Chapitre 19
Finalement, cela avait été la position de Karkaroff en tant que seul espion de Voldemort à Poudlard qui avait sauvé sa misérable peau. Il n'aurait autrement pas survécu à la rencontre avec le seigneur des ténèbres. Pas qu'il soit vraiment juste de le blâmer pour toute l'histoire, en fait, c'était aussi injuste que d'avoir puni Julius Malfoy et les trois autres pour ne pas avoir poussé Malfoy au poste de Greenbaum. Seulement Karkaroff était tout à fait une autre histoire. Severus l'avait détesté immédiatement dès la première fois où il l'avait vu, et ses sentiments n'avaient pas changé. Au contraire, ils s'étaient intensifiés. L'aversion était mutuelle néanmoins, et après que Severus et les autres aient purement et simplement refusé d'être inclus dans la punition, les couteaux étaient certainement tirés. Pas que Karkaroff ait de grandes chances contre eux, car malgré les occasionnelles disputes ou frictions entre eux, les quatre jeunes chefs se tenaient comme un seul homme contre le Bulgare qu'ils n'hésitaient pas à appeler un ennemi. Il avait besoin d'eux tout de même, et il le savait. Voldemort avait été si mécontent de lui qu'il avait refusé de le voir à moins qu'il n'y ait de véritable urgence; et Karkaroff savait qu'il ne valait mieux pas approcher directement son maître pour quelque chose d'autre qu'une catastrophe. Il devait néanmoins faire des rapports périodiquement, et cela l'humiliait visiblement que ce soit toujours les quatre hommes de confiance qui l'interrogent et le questionnent et le poussent.
" Eh bien alors, Igor, " dit Lestrange, se penchant en arrière dans le fauteuil devant la cheminée de Severus, " dites nous ce qui se passe à Poudlard. Nous avons dépassé la fin du premier mois du trimestre d'automne maintenant, alors je suppose que vous avez rassemblé des nouvelles intéressantes."
Le Bulgare regarda fixement et maussadement son verre de whisky. " Je n'ai pas grrrand chose à dirrre, " dit-il et Severus pensa qu'il se comportait comme un première annnée entêté. Cela n'allait pas lui faire grand bien, particulièrement avec Lucius, qui pouvait se mettre très en colère quand il sentait de l'insubordination.
" Alors je suggère que vous nous disiez le peu de choses qu'il y a " dit brusquement Lucius.
" Eh bien, en fait j'ai un grrros prrroblème, qui s'appelle Sirrrius Black. Cet homme me déteste."
" Vraiment?" demanda Lucius avec ce qui se voulait être de l'étonnement, "Je ne comprends vraiment pas pourquoi qui que ce soit vous détesterait ."
Barty gloussa, et Lestrange cacha un sourire derrière son verre de cognac. D'une certaine manière, mais seulement de vraiment, vraiment loin, Severus avait pitié de Karkaroff. Après tout, cet homme était de vingt ans leur ainé-sauf pour Lestrange, bien sûr, qui n'avait que dix ans de moins-et ne manquait ni de talent ni d'intelligence, mais tout de même ils étaient ses supérieurs et il devait reconnaître cela, par peur des conséquences que la désobéissance pourrait apporter.
" Quand vous en aurrrez terrrminé avec vos commentairrrres puérrrrrils, Lucius, peut-êtrrre que je pourrrrrais continuer. Je ne me soucie pas des sentiments de Black enverrrrs moi, mais ce qui rrrend cet homme trrrès rrréel et prrrobablement un rrisque dangeurrreux est qu'il semble m'espionner."
" Espionner?" fit écho Barty. " pourquoi vous espionnerait-il ? Croyez-vous que Dumbledore lui a donné l'ordre de garder l'oeil sur vous?"
Karkaroff caressa sa barbiche. "Non, " dit-il finalement " je ne crrrrois pas. Définitivement pas. J'ai le sentiment que c'est le prrrroprrrre petit prrrrojet de Black. Je n'ai jamais été sur la liste des suspects du ministère, autant que je puisse le dirrre-je n'ai jamais rrrreçu de visite d'Aurors, si c'est une quelconque indication. Voulant dirrrre que j'exclus prrrratiquement le ministère comme marrrrionnettistes possibles tirrrant ses ficelles. Non, je suis sûrrr que c'est quelque chose qu'il fait tout seul."
" Ce qui n'exclut pas la possibilité qu'il ait pu le dire à quelqu'un " remarqua Severus. " peut-être pas Dumbledore mais un de ses petits amis. Ils sont tous des Aurors complètement qualifiés maintenant, et ce serait un peu difficile si vous éliminiez Blackie-boy, seulement pour voir un bataillon entier d'Aurors sur vos talons, hurlant pour demander votre sang."
Barty tendit son verre pour qu'il fut rerempli. "Vous savez, " dit-il à Karkaroff, " je ne pense vraiment pas que vous ou nous puissions faire quelque chose dans cette situation. Vous devez simplement être très prudent, plus encore qu'avant."
" Merrrrci beaucoup pour votrrrre conseil, " répliqua sarcastiquement Karkaroff " Il est bon de savoirrr que les quarrrtiers générrraux soutiennent ceux qui font le sale boulot prratique à leur place."
Les yeux de Lucius se rétrécirent et prirent le reflet d'acier particulier qui trahissait une colère à peine contenue. " Je suggère que vous surveilliez votre langue, Igor. Ou préféreriez-vous que je suggère à Lord Voldemort qu'il vous fasse commander quelques unes des opérations les plus délicates? Torturer et les aspects les plus horribles de tuer ne sont pas exactement votre tasse de thé à moins que ma mémoire ne me trompe."
Karkaroff lui lança regard furieux. " Tout le monde ne peut pas aimer évider les Moldus, Malfoy."
Lucius était hors de son siège et se dirigeait d'un air menaçant vers l'autre sorcier en moins d'une seconde. " Je n'aime pas éventrer les Moldus, " siffla-t-il, " vous feriez mieux de garder cela à l'esprit. Cela doit être fait, et je le fais. Bien que je puisse reconsidérer mes préférences quand il s'agit de voir vos intestins se répandre partout sur le sol."
" Je n'ai pas impliqué-"
" Oh si, vous l'avez fait, Igor. Vous l'avez très certainement fait. Et comme je l'ai dit, vous devriez y penser à deux fois avant de dire des absurdités. Si vous sentez que vos responsabilités deviennent trop lourdes pour vous, dites le. Severus aura terminé son apprentissage dans moins d'un an et sera sans doute content de prendre votre place."
~~~~*~~~~
Finalement, Karkaroff ne dût pas aller jusque là afin de garantir son départ de Poudlard.
Vers la fin d'octobre, Lucius avait invité quelques uns de ses anciens camarades de classe et maintenant mangemorts à un dîner au Manoir Malfoy. Cela avait été le commentaire de Severus sur comment il était ridicule que, après tant d'années passées ensemble, les seules activités qu'ils partageaient maintenant dussent être des raids de mangemorts, qui avait provoqué l'idée. Qui plus est, il était communément connu que les Serpentards maintenaient et cultivaient toujours les liens qu'ils avaient formés pendant leurs années d'école- habituellement pas pour l'amitié mais parce que ces liens s'avéraient très utiles pour favoriser des carrières, faire des alliances économiquement et socialement satisfaisantes et en général pour gagner du pouvoir. Lucius et Severus étaient haut placés sur la liste des suspects du ministère-cadeau d'Alastor Maugrey et probablement aussi des Gryffondors Dorés-tandis que Heather n'y était pas. Ni Lestrange et son épouse. La réputation impeccable du père de St. Jean avait, du moins jusqu'ici, fourni une protection suffisante. Donc l'idée de ces rassemblements occasionnels où les suspects habituels se mêleraient aux innocents présumés, ne semblait pas du tout mauvaise, particulièrement si l'avertissement de Barty qu'ils étaient sinon constamment alors du moins de temps en temps surveillés se démontrait être plus qu'un simple produit de son cerveau paranoïaque.
Ainsi, les couples Malfoy et Lestrange, Heather, Owen et Severus étaient assis autour de la table de la salle à manger, appréciant un excellent repas et, étant donné la présence de Narcissa ne parlant strictement pas des affaires. Severus s'était souvent demandé pourquoi Lucius gardait sa femme complètement à l'écart d'une partie de sa vie qui n'était pas exactement non-importante quand il aurait été beaucoup plus facile de la partager avec elle. Non pas qu'il en sâche beaucoup au sujet du mariage, mais il supposait simplement qu'il serait préférable de ne pas surveiller chacun de ses mots quand on était en présence de son épouse. En plus de tout ceci, il ne comprenait pas du tout comment Lucius avait réussi à garder ces deux parties de sa vie soigneusement separées-Merlin savait que c'était assez difficile pour lui-même et il devait seulement s'arranger d'un vieux maître de potions un peu fou. A ce que Lucius lui avait dit, il avait dû mettre son épouse seulement deux fois sous oubliette, la première fois après leur mariage et la seconde après le rituel Beltane quand St. Jean et Tabitha s'étaient mariés. Cependant, il trouvait extrêmement reposant de consacrer une soirée à seulement parler du passé, à discuter d'un nom convenable pour le bébé que Narcissa attendait-la naissance était prévue pour février-et à s'engager dans des débats passionnés au sujet des chances que l'Angleterre avait de gagner la coupe du monde de Quidditch suivante.
Les Elfes de Maison venaient d'apporter le dessert ---- pour tout le monde excepté Narcissa, qui s'enthousiasmait devant une assiette de câpres, d'anchois et d'oignons au vinaigre, au grand amusement des autres- quand soudain Karkaroff arriva en roulant hors de la cheminée et resta allongé sur le tapis de cheminée, haletant et étreignant sa gorge .
" Narcissa, dehors. Maintenant!" dit brusquement Lucius. Son épouse obéit sans battre d'une paupière.
Quand la porte se fut refermée derrière elle, il s'avança à grandes enjambées vers la cheminée et donna un coup de pied nullement trop doux dans les côtes de Karkaroff. " Levez-vous idiot!" siffla-t-il, " Que vous est-il arrivé pour venir ici sans avertir d'abord? Quel est le problème?"
Karkaroff se souleva en position semi-assise, se soutenant sur ses mains. " Black, " grinça-t-il, " Black. a trrrouvé ."
Maintenant les autres s'étaient aussi levés et s'étaient rassemblés autour du sorcier encore haletant.
" Il a trouvé ?" dit Lestrange , " Mais comment? Nous n'avons pas beaucoup de temps, Igor. S'ils ont vraiment trouvé ils vous chercheront en un rien de temps. Et vous savez que Lucius est toujours l'un des premiers à être interrogé."
Karkaroff leva lentement la tête pour les regarder. " Je bavarrrdais avec un Serrrdaigle de septième année, qui semblait assez intérrrressé pourr entrrrer dans nos rrrrangs. Je ne sais pas comment ni pourrrquoi mais Black doit nous avoirrr suivi et avoirrr surrrrpris notre converrrrsation. Heureusement, il a été assez stupide pour ne pas courrirr dirrrectement au Dirrrecteur mais nous a immédiatement affrrronté. Alors je l'ai assommé et me suis enfui. J'ai pensé mieux de ne pas utiliser la Cheminette de Poudlarrrd, alorrrs j'ai quitté le château et me suis dirrrrigé verrrrs Prrré-au-Larrrd. Il n'y avait perrrrsonne aux trrrrois Balais et j'ai utilisé leur cheminée pourrrr venirrrr ici. "Que dois-je fairrre maintenant?" il laissa son regard anxieux errer sur eux. " Que dois-je fairrrre? Ils me trouverront et me jetterront à Azkaban." il enfouit son visage dans ses mains et commença à sangloter.
Lucius secoua la tête de dégoût évident. " Je me fiche totalement de ce que vous allez faire aussi longtemps que vous ne le faites pas dans ma maison, " cracha-t-il. Agrippant Karkaroff durement aux épaules, il le tira vers le haut en position debout. " M'entendez-vous, Igor? Vous devez partir! Peu importe où, mais quittez ma maison à l'instant!"
" Attendez, Attendez!" dit Lestrange, ôtant les mains de Lucius des robes de l'autre sorcier et s'avançant entre les deux hommes. " Ceci ne nous amènera nulle part. S'il transplane d'ici, vous savez aussi bien que moi que les Aurors pourront déceler la magie résiduelle. Ils peuvent être stupides, mais même eux savent additionner deux et deux. Igor-" il secoua Karkaroff - " Igor, resaisissez vous, pour l'amour de Merlin! Ecoutez. Vous allez utiliser la Cheminette pour aller d'ici à la Manticore Souriante à Douvres. Le propriétaire est un sympathisant. De là, vous marcherez directement en dehors de la ville et quand vous serez à une distance raisonnable, vous Transplanerez. Je suppose que les portes de Durmstrang vous sont encore ouvertes, n'est-ce pas ?"
Encore stupéfait, Karkaroff hocha la tête. "Oui. Oui, ils me laisserrrront rrrrester, du moins pourrrr quelque temps."
" Bien. Maintenant donnez-moi votre baguette. Non, l'officielle, espèce d'idiot."
C'était un signe de combien exactement Karkaroff était effrayé, sous le choc et affaibli, car il tendit sa baguette à Lestrange sans une seule objection. Lestrange la métamorphosa en un morceau de parchemin et le jeta dans la cheminée où il prit immédiatement feu. Karkaroff regarda silencieusement les étincelles multicolores que cela produisit, puis se maîtrisa visiblement, lança une pincée de poudre de Cheminette dans le feu et partit.
"Bon débarras!" murmura Lucius. Puis, plus fort et pour tout le monde " S'il vous plaît, retournez à table. Je suppose que nous aurons de la compagnie très bientôt."
Ils s'assirent et Severus dit "Ne croyez-vous pas qu'il serait mieux d'avoir Narcissa avec nous de nouveau?"
" Bien sûr, " acquiesça Lucius, il se releva et pour aller chercher son épouse. " S'ils arrivent avant que nous ne soyons de retour, elle ne se sentait pas bien et je l'ai accompagnée dans sa chambre. Le ciel soit loué pour les grossesses, " ajouta-t-il avec un petit sourire avant de refermer la porte.
~~~~*~~~~
Cette fois, ils durent regarder. Et ils savaient que cela voulait dire quelque chose de désagréable. Barty s'était tordu sur le sol pendant deux minutes complètes, et aucun des autres n'avait eu le courage d'interrompre sa punition. Severus était écoeuré. Le frisson qu'il avait ressenti les quelques premières fois où il avait regardé d'autres se faire torturer était parti maintenant. Il le sentait encore quand il jetait lui-même Doloris ou quand il tuait- la qualité de la sensation avait néanmoins changé. Au début cela avait été quelque chose de très proche de l'excitation sexuelle, tandis que maintenant c'était plus un sentiment grisant de puissance, l'intoxication de pouvoir infliger la douleur ou la mort à son caprice. Etre un simple témoin, regarder l'épreuve de Barty, le faisait se sentir impuissant, car il n'avait absolument aucun contrôle de la situation. Si peu, en fait, qu'il n'osa même pas s'avancer et demander à leur maître d'arrêter la torture. Tout ce qu'il pouvait faire était de regarder, impuissant, le tas enroulé serré sur le sol, qui ne hurlait même plus, probablement parce qu'il n'en avait pas la force. Tout ce qu'il faisait était de trembler convulsivement.
Finalement, Voldemort enleva le sortilège de Barty.
" Quand il se réveillera, dites lui qu'il est désormais simplement un mangemort comme tous les autres, " dit-il les yeux rouges enflammés, mais autrement parfaitement calme. " Owen McNair prendra sa place."
Il fit signe aux autres de s'occuper de lui. Severus et Lucius insérèrent une main sous ses bras-c'était assez difficile, car son corps tout entier semblait s'être crispé- le remirent sur ses pieds entre eux et transplanèrent au Manoir Malfoy.
" Ceci a l'air assez mauvais, non?" murmura Lucius quand ils l'eurent abaissé sur un fauteuil magiquement élargi ---c'était celui qu'ils avaient partagé au cours de la nuit de noce de Lucius.
" Quoi exactement?" demanda Severus " Barty ou la situation?"
" Je voulais dire Barty mais la situation ne me donne pas de crise de ravissement non plus."
Ils se mirent silencieusement au travail, tout d'abord en réveillant Barty, puis en lui donnant la potion et en lui faisant boire un verre d'eau toutes les quinze minutes.
" Ce n'était pas de sa faute " dit Severus après qu'ils lui aient fait engloutir son second verre.
"Non, " acquiesça Lucius, " je suppose que non. Mais alors tu sais comment c'est. Voldemort veut des résultats, pas des excuses."
De nouveau, ils retombèrent dans le silence, chacun suivant sa propre suite d'idées. Deux heures plus tard, Severus administra une autre dose de potion à leur compagnon presque comateux.
" Il n'y a aucune nécessité à ce que tu restes ici cette nuit, " dit Lucius de manière fatiguée. " Je peux prendre soin de lui tout seul. Pour te dire la vérité je préférerais même être seul-eh bien, en quelque sorte, étant donné que Barty ne compte pas vraiment ."
" Es-tu sûr que tu réussiras à rester éveillé ?"
"Oui, absolument. Rentre chez toi, Severus, et soûle toi. C'est le mieux que tu puisses faire dans ces circonstances."
Ainsi Severus Transplana chez lui. Il n'avait aucune intention de suivre le conseil de Lucius de s'enivrer royalement, mais il se versa un whisky et s'assit près de la cheminée. Il avait besoin de penser.
Voir Lucius dans un tel état d'abattement avait été à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que Severus lui-même n'était pas le seul qui semblait être profondément secoué par ce à quoi il avait assisté. Vrai, Barty avait échoué, mais d'un autre côté cela avait été une mission à court terme presque impossible à exécuter avec succès dans le petit délai qu'il y avait eu. Vrai, il avait raté cette mission et quelques autres. Mais tout ceci n'effaçait pas la conscience que la même chose pourrait arriver à chacun d'eux n'importe quand. Severus présumait que c'était ce qui avait dérangé Lucius autant que lui-même. Alors il n'était pas le seul à avoir l'impression de marcher sur une corde raide. Il connaissait cependant Lucius depuis de nombreuses années et était suffisamment familier avec son caractère pour savoir qu'il fallait beaucoup de pression pour vraiment le secouer. Et c'était exactement pourquoi il était si agité. Il aurait pu mettre sa propre anxiété sur le compte de son sentiment permanent de culpabilité, ramenant ainsi ceci à un simple problème personnel. Voir que Lucius était également préoccupé était une chose totalement différente néanmoins.
Il prit une petite gorgée de son verre et essaya de se calmer en caressant le poil noir et luisant d'Esmeralda. Pendant un moment éphémère il se sentit déchiré, tant que cela faisait physiquement mal. Il savait qu'il devait faire quelque chose pour empêcher ceci de devenir un état d'esprit permanent. Il était impossible de continuer comme ceci, mis en pièces par son admiration profonde pour Voldemort d'un côté et sa peur de lui de l'autre. Seulement, il n'avait aucune idée de comment rassembler les deux moitiés. Quand Elias réclama sa due part de l'affection de Severus, il rendit ce service à l'oiseau mais était si épuisé qu'il pouvait à peine lever la main. La présence du corbeau lui avait donné une idée, néanmoins. Il allait écrire une lettre à Clarissa. Cela avait toujours aidé à mettre ses pensées d'abord en ordre puis sur le papier, alors peut-être aurait-ce un effet réparateur maintenant.
Les deux familiers semblaient sentir le trouble interne de leur maître, car ils le suivirent en haut dans son bureau-laboratoire et s'installèrent près de ses coudes quand il commença à écrire.
Chère Clarissa
Je sais que je ne devrais pas te charger du poids de mes propres soucis mais peut-être que je n'enverrai même pas cette lettre. Peut-être est-ce seulement une sorte de journal, dans lequel je peux déverser toutes mes pensées et mon anxiété. Tu sais que je t'envie quelquefois? Aujourd'hui est certainement un de ces jours. Je t'envie pour avoir tout laissé derrière toi, pour être libre et indépendante. Probablement que tu te sens aussi seule. Mais pour dire la vérité moi aussi. Et je porte ce fardeau qui menace de m'accabler, de m'écraser.
Mais je suppose que je devrais commencer au commencement. Tu te rappelles de Lily Evans, n'est-ce pas? La belle rousse qui avait l'habitude de trainer avec les Gryffondor Dorés et semblait être plutôt attachée à Potter. Potter, Black et Londubat se sont enrôlés à l'Académie des Aurors, et elle l'a fait aussi. Un autre esprit brillant perdu pour la science et la recherche, mais ce n'est pas la question.
Il était de connaissance commune que Potter et Evans devaient se marier quelque part en octobre. Etant donné la triste notoriété de ce type, nous nous attendions plus ou moins à ce que le commérage habituel (invités, lieu- tu sais ce genre de choses) soit dans tous les journaux. Au milieu d'octobre, rien n'avait encore transpiré. Cela n'aurait pas été mauvais en lui-même, car je ne m'intéresse pas trop aux descriptions détaillées des événements de société. Mais Lord Voldemort pensait que ce serait l'occasion idéale de frapper un coup mémorable contre le Ministère-après tout, on pouvait raisonnablement s'attendre à ce que tout le monde soit là. Mais il était impossible de découvrir quoi que ce soit.
Ensuite, Barty a surpris une conversation entre deux fonctionnaires du ministère, qui discutaient de l'événement. Il a apporté à Voldemort l'information que le sortilège de Fidelius avait été utilisé pour garder l'heure et le lieu du mariage secrets. Tu sais comment marche le sortilège -il aurait été impossible de voir quoi que ce soit qui se passait, même en étant assis à une distance d'un mètre de l'heureux couple. Barty a eu la bonne chance - eh bien cela s'est révélé être plutôt une malchance-de saisir aussi le nom du gardien secret : ce n'était autre que Sirius Black. Black de tout le monde-je t'ai dit qu'il enseigne la DCFM à Poudlard, n'est- ce pas? Ce qui veut dire qu'il est impossible de l'atteindre, maintenant que Karkaroff n'est plus là .
Lord Voldemort, cependant, avait décidé qu'il voulait utiliser ce mariage pour faire un exemple et a ordonné à Barty d'attraper Black. Inutile de dire qu'il n'y est pas arrivé. Il n'y a pas grand chose que je dirais en faveur de Barty, mais je dois concéder que personne, peut-être pas même Lord Voldemort lui-même, n'aurait réussi. Peut-être était-ce seulement un moyen de se débarrasser de Barty, qui sait? Voldemort était mécontent de lui depuis longtemps.
Alors Barty avait exactement trois jours pour attraper Black, comme nous le savons maintenant, car le mariage a eu lieu hier, lors d'Halloween. Aujourd'hui c'était dans tous les journaux.
Je suis rentré à la maison il y a environ une demi-heure, après avoir vu Barty être torturé presque à mort-je n'ai aucune idée de ce qu'il dira au vieux Croupton cette fois ci, car il est impossible de dissimuler les effets secondaires si le sortilège a duré plus que deux minutes- et l'avoir traîné au Manoir Malfoy où Lucius et moi avons essayé de faire ce que nous pouvions pour lui, ce qui n'était pas grand chose.
Et maintenant je suis assis là, à t'écrire et je me sens plus effrayé que je ne l'ai jamais été de ma vie. Je ne sais pas ce qui se passe, Clarissa. Je sens seulement que Lord Voldemort n'est pas le même homme que celui que nous avons rencontré il y a tant d'années au Manoir. Il n'est pas même le même que quand je suis allé le voir l'été dernier. Il y a eu un changement, une partie en est visible, principalement dans ses yeux, mais sa personnalité est. oh je ne sais même pas comment la décrire. Il est devenu si évasif, si inaccessible. Imprévisible, aussi. Nous ne sommes pas des Gryffondors, et par notre nature-même nous ne demandons pas que tout soit bien et juste et explicable. Mais même le sens de justice d'un Serpentard aussi réduit qu'il puisse être, est agité par l'injustice flagrante. Ou peut-être n'est-ce même pas cela. Peut-être que j'essaye de masquer ma peur ascendante par des sentiments plus nobles.
Je doute que même toi tu eûs pu entièrement apprécier la vue de Barty réduit à de la chair convulsée-et je n'ose même pas penser à ce que le traitement de ce soir a pu faire à son cerveau- avec ton esprit étant titillé par la conscience que ceci pourrait t'arriver aussi, non pas parce que tu as échoué, non pas parce que tu as fait une grave erreur, mais simplement parce qu'Il le veut. A condition que Barty ne souffre pas de dégâts à long terme, il a encore de la chance-bien qu'il semble ridicule d'utiliser ce mot dans un tel contexte- parce qu'il restera dans nos rangs, privé de ses fonctions, mais avec deux bras et ses pouvoirs magiques intact. Et vivant.
Je crois que Lucius abritait des pensées semblables ce soir. Je suis pas tout à fait sûr pour St. Jean. Peut-être parce qu'il est plus vieux que nous autres ou peut-être aussi parce que Tabitha, cette petite fanatique ambitieuse, le pousse constamment et l'imprègne de son propre désir ardent de servir Voldemort. Je l'ai toujours considérée comme une néophyte extraordinairement prometteuse, mais il semble que je l'aie encore sous- estimée. Voyons voir comment Owen va s'intégrer dans notre cercle. Il était plus que reconnaissant de ne pas avoir été choisi comme remplaçant de Julius, et je suppose qu'il ne sera pas trop heureux de la promotion qu'il a reçue maintenant. A la fois parce qu'il devra commander des opérations et ainsi renoncer au plaisir d'ingérer des doubles doses d'aphrodisiaque, et parce que maintenant il est sur la ligne de front. Owen-ceci est mon opinion personnelle mais je pense que j'ai raison- ne veut pas autant le pouvoir qu'il veut assouvir ses instincts et gagner de l'argent, de préférence les deux en même temps. Mais c'est un parent de sang de Voldemort et par conséquent il a le droit d'avoir une haute position dans ses rangs.
L'épuisement réclame son dû-je vais aller me coucher maintenant. J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé, et j'espère avoir de tes nouvelles bientôt. Ne t'inquiète pas trop pour moi, tout se passera bien pour moi, même si ces cinquante centimètres de parchemin remplis de discours creux semblent indiquer le contraire.
Ton
Severus
~~~~*~~~~
" Bonsoir, Severus, " dit Owen quand le dernier du groupe des quatre se matérialisa dans la salle de dessin de la maison des McNairs qu'il leur avait indiquée pour Transplaner. "Merci à tous d'être venu après un avis si tardif. Mais il semble que nous ayions un visiteur important ce soir. Quelqu'un veut du Brandy?"
" Je préférerais un whisky " dit Lucius et les autres furent d'accord.
" Wisky, alors." Owen remplit leurs verres.
" Alors, ce visiteur?" demanda Lestrange quand ils se furent tous installés.
"Il devrait arriver d'un instant à l'autre maintenant. C'est Rookwood du ministère, vous savez, le langue-de-plomb. Il semble qu'il ait quelque chose d'important à nous dire."
" N'a-t-il rien dit d'autre?" demanda Lucius, clairement contrarié, " je déteste cette sorte de comportement secret. Il pourrait gaspiller notre temps avec quelque chose d'absolument pas important."
" Je ne crois pas " dit Owen. " Mais tu sais comment sont ces Langues-de- Plomb. Des années et des années de secret ont tendance à laisser des traces. De toute façon, je ne crois pas qu'il nous aurait contactés à moins que ce qu'il ait à nous dire ne soit vraiment important. Ils ne prennent pas de risques pour des vétilles sans importance."
"Dieux, Owen, " murmura Severus en frissonnant, " Ne connais-tu pas de charme anti courant d'air? Il fait un froid du diable ici."
Lestrange gloussa. " Tu es simplement trop mince, Severus. Gelé complètement en un rien de temps. Pourquoi ne--"
"Bonsoir."
Rookwood était arrivé par Cheminette, et tous quatre se retournèrent pour le regarder. Severus ne l'avait jamais vu et doutait que les autres l'aient déjà vu. Le contact de cet homme avait toujours été Barty, puisqu'il était plus sûr de garder les connaissances personnelles au minimum strictement nécessaire. Ce soir était une exception. Une exception potentiellement dangereuse, car même s'ils ne se présentèrent certainement pas au Langue de Plomb, il n'y avait aucun moyen qu'il n'identifie pas immédiatement Lucius comme un Malfoy-en dehors du fait qu'il était connu de toute façon- et il était plus que probable qu'il reconnaisse Lestrange aussi.
Severus le regarda se tenir debout, attendant que Owen convoque un autre siège et lui passe le verre de whisky qu'il avait accepté avec reconnaissance. Rookwood semblait être dans la fin de sa soixantaine à en juger du gris qui tachetait les cheveux, d'un brun rougeâtre autrement, et par les rides qui marquaient son visage. En tout, Severus pensa qu'il était une personne complètement quelconque, mais cela pourrait tout aussi bien être dû à un sortilège d'apparence spécifique ou simplement à son état de Langue de Plomb. Ces gens particuliers ne voulaient pas exactement attirer l'attention sur eux-mêmes.
" J'ai des informations très importantes pour vous, " commença Rookwood. "Hier j'ai par hasard surpris une conversation-" il prit une gorgée de whisky - "eh bien, plutôt échauffée dans le bureau du ministre. Pas que ce fait soit intéressant en lui-même, " dit-il avec un petit sourire " mais cela devient extrêmement important étant donné l'identité de l'adversaire du ministre. Aimeriez-vous que j'élabore ou préféreriez vous voir cela immédiatement ?"
La signification de sa question devint claire quand il sortit un petit objet de la poche de son manteau et le tapota de sa baguette pour lui rendre sa taille originelle. C'était une pensine.
"Eh bien, " dit Severus avec hésitation " je pense que nous pourrions tout aussi bien y jeter un coup d'oeil tout de suite, ne pensez-vous pas?"
Les autres hochèrent la tête. Owen appela une petite table, sur laquelle la pensine fut placée; ils déplacèrent leurs sièges de manière à être assis en cercle autour de la table- sauf Rookwood, qui s'était rapproché de la cheminée-et, après avoir compté jusqu'à trois, touchèrent en même temps le liquide argenté. La sensation de tomber, bien que son esprit rationnel sache parfaitement bien qu'il était encore assis dans son siège, avait toujours troublé Severus. Quand il eut surmonté cela, il regarda autour de lui et vit que lui et les trois autres se trouvaient dans un bureau richement décoré, ses murs étaient décorés d'acajou, les fenêtres étaient cachées par des rideaux lourds de velours couleur moutarde. Il y avait un énorme bureau d'acajou, derrière lequel Geoffrey Windham, le ministre de la magie, était assis, apparemment dans une agitation extrême. Ce qui fit hoqueter les quatre hommes de surprise, cependant, était l'homme arpentant actuellement la pièce. Il ne semblait pas moins fâché que le ministre. Et ce n'était autre qu'Albus Dumbledore.
Après un moment il arrêta son va-et-vient et marcha à grandes enjambées vers le bureau pour poser ses mains dessus, se penchant en avant et regardant Windham droit dans les yeux. " Vous ne pouvez pas continuer comme ceci, Geoffrey et vous le savez. Ceci n'est pas la démence aléatoire de quelque sorcier sombre capricieux qui a eu assez de chance pour rassembler une poignée de partisans. Ceci a de la méthode, et le plan derrière est clairement visible. Pourquoi le niez-vous de manière entêtée? Pourquoi ne croyez-vous pas ceux qui le voient, Geoffrey? Si j'étais le seul à essayer de vous faire entendre raison, je comprendrais votre réticence. Mais nous sommes nombreux et nous avons essayé tant de fois de vous persuader que j'en ai perdu le compte. Pourquoi préférez-vous fermer les yeux?"
Le ministre, un homme mince aux cheveux gris avec une moustache tombante qui donnait à son visage une expression encore plus fatiguée, poussa un soupir profond. " Malgré ce que vous pensez probablement, Albus, je n'ignore pas les conseils que je reçois constamment. Et après l'incident avec Karkaroff j'ai même tendance à croire qu'il y a de la méthode à cette folie." Dumbledore fit un mouvement impatient. "Oui Albus, j'ai dit tendance et je voulais bien dire cela. Ou êtes-vous vraiment en train d'essayer de me convaincre que les attaques verbales contre le ministère et la mise en application de la loi sont le signe d'une conspiration universelle? C'est ridicule, Albus, ridicule, et vous le savez. Ne me lancez pas ce regard enflammé. J'ai été ministre pendant de nombreuses années, et j'ai vu plus de dénigrement du ministère et de calomnies sur les Aurors que vous pourriez l'immaginer . C'est le moyen le plus facile pour eux-le ministère et la bureaucratie en général sont toujours des boucs- émissaires bon marchés."
Les mains de Dumbledore agrippaient le bord du bureau si convulsivement que ses phalanges ressortaient, livides, sur sa peau déjà pâle. " La campagne contre vous et le ministère n'est qu'une partie du plan global, Geoffrey. Une partie petite mais importante. Ne pouvez-vous pas voir que chaque attaque, chaque massacre sert soit à intimider la population soit à faire parvenir un de leurs membres à une position clé?"
Windham se pencha en arrière dans son siège. " Maintenant ne soyez pas absurde, Albus. Ou insinuez-vous sérieusement que la crise cardiaque de Greenbaum était l'oeuvre d'un sorcier sombre? Ou que Mac Allan est un partisan de Vous-Savez-Qui?"
" Voldemort!" siffla Dumbledore en se penchant encore plus avant, " Son nom est Voldemort! Vous n'osez pas dire son nom mais vous avez le culot de me regarder en face, tout en me disant qu'il est moins dangereux que je ne le pense? C'est un mensonge, Geoffrey, un maudit et lâche mensonge!"
Ceci fut suffisant pour faire perdre son calme au ministre. Il se leva d'un bond de son siège, contourna la table et se tint devant Dumbledore. Il dut lever les yeux pour croiser son regard, car Windham était considérablement plus petit.
" Je ne suis pas un poltron, Albus et je ne réussis pas à voir ces plans funestes que vous clamez être ceux de Vous Savez Qui. Il y a une chose que je peux très bien reconnaître néanmoins, et c'est votre ambition!" il poignarda la poitrine de Dumbledore avec son index. " Vous voulez devenir Ministre de la Magie, vous voulez diriger ce pays et tout prétexte, même mince et usé, est bon pour vous! Vous voulez que je démissionne pour prendre ma place! Avez-vous cru que je ne l'avais pas compris immédiatement? Croyez-vous que je ne sais pas ce que vous concoctez dans votre école ? Vous rassemblez des partisans, Albus Dumbledore, tout comme Vous Savez Qui et vous voulez prendre la relève, n'est-ce pas? Seulement vous êtes venu ici en premier pour voir si je ne pourrais pas simplement faire ce que vous voulez. Mais si je refuse? Jusqu'où projetez-vous d'aller? Essayerez-vous un coup d'Etat? Me congédierez-vous par la force? Me tuerez-vous? Dites moi, Albus, quels sont vos plans?"
Il y eut un long silence après cette explosion. Dumbledore se tenait immobile, ses mains tremblant un peu, les épaules avachies- tout entier un homme vaincu.
" Très bien, Geoffrey, " dit-il " Si c'est ce que vous croyez, je n'ai rien de plus à vous dire. je-" il passa sa main droite sur ses yeux -" Je déteste devoir dire ceci mais ceci veut dire la fin de notre collaboration. Je ne chercherai pas d'aide de votre part-Poudlard peut très bien se défendre, si le pire devait arriver. Et je refuse désormais de vous donner des conseils, de l'aide ou quoi que vous puissiez me demander à l'avenir. C'est vraiment la fin. Au revoir, Geoffrey, et puisse Merlin vous protéger ."
Le souvenir était terminé et les quatre hommes, maintenant de retour dans leurs sièges à la fois par l'esprit et le corps, se regardèrent les uns les autres avec une surprise muette.
"Eh bien, si cela n'est pas de bonnes nouvelles ." dit finalement Lestrange.
" Que pensiez-vous?" vint la voix de Rookwood de derrière eux, " Que j'aurais pris le risque de venir ici seulement pour vous dire que le ministre était constipé?"
" La question est " dit pensivement Severus" Comment allons-nous utiliser ceci?"
'Nous devrons seulement surveiller et attendre le bon moment pour donner la poussée finale' avaient été les mots que Voldemort lui avait dits. Il semblait que le moment soit finalement venu.
~~~~*~~~~
Même parmi les Langues de Plomb, le commérage était un passe-temps très en vogue. Ainsi il n'était pas trop manifeste que Rookwood mentionne nonchalamment la dispute entre Dumbledore et le ministre à quelques uns de ses collègues pendant qu'ils prenaient un whisky après le travail. Telles avaient été les instructions qu'il avait reçues peu après sa visite chez les McNairs. Et c'était un morceau trop savoureux pour qu'il reste tû. Très bientôt, Rookwood rapporta que la nouvelle de la dispute, convenablement embellie et défigurée en passant par tant de bouches, s'était suffisamment répandue dans le ministère pour continuer avec l'étape suivante.
Deux jours avant le dix-neuvième anniversaire de Severus, lui, Lestrange et un groupe de dix mangemorts transplanèrent à proximité de la résidence du ministre. Il était tôt ce matin là, et la nuit sombre et brumeuse n'était pas encore éclairée par l'aube. Le bâtiment n'était pas très fortement protégé, parce que le ministre avait refusé de montrer des signes de peur. Par conséquent, seuls cinq Aurors patrouillaient dans la propriété, leur vêtement blanc en faisant des cibles faciles pour les agresseurs. Chacun d'entre eux fut assailli par deux mangemorts, par simple précaution, afin d'éviter les complications importunes. Quand les gardes eurent été éliminés, le groupe se répartit dans la propriété pour protéger leurs chefs pendant qu'ils entraient dans le bâtiment.
" Oh, pour l'amour du ciel!" dit Lestrange , complètement exaspéré "Combien de maudits Elfes de Maison ont-ils ici? Mon score est de trois maintenant, et toi?"
" Quatre, " répondit Severus, " Non, . Avada Kedavra ! Cinq. Maudits casse- pieds! C'est comme une course d'obstacles pour débutants."
Lestrange renifla moqueusement. " En effet. Maintenant où est cette chambre?"
Ils étaient arrivés au premier étage, où un long couloir menait loin de l'escalier des deux côtés, et regardaient la multitude de portes fermées.
" Etant donné que nous n'avons pas le temps de faire une visite guidée, je suppose que nous devrions exécuter un simple sortilège de positionnement, " suggéra Severus.
" En effet. Inveniatur Windham !" La baguette de Lestrange pointa le couloir à leur droite et ils la suivirent jusqu'à ce que, avec une vive saccade, elle indique une porte du côté gauche.
Elle s'ouvrit avec un simple Alohomora -il aurait été bien sûr possible de l'ouvrir simplement à la main mais le sortilège garantissait qu'aucun bruit de grincement ou de grattement n'éveillerait les dormeurs.
" Comment les gens réussissent à dormir avec leurs rideaux de lit complètement tirés est un mystère pour moi, " chuchota Severus, " je deviendrais claustrophobe!"
" Sans parler du manque d'oxygène, " acquiesça Lestrange. " Pas qu'il en ait un quelconque besoin dans le futur proche ."
"Chut, St. Jean, ne me faites pas rire!"
Ils avaient atteint le lit à baldaquins géant et avec un petit coup de leurs baguettes, jettèrent les rideaux en l'air si bien qu'ils retombèrent sur le dessus du ciel de lit. Le doux bruit battant fit remuer les occupants du lit dans leur sommeil.
"Bonjour!" dit Lestrange de sa meilleure manière pour Se-Lever-De-Bonne- Humeur, " Il est l'heure de se réveiller, même si ce n'est pas pour longtemps."
Windham fut immédiatement réveillé et s'assit rapidement, regardant fixement les deux silhouettes masquées avec horreur et incrédulité. " Que. que voulez-vous?" demanda-t-il.
" Je vais vous donner un indice " dit Severus, " Ce n'est pas le service du petit-déjeuner."
La pomme d'Adam du ministre s'agita de haut en bas quand il avala convulsivement. " Vous êtes venus. vous êtes venus me tuer, n'est-ce pas ?"
Son épouse, une dame âgée remarquablement laide, se souleva sur ses coudes et regarda les visiteurs, son expression aussi incrédule que celle de son époux.
"Exactement , " dit Lestrange " et je suis vraiment désolé que nous n'ayons pas le temps de vous donner des explications, car nous travaillons avec un programme serré ici."
La pièce fut brièvement baignée de la lumière verte des sortilèges de mort, et les deux hommes sortirent rapidement de la chambre, redescendirent et sortirent du bâtiment. L'éclat vert avait été le signe pour le groupe de se rassembler devant la porte d'entrée et ils étaient déjà au complet quand Severus et Lestrange sortirent de la maison .
" Excellent " dit Lestrange, "Maintenant venez, mesdames et messieurs, nous devons mettre au moins cent mètres entre nous et le bâtiment."
Le groupe d'éloigna au pas de la maison, en silence, et quand la distance fut suffisamment grande, ils s'arrêtèrent.
" Baguettes prêtes?" demanda Severus. Douze baguettes furent levées à hauteur d'épaule. " Bien. Nous visons la porte de devant. Rappelez-vous, vous devez transplaner immédiatement après le sortilège, autrement vous risqueriez d'être frappés par un morceau de pierre. A trois, donc. Un-deux- trois-Reducto!"
La force de douze sortilèges frappa le bâtiment avec la force d'une bombe, mais les mangemorts étaient déjà partis. Ils eurent la satisfaction cependant de voir la photo de l'étendue de gravats qu'était devenue la résidence du ministre, en première page de la Gazette des Sorciers du jour suivant. Le titre était encore plus gratifiant. On pouvait lire: MINISTRE WINDHAM ET SA FEMME ASSASSINES-ATTAQUE TERRORISTE OU COUP D'ETAT?
Finalement, cela avait été la position de Karkaroff en tant que seul espion de Voldemort à Poudlard qui avait sauvé sa misérable peau. Il n'aurait autrement pas survécu à la rencontre avec le seigneur des ténèbres. Pas qu'il soit vraiment juste de le blâmer pour toute l'histoire, en fait, c'était aussi injuste que d'avoir puni Julius Malfoy et les trois autres pour ne pas avoir poussé Malfoy au poste de Greenbaum. Seulement Karkaroff était tout à fait une autre histoire. Severus l'avait détesté immédiatement dès la première fois où il l'avait vu, et ses sentiments n'avaient pas changé. Au contraire, ils s'étaient intensifiés. L'aversion était mutuelle néanmoins, et après que Severus et les autres aient purement et simplement refusé d'être inclus dans la punition, les couteaux étaient certainement tirés. Pas que Karkaroff ait de grandes chances contre eux, car malgré les occasionnelles disputes ou frictions entre eux, les quatre jeunes chefs se tenaient comme un seul homme contre le Bulgare qu'ils n'hésitaient pas à appeler un ennemi. Il avait besoin d'eux tout de même, et il le savait. Voldemort avait été si mécontent de lui qu'il avait refusé de le voir à moins qu'il n'y ait de véritable urgence; et Karkaroff savait qu'il ne valait mieux pas approcher directement son maître pour quelque chose d'autre qu'une catastrophe. Il devait néanmoins faire des rapports périodiquement, et cela l'humiliait visiblement que ce soit toujours les quatre hommes de confiance qui l'interrogent et le questionnent et le poussent.
" Eh bien alors, Igor, " dit Lestrange, se penchant en arrière dans le fauteuil devant la cheminée de Severus, " dites nous ce qui se passe à Poudlard. Nous avons dépassé la fin du premier mois du trimestre d'automne maintenant, alors je suppose que vous avez rassemblé des nouvelles intéressantes."
Le Bulgare regarda fixement et maussadement son verre de whisky. " Je n'ai pas grrrand chose à dirrre, " dit-il et Severus pensa qu'il se comportait comme un première annnée entêté. Cela n'allait pas lui faire grand bien, particulièrement avec Lucius, qui pouvait se mettre très en colère quand il sentait de l'insubordination.
" Alors je suggère que vous nous disiez le peu de choses qu'il y a " dit brusquement Lucius.
" Eh bien, en fait j'ai un grrros prrroblème, qui s'appelle Sirrrius Black. Cet homme me déteste."
" Vraiment?" demanda Lucius avec ce qui se voulait être de l'étonnement, "Je ne comprends vraiment pas pourquoi qui que ce soit vous détesterait ."
Barty gloussa, et Lestrange cacha un sourire derrière son verre de cognac. D'une certaine manière, mais seulement de vraiment, vraiment loin, Severus avait pitié de Karkaroff. Après tout, cet homme était de vingt ans leur ainé-sauf pour Lestrange, bien sûr, qui n'avait que dix ans de moins-et ne manquait ni de talent ni d'intelligence, mais tout de même ils étaient ses supérieurs et il devait reconnaître cela, par peur des conséquences que la désobéissance pourrait apporter.
" Quand vous en aurrrez terrrminé avec vos commentairrrres puérrrrrils, Lucius, peut-êtrrre que je pourrrrrais continuer. Je ne me soucie pas des sentiments de Black enverrrrs moi, mais ce qui rrrend cet homme trrrès rrréel et prrrobablement un rrisque dangeurrreux est qu'il semble m'espionner."
" Espionner?" fit écho Barty. " pourquoi vous espionnerait-il ? Croyez-vous que Dumbledore lui a donné l'ordre de garder l'oeil sur vous?"
Karkaroff caressa sa barbiche. "Non, " dit-il finalement " je ne crrrrois pas. Définitivement pas. J'ai le sentiment que c'est le prrrroprrrre petit prrrrojet de Black. Je n'ai jamais été sur la liste des suspects du ministère, autant que je puisse le dirrre-je n'ai jamais rrrreçu de visite d'Aurors, si c'est une quelconque indication. Voulant dirrrre que j'exclus prrrratiquement le ministère comme marrrrionnettistes possibles tirrrant ses ficelles. Non, je suis sûrrr que c'est quelque chose qu'il fait tout seul."
" Ce qui n'exclut pas la possibilité qu'il ait pu le dire à quelqu'un " remarqua Severus. " peut-être pas Dumbledore mais un de ses petits amis. Ils sont tous des Aurors complètement qualifiés maintenant, et ce serait un peu difficile si vous éliminiez Blackie-boy, seulement pour voir un bataillon entier d'Aurors sur vos talons, hurlant pour demander votre sang."
Barty tendit son verre pour qu'il fut rerempli. "Vous savez, " dit-il à Karkaroff, " je ne pense vraiment pas que vous ou nous puissions faire quelque chose dans cette situation. Vous devez simplement être très prudent, plus encore qu'avant."
" Merrrrci beaucoup pour votrrrre conseil, " répliqua sarcastiquement Karkaroff " Il est bon de savoirrr que les quarrrtiers générrraux soutiennent ceux qui font le sale boulot prratique à leur place."
Les yeux de Lucius se rétrécirent et prirent le reflet d'acier particulier qui trahissait une colère à peine contenue. " Je suggère que vous surveilliez votre langue, Igor. Ou préféreriez-vous que je suggère à Lord Voldemort qu'il vous fasse commander quelques unes des opérations les plus délicates? Torturer et les aspects les plus horribles de tuer ne sont pas exactement votre tasse de thé à moins que ma mémoire ne me trompe."
Karkaroff lui lança regard furieux. " Tout le monde ne peut pas aimer évider les Moldus, Malfoy."
Lucius était hors de son siège et se dirigeait d'un air menaçant vers l'autre sorcier en moins d'une seconde. " Je n'aime pas éventrer les Moldus, " siffla-t-il, " vous feriez mieux de garder cela à l'esprit. Cela doit être fait, et je le fais. Bien que je puisse reconsidérer mes préférences quand il s'agit de voir vos intestins se répandre partout sur le sol."
" Je n'ai pas impliqué-"
" Oh si, vous l'avez fait, Igor. Vous l'avez très certainement fait. Et comme je l'ai dit, vous devriez y penser à deux fois avant de dire des absurdités. Si vous sentez que vos responsabilités deviennent trop lourdes pour vous, dites le. Severus aura terminé son apprentissage dans moins d'un an et sera sans doute content de prendre votre place."
~~~~*~~~~
Finalement, Karkaroff ne dût pas aller jusque là afin de garantir son départ de Poudlard.
Vers la fin d'octobre, Lucius avait invité quelques uns de ses anciens camarades de classe et maintenant mangemorts à un dîner au Manoir Malfoy. Cela avait été le commentaire de Severus sur comment il était ridicule que, après tant d'années passées ensemble, les seules activités qu'ils partageaient maintenant dussent être des raids de mangemorts, qui avait provoqué l'idée. Qui plus est, il était communément connu que les Serpentards maintenaient et cultivaient toujours les liens qu'ils avaient formés pendant leurs années d'école- habituellement pas pour l'amitié mais parce que ces liens s'avéraient très utiles pour favoriser des carrières, faire des alliances économiquement et socialement satisfaisantes et en général pour gagner du pouvoir. Lucius et Severus étaient haut placés sur la liste des suspects du ministère-cadeau d'Alastor Maugrey et probablement aussi des Gryffondors Dorés-tandis que Heather n'y était pas. Ni Lestrange et son épouse. La réputation impeccable du père de St. Jean avait, du moins jusqu'ici, fourni une protection suffisante. Donc l'idée de ces rassemblements occasionnels où les suspects habituels se mêleraient aux innocents présumés, ne semblait pas du tout mauvaise, particulièrement si l'avertissement de Barty qu'ils étaient sinon constamment alors du moins de temps en temps surveillés se démontrait être plus qu'un simple produit de son cerveau paranoïaque.
Ainsi, les couples Malfoy et Lestrange, Heather, Owen et Severus étaient assis autour de la table de la salle à manger, appréciant un excellent repas et, étant donné la présence de Narcissa ne parlant strictement pas des affaires. Severus s'était souvent demandé pourquoi Lucius gardait sa femme complètement à l'écart d'une partie de sa vie qui n'était pas exactement non-importante quand il aurait été beaucoup plus facile de la partager avec elle. Non pas qu'il en sâche beaucoup au sujet du mariage, mais il supposait simplement qu'il serait préférable de ne pas surveiller chacun de ses mots quand on était en présence de son épouse. En plus de tout ceci, il ne comprenait pas du tout comment Lucius avait réussi à garder ces deux parties de sa vie soigneusement separées-Merlin savait que c'était assez difficile pour lui-même et il devait seulement s'arranger d'un vieux maître de potions un peu fou. A ce que Lucius lui avait dit, il avait dû mettre son épouse seulement deux fois sous oubliette, la première fois après leur mariage et la seconde après le rituel Beltane quand St. Jean et Tabitha s'étaient mariés. Cependant, il trouvait extrêmement reposant de consacrer une soirée à seulement parler du passé, à discuter d'un nom convenable pour le bébé que Narcissa attendait-la naissance était prévue pour février-et à s'engager dans des débats passionnés au sujet des chances que l'Angleterre avait de gagner la coupe du monde de Quidditch suivante.
Les Elfes de Maison venaient d'apporter le dessert ---- pour tout le monde excepté Narcissa, qui s'enthousiasmait devant une assiette de câpres, d'anchois et d'oignons au vinaigre, au grand amusement des autres- quand soudain Karkaroff arriva en roulant hors de la cheminée et resta allongé sur le tapis de cheminée, haletant et étreignant sa gorge .
" Narcissa, dehors. Maintenant!" dit brusquement Lucius. Son épouse obéit sans battre d'une paupière.
Quand la porte se fut refermée derrière elle, il s'avança à grandes enjambées vers la cheminée et donna un coup de pied nullement trop doux dans les côtes de Karkaroff. " Levez-vous idiot!" siffla-t-il, " Que vous est-il arrivé pour venir ici sans avertir d'abord? Quel est le problème?"
Karkaroff se souleva en position semi-assise, se soutenant sur ses mains. " Black, " grinça-t-il, " Black. a trrrouvé ."
Maintenant les autres s'étaient aussi levés et s'étaient rassemblés autour du sorcier encore haletant.
" Il a trouvé ?" dit Lestrange , " Mais comment? Nous n'avons pas beaucoup de temps, Igor. S'ils ont vraiment trouvé ils vous chercheront en un rien de temps. Et vous savez que Lucius est toujours l'un des premiers à être interrogé."
Karkaroff leva lentement la tête pour les regarder. " Je bavarrrdais avec un Serrrdaigle de septième année, qui semblait assez intérrrressé pourr entrrrer dans nos rrrrangs. Je ne sais pas comment ni pourrrquoi mais Black doit nous avoirrr suivi et avoirrr surrrrpris notre converrrrsation. Heureusement, il a été assez stupide pour ne pas courrirr dirrrectement au Dirrrecteur mais nous a immédiatement affrrronté. Alors je l'ai assommé et me suis enfui. J'ai pensé mieux de ne pas utiliser la Cheminette de Poudlarrrd, alorrrs j'ai quitté le château et me suis dirrrrigé verrrrs Prrré-au-Larrrd. Il n'y avait perrrrsonne aux trrrrois Balais et j'ai utilisé leur cheminée pourrrr venirrrr ici. "Que dois-je fairrre maintenant?" il laissa son regard anxieux errer sur eux. " Que dois-je fairrrre? Ils me trouverront et me jetterront à Azkaban." il enfouit son visage dans ses mains et commença à sangloter.
Lucius secoua la tête de dégoût évident. " Je me fiche totalement de ce que vous allez faire aussi longtemps que vous ne le faites pas dans ma maison, " cracha-t-il. Agrippant Karkaroff durement aux épaules, il le tira vers le haut en position debout. " M'entendez-vous, Igor? Vous devez partir! Peu importe où, mais quittez ma maison à l'instant!"
" Attendez, Attendez!" dit Lestrange, ôtant les mains de Lucius des robes de l'autre sorcier et s'avançant entre les deux hommes. " Ceci ne nous amènera nulle part. S'il transplane d'ici, vous savez aussi bien que moi que les Aurors pourront déceler la magie résiduelle. Ils peuvent être stupides, mais même eux savent additionner deux et deux. Igor-" il secoua Karkaroff - " Igor, resaisissez vous, pour l'amour de Merlin! Ecoutez. Vous allez utiliser la Cheminette pour aller d'ici à la Manticore Souriante à Douvres. Le propriétaire est un sympathisant. De là, vous marcherez directement en dehors de la ville et quand vous serez à une distance raisonnable, vous Transplanerez. Je suppose que les portes de Durmstrang vous sont encore ouvertes, n'est-ce pas ?"
Encore stupéfait, Karkaroff hocha la tête. "Oui. Oui, ils me laisserrrront rrrrester, du moins pourrrr quelque temps."
" Bien. Maintenant donnez-moi votre baguette. Non, l'officielle, espèce d'idiot."
C'était un signe de combien exactement Karkaroff était effrayé, sous le choc et affaibli, car il tendit sa baguette à Lestrange sans une seule objection. Lestrange la métamorphosa en un morceau de parchemin et le jeta dans la cheminée où il prit immédiatement feu. Karkaroff regarda silencieusement les étincelles multicolores que cela produisit, puis se maîtrisa visiblement, lança une pincée de poudre de Cheminette dans le feu et partit.
"Bon débarras!" murmura Lucius. Puis, plus fort et pour tout le monde " S'il vous plaît, retournez à table. Je suppose que nous aurons de la compagnie très bientôt."
Ils s'assirent et Severus dit "Ne croyez-vous pas qu'il serait mieux d'avoir Narcissa avec nous de nouveau?"
" Bien sûr, " acquiesça Lucius, il se releva et pour aller chercher son épouse. " S'ils arrivent avant que nous ne soyons de retour, elle ne se sentait pas bien et je l'ai accompagnée dans sa chambre. Le ciel soit loué pour les grossesses, " ajouta-t-il avec un petit sourire avant de refermer la porte.
~~~~*~~~~
Cette fois, ils durent regarder. Et ils savaient que cela voulait dire quelque chose de désagréable. Barty s'était tordu sur le sol pendant deux minutes complètes, et aucun des autres n'avait eu le courage d'interrompre sa punition. Severus était écoeuré. Le frisson qu'il avait ressenti les quelques premières fois où il avait regardé d'autres se faire torturer était parti maintenant. Il le sentait encore quand il jetait lui-même Doloris ou quand il tuait- la qualité de la sensation avait néanmoins changé. Au début cela avait été quelque chose de très proche de l'excitation sexuelle, tandis que maintenant c'était plus un sentiment grisant de puissance, l'intoxication de pouvoir infliger la douleur ou la mort à son caprice. Etre un simple témoin, regarder l'épreuve de Barty, le faisait se sentir impuissant, car il n'avait absolument aucun contrôle de la situation. Si peu, en fait, qu'il n'osa même pas s'avancer et demander à leur maître d'arrêter la torture. Tout ce qu'il pouvait faire était de regarder, impuissant, le tas enroulé serré sur le sol, qui ne hurlait même plus, probablement parce qu'il n'en avait pas la force. Tout ce qu'il faisait était de trembler convulsivement.
Finalement, Voldemort enleva le sortilège de Barty.
" Quand il se réveillera, dites lui qu'il est désormais simplement un mangemort comme tous les autres, " dit-il les yeux rouges enflammés, mais autrement parfaitement calme. " Owen McNair prendra sa place."
Il fit signe aux autres de s'occuper de lui. Severus et Lucius insérèrent une main sous ses bras-c'était assez difficile, car son corps tout entier semblait s'être crispé- le remirent sur ses pieds entre eux et transplanèrent au Manoir Malfoy.
" Ceci a l'air assez mauvais, non?" murmura Lucius quand ils l'eurent abaissé sur un fauteuil magiquement élargi ---c'était celui qu'ils avaient partagé au cours de la nuit de noce de Lucius.
" Quoi exactement?" demanda Severus " Barty ou la situation?"
" Je voulais dire Barty mais la situation ne me donne pas de crise de ravissement non plus."
Ils se mirent silencieusement au travail, tout d'abord en réveillant Barty, puis en lui donnant la potion et en lui faisant boire un verre d'eau toutes les quinze minutes.
" Ce n'était pas de sa faute " dit Severus après qu'ils lui aient fait engloutir son second verre.
"Non, " acquiesça Lucius, " je suppose que non. Mais alors tu sais comment c'est. Voldemort veut des résultats, pas des excuses."
De nouveau, ils retombèrent dans le silence, chacun suivant sa propre suite d'idées. Deux heures plus tard, Severus administra une autre dose de potion à leur compagnon presque comateux.
" Il n'y a aucune nécessité à ce que tu restes ici cette nuit, " dit Lucius de manière fatiguée. " Je peux prendre soin de lui tout seul. Pour te dire la vérité je préférerais même être seul-eh bien, en quelque sorte, étant donné que Barty ne compte pas vraiment ."
" Es-tu sûr que tu réussiras à rester éveillé ?"
"Oui, absolument. Rentre chez toi, Severus, et soûle toi. C'est le mieux que tu puisses faire dans ces circonstances."
Ainsi Severus Transplana chez lui. Il n'avait aucune intention de suivre le conseil de Lucius de s'enivrer royalement, mais il se versa un whisky et s'assit près de la cheminée. Il avait besoin de penser.
Voir Lucius dans un tel état d'abattement avait été à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que Severus lui-même n'était pas le seul qui semblait être profondément secoué par ce à quoi il avait assisté. Vrai, Barty avait échoué, mais d'un autre côté cela avait été une mission à court terme presque impossible à exécuter avec succès dans le petit délai qu'il y avait eu. Vrai, il avait raté cette mission et quelques autres. Mais tout ceci n'effaçait pas la conscience que la même chose pourrait arriver à chacun d'eux n'importe quand. Severus présumait que c'était ce qui avait dérangé Lucius autant que lui-même. Alors il n'était pas le seul à avoir l'impression de marcher sur une corde raide. Il connaissait cependant Lucius depuis de nombreuses années et était suffisamment familier avec son caractère pour savoir qu'il fallait beaucoup de pression pour vraiment le secouer. Et c'était exactement pourquoi il était si agité. Il aurait pu mettre sa propre anxiété sur le compte de son sentiment permanent de culpabilité, ramenant ainsi ceci à un simple problème personnel. Voir que Lucius était également préoccupé était une chose totalement différente néanmoins.
Il prit une petite gorgée de son verre et essaya de se calmer en caressant le poil noir et luisant d'Esmeralda. Pendant un moment éphémère il se sentit déchiré, tant que cela faisait physiquement mal. Il savait qu'il devait faire quelque chose pour empêcher ceci de devenir un état d'esprit permanent. Il était impossible de continuer comme ceci, mis en pièces par son admiration profonde pour Voldemort d'un côté et sa peur de lui de l'autre. Seulement, il n'avait aucune idée de comment rassembler les deux moitiés. Quand Elias réclama sa due part de l'affection de Severus, il rendit ce service à l'oiseau mais était si épuisé qu'il pouvait à peine lever la main. La présence du corbeau lui avait donné une idée, néanmoins. Il allait écrire une lettre à Clarissa. Cela avait toujours aidé à mettre ses pensées d'abord en ordre puis sur le papier, alors peut-être aurait-ce un effet réparateur maintenant.
Les deux familiers semblaient sentir le trouble interne de leur maître, car ils le suivirent en haut dans son bureau-laboratoire et s'installèrent près de ses coudes quand il commença à écrire.
Chère Clarissa
Je sais que je ne devrais pas te charger du poids de mes propres soucis mais peut-être que je n'enverrai même pas cette lettre. Peut-être est-ce seulement une sorte de journal, dans lequel je peux déverser toutes mes pensées et mon anxiété. Tu sais que je t'envie quelquefois? Aujourd'hui est certainement un de ces jours. Je t'envie pour avoir tout laissé derrière toi, pour être libre et indépendante. Probablement que tu te sens aussi seule. Mais pour dire la vérité moi aussi. Et je porte ce fardeau qui menace de m'accabler, de m'écraser.
Mais je suppose que je devrais commencer au commencement. Tu te rappelles de Lily Evans, n'est-ce pas? La belle rousse qui avait l'habitude de trainer avec les Gryffondor Dorés et semblait être plutôt attachée à Potter. Potter, Black et Londubat se sont enrôlés à l'Académie des Aurors, et elle l'a fait aussi. Un autre esprit brillant perdu pour la science et la recherche, mais ce n'est pas la question.
Il était de connaissance commune que Potter et Evans devaient se marier quelque part en octobre. Etant donné la triste notoriété de ce type, nous nous attendions plus ou moins à ce que le commérage habituel (invités, lieu- tu sais ce genre de choses) soit dans tous les journaux. Au milieu d'octobre, rien n'avait encore transpiré. Cela n'aurait pas été mauvais en lui-même, car je ne m'intéresse pas trop aux descriptions détaillées des événements de société. Mais Lord Voldemort pensait que ce serait l'occasion idéale de frapper un coup mémorable contre le Ministère-après tout, on pouvait raisonnablement s'attendre à ce que tout le monde soit là. Mais il était impossible de découvrir quoi que ce soit.
Ensuite, Barty a surpris une conversation entre deux fonctionnaires du ministère, qui discutaient de l'événement. Il a apporté à Voldemort l'information que le sortilège de Fidelius avait été utilisé pour garder l'heure et le lieu du mariage secrets. Tu sais comment marche le sortilège -il aurait été impossible de voir quoi que ce soit qui se passait, même en étant assis à une distance d'un mètre de l'heureux couple. Barty a eu la bonne chance - eh bien cela s'est révélé être plutôt une malchance-de saisir aussi le nom du gardien secret : ce n'était autre que Sirius Black. Black de tout le monde-je t'ai dit qu'il enseigne la DCFM à Poudlard, n'est- ce pas? Ce qui veut dire qu'il est impossible de l'atteindre, maintenant que Karkaroff n'est plus là .
Lord Voldemort, cependant, avait décidé qu'il voulait utiliser ce mariage pour faire un exemple et a ordonné à Barty d'attraper Black. Inutile de dire qu'il n'y est pas arrivé. Il n'y a pas grand chose que je dirais en faveur de Barty, mais je dois concéder que personne, peut-être pas même Lord Voldemort lui-même, n'aurait réussi. Peut-être était-ce seulement un moyen de se débarrasser de Barty, qui sait? Voldemort était mécontent de lui depuis longtemps.
Alors Barty avait exactement trois jours pour attraper Black, comme nous le savons maintenant, car le mariage a eu lieu hier, lors d'Halloween. Aujourd'hui c'était dans tous les journaux.
Je suis rentré à la maison il y a environ une demi-heure, après avoir vu Barty être torturé presque à mort-je n'ai aucune idée de ce qu'il dira au vieux Croupton cette fois ci, car il est impossible de dissimuler les effets secondaires si le sortilège a duré plus que deux minutes- et l'avoir traîné au Manoir Malfoy où Lucius et moi avons essayé de faire ce que nous pouvions pour lui, ce qui n'était pas grand chose.
Et maintenant je suis assis là, à t'écrire et je me sens plus effrayé que je ne l'ai jamais été de ma vie. Je ne sais pas ce qui se passe, Clarissa. Je sens seulement que Lord Voldemort n'est pas le même homme que celui que nous avons rencontré il y a tant d'années au Manoir. Il n'est pas même le même que quand je suis allé le voir l'été dernier. Il y a eu un changement, une partie en est visible, principalement dans ses yeux, mais sa personnalité est. oh je ne sais même pas comment la décrire. Il est devenu si évasif, si inaccessible. Imprévisible, aussi. Nous ne sommes pas des Gryffondors, et par notre nature-même nous ne demandons pas que tout soit bien et juste et explicable. Mais même le sens de justice d'un Serpentard aussi réduit qu'il puisse être, est agité par l'injustice flagrante. Ou peut-être n'est-ce même pas cela. Peut-être que j'essaye de masquer ma peur ascendante par des sentiments plus nobles.
Je doute que même toi tu eûs pu entièrement apprécier la vue de Barty réduit à de la chair convulsée-et je n'ose même pas penser à ce que le traitement de ce soir a pu faire à son cerveau- avec ton esprit étant titillé par la conscience que ceci pourrait t'arriver aussi, non pas parce que tu as échoué, non pas parce que tu as fait une grave erreur, mais simplement parce qu'Il le veut. A condition que Barty ne souffre pas de dégâts à long terme, il a encore de la chance-bien qu'il semble ridicule d'utiliser ce mot dans un tel contexte- parce qu'il restera dans nos rangs, privé de ses fonctions, mais avec deux bras et ses pouvoirs magiques intact. Et vivant.
Je crois que Lucius abritait des pensées semblables ce soir. Je suis pas tout à fait sûr pour St. Jean. Peut-être parce qu'il est plus vieux que nous autres ou peut-être aussi parce que Tabitha, cette petite fanatique ambitieuse, le pousse constamment et l'imprègne de son propre désir ardent de servir Voldemort. Je l'ai toujours considérée comme une néophyte extraordinairement prometteuse, mais il semble que je l'aie encore sous- estimée. Voyons voir comment Owen va s'intégrer dans notre cercle. Il était plus que reconnaissant de ne pas avoir été choisi comme remplaçant de Julius, et je suppose qu'il ne sera pas trop heureux de la promotion qu'il a reçue maintenant. A la fois parce qu'il devra commander des opérations et ainsi renoncer au plaisir d'ingérer des doubles doses d'aphrodisiaque, et parce que maintenant il est sur la ligne de front. Owen-ceci est mon opinion personnelle mais je pense que j'ai raison- ne veut pas autant le pouvoir qu'il veut assouvir ses instincts et gagner de l'argent, de préférence les deux en même temps. Mais c'est un parent de sang de Voldemort et par conséquent il a le droit d'avoir une haute position dans ses rangs.
L'épuisement réclame son dû-je vais aller me coucher maintenant. J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé, et j'espère avoir de tes nouvelles bientôt. Ne t'inquiète pas trop pour moi, tout se passera bien pour moi, même si ces cinquante centimètres de parchemin remplis de discours creux semblent indiquer le contraire.
Ton
Severus
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" Bonsoir, Severus, " dit Owen quand le dernier du groupe des quatre se matérialisa dans la salle de dessin de la maison des McNairs qu'il leur avait indiquée pour Transplaner. "Merci à tous d'être venu après un avis si tardif. Mais il semble que nous ayions un visiteur important ce soir. Quelqu'un veut du Brandy?"
" Je préférerais un whisky " dit Lucius et les autres furent d'accord.
" Wisky, alors." Owen remplit leurs verres.
" Alors, ce visiteur?" demanda Lestrange quand ils se furent tous installés.
"Il devrait arriver d'un instant à l'autre maintenant. C'est Rookwood du ministère, vous savez, le langue-de-plomb. Il semble qu'il ait quelque chose d'important à nous dire."
" N'a-t-il rien dit d'autre?" demanda Lucius, clairement contrarié, " je déteste cette sorte de comportement secret. Il pourrait gaspiller notre temps avec quelque chose d'absolument pas important."
" Je ne crois pas " dit Owen. " Mais tu sais comment sont ces Langues-de- Plomb. Des années et des années de secret ont tendance à laisser des traces. De toute façon, je ne crois pas qu'il nous aurait contactés à moins que ce qu'il ait à nous dire ne soit vraiment important. Ils ne prennent pas de risques pour des vétilles sans importance."
"Dieux, Owen, " murmura Severus en frissonnant, " Ne connais-tu pas de charme anti courant d'air? Il fait un froid du diable ici."
Lestrange gloussa. " Tu es simplement trop mince, Severus. Gelé complètement en un rien de temps. Pourquoi ne--"
"Bonsoir."
Rookwood était arrivé par Cheminette, et tous quatre se retournèrent pour le regarder. Severus ne l'avait jamais vu et doutait que les autres l'aient déjà vu. Le contact de cet homme avait toujours été Barty, puisqu'il était plus sûr de garder les connaissances personnelles au minimum strictement nécessaire. Ce soir était une exception. Une exception potentiellement dangereuse, car même s'ils ne se présentèrent certainement pas au Langue de Plomb, il n'y avait aucun moyen qu'il n'identifie pas immédiatement Lucius comme un Malfoy-en dehors du fait qu'il était connu de toute façon- et il était plus que probable qu'il reconnaisse Lestrange aussi.
Severus le regarda se tenir debout, attendant que Owen convoque un autre siège et lui passe le verre de whisky qu'il avait accepté avec reconnaissance. Rookwood semblait être dans la fin de sa soixantaine à en juger du gris qui tachetait les cheveux, d'un brun rougeâtre autrement, et par les rides qui marquaient son visage. En tout, Severus pensa qu'il était une personne complètement quelconque, mais cela pourrait tout aussi bien être dû à un sortilège d'apparence spécifique ou simplement à son état de Langue de Plomb. Ces gens particuliers ne voulaient pas exactement attirer l'attention sur eux-mêmes.
" J'ai des informations très importantes pour vous, " commença Rookwood. "Hier j'ai par hasard surpris une conversation-" il prit une gorgée de whisky - "eh bien, plutôt échauffée dans le bureau du ministre. Pas que ce fait soit intéressant en lui-même, " dit-il avec un petit sourire " mais cela devient extrêmement important étant donné l'identité de l'adversaire du ministre. Aimeriez-vous que j'élabore ou préféreriez vous voir cela immédiatement ?"
La signification de sa question devint claire quand il sortit un petit objet de la poche de son manteau et le tapota de sa baguette pour lui rendre sa taille originelle. C'était une pensine.
"Eh bien, " dit Severus avec hésitation " je pense que nous pourrions tout aussi bien y jeter un coup d'oeil tout de suite, ne pensez-vous pas?"
Les autres hochèrent la tête. Owen appela une petite table, sur laquelle la pensine fut placée; ils déplacèrent leurs sièges de manière à être assis en cercle autour de la table- sauf Rookwood, qui s'était rapproché de la cheminée-et, après avoir compté jusqu'à trois, touchèrent en même temps le liquide argenté. La sensation de tomber, bien que son esprit rationnel sache parfaitement bien qu'il était encore assis dans son siège, avait toujours troublé Severus. Quand il eut surmonté cela, il regarda autour de lui et vit que lui et les trois autres se trouvaient dans un bureau richement décoré, ses murs étaient décorés d'acajou, les fenêtres étaient cachées par des rideaux lourds de velours couleur moutarde. Il y avait un énorme bureau d'acajou, derrière lequel Geoffrey Windham, le ministre de la magie, était assis, apparemment dans une agitation extrême. Ce qui fit hoqueter les quatre hommes de surprise, cependant, était l'homme arpentant actuellement la pièce. Il ne semblait pas moins fâché que le ministre. Et ce n'était autre qu'Albus Dumbledore.
Après un moment il arrêta son va-et-vient et marcha à grandes enjambées vers le bureau pour poser ses mains dessus, se penchant en avant et regardant Windham droit dans les yeux. " Vous ne pouvez pas continuer comme ceci, Geoffrey et vous le savez. Ceci n'est pas la démence aléatoire de quelque sorcier sombre capricieux qui a eu assez de chance pour rassembler une poignée de partisans. Ceci a de la méthode, et le plan derrière est clairement visible. Pourquoi le niez-vous de manière entêtée? Pourquoi ne croyez-vous pas ceux qui le voient, Geoffrey? Si j'étais le seul à essayer de vous faire entendre raison, je comprendrais votre réticence. Mais nous sommes nombreux et nous avons essayé tant de fois de vous persuader que j'en ai perdu le compte. Pourquoi préférez-vous fermer les yeux?"
Le ministre, un homme mince aux cheveux gris avec une moustache tombante qui donnait à son visage une expression encore plus fatiguée, poussa un soupir profond. " Malgré ce que vous pensez probablement, Albus, je n'ignore pas les conseils que je reçois constamment. Et après l'incident avec Karkaroff j'ai même tendance à croire qu'il y a de la méthode à cette folie." Dumbledore fit un mouvement impatient. "Oui Albus, j'ai dit tendance et je voulais bien dire cela. Ou êtes-vous vraiment en train d'essayer de me convaincre que les attaques verbales contre le ministère et la mise en application de la loi sont le signe d'une conspiration universelle? C'est ridicule, Albus, ridicule, et vous le savez. Ne me lancez pas ce regard enflammé. J'ai été ministre pendant de nombreuses années, et j'ai vu plus de dénigrement du ministère et de calomnies sur les Aurors que vous pourriez l'immaginer . C'est le moyen le plus facile pour eux-le ministère et la bureaucratie en général sont toujours des boucs- émissaires bon marchés."
Les mains de Dumbledore agrippaient le bord du bureau si convulsivement que ses phalanges ressortaient, livides, sur sa peau déjà pâle. " La campagne contre vous et le ministère n'est qu'une partie du plan global, Geoffrey. Une partie petite mais importante. Ne pouvez-vous pas voir que chaque attaque, chaque massacre sert soit à intimider la population soit à faire parvenir un de leurs membres à une position clé?"
Windham se pencha en arrière dans son siège. " Maintenant ne soyez pas absurde, Albus. Ou insinuez-vous sérieusement que la crise cardiaque de Greenbaum était l'oeuvre d'un sorcier sombre? Ou que Mac Allan est un partisan de Vous-Savez-Qui?"
" Voldemort!" siffla Dumbledore en se penchant encore plus avant, " Son nom est Voldemort! Vous n'osez pas dire son nom mais vous avez le culot de me regarder en face, tout en me disant qu'il est moins dangereux que je ne le pense? C'est un mensonge, Geoffrey, un maudit et lâche mensonge!"
Ceci fut suffisant pour faire perdre son calme au ministre. Il se leva d'un bond de son siège, contourna la table et se tint devant Dumbledore. Il dut lever les yeux pour croiser son regard, car Windham était considérablement plus petit.
" Je ne suis pas un poltron, Albus et je ne réussis pas à voir ces plans funestes que vous clamez être ceux de Vous Savez Qui. Il y a une chose que je peux très bien reconnaître néanmoins, et c'est votre ambition!" il poignarda la poitrine de Dumbledore avec son index. " Vous voulez devenir Ministre de la Magie, vous voulez diriger ce pays et tout prétexte, même mince et usé, est bon pour vous! Vous voulez que je démissionne pour prendre ma place! Avez-vous cru que je ne l'avais pas compris immédiatement? Croyez-vous que je ne sais pas ce que vous concoctez dans votre école ? Vous rassemblez des partisans, Albus Dumbledore, tout comme Vous Savez Qui et vous voulez prendre la relève, n'est-ce pas? Seulement vous êtes venu ici en premier pour voir si je ne pourrais pas simplement faire ce que vous voulez. Mais si je refuse? Jusqu'où projetez-vous d'aller? Essayerez-vous un coup d'Etat? Me congédierez-vous par la force? Me tuerez-vous? Dites moi, Albus, quels sont vos plans?"
Il y eut un long silence après cette explosion. Dumbledore se tenait immobile, ses mains tremblant un peu, les épaules avachies- tout entier un homme vaincu.
" Très bien, Geoffrey, " dit-il " Si c'est ce que vous croyez, je n'ai rien de plus à vous dire. je-" il passa sa main droite sur ses yeux -" Je déteste devoir dire ceci mais ceci veut dire la fin de notre collaboration. Je ne chercherai pas d'aide de votre part-Poudlard peut très bien se défendre, si le pire devait arriver. Et je refuse désormais de vous donner des conseils, de l'aide ou quoi que vous puissiez me demander à l'avenir. C'est vraiment la fin. Au revoir, Geoffrey, et puisse Merlin vous protéger ."
Le souvenir était terminé et les quatre hommes, maintenant de retour dans leurs sièges à la fois par l'esprit et le corps, se regardèrent les uns les autres avec une surprise muette.
"Eh bien, si cela n'est pas de bonnes nouvelles ." dit finalement Lestrange.
" Que pensiez-vous?" vint la voix de Rookwood de derrière eux, " Que j'aurais pris le risque de venir ici seulement pour vous dire que le ministre était constipé?"
" La question est " dit pensivement Severus" Comment allons-nous utiliser ceci?"
'Nous devrons seulement surveiller et attendre le bon moment pour donner la poussée finale' avaient été les mots que Voldemort lui avait dits. Il semblait que le moment soit finalement venu.
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Même parmi les Langues de Plomb, le commérage était un passe-temps très en vogue. Ainsi il n'était pas trop manifeste que Rookwood mentionne nonchalamment la dispute entre Dumbledore et le ministre à quelques uns de ses collègues pendant qu'ils prenaient un whisky après le travail. Telles avaient été les instructions qu'il avait reçues peu après sa visite chez les McNairs. Et c'était un morceau trop savoureux pour qu'il reste tû. Très bientôt, Rookwood rapporta que la nouvelle de la dispute, convenablement embellie et défigurée en passant par tant de bouches, s'était suffisamment répandue dans le ministère pour continuer avec l'étape suivante.
Deux jours avant le dix-neuvième anniversaire de Severus, lui, Lestrange et un groupe de dix mangemorts transplanèrent à proximité de la résidence du ministre. Il était tôt ce matin là, et la nuit sombre et brumeuse n'était pas encore éclairée par l'aube. Le bâtiment n'était pas très fortement protégé, parce que le ministre avait refusé de montrer des signes de peur. Par conséquent, seuls cinq Aurors patrouillaient dans la propriété, leur vêtement blanc en faisant des cibles faciles pour les agresseurs. Chacun d'entre eux fut assailli par deux mangemorts, par simple précaution, afin d'éviter les complications importunes. Quand les gardes eurent été éliminés, le groupe se répartit dans la propriété pour protéger leurs chefs pendant qu'ils entraient dans le bâtiment.
" Oh, pour l'amour du ciel!" dit Lestrange , complètement exaspéré "Combien de maudits Elfes de Maison ont-ils ici? Mon score est de trois maintenant, et toi?"
" Quatre, " répondit Severus, " Non, . Avada Kedavra ! Cinq. Maudits casse- pieds! C'est comme une course d'obstacles pour débutants."
Lestrange renifla moqueusement. " En effet. Maintenant où est cette chambre?"
Ils étaient arrivés au premier étage, où un long couloir menait loin de l'escalier des deux côtés, et regardaient la multitude de portes fermées.
" Etant donné que nous n'avons pas le temps de faire une visite guidée, je suppose que nous devrions exécuter un simple sortilège de positionnement, " suggéra Severus.
" En effet. Inveniatur Windham !" La baguette de Lestrange pointa le couloir à leur droite et ils la suivirent jusqu'à ce que, avec une vive saccade, elle indique une porte du côté gauche.
Elle s'ouvrit avec un simple Alohomora -il aurait été bien sûr possible de l'ouvrir simplement à la main mais le sortilège garantissait qu'aucun bruit de grincement ou de grattement n'éveillerait les dormeurs.
" Comment les gens réussissent à dormir avec leurs rideaux de lit complètement tirés est un mystère pour moi, " chuchota Severus, " je deviendrais claustrophobe!"
" Sans parler du manque d'oxygène, " acquiesça Lestrange. " Pas qu'il en ait un quelconque besoin dans le futur proche ."
"Chut, St. Jean, ne me faites pas rire!"
Ils avaient atteint le lit à baldaquins géant et avec un petit coup de leurs baguettes, jettèrent les rideaux en l'air si bien qu'ils retombèrent sur le dessus du ciel de lit. Le doux bruit battant fit remuer les occupants du lit dans leur sommeil.
"Bonjour!" dit Lestrange de sa meilleure manière pour Se-Lever-De-Bonne- Humeur, " Il est l'heure de se réveiller, même si ce n'est pas pour longtemps."
Windham fut immédiatement réveillé et s'assit rapidement, regardant fixement les deux silhouettes masquées avec horreur et incrédulité. " Que. que voulez-vous?" demanda-t-il.
" Je vais vous donner un indice " dit Severus, " Ce n'est pas le service du petit-déjeuner."
La pomme d'Adam du ministre s'agita de haut en bas quand il avala convulsivement. " Vous êtes venus. vous êtes venus me tuer, n'est-ce pas ?"
Son épouse, une dame âgée remarquablement laide, se souleva sur ses coudes et regarda les visiteurs, son expression aussi incrédule que celle de son époux.
"Exactement , " dit Lestrange " et je suis vraiment désolé que nous n'ayons pas le temps de vous donner des explications, car nous travaillons avec un programme serré ici."
La pièce fut brièvement baignée de la lumière verte des sortilèges de mort, et les deux hommes sortirent rapidement de la chambre, redescendirent et sortirent du bâtiment. L'éclat vert avait été le signe pour le groupe de se rassembler devant la porte d'entrée et ils étaient déjà au complet quand Severus et Lestrange sortirent de la maison .
" Excellent " dit Lestrange, "Maintenant venez, mesdames et messieurs, nous devons mettre au moins cent mètres entre nous et le bâtiment."
Le groupe d'éloigna au pas de la maison, en silence, et quand la distance fut suffisamment grande, ils s'arrêtèrent.
" Baguettes prêtes?" demanda Severus. Douze baguettes furent levées à hauteur d'épaule. " Bien. Nous visons la porte de devant. Rappelez-vous, vous devez transplaner immédiatement après le sortilège, autrement vous risqueriez d'être frappés par un morceau de pierre. A trois, donc. Un-deux- trois-Reducto!"
La force de douze sortilèges frappa le bâtiment avec la force d'une bombe, mais les mangemorts étaient déjà partis. Ils eurent la satisfaction cependant de voir la photo de l'étendue de gravats qu'était devenue la résidence du ministre, en première page de la Gazette des Sorciers du jour suivant. Le titre était encore plus gratifiant. On pouvait lire: MINISTRE WINDHAM ET SA FEMME ASSASSINES-ATTAQUE TERRORISTE OU COUP D'ETAT?
