Chapitre 21
Allait-il mourir ce soir? Cette pensée le dérangeait-elle vraiment, ou ses émotions suivaient elles simplement une convention, parce qu'il était publiquement convenu que l'idée de mourir devait déranger? Avait-il peur?
Severus avait passé tout l'après-midi et la plus grande partie de la soirée dans son propre laboratoire, réorganisant futilement ses ingrédients, faisant une liste de ce en quoi il devait se réapprovisionner, tripotant les fioles, les béchers et les alembics. Il avait essayé d'écouter ses morceaux favoris de musique puis de la musique qu'il n'aimait pas particulièrement. Il avait brossé le poil déjà brillant d'Esmeralda, à la grande consternation du chat. Aucune de ces occupations n'avait été suffisante pour empêcher son esprit de tourner sans cesse en rond. Des passe-temps plus sérieux comme lire, étudier ou même préparer des potions, avaient été rendus impossible par le tourbillon constant des pensées qui étaient trop distinctes pour permettre de se concentrer mais trop peu claires pour être saisies par la conscience, empoignées, amenées à une fin et rangées pour utilisation future.
Cet état d'esprit le faisait se sentir incertain. Depuis cette rencontre fatidique avec Voldemort au début de janvier, il avait senti un certain engourdissement, mais jusqu'ici il avait toujours pu s'en débarrasser. Il y avait eu quelques opérations mineures où il avait été aux commandes; rien d'important, plus ou moins des attaques sans importance sur des personnes qui devaient être intimidées. Ce soir était différent, néanmoins. Le raid sur l'Académie des Aurors était la première opération majeure depuis qu'ils avaient éliminé Prewett, et cette fois-ci leurs adversaires ne seraient pas un groupe d'étudiants à moitié ivres. L'Académie comptait trente-deux apprentis, dont vingt-trois étaient des hommes. Le personnel enseignant se composait de huit professeurs plus le recteur. On était maintenant fin février, si bien que les apprentis avaient déjà été entraînés pendant six mois dans un climat de tension et de vigilance constantes. Quarante et un contre cinquante-cinq mangemorts. Etant donné que l'attaque allait avoir lieu au milieu de la nuit, les chances de ces derniers n'étaient pas du tout mauvaises.
En outre, Lestrange avait eu l'idée de donner des fausses informations au ministère: ils croyaient maintenant que les mangemorts préparaient une attaque avec toutes leurs forces sur le quartier sorcier d'Edimbourg et avaient ainsi envoyé la plus grande partie de leurs troupes -à la fois les représentants de la loi et les Aurors-dans le ville qui était, selon les rapports des informateurs dignes de confiance, pleine de patrouilles et d'hommes en civil. Malgré cette diversion réussie et les pertes majeures dont le ministère avait récemment souffert, il y avait encore assez de Représentants de la Loi et d'Aurors pour leur causer des ennuis sérieux ce soir s'ils arrivaient à temps.
De manière assez surprenante, les divers sorts et charmes entourant l'immeuble comme une coupole d'énergie magique étaient seulement là pour le rendre indiscernable pour les Moldus. Et ils avaient des protections anti- transplanage. Mais rien d'autre. Ni Severus ni les trois autres n'avaient cru leurs oreilles quand ils avaient obtenu ces informations de Rookwood. Même le fait que le recteur, Roger Lovegood était un ancien Gryffondor n'expliquait pas une telle insouciance. Haussant les épaules devant leurs manifestations de confusion, Rookwood avait expliqué que cela faisait partie de la politique du Ministre du moment -Croupton Sr. tenait actuellement cette position- de contre-attaquer avec une brutalité suprême en cas d'attaque mais en même temps d'afficher une attitude d'audace et de courage inébranlables.
Cela rendait la tâche des mangemorts à la fois plus facile et plus dangereuse. Entrer dans l'immeuble était du gâteau. Eliminer les étudiants allait prendre peu de temps. Il était probable que les professeurs soient des adversaires plus difficiles, mais ils pourraient être facilement maîtrisés si leurs agresseurs étaient soigneusement choisis. Mais le système d'alerte à Magie Noire du ministère avait subi des changements considérables, de telle sorte qu'un seul sortilège de mort déclencherait forcément les alarmes. Des discussions interminables entre Severus, Owen, St. Jean et Lucius s'étaient ensuivies.
" Vous voyez " dit Owen se penchant pour avoir une meilleure vue des plans des lieux que Barty Croupton-plus désireux que jamais de prouver sa valeur-- -leur avait procuré. " La meilleure façon d' entrer est par l'entrée principale, parce que cela mène directement à la partie contenant les salles de classe et les équipements d'entraînement. Si nous utilisions ceci- " il indiqua une porte à l'autre bout de l'immeuble -" Nous devons passer par la cuisine et la lingerie, ce qui veut dire que nous pourrions être vus par un elfe de maison. Trop risqué, si vous me demandez mon avis."
Lestrange hocha la tête. " Cela nous coûtera du temps mais étant donné qu'il n'y a pas de protections à casser ou invalider, il n'y a aucun danger qu'une alarme se mette en route au ministère ou ailleurs. Alors nous perdons du temps mais pas de temps précieux. En outre, le couloir menant de la porte principale à l'entrée des quartiers d'habitation n'est pas très long. De toute façon, ce n'est pas la question. Combien entrent et combien resteront dehors?"
" Nous sommes cinquante-cinq, en tout, " murmura Owen, " alors si trente entrent et vingt-cinq restent dehors."
" Impossible, " dit Severus. " Je m'y oppose absolument. Nous savons qu'il y a trente-deux apprentis, alors il doit y avoir au moins le même nombre de notre côté."
"Attends. Attends. Tu oublies qu'il y en a deux par dortoir et-"
"Oui, Lucius, je sais qu'il y en a deux par pièce. Et si c'est quelque chose, c'est un point en faveur de mon argument. Combien de personnes dans nos troupes considéres-tu capables d'affronter plus d'un adversaire dans un espace fermé?"
Lucius leva ses mains , abandonnant.
" Je crois que Severus marque un point " dit Lestrange.
" Bien sûr que je marque un point. Et il y a autre chose que nous devons considérer. Vous rappelez-vous de l'attaque contre les. je ne me rappelle jamais du nom. cette famille à Newcastle, il y a deux semaines? Quand Cameron a été incapable de tuer cette femme et a presque payé sa chevalerie ou ses instincts mâles profondément enracinés ou quoi que ce soit de sa vie? Nous n'avons pas le temps de lire les étiquettes des noms sur les portes des dortoir, s'il y en a, et de répartir nos camarades en conséquence. Il doit y avoir un homme et une femme par dortoir, sinon nous sommes obligés d'avoir de vilaines surprises."
Les trois autres hochèrent la tête.
" Il y a vingt dortoirs néanmoins, " dit Owen après avoir compté les pièces sur le plan. " Il est impossible de découvrir lesquels sont occupés."
" Ce qui signifie que nous avons besoin de quarante personnes rien que pour les étudiants !" s'exclama Lucius. " Ce qui laisse quinze d'entre nous moins ceux qui s'occupent des enseignants! Si nous avons six personnes à monter la garde à l'extérieur, nous pouvons tout aussi bien laisser nos dos à découvert. C'est de la pure folie."
La discussion continua, sans résultats conséquents. C'était énervant, particulièrement parce que les quatre hommes étaient déjà sous beaucoup de stress. Comme toujours Lucius utilisait des quantités libérales de whisky pour réparer ses nerfs déchiquetés et, comme il était quelquefois le cas, il avait ses meilleures idées quand son cerveau était complètement imprégné d'alcool. Les autres méditaient en un silence qui était devenu presque hostile; Owen grignotait sa plume, Severus tapota un rythme furieux sur la table avec ses doigts, et St. Jean n'arrêtait pas de masser le pli entre ses sourcils quand Lucius, regardant apparemment fixement par la fenêtre et ses pensées à des miliers de kilomètres de là, rompit le dur silence.
" Pourquoi diable devons-nous laisser des gens dehors?" demanda-t-il, sa voix plus forte qu'à l'habitude à cause de son état d'ébriété.
" Parce que cela se fait comme cela Lucius, voila pourquoi, " dit Owen, maintenant complètement exaspéré.
" Si les gens avaient toujours fait les choses de la manière par laquelle elles sont faites, nous serions toujours en haut des arbres, à les brûler par des coups de magie sans baguette " déclara Lucius.
L'image mentale de Lucius assis en haut d'un arbre était un peu trop pour les nerfs à bout de Severus et il céda à une crise de rire, impuissant . " Désolé, " dit-il quand il fut de nouveau capable de parler distinctement, " continue, Lucius, dis nous ton idée."
Chaque cheveu encore parfaitement en place ses joues pâles couvertes par la plus légère des teintes roses malgré son ébriété monumentale, Lucius le regarda fixement en levant un sourcil. " Merci. Ce que je voulais dire était ceci: Nous ne sommes pas obligés de laisser des gardes dehors. Il est mieux d'avoir tout le monde à l'intérieur, afin de terminer le travail aussi rapidement que possible et alors transplaner immédiatement. Nous quatre plus cinq autres duellistes adroits pour le personnel et tout le reste pour les étudiants. Chronométrage parfait, pour qu'en premier tout le monde soit à sa place et alors nous frappons simultanément. Qui que ce soit qui a éliminé sa cible quitte les lieux sans hésitation. Ainsi nous devrions avoir terminé en moins d'une minute, et quand les Aurors arriveront, ils ne trouveront aucun de nous."
Le discours un peu mal articulé de Lucius fut suivi par un autre silence, moins dur cette fois ci.
" Ceci, " dit finalement Lestrange " Est le plan le plus imprudemment Gryffondorque que j'aie jamais entendu venir d'un Serpentard. Mais c'est brilliant."
Severus et Owen hochèrent la tête à contrecoeur.
" Cela va être l'opération la plus sacrément dangereuse que nous ayions jamais fait " dit Severus, " et surtout pour nous. S'attaquer aux professeurs en combat à un contre un est quelque chose à quoi seul un Lucius complètement ivre pourrait faire référence comme si ce n'était rien de plus que d'écraser un scarabée sous son talon. Mais oui, c'est brillant et cela nous évitera probablement beaucoup de pertes et de blessures."
Tout en revoyant mentalement cette discussion, Severus attacha les fermoirs de sa cape et se demanda si les autres avaient jamais peur avant une attaque. Car il avait peur, aussi difficile que cela soit de s'admettre cela. Il avait eu peur en d'autres occasions, mais cela avait été une sorte différente de peur. Pas refroidissant les os comme maintenant. Cela avait été la partie nécessaire d'un tout bien défini. Comme une marche brisée dans un escalier-vous saviez qu'elle était là, marchiez dessus prudemment, prenniez la suivante et finalement. vous arriviez. Depuis cette rencontre avec Voldemort néanmoins, il semblait qu'il n'y avait plus de marches au- delà de celle-ci. L'escalier se terminait là; il s'achevait simplement, et vous vous teniez sur cette dernière marche de la peur, oscillant au-dessus de l'abîme, incapable de revenir en arrière mais également sûr qu'il n'y avait rien au-delà de cette dernière marche brisée, pas de filet de sécurité, pas de main tendue, seulement purement et simplement rien.
Est-ce qu'il dramatisait trop ? pensa-t-il, tenant le masque dans sa main droite, examinant sa surface sans expression. Pourquoi cette seule phrase que Voldemort avait prononcée l'avait-il envoyé chuter de la falaise, qu'il avait pensé être une étendue interminable, solide, de rocher où il pouvait se déplacer sans danger? Alors maintenant sa peur de se faire prendre, d'être découvert et envoyé à Azkaban était la dernière marche? Il avait toujours redouté cette conséquence, plus que la mort, depuis le jour-même où les Aurors étaient arrivés à Poudlard pour faire leur enquête sur Sibylle. Faire face à cette anxiété, lui résister et la terrasser finalement avait toujours été un sacrifice, fait avec joie pour un but plus haut. Pour l'amour d'un nouvel ordre où il allait y avoir une nouvelle sorte de liberté; Voldemort avait confirmé à maintes reprises cette connaissance instinctive par ses propres mots.
Quelques mots étaient-ils vraiment assez pour secouer l'inébranlable? Ou est-ce que lui, Severus, cherchait simplement peut-être une excuse convenable pour ses propres défauts et essayait de justifier ses trahisons en trouvant des fautes imaginaires chez son maître ?
Il mit son masque, savourant le sentiment d'avoir une seconde peau qui cacherait, du moins temporairement, tout ce qui se trouvait au-dessous. Sa baguette de mangemort-tech, trente deux centimètres et demi, avec un centre de filament de c?ur de Dent de Vipère du Pérou-était coincée en sûreté dans sa manche gauche. Presque silencieusement, il sortit de sa chambre, traversa le palier inéclairé et se glissa dans son laboratoire, également sombre. Il suivait encore méticuleusement l'ordre de Lestrange de mettre ses vêtements de mangemort dans l'obscurité complète; maintenant plus que jamais, c'était une mesure de sécurité nécessaire. Il avait abandonné son habitude d'éviter les yeux de Peggy, car il savait maintenant qu'elle l'avait déjà vu mais ne le trahirait jamais.
La fiole contenant l'antidote-nommé de manière appropriée Falsitaserum- était posée sur l'établi qu'il avait lavé de manière si obsessionnelle dans l'après-midi. Chaque mangemort en avait reçu une semblable accompagnée d'un parchemin avec les instructions exactes sur quand et comment le prendre. Selon les souhaits de Lord Voldemort, sa nature et son effet n'avaient pas été expliqués néanmoins. Severus ôta le bouchon et avala le liquide en une gorgée. Cela l'étourdit momentanément, mais la sensation fut bientôt partie. Il devrait se sentir plus en sécurité maintenant, plus calme. Mais la peur devint seulement plus poignante.
~~~~*~~~~
Tout se passait sans accroc. Personne n'avait été en retard, les montres avaient été synchronisées à la perfection, les chaussures avaient été ensorcelées pour ne faire aucun bruit dans les couloirs. Ligne silencieuse de spectres noirs, ils étaient entrés dans l'immeuble, des groupes de deux ou trois s'écartant de la ligne principale quand ils avaient atteint les quartiers des étudiants, les portes s'étaient ouvertes sans résistance et avaient admis neuf d'entre eux dans la zone où le personnel enseignant vivait. Les secondes avaient été comptées, et précisément au même moment, plus de portes s'étaient ouvertes.
La pièce où Severus était entrée était d'un noir d'encre. Si les plans étaient correct-il ne pouvait pas vraiment en être sûr, puisqu'il était toujours possible que les habitants aient adapté magiquement leurs habitations à leur goût particulier -cela devait être la salle de séjour. Quand les yeux de Severus se furent adaptés au manque de lumière, il put voir le faible rougeoiement des derniers charbons ardents d'un feu mourant à sa gauche. Il laissa échapper un petit soupir de soulagement, car c'était exactement ce à quoi il s'était attendu. Alors l'entrée de la chambre devrait être à sa droite. Il envisagea brièvement d'allumer sa baguette mais ensuite considéra cela trop risqué. Il n'était certainement pas le seul qui, de temps en temps, s'endormait devant sa cheminée, bercé en un sommeil paisible par le craquement des flammes et un verre de whisky. Alors il exécuta un sortilège de détection. Il lui dit qu'il était la seule personne présente . Ce qui voulait dire qu'il pouvait allumer les bougies.
Severus s'accordait peu de frivolités en ce qui concernait ses devoirs de mangemort; en fait il prenait seulement du plaisir à en permettre une: Il s'accordait toujours une observation courte mais prudente de l'habitat de ceux qu'il allait exécuter. Pour dire la vérité cela n'était pas une habitude entièrement frivole car cela en disait long sur ses adversaires, et il y avait eu plus d'une occasion où cela lui avait épargné beaucoup d'ennuis. S'il entrait dans une maison et trébuchait sur plus de dix paires de chaussures, éparpillées avec négligence sur le sol, il pouvait être sûr que l'habitant était du genre négligent, négligé, qui ne trouverait probablement pas sa baguette immédiatement. Si tout était soigneusement arrangé et ordonné, il pouvait raisonnablement s'attendre à ce que son adversaire ait mis sa baguette sur sa table de nuit exactement dans la position qui lui permettait de l'agripper immédiatement.
Avec un seul regard, Severus vit une paire de chaussures à talons hauts, un foulard de velours rouge sombre étendu sur un porte chapeau, un tas des livres sur le plancher à côté d'un canapé à l'évidence beaucoup utilisé, un tome ouvert et les pages vers le bas- il grimaça à cette vue-sur le canapé, et une bouteille à moitié vide de vin rouge était posé sur une table basse à proximité. Les quartiers d'une femme. Il poursuivit vers la chambre.
La porte était protégée, et Severus jura dans son souffle. Cela allait coûter un temps précieux. Cela ne lui prit pas longtemps pour désactiver le sortilège de verrouillage cependant, et après quelques secondes ; elle s'ouvrit.
Ils n'avaient pas considéré l'éventualité que les membres de la faculté aient des amants, pensa-t-il de façon désabusée. La tête de la femme était reposée sur la poitrine de l'homme, son visage couvert par une tignasse de cheveux blonds. Tous les deux dormaient profondément, respirant à un rythme presque identique. Qui frapper d'abord, se demanda Severus. Il opta pour la femme, parce que son poids mort fournirait un obstacle suffisant à l'homme sous elle, si bien qu'il ne pourrait pas agripper sa baguette. Peut-être ne l'avait-il même pas apportée. Etrange qu'un couple endormi, membres entrelacés et encore exhalant une faible odeur d'excitation et de sueur, ait autant l'air plus vulnérable qu'une seule personne. Il sentit un pincement de coeur de jalousie devant leur contentement trop évident. Ce fut suffisant pour surmonter sa faiblesse momentanée et pointer sa baguette vers la tête blonde.
La secousse brève de son corps suivit par un infinitésimal fléchissement de son corps maintenant mort, fut suffisant pour réveiller son compagnon. Bien qu'étant choqué, sa réaction fut impeccablement correcte: Avant que Severus n'ait rassemblé assez d'énergie pour jeter un second sortilège de meurtre, il avait déjà tiré le corps immobile de son amante morte sur lui, se protégeant ainsi efficacement, et cherchait maladroitement sa baguette. Sa respiration en loques était le seul bruit dans la pièce, et semblait anormalement fort. Maudissant cet homme pour sa présence d'esprit, Severus se concentra, visa et rata. Le bras du soricier était la seule cible disponible, et elle bougeait constamment. La lumière verte frappa le mur derrière lui, ricocha et Severus dût esquiver afin de ne pas tomber, victime de sa propre malédiction. Quand il se releva de nouveau, l'autre sorcier étreignait fermement sa baguette dans sa main droite.
Le duel échauffé qui s'ensuivit ne prit probablement pas plus que deux longues minutes. Quand Severus en eut finalement terminé avec son adversaire, il se dépêcha de sortir de la chambre, seulement pour entendre les plops révélateurs, annonçant l'arrivée des Aurors. S'il était très malchanceux, il était le seul encore sur les lieux et ainsi pouvant être pris ou tué.
~~~~*~~~~
Chère Clarissa
Merci pour ce merveilleux cadeau de Noel. Je n'avais pas conscience que les indiens aient une si vaste connaissance des potions et une si différente de la notre. Même McLachlan était impressionné, et ce n'est pas peu dire.
Je suis pas tout à fait capable de déterrer beaucoup d'enthousiasme tout de suite néanmoins. Et je ne me suis jamais senti plus seul. Je souhaiterais que tu soies ici, pour que je puisse te parler au lieu d'écrire. C'est un moyen si stérile de communication. Je souhaiterais que tu sois là. Je sais que tu pleurerais et qu'ensuite je pourrais t'appeler une stupide femelle sentimentale et cela me ferait me sentir mieux. Au moins tu ne m'appellerais pas stupide parce que je porte le deuil d'un chat, ce qui est, sans aucun doute, ce que les autres diraient, alors je ne me donnais pas même la peine de le leur dire. Et j'ai conscience que ceci n'a aucun sens du tout, alors je suppose que je devrais commencer au commencement.
Nous avons attaqué L'Académie des Aurors le 25 février. C'était dans l'ensemble un succès magnifique. Tous les apprentis ont été tués, et de même six des huit professeurs et le recteur. Nous les aurions tous achevés, si les troupes du ministère n'étaient pas arrivées un peu trop tôt. Nous étions neuf contre vingt (plus ou moins) d'entre eux, et je n'ai jamais été si exténué de ma vie qu'après cette bataille. Nous avions déjà tous exécuté un sortilège de meurtre (dans mon cas, même deux), et ainsi nous aurions eu besoin de temps pour nous rétablir et en jeter plus. Le temps était ce que nous n'avions pas, cependant, et donc nous avons dû nous satisfaire de simplement causer autant de blessures que possible. J'ai eu le plaisir de détruire de manière permanente l'oeil gauche d'Alastor Maugrey, mais même cela n'est pas suffisant pour me donner quelque satisfaction que ce soit tout de suite. St. Jean a été gravement blessé par Frank Londubat mais a réussi à transplaner chez lui. Heureusement, il n'est pas encore sur la liste des suspects possibles du ministère. Aucun de nous n'a été attrapé sur les lieux, et nous avons tous réussi à revenir chez nous.
Je t' ai dit dans ma dernière lettre que nous n'avions pas de ministre permanent; jusqu'à la fin de février, le père de Barty tenait cette position. Nous aurions dû exécuter l'opération au commencement de mars, mais aucun d'entre nous n'y avait pensé. Tu sais comment les choses se passaient d'habitude jusqu'ici: Il y avait un raid, et quelques minutes plus tard, les Aurors apparaîtraient chez nous, poseraient quelques questions stupides et repartiraient. Pas sous le règne de M. Croupton. Il ne pouvait pas envoyer d'Aurors cette fois car une partie d'entre eux avait été blessée dans la bagarre, et le reste était à Edimbourg, attriré là par une fausse rumeur que nous avions lancée au sujet d'une attaque contre le quartier sorcier là-bas. Alors il a déchaîné les limiers de la mise en application de la loi.
Je ne sais pas quels sont exactement les critères du ministère pour ajouter des personnes à leur liste des suspects; tout ce que je peux dire est qu'environ cent personnes ont été amenées au ministère pour interrogatoire, et seulement un cinquième d'entre eux étaient vraiment des mangemorts, moi parmi eux. Ils nous y ont gardés deux jours entiers, posant les mêmes questions et les reposant de nouveau et finalement ils ont dû nous libérer. Quand je suis arrivé à la maison. le fait que je ne sois pas le seul et que le ministère va payer pour les dégâts qu'ils ont faits est de petite consolation. La mise en application de la loi avait fouillé la maison pendant mon absence. Je me serais attendu à du désordre, peut-être même quelques objets détruits, simplement parce qu'ils étaient déçus. Mais ils ont complètement anéanti presque tout ce que je possédais. Elias a immédiatement pris son envol, et Peggy avait disparu à sa mystérieuse manière elfique. Ils étaient déjà revenus quand je suis rentré. Esmeralda, cependant, n'avait pas d'ailes et aucun moyen de disparaître. Et ces brutes ne l'ont même pas tuée par un sortilège propre, simple. Peux-tu imaginer qu'ils lui ont coupé la tête pour prendre le collier?
Maintenant tout est réparé, la maison est habitable de nouveau et je réachète progressivement les livres (heureusement ils ne les ont pas brûlés si bien que la plupart d'entre eux pouvait être sauvée de toute façon, mais cela m'a pris des jours pour les réassembler et les relier à nouveau.) Tout semble revenu à son ancien état. Seul Elias cherche nerveusement sa compagne, en volant quelquefois, quelquefois en marchant à sa façon maladroite qui me fait rire contre ma volonté. D'une manière ou d'une autre, il semble avoir compris qu'elle est partie pour toujours et ne reviendra jamais. Il est triste, peut-être encore plus triste que moi.
Ces bâtards barbares ont fait la même chose dans les maisons de tous ceux qu'ils avaient arrêtés pour interrogatoire. Ils ont détruit et pillé et effrayé les habitants. C'est ce qui vous arrive quand vous employez cette sorte de rebuts de l'humanité-mais même si le ministère change sa stratégie, cela ne ramènera pas Esmeralda. Je me sens maintenant comme un étranger dans ma propre maison. Cela n'est plus ma maison, et je doute que cela redevienne jamais ma maison à nouveau. Je sens une telle rage impuissante.
Bien sûr, le public général était en tumulte quand la Gazette et le RRS ont rapporté-et cette fois, ils ne devaient même pas être partiaux ou exagérer- les brutalités commises par la mise en application de la loi. Le personnel deSte Mangouste. a presque succombé sous le nombre des enfants, conjoints et parents effrayés et blessés. Finalement, le ministère a dû envoyer ses Aurors après sa propre mise en application de la loi; plus de la moitié d'entre eux ont été renvoyés maintenant et servent des condamnations mineures à Azkaban. La plus grande part du butin a été rendue, et comme je l'ai dit, les dégâts matériels ont déjà été dédommagés par le ministère. Et Croupton sera constamment exclu de la ronde ministérielle-il a eu de la chance de ne pas perdre son poste de Chef de Département directement.
Je sais que je ne semble pas très cohérent tout de suite. Je dois seulement réorganiser mes pensées et ma vie. Comment cela doit être fait, je n'en ai aucune idée. Je ne sais pas non plus ce que je veux exactement changer. Pour l'instant, je continue comme si rien ne s'était produit, sentant pendant tout ce temps-là que je marche sur de la glace très mince. Peut- être va-t-elle se rompre-je n'en sais rien et je m'en fiche aussi.
Je joins à la lettre le collier d'Esméralda-t'ai je jamais dis que quand St. Jean me l'a donné j'ai cru que c'était un bracelet pour toi? En me rappelant de cette première méprise, je l'ai ensorcelé pour qu'il aille à ton poignet et ai changé le sortilège sur le fermoir pour que toi seule puisse l'ouvrir. Le ministère l'a renvoyé accompagné d'une lettre s'excusant d'une manière dégoûtante. Je pense que je n'aurai pas d'autre chat de sitôt et que même si c'était le cas, je ne voudrais pas qu'elle porte ce collier. Esmeralda était unique, et c'était le sien. Maintenant cela n'est plus un collier; tu es aussi unique, et donc il est à toi et j'espère que tu le porteras.
Je souhaiterais pouvoir remonter le temps, avant mon départ cette nuit fatidique, la métamorphoser en plante verte et la mettre dans le jardin. Alors je pourrais aller à l'extérieur maintenant, ramasser le pot et la retransformer en mon chat noir et brillant. Mais c'est impossible.
Je promets que la prochaine fois que je t'écrirai, ce sera une lettre plus enjouée, si seulement pour t'épargner soucis et anxiété.
Pour l'instant, au revoir. J'espère vraiment que tu vas bien.
Severus
~~~~*~~~~
" Vous avez été convoqués " dit Voldemort à ses quatre hommes de confiance, " parce que nous devons discuter de choses importantes ."
Comme si ce n'était pas entièrement évident, pensa Severus. Mais il était bon d'être ici, par cette journée splendide d'avril. Si loin dans le Sud, le printemps avait déjà commencé sa danse triomphale de victoire; il y avait encore des plaques de neige sous les arbres-si haut dans les montagnes, il fallait seulement s'y attendre-mais elles s'étaient retirées vers les troncs et étaient sales et bien trop conscientes de leur défaite imminente. L'air, encore frais et vif de la montagne, avait un caractère épicé submergeant qui piquait le sang et invitait à courir dehors se rouler dans l'herbe nouvelle et jeune. C'était beau et calme. Si calme. D'une tranquillité céleste agréablement orchestrée par la douce voix de Voldemort.
" Pendant les quelques prochains mois, " continua leur maître, " je serai absent et indisponible, sauf pour urgence majeure."
Quatre paires d'yeux le regardèrent d'un air interrogateur. Voldemort sourit de son mystérieux sourire fascinant.
" Je suppose que le nom de Grindelwald vous dit quelque chose. " Pas une question, une déclaration. Ils hochèrent tous la tête. " Ce que vous ne savez pas est qu'un de mes .contacts en Allemagne m'a récemment averti de la découverte d'une partie de la bibliothèque de Grindelwald. Je n'étais pas le seul qui la considérait comme perdue pour toujours après que ce pitoyable et ignorant de Dumbledore ait vaincu l'un des plus grands sorciers que le monde ait jamais vu."
A la mention d'une bibliothèque, l'attention de Severus, qui avait jusque'ici été un peu déconcentrée, devint soudain très alerte. "Et où ont- ils découvert les vestiges, mon Maître?"
" Ils sont. étaient bien cachés dans une caverne près de la frontière germano-autrichienne. Il n'y a pas d'habitation de sorciers à proximité, et ainsi le trésor est resté intouché par à la fois les sorciers et les Moldus pendant plus de trente ans. Il y a environ un mois, la personne en question s'est aventurée dans cette zone à la recherche de certaines herbes dont elle avait besoin et s'est aperçue qu'il y avait un nombre inhabituel d'animaux morts, apparemment sans tache; leurs corps étaient parsemés en ce qui semblait être un cercle de diamètre d'environ huit cent mètres. En son centre, elle a décelé l'entrée de la caverne."
" Alors vous allez en Allemagne, mon Maître?" demanda Lestrange .
" L'Allemagne est ma première destination, mais je ne peux même pas vous dire combien de temps je vais y rester, ni où exactement ce que je trouverai dans les livres me mènera. J'espère cependant ne pas être absent plus de trois ou quatre mois. Pendant cette période de temps, vous quatre resterez responsable de notre mouvement. Vous poursuivrez comme d'habitude, prenez des décisions ensemble comme toujours. Il est essentiel néanmoins, que personne n'ait conscience de mon absence. La situation a beaucoup changé en notre faveur, et je ne veux pas que cela soit mis en danger.
" Ceci veut dire bien sûr qu'il n'y aura pas d'opération majeure. Vous continuerez à agir à petite échelle, donnant de petits coups, afin de ne pas donner l'impression d'inactivité."
Les quatre hommes hochèrent la tête. "Il ne reste pas grand chose de toute façon, " remarqua Owen . " Des plus grandes institutions, il n'y a que Poudlard, bien sûr, que nous ne contrôlons pas. Alors nous devons simplement préserver le status quo, pour ainsi dire."
" Exactement " acquiesça Voldemort. " tout ce que vous devez faire est de préserver le status quo. Bien sûr le recrutement et le harcellement de ceux qui s'opposent encore à nous doivent être continués. Quand à Poudlard, je crois qu'ils sont suffisamment isolés maintenant pour nous permettre de laisser les choses comme elles sont au moins pour les quelques prochains mois."
" Et pour les réfugiés?" demanda Severus. " Vous avez sans aucun doute entendu les rumeurs, mon maître, comme quoi Dumbledore offre un asile à qui que ce soit qui le demande? Devrions-nous essayer d'intercepter ceux qui cherchent un abri à Poudlard?"
" Non, je crois que nous devrions résister à cette tentation pour le moment. Il est de loin préférable de laisser la distance séparant Dumbledore du ministère augmenter encore. En ouvrant ses bras aux réfugiés, le vénérable directeur fait exactement cela et nous n'avons même pas besoin de même bouger un doigt. Quand je reviendrai, nous verrons."
" Et les rumeurs au sujet d'infiltrer nos rangs avec des espions?" demanda Lestrange, " Que devons nous faire, si nous nous rendions compte qu'elles sont vraies? Que devons nous faire des traitres?"
Voldemort émit un ricanement méprisant. " Autant qu'il puisse essayer, Dumbledore ne réussira pas à faire entrer un seul espion dans les rangs de mes fidèles partisans. Mais juste au cas où il réussisse soit à faire cela, soit à corrompre un de mes mangemorts, je dois être averti immédiatement. Je suis le seul à pouvoir exécuter la punition, et cela ne doit absolument pas être reporté à plus tard."
Ils reçurent plus d'instructions, posèrent plus de questions. Tout ce temps, Severus observait Voldemort. Il y avait un air d'excitement, d'attente presque gamine, chez lui. L'espérance de trouver des trésors indicibles, lui révélant de nouvelles sources de puissance encore plus grande. Grindelwald. Severus essaya de se rappeler ce qu'il avait lu et appris sur ce sorcier. Bien sûr, chaque livre ou mot dit était complètement partial, bredouillant à propos du ' plus grand danger pour le monde des sorciers 'et 'vaincu juste à temps par le grand Albus Dumbledore', infatigablement conjurant la certaine fin du monde et leur libération juste à temps. Il était difficile de voir à travers la confusion de la propagande et de déchiffrer ce qui était bien caché entre les lignes. Grindelwald avait été grand, il voulait apporter des changements que la société des sorciers craignait ou refusait. Ce qui avait exactement été ses pensées avait prudemment été dissimulé sous des mots exagérés de contes de fées mettant en garde les gens contre leur curiosité comme les enfants étaient mis en garde contre les loups-garous pendant la pleine lune.
Voldemort n'aurait pas pu le rencontrer. Il avait tout juste terminé l'école quand Grindelwald avait été vaincu, et étant donné qu'il avait passé ses vacances dans un orphelinat moldu, il n'y avait certainement eu aucune possibilité de partir, moins que tout en Allemagne. Mais maintenant le trésor caché était sur le point d'être réssuscité. Il était difficile d'imaginer quiconque de plus puissant de mieux versé dans la magie noire que Voldemort, mais d'un autre côté Grindelwald avait eu cent treize ans à sa mort, et il était seulement raisonnable de supposer que dans toutes ceus années il avait accumulé une richesse de connaissances, dont une partie était inconnue même pour Voldemort. Avait été inconnue, car il allait très bientôt absorber tout cela et devenir plus puissant que jamais avant. Que quiconque jamais avant.
~~~~*~~~~
Ils étaient assis dans les sièges d'osier sous un groupe de bouleaux pas loin de la façade orientale du Manoir Malfoy. A travers les portes françaises ouvertes, Severus pouvait voir deux Elfes de Maison courant de haut en bas des étagères de la bibliothèque, occupés à dépoussiérer et arranger soigneusement les tomes. Narcissa, qui avait fait une guérison splendide, était assise à côté de lui, un rêve du printemps en mousseline vert pâle, ses cheveux détâchés et dérivant dans la brise de mai. Les medisorciers avaient mis en garde elle et Lucius contre une autre grossesse pendant au moins une autre année et donc elle était mince de nouveau; son ventre redevenu plat et sa poitrine aussi petite qu'elle l'avait été. D'une certaine manière, pensa Severus, elle ressemblait à un bouleau.
La perte de son enfant avait été difficile pour elle. Il semblait néanmoins que le couple soit arrivé à un entendement concernant leurs sentiments l'un pour l'autre -peut-être que Lucius avait finalement surmonté ses scrupules, bien que Severus ne lui ait jamais directement demandé. Ce qui avait été dit entre eux ce soir d'avant Noël n'avait jamais été mentionné de nouveau. Il était visible néanmoins, que Narcissa, tout en pleurant son enfant, n'était pas complètement malheureuse. Tout de suite, elle essayait de diriger la réflexion de la lumière du soleil sur sa bague de mariage dans l'oeil droit de son époux. Elle réussit et il lui sourit, sa main gauche jouant avec une mèche de ses cheveux avec une l'indifférence prudemment affectée.
A la gauche de Severus, Heather était engagée dans une discussion vive avec Owen, qu'elle était encore, de façon entêtée, décidée à épouser malgré sa mauvaise volonté que trop évidente.
Leurs sièges étaient groupés autour d'une table qui avait été débarrassée des restes d'un léger mais somptueux repas par un elfe de maison il y a seulement quelques secondes. Maintenant ils attendaient le dessert, et quand il fut apporté, la conversation qui s'était langui depuis dix minutes redevint générale et animée de nouveau.
" Alors tu n'aimes toujours pas le chocolat?" demanda Heather et elle se servit d'une cuillérée généreuse de Mousse au Chocolat**.
Severus secoua la tête. "Non, et je ne pense pas que je le fasse jamais. Si tu me demandes mon avis, tu l'aimes un peu trop, " dit-il, avec un coup d'oeil significatif à sa forme exubérante.
" C'est soit le chocolat soit l'amour, " répliqua-t-elle en haussant les épaules.
" Quelle observation incroyablement courante et inoriginale!" dit Lucius . " Tu es medisorcière pour l'amour du ciel, et ainsi devrais être plus intelligent que ça ."
Dans une tentative de sortir la conversation de ce terrain un peu épineux Severus demanda, "En parlant de medisorciers, quand sont tes examens finaux Heather?"
" Dans six semaines. J'étudie comme une folle."
" Un grand bien que cela te fera " murmura Owen mais assez fort pour qu'elle l'entende.
Severus roula des yeux. " Ecoutez, pourriez-vous simplement arrêter un peu? Je ne suis pas intéressé par vos chamailleries constantes. Je veux simplement passez un après-midi agréable, c'est tout." Narcissa sourit et Lucius leva un sourcil mais ne dit rien. " Et que vas-tu faire après?" demanda Severus à Heather.
" C'est exactement le problème, " dit-elle, " je ne sais pas. Je veux dire que bien sûr je pourrais essayer d'avoir un travail à Ste. Mangouste, mais ce n'est pas vraiment ce que je veux."
" Que veux-tu alors?" se renseigna Narcissa.
" A part devenir Mme McNair, " ajouta Lucius et il fut rapidement poussé dans les côtes par son épouse dévouée.
Severus fit mentalement un pas en arrière, se distançant ainsi du groupe entier, l'observant attentivement avec l'oeil d'un peintre ou d'un écrivain. C'était une scène qui aurait pu être décrite par Henry James, ou appliquée par petites touches sur toile en milliers de coups minuscules par Monet. Cinq jeunes personnes, la jeunesse dorée** du monde sorcier britannique rassemblées paresseusement entre les teintes d'or et de blanc et de vert, occupées à des plaisanteries insensées et sans autre souci au monde que de prendre autant de plaisir que la vie leur offrirait. Il a essaya d'imaginer cette peinture admirée par des Moldus dans un musée Moldu. Leurs ?uvres d'art ne bougeaient pas, et tout dépendait de la capacité des artistes à saisir un seul moment significatif et de l'immobiliser pour l'éternité. Il choisirait les sourcils froncés de Heather, pendant que son visage était tourné vers Owen, son attitude entière exprimant le désir et la frustration. Il pourrait capturer le sourire cruel d'Owen et sa main, à demi levée, la paume tournée vers Heather en un geste de Assez! Il devrait définitivement peindre Narcissa exactement comme elle était maintenant, penchée en arrière dans sa chaise avec sa tête légèrment penchée vers son épaule gauche, les yeux fermés , la main droite relâchée et douce sur l'accoudoir du fauteuil, se déléctant du contact infinitésimal entre ses doigts et ceux de Lucius. Lucius, portant une expression de réserve ironique, regardant le couple en face de lui avec des sourcils levés pendant qu'un sourire jouant sur ses lèvres révélait que son esprit était ailleurs, concentré sur le contact des doigts de son épouse. Et Severus, la joue gauche dans sa main gauche, le coude gauche étayé sur l'accoudoir, la main droite jouant avec sa cuiller, dont l'éclat impéccable était terni par les restes du sorbet citron . Méditant et observant.
L'idée était si enchanteresse qu'il pouvait voir la peinture dans son lourd cadre doré C'était beau, et cela changeait. Imperceptiblement, comme une goutte de l'huile se développant sur une feuille de parchemin, d'autres couleurs, plus sombres, commencèrent à faire surface. Le rouge et le noir suintaient progressivement dans l'image, défigurant les visages, changeant les traits, se changeant en formes distinctes. La bouche d'Owen devint une fente béante d'où du sang gouttait sur son menton, un pénis rouge faisant trois fois sa taille naturelle avait surgi de son entrejambe, empalant la silhouette molle d'une femme anonyme. Le visage de Heather était métamorphosé en un masque furieux, ressemblant à une harpie, dont le long regard était fixé sur Owen, les tendons se bombaient dans sa gorge gonflée, et des griffes ruisselantes de sang rampaient lentement vers le cou de son amant. Les robes de Narcissa étaient devenues noires, son ventre était une fois de plus tumescent, ses seins pleuraient du sang sang pleurant, ses mains étreignaient un minuscule corps immobile. Et Lucius la regardait lui- même avec un air de furie impuissante, son beau visage aussi pâle que celui de la mort elle-même, ses vêtements aussi rouges que ceux d'un cardinal ou d'un bourreau, ses mains trempées de sang comme celles des autres. Lentement, à contrecoeur, le regard de Severus se tourna vers lui-même, et il vit que sa silhouette avait rétréci d'une manière ou d'une autre, continuait à se ratatiner en elle-même, jusqu'à ce qu'elle soit une figure noire ressemblant à un gobelin, son visage aussi noir que ses robes et cheveux, ses pieds touchant à peine le sol duquel montait inexorablement une marée rouge.
Le doux contact de Narcissa sur son bras droit fit l'impression d'une lame chauffée au rouge. " Severus, où es-tu?" il secoua simplement la tête, encore incapable de parler. "Tu rêvasses, hein? C'est un jour beau néanmoins, du genre qui apporte des rêves éveillés, alors tu es pardonné, et je vais répéter ma question : Voudrais-tu du cognac?"
"Oui, " dit-il d'une voix rauque, il se racla la gorge et répéta " Oui s'il te plaît, du cognac serait parfait."
~~~~*~~~~
Des livres, peu nombreux, mais à l'air anciens, riches de vérité, de connaissance et de puissance. Des rouleaux de parchemin, leurs bords mangés par le temps, effilochés et brunâtres. Une pile de feuilles à l'air plus récentes, couvertes d'une écriture manuscrite hardie, les lettres penchées légèrement vers la droite mais tendant sans pouvoir s'y tromper vers le haut. Un trésor de valeur inestimable, à la fois en termes d'argent et d'érudition. Severus regardait cela fixement, paralysé et désireux de toucher, bien qu'il sache qu'il ne serait probablement pas autorisé à le faire.
" Mon Maître-" sa voix chevrotait un peu avec l'agitation " -Mon Maître, ai- je raison de supposer que c'est ce que vous avez rapporté d'Allemagne?"
"Une partie, oui. La partie qui te concerne directement."
Avec difficulté, Severus déchira son regard des livres sur la table et regarda son maître . " Moi, Mon Maitre? Puis-je demander-"
" Bien sûr que tu peux demander. Mais d'abord, réponds à ma question. Comment vont tes études ?"
" Selon McLachlan, de manière très satisfaisante, mon seigneur. En fait, cette semaine est ma dernière semaine en tant que son apprenti. J'ai déjà envoyé une lettre à l'université, demandant d'être admis à passer l'examen de maîtrise, peut-être avant que les vacances ne commencent. Il m'a écrit une lettre de recommandation qui m'a fait rougir, alors je ne m'attends pas à ce qu'il y ait de difficultés. A l'exception de la lenteur de leur administration, bien sûr, qui pourrait ne pas permettre à l'examen d'avoir lieu avant le début du trimestre suivant."
Les doigts de Voldemort glissèrent sur les tomes en un geste de caresse absente. " Très bien, " dit-il, souriant à Severus, " Etant donné l'avarice habituelle de McLachlan en ce qui concerne les louanges, tes progrès doivent en effet le satisfaire. Fera-t-il partie de la commission?"
"Non, mon seigneur. St.Jean y sera, avec deux autres membres de la faculté de l'UMU. Il m'a dit qu'ils allaient appeler Van der Beulen et Alcalde comme experts indépendants."
" Alcalde? Il est d'Argentine, n'est ce pas ?"
"Chili, mon Maître."
" En effet. Eh bien, il semble qu'ils aient bien choisi. Maintenant que tu as répondu à ma question et de manière très satisfaisante je vais répondre à la tienne. Ceci-" et il indiqua les livres et les parchemins "Est de la documentation pour ton projet suivant."
La tête de Severus se releva rapidement. " Mon p. vous voulez dire que vous me les confiez? Mon Maître?" ajouta-t-il, car son enthousiasme lui avait presque fait oublier la due forme pour s'adresser à Lord Voldemort.
" Comme nous sommes semblables, " dit le seigneur des ténèbres, étendant la main par-dessus la table et touchant brièvement la main de Severus. " Ma réaction devant ce trésor était la même. Bien que j'aie vu seulement la moitié de ce qui est maintenant empilé sur cette table quand je suis arrivé en Allemagne. J'ai dû passer la plus grande partie de mes presque trois mois d'absence à une futile chasse au livre à travers l'Europe. Grindelwald cachait sa sagesse très bien et il couvrait ses traces presque jusqu'à les rendre indétectables. Pas pour Lord Voldemort, cependant."
Severus essaya de scruter les couvertures assombries par l'âge, pour pouvoir discerner les titres; mais ce qui avait autrefois probablement été couvert d'or était presque complètement effacé et il faisait trop sombre dans la pièce pour déchiffrer les lettres et les signes seulement par leurs empreintes laissées dans le cuir doux. Voldemort suivit son regard et sourit.
" Oui, il est difficile de résister à la tentation. Mais je demande que tu passes tes examens avant de t'embarquer dans ce projet. Ces deux choses ont besoin de ta concentration entière et la méritent; elles ne peuvent pas être attaquées en même temps. Une fois que tu auras reçu ton diplôme tu seras initié et tu recevras ma marque. Et ensuite, seulement ensuite, je te remettrai ce trésor . Si tu réussis, tu ouvriras une porte que personne, ni sorcier, ni moldu, n'a jamais ouverte. "
Sentant sa respiration s'arrêter dans sa poitrine, Severus demanda, " Mon Maître, pourriez-vous. s'il vous plaît au moins me donner un indice. Quel est le secret contenu dans ces livres et ces papiers ? "
Il fut frappé par une décharge d'énergie magique quand Voldemort se pencha en avant pour approcher son visage de celui de Severus. " De la puissance, Severus. De la puissance et de la vie. Une puissance incommensurable et une vie éternelle. "
**en français dans le texte.
Allait-il mourir ce soir? Cette pensée le dérangeait-elle vraiment, ou ses émotions suivaient elles simplement une convention, parce qu'il était publiquement convenu que l'idée de mourir devait déranger? Avait-il peur?
Severus avait passé tout l'après-midi et la plus grande partie de la soirée dans son propre laboratoire, réorganisant futilement ses ingrédients, faisant une liste de ce en quoi il devait se réapprovisionner, tripotant les fioles, les béchers et les alembics. Il avait essayé d'écouter ses morceaux favoris de musique puis de la musique qu'il n'aimait pas particulièrement. Il avait brossé le poil déjà brillant d'Esmeralda, à la grande consternation du chat. Aucune de ces occupations n'avait été suffisante pour empêcher son esprit de tourner sans cesse en rond. Des passe-temps plus sérieux comme lire, étudier ou même préparer des potions, avaient été rendus impossible par le tourbillon constant des pensées qui étaient trop distinctes pour permettre de se concentrer mais trop peu claires pour être saisies par la conscience, empoignées, amenées à une fin et rangées pour utilisation future.
Cet état d'esprit le faisait se sentir incertain. Depuis cette rencontre fatidique avec Voldemort au début de janvier, il avait senti un certain engourdissement, mais jusqu'ici il avait toujours pu s'en débarrasser. Il y avait eu quelques opérations mineures où il avait été aux commandes; rien d'important, plus ou moins des attaques sans importance sur des personnes qui devaient être intimidées. Ce soir était différent, néanmoins. Le raid sur l'Académie des Aurors était la première opération majeure depuis qu'ils avaient éliminé Prewett, et cette fois-ci leurs adversaires ne seraient pas un groupe d'étudiants à moitié ivres. L'Académie comptait trente-deux apprentis, dont vingt-trois étaient des hommes. Le personnel enseignant se composait de huit professeurs plus le recteur. On était maintenant fin février, si bien que les apprentis avaient déjà été entraînés pendant six mois dans un climat de tension et de vigilance constantes. Quarante et un contre cinquante-cinq mangemorts. Etant donné que l'attaque allait avoir lieu au milieu de la nuit, les chances de ces derniers n'étaient pas du tout mauvaises.
En outre, Lestrange avait eu l'idée de donner des fausses informations au ministère: ils croyaient maintenant que les mangemorts préparaient une attaque avec toutes leurs forces sur le quartier sorcier d'Edimbourg et avaient ainsi envoyé la plus grande partie de leurs troupes -à la fois les représentants de la loi et les Aurors-dans le ville qui était, selon les rapports des informateurs dignes de confiance, pleine de patrouilles et d'hommes en civil. Malgré cette diversion réussie et les pertes majeures dont le ministère avait récemment souffert, il y avait encore assez de Représentants de la Loi et d'Aurors pour leur causer des ennuis sérieux ce soir s'ils arrivaient à temps.
De manière assez surprenante, les divers sorts et charmes entourant l'immeuble comme une coupole d'énergie magique étaient seulement là pour le rendre indiscernable pour les Moldus. Et ils avaient des protections anti- transplanage. Mais rien d'autre. Ni Severus ni les trois autres n'avaient cru leurs oreilles quand ils avaient obtenu ces informations de Rookwood. Même le fait que le recteur, Roger Lovegood était un ancien Gryffondor n'expliquait pas une telle insouciance. Haussant les épaules devant leurs manifestations de confusion, Rookwood avait expliqué que cela faisait partie de la politique du Ministre du moment -Croupton Sr. tenait actuellement cette position- de contre-attaquer avec une brutalité suprême en cas d'attaque mais en même temps d'afficher une attitude d'audace et de courage inébranlables.
Cela rendait la tâche des mangemorts à la fois plus facile et plus dangereuse. Entrer dans l'immeuble était du gâteau. Eliminer les étudiants allait prendre peu de temps. Il était probable que les professeurs soient des adversaires plus difficiles, mais ils pourraient être facilement maîtrisés si leurs agresseurs étaient soigneusement choisis. Mais le système d'alerte à Magie Noire du ministère avait subi des changements considérables, de telle sorte qu'un seul sortilège de mort déclencherait forcément les alarmes. Des discussions interminables entre Severus, Owen, St. Jean et Lucius s'étaient ensuivies.
" Vous voyez " dit Owen se penchant pour avoir une meilleure vue des plans des lieux que Barty Croupton-plus désireux que jamais de prouver sa valeur-- -leur avait procuré. " La meilleure façon d' entrer est par l'entrée principale, parce que cela mène directement à la partie contenant les salles de classe et les équipements d'entraînement. Si nous utilisions ceci- " il indiqua une porte à l'autre bout de l'immeuble -" Nous devons passer par la cuisine et la lingerie, ce qui veut dire que nous pourrions être vus par un elfe de maison. Trop risqué, si vous me demandez mon avis."
Lestrange hocha la tête. " Cela nous coûtera du temps mais étant donné qu'il n'y a pas de protections à casser ou invalider, il n'y a aucun danger qu'une alarme se mette en route au ministère ou ailleurs. Alors nous perdons du temps mais pas de temps précieux. En outre, le couloir menant de la porte principale à l'entrée des quartiers d'habitation n'est pas très long. De toute façon, ce n'est pas la question. Combien entrent et combien resteront dehors?"
" Nous sommes cinquante-cinq, en tout, " murmura Owen, " alors si trente entrent et vingt-cinq restent dehors."
" Impossible, " dit Severus. " Je m'y oppose absolument. Nous savons qu'il y a trente-deux apprentis, alors il doit y avoir au moins le même nombre de notre côté."
"Attends. Attends. Tu oublies qu'il y en a deux par dortoir et-"
"Oui, Lucius, je sais qu'il y en a deux par pièce. Et si c'est quelque chose, c'est un point en faveur de mon argument. Combien de personnes dans nos troupes considéres-tu capables d'affronter plus d'un adversaire dans un espace fermé?"
Lucius leva ses mains , abandonnant.
" Je crois que Severus marque un point " dit Lestrange.
" Bien sûr que je marque un point. Et il y a autre chose que nous devons considérer. Vous rappelez-vous de l'attaque contre les. je ne me rappelle jamais du nom. cette famille à Newcastle, il y a deux semaines? Quand Cameron a été incapable de tuer cette femme et a presque payé sa chevalerie ou ses instincts mâles profondément enracinés ou quoi que ce soit de sa vie? Nous n'avons pas le temps de lire les étiquettes des noms sur les portes des dortoir, s'il y en a, et de répartir nos camarades en conséquence. Il doit y avoir un homme et une femme par dortoir, sinon nous sommes obligés d'avoir de vilaines surprises."
Les trois autres hochèrent la tête.
" Il y a vingt dortoirs néanmoins, " dit Owen après avoir compté les pièces sur le plan. " Il est impossible de découvrir lesquels sont occupés."
" Ce qui signifie que nous avons besoin de quarante personnes rien que pour les étudiants !" s'exclama Lucius. " Ce qui laisse quinze d'entre nous moins ceux qui s'occupent des enseignants! Si nous avons six personnes à monter la garde à l'extérieur, nous pouvons tout aussi bien laisser nos dos à découvert. C'est de la pure folie."
La discussion continua, sans résultats conséquents. C'était énervant, particulièrement parce que les quatre hommes étaient déjà sous beaucoup de stress. Comme toujours Lucius utilisait des quantités libérales de whisky pour réparer ses nerfs déchiquetés et, comme il était quelquefois le cas, il avait ses meilleures idées quand son cerveau était complètement imprégné d'alcool. Les autres méditaient en un silence qui était devenu presque hostile; Owen grignotait sa plume, Severus tapota un rythme furieux sur la table avec ses doigts, et St. Jean n'arrêtait pas de masser le pli entre ses sourcils quand Lucius, regardant apparemment fixement par la fenêtre et ses pensées à des miliers de kilomètres de là, rompit le dur silence.
" Pourquoi diable devons-nous laisser des gens dehors?" demanda-t-il, sa voix plus forte qu'à l'habitude à cause de son état d'ébriété.
" Parce que cela se fait comme cela Lucius, voila pourquoi, " dit Owen, maintenant complètement exaspéré.
" Si les gens avaient toujours fait les choses de la manière par laquelle elles sont faites, nous serions toujours en haut des arbres, à les brûler par des coups de magie sans baguette " déclara Lucius.
L'image mentale de Lucius assis en haut d'un arbre était un peu trop pour les nerfs à bout de Severus et il céda à une crise de rire, impuissant . " Désolé, " dit-il quand il fut de nouveau capable de parler distinctement, " continue, Lucius, dis nous ton idée."
Chaque cheveu encore parfaitement en place ses joues pâles couvertes par la plus légère des teintes roses malgré son ébriété monumentale, Lucius le regarda fixement en levant un sourcil. " Merci. Ce que je voulais dire était ceci: Nous ne sommes pas obligés de laisser des gardes dehors. Il est mieux d'avoir tout le monde à l'intérieur, afin de terminer le travail aussi rapidement que possible et alors transplaner immédiatement. Nous quatre plus cinq autres duellistes adroits pour le personnel et tout le reste pour les étudiants. Chronométrage parfait, pour qu'en premier tout le monde soit à sa place et alors nous frappons simultanément. Qui que ce soit qui a éliminé sa cible quitte les lieux sans hésitation. Ainsi nous devrions avoir terminé en moins d'une minute, et quand les Aurors arriveront, ils ne trouveront aucun de nous."
Le discours un peu mal articulé de Lucius fut suivi par un autre silence, moins dur cette fois ci.
" Ceci, " dit finalement Lestrange " Est le plan le plus imprudemment Gryffondorque que j'aie jamais entendu venir d'un Serpentard. Mais c'est brilliant."
Severus et Owen hochèrent la tête à contrecoeur.
" Cela va être l'opération la plus sacrément dangereuse que nous ayions jamais fait " dit Severus, " et surtout pour nous. S'attaquer aux professeurs en combat à un contre un est quelque chose à quoi seul un Lucius complètement ivre pourrait faire référence comme si ce n'était rien de plus que d'écraser un scarabée sous son talon. Mais oui, c'est brillant et cela nous évitera probablement beaucoup de pertes et de blessures."
Tout en revoyant mentalement cette discussion, Severus attacha les fermoirs de sa cape et se demanda si les autres avaient jamais peur avant une attaque. Car il avait peur, aussi difficile que cela soit de s'admettre cela. Il avait eu peur en d'autres occasions, mais cela avait été une sorte différente de peur. Pas refroidissant les os comme maintenant. Cela avait été la partie nécessaire d'un tout bien défini. Comme une marche brisée dans un escalier-vous saviez qu'elle était là, marchiez dessus prudemment, prenniez la suivante et finalement. vous arriviez. Depuis cette rencontre avec Voldemort néanmoins, il semblait qu'il n'y avait plus de marches au- delà de celle-ci. L'escalier se terminait là; il s'achevait simplement, et vous vous teniez sur cette dernière marche de la peur, oscillant au-dessus de l'abîme, incapable de revenir en arrière mais également sûr qu'il n'y avait rien au-delà de cette dernière marche brisée, pas de filet de sécurité, pas de main tendue, seulement purement et simplement rien.
Est-ce qu'il dramatisait trop ? pensa-t-il, tenant le masque dans sa main droite, examinant sa surface sans expression. Pourquoi cette seule phrase que Voldemort avait prononcée l'avait-il envoyé chuter de la falaise, qu'il avait pensé être une étendue interminable, solide, de rocher où il pouvait se déplacer sans danger? Alors maintenant sa peur de se faire prendre, d'être découvert et envoyé à Azkaban était la dernière marche? Il avait toujours redouté cette conséquence, plus que la mort, depuis le jour-même où les Aurors étaient arrivés à Poudlard pour faire leur enquête sur Sibylle. Faire face à cette anxiété, lui résister et la terrasser finalement avait toujours été un sacrifice, fait avec joie pour un but plus haut. Pour l'amour d'un nouvel ordre où il allait y avoir une nouvelle sorte de liberté; Voldemort avait confirmé à maintes reprises cette connaissance instinctive par ses propres mots.
Quelques mots étaient-ils vraiment assez pour secouer l'inébranlable? Ou est-ce que lui, Severus, cherchait simplement peut-être une excuse convenable pour ses propres défauts et essayait de justifier ses trahisons en trouvant des fautes imaginaires chez son maître ?
Il mit son masque, savourant le sentiment d'avoir une seconde peau qui cacherait, du moins temporairement, tout ce qui se trouvait au-dessous. Sa baguette de mangemort-tech, trente deux centimètres et demi, avec un centre de filament de c?ur de Dent de Vipère du Pérou-était coincée en sûreté dans sa manche gauche. Presque silencieusement, il sortit de sa chambre, traversa le palier inéclairé et se glissa dans son laboratoire, également sombre. Il suivait encore méticuleusement l'ordre de Lestrange de mettre ses vêtements de mangemort dans l'obscurité complète; maintenant plus que jamais, c'était une mesure de sécurité nécessaire. Il avait abandonné son habitude d'éviter les yeux de Peggy, car il savait maintenant qu'elle l'avait déjà vu mais ne le trahirait jamais.
La fiole contenant l'antidote-nommé de manière appropriée Falsitaserum- était posée sur l'établi qu'il avait lavé de manière si obsessionnelle dans l'après-midi. Chaque mangemort en avait reçu une semblable accompagnée d'un parchemin avec les instructions exactes sur quand et comment le prendre. Selon les souhaits de Lord Voldemort, sa nature et son effet n'avaient pas été expliqués néanmoins. Severus ôta le bouchon et avala le liquide en une gorgée. Cela l'étourdit momentanément, mais la sensation fut bientôt partie. Il devrait se sentir plus en sécurité maintenant, plus calme. Mais la peur devint seulement plus poignante.
~~~~*~~~~
Tout se passait sans accroc. Personne n'avait été en retard, les montres avaient été synchronisées à la perfection, les chaussures avaient été ensorcelées pour ne faire aucun bruit dans les couloirs. Ligne silencieuse de spectres noirs, ils étaient entrés dans l'immeuble, des groupes de deux ou trois s'écartant de la ligne principale quand ils avaient atteint les quartiers des étudiants, les portes s'étaient ouvertes sans résistance et avaient admis neuf d'entre eux dans la zone où le personnel enseignant vivait. Les secondes avaient été comptées, et précisément au même moment, plus de portes s'étaient ouvertes.
La pièce où Severus était entrée était d'un noir d'encre. Si les plans étaient correct-il ne pouvait pas vraiment en être sûr, puisqu'il était toujours possible que les habitants aient adapté magiquement leurs habitations à leur goût particulier -cela devait être la salle de séjour. Quand les yeux de Severus se furent adaptés au manque de lumière, il put voir le faible rougeoiement des derniers charbons ardents d'un feu mourant à sa gauche. Il laissa échapper un petit soupir de soulagement, car c'était exactement ce à quoi il s'était attendu. Alors l'entrée de la chambre devrait être à sa droite. Il envisagea brièvement d'allumer sa baguette mais ensuite considéra cela trop risqué. Il n'était certainement pas le seul qui, de temps en temps, s'endormait devant sa cheminée, bercé en un sommeil paisible par le craquement des flammes et un verre de whisky. Alors il exécuta un sortilège de détection. Il lui dit qu'il était la seule personne présente . Ce qui voulait dire qu'il pouvait allumer les bougies.
Severus s'accordait peu de frivolités en ce qui concernait ses devoirs de mangemort; en fait il prenait seulement du plaisir à en permettre une: Il s'accordait toujours une observation courte mais prudente de l'habitat de ceux qu'il allait exécuter. Pour dire la vérité cela n'était pas une habitude entièrement frivole car cela en disait long sur ses adversaires, et il y avait eu plus d'une occasion où cela lui avait épargné beaucoup d'ennuis. S'il entrait dans une maison et trébuchait sur plus de dix paires de chaussures, éparpillées avec négligence sur le sol, il pouvait être sûr que l'habitant était du genre négligent, négligé, qui ne trouverait probablement pas sa baguette immédiatement. Si tout était soigneusement arrangé et ordonné, il pouvait raisonnablement s'attendre à ce que son adversaire ait mis sa baguette sur sa table de nuit exactement dans la position qui lui permettait de l'agripper immédiatement.
Avec un seul regard, Severus vit une paire de chaussures à talons hauts, un foulard de velours rouge sombre étendu sur un porte chapeau, un tas des livres sur le plancher à côté d'un canapé à l'évidence beaucoup utilisé, un tome ouvert et les pages vers le bas- il grimaça à cette vue-sur le canapé, et une bouteille à moitié vide de vin rouge était posé sur une table basse à proximité. Les quartiers d'une femme. Il poursuivit vers la chambre.
La porte était protégée, et Severus jura dans son souffle. Cela allait coûter un temps précieux. Cela ne lui prit pas longtemps pour désactiver le sortilège de verrouillage cependant, et après quelques secondes ; elle s'ouvrit.
Ils n'avaient pas considéré l'éventualité que les membres de la faculté aient des amants, pensa-t-il de façon désabusée. La tête de la femme était reposée sur la poitrine de l'homme, son visage couvert par une tignasse de cheveux blonds. Tous les deux dormaient profondément, respirant à un rythme presque identique. Qui frapper d'abord, se demanda Severus. Il opta pour la femme, parce que son poids mort fournirait un obstacle suffisant à l'homme sous elle, si bien qu'il ne pourrait pas agripper sa baguette. Peut-être ne l'avait-il même pas apportée. Etrange qu'un couple endormi, membres entrelacés et encore exhalant une faible odeur d'excitation et de sueur, ait autant l'air plus vulnérable qu'une seule personne. Il sentit un pincement de coeur de jalousie devant leur contentement trop évident. Ce fut suffisant pour surmonter sa faiblesse momentanée et pointer sa baguette vers la tête blonde.
La secousse brève de son corps suivit par un infinitésimal fléchissement de son corps maintenant mort, fut suffisant pour réveiller son compagnon. Bien qu'étant choqué, sa réaction fut impeccablement correcte: Avant que Severus n'ait rassemblé assez d'énergie pour jeter un second sortilège de meurtre, il avait déjà tiré le corps immobile de son amante morte sur lui, se protégeant ainsi efficacement, et cherchait maladroitement sa baguette. Sa respiration en loques était le seul bruit dans la pièce, et semblait anormalement fort. Maudissant cet homme pour sa présence d'esprit, Severus se concentra, visa et rata. Le bras du soricier était la seule cible disponible, et elle bougeait constamment. La lumière verte frappa le mur derrière lui, ricocha et Severus dût esquiver afin de ne pas tomber, victime de sa propre malédiction. Quand il se releva de nouveau, l'autre sorcier étreignait fermement sa baguette dans sa main droite.
Le duel échauffé qui s'ensuivit ne prit probablement pas plus que deux longues minutes. Quand Severus en eut finalement terminé avec son adversaire, il se dépêcha de sortir de la chambre, seulement pour entendre les plops révélateurs, annonçant l'arrivée des Aurors. S'il était très malchanceux, il était le seul encore sur les lieux et ainsi pouvant être pris ou tué.
~~~~*~~~~
Chère Clarissa
Merci pour ce merveilleux cadeau de Noel. Je n'avais pas conscience que les indiens aient une si vaste connaissance des potions et une si différente de la notre. Même McLachlan était impressionné, et ce n'est pas peu dire.
Je suis pas tout à fait capable de déterrer beaucoup d'enthousiasme tout de suite néanmoins. Et je ne me suis jamais senti plus seul. Je souhaiterais que tu soies ici, pour que je puisse te parler au lieu d'écrire. C'est un moyen si stérile de communication. Je souhaiterais que tu sois là. Je sais que tu pleurerais et qu'ensuite je pourrais t'appeler une stupide femelle sentimentale et cela me ferait me sentir mieux. Au moins tu ne m'appellerais pas stupide parce que je porte le deuil d'un chat, ce qui est, sans aucun doute, ce que les autres diraient, alors je ne me donnais pas même la peine de le leur dire. Et j'ai conscience que ceci n'a aucun sens du tout, alors je suppose que je devrais commencer au commencement.
Nous avons attaqué L'Académie des Aurors le 25 février. C'était dans l'ensemble un succès magnifique. Tous les apprentis ont été tués, et de même six des huit professeurs et le recteur. Nous les aurions tous achevés, si les troupes du ministère n'étaient pas arrivées un peu trop tôt. Nous étions neuf contre vingt (plus ou moins) d'entre eux, et je n'ai jamais été si exténué de ma vie qu'après cette bataille. Nous avions déjà tous exécuté un sortilège de meurtre (dans mon cas, même deux), et ainsi nous aurions eu besoin de temps pour nous rétablir et en jeter plus. Le temps était ce que nous n'avions pas, cependant, et donc nous avons dû nous satisfaire de simplement causer autant de blessures que possible. J'ai eu le plaisir de détruire de manière permanente l'oeil gauche d'Alastor Maugrey, mais même cela n'est pas suffisant pour me donner quelque satisfaction que ce soit tout de suite. St. Jean a été gravement blessé par Frank Londubat mais a réussi à transplaner chez lui. Heureusement, il n'est pas encore sur la liste des suspects possibles du ministère. Aucun de nous n'a été attrapé sur les lieux, et nous avons tous réussi à revenir chez nous.
Je t' ai dit dans ma dernière lettre que nous n'avions pas de ministre permanent; jusqu'à la fin de février, le père de Barty tenait cette position. Nous aurions dû exécuter l'opération au commencement de mars, mais aucun d'entre nous n'y avait pensé. Tu sais comment les choses se passaient d'habitude jusqu'ici: Il y avait un raid, et quelques minutes plus tard, les Aurors apparaîtraient chez nous, poseraient quelques questions stupides et repartiraient. Pas sous le règne de M. Croupton. Il ne pouvait pas envoyer d'Aurors cette fois car une partie d'entre eux avait été blessée dans la bagarre, et le reste était à Edimbourg, attriré là par une fausse rumeur que nous avions lancée au sujet d'une attaque contre le quartier sorcier là-bas. Alors il a déchaîné les limiers de la mise en application de la loi.
Je ne sais pas quels sont exactement les critères du ministère pour ajouter des personnes à leur liste des suspects; tout ce que je peux dire est qu'environ cent personnes ont été amenées au ministère pour interrogatoire, et seulement un cinquième d'entre eux étaient vraiment des mangemorts, moi parmi eux. Ils nous y ont gardés deux jours entiers, posant les mêmes questions et les reposant de nouveau et finalement ils ont dû nous libérer. Quand je suis arrivé à la maison. le fait que je ne sois pas le seul et que le ministère va payer pour les dégâts qu'ils ont faits est de petite consolation. La mise en application de la loi avait fouillé la maison pendant mon absence. Je me serais attendu à du désordre, peut-être même quelques objets détruits, simplement parce qu'ils étaient déçus. Mais ils ont complètement anéanti presque tout ce que je possédais. Elias a immédiatement pris son envol, et Peggy avait disparu à sa mystérieuse manière elfique. Ils étaient déjà revenus quand je suis rentré. Esmeralda, cependant, n'avait pas d'ailes et aucun moyen de disparaître. Et ces brutes ne l'ont même pas tuée par un sortilège propre, simple. Peux-tu imaginer qu'ils lui ont coupé la tête pour prendre le collier?
Maintenant tout est réparé, la maison est habitable de nouveau et je réachète progressivement les livres (heureusement ils ne les ont pas brûlés si bien que la plupart d'entre eux pouvait être sauvée de toute façon, mais cela m'a pris des jours pour les réassembler et les relier à nouveau.) Tout semble revenu à son ancien état. Seul Elias cherche nerveusement sa compagne, en volant quelquefois, quelquefois en marchant à sa façon maladroite qui me fait rire contre ma volonté. D'une manière ou d'une autre, il semble avoir compris qu'elle est partie pour toujours et ne reviendra jamais. Il est triste, peut-être encore plus triste que moi.
Ces bâtards barbares ont fait la même chose dans les maisons de tous ceux qu'ils avaient arrêtés pour interrogatoire. Ils ont détruit et pillé et effrayé les habitants. C'est ce qui vous arrive quand vous employez cette sorte de rebuts de l'humanité-mais même si le ministère change sa stratégie, cela ne ramènera pas Esmeralda. Je me sens maintenant comme un étranger dans ma propre maison. Cela n'est plus ma maison, et je doute que cela redevienne jamais ma maison à nouveau. Je sens une telle rage impuissante.
Bien sûr, le public général était en tumulte quand la Gazette et le RRS ont rapporté-et cette fois, ils ne devaient même pas être partiaux ou exagérer- les brutalités commises par la mise en application de la loi. Le personnel deSte Mangouste. a presque succombé sous le nombre des enfants, conjoints et parents effrayés et blessés. Finalement, le ministère a dû envoyer ses Aurors après sa propre mise en application de la loi; plus de la moitié d'entre eux ont été renvoyés maintenant et servent des condamnations mineures à Azkaban. La plus grande part du butin a été rendue, et comme je l'ai dit, les dégâts matériels ont déjà été dédommagés par le ministère. Et Croupton sera constamment exclu de la ronde ministérielle-il a eu de la chance de ne pas perdre son poste de Chef de Département directement.
Je sais que je ne semble pas très cohérent tout de suite. Je dois seulement réorganiser mes pensées et ma vie. Comment cela doit être fait, je n'en ai aucune idée. Je ne sais pas non plus ce que je veux exactement changer. Pour l'instant, je continue comme si rien ne s'était produit, sentant pendant tout ce temps-là que je marche sur de la glace très mince. Peut- être va-t-elle se rompre-je n'en sais rien et je m'en fiche aussi.
Je joins à la lettre le collier d'Esméralda-t'ai je jamais dis que quand St. Jean me l'a donné j'ai cru que c'était un bracelet pour toi? En me rappelant de cette première méprise, je l'ai ensorcelé pour qu'il aille à ton poignet et ai changé le sortilège sur le fermoir pour que toi seule puisse l'ouvrir. Le ministère l'a renvoyé accompagné d'une lettre s'excusant d'une manière dégoûtante. Je pense que je n'aurai pas d'autre chat de sitôt et que même si c'était le cas, je ne voudrais pas qu'elle porte ce collier. Esmeralda était unique, et c'était le sien. Maintenant cela n'est plus un collier; tu es aussi unique, et donc il est à toi et j'espère que tu le porteras.
Je souhaiterais pouvoir remonter le temps, avant mon départ cette nuit fatidique, la métamorphoser en plante verte et la mettre dans le jardin. Alors je pourrais aller à l'extérieur maintenant, ramasser le pot et la retransformer en mon chat noir et brillant. Mais c'est impossible.
Je promets que la prochaine fois que je t'écrirai, ce sera une lettre plus enjouée, si seulement pour t'épargner soucis et anxiété.
Pour l'instant, au revoir. J'espère vraiment que tu vas bien.
Severus
~~~~*~~~~
" Vous avez été convoqués " dit Voldemort à ses quatre hommes de confiance, " parce que nous devons discuter de choses importantes ."
Comme si ce n'était pas entièrement évident, pensa Severus. Mais il était bon d'être ici, par cette journée splendide d'avril. Si loin dans le Sud, le printemps avait déjà commencé sa danse triomphale de victoire; il y avait encore des plaques de neige sous les arbres-si haut dans les montagnes, il fallait seulement s'y attendre-mais elles s'étaient retirées vers les troncs et étaient sales et bien trop conscientes de leur défaite imminente. L'air, encore frais et vif de la montagne, avait un caractère épicé submergeant qui piquait le sang et invitait à courir dehors se rouler dans l'herbe nouvelle et jeune. C'était beau et calme. Si calme. D'une tranquillité céleste agréablement orchestrée par la douce voix de Voldemort.
" Pendant les quelques prochains mois, " continua leur maître, " je serai absent et indisponible, sauf pour urgence majeure."
Quatre paires d'yeux le regardèrent d'un air interrogateur. Voldemort sourit de son mystérieux sourire fascinant.
" Je suppose que le nom de Grindelwald vous dit quelque chose. " Pas une question, une déclaration. Ils hochèrent tous la tête. " Ce que vous ne savez pas est qu'un de mes .contacts en Allemagne m'a récemment averti de la découverte d'une partie de la bibliothèque de Grindelwald. Je n'étais pas le seul qui la considérait comme perdue pour toujours après que ce pitoyable et ignorant de Dumbledore ait vaincu l'un des plus grands sorciers que le monde ait jamais vu."
A la mention d'une bibliothèque, l'attention de Severus, qui avait jusque'ici été un peu déconcentrée, devint soudain très alerte. "Et où ont- ils découvert les vestiges, mon Maître?"
" Ils sont. étaient bien cachés dans une caverne près de la frontière germano-autrichienne. Il n'y a pas d'habitation de sorciers à proximité, et ainsi le trésor est resté intouché par à la fois les sorciers et les Moldus pendant plus de trente ans. Il y a environ un mois, la personne en question s'est aventurée dans cette zone à la recherche de certaines herbes dont elle avait besoin et s'est aperçue qu'il y avait un nombre inhabituel d'animaux morts, apparemment sans tache; leurs corps étaient parsemés en ce qui semblait être un cercle de diamètre d'environ huit cent mètres. En son centre, elle a décelé l'entrée de la caverne."
" Alors vous allez en Allemagne, mon Maître?" demanda Lestrange .
" L'Allemagne est ma première destination, mais je ne peux même pas vous dire combien de temps je vais y rester, ni où exactement ce que je trouverai dans les livres me mènera. J'espère cependant ne pas être absent plus de trois ou quatre mois. Pendant cette période de temps, vous quatre resterez responsable de notre mouvement. Vous poursuivrez comme d'habitude, prenez des décisions ensemble comme toujours. Il est essentiel néanmoins, que personne n'ait conscience de mon absence. La situation a beaucoup changé en notre faveur, et je ne veux pas que cela soit mis en danger.
" Ceci veut dire bien sûr qu'il n'y aura pas d'opération majeure. Vous continuerez à agir à petite échelle, donnant de petits coups, afin de ne pas donner l'impression d'inactivité."
Les quatre hommes hochèrent la tête. "Il ne reste pas grand chose de toute façon, " remarqua Owen . " Des plus grandes institutions, il n'y a que Poudlard, bien sûr, que nous ne contrôlons pas. Alors nous devons simplement préserver le status quo, pour ainsi dire."
" Exactement " acquiesça Voldemort. " tout ce que vous devez faire est de préserver le status quo. Bien sûr le recrutement et le harcellement de ceux qui s'opposent encore à nous doivent être continués. Quand à Poudlard, je crois qu'ils sont suffisamment isolés maintenant pour nous permettre de laisser les choses comme elles sont au moins pour les quelques prochains mois."
" Et pour les réfugiés?" demanda Severus. " Vous avez sans aucun doute entendu les rumeurs, mon maître, comme quoi Dumbledore offre un asile à qui que ce soit qui le demande? Devrions-nous essayer d'intercepter ceux qui cherchent un abri à Poudlard?"
" Non, je crois que nous devrions résister à cette tentation pour le moment. Il est de loin préférable de laisser la distance séparant Dumbledore du ministère augmenter encore. En ouvrant ses bras aux réfugiés, le vénérable directeur fait exactement cela et nous n'avons même pas besoin de même bouger un doigt. Quand je reviendrai, nous verrons."
" Et les rumeurs au sujet d'infiltrer nos rangs avec des espions?" demanda Lestrange, " Que devons nous faire, si nous nous rendions compte qu'elles sont vraies? Que devons nous faire des traitres?"
Voldemort émit un ricanement méprisant. " Autant qu'il puisse essayer, Dumbledore ne réussira pas à faire entrer un seul espion dans les rangs de mes fidèles partisans. Mais juste au cas où il réussisse soit à faire cela, soit à corrompre un de mes mangemorts, je dois être averti immédiatement. Je suis le seul à pouvoir exécuter la punition, et cela ne doit absolument pas être reporté à plus tard."
Ils reçurent plus d'instructions, posèrent plus de questions. Tout ce temps, Severus observait Voldemort. Il y avait un air d'excitement, d'attente presque gamine, chez lui. L'espérance de trouver des trésors indicibles, lui révélant de nouvelles sources de puissance encore plus grande. Grindelwald. Severus essaya de se rappeler ce qu'il avait lu et appris sur ce sorcier. Bien sûr, chaque livre ou mot dit était complètement partial, bredouillant à propos du ' plus grand danger pour le monde des sorciers 'et 'vaincu juste à temps par le grand Albus Dumbledore', infatigablement conjurant la certaine fin du monde et leur libération juste à temps. Il était difficile de voir à travers la confusion de la propagande et de déchiffrer ce qui était bien caché entre les lignes. Grindelwald avait été grand, il voulait apporter des changements que la société des sorciers craignait ou refusait. Ce qui avait exactement été ses pensées avait prudemment été dissimulé sous des mots exagérés de contes de fées mettant en garde les gens contre leur curiosité comme les enfants étaient mis en garde contre les loups-garous pendant la pleine lune.
Voldemort n'aurait pas pu le rencontrer. Il avait tout juste terminé l'école quand Grindelwald avait été vaincu, et étant donné qu'il avait passé ses vacances dans un orphelinat moldu, il n'y avait certainement eu aucune possibilité de partir, moins que tout en Allemagne. Mais maintenant le trésor caché était sur le point d'être réssuscité. Il était difficile d'imaginer quiconque de plus puissant de mieux versé dans la magie noire que Voldemort, mais d'un autre côté Grindelwald avait eu cent treize ans à sa mort, et il était seulement raisonnable de supposer que dans toutes ceus années il avait accumulé une richesse de connaissances, dont une partie était inconnue même pour Voldemort. Avait été inconnue, car il allait très bientôt absorber tout cela et devenir plus puissant que jamais avant. Que quiconque jamais avant.
~~~~*~~~~
Ils étaient assis dans les sièges d'osier sous un groupe de bouleaux pas loin de la façade orientale du Manoir Malfoy. A travers les portes françaises ouvertes, Severus pouvait voir deux Elfes de Maison courant de haut en bas des étagères de la bibliothèque, occupés à dépoussiérer et arranger soigneusement les tomes. Narcissa, qui avait fait une guérison splendide, était assise à côté de lui, un rêve du printemps en mousseline vert pâle, ses cheveux détâchés et dérivant dans la brise de mai. Les medisorciers avaient mis en garde elle et Lucius contre une autre grossesse pendant au moins une autre année et donc elle était mince de nouveau; son ventre redevenu plat et sa poitrine aussi petite qu'elle l'avait été. D'une certaine manière, pensa Severus, elle ressemblait à un bouleau.
La perte de son enfant avait été difficile pour elle. Il semblait néanmoins que le couple soit arrivé à un entendement concernant leurs sentiments l'un pour l'autre -peut-être que Lucius avait finalement surmonté ses scrupules, bien que Severus ne lui ait jamais directement demandé. Ce qui avait été dit entre eux ce soir d'avant Noël n'avait jamais été mentionné de nouveau. Il était visible néanmoins, que Narcissa, tout en pleurant son enfant, n'était pas complètement malheureuse. Tout de suite, elle essayait de diriger la réflexion de la lumière du soleil sur sa bague de mariage dans l'oeil droit de son époux. Elle réussit et il lui sourit, sa main gauche jouant avec une mèche de ses cheveux avec une l'indifférence prudemment affectée.
A la gauche de Severus, Heather était engagée dans une discussion vive avec Owen, qu'elle était encore, de façon entêtée, décidée à épouser malgré sa mauvaise volonté que trop évidente.
Leurs sièges étaient groupés autour d'une table qui avait été débarrassée des restes d'un léger mais somptueux repas par un elfe de maison il y a seulement quelques secondes. Maintenant ils attendaient le dessert, et quand il fut apporté, la conversation qui s'était langui depuis dix minutes redevint générale et animée de nouveau.
" Alors tu n'aimes toujours pas le chocolat?" demanda Heather et elle se servit d'une cuillérée généreuse de Mousse au Chocolat**.
Severus secoua la tête. "Non, et je ne pense pas que je le fasse jamais. Si tu me demandes mon avis, tu l'aimes un peu trop, " dit-il, avec un coup d'oeil significatif à sa forme exubérante.
" C'est soit le chocolat soit l'amour, " répliqua-t-elle en haussant les épaules.
" Quelle observation incroyablement courante et inoriginale!" dit Lucius . " Tu es medisorcière pour l'amour du ciel, et ainsi devrais être plus intelligent que ça ."
Dans une tentative de sortir la conversation de ce terrain un peu épineux Severus demanda, "En parlant de medisorciers, quand sont tes examens finaux Heather?"
" Dans six semaines. J'étudie comme une folle."
" Un grand bien que cela te fera " murmura Owen mais assez fort pour qu'elle l'entende.
Severus roula des yeux. " Ecoutez, pourriez-vous simplement arrêter un peu? Je ne suis pas intéressé par vos chamailleries constantes. Je veux simplement passez un après-midi agréable, c'est tout." Narcissa sourit et Lucius leva un sourcil mais ne dit rien. " Et que vas-tu faire après?" demanda Severus à Heather.
" C'est exactement le problème, " dit-elle, " je ne sais pas. Je veux dire que bien sûr je pourrais essayer d'avoir un travail à Ste. Mangouste, mais ce n'est pas vraiment ce que je veux."
" Que veux-tu alors?" se renseigna Narcissa.
" A part devenir Mme McNair, " ajouta Lucius et il fut rapidement poussé dans les côtes par son épouse dévouée.
Severus fit mentalement un pas en arrière, se distançant ainsi du groupe entier, l'observant attentivement avec l'oeil d'un peintre ou d'un écrivain. C'était une scène qui aurait pu être décrite par Henry James, ou appliquée par petites touches sur toile en milliers de coups minuscules par Monet. Cinq jeunes personnes, la jeunesse dorée** du monde sorcier britannique rassemblées paresseusement entre les teintes d'or et de blanc et de vert, occupées à des plaisanteries insensées et sans autre souci au monde que de prendre autant de plaisir que la vie leur offrirait. Il a essaya d'imaginer cette peinture admirée par des Moldus dans un musée Moldu. Leurs ?uvres d'art ne bougeaient pas, et tout dépendait de la capacité des artistes à saisir un seul moment significatif et de l'immobiliser pour l'éternité. Il choisirait les sourcils froncés de Heather, pendant que son visage était tourné vers Owen, son attitude entière exprimant le désir et la frustration. Il pourrait capturer le sourire cruel d'Owen et sa main, à demi levée, la paume tournée vers Heather en un geste de Assez! Il devrait définitivement peindre Narcissa exactement comme elle était maintenant, penchée en arrière dans sa chaise avec sa tête légèrment penchée vers son épaule gauche, les yeux fermés , la main droite relâchée et douce sur l'accoudoir du fauteuil, se déléctant du contact infinitésimal entre ses doigts et ceux de Lucius. Lucius, portant une expression de réserve ironique, regardant le couple en face de lui avec des sourcils levés pendant qu'un sourire jouant sur ses lèvres révélait que son esprit était ailleurs, concentré sur le contact des doigts de son épouse. Et Severus, la joue gauche dans sa main gauche, le coude gauche étayé sur l'accoudoir, la main droite jouant avec sa cuiller, dont l'éclat impéccable était terni par les restes du sorbet citron . Méditant et observant.
L'idée était si enchanteresse qu'il pouvait voir la peinture dans son lourd cadre doré C'était beau, et cela changeait. Imperceptiblement, comme une goutte de l'huile se développant sur une feuille de parchemin, d'autres couleurs, plus sombres, commencèrent à faire surface. Le rouge et le noir suintaient progressivement dans l'image, défigurant les visages, changeant les traits, se changeant en formes distinctes. La bouche d'Owen devint une fente béante d'où du sang gouttait sur son menton, un pénis rouge faisant trois fois sa taille naturelle avait surgi de son entrejambe, empalant la silhouette molle d'une femme anonyme. Le visage de Heather était métamorphosé en un masque furieux, ressemblant à une harpie, dont le long regard était fixé sur Owen, les tendons se bombaient dans sa gorge gonflée, et des griffes ruisselantes de sang rampaient lentement vers le cou de son amant. Les robes de Narcissa étaient devenues noires, son ventre était une fois de plus tumescent, ses seins pleuraient du sang sang pleurant, ses mains étreignaient un minuscule corps immobile. Et Lucius la regardait lui- même avec un air de furie impuissante, son beau visage aussi pâle que celui de la mort elle-même, ses vêtements aussi rouges que ceux d'un cardinal ou d'un bourreau, ses mains trempées de sang comme celles des autres. Lentement, à contrecoeur, le regard de Severus se tourna vers lui-même, et il vit que sa silhouette avait rétréci d'une manière ou d'une autre, continuait à se ratatiner en elle-même, jusqu'à ce qu'elle soit une figure noire ressemblant à un gobelin, son visage aussi noir que ses robes et cheveux, ses pieds touchant à peine le sol duquel montait inexorablement une marée rouge.
Le doux contact de Narcissa sur son bras droit fit l'impression d'une lame chauffée au rouge. " Severus, où es-tu?" il secoua simplement la tête, encore incapable de parler. "Tu rêvasses, hein? C'est un jour beau néanmoins, du genre qui apporte des rêves éveillés, alors tu es pardonné, et je vais répéter ma question : Voudrais-tu du cognac?"
"Oui, " dit-il d'une voix rauque, il se racla la gorge et répéta " Oui s'il te plaît, du cognac serait parfait."
~~~~*~~~~
Des livres, peu nombreux, mais à l'air anciens, riches de vérité, de connaissance et de puissance. Des rouleaux de parchemin, leurs bords mangés par le temps, effilochés et brunâtres. Une pile de feuilles à l'air plus récentes, couvertes d'une écriture manuscrite hardie, les lettres penchées légèrement vers la droite mais tendant sans pouvoir s'y tromper vers le haut. Un trésor de valeur inestimable, à la fois en termes d'argent et d'érudition. Severus regardait cela fixement, paralysé et désireux de toucher, bien qu'il sache qu'il ne serait probablement pas autorisé à le faire.
" Mon Maître-" sa voix chevrotait un peu avec l'agitation " -Mon Maître, ai- je raison de supposer que c'est ce que vous avez rapporté d'Allemagne?"
"Une partie, oui. La partie qui te concerne directement."
Avec difficulté, Severus déchira son regard des livres sur la table et regarda son maître . " Moi, Mon Maitre? Puis-je demander-"
" Bien sûr que tu peux demander. Mais d'abord, réponds à ma question. Comment vont tes études ?"
" Selon McLachlan, de manière très satisfaisante, mon seigneur. En fait, cette semaine est ma dernière semaine en tant que son apprenti. J'ai déjà envoyé une lettre à l'université, demandant d'être admis à passer l'examen de maîtrise, peut-être avant que les vacances ne commencent. Il m'a écrit une lettre de recommandation qui m'a fait rougir, alors je ne m'attends pas à ce qu'il y ait de difficultés. A l'exception de la lenteur de leur administration, bien sûr, qui pourrait ne pas permettre à l'examen d'avoir lieu avant le début du trimestre suivant."
Les doigts de Voldemort glissèrent sur les tomes en un geste de caresse absente. " Très bien, " dit-il, souriant à Severus, " Etant donné l'avarice habituelle de McLachlan en ce qui concerne les louanges, tes progrès doivent en effet le satisfaire. Fera-t-il partie de la commission?"
"Non, mon seigneur. St.Jean y sera, avec deux autres membres de la faculté de l'UMU. Il m'a dit qu'ils allaient appeler Van der Beulen et Alcalde comme experts indépendants."
" Alcalde? Il est d'Argentine, n'est ce pas ?"
"Chili, mon Maître."
" En effet. Eh bien, il semble qu'ils aient bien choisi. Maintenant que tu as répondu à ma question et de manière très satisfaisante je vais répondre à la tienne. Ceci-" et il indiqua les livres et les parchemins "Est de la documentation pour ton projet suivant."
La tête de Severus se releva rapidement. " Mon p. vous voulez dire que vous me les confiez? Mon Maître?" ajouta-t-il, car son enthousiasme lui avait presque fait oublier la due forme pour s'adresser à Lord Voldemort.
" Comme nous sommes semblables, " dit le seigneur des ténèbres, étendant la main par-dessus la table et touchant brièvement la main de Severus. " Ma réaction devant ce trésor était la même. Bien que j'aie vu seulement la moitié de ce qui est maintenant empilé sur cette table quand je suis arrivé en Allemagne. J'ai dû passer la plus grande partie de mes presque trois mois d'absence à une futile chasse au livre à travers l'Europe. Grindelwald cachait sa sagesse très bien et il couvrait ses traces presque jusqu'à les rendre indétectables. Pas pour Lord Voldemort, cependant."
Severus essaya de scruter les couvertures assombries par l'âge, pour pouvoir discerner les titres; mais ce qui avait autrefois probablement été couvert d'or était presque complètement effacé et il faisait trop sombre dans la pièce pour déchiffrer les lettres et les signes seulement par leurs empreintes laissées dans le cuir doux. Voldemort suivit son regard et sourit.
" Oui, il est difficile de résister à la tentation. Mais je demande que tu passes tes examens avant de t'embarquer dans ce projet. Ces deux choses ont besoin de ta concentration entière et la méritent; elles ne peuvent pas être attaquées en même temps. Une fois que tu auras reçu ton diplôme tu seras initié et tu recevras ma marque. Et ensuite, seulement ensuite, je te remettrai ce trésor . Si tu réussis, tu ouvriras une porte que personne, ni sorcier, ni moldu, n'a jamais ouverte. "
Sentant sa respiration s'arrêter dans sa poitrine, Severus demanda, " Mon Maître, pourriez-vous. s'il vous plaît au moins me donner un indice. Quel est le secret contenu dans ces livres et ces papiers ? "
Il fut frappé par une décharge d'énergie magique quand Voldemort se pencha en avant pour approcher son visage de celui de Severus. " De la puissance, Severus. De la puissance et de la vie. Une puissance incommensurable et une vie éternelle. "
**en français dans le texte.
