à McLachlan, avec qui il avait une relation purement professionnelle et aux réunions des mangemorts où il était soit au commandement, ce qui n'encourageait pas exactement de lien émotionnel, soit à craindre une punition. Clarissa lui manquait plus qu'il ne l'aurait pensé.
Elle lui avait écrit deux fois, et il avait répondu dès qu'il l'avait pu et avec autant de détails que son rare temps libre le lui permettrait. De ses lettres, il semblait qu'elle s'adaptait tout à fait bien à sa nouvelle vie; il était difficile de se débrouiller sans faire de magie, mais d'un autre côté il y avait tant à découvrir qu'elle était constamment en face de défis. Pour Severus, c'était un grand soulagement de voir comment elle prenait bien le changement soudain de sa vie. Autant qu'il puisse le dire, elle ne regrettait rien -seulement trop compréhensible, pensa-t-il, bien qu'il doute que cela ne l'aurait pas affectée d'apprendre la punition de son frère quand il n'avait pas pu la trouver. Il ne l'avait pas mentionné dans ses lettres parce qu'il ne voulait pas qu'elle se sente coupable.
Peut-être, pensa-t-il, donnant à Esmeralda la dernière bouchée de bacon-ce geste sembla lui valoir une absolution complète-peut-être avait-il seulement besoin d'un changement de rythme. C'était un beau matin d'été, bien que pas particulièrement chaud, et il pourrait jeter un coup d'?il aux richesses que Barjow & Beurk offraient à qui que ce soit qui était prêt à braver les règlements du Ministère, et alors peut-être une petite promenade dans le Chemin de Traverse. un café au Chaperon du Capucin, regarder les gens. Considérant qu'il était peu probable qu'il trouve son âme s?ur au cours des prochains jours, avec qui partager les vicissitudes de la vie-il roula ses yeux en indignation muette contre lui-même.
" Donnez moi cinq minutes sans stress et je serai de retour à cette trois fois maudite prophétie, " murmura-t-il. Esmeralda miaula. " Exactement. Peut-être que c'est toi après tout, alors qu'est ce que j'attends?"
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Il ne s'aperçut que quand il arriva dans le Chemin de Traverse-par Cheminette, par la cheminée de Fleury & Botts, parce qu'il était presque du suicide que de vraiment sortir en valsant du Chemin de Traverse, seulement pour être saisi par l'une des nombreuses patrouilles- que le climat avait changé d'une manière spectaculaire depuis qu'il avait été là pour la dernière fois. Il y avait plus d'Aurors et de Représentants de la Loi que de civils, et ils contrôlaient sévèrement les passants à la recherche de tout signe de comportement suspicieux. Cela n'était pas une expérience reposante. Severus ne pouvait que trop bien imaginer exactement combien le sorcier britannique moyen désirait que la vie soit de nouveau tranquille et pacifique. Eh bien, la paix n'était pas ce qu'ils allaient avoir, et seuls peu d'entre eux pourraient apprécier le nouveau régime une fois que Voldemort aurait pris la relève. Le seigneur des ténèbres avait raison: Ils auraient besoin de beaucoup de patience.
Severus décida d'ignorer complètement les patrouilles et les regards menaçants qu'elles lançaient à tout le monde, se dirigea vers le Chaperon du Capucin et commanda un cappuccino et quelque gâteau à thé. L'armistice avec Esmeralda était encore fragile, et elle avait refusé de l'accompagner, perchée sur son épaule. Elias, son ombre ailée avait suivi le boycottage, et donc Severus ne se détachait pas au milieu de la foule. Particulièrement quand il était assis, car debout il était plus grand que la plupart de ceux qui se tenaient autour de lui. Pour dire la vérité, il était tout à fait satisfait de se fondre dans la masse anonyme- ces temps-ci, personne ne désirait attirer l'attention, même si seulement en ayant deux animaux noirs perchés sur ses épaules.
Le café et le gâteau furent placés sur sa table, et Severus venait juste d'extirper un de ses nouveaux livres du sac de Fleury & Botts quand quelqu'un tapota son épaule avec un doigt et dit "Rogue, est-ce que c'est toi?"
Il ne reconnut pas immédiatement la voix, mais il l'associa immédiatement à de l'hostilité et à quelque chose de désagréable. Mettant son meilleur froncement de sourcils-il faisait un progrès étonnant à intimider les gens en les regardant simplement; en fait, c'était un des secrets de son succès parmi les mangemortss- il tourna la tête, faisant reculer le jeune homme se tenant derrière lui de quelques pas. " Tu es le seul à pouvoir être assez stupide pour me toucher, bien qu'ayant soupçonné que c'était moi, Pettigrow, " gronda-t-il. " A propos, nous sommes au milieu du mois de juillet, alors pourquoi te promènes tu en déguisement?"
Pettigrow n'avait pas changé du tout, bien que Severus soit sûr que s'il y avait un humain qui avait un besoin encore plus pressant de 'makeover' que lui-même, c'était le petit Peter Pettigrow. Les mêmes joues molles-à l'age de dix-neuf ans, c'était vraiment dégoutant-le même corps voûté, les mêmes cheveux incolores et clairsemés, les mêmes yeux bleus aqueux. ce type était pitoyable. Et le tout dégoûtant couvert d'un uniforme de représentant de la loi-des robes bleu-sombre, portant le même M que l'habit professionnel des employés du ministère.
" Un dégui-non, c'est mon uniforme, je suis avec les représentants de la loi."
L'ironie était complètement perdue avec ce nigaud. Severus dût se battre ardemment pour se retenir de sourire. "Vraiment? Je pensais que tu voulais postuler pour l'académie des Aurors avec le trio malsain? Ou as-tu décidé que le rouge n'était pas ta couleur après tout? Pas que ce soit la couleur de Black , d'ailleurs."
" Black? Où as-tu rencontré Sirius?"
Severus renifla. " Je n'ai pas vraiment rencontré ton ami l'étoile du chien." Pettigrow tressaillit. " Pour une fois je n'insultais pas ce faible d'esprit, " l'informa Severus, " Sirius est l'étoile du chien, juste au cas où tu ais réussi à oublier en une seule année tout ce que tu as jamais appris à l'école. Comme je le disais, je ne l'ai pas rencontré. Il est venu chez moi avec Alastor Maugrey en entrant pratiquement par effraction. Et ne me dis pas que tu ne le savais pas."
Ce morceau de saindoux au visage de rongeur eut en fait le culot de s'asseoir sans demander la permission. Severus était juste en train de formuler une remarque particulièrement acide quand l'autre dit, " Je n'en avais honnêtement aucune idée. Je. ce n'est pas comme si je les avais vu souvent ces derniers temps."
" Etant donné que tu ne peux plus faire leurs devoirs à leur place, ce qui était à peu près la seule justification pour qu'ils te permettent de constamment coller à leurs basques , " dit cruellement Severus, " cela semble seulement logique. Autant pour le vrai esprit d'amitié de Gryffondor ." Il prit une autre petite gorgée de son cappuccino.
" Je suppose que c'est vrai " dit Pettigrow. " Alors Sirius est venu chez toi? Pourquoi?"
" Les Aurors semblent avoir l'impression que je fais partie du groupe de Voldemort. Arrête de grimacer, Pettigrow, ou je te jetterai un sort, te laissant en sous-vêtements devant tout le monde."
" Je. je ne suis simplement. pas. pas vraiment habitué à ce que qui que ce soit dise son nom, " bégaya Pettigrow. Maintenant il rougissait même. Cela n'améliorait pas son apparence.
Severus était grandement amusé. Se penchant en arrière dans son siège, il demanda, " Es tu en train d'impliquer que les représentants de la loi, les vaillants protecteurs de la communauté des sorciers britanniques ont peur de prononcer son nom?" Les noms sont très puissants en eux mêmes. Peut-être que ce groupe d'incapables au ministère était un tantinet plus ingénieux qu'il ne l'aurait pensé.
" Peur." Pettigrow remua lentement la tête. " Oui, peut-être. Il semble moins vrai quand on ne le dit pas ."
" Alors que dites-vous à la place ?" Pitoyable! C'était pitoyable.
" Eh bien nous disons Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ou Vous- Savez-Qui. Ce n'est pas drôle !"
" Il faut admettre que c'est un peu amusant. Cela me rappelle les filles qui sont trop pudibondes pour prononcer le mot 'toilettes 'ou 'cabinets' en présence des garçons. ' Je reviens dans deux secondes, je dois juste aller Vous-Savez-Où! Vous avez vraiment tout à fait l'air des idiots que vous êtes."
" Nous sommes peut- être des idiots mais au moins nous sommes du bon côté!" riposta Pettigrow avec passion. " Et toi, Rogue? Que fais-tu? Il y a probablement une raison pour que Maugrey et Sirius se soient montrés chez toi."
Severus lui lança le regard le plus arrogant qu'il pouvait . " Moi, mon cher Pettigrow, je suis entièrement de mon propre côté. Mais je me trouve être un Serpentard, ce qui en des temps comme ceux-ci semble entièrement justifier la violation des droits les plus élémentaires de l'homme. Quant à mon occupation actuelle, je suis à en plein apprentissage avec McLachlan."
"Potions, eh?" dit Pettigrow, essayant d'avoir l'air bien documenté.
Severus leva simplement un sourcil. " Tu me surprends, Pettigrow! Tu te souviens de quelque chose que nos professeurs ont essayé de faire entrer dans ton crâne épais et dans ce cerveau de la taille d'un petit pois."
" Lily voulait aussi étudier les potions " offrit Pettigrow comme explication, " mais alors elle a décidé de s'enrôler à l'AA, avec James."
" Stupide femelle Gryffondor soumise " cracha Severus . " Elle excellait en potions. Elle aurait fait une brillante érudite. Que fait-elle? Elle se laisse être transformée en chair à canon pour mangemorts. Je ne comprends vraiment pas."
"Oui, " dit Pettigrow, son regard soudain brillant et vif, " elle est brillante, n'est ce pas ?"
" Je crois que j'ai déjà exprimé cette opinion. En quoi cela t'importe-t-il de toute façon? Tu as des problèmes à comprendre le concept de brillance, alors que -je vois, " s'interrompit-il avec un sourire malveillant, " C'est là qu'est le problème! Bien que je doute fortement qu'elle retourne tes sentiments ."
Sa tentative de sembler digne était, pour ne pas dire plus, ridicule. " James est mon ami! Je ne ferais jamais-"
" Non, Pettigrow. Elle ne ferait jamais. Aucune femme saine d'esprit ne le ferait jamais. Et je suppose qu'il est temps que tu m'expliques ce que tu fais ici, assis à ma table et gâchant une matinée autrement parfaite."
" Tu es un Mangemort, n'est-ce pas ?"
La pure impudence et la stupidité de la question déséquilibrèrent Severus, même si seulement pour un instant. "Pettigrow, je commence à avoir l'impression que tu n'as pas deux cellules dans ton cerveau comme je l'ai toujours pensé, mais une seule. Ce qui veut dire que pendant que tu es occupé à respirer tu ne peux pas parler ou penser correctement, par danger de surcharge cérébrale. Tu es assis ici à porter l'uniforme d'un représentant de la loi, amibe de Gryffondor! Que penses-tu que je réponde ?"
" Je ne le dirais à personne!" chuchota Pettigrew, se penchant vers Severus.
Severus attrapa la table qui était en danger de chavirer sous le poids du petit Peter. " A qui, crois-tu que tu t'adresses, espèce de non-entité?" siffla-t-il. " Qu'est ceci? Un piège subtil immaginé par Maugrey et ses sbires pour attraper le grand méchant Serpentard?" il poussa le menton tremblant de Pettigrow de sa baguette- c'était en effet un super représentant de la loi, si lent à comprendre qu'il n'avait même pas remarqué le geste rapide qui avait propulsé la baguette hors de la manche dans la main de Severus. " Enlève ton gros cul de cette chaisse et sors de ma vue aussi vite et loin que tu le pourras. Et dis à qui que ce soit qui t'a envoyé qu'avec une mise en application de la loi comme ceci, être un mangemort serait moins dangereux que de nourrir des vers de terres et ainsi entièrement dépourvu d'amusement."
Avec un dernier coup d'oeil alarmé vers Severus, Pettigrow se leva d'un bond, renversant le siège dans sa hâte. Il était parti plus rapidement que Severus ne l'aurait immaginé, étant donné sa maladresse et la quantité de graisse qu'il portait. Qu'est ce que cet idiot préparait exactement, néanmoins? Severus commanda un autre cappuccino et tomba dans une réverie profonde. Le livre était oublié.
Il était évident que la oh si ferme amitié entre les garçons modèles s'était quelque peu détériorée. Il était encore plus évident, flagrant, que Pettigrow avait le béguin ou peut-être plus pour Lily Evans. A bien y penser, il y avait beaucoup d'agression refoulée dans cette vieille Face-de- rat. Un assez grand potentiel de haine et de furie impuissante. Se pouvait- il que cette excuse absurde d'être humain veuille vraiment changer de côté? Un Gryffondor? Un membre de la mise en application de la loi magique? Severus devait admettre à lui-même qu'il ne savait pas que penser de tout ceci. Oui, cela avait une certaine logique, mais c'était simplement trop absurde. Pettigrow ne trouverait jamais le courage de vraiment déserter. Donner sa démission au ministère, peut-être. Ou demander d'être transféré à un poste moins dangereux. C'était plausible. Mais changer de camp?
Aussi absurde que cela semble, il allait en discuter avec Lucius de toute façon.
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" Cinq mesures d'Orchidaea Malefica, une pincée de Herbivorium Toledanum- oui, Peggy, qu'y a-t-il?" demanda impatiemment Severus.
" En demandant votre pardon, maître Severus, je sais que vous devez vous concentrer mais il y a Monsieur Malfoy pour vous à la Cheminette, et il semble tout à fait contrarié."
" C'est bien, Peggy, " dit-il en posant sa plume et se levant avec un soupir. " Seulement quand Lucius est contrarié, je dois habituellement préparer un chaudron d'Anti-Doloris."
Tout en descendant les escaliers, Severus détendit ses épaules douloureuxes. Il passait certainement trop de temps penché sur des livres ou des chaudrons. Ou se tordant de douleur sur le sol. Peggy tint la porte de la salle de séjour ouverte pour lui, et il se prépara mentalement aux mauvaises nouvelles à venir avant d'entrer dans la ligne de mire de Lucius.
" Je travaille, Malfoy. Mieux vaudrait que soit bon."
" Je souhaiterais que ce soit bon " dit Lucius d'un air mécontent. " Viens et apporte un peu de cette potion. Je suppose que nous allons en avoir besoin."
"Oh, maudit-Douce, douce vie . Dis-moi au mois de quoi il s'agit, pour que je puisse me préparer."
" Karkaroff, " fut la réponse laconique.
" Ne me dis pas qu'il est allé rejoindre son créateur!"
" Non!" ricana Lucius , " ce serait de bonnes nouvelles, n'est-ce pas ?"
Severus se couvrit les yeux de la main droite. " Merde. Et j'ai du travail important . Si je ne peux pas utiliser mes mains pendant deux jours ."
" Severus, fais moi une faveur et arrête de bredouiller. Plus tôt nous commencerons, plus tôt ce sera fini."
Comme toujours quand des réunions importantes se tenaient au Manoir Malfoy, Narcissa restait invisible. Karkaroff, d'un autre côté, était beaucoup trop visible de l'avis de Severus. Bien que cet homme eut probablement préféré être indiscernable à l'oeil humain. Barty était là, avec son tic nerveux plus fort que jamais et même Lestrange avait l'air tout sauf heureux.
Le silence régna dans le bureau de Lucius- autrefois celui de son père- jusqu'à ce que chacun d'entre eux tienne un verre de cognac. A en juger par la quantité que Lucius avait versé, les nouvelles étaient très mauvaises en effet.
Un signe de tête condescendant de Malfoy fut le signal que Karkaroff commence son rapport. " Je suppose que vous conaissez tous les projets de notre maître pour infiltrer plus avant la faculté de Poudlard ." Severus acquiesça, les autres secouèrent négativement la tête. Lestrange lui lança un regard surpris et Severus haussa simplement les épaules. " La cible-" il prononça 'tzible' -" Que j'avais choisie était Thelma Putnam."
" Putnam? Et pourquoi l'aviez-vous choisie?" demanda Lucius, visiblement perplexe.
" J'étais charrrgé de soit lui donner la potion ou si tzela échouait, de l'éliminer."
" Ne me dites pas que vous avez râté cette mission là, Igor!" s'exclama Lestrange. " Même Rusard aurait été un adversaire plus difficile."
Severus pouvait seulement être d'accord avec lui. Thelma Putnam, leur ancienne professeur de défense contre les forces du mal, était une vieille femme gentille, inoffensive à l'extrême et certainement pas de taille à s'opposer à Karkaroff.
" Eh pien, j'ai découverrrrt que lui donner la potion était impossible, " répondit Karkaroff. S'il n'avait pas été si conscient de son propre échec, il aurait probablement eu l'air indigné. " Mais ce n'est pas le prrroblème. J'ai rréussi à la rrrendrre à moitié folle, et il y a deux jours elle a donné sa démission à Dumbledore."
" Elle était déjà à moitié folle, " remarqua Severus , réaliste " Vous deviez simplement la pousser un peu. Rien de quoi être trop fier, à mon opinion pas-si-humble. Cependant, vous l'avez fait et c'est ce qui compte. Maintenant où est le problème?"
" Le prrroblème, estimé ami, est que je n'ai pas apprrris ces heurrreuses nouvelles à temps. Dumbledore ne me l'a dit qu'aujourd'hui et ce n'était pas la seule chose qu'il m'a dite."
" Allons Karkaroff, venez-en au fait, pour l'amour de Merlin!" dit brusquement Barty.
"Il m'a dit qu'il avait déjà trrrouvé un replaçant.". Une autre pause, pour l'effet " Sirius Black. "
Les quatre autres se regardèrent les uns les autres avec une horreur absolue. Lestrange fut le premier à trouver sa voix. " Black?" dit-il d'une voix rauque, " Igor, tu viens de signer notre arrêt de mort."
Barty émit un bruit étranglé qui ressemblait suspicieusement à un sanglot. " Cette fois nous sommes bons, " chuchota-t-il. Son visage était devenu gris terreux. " Cette fois nous terminerons tous à Ste. Mangouste."
Le silence tomba de nouveau, comme chacun d'eux imaginait sa propre horrible mort.
" Non!" dit soudain Severus, faisant sursauter les autres.
" J'ai peur de ne pas tout à fait-"
" J'ai dit non, Lucius. Voulant dire que ceci ne sera très certainement pas la fin de nos vies. Pourquoi êtes-vous venu à nous en premier lieu?" dit-il à Karkaroff. " Cette mission n'était pas de notre responsabilité mais de la vôtre et de la vôtre seulement. Pensiez-vous vraiment que nous endosserions le blâme pour quelque chose dont nous n'avions même pas la moindre idée ?"
" C'est un mensonge!" hurla Karkaroff , " Vous saviez--"
" La ferme, Igor!" aboya Severus , se levant de son siège. Trois pas rapides, et il était devant lui, tremblant de colère. " Je ne savais rien excepté qu'il y avait un projet de faire entrer une seconde personne à Poudlard. Et les autres ne savaient même pas cela. Non, non, Karkaroff, ceci était votre échec et vous allez en souffrir les conséquences tout seul. Ou quelqu'un ici souhaite-t-il payer les dettes d'Igor ?" demanda-t- il, se retournant pour regarder les trois autres sorciers.
"Non ",dit Lucius, secouant lentement la tête," Je ne crois pas. St. Jean?" Lestrange renifla simplement . "Barty?"
" Vous devez blaguer."
" Très bien, " dit Severus, " ceci semble être clair. Vous avez fait votre lit, vous dormez dedans. Et si vous voulez y survivre , vous feriez mieux d'y aller immédiatement."
Karkaroff se leva si brusquement qu'il fit presque perdre l'équilibre à Severus, qui était encore debout près de lui. "Trouillarrrds!" cracha-t-il. "Si vous insistez, j'irrrrais seul. Mais soyez sûrrrs, que si je surrrvis à cela, vous-" et il poignarda la poitrine de Severus de son index - " Payerrrez. Vil trrrraitrrre!"
Leur adressant un dernier regard haineux, il transplana.
" Mon Maître!"
"Severus. Cela fait longtemps."
Oui, cela avait été une longue période temps, presque exactement un an. Trop longtemps. Du moins pour Severus. Il se sentait négligé, et utilisé- pas abusé. Pas encore. Mais il n'aurait pas fallu beaucoup plus longtemps pour lui faire douter sincèrement de ses convictions, parce que ces convictions étaient connectées de manière inséparable à ce qu'il ressentait pour Voldemort. Des émotions déroutantes, dérangeantes qu'il ne voulait pas examiner de plus près-ou avait-il peur de les regarder directement des deux yeux, au lieu de les regarder du coin de l'oeil? Amour. ce mot venait à l'esprit beaucoup trop facilement, il était trop utilisé, avait perdu sa valeur et son caractère precieux. En outre, à quoi pourrait-il comparer cela? Il avait probablement ressenti de l'amour pour sa mère, peut-être, dans les années éloignées du début de son enfance. Mais il doutait que cela ait été quelque chose de ressemblant à ce sentiment irrésistible d'être- tiré-vers, tiré par quelque cordon vaguement ombilical qui était attaché à son être-même. Peut-être était-ce de l'amour. Finalement ce que c'était n'importait pas. C'était là, et le long temps qui avait passé entre sa dernière rencontre avec son maître et la rencontre présente l'avait transformé en quelque chose qui faisait mal.
"Oui, mon Maître." A genoux, ses lèvres touchant l'ourlet de ces robes soyeuses, noires.
La main de son maître sur ses cheveux.Oh, ce contact, ce contact tant désiré, qui lui avait tant manqué. De nouveau à la maison.
" Je dois te présenter mes excuses."
Quelle inversion étrange, pensa-t-il. Le pardon étant demandé à celui qui était prostré à terre. Ayant peur de perdre ce poids trop léger, il n'osa pas secouer la tête. " Maître s'il vous plaît, ne-"
" Ah, mais je dois le faire. Je t'ai laissé attendre, j'étais distrait. trop longtemps peut-être. T'ai-je perdu, Severus?"
Soudain, le poids était lourd, trop lourd pour qu'il le supporte, parce que c'était le poids de sa conscience. Il menaçait de fissurer son crâne, si bien que tout serait dévoilé; plus de secrets, plus de trahison, juste le soulagement de laisser son esprit glisser dans les mains de son maître afin qu'il prenne la relève, décolle, emporte. Qu'était Lucius pour lui, qu'était Clarissa? Des vétilles, de petites silhouettes inanimées pour un jeu compris par personne sauf Voldemort et lui-même. "Non, mon maître. Vous ne pourriez jamais me perdre. Jamais."
Si la main était restée une fraction d'instant plus longtemps, il aurait tout laissé échapper. Avoué, attendu sa punition. Se serait laissé torturer jusque dans les griffes de la folie-car cela aurait été un acte d'amour. Mais la main disparut parce qu'une divinité avait cligné d'une paupière, et l'intensité du moment se dissipa dans le néant. L'attirance resta, mais c'était de nouveau douloureux. Ce peut-être amour était une fois de plus mêlé à un soupçon d'amertume. Un froissement de robes lui dit que Lord Voldemort bougeait; il leva un peu la tête et vit l'ourlet de ses robes serpenter sur le plancher.
Sa voix déjà un peu plus distante-pas seulement parce qu'il était maintenant quelques mètres plus loin-Voldemort dit, " Tu peux te lever, Severus. Viens, assieds-toi près de moi et raconte moi ce qui t'es arrivé cette année."
Où et comment devait-il commencer? Que lui était-il arrivé? Il y avait eu des moments de bonheur bref et difficile à saisir, ne restant jamais, et peu nombreux. Très peu nombreux. " Cela a été une année heureuse, mon maître. Surtout parce que j'ai trouvé ma place. grâce à vous. Je ne vous ai jamais correctement remercié pour ma maison ni pour la possibilité d'étudier avec McLachlan. Je souhaiterais. pouvoir vous payer ma dette." Correctement. En précipitant cette culpabilité à vos pieds pour en finir avec elle, une fois pour toutes. Mais vous ne me l'avez jamais même demandé, vous n'avez même pas douté de moi. Vous m'avez cru - aussi ridicule que cela semble, je vous blâme pour cela.
Il y a des années, ces yeux noirs avaient simplement contenu une étincelle de rouge, une trace si faible qu'il était difficile de le reconnaître consciemment en la voyant. Cela avait laissé une impression de quelque chose d'étrange et le souvenir distinct remontait seulement à la surface avec le recul. Maintenant, le rouge était visiblement là. Les yeux de Lord Voldemort étaient encore deux tourbillons, prenant et aspirant toute personne sur qui ils se posaient, et leur couleur n'avait pas vraiment changé; c'était plutôt comme si le noir coexistait avec le rouge, tous deux visibles en même temps. Cela dérangeait un peu.
" Tu me payes cette dette, Severus, tous les jours. Tu es l'un de mes serviteurs les plus dévoués, sinon le plus dévoué. J'avais de grandes attentes à ton sujet depuis le premier jour où je t'ai vu et tu n'en as pas déçue une seule."
Alors pourquoi était-il puni constamment? Non, cela était injuste. Pas constamment. Mais il y avait seulement eu une occasion où Severus avait senti qu'il le méritait vraiment et pourtant avait quand même moins reçu qu'il le méritait, le jour du mariage de Lucius. Depuis lors. s'il avait été versé dans cette sorte d'illusionisme transcendental que les Muggles appelaient Catholicisme, il aurait pu trouver quelque logique faussée d'une justice éternelle entourant tout dans l'acceptation d'une punition qu'il avait gagnée pour un autre pêché encore impuni.
D'une manière ou d'une autre, il réussit à captiver le regard de Voldemort dans le sien. " Pardonnez moi, mon Seigneur, mais ce n'est pas l'impression que j'en ai eu."
Le reflet rouge augmenta une fraction presque inexistente de seconde. " Comment cela se ferait-il ?"
" Je sais que je ne dois pas juger vos actions, Mon Maître, mais à en juger de la quantité de punitions que j'ai reçu--"
Le sourire qui se répandait maintenant sur le visage de son maître n'avait aucune ressemblance avec la douceur dont Severus savait qu'il était capable. Avait été capable,peut-être. "Punition, tu dis? Mon cher enfant-" il se pencha en avant et posa sa main droite sur les doigts de Severus qui étaient posés sur ses genoux. Severus se senti glacé jusqu'à la moëlle de ses os. -"Tu n'as aucune idée, absolument aucune idée de ce que la punition peut être si je choisis de ne pas être indulgent. Ce que tu as dit était juste: Tu ne dois pas juger mes actions. Mais crois-moi. Si je n'avais pas été satisfait de toi, tu connaîtrais la signification, la signification véritable du mot punition. Comme la plupart de tes camarades mangemorts le font."
Alors il y avait pire. Il avait été un idiot, un enfant ingénu de supposer qu'il avait déjà compris ce que cela voulait dire de servir Lord Voldemort. Pour la première fois il se sentit effrayé. " Je-" sa voix était enrouée et il dut se racler la gorge -"Je comprends, mon seigneur. Pardonnez moi, s'il vous plaît."
" Tu es encore très jeune, Severus. La jeunesse a un certain droit de se tromper. Mais maintenant tu comprends, n'est-ce pas?"
Severus hocha la tête. Le temps était mauvais aujourd'hui en Albanie; les sommets irréguliers de la montagne étaient cachés par des nuages bas, et une bruine constante rendait l'air humide et doux. Le doux bruit bruissant des gouttelettes frappant les feuilles et les brins de l'herbe était curieusement réconfortant; un contraste cru avec les stalactites de glace qui perçaient l'estomac de Severus. Il avait compris. Et il était plein de crainte.
Après un moment Voldemort continua, " Et ton apprentissage? Cela t'était très cher. Tes rêves sont-ils devenus réalité ?"
Ses pieds trébuchants avaient finalement trouvé un terrain sûr. D'autant plus parce qu'il était presque sûr que, dans un futur pas trop lointain, il réussirait à développer l'antidote au Veritaserum. Un libre cadeau à son maître ,donné volontiers. Ou c'est ce qu'il avait semblé. Car maintenant, la peur avait plongé ses dents venimeuses dans cette partie particulière de son coeur. Le futur cadeau chéri s'était transformé en monnaie qui pourrait très bien acheter sa raison un jour, quand son maître aurait décidé que le temps était venu de mettre un terme à son indulgence. "Oui, mon Maître, c'est tout ce que j'aurais pu immaginer ou désirer et plus encore. McLachlan a tant à m'apprendre que je doute que je termine jamais d'apprendre. Bien que je doive dire que je suis tout à fait fier d'avoir anéanti le résultat de notre recherche sur la potion du loup-garou. Il n'a jamais soupçonné que j'avais changé la formule."
"Oui, " dit Voldemort, son sourire maintenant de retour à la vieille chaleur, " avoir surpassé McLachlan sur son propre terrain mérite la plus haute louange. Bien que je doive dire que ma satisfaction a quelque peu été gâtée par le refus de Lupin. Un loup-garou dans nos rangs se serait prouvé de valeur inestimable."
" Je sais, mon seigneur, et je regrette profondément d'avoir échoué à le persuader. Tout ce que je peux dire pour ma défense est qu'il n'a jamais été de type vindicatif. Il a toujours eu tendance à se blâmer, quelles que soient les difficultés qu'il rencontrait. Il faudrait beaucoup de persuasion pour le convaincre que ce n'est pas de sa faute s'il est au chômage et au bord de la pauvreté."
Le seigneur des ténèbres hocha pensivement la tête. "Nous avons le temps, " dit-il finalement "Peut-être, quand il prendra conscience que les gens sont toujours bornés, que ce soit en Angleterre ou ailleurs, et qu'il sera toujours fui et méprisé, peut-être se tournera-t-il vers nous alors. Il est quelquefois suffisant d'attendre et d'être patient. Clarissa te manque-t- elle beaucoup?"
Paradoxalement, il était maintenant reconnaissant de son sentiment de culpabilité qui continuait à essayer de l'agripper tous les jours. Le poids constant était aussi un rappel constant du danger où il était et ainsi le gardait vigilant. Particulièrement en présence de Lord Voldemort. Par conséquent il senti l'aiguillon de la peur mais y était préparé. "Oui, mon seigneur. Elle était. la seule amie que j'avais." Prudent là. Il ne serait pas sage d'inclure Lucius dans cette catégorie. Deux événements mystérieux, tous deux des coups durs pour les plans de son maître, tous deux impliquant Severus et un ami. il pourrait tout aussi bien avouer.
" En effet? Je croyais que vous comptiez St. Jean comme un ami, ou est-ce que je me trompe?"
"Non, vous avez raison, mon seigneur. St. Jean est une sorte différente d'ami, néanmoins. Avec Clarissa, les choses étaient. moins compliquées. Sans soucis."
" Sans compter que c'était une fille, " remarqua sèchement Voldemort.
Et qu'il l'aurait même épousée. Cela aurait été amusant. leur lit n'étant pas un champ de bataille de passion et d'étreintes lascives, mais plutôt semblable à un dortoir d'école . un endroit pour de l'amitié et de la chaleur. " Ce n'était pas vraiment important. Mais elle vous a trahi et a fui, mon seigneur, alors elle ne serait guère plus une amie."
" Elle ne serait plus. " siffla Voldemort " Toi et son frère auriez eu l'honneur de la torturer à mort."
Ces yeux noirs pleins de vie roulant avec la folie de la douleur. Severus avait des difficultés à garder son calme. Il valait mieux ne pas s'attarder sur cette image. " Je suppose qu'Evan aurait grandement accueilli l'occasion de prouver sa loyauté, considérant comme il était furieux."
" Il ne devrait pas être trop furieux, " répondit le seigneur des ténèbres, " car après tout il a hérité de la position de son père dans la compagnie Brossdur, si bien que maintenant il m'est de plus d'utilité là qu'avant. Les Aurors auront un avant-goût des conséquences dès qu'ils commanderont un nouveau lots de balais."
Content que la conversation ait dérivé loin des falaises dangereuses et navigue maintenant dans des eaux plus pacifiques, Severus acquiesça. "Le sabotage à tous les niveaux est en effet une mesure indispensable, mon seigneur. L'insécurité parmi la population accroît quotidiennement. Avec quelques coups bien placés de plus, ils devraient pouvoir reconnaître clairement où placer leur loyauté."
" S'il n'y avait pas ce vieil imbécile de Dumbledore."
" Mais Karkaroff fait un travail stupéfiant à Poudlard, ne croyez-vous pas, mon Seigneur?"
Les yeux noirs se teintèrent de rouge, plus longtemps cette fois-ci et très évidemment de furie. " Ce n'est pas assez!" dit brusquement Voldemort, " Un homme au milieu d'une faculté de presque vingt personnes n'est pas suffisant. Nous avons besoin de plus de partisans là-bas, au moins d'un autre."
Comme toujours quand il était furieux, l'air entourant le seigneur des ténèbres semblait grésiller de puissance. Severus ne s'était jamais senti tout à fait confortable sous cette attaque d'énergie magique pure et aujourd'hui il pensa le ressentir encore plus qu'habituellement. Mais la colère n'était pas dirigée contre lui, et ainsi il réussit à dire "Si cela est votre désir, mon maître, je ne vois aucune autre moyen que d'éliminer un des professeurs. Aucun d'entre eux ne pourrait être gagné à notre cause, ni par des arguments ni par la violence."
" Exactement ce que St. Jean n'arrête pas de répéter. Il pourrait y avoir une possibilité, cependant, qu'Igor élimine l'un d'entre eux. C'est un chemin dangereux sur lequel s'engager, mais il devra le suivre. S'il réussit, nous devrions pouvoir remplacer la personne en question avant le début du trimestre d'automne ."
" Si tôt? Ce sont de bonnes nouvelles en effet, " dit Severus tout en se demandant qui Karkaroff avait pu viser. Voldemort ne voulait à l'évidence pas lui en dire plus - la raison à cela lui était peu claire cependant. " Et qui serait le successeur choisi?"
Voldemort secoua la tête. "Les noms, " dit-il, "sont très puissants en eux- même. Les utiliser peut influencer le cours des choses. Le développement entier à Poudlard est si précaire qu'il est recommandé de ne pas le propulser dans une quelconque direction en prononçant ce qui devrait pour l'instant rester tû. La magie élémentaire à son plus profond, " dit-il en donnant un de ces sourires insondables à Severus, " Le temps viendra que tu l'apprennes aussi. Sois patient. Tu n'as pas encore dix-neuf ans et tu es déjà plus puissant que la plupart de tes pairs. Attends que ta propre magie innée se soit complètement developpée-alors tu pourras franchir un autre seuil."
" Me l'enseignerez-vous?" demanda Severus, ayant soudain l'impression d'avoir à nouveau treize ans, et mécontent contre lui-même à cause de cette régression vers la puérilité.
" Je suis le seul qui le puisse " dit Voldemort. "Eh bien, Dumbledore pourrait aussi le faire, théoriquement parlant. Mais il s'est séparé des secrets les plus profonds de la sorcellerie pour servir ceux qui méprisent une telle connaissance. Peut-être va-t-il regretter sa décision. Le fossé entre lui et le ministère est déjà trop grand pour être comblé, parce qu'il n'a que trop conscience des défauts de ceux qui tiennent encore le pouvoir ou plutôt l'illusion de pouvoir. Dans quelques mois ou peut-être dans un an, l'écart se sera transformé en abîme. Je pensais que nous avions besoin de l'élargir, mais j'ai sous-estimé les puissances d'autodestruction de cette société dégénérée, faible. Ils feront la plus grande part du travail pour nous. Nous devrons seulement surveiller et attendre le bon moment pour donner la poussée finale."
" Et alors." dit Severus d'un ton rêveur, maintenant complètement fasciné par la puissance et le charisme de Voldemort.
" Et alors, " dit son maître, prenant les deux mains de Severus dans les siennes, " Une nouvelle ère commencera. Une renaissance de ce qui a été enterré beaucoup trop longtemps. Nous devrons tous apprendre alors, même moi; mais la puissance que nous tiendrons dans nos mains sera plus grande que n'importe lequel d'entre nous peut l'imaginer."
~~~~*~~~~
Maintenant que les expériences sur la potion du loup-garou avaient été abandonnées-après que Severus ait déjoué ce qui aurait été avec une très haute probabilité un aboutissement réussi de presque une année d'essais et d'erreurs-il sentait qu'il pouvait respirer plus librement . Les derniers mois, plus ou moins depuis la mort de Julius Malfoy, avaient été frénétiques, et Severus avait à peine pu continuer à se tenir sur ses pieds. La plupart du temps il avait été si fatigué qu'il s'endormait presque debout.
Suite à son âge et au stress émotionnel qu'il avait subi récemment, McLachlan décida qu'il avait besoin de vacances. Sa soeur Katherine, alchimiste renommée et chercheur à l'Académie des sciences magiques d'Avalon, avait programmé un voyage à Prague depuis des années. Cette année, leurs projets, pour la première fois, n'avaient pas été gênés par soit les adversités imprévisibles de la politique mondiale des Moldus, des maladies inattendues ou des obligations professionnelles inévitables, si bien que leur départ était prévu pour le 15 juillet; si tout allait bien, ils allaient rester à l'étranger pendant environ quatre ou cinq semaines. Ces nouvelles étaient arrivées comme un soulagement considérable pour Severus, qui avait célébré le début de ces vacances en dormant vingt heures d'affilée. Il avait encore beaucoup de choses reposant sur ses épaules, mais il allait néanmoins avoir un peu de temps pour lui-même, qu'il pourrait utiliser à sa propre discrétion.
Tout en prenant le petit déjeuner, il essaya de se rappeler quand il avait été assis à sa table de cuisine en appréciant un repas paisible pour la dernière fois. Certainement pas au cours des trois ou quatre derniers mois. Son estomac avait souffert de ce traitement peu tendre- repas irreguliers, peu de sommeil, et rarement du sommeil paisible, des litres de café et un filet constant de toutes sortes de potions renforçantes et éveillantes avaient transformé cela en source de douleur et d'inconfort constants. Severus décida qu'il allait utiliser ces demi-vacances pour retrouver sa santé physique. Sans compter rattraper sa propre existence. Avec le recul, il était encore plus satisfait de sa décision d'acheter Elias-autrement la pauvre Esmeralda aurait mené une vie très solitaire. Tout de suite, elle était assise sur la table de la cuisine à côté de son ami aux plumes noires- plutôt son complice, pensa Severus, étant donné les destructions qu'ils causaient quelquefois -et lui lançait des regards douteux.
" Tu es furieuse contre moi, n'est-ce pas ? " Severus s'adressa à elle. Il se sentait plutôt coupable. Et il sentit un serrement de coeur quand elle ne s'approcha pas immédiatement de lui en entendant sa voix, comme cela avait été son habitude. " Je retire cela, " dit-il, "Tu es totalement outrée. Crois-tu que tu pourrais me pardonner la manière avec laquelle je t'ai traitée ces derniers temps?"
Comment exactement un animal, dont le visage était couvert de poils, réussissait à produire des expressions faciales était au-delà de sa compréhension. Mais il avait l'impression distincte qu'elle le regardait avec une combinaison de mépris et de reproche.
" Ne me laisseras-tu pas au moins te caresser?" se renseigna-t-il. "ce serait agréable, tu sais, j'ai presque oublié combien il est agréable de toucher ta fourrure." Il posa son couteau et sa fourchette et étendit la main droite. " Et je sais que tu le veux aussi, espèce de femelle capricieuse!"
Il aurait pu jurer qu'elle avait reniflé avec dédain; mais ensuite, après une session de lavage en profondeur pour sa patte avant droite, elle se leva lentement et .oui, marcha élégament vers lui, il la vit presque balancer ses hanches. Cinq minutes plus tard, les vacances avaient commencé pour de vrai. Esmeralda était assise sur ses genoux, avec l'attitude la plus royale dont elle était capable, Elias était perché sur son épaule gauche et ils partageaient le petit déjeuner de Severus. Il se sentait fou de joie. Un peu stupide mais transporté tout de même. Cela lui faisait se rendre compte néanmoins de combien il était devenu complètement isolé récemment. Vrai, il avait occasionellement une conversation amicale avec Lucius et Narcissa, et il était en compagnie humaine la plupart du temps; mais c'était limité à McLachlan, avec qui il avait une relation purement professionnelle et aux réunions des mangemorts où il était soit au commandement, ce qui n'encourageait pas exactement de lien émotionnel, soit à craindre une punition. Clarissa lui manquait plus qu'il ne l'aurait pensé.
Elle lui avait écrit deux fois, et il avait répondu dès qu'il l'avait pu et avec autant de détails que son rare temps libre le lui permettrait. De ses lettres, il semblait qu'elle s'adaptait tout à fait bien à sa nouvelle vie; il était difficile de se débrouiller sans faire de magie, mais d'un autre côté il y avait tant à découvrir qu'elle était constamment en face de défis. Pour Severus, c'était un grand soulagement de voir comment elle prenait bien le changement soudain de sa vie. Autant qu'il puisse le dire, elle ne regrettait rien -seulement trop compréhensible, pensa-t-il, bien qu'il doute que cela ne l'aurait pas affectée d'apprendre la punition de son frère quand il n'avait pas pu la trouver. Il ne l'avait pas mentionné dans ses lettres parce qu'il ne voulait pas qu'elle se sente coupable.
Peut-être, pensa-t-il, donnant à Esmeralda la dernière bouchée de bacon-ce geste sembla lui valoir une absolution complète-peut-être avait-il seulement besoin d'un changement de rythme. C'était un beau matin d'été, bien que pas particulièrement chaud, et il pourrait jeter un coup d'?il aux richesses que Barjow & Beurk offraient à qui que ce soit qui était prêt à braver les règlements du Ministère, et alors peut-être une petite promenade dans le Chemin de Traverse. un café au Chaperon du Capucin, regarder les gens. Considérant qu'il était peu probable qu'il trouve son âme s?ur au cours des prochains jours, avec qui partager les vicissitudes de la vie-il roula ses yeux en indignation muette contre lui-même.
" Donnez moi cinq minutes sans stress et je serai de retour à cette trois fois maudite prophétie, " murmura-t-il. Esmeralda miaula. " Exactement. Peut-être que c'est toi après tout, alors qu'est ce que j'attends?"
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Il ne s'aperçut que quand il arriva dans le Chemin de Traverse-par Cheminette, par la cheminée de Fleury & Botts, parce qu'il était presque du suicide que de vraiment sortir en valsant du Chemin de Traverse, seulement pour être saisi par l'une des nombreuses patrouilles- que le climat avait changé d'une manière spectaculaire depuis qu'il avait été là pour la dernière fois. Il y avait plus d'Aurors et de Représentants de la Loi que de civils, et ils contrôlaient sévèrement les passants à la recherche de tout signe de comportement suspicieux. Cela n'était pas une expérience reposante. Severus ne pouvait que trop bien imaginer exactement combien le sorcier britannique moyen désirait que la vie soit de nouveau tranquille et pacifique. Eh bien, la paix n'était pas ce qu'ils allaient avoir, et seuls peu d'entre eux pourraient apprécier le nouveau régime une fois que Voldemort aurait pris la relève. Le seigneur des ténèbres avait raison: Ils auraient besoin de beaucoup de patience.
Severus décida d'ignorer complètement les patrouilles et les regards menaçants qu'elles lançaient à tout le monde, se dirigea vers le Chaperon du Capucin et commanda un cappuccino et quelque gâteau à thé. L'armistice avec Esmeralda était encore fragile, et elle avait refusé de l'accompagner, perchée sur son épaule. Elias, son ombre ailée avait suivi le boycottage, et donc Severus ne se détachait pas au milieu de la foule. Particulièrement quand il était assis, car debout il était plus grand que la plupart de ceux qui se tenaient autour de lui. Pour dire la vérité, il était tout à fait satisfait de se fondre dans la masse anonyme- ces temps-ci, personne ne désirait attirer l'attention, même si seulement en ayant deux animaux noirs perchés sur ses épaules.
Le café et le gâteau furent placés sur sa table, et Severus venait juste d'extirper un de ses nouveaux livres du sac de Fleury & Botts quand quelqu'un tapota son épaule avec un doigt et dit "Rogue, est-ce que c'est toi?"
Il ne reconnut pas immédiatement la voix, mais il l'associa immédiatement à de l'hostilité et à quelque chose de désagréable. Mettant son meilleur froncement de sourcils-il faisait un progrès étonnant à intimider les gens en les regardant simplement; en fait, c'était un des secrets de son succès parmi les mangemortss- il tourna la tête, faisant reculer le jeune homme se tenant derrière lui de quelques pas. " Tu es le seul à pouvoir être assez stupide pour me toucher, bien qu'ayant soupçonné que c'était moi, Pettigrow, " gronda-t-il. " A propos, nous sommes au milieu du mois de juillet, alors pourquoi te promènes tu en déguisement?"
Pettigrow n'avait pas changé du tout, bien que Severus soit sûr que s'il y avait un humain qui avait un besoin encore plus pressant de 'makeover' que lui-même, c'était le petit Peter Pettigrow. Les mêmes joues molles-à l'age de dix-neuf ans, c'était vraiment dégoutant-le même corps voûté, les mêmes cheveux incolores et clairsemés, les mêmes yeux bleus aqueux. ce type était pitoyable. Et le tout dégoûtant couvert d'un uniforme de représentant de la loi-des robes bleu-sombre, portant le même M que l'habit professionnel des employés du ministère.
" Un dégui-non, c'est mon uniforme, je suis avec les représentants de la loi."
L'ironie était complètement perdue avec ce nigaud. Severus dût se battre ardemment pour se retenir de sourire. "Vraiment? Je pensais que tu voulais postuler pour l'académie des Aurors avec le trio malsain? Ou as-tu décidé que le rouge n'était pas ta couleur après tout? Pas que ce soit la couleur de Black , d'ailleurs."
" Black? Où as-tu rencontré Sirius?"
Severus renifla. " Je n'ai pas vraiment rencontré ton ami l'étoile du chien." Pettigrow tressaillit. " Pour une fois je n'insultais pas ce faible d'esprit, " l'informa Severus, " Sirius est l'étoile du chien, juste au cas où tu ais réussi à oublier en une seule année tout ce que tu as jamais appris à l'école. Comme je le disais, je ne l'ai pas rencontré. Il est venu chez moi avec Alastor Maugrey en entrant pratiquement par effraction. Et ne me dis pas que tu ne le savais pas."
Ce morceau de saindoux au visage de rongeur eut en fait le culot de s'asseoir sans demander la permission. Severus était juste en train de formuler une remarque particulièrement acide quand l'autre dit, " Je n'en avais honnêtement aucune idée. Je. ce n'est pas comme si je les avais vu souvent ces derniers temps."
" Etant donné que tu ne peux plus faire leurs devoirs à leur place, ce qui était à peu près la seule justification pour qu'ils te permettent de constamment coller à leurs basques , " dit cruellement Severus, " cela semble seulement logique. Autant pour le vrai esprit d'amitié de Gryffondor ." Il prit une autre petite gorgée de son cappuccino.
" Je suppose que c'est vrai " dit Pettigrow. " Alors Sirius est venu chez toi? Pourquoi?"
" Les Aurors semblent avoir l'impression que je fais partie du groupe de Voldemort. Arrête de grimacer, Pettigrow, ou je te jetterai un sort, te laissant en sous-vêtements devant tout le monde."
" Je. je ne suis simplement. pas. pas vraiment habitué à ce que qui que ce soit dise son nom, " bégaya Pettigrow. Maintenant il rougissait même. Cela n'améliorait pas son apparence.
Severus était grandement amusé. Se penchant en arrière dans son siège, il demanda, " Es tu en train d'impliquer que les représentants de la loi, les vaillants protecteurs de la communauté des sorciers britanniques ont peur de prononcer son nom?" Les noms sont très puissants en eux mêmes. Peut-être que ce groupe d'incapables au ministère était un tantinet plus ingénieux qu'il ne l'aurait pensé.
" Peur." Pettigrow remua lentement la tête. " Oui, peut-être. Il semble moins vrai quand on ne le dit pas ."
" Alors que dites-vous à la place ?" Pitoyable! C'était pitoyable.
" Eh bien nous disons Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ou Vous- Savez-Qui. Ce n'est pas drôle !"
" Il faut admettre que c'est un peu amusant. Cela me rappelle les filles qui sont trop pudibondes pour prononcer le mot 'toilettes 'ou 'cabinets' en présence des garçons. ' Je reviens dans deux secondes, je dois juste aller Vous-Savez-Où! Vous avez vraiment tout à fait l'air des idiots que vous êtes."
" Nous sommes peut- être des idiots mais au moins nous sommes du bon côté!" riposta Pettigrow avec passion. " Et toi, Rogue? Que fais-tu? Il y a probablement une raison pour que Maugrey et Sirius se soient montrés chez toi."
Severus lui lança le regard le plus arrogant qu'il pouvait . " Moi, mon cher Pettigrow, je suis entièrement de mon propre côté. Mais je me trouve être un Serpentard, ce qui en des temps comme ceux-ci semble entièrement justifier la violation des droits les plus élémentaires de l'homme. Quant à mon occupation actuelle, je suis à en plein apprentissage avec McLachlan."
"Potions, eh?" dit Pettigrow, essayant d'avoir l'air bien documenté.
Severus leva simplement un sourcil. " Tu me surprends, Pettigrow! Tu te souviens de quelque chose que nos professeurs ont essayé de faire entrer dans ton crâne épais et dans ce cerveau de la taille d'un petit pois."
" Lily voulait aussi étudier les potions " offrit Pettigrow comme explication, " mais alors elle a décidé de s'enrôler à l'AA, avec James."
" Stupide femelle Gryffondor soumise " cracha Severus . " Elle excellait en potions. Elle aurait fait une brillante érudite. Que fait-elle? Elle se laisse être transformée en chair à canon pour mangemorts. Je ne comprends vraiment pas."
"Oui, " dit Pettigrow, son regard soudain brillant et vif, " elle est brillante, n'est ce pas ?"
" Je crois que j'ai déjà exprimé cette opinion. En quoi cela t'importe-t-il de toute façon? Tu as des problèmes à comprendre le concept de brillance, alors que -je vois, " s'interrompit-il avec un sourire malveillant, " C'est là qu'est le problème! Bien que je doute fortement qu'elle retourne tes sentiments ."
Sa tentative de sembler digne était, pour ne pas dire plus, ridicule. " James est mon ami! Je ne ferais jamais-"
" Non, Pettigrow. Elle ne ferait jamais. Aucune femme saine d'esprit ne le ferait jamais. Et je suppose qu'il est temps que tu m'expliques ce que tu fais ici, assis à ma table et gâchant une matinée autrement parfaite."
" Tu es un Mangemort, n'est-ce pas ?"
La pure impudence et la stupidité de la question déséquilibrèrent Severus, même si seulement pour un instant. "Pettigrow, je commence à avoir l'impression que tu n'as pas deux cellules dans ton cerveau comme je l'ai toujours pensé, mais une seule. Ce qui veut dire que pendant que tu es occupé à respirer tu ne peux pas parler ou penser correctement, par danger de surcharge cérébrale. Tu es assis ici à porter l'uniforme d'un représentant de la loi, amibe de Gryffondor! Que penses-tu que je réponde ?"
" Je ne le dirais à personne!" chuchota Pettigrew, se penchant vers Severus.
Severus attrapa la table qui était en danger de chavirer sous le poids du petit Peter. " A qui, crois-tu que tu t'adresses, espèce de non-entité?" siffla-t-il. " Qu'est ceci? Un piège subtil immaginé par Maugrey et ses sbires pour attraper le grand méchant Serpentard?" il poussa le menton tremblant de Pettigrow de sa baguette- c'était en effet un super représentant de la loi, si lent à comprendre qu'il n'avait même pas remarqué le geste rapide qui avait propulsé la baguette hors de la manche dans la main de Severus. " Enlève ton gros cul de cette chaisse et sors de ma vue aussi vite et loin que tu le pourras. Et dis à qui que ce soit qui t'a envoyé qu'avec une mise en application de la loi comme ceci, être un mangemort serait moins dangereux que de nourrir des vers de terres et ainsi entièrement dépourvu d'amusement."
Avec un dernier coup d'oeil alarmé vers Severus, Pettigrow se leva d'un bond, renversant le siège dans sa hâte. Il était parti plus rapidement que Severus ne l'aurait immaginé, étant donné sa maladresse et la quantité de graisse qu'il portait. Qu'est ce que cet idiot préparait exactement, néanmoins? Severus commanda un autre cappuccino et tomba dans une réverie profonde. Le livre était oublié.
Il était évident que la oh si ferme amitié entre les garçons modèles s'était quelque peu détériorée. Il était encore plus évident, flagrant, que Pettigrow avait le béguin ou peut-être plus pour Lily Evans. A bien y penser, il y avait beaucoup d'agression refoulée dans cette vieille Face-de- rat. Un assez grand potentiel de haine et de furie impuissante. Se pouvait- il que cette excuse absurde d'être humain veuille vraiment changer de côté? Un Gryffondor? Un membre de la mise en application de la loi magique? Severus devait admettre à lui-même qu'il ne savait pas que penser de tout ceci. Oui, cela avait une certaine logique, mais c'était simplement trop absurde. Pettigrow ne trouverait jamais le courage de vraiment déserter. Donner sa démission au ministère, peut-être. Ou demander d'être transféré à un poste moins dangereux. C'était plausible. Mais changer de camp?
Aussi absurde que cela semble, il allait en discuter avec Lucius de toute façon.
°
" Cinq mesures d'Orchidaea Malefica, une pincée de Herbivorium Toledanum- oui, Peggy, qu'y a-t-il?" demanda impatiemment Severus.
" En demandant votre pardon, maître Severus, je sais que vous devez vous concentrer mais il y a Monsieur Malfoy pour vous à la Cheminette, et il semble tout à fait contrarié."
" C'est bien, Peggy, " dit-il en posant sa plume et se levant avec un soupir. " Seulement quand Lucius est contrarié, je dois habituellement préparer un chaudron d'Anti-Doloris."
Tout en descendant les escaliers, Severus détendit ses épaules douloureuxes. Il passait certainement trop de temps penché sur des livres ou des chaudrons. Ou se tordant de douleur sur le sol. Peggy tint la porte de la salle de séjour ouverte pour lui, et il se prépara mentalement aux mauvaises nouvelles à venir avant d'entrer dans la ligne de mire de Lucius.
" Je travaille, Malfoy. Mieux vaudrait que soit bon."
" Je souhaiterais que ce soit bon " dit Lucius d'un air mécontent. " Viens et apporte un peu de cette potion. Je suppose que nous allons en avoir besoin."
"Oh, maudit-Douce, douce vie . Dis-moi au mois de quoi il s'agit, pour que je puisse me préparer."
" Karkaroff, " fut la réponse laconique.
" Ne me dis pas qu'il est allé rejoindre son créateur!"
" Non!" ricana Lucius , " ce serait de bonnes nouvelles, n'est-ce pas ?"
Severus se couvrit les yeux de la main droite. " Merde. Et j'ai du travail important . Si je ne peux pas utiliser mes mains pendant deux jours ."
" Severus, fais moi une faveur et arrête de bredouiller. Plus tôt nous commencerons, plus tôt ce sera fini."
Comme toujours quand des réunions importantes se tenaient au Manoir Malfoy, Narcissa restait invisible. Karkaroff, d'un autre côté, était beaucoup trop visible de l'avis de Severus. Bien que cet homme eut probablement préféré être indiscernable à l'oeil humain. Barty était là, avec son tic nerveux plus fort que jamais et même Lestrange avait l'air tout sauf heureux.
Le silence régna dans le bureau de Lucius- autrefois celui de son père- jusqu'à ce que chacun d'entre eux tienne un verre de cognac. A en juger par la quantité que Lucius avait versé, les nouvelles étaient très mauvaises en effet.
Un signe de tête condescendant de Malfoy fut le signal que Karkaroff commence son rapport. " Je suppose que vous conaissez tous les projets de notre maître pour infiltrer plus avant la faculté de Poudlard ." Severus acquiesça, les autres secouèrent négativement la tête. Lestrange lui lança un regard surpris et Severus haussa simplement les épaules. " La cible-" il prononça 'tzible' -" Que j'avais choisie était Thelma Putnam."
" Putnam? Et pourquoi l'aviez-vous choisie?" demanda Lucius, visiblement perplexe.
" J'étais charrrgé de soit lui donner la potion ou si tzela échouait, de l'éliminer."
" Ne me dites pas que vous avez râté cette mission là, Igor!" s'exclama Lestrange. " Même Rusard aurait été un adversaire plus difficile."
Severus pouvait seulement être d'accord avec lui. Thelma Putnam, leur ancienne professeur de défense contre les forces du mal, était une vieille femme gentille, inoffensive à l'extrême et certainement pas de taille à s'opposer à Karkaroff.
" Eh pien, j'ai découverrrrt que lui donner la potion était impossible, " répondit Karkaroff. S'il n'avait pas été si conscient de son propre échec, il aurait probablement eu l'air indigné. " Mais ce n'est pas le prrroblème. J'ai rréussi à la rrrendrre à moitié folle, et il y a deux jours elle a donné sa démission à Dumbledore."
" Elle était déjà à moitié folle, " remarqua Severus , réaliste " Vous deviez simplement la pousser un peu. Rien de quoi être trop fier, à mon opinion pas-si-humble. Cependant, vous l'avez fait et c'est ce qui compte. Maintenant où est le problème?"
" Le prrroblème, estimé ami, est que je n'ai pas apprrris ces heurrreuses nouvelles à temps. Dumbledore ne me l'a dit qu'aujourd'hui et ce n'était pas la seule chose qu'il m'a dite."
" Allons Karkaroff, venez-en au fait, pour l'amour de Merlin!" dit brusquement Barty.
"Il m'a dit qu'il avait déjà trrrouvé un replaçant.". Une autre pause, pour l'effet " Sirius Black. "
Les quatre autres se regardèrent les uns les autres avec une horreur absolue. Lestrange fut le premier à trouver sa voix. " Black?" dit-il d'une voix rauque, " Igor, tu viens de signer notre arrêt de mort."
Barty émit un bruit étranglé qui ressemblait suspicieusement à un sanglot. " Cette fois nous sommes bons, " chuchota-t-il. Son visage était devenu gris terreux. " Cette fois nous terminerons tous à Ste. Mangouste."
Le silence tomba de nouveau, comme chacun d'eux imaginait sa propre horrible mort.
" Non!" dit soudain Severus, faisant sursauter les autres.
" J'ai peur de ne pas tout à fait-"
" J'ai dit non, Lucius. Voulant dire que ceci ne sera très certainement pas la fin de nos vies. Pourquoi êtes-vous venu à nous en premier lieu?" dit-il à Karkaroff. " Cette mission n'était pas de notre responsabilité mais de la vôtre et de la vôtre seulement. Pensiez-vous vraiment que nous endosserions le blâme pour quelque chose dont nous n'avions même pas la moindre idée ?"
" C'est un mensonge!" hurla Karkaroff , " Vous saviez--"
" La ferme, Igor!" aboya Severus , se levant de son siège. Trois pas rapides, et il était devant lui, tremblant de colère. " Je ne savais rien excepté qu'il y avait un projet de faire entrer une seconde personne à Poudlard. Et les autres ne savaient même pas cela. Non, non, Karkaroff, ceci était votre échec et vous allez en souffrir les conséquences tout seul. Ou quelqu'un ici souhaite-t-il payer les dettes d'Igor ?" demanda-t- il, se retournant pour regarder les trois autres sorciers.
"Non ",dit Lucius, secouant lentement la tête," Je ne crois pas. St. Jean?" Lestrange renifla simplement . "Barty?"
" Vous devez blaguer."
" Très bien, " dit Severus, " ceci semble être clair. Vous avez fait votre lit, vous dormez dedans. Et si vous voulez y survivre , vous feriez mieux d'y aller immédiatement."
Karkaroff se leva si brusquement qu'il fit presque perdre l'équilibre à Severus, qui était encore debout près de lui. "Trouillarrrds!" cracha-t-il. "Si vous insistez, j'irrrrais seul. Mais soyez sûrrrs, que si je surrrvis à cela, vous-" et il poignarda la poitrine de Severus de son index - " Payerrrez. Vil trrrraitrrre!"
Leur adressant un dernier regard haineux, il transplana.
