CHAPITRE 28

La lettre portant le blason de Poudlard attendait déjà Severus quand il revint chez lui. Il avait tout juste brisé le cachet quand il sentit la traction familière de la Marque Sombre. Lestrange avait donc déjà informé Voldemort. Le jeu avait commencé, et les enjeux étaient haut. Il y avait une possibilité très petite, mais encore réaliste, que Lestrange puisse se porter volontaire pour prendre le travail--- considérant le fait qu'il semblait partager sa femme avec Voldemort, le Seigneur des Ténèbres pourrait ne pas être contre l'avoir pour lui seul et envoyer son mari vers le célibat dans le nord de l'Ecosse. D'autre part, L'Ordre Très Secret du Phoenix avait aussi un atout, même si c'était un atout dangereux: Lestrange était celui que leur Maître voulait à son côté, et pas Severus, Owen ou Lucius. Ils étaient utiles, mais St. Jean était le dauphin incontesté, car il était plus facile à contrôler. Cependant, la pensée du retour de Lestrange à Poudlard fit frémir Severus. Dumbledore avait cèdé à la demande péremptoire du Bureau des Gouverneurs de l'école parce que cela s'accordait à ses plans. Maintenant que le Directeur connaissait le rôle de Lestrange, il n'allait jamais l'engager. Et il était bien capable de tenir ferme contre les gouverneurs de l'école, s'il le voulait. Seulement dans ce cas, Lucius devrait payer le prix, et Severus doutait qu'il y survive.

Il monta rapidement les escalier pour prendre son uniforme de Mangemort, enfila à la hâte ses robes et son manteau et, après avoir lutté doucement pour reprendre son masque du bec d'Elias --- le corbeau essayait toujours de jouer avec, probablement attiré par l'éclat métallique---il caressa brièvement les plumes noires et brillantes, mit le masque et toucha sa Marque Sombre.

Lucius et Lestrange étaient déjà là-bas, l'air tendu tous les deux, et Owen arriva seulement quelques secondes après Severus. Ils durent attendre quelques minutes que Voldemort fasse son entrée. Il apparut, vêtu de robes noires, avec Tabitha dans son sillage. Elle portait elle aussi du noir. La coupe de ses robes rappelait celle des vêtements traditionels des femmes de la péninsule arabique, bien que le décolleté soit sans aucun doute trop profond pour les normes chastes des femmes musulmanes. Non, pensa Severus, elle ressemblait plutôt à Salomé, la tentatrice éternelle, séduisante incarnation enfantine de sensualité, qui se montrerait volontiers à son beau-père dans toute sa gloire nue, seulement pour voir l'exécution d'un homme qui avait refusé son admiration. Les cheveux lisses de Tabitha étaient arrangés en une coiffure soignée, tenue par des barrettes dorées qui étaient la seule touche de couleur dans cette image de parfait noir et blanc.

Severus scruta soigneusement le visage de Lestrange pendant les quelques secondes entre l'ouverture de la porte et la salutation prosternée des quatre hommes à leur Maître, mais fut incapable de détecter un quelconque signe de détresse ou de jalousie. Merlin les aide si cet homme était prêt à abandonner sa femme pour retourner à Poudlard, afin de pouvoir travailler le sol riche des jeunes esprits et moissonner les nouveaux Mangemorts par douzaines.

"Vous pouvez vous lever," dit la voix de Voldemort. Il s'était déjà assis--- - Severus remarqua que c'était nouveau, ou peut-être n'avait-il simplement pas été conscient du changement la dernière fois qu'il était venu ici. Le siège était un peu plus haut que les autres, plus massif et fait d'ébène avec des décorations d'or des deux côté du dossier et sur les jambes. Un trône, ou quelque chose de très apparenté à un trône, du moins comparé au chaises en bois plutôt spartiates sur lesquelles les autres devaient s'asseoir. Tabitha s'était déplacée pour s'asseoir près de la cheminée; évidemment sa voix n'allait pas être entendue pendant les délibérations d'aujourd'hui, ou plutôt de ce soir.

"Nous nous sommes réunis," commença Voldemort, " pour discuter d'une question de la plus haute importance. Pour la première fois depuis que Karkaroff, ce déserteur lâche qui était trop faible pour faire face à mon courroux justifié, a quitté Poudlard , nous aurons la possibilité d'introduire un espion dans le proche voisinage d'Albus Dumbledore. Lucius nous a rendu à tous un grand service en prenant la place de son père au Bureau des Gouverneurs et en se prouvant être un successeur plus que digne de l'être. A la première réunion à laquelle il a assisté, il a effectué ce qui jusqu'ici semblait impossible: Dumbledore a été forcé à remplir la position vacante de Maitre de Potions à Poudlard, qui sera aussi Directeur de la Maison de Serpentard."

Lucius fit un minuscule sourire et inclina sa tête, tandis que Severus réussit à prendre une expression convenable de compréhension progressive et tira la lettre qu'il avait reçue de sa poche. Il la posa sur la table et regarda l'expression de crainte admirative complète de Owen avec satisfaction. Ils s'étaient fondus dans leurs rôles assez rapidement.

"Ah," dit Voldemort, "je vois que vous avez aussi reçu une missive de Dumbledore. Ceci rend notre décision beaucoup plus facile."

Lestrange hocha la tête et jeta un coup d'oeil rapide à Tabitha, qui sourit. Donc peut-être qu'ils pouvaient tous se relâcher, pensa Severus. Il ne serait pas sage d'accepter avec trop de joie, cependant. La plus simple touche de résistance pourrait lui gagner une autre punition mais se prouver très utile à leur cause. "Mon Seigneur, puis-je parler?" demanda-t-il, et Voldemort acquiesça son consentement. "Je ne suis pas sûr de pouvoir accomplir tous mes devoirs envers vous, Mon Seigneur, si je devais accepter l'offre de Dumbledore."

Les yeux de Voldemort se rétrécirent et luirent de rouge, et Severus sentit de l'appréhension. "Vos devoirs? A quels devoirs faites-vous allusion?"

"Je suis désolé, Mon Seigneur, j'étais confus et n'ai pas bien exprimé mes pensées. Je suppose qu'il serait difficile pour moi de prendre la part que je désire dans nos opérations, parce que-"

"Vos désirs," le coupa Voldemort, "n'ont aucune importance ici."

Severus inclina la tête. Il semblait que l'appât ait bien pris. "Je vous demande pardon, Mon Maitre, mais je souhaite seulement bien vous servir et- "

"Vous servirez mieux notre Maître en vous conformant à ses souhaits, Severus," fut la réplique tranchante de Lestrange. "J'aurais avec joie tout abandonné-" ses yeux se tournèrent brièvement vers Tabitha "-et je me serais porté volontaire pour retourner à Poudlard. Mais c'est le souhait de Lord Voldemort que vous deveniez leur Maître de Potions, et donc vous vous y conformerez."

"En effet," consentit Voldemort. "S'il y avait une possibilité pour que vous enseigniez à Urqhart, Severus, je pourrais même vous avoir offert le choix. Mais vous êtes bien trop jeune. En plus, pensez à tous les nouveaux partisans que vous pourrez recruter si vous jouez bien vos cartes. Et avec le temps, vous pourriez même gagner la confiance de Dumbledore, pour pouvoir nous donner des informations importantes sur les mouvements de son groupe."

"Bien sûr, Mon Seigneur. Merci pour votre confiance. Croyez-moi, je ferai de mon mieux. Avez-vous des souhaits quant à la date à laquelle je dois commencer?"

"Non je pense que nous pouvons supposer sans danger que Dumbledore voudra que vous commenciez le plus tôt possible. Lucius?"

Lucius hocha la tête. "Oui, Mon Seigneur, nous avons précisé que le nouvel enseignant de Potions devrait faire face à ses responsabilités avant la fin du trimestre, pour fournir au moins un modicum de connaissance à ceux qui vont finir leurs études en juin."

"Très bien. Je suggère que vous partiez maintenant, Severus, et répondiez immédiatement à votre lettre. Nous ne voulons pas que quelqu'un d'autre réponde avant vous."

Severus se leva, son coeur lourd de soulagement. Sans regarder les autres, il s'avança vers son Maître, pour s'agenouiller à ses pieds. Quand il éleva la tête, la main droite de Voldemort planait devant ses yeux. Il la prit et appuya brièvement son front contre la peau fraîche, presque suffoqué par ses larmes. Ce geste était son au revoir, c'était le couteau qui coupait un fil, qui, pendant tant d'années, avait donné un sens à sa vie. Le fil était devenu mince, mais même fatigué et sur le point de se rompre, il avait encore conservé quelque chaleur et quelque couleur, et le liait au monde. Il rompit le contact, et le cordon ombilical fut coupé une fois pour toutes. Il avait passé le seuil, et ce qui était derrière lui avait disparu soudain dans le néant. Il n'y avait plus de retour possible maintenant, car s'il ne faisait même que reculer un peu il tomberait dans cet abîme noir. Devant lui se tenait un avenir qu'il avait choisi par nécessité. Parce que personne ne devait gagner le pouvoir dont Voldemort avait envie. Lui, cependant, était laissé avec des mains vides. Au lieu d'un fil chaud, et battant, tout ce qui lui restait maintenant était froid et incolore. Une vie qu'il ne désirait pas, servant un but qu'il savait être juste mais dicté par une logique froide, et morne. Son enfer, un désert de glace, où sa punition serait le doute constant quant à avoir choisi le bon sentier ou non, et la certitude qu'il devait le parcourir seul.

Le sentiment de désespoir plombé était si opprimant qu'il pouvait à peine se remettre sur ses pieds. Lucius le regardait avec des sourcils haussés; Owen fronçait les sourcils vers lui. Severus fit un bref signe de tête, tourna les talons et quitta la salle.

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La lettre d'acceptation de Dumbledore arriva deux jours plus tard, confirmant qu'il devait prendre ses fonctions en tant que Maître de Potions et Directeur de Serpentard le 1 mai 1979. Le Directeur lui conseillait aussi d'arriver quelques jours plus tôt, pour établir sa nouvelle maison à l'école et discuter des projets de leçon et des autres arrangements avec le personnel enseignant. Si possible, lire ces mots rendit l'humeur de Severus encore plus sombre. Sa nouvelle maison! Il ne serait jamais chez lui à Poudlard. Vrai, il l'avait considéré comme sa maison pendant presque sept ans, mais les choses avaient tant changé depuis qu'il avait reçu son diplôme. Il essaya de se dire que l'endroit où il habitait n'importait pas. Après tout, à partir du jour où la mise en application de la loi avait pillé sa maison et tué Esmeralda, il avait cessé de se sentir chez lui même ici. Mais en dépit de toutes ces adversités qu'il essayait maintenant d'utiliser comme arguments qui pourraient calmer ses regrets, cette maison avait été au moins un endroit d'intimité paisible, auquel une partie de ses souvenirs les plus heureux étaient reliés. Il n'était pas obligé de les abandonner; au contraire, il prévoyait de revenir dès que possible. Impossible, cependant, se tromper avec ces promesses qu'il se faisait à lui- même. Il savait ce à quoi la maison ressemblerait une fois qu'il aurait pris ses possessions les plus importantes avec lui: elle ressemblerait à la villa en Italie, sans âme, sans livres, quatre murs avec un toit dessus qui étaient par hasard à lui. Tandis que les murs qui hébergeraient ses affaires à partir de maintenant n'étaient pas à lui. Un symbole de sa vie, où tout avait été déchiré et réassemblé de travers; un agglomérat de fragments qui n'étaient pas mauvais par eux mêmes mais étaient collés sans espoir les uns aux autes pour former une mosaïque bizarre d'échec.

Au matin du 26 avril, il était prêt à partir, après une nuit sans sommeil, passée dans les environs qui semblaient lui dire clairement que sa place n'était plus ici. D'une certaine façon, pensa-t-il, c'était même mieux. Il sentait de la douleur, mais du moins pas plus qu'une trace de regret d'être obligé à abandonner son ancienne maison. Ses livres, ses vêtements, son équipement de laboratoire, la stéréo et les disques et quelques autres articles indispensables étaient posés, rétrécis soigneusement, dans deux grandes caisses de bois, qu'il avait déjà fait léviter dehors. Il avait dit à Elias où aller et ce dernier précédait déjà son maître au nord.

"Très bien, Peggy," dit Severus, incertain de sa voix et se sentant humilié, parce que des émotions l'attaquaient si violemment quand il devait simplement dire au revoir à un Elfe de Maison, "Donne moi ce parchemin, pour que je puisse défaire défaire le sortilège de lien."

L'elfe lui fit un large sourire d'en bas. "Ceci n'est pas une plaisanterie agréable, Maître Severus. Vous voulez faire peur à Peggy, mais je vous connais mieux que cela."

"J'ai peur de ne pas plaisanter," répondit-il, fronçant les sourcils. "Tu ne m'appartiens pas, alors je dois te libérer." Il grimaça quand des larmes commencèrent à se former dans les grands yeux verts. "Allons, Peggy, ne rends pas cela si long. Je dois partir, et c'est déjà assez mauvais pour moi sans étant obligé de m'occuper d'une Elfe de Maison en larmes."

"Vous abandonnez Peggy."

Il s'accroupit et s'assis sur ses hanches. "Essaye d'être raisonnable. Tu n'étais pas dans le contrat. Tu appartiens à M. Toddlington, pas à moi. Il y a assez d'Elfes de Maison à Poudlard, donc tu ne dois pas t'inquiéter. On s'occupera bien de moi."

Elle le dévisagea simplement. "Je ne m'inquiête pas pour cela, Maître Severus. Je pense simplement que vous serez si seul là-bas. Mais je sais que tous les professeurs ont leur elfe personnel. Alors Peggy pourrait venir avec vous."

"Comment saurais-tu quoi que ce soit au sujet de Poudlard?" demanda-t-il, momentanément confondu.

"Quand vous m'envoyez là-bas il y a quelques mois, je parle aux autres et ils me le disent. S'il vous plaît, Maître Severus."

Il se leva et fit les cents pas dans le couloir. C'était tentant. Vrai, tous les Elfes de Maison avaient plus ou moins le même air, donc il remarquerait à peine la différence. Mais il s'était habitué à Peggy, pas seulement parce qu'elle savait traiter ses migraines, ce qui était probablement une connaissance elfique commune. D'une certaine manière, elle était spéciale-- moins soumise que les autres de son espèce, et certainement beaucoup plus intelligente que la plupart. Pourquoi ne pas la garder? Il n'avait pas été conscient de cette particularité de Pouldard. A bien y penser, l'avoir à son service personnel pourrait même se révéler être extrêmement utile, considérant qu'elle lui appartenait, tandis que les autres Elfes de Maison étaient probablement tous liés à Dumbledore ou même au château. Ses attentes quant aux relations sociales avec les autres membres du corps enseignant étaient plutôt basses; donc il aurait besoin de quelque source supplémentaire d'information de peur de completément se couper de la vie de tous les jours. Repensant à ses propres années d'école, il se souvint que quand il avait été invité dans les appartements de Lestrange, le même elfe avait toujours apporté des rafraîchissements ou ce qui avait été demandé. Seulement il ne s'était jamais rendu compte que ceci n'était pas une simple coïncidence.

"Bien," dit-il, se retournant pour faire face à Peggy. Il ne put pas s'empêcher de sourire devant son expression impatiente. "J'écrirai à Toddlington pour lui demander le prix. Mais je pense qu'il est plus sage que tu viennes avec moi immédiatement."

A l'évidence, les elfes domestiqués n'avaient pas perdu toute ressemblance avec leurs relations distantes habitant dans les bois -- la danse qu'exécuta Peggy lui rappela vivement la scène qu'il avait observée dans la clairière avec Lucius lors de leur quatrième année.

"Arrête," dit-il, "tu me donnes le tournis. Viens maintenant, nous aurions déjà dû arriver."

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Un attelage sans chevaux les attendait au portail d'entrée et se dirigeait maintenant lentement vers l'école, oscillant de gauche à droite, si bien qu'il devait empêcher Peggy de tomber du banc en la serrant fermement à son côté. Il était tard dans la matinée, un jeudi, donc tous les élèves seraient en cours, pensa Severus en contemplant la silhouette imperturbablement croissante du château. Pendant ses années d'école, il s'était toujours senti rempli de joie par cette vue; maintenant, cependant, il avait l'impression d'être mené en tombereau vers son propre mausolée. Ces sombres pensées n'étaient nullement allégées par le temps splendide. C'était un printemps anormalement chaud, l'herbe était déjà luxuriante et d'un vert intense, couvrant completément la terre nue et les feuilles mortes que l'hiver avait laissées derrière lui. Sinon rien, le paysage magnifique servait simplement à souligner encore plus le propre état d'esprit morose de Severus. Comme toujours, quand le souhait de ralentir le temps est écrasant, les minutes passèrent en un coup de vent, et Severus se trouva devant la porte d'entrée bien plus tôt qu'il ne l'aurait désiré. La porte s'ouvrit, et Dumbledore sortit, se protégeant les yeux de la lumière du soleil.

"Ah, Severus. Quel plaisir de vous voir."

Severus serra brièvement sa main et lui fit un court signe de tête qui suffisait à peine pour satisfaire aux conditions fondamentales de comportement poli. "Directeur."

"Laissez vos bagages ici, les Elfes de Maison les--oh!" s'exclama Dumbledore, "je vois que vous avez amené votre propre elfe!"

"O oui," répondit-il, se sentant soudain incertain, "j'ai entendu dire que les professeurs ici ont leurs elfes personnels, et ainsi j'ai pensé." Il ne finit pas la phrase, se maudissant pour cette rechute dans le manque-de- la confiance-d'un-écolier.

"Bien sûr, bien sûr. Je m'étais déjà demandé lequel de nos petits amis ici pourrait le mieux subvenir à vos besoins, mais cet arrangement est, bien sûr, de beaucoup préférable. Votre nom était. Peggy... à moins que ma mémoire ne me trompe ?" lui demanda-t-il.

"Oui, Professeur Dumbledore, Monsieur."

"Excellent. Je suggère que vous preniez quelque temps pour vous présenter à vos camarades elfes, pendant que votre maître choisit ses appartements."

Peggy hocha la tête, fit un sourire heureux à Severus et disparut avec un craquement.

"Bien, alors, Severus, suivez moi à mon bureau, pour que nous puissions discuter de quelques questions urgentes," dit Dumbledore cordialement, et il franchit le seuil.

C'était futile et enfantin, et il le savait. Il avait déjà fait le pas décisif. Ceci était un simple écho, un faible arrière-goût du moment où il avait posé son front contre la main de Voldemort pour dire au revoir à presque trois années de foi aimante. Le pont qu'il avait traversé n'existait plus. Et pourtant, s'avancer dans le couloir d'entrée était entrer dans sa propre tombe. Il essaya de se gronder de cette faiblesse. Il n'y avait absolument aucun sens à penser ces idées trop dramatiques.

La fraîcheur l'entoura, ainsi qu'une demi obscurité résonnante. Mort et renaissance. Mourait-il ou était-il propulsé dans ce monde de nouveau, par les contractions d'une vie qui ne voulait plus de lui comme partie d'elle ? Ou peut-être que ceci n'était aucun des deux. Peut-être que ceci était seulement l'enfer qu'il s'était choisi . Un genre différent d'enfer que celui dans lequel il avait habité jusqu'ici. D'autre part, il y avait une telle multitude de diverses formes d'enfers. Leur nature diabolique renforcée par le court aperçu d'espoir qu'ils vous offraient quand vous poussiez la porte suivante. Peut-être que ceci n'était plus l'enfer ? Peut- être que les souffrances s'étaient terminées par un des caprices inexplicables du diable? Mais non. C'était encore l'enfer. Simplement une autre partie de l'enfer; un autre acte dans cette pièce infernale, un paysage différent mais toujours la même scène.

"Severus. Allez-vous bien?"

Il se reprit. "Oui, Directeur. Je vais bien."

Dumbledore le regarda attentivement, pas tout à fait convaincu à l'évidence, mais il hocha alors la tête et précéda Severus vers le grandiose escalier. "Je pense," dit-il, quand ils eurent atteint le palier du troisième étage et tourné brusquement vers la droite, "que nous devrions peut-être discuter d'abord du sujet de vos appartements."

Déconcerté, Severus s'arrêta net. "Je n'étais pas conscient que j'avais un quelconque choix à ce sujet."

"Oh, si, bien sûr que vous avez le choix." Le vieux sorcier se tenait maintenant cinq marches plus haut et lui souriait vers le bas. Lentement, Severus monta trois autres marches. Dumbledore le dominait encore, comme ils étaient de tailles plus ou moins égales. "Il y a trois possibilités. Tout d'abord, vous pouvez habiter dans les quartiers des enseignants. Puis, il y a les cachots. Et, en dernier mais pas le moindre, la Tour Serpens." Il tourna de nouveau le dos à Severus et continua son ascension.

"La Tour Serpens?" répéta Severus. Il devait reconnaître que ceci semblait fascinant. Pendant toutes ses sept années d'école, il n'avait jamais entendu parler de cette tour.

"Ah, je vois que vous êtes intrigué," dit Dumbledore, lui jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule. "Voudriez-vous y jeter un coup d'oeil tout de suite?"

"S'il cela ne dérange pas trop."

"Pas du tout. D'une manière ou d'une autre, mes pieds m'ont porté dans la bonne direction, sans que je le remarque," dit-il, faisant un clin d'oeil à Severus. "Nous devons simplement passer par cette tapisserie." Il désigna le bout lointain du couloir. C'était en apparence un cul de sac, et une magnifique tapisserie flamande couvrait le mur de pierre le fermant. Au début, la lumière des torches était trop faible pour que Severus puisse discerner ce qu'elle représentait, mais sur un ordre marmonné de Dumbledore les flammes brillèrent plus haut, et la scène fut visible dans toute sa beauté.

Dumbledore s'arrêta devant elle et regarda calmement Severus, qui se perdait dans la splendeur de l'image. Une forêt, si naturelle qu'il pensa pouvoir sentir la texture fraiche des feuilles s'il les touchait, s'étendait devant ses yeux; elle était pleine d'arbres et de plantes exotiques qui bougeaient dans une brise douce qu'il pouvait presque sentir. Dans les profondeurs de cette jungle courrait un sentier étroit, gardé par deux nymphes, étendues paresseusement dans un bandeau herbeux. L'une d'elles avait des cheveux et des yeux sombres ---d'une manière ou d'une autre elle lui rappelait Clarissa, avec son corps androgyne et ses mains sveltes. L'autre était blonde et très en formes.

"Le bon jour, mes chères dryades," dit Dumbledore de façon aimable, "Comment allez-vous ce matin?"

Severus était sidéré par leurs voix. Elles donnaient l'impression d'un bruissement de feuilles, mélangé au doux éclaboussement de gouttes de pluies sur la terre humide. "Merci, Directeur," répondirent-elles en choeur. "Ce jeune homme sera-t-il le futur habitant de notre tour?"

"Peut-être," sourit Dumbledore. "Ce jeune homme est le nouveau Maître de Potions de Poudlard, Severus Rogue. Il vous donnera le mot de passe plus tard, au cas où il trouve les pièces à son goût. Auriez-vous la gentillesse de nous laisser passer maintenant ?"

Les nymphes hochèrent la tête et firent un geste balayé, comme pour dérouler un tapis vers les deux sorciers. A ceci, le sentier commença à sortir de la tapisserie en une pente légèrement descendante, jusqu'à ce qu'il touche le sol de pierre du couloir. Severus était hypnotisé. Dumbledore lui lança un sourire rapide et s'avança sur le sentier, faisant signe au plus jeune sorcier de le suivre. Avec un sourire ébloui aux dryades, Severus posa en hésitant son pied droit sur la piste qui semblait à demi diaphane, à demi solide. Elle le porta, cependant. Mais il avait l'impression de marcher sur une épaisse couche de plumes, douces, élastiques et le propulsant presque en avant. Après avoir passé les premiers arbres, il se trouva soudain au bas d'un escalier qui montait en spirale par boucles amples.

"Ceci," dit Dumbledore, savourant à l'évidence l'émerveillement admiratif de Severus, "est le seul inconvénient de Tour Serpens: ce n'est nullement la plus haute des tours de Poudlard, au contraire, c'est la plus basse d'entre elles, mais l'habitant doit braver les escaliers tout seul."

"Si c'est la seule caractéristique négative," répondit Severus, "j'y ferais face avec joie."

Dumbledore hocha la tête et commença l'ascension. Ils arrivèrent quand Severus eut compté deux cent cinquante deux marches. Considérant leur hauteur, la tour devait faire quarante cinq mètres de haut, et à l'évidence sa partie inférieure était vide, puisqu'elle hébergeait seulement la cage d'escalier.

"Il n'y a pas de sortilège de protection," expliqua Dumbledore, poussant une porte en bois massive, dont les arcades seulement légèrement pointues, et les dimensions larges et solides indiquaient clairement qu'elle était romane et ainsi presque aussi vieille que le château lui-même. "Je suppose que vous pourriez vouloir installer vos propres protections. au cas où vous choisissez ceci comme votre appartement, bien sûr,"ajouta-t-il.

Severus renifla moqueusement. "Directeur, vous saviez exactement que j'allais tomber amoureux de ces salles dès le premier regard!"

"Disons que j'avais un soupçon que vous pussiez le faire. Alors je comprends que ceci sera la demeure du nouveau Maître de Potions de Poudlard?"

"Je pense que oui." Severus leva les yeux vers le plafond. C'était plutôt bas, pas plus que peut-être deux mètres quarante de haut, et orné de ce qui semblait être des fresques romanes. Deux arches de bois épais le parcouraient, couvrant la longueur entière de la salle, séparant le plafond en trois parts égales. Les arches étaient soutenues par des piliers de bois sculpté, assombris par l'âge et si épais que Severus doutait qu'il puisse entièrement les entourer avec ses bras. C'était une grande salle, de peut- être sept mètres cinquante sur six mètres, complètement vide et à l'évidence située dans un coin de la tour, car le mur face à la porte et celui à sa gauche avaient chacun trois grandes fenêtres, qui avaient les mêmes arcs à peine pointus que la porte. Le plancher était fait de dalles de granit légèrement irrégulières, et dans le mur droit, vu de l'entrée, il y avait une énorme cheminée, flanquée par deux portes.

"Celle ci," dit Dumbledore, désignant la porte à gauche de la cheminée, "mène à la chambre à coucher et à la salle de bains. L'autre-" et s'avança pour l'ouvrir, révélant un autre escalier "-mène à l'étage supérieur."

"Il y a. un autre étage?" demanda Severus, essayant de calculer la taille de son nouvel habitat.

"Oui, et de là vous avez accès au toit."

Severus sentit on c?ur battre par anticipation. L'oeil de son esprit imaginait déjà la salle dans laquelle ils se tenaient entièrement fournie, avec des tapis épais par terre et un feu rugissant allumé dans la cheminée. Ses livres concernant les Potions et le laboratoire trouveraient une place en haut, et il pourrait faire pousser ses propres herbes et ses propres ingrédients sur le toit.. le climat n'était pas exactement clément, mais avec quelques charmes protecteurs et des sortilèges de chauffage.

"Voudriez-vous jeter un coup d'oeil en haut?" demanda Dumbledore, l'étincelle dans ses yeux dansant follement.

"Non, merci," répondit Severus, essayant d'avoir l'air le plus digne possible, pour masquer sa joie presque enfantine, "je ne pense pas que ce soit nécessaire."

"Bien, cela semble être réglé, alors. Si vous avez besoin de meubles-" Severus hocha la tête "-Mr. Rusard vous montrera le dépôt, duquel vous êtes libre de choisir quoi que ce soit qui vous attrape l'oeil. En plus, vous avez assez de temps pour faire quelques courses, si ce que vous trouvez là- bas ne correspond pas à vos goûts. Je pense que je vais vous laisser à votre installation maintenant et je ferai monter le déjeuner par les Elfes de Maison. Trois heures dans mon bureau vous convient-il? Le mot de passe est Gâteau de Fée."

"O oui. Ce serait parfait." Dumbledore lui lança un dernier sourire et s'avança à grands pas vers la porte. Severus se racla la gorge. "Merci, Directeur. Ceci- " il désigna la pièce d'un geste "-rend tout plus supportable."

"De rien vraiment, Severus. Oh, avant que j'oublie." Le vieux sorcier fouilla les poches de ses robes et sortit une cloche de dîner en argent comme celle que Severus avait déjà vue dans ses quartiers et ceux de Lestrange. "Vous aurez besoin de ceci pour appeler Peggy," dit-il, la tendant à Severus. Puis il s'en alla dans un tournoiement magnifique d'écarlate et d'or.

Quelque temps, Severus se tint simplement là à regarder. Puis, conduit par la curiosité, il ouvrit la porte qui, selon Dumbledore, menait à la chambre à coucher, et hoqueta. La chambre était considérablement plus petite que le salon, avec des fenêtres sur le côté gauche, vu de l'entrée. Elles étaient encadrées de rideaux de velours épais d'un riche vert, allant du plancher au plafond, et s'ouvraient sur un splendide panorama du lac et d'une partie de la Forêt Interdite. Contre le mur opposé à la porte se tenait un lit à baldaquin énorme avec des draperies des mêmes tissus et couleurs que les rideaux. C'était le seul meuble, dominant la salle par sa simple taille et la multitude de coussins blancs resplendissants arrangés sur un dessus de lit vert brodé de serpents argentés. La cheminée de la chambre était un peu plus petite que celle du salon. S'attendant à entrer dans la salle de bain, Severus ouvrit une porte qui était ouverte dans le même mur que la cheminée, à une distance d'environ un mètre quatrevingt. Ce n'était pas la salle de bain, cependant; c'était sans aucun doute la lingerie, déjà fournie de placards et de commodes. Elle recevait de la lumière naturelle qui entrait par une seule fenêtre plus étroite. Severus traversa la chambre et entra finalement dans la salle de bain. La vue qui l'accueillit provoqua un autre hoquet.

Le plancher était carrelé de marbre vert sombre et couleur crème, et pile au centre, son bord à fleur de plancher, était une grande baignoire hexagonale---non, pensa Severus, ceci était plutôt une mare miniature qu'une baignoire --faite de marbre noir avec des robinets d'argent en forme de serpents. A sa gauche, deux fenêtres étroites offraient la même vue du lac que la chambre à coucher, et quand il regarda autour de la salle, il vit que tous les murs étaient décorés d'images, d'un style clairement plus récent que les fresques du plafond de salon, d'arbres, de prés d'arbrisseaux et de prairies en fleur. Il leva la tête pour regarder le plafond-- il n'était pas enchanté pour refléter le ciel de dehors, mais représentait un ciel éternellement bleu avec des nuages plumeux et flottant et des oiseaux faisant des cercles et flottant dans ses profondeurs d'azur. Une table de toilette en acajou avec un évier, aussi de marbre noir et avec des robinets pareils à ceux de la baignoire, seulement plus petits, complétait l'image. Severus se sentait légèrement hors d'haleine quand il retourna au salon et monta les escaliers vers le premier étage.

Ici, l'espace vaste entier était ininterrompu par des murs, la seule division étant faite par des piliers en bois, identiques à ceux en bas dans le salon, soutenant les poutres en bois sombre qui coupaient à travers le blanc immaculé du plafond. Au milieu de la salle, un large escalier en bois conduisait à une trappe. Ceci devait être l'accès à sa terrasse sur le toit.

Il prit conscience que ses doigts saisissaient encore la cloche d'argent. Regardant sa montre, il vit qu'il était maintenant presque onze heures. Il avait quatre heures pour se faire un chez-lui. Oui. A sa surprise, il prit conscience que ceci pourrait peut-être devenir une maison après tout. C'était beaucoup plus que ce qu'il avait jamais osé espérer. En dépit de sa pâleur et du fait qu'il évitait prudemment toute lumière de soleil directe, il était essentiellement une personne de lumière, et avait ainsi déjà redouté l'obscurité des cachots, à laquelle il avait été si content d'échapper finalement il y a trois ans. Qu'il ne doive pas retourner là- bas, ajoutant un autre symbole d'obscurité et de ruine et de sepulcre à ceux qui pesaient déjà sur lui, était réconfortant. Cependant, meubler cet énorme espace n'allait pas être facile. La première étape qu'il devait effectuer était de chercher Argus Rusard. Il n'avait pas apporté de bibliothèques, de tapis, ou d'autres meubles avec lui, parce qu'il ne voulait pas dépouiller sa propre maison juqu'aux murs nus. Souriant à son environnement, il descendit les escaliers et quitta la tour, dit aux nymphes que, pour le moment, son mot de passe serait Serpent d'Argent, et commença à parcourir les couloirs à la recherche du concierge de Poudlard.

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La gargouille de pierre gardant le bureau de Dumbledore lança un regard transperçant à Severus quand il prononça le mot de passe, s'écarta et lui permit d'entrer par la porte qu'elle avait dissimulée. Pendant que l'escalier en spirale le portait vers le haut, Severus passa un dernier regard sur ses robes. Peggy avait enlevé la poussière et les toiles d'araignée de lui, mais il était certainement mieux de re vérifier son état de propreté avant de faire son apparition dans le bureau du Directeur. Au "Entrez!" de Dumbledore, il franchit le seuil et se tint dans la grnde salle circulaire --- les souvenirs qui remontèrent immédiatement à la surface n'étaient pas ses meilleurs souvenirs.

"Ah, Severus. Merci d'être venu. Voudriez-vous du thé?"

Quel age avait-il eu alors? Pas beaucoup plus que quatorze ans. C'était à peine croyable que seules sept années aient passé depuis sa première visite avec-thé de l'après midi dans le bureau de Dumbledore. Il avait été un innocent alors, un enfant qui avait rencontré Voldemort quelques mois auparavant, completément ignorant de ce que la vie avait en réserve pour lui. Qu'il devrait devenir enseignant. Non, il n'aurait jamais imaginé cela. Et certainement pas les circonstances qui l'avaient ramené à Poudlard.

"Oui, merci. J'ai renoncé au déjeuner, car il semblait plus important de rendre mes pièces habitables d'abord, mais j'ai assez faim maintenant."

"Merveilleux!" rayonna Dumbledore. "Il est tellement plus agréable d'avoir une compagnie enthousiaste quand on se laisse aller à ses propres vices." Il sonna la cloche d'argent et dit à son elfe Kitty d'apporter du thé pour deux sorciers qui mourraient de faim. Elle hocha la tête avec ferveur et, un peu plus tard, revint avec un plateau dont le contenu aurait pu sauver un bataillon entier de la famine.

Les deux sorciers s'assirent devant la cheminée, et Dumbledore, sautant les sandwichs, les saucisses miniature rôties et les morceaux à l'air appétissant de pain grillé chargés d'oeufs brouillés, fouilla directement dans les sucreries.

"Le directeur," dit Severus après un court moment, quand les bouchées sauvages de faim se furent quelque peu calmées, "Pas que j'aie l'intention d'échanger mes appartements pour autre part, mais comment diable dois-je arriver aux quartiers de Serpentard? Je me souviens bien trop bien de mon propre temps ici pour ignorer la nécessité d'apparaître instantanément de temps en temps. En supposant-" il transpersa une autre saucisse "-que le Baron Sanglant observe toujours les élèves et fait des rapports au Directeur de Maison."

Dumbledore hocha la tête, sa parole momentanément altérée par un éclair au chocolat entier. "Il le fait," dit-il une fois qu'il eut avalé la bouchée. "Et il y a, bien sûr, une connexion entre vos appartements et la Salle Commune de Serpentard, j'ai simplement oublié de vous le dire. Avez-vous remarqué la gravure dans le mur du côté droit de l'entrée?"

"En bas ou dans mon salon?"

"Dans votre salon. C'est un serpent, l'exacte réplique de celui qui ouvre l'entrée de la Salle Commune. Touchez-le de votre baguette, et une embrasure de porte apparaîtra. C'est, bien sûr, la porte de la Salle Commune."

"Bien sûr," répéta Severus, en une tentative plutôt futile de distance, à en juger par le sourire bienveillant que Dumbledore lui lança. En dépit de toutes les années qu'il avait passées à Poudlard, le château réussissait encore à l'émerveiller.

"Avez-vous déjà eu le temps de penser à votre enseignement?" demanda Dumbledore.

"Oui et non. Je veux dire, je connais le programme. J'ai quelques changements à l'esprit, mais considérant qu'il n'y a pas eu de Maître de Potions présent pendant presque deux ans, cela ne semble pas être une option maintenant. Je suggérerais que, pour les deux mois restant jusqu'à la fin du trimestre, je me concentre uniquement sur les septième année. Peut-être pourriez-vous essayer de faire en sorte que le Ministère leur permette de faire quelque genre de version abrégée de leur A.S.P.I.C de Potions -- je vous donnerais le matériel nécessaire dimanche."

"Excellente idée," consentit Dumbledore. "Et les cinquième année?"

Severus se versa une autre tasse de thé et prit quelques petits gâteaux secs. "Je j'ai peur de ne pas pouvoir m'occuper d'eux. Mais j'ai pensé que vous pourriez persuader le Ministère de leur permettre de passer leur B.U.S.E de Potions à la fin de leur sixième année, qu'en pensez-vous?"

"Mmh. Oui, je pense que cela pourrait être une possibilité. Des idées sur comment vous réussirez à rattraper deux années manquante avec le reste des élèves?"

"Ils recevront des devoirs de vacances très spécifiques à la fin de l'année, et je peux déjà vous dire que je serai catégorique à les recevoir le premier septembre. J'ai l'intention de les faire travailler sur quelques questions cruciales, points fondamentaux de départ, sur les bases desquels je puisse alors élaborer l'année suivante."

"Cela semble très raisonnable. Bien pensé, Severus. Notre seul vrai problème à propos de votre enseignement est le calendrier."

"Bien sûr. Mais il n'y a aucune raison de changer cela maintenant, Directeur. Les septième année sont assez vieux pour prendre une somme de travail supplémentaire. Je ne dis pas que cela sera facile, mais ils survivront certainement. D'autant plus que je projette d'enseigner aux maisons séparément."

Dumbledore leva les sourcils. "Séparément? Mais, Severus, ceci est très inhabituel-"

"Les septième année," l'interrompit brusquement Severus, "ont très probablement déjà choisi le parti pour lequel il seront une fois qu'ils auront fini l'école. La dernière chose dont j'ai besoin, alors que je travaille avec un emploi du temps serré, est une guerre entre futurs Aurors et futurs Mangemorts dans ma salle de classe. Bien que je puisse vous assurer qu'il n'y a pas seulement des Serpentards dans les rangs de Voldemort, ils sont certainement une majorité. Quant aux autres maisons, je préfère avoir des petits groupes de gens qui se sont connus pendant sept ans et ont partagé le même dortoir, parce qu'ainsi ils seront plus relâchés, rendant cela plus facile pour moi de deviner leurs intentions. Après tout, vous ne voulez pas seulement que je leur enseigne les Potions, n'est-ce pas?"

"Certainement pas. Regardant le problème de ce point de vue, je dois approuver votre projet."

"Je suis content de l'entendre. Alors, j'ai quatre groupes, qui devront participer à quatre unités de cinquante minutes par semaine. Avant le petit déjeuner, pendant le déjeuner--- ce seront simplement des leçons théoriques, alors il pourront apporter un sandwich et le manger pendant que j'enseigne, et avant le dîner. Cela fait déjà un total de quinze par semaine, plus un le samedi matin. Comme cela la plupart de leur weekend est quand même à eux. Je prendrai mon déjeuner dans mes quartiers ou dans mon bureau l'après-midi."

"Il semble," dit Dumbledore, hochant la tête avec admiration, "que vous avez en effet beaucoup réfléchi à la question. Je pense que votre solution au problème est une solution faisable. Maintenant pour vos autres devoirs."

Severus regretta immédiatement d'avoir mangé du tout. Depuis qu'il était entré dans ses appartements ce matin, il avait banni avec succès toute pensée d'espionnage de son esprit. Maintenant elles étaient de retour avec une vengeance, le faisant se sentir malade et pitoyable. "J'attends vos instructions," dit-il, essayant de négliger la bile qui s'élevait dans sa gorge.

"Instructions." Dumbledore lui jeta un regard pensif. "Je m'étais plutôt imaginé que vous pourriez vouloir m'informer de vos conditions."

"Non" Severus secoua la tête. "Dites-moi ce que vous voulez et j'essaierai de l'obtenir pour vous. Vous ne pouvez pas sérieusement vous attendre à ce que je sois.. créatif quand il s'agit de trahir tout ce que je crois.. Ce en quoi j'avais l'habitude de croire."

Le Directeur lui lança un long regard dur. "Très bien," dit-il finalement, "Ce que je veux est autant d'informations que vous pourrez m'en donner. Les noms sont moins important, car je n'ai pas l'intention de faire passer quelque détail que ce soit au Ministère. Je désire protéger autant que des vies que possible, des deux côtés. Donc, ce dont j'ai le plus besoin est de la date et de l'heure exacte des attaques que vous planifiez. Si vous avez n'importe quelle raison de soupçonner que l'un des partisans de Voldemort veut changer de côté, je vous en saurais gré si vous me le disiez aussi."

"Vous suggérez que vous évacuerez et cacherez les cibles uniquement?"

"Exactement. Ou, s'ils peuvent se défendre, les prévenir. Leur disant, bien sûr, d'épargner le dirigeant du groupe."

"Quel profit imprévu pour Lestrange," grogna Severus.

"Je sais. Mais considérant que M. Malfoy et M. McNair aident tous les deux mon. notre côté pour, espérons-le, gagner cette guerre, je suis plus que disposé à épargner la vie de St Jean Lestrange. Pour le moment," ajouta-t- il sinistrement.

"Ceci est seulement une partie du marché, cependant, Directeur. Voldemort veut aussi que je lui donne des informations sur vous, et je n'ai pas envie que ma vie se termine prématurément au cas où je réussisse pas à les lui fournir."

"Bien sûr, Severus, bien sûr. J'en venais à ce point. Cependant, il n'attendra pas l'impossible. Au contraire, il semblerait très étrange que vous gagniez ma confiance trop rapidement et puissiez proposer des informations confidentielles tout d'un coup."

"Cela est évident, Directeur. Mais j'aurai besoin de lui fournir quelque chose, pour éviter d'être dévoré moi-même."

Dumbledore se leva et commença à faire les cent pas, se caressant la barbe. "Je sais. Ceci est un jeu très difficile et dangereux, pour tous les participants. Cependant, il y a un aspect positif, autant que je puisse en juger: Nous n'attaquons jamais. Ce qui veut dire qu'il ne peut pas réclamer le même genre d'information que celles dont j'ai besoin. Mais je suis sûr qu'il a hâte d'apprendre l'identité de ceux qui lui donnent tant d'ennuis, pour pouvoir les anéantir eux et leurs familles. Vous pourriez laisser tomber un nom de temps en temps---je prendrais les mesures de sécurité nécessaires d'abord, bien sûr."

Severus se massa les tempes, sentant qu'un mal de tête commençait à se former. Quelques noms seraient-ils assez pour garder Voldemort satisfait? D'autre part, Dumbledore avait raison. Le groupe de résistance n'était jamais l'agresseur, et donc il était incapable de découvrir n'importe quels plans qu'ils puissent avoir. Soudain, il se sentit très fatigué. Epuisé et petit, comme une fourmi au pied d'une montagne. Comment avait-il jamais pu penser qu'il pourrait réussir? Il y avait tant de dangers, de pièges et de blessés que ce serait un miracle s'il survivait à cette folie. Il n'aurait jamais dû accepter de jouer un rôle dans ce stratagème fou. Mais il était déjà dedans, et, à moins d'un suicide, il n'y avait pas moyen d'en sortir.

"Cela vous dérangerait-il si nous interrompions cette discussion pour le moment?" demanda-t-il, "Ce n'est.. pas facile pour moi de parler de ces choses."

"Bien sûr, Severus. Prenez votre temps. Peut-être pourrions-nous continuer demain après le petit déjeuner?"

Severus hocha la tête et prit son congé, se dirigea vers ses quartiers qu'il considérait déjà comme son refuge, à sa grande surprise. Il avait à peine traversé la tapisserie que, avec un coassement enroué, Elias vola vers lui et se percha sur son épaule, seulement pour commencer immédiatement à soigner les cheveux de son maître. Un autre morceau de chez- lui venait de se mettre à sa place.