CHAPITRE 31
"Un autre échantillon?" dit Lucius, tout à fait exaspéré. "Sev, si je ne te connaissais pas si bien, je dirais que tu es un vampire "
"Je regrette de ne pas en être un. Peut-être que cela rendrait les choses plus faciles," répondit mélancoliquement Severus. "Mais j'ai déjà pris quatre échantillons de moi même, alors je dois te le demander "
"Pourquoi pas Owen?"
"Owen est le prochain," dit Severus, souriant. "Ne t'inquiètes pas, il devra contribuer sa part. Des nouvelles sur le front de l'alchimie?"
Lucius, perché sur le bord de la table de travail dans le laboratoire de la maison de Severus maintenant plutôt vide, secoua la tête. "C'est comme je te l'avais dit. Nous n'avons pas grand chose. Cela n'a jamais été de grand intérêt pour mes ancêtres, ou c'est ce qu'il semble. Tu devras attendre jusqu'à ton retour à Poudlard "
Tout en désinfectant un petit couteau similaire à un scalpel, en le tenant d'abord dans une flamme puis en le trempant dans de l'alcool, Severus médita ceci. "Non," dit il finalement, "je ne peux simplement pas prendre ce risque. Formel ne sera pas seul l'année prochaine-je t'ai parlé de l'assistante, n'est-ce pas?" Lucius hocha la tête. "C'est trop risqué. Je ne veux pas que Dumbledore sâche, du moins pas maintenant. Retrousse ta manche "
Lucius grimaça mais obéit. Après avoir fait une petite incision pile sous l'articulation de son coude, où une veine se détachait clairement sous la peau blanc lait, Severus tint le bord d'un petit récipient de verre sous le filet régulier de rouge. Quand il en eut recueilli assez, il guérit la blessure avec un simple sortilège. "Tu sais ce qui m'inquiète encore plus?"
"Je pourrais penser à une petite centaine de choses," répondit Lucius, roulant sa manche vers le bas et la reboutonnant au poignet. "Mais dis le moi "
"En effet " Severus mit un bouchon de verre sur la fiole et lança un sortilège de conservation dessus avant de la ranger et il se percha sur la table à côté de Lucius. "Je veux dire, nous savons maintenant que Voldemort attendra jusqu' à Halloween 1981 pour le coup vraiment grand. C'est rassurant, d'une certaine façon. Mais il a cette." Il s'arrêta un moment et regarda ses pieds. Cela semblait si vil et blasphémateur de même prononcer ces mots. "J'appellerais presque cela une obsession. Il a besoin de rassembler de la force magique. cela a à faire avec cette histoire d'alchimie."
Il y eut un silence. "Sev," dit finalement Lucius, "Ne penses-tu pas qu'il serait mieux que tu me racontes toute l'histoire? Je ne suis pas voyant. Je n'ai aucune idée de que faire de tous ces petits morceaux "
"Tout est si. si enchevêtré." Severus regarda par la fenêtre, dans le crépuscule brumeux.
"Oui, je sais que c'est compliqué, mais tu ne peux pas résoudre cela tout seul. Je ne veux pas ressembler à un maudit Gryffondor, mais nous sommes les Phoenix, nous devons faire ceci ensemble, exactement parce que c'est trop à porter pour une seule personne "
"Je sais!" cria-t-il presque. "Mais. je ne peux vraiment pas l'expliquer. c'est différent si je le trahis, ou." la voix de Severus s'estompa dans la pénombre de la salle.
Lucius soupira. "Tu es un idiot sentimental, Sev. Essaye de prendre du recul de tous ces sentiments et émotions. En plus, ton choix est déjà fait "
Les yeux brûlant de rage et de frustration réprimées, Severus se tourna pour le regarder. "J'ai tant reculé que je suis sur le point de tomber, Lucius. Tous les jours, tous les maudits jours. Je ne suis pas un monstre, tu sais? Je ne peux me dissocier de mes propres sentiments qu'à un certain degré, autrement je deviendrais fou. Tu as Narcissa, et Owen.eh bien, je ne sais pas comment il fait."
"Owen est une brute sans sentiments," observa sèchement Lucius. "Et ni lui ni moi n'avons jamais eu le lien émotif que tu as avec Voldemort. Pour nous, c'est plus facile. Et, comme tu l'as dit, j'ai Narcissa. je fais ceci surtout pour elle, au cas où tu n'en étais pas conscient "
Un rire étouffé-ou était-ce un sanglot? -s'échappa de la gorge de Severus. "C'est ce que je soupçonnais. Je pourrais seulement le faire pour moi, et cela n'en vaudrait pas la peine. Et je ne suis pas suffisamment idéaliste pour le faire pour le vaste monde. Qu'est-ce que cela me fait, s'ils vivent ou s'ils meurent? C'est simplement. que je ne veux pas voir tant de pouvoir dans une seule main. Pas s'il continue dans cette direction. il nous anéantirait tous."
"Mmmh, je suppose qu'il le ferait." Lucius lui tapota l'épaule. "Allez, Sev, allons au Manoir, cette maison est devenue trop déprimante. Ou dois-tu traiter l'échantillon de sang maintenant?"
"Non, et pour dire la vérité, je n'ai pas envie de travailler maintenant. Peut-être qu'un verre et une conversation dans ta bibliothèque."
"Exactement. Si j'ai jamais vu une personne qui a autant besoin d'un verre." Et il transplana , suivi de près par Severus.
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"Mieux?" demanda Lucius.
"Plus embrumé, et c'est sans aucun doute un avantage "
"Tu devrais manger quelque chose, Severus," dit Narcissa, fronçant les sourcils. Elle les avait rejoints dans la bibliothèque et paraissait plutôt inquiête. "Tu es devenu mince à faire peur, tu sais?"
"Je suppose que c'est le stress et tout," dit Severus, plutôt faiblement. "Je n'ai simplement pas envie de manger grand chose"
Lucius réemplit son verre de vin. "D'accord, parle nous de tes inquiétudes. Peut-être que cela aidera. Et, pour l'amour de Merlin, mange quelques uns de ces canapés-ils sont délicieux, et tu ne deviendras pas completément soûl"
"Mes soucis. Où commencer? La dernière fois que je l'ai vu, Voldemort m'a dit-"
"Quand était-ce?" l'interrompit Narcissa.
"Il y a à peu près deux semaines. Pourquoi? Est-ce important?"
"Non," dit-elle, "C'est simplement pour moi, pour que je puisse me représenter cela "
"Ah les femmes!" marmonna Lucius, roulant ses yeux, et Severus renifla.
"Eh bien, comme je l'ai dit, ce jour là il m'a dit qu'il avait besoin que je prépare des potions fortifiantes pour lui. Avez vous remarqué combien il est devenu squelettique récemment?"
"Et c'est toi qui dit cela," dit Narcissa, "Mais pourquoi Lestrange ne les fait-il pas? Ce serait plus facile pour lui de les apporter à Voldemort, n'est-ce pas?"
"C'est exactement ce qu'il a fait. Depuis combien de temps ? Je ne sais pas. Mais Voldemort n'est pas vraiment satisfait de ce qu'il a produit jusqu'ici, et donc il veut que j'intervienne. Potions d'augmentation de puissance, pas de force physique "
"Pas satisfait?" Lucius lui lança un regard aigu. "Qu'est ce que c'est censé signifier? Qu'est-ce que St.Jean a concocté pour lui?"
"Je n'en ai aucune idée. Voldemort était très vague à ce sujet. Cependant, il m'a dit que St.Jean expérimentait avec du venin de serpent"
"Et c'est un problème parce que?"
"Lucius, tu n'as vraiment pas la première idée de ce que sont les potions, n'est-ce pas?" dit Severus, se moquant de lui.
"Oh, merci. Je sais, en fait, très bien ce que sont les potions, mais le venin de serpent ne semble pas aller très bien avec l'idée de fortifier, que ce soit physiquement ou magiquement "
"Pas à première vue. Mais c'est là que l'alchimie intervient. As-tu déjà entendu parler de l'ouroboros?"
"Eh bien, oui." dit Lucius, à l'évidence hésitant à admettre qu'il n'en avait aucune idée. "Vaguement. Le serpent qui se mange, n'est-ce pas?"
"C'est comme dire que les étoiles sont de petits points de lumière sur un fond noir, Malfoy. L'ouroboros est un symbole magique ancien, connu dans pratiquement toutes les cultures de la Scandinavie à l'Afrique, et de l'Amérique du sud à la Perse. Il symbolise-"
"Le commencement et la fin, l'éternité, le cercle de saisons, bla bla," l'interrompit Lucius. "Oui, bien sûr. Qu'est ce qui est si intéressant à cela?"
"C'est ce que les Moldus pensent qu'il symbolise," répliqua Severus avec un sourire malicieux. "Vraiment, tu me surprends, Lucius!"
Narcissa fut incapable de retenir un petit rire à la vue de l'embarras visible de son mari.
Severus continua, imperturbable. "En tant qu'emblème magique, il symbolise le rite du serpent s'empoisonnant lui-même. Il semble-ou du moins c'est ce que Voldemort m'a dit-que personne jusqu'ici n'ait passé ce rite avec succès. Particulièrement parce qu'il exige beaucoup de force et de pouvoir "
"Ah " Lucius hocha la tête. "D'où les potions "
"Exactement. Et d'où la potion, faite du sang d'un enfant qui a été exposé à la conjonction Jupiter Mars deux fois. La cerise sur le gâteau, pour ainsi dire "
"Tu veux dire," ajouta Narcissa, "que ceci lui prêterait assez de puissance pour entreprendre le rite?"
"Oui et non. Parce que, tu sais, les Moldus sont peut être non magiques, mais ils ne sont nullement stupides. Les alchimistes savaient que l'ouroboros est un symbole puissant. Et ils ont reconnu le fait que, pour accomplir ce rite-bien sûr, ils ne savaient pas exactement ce que c'était, mais je suppose que des traces de cela ont survécu et on fait leur chemin dans leurs manuscrits. Où en étais-je? Ah, oui. Ils ont compris, qu'en plus du pouvoir, il y avait un autre élément indispensable dont vous aviez besoin de pour qu'il soit réussi. Et donc, ils ont essayé de créer cet élément. La plupart d'entre eux ont échoué, mais-"
"Pas la." Lucius avala. L'expression sur son visage plus pâle-que-jamais était tout sauf heureux. "Pas la Pierre Philosophale?"
"Conclusion très astucieuse, Lucius. Attention, c'est simplement une théorie à moi, mais oui, je pense que Voldemort aura besoin de la Pierre "
"Tu as dit que la plupart d'entre eux ont échoué?" Narcissa, aussi, semblait légèrement enrouée. "Quelqu'un a-t-il. mais attendez, bien sûr! Nicolas Flamel a créé la Pierre, n'est-ce pas?"
Lucius hocha gravement la tête. "Oui, mais ce n'est pas tout. Il n'était pas seul, tu sais, ma chère?"
Elle le regarda avec des sourcils froncés. "Non? J'étais sûre."
"Non, Narcissa," dit Severus, "Il n'était pas seul. Numéro deux était Dumbledore. Et cela, je suppose, rend notre situation très inconfortable "
"Enfer sanglant," marmonna Lucius. Un moment, il enterra son visage dans ses mains. "Alors, permettez moi de résumer: exactement le 31 octobre 1981, Voldemort aura obtenu un pouvoir magique énorme, grâce à Severus, et sera prêt à entreprendre ce fichu rite de l'ouroboros. Tout ce dont il a besoin pour l'accomplir avec succès est la Pierre Philosophale, qui est quelque part-bien que nous ne sachions pas où-parce que Dumbledore et Flamel l'ont créée. Sev, je n'aime vraiment pas dire cela, mais nous sommes dans la merde jusqu'aux yeux. Désolé, Narcissa "
Severus hocha sinistrement la tête. "Cela résume à peu près tout. Bien sûr, nous ne pouvons pas en être sûrs à moins de consulter quelques textes secrets sur l'Alchimie. Cependant, j'ai le sentiment que Voldemort a trouvé ce dont il a besoin dans la bibliothèque de Grindelwald. Mais ceci n'est pas notre seul problème "
Le dévisageant avec des yeux écarquillés, Narcissa dit, "Il y en a plus à venir ?"
"Oh, oui. Et, en termes de futur proche, c'est peut-être encore plus alarmant "
Lucius ouvrit une autre bouteille de vin. "Je pense que nous devons passer au whisky très bientôt," dit-il avec un sourire tordu, "Si Severus continue avec les bonnes nouvelles "
"Oui," acquiesça Severus, "Il semble que se rendre complètement soûl est la seule solution possible. Maintenant permettez moi d'expliquer: Voldemort veut gagner de la force, et les potions et brouets les plus traditionnels semblent avoir eu un effet plutôt limité. Donc, à moins que je ne puisse proposer quelque chose d'absolument sensationnel, devinez ce qu'il fera?"
"Je n'ai vraiment pas envie de deviner," dit Narcissa, fermant les yeux, "Dis le nous simplement, Severus "
"J'ai des raisons de croire que, dès que j'aurai finalisé la formule pour la potion-celle sur laquelle je fais des recherches, seulement elle n'a pas encore de nom-aussitôt que la formule sera prête, il pourrait-"
"Non!" les yeux de Lucius avaient perdu leur étincelle d'acier. Maintenant il y avait seulement de l'horreur. "Ne me regarde pas comme cela, Narcissa, je ne suis pas fou. Mais c'est aussi clair que la lumière du jour, n'est-ce pas? Il voudra essayer cette fichue potion, en utilisant le sang du plus puissant d'entre nous, et je vous assure qu'un simple échantillon de sang ne sera pas assez. C'est ce que tu voulais dire, Severus, n'est-ce pas?"
Severus soupira. Il devait reconnaître que, aussi irrationnel que cela soit peut-être, pouvoir partager ses soucis le soulagait vraiment. "Oui. Je ne suis pas sûr d'avoir besoin de tout le sang, mais certainement d'une assez grande quantité pour signifier . euh, la mort du donneur. Et même s'il ou elle survit, je ne suis pas sûr de l'effet que cette. appelons cela 'magie partagée', faute d'un meilleur terme, quel effet elle pourrait avoir sur le donneur. Au pire des cas-"
Lucius émit un rire court. "Oh, oui, s'il te plaît, Sev, donne nous le pire des cas. Juste pour alléger un peu notre humeur "
"Eh bien, je suppose que l'effet pourrait être similaire à celui du vampirisme. Le donneur et le receveur sont connectés, et étant donnée la force de Voldemort, il pourrait gagner le contrôle de ceux dont le sang est utilisé dans les potions "
"Mais ceci." Narcissa regarda de l'un à l'autre. "Ceci est terrible! Imaginez seulement. Il devient de plus en plus puissant à chaque nouvelle dose de potion, et en même temps il aura. quelque chose. quelque chose comme une armée. entièrement à ses ordres."
"Sev," dit Lucius, rompant le silence sombre qui s'était ensuivi, "Autant que l'idée me dégoûte, tu dois le dire à Dumbledore "
"D'accord, mais cela ne sauvera pas ma peau. Mon seul choix est de louper la formule. Intentionnellement . Et de faire semblant de ne pas pouvoir la trouver aussi longtemps que possible. Seulement je." Il s'arrêta et regarda Lucius. "Tu sais que je ne suis pas un lâche, mais je ne veux pas même en imaginer les conséquences "
"N'y a-t-il pas d'autre possibilité?" demanda Narcissa. "Je veux dire, ce n'est simplement pas juste que tu doives être celui qui paye pour nous tous. Ne pourriez vous pas ." Son regard s'éclaira. "Ne pourriez vous pas demander à Dumbledore de monter quelque chose avec le Ministère?"
Severus fronça les sourcils d'incompréhension. "Monter quoi, Narcissa?"
"Eh bien," dit-elle, l'air soudain très suffisant, "Tu es sur la liste des suspects du Ministère, n'est-ce pas?" Severus hocha la tête. "D'accord. Et il ne serait pas completément improbable que Dumbledore puisse avoir ses petits doutes à ton sujet, n'est-ce pas? Donc il pourrait se tourner vers le Ministère, leur demandant d'effectuer une fouille de tes quartiers. et ils pourraient confisquer toutes tes notes. bien sûr, tu devrais les nettoyer et les polycopier avant, parce que Voldemort voudra que tu recommence immédiatement. Mais je pense que cela pourrait vous gagner beaucoup de temps "
Les deux hommes se regardèrent l'un l'autre. "Eh bien, Lucius, qu'en penses- tu?"
"Je pense que je suis marié à une femme très astucieuse et brillante. C'est insensé, mais cela pourrait en fait marcher. Bien que le risque pour toi soit considérable. Tu devrais choisir très soigneusement ce que tu leur permets de prendre et ce que tu gardes. Sans oublier nos alliés au Ministère. Si l'un d'eux-et Rookwood pourrait le faire, et quelques autres, aussi-si l'un d'eux met les mains sur ces notes. à y penser, cela pourrait détruire le projet entier."
"Arrête de babiller, Lucius!" dit Severus, "Et sois gentil d'exprimer tes pensées sous forme compréhensible"
"Si Rookwood ou qui que ce soit réussit à voler tes notes pour les reprendre, le résultat de ce bel arrangement tout entier serait nul, c'est ce que je voulais dire," dit Lucius d'un ton rogue.
"Oh, cela. oui, en effet. Et si Dumbledore demande simplement une escorte de deux ou trois Aurors, mais garde les notes? Comme cela mon histoire est inattaquable, parce qu'il y a des témoins, mais personne ne peut voler les notes et les rapporter?"
"Cela," dit Lucius , "semble beaucoup mieux. Et maintenant je suggère que nous prenions un whisky. J'ai presque envie de fêter cela "
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Le temps n'avait jamais passé si rapidement, pensa Severus, pendant qu'il se promenait dans le Chemin de Traverse. Aujourd'hui était déjà le 19 août, et demain il devrait retourner à Poudlard. Les six semaines passées avaient passé très vite de manière floue, pas un flou désagréable, mais ces jours avaient passé trop rapidement. Pas qu'il ait été inoccupé, au contraire. Il avait travaillé sur la potion pour Voldemort, et avec succès. La formule était presque prête-vu de ce point de vue, il devrait être content d'être obligé de rentrer demain. Une rencontre avec Dumbledore au milieu des vacances avait semblé trop hasardeux, mais demain il devrait parler au Directeur. Il doutait que la conversation soit très agréable-après tout, il avait gardé pour lui des informations vitales. Et les nouvelles qu'il allait donner à Dumbledore n'étaient pas exactement heureuses. D'autre part, 'heureux' était un mot dont il avait presque oublié le sens. Il y a quelques années, il y avait eu des étincelles de bonheur dans sa vie. Seulement il ne les avait pas reconnues comme telles. Peut-être qu'il n'y avait pas d'autre moyen d'être heureux qu'en rétrospective. Bien qu'il doute beaucoup, s'il devait regarder cet été dans quelques années-en supposant qu'il serait toujours vivant alors-qu'il verrait même un seul moment de bonheur. Trop nombreux et trop lourds étaient les fardeaux qu'il portait.
Severus n'avait jamais pensé être une personne facile à déprimer, mais maintenant, il avait des difficultés à se lever et à affronter un nouveau jour. Surtout parce que chaque nouveau jour apportait des révélations plus désagréables. Après avoir passé la bibliothèque de Lucius au peigne fin, ils avaient trouvé assez de matière à confirmer leurs soupçons pour l'ouroboros et la Pierre Philosophale. Rien de clair, bien sûr, et rien d'explicite. Mais assez pour les inquiéter profondément. Même Owen, qui les avait aidé à fouiller les tomes anciens, avait été complètement secoué. La pensée de son sang utilisé pour une potion qui transférerait sa magie à Voldemort avait été suffisante pour remuer quelques émotions même en lui, pensa Severus avec un sourire moqueur. Non, leur futur n'était pas rose. Et Dumbledore ne pourrait pas changer un seul iota de tout ce désordre sanglant. Connaissance ne voulait pas toujours dire puissance. Elle pouvait signifier aussi désespoir, sinon désespoir total.
Malgré toutes ces inquiétudes, Severus devait accomplir certains devoirs: les réserves épuisées d'ingrédients de potions pour les élèves devaient être reremplies, il avait besoin de remplir ses propres réserves, il avait besoin de robes d'enseignant, de quelques livres. Et c'était seulement les devoirs d'aujourd'hui. Une fois à Poudlard, il devrait préparer des quantités industrielles de potions thérapeutiques pour Madame Pomfresh, pour être bien préparé à l'assaut d'élèves. Réunions du personnel, leçons à préparer, Mathilda aurait besoin de quelques instructions. Et l'entretien avec Dumbledore. Cela pesait dans son estomac comme une pierre.
Pas beaucoup plus tard, Severus était sur le chemin du retour vers le Chemin de la Nature, portant seulement quelques unes de ses acquisitions récentes, car la plupart d'entre elles allaient être directement envoyées à Poudlard. La rue était déjà très encombrée-les gens étaient de retour de vacances, et tout le monde n'attendait pas le 31 août pour acheter ses affaires d'école. Les voix et les rires formaient un modèle chaotique de bruit, uniforme mais compliqué. Et comme un fil étranger, plus épais que les autres et de couleur hideuse, Severus entendit soudain un rire qu'il connaissait et détestait. Satisfait de soi, visqueux et collant. Sirius Black. Utilisant la foule pour se couvrir, Severus se déplaça derrière le tronc d'un arbre, s'appuya contre l'écorce rude et écouta attentivement. Oui, la voix de Black. Impossible de s'y tromper. Bruyant, choquant. Gryffondorque. Cela venait du côté gauche, légèrement devant lui-Fortarôme! Alors ça c'était intéressant. Avec qui Black riait-il? Connais ton ennemi . il serait certainement une bonne idée de regarder un peu et d'attraper si possible quelques fragments de conversation.
Reconnaisant de la confusion de la foule anonyme, où personne ne prenait le temps de regarder ce que ses camarades humains faisaient, Severus tira sa baguette et lança un Sortilège de Dissimulation sur lui. Ces sortilèges n'étaient pas seulement difficiles, mais aussi extrêmement fragiles. Moins fiables que le Polynectar, qui vous garantissait au moins une heure de changement d'identité paisible, ils avaient l'habitude ennuyeuse de vaciller et d'osciller à moins d'être exécutés par un maître. Il n'était pas Flitwick, mais le résultat ferait l'affaire-du moins il l'espérait car l'effet était, bien sûr, invisible pour lui-même. Mais une demi heure devrait être assez pour regarder la compagnie de Black sans être obligé de se soucier de la stabilité du sortilège.
Ceci semblait être son jour de chance, pensa Severus, car il y avait une table de libre à côté du groupe de Black. Tout comme il s'y était attendu. Les Potters, et Pettigrow, cette excuse boiteuse de sorcier. Severus commanda un café de l'eau, ouvrit un de ses livres et écouta attentivement.
"Que vas-tu faire à la maison tout ce temps, Lily?" demanda Black.
Lily Evans -, non Potter, se corrigea-t-il mentalement-à la maison? Pourquoi? Elle était un Auror comme M. Haut-Et-Puissant, son mari.
"Essayer de trouver des moyens de faire sauter le Ministère, je suppose," répondit-elle, à l'évidence énervée. "Je ne peux pas croire qu'ils soient si. si médiévaux. Tout est de la faute de McDonald. En plus du fait que nous n'avons pas de vrai Ministre. Autrement McDonald n'aurait jamais pu prendre une décision si stupide "
"Mais Lily," c'était Pettigrow. "Je veux dire, ne penses-tu pas que c'est mieux comme cela? Tu sais comment ces bâtards se battent. peut-être que les femmes ne devraient vraiment pas-"
Severus ne pouvait pas voir le visage de Lily, mais il vit son dos se tendre. Quel idiot, pensa-t-il, cela n'était certainement pas la bonne chose à dire à une sorcière de son calibre.
"Mon cher Peter," sa voix était bordée d'indignation "je pourrais en donner pour leur argent à la plupart des hommes, même quand-non, je reprends cela, surtout quand il s'agit de combattre avec des sales coups. Bien sûr, quelques une de nos confrères femelles ne sont pas les meilleures des meilleurs, mais c'est aussi vrai pour les hommes. Prenez Arabella Figg, par exemple! Elle vous enverrait valser avant même que vous ayiez pu sortir votre baguette!"
Comme c'était étrange-Pettigrow ne semblait pas objecter le moins du monde à cette sévère rebuffade. Au contraire. Il l'examinait avec quelque chose de pas trop différent de l'adoration dans ses yeux. Bien sûr, cela n'avait pas échappé à Severus, qu'à l'époque où ils étaient tous encore à l'école, le Petit Peter n'était pas du tout insensible aux charmes de l'ardente tête rousse. Mais maintenant. Severus regarda fasciné, en buvant à petits coups son café. Ces sentiments semblaient s'être approfondis. Et quand James parlait. Personne d'autre ne remarquait-il ce regard de pure haine dans les yeux de Pettigrow? Cet homme devait vivre dans un enfer de jalousie.
"Et ta mère, Sirius?" demanda James, "je ne peux pas m'imaginer qu'elle soit très heureuse de cette situation "
"Au contraire. Je pense qu'elle se joindrait plutôt à Lily pour faire sauter le Ministère. Je veux dire, elle et papa ont toujours travaillé ensemble. Il n'est pas sage de séparer une équipe gagnante et de les apparier avec quelqu'un d'autre"
"Penses-tu qu'ils engageront plus d'hommes, alors?" demanda Pettigrow.
"Tu penses que tu as une chance, Peter?"demanda James. "Oui, je suppose qu'ils le feront. Nous n'avons pas tant de femmes que cela, mais cela ne fera pas de bien de réduire nos forces même d'une seule personne. Ces bâtards sont partout, et ils deviennent plus fort tous les jours. Sirius, tu es sûr que tu veux toujours enseigner? Ne préférerais tu pas plutôt revenir?"
Faites confiance aux Gryffondors pour creuser leur propre tombe, pensa Severus. Ne voyaient-il pas que parmi eux, il y avait un chaudron sifflant et débordant dangereusement? Mais non, ils ne voyaient pas. Ils continuaient à ajouter les mauvais ingrédients, et quand il exploserait finalement, ils dévisageraient la catastrophe avec de grands grands yeux et jureraient qu'ils ne l'avaient pas vu venir. Oui, c'était leur faiblesse typique: une assurance au delà des limites, sans même l'ombre la plus insignifiante de doute. Ils pensaient toujours que les gens étaient exactement ce qu'ils semblaient être. Pour eux, Pettigrow était à jamais le garçon légèrement maladroit, qui était seulement pas tout à fait assez bon pour tout, y compris leur attention. Quelle autre manière y avait-il d'expliquer que personne ne semblait remarquer l'expression d'humiliation furieuse traversant son visage après le commentaire de Potter? Probablement que cet idiot avait même été convaincu qu'il faisait une plaisanterie agréable.
"Non," dit Black, "je ne pourrais pas, même si je le voulais. Dumbledore a besoin de moi à Poudlard, comme vous le savez "
"Nous pourrions échanger nos places," remarqua Lily. "Je pourrais aller enseigner la DCFM, et tu pourrais retourner au front "
"Certainement pas " la voix de James avait un bord tranchant.
Maintenant, cela était véritablement intéressant. Severus n'avait jamais eu une très grande estime de l'attitude des Gryffondors envers les femmes, mais que James Potter parle à sa femme d'une telle manière.
"Allons, James," dit Black, "je suis sûr que Dumbledore accepterait. Lily est membre du groupe, elle est une diable d'Auror-"
"Oui, et c'est exactement pour cela que nous sommes mariés " Maintenant voix de Potter dégouttait de sarcasme. "Je veux me réveiller à côté de ma femme chaque matin, pas seulement le samedi et le dimanche. Poudlard est absolument hors de question, un point c'est tout "
Severus pouvait voir la main de Lily, posée sur sa cuisse, se serrer et se desserrer convulsivement. La petite femme était un peu fâchée, ou c'est ce qu'il semblait.
"Je suppose que ' se réveiller' est un euphémisme poli," répliqua Black avec un sourire sale, "Mais je ne peux pas dire que je ne te comprends pas. Ce serait un bon moment pour avoir un bébé, cependant, ne pensez vous pas?"
Il était difficile de garder ses yeux collés au livre. Il ne pouvait simplement pas y croire. Lily était-et pas seulement selon l'opinion de Severus-plus puissante que ces deux stupides males ensemble, et pourtant M. Potter pensait qu'être son mari l'autorisait à décider de ce qui était bon pour elle, et lui et Black parlaient d'elle comme si elle n'était même pas présente.
"C'est ce que je n'arrête pas de lui dire, n'est-ce pas, chérie?" Lily hocha simplement la tête, et Severus s'attendait à moitié que quelque chose explose, tellement sa colère était tangible. "Mais elle dit qu'elle est trop jeune"
"Mais elle n'a que vingt-deux ans, James " Ah, Pettigrow, se voulant chevalier en brillante armure. "Et je pense que Lily a raison-ce n'est pas le moment d'avoir des enfants "
"Et que saurais-tu à ce sujet, Peter?" demanda brusquement James, "Tu n'es pas marié, tu n'a aucune idée-"
"Eh bien, Sirius non plus!"
Ils levèrent tous les yeux d'étonnement total quand Lily Potter se leva si brusquement que sa chaise se renversa. "Je vais à Fleury & Botts," cracha-t- elle, "Voyant que l'on a pas besoin de moi ici. Tirez à pile ou face pour décider si je vais avoir un bébé-peut-être que vous aimeriez tirer aussi à la courte paille pour déterminer qui aura l'honneur d'être le père " Avec ces mots, elle tourna les talons et s'éloigna, imposante et royale.
"Sainte Merde," souffla Black, "Qu'est-ce qui lui prend?"
James haussa les épaules. "Cette periode du mois, tu sais."
Severus décida qu'il en avait assez entendu, paya son café et partit.
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De retour à Poudlard, la première chose qu'il fit fut d'aller à la salle des professeurs. Son sens du devoir trouva une récompense immédiate par la bonne nouvelle que la première réunion du personnel était seulement prévue pour le matin suivant. Severus était arrivé très tôt, et avait ainsi toute la journée à sa disposition. Ceci n'était pas importun, car il avait besoin de se réinstaller dans ses nouveaux-anciens environs. A sa grande surprise, il avait senti quelque chose comme de la satisfaction à retourner à ses quartiers. Il en était venu à aimer ces salles et était content que tous les problèmes qu'il portait constamment n'aient pas empoisonné ce plaisir simple.
Les paquets du Chemin de Traverse étaient déjà arrivés, et il était occupé à les défaire et à séparer ses affaires de celles des élèves quand la tête de Dumbledore apparut dans sa cheminée.
"Ah, Severus," dit-il gaiement, "vous êtes déjà là. Voudriez-vous déjeuner avec moi dans mon bureau? Pour que nous puissions parler?"
Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait, mais il était mieux de s'en débarasser. "Bien sûr, Directeur, j'en serais enchanté. Quel heure vous conviendrait?"
Dumbledore eu l'air de regarder sa montre. "Dans une heure, je dirais "
"Très bien, Directeur, je serai là. Quel est votre mot de passe?"
"Tequila Sunrise. Bien que je doive le changer avant que les élèves arrivent," dit le Directeur, lui faisant un clin d'oeil. "Nous ne voudrions pas leur donner de mauvaises idées, non?"
"C'est exactement pour cela que je préfère la mythologie grecque, Directeur. Même si le sens est gênant, ils devraient aller faire des recherches d'abord. Et s'il y a quelque chose sur quoi vous pouvez compter, c'est que les élèves n'en font jamais plus qu'ils ne le doivent "
"De sages paroles, Severus. Je vais devoir trouver des cocktails dans la Grèce antique, alors " La tête disparut, et Severus retourna à son occupation précédente.
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Une table circulaire près d'une des fenêtres dans le bureau de Dumbledore était déjà mise pour deux quand Severus arriva. Le Directeur n'était pas dans son bureau, mais la porte menant à ses appartements privés était légèrement entrouverte; alors Severus décida de parler à Fumseck le Phoenix tout en attendant son hôte. Il ne se souvenait pas d'avoir jamais vraiment touché l'oiseau, et se demandait comment serait son plumage.
"Salut Fumseck," marmonna-t-il. Il se tenait devant le perchoir doré-le phoenix avait enfoncé sa tête sous son aile droite, et Severus ne voulait pas le toucher à moins qu'il ne le lui permette. Au son de sa voix, le long cou se déroula gracieusement, et Fumseck le regarda de ces yeux sages et noirs. "Penses-tu que je pourrais te caresser?" demanda Severus. L'oiseau fit une seule note trillée. "Je prendrai cela comme un oui. Ne me mords pas, hein?"
Les plumes étaient chaudes. Pas brûlantes, mais légèrement plus chaudes que la main de Severus. Et douces, plus que n'importe quelle soie ou fourrure qu'il ait jamais touchée. Même plus doux que la peau d'une femme. Pas qu'il ait beaucoup de souvenirs de ce genre. Etrangement, cela lui fit penser à Clarissa. Ses cheveux avaient une texture similaire, en dépit de leurs boucles. Clarissa. Dieux, si seulement elle pouvait être avec lui. Peut- être qu'il en serait venu à l'aimer, en supposant qu'il était capable d'aimer. Instinctivement, il toucha le medallion. Maudite soit Sibylle et ses bétises poétiques. Il aurait dû se débarasser de ce morceau de papier il y a longtemps, le même soir qu'elle le lui avait envoyé.
"Severus, je suis désolé de vous avoir fait attendre. Mais j'ai pensé que vous devriez voir ceci." Il lui tendit un petit rouleau de parchemin. "Des nouvelles intéressantes, je dirais "
Severus hocha la tête, déroula le parchemin et regarda fixement. Ceci était. mystérieux, pour ne pas dire plus. Il y a cinq secondes, il avait pensé à elle, et maintenant. "De la part de Sibylle," dit-il, incrédule, comme si Dumbledore pouvait le convaincre que cette lettre ne venait pas de son ancienne camarade.
"De la part de Sibylle. Et c'est vraiment quelque chose, pour le dire doucement "
"Plutôt une bombe," marmonna Severus, lisant la missive.
Cher Directeur Dumbledore,
J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé. Comme vous le savez probablement, nous n'avons pas le droit de garder beaucoup de contact avec le monde extérieur ici à l'Institut, et ainsi j'ai seulement une idée très vague de ce qui se passe vraiment chez nous. Les rumeurs qui m'atteignent ne sont pas vraiment rassurantes, cependant.
Ce que j' ai à vous dire pourrait augmenter vos soucis, ou les alléger-je ne sais pas. Mais je sais que vous êtes un homme très sage et que vous utiliserez certainement cette information de la bonne façon.
Ces dernières semaines, j'ai eu à maintes reprises une vision (par différentes méthodes de Divination, par conséquent je ne doute pas de sa véracité) : Le dernier jour de juillet, l'année prochaine, pendant une conjonction magique particulièrement puissante de Jupiter et de Mars, un enfant naitra en Grande Bretagne. Un enfant magique qui altérera le sort de ce monde. En bien ou en mal, je ne sais pas. Mais ceci sera décidé quand la conjonction se répètera, le dernier jour d'octobre de l'année suivante, quand l'enfant aura exactement 457 jours. Alors les pouvoirs de la Lumière et de l'Obscurité s'affronteront , et le sort de l'enfant sera clairement délimité.
Puisse ceci vous être utile.
Fidèlement votre
Sibylle Trelawney
Un moment, tout ce que Severus put faire fut regarder successivement du Directeur à la lettre.
"Eh bien," dit gravement Dumbledore, "il semble que cette lettre a plus de sens pouv vous que pour moi. Déjeunons donc"
"Déjeuner? Directeur, ceci est. Comment pouvez-vous penser à déjeuner maintenant?"
Dumbledore sourit. "Y a-t-il quoi que ce soit dans cette lettre qui appelle des mesures immédiates?"
"Non, mais-"
"Vous voyez? Alors nous pouvons tout aussi bien voir ce que les Elfes de Maison nous ont préparé et discuter de ce problème en déjeunant "
Severus hocha simplement la tête et se laissa guider à la table. Comme un automate, il s'assit, déplia la serviette de table et se l'étala sur ses genoux.
"Un verre de vin?" demanda chaleureusement Dumbledore .
"O oui, s'il vous plaît " Il vida le vin d'un coup et reposa le verre sur la table.
"Je suppose que vous vous sentez un peu mieux maintenant?"
Severus se secoua. "Oui. eh bien, pas exactement mieux. Mais je pourrais pouvoir parler avec cohérence "
"Cela à l'air très encourageant. Aaaah!" Dumbledore souleva le couvercle de la soupière et inhala profondément. "De la crème de tomate avec des lardons! Bénies soient ces petites créatures!"
Malgré lui, Severus sourit. Et sentit l'eau lui venir à la bouche. Le Directeur se servit une portion généreuse et tendit alors la louche à son Maître de Potions, qui fit la même chose. Après avoir goûté quelques cuillères, Dumbledore dit, "Croyez-le si vous voulez, Severus, mais je suis très curieux d'entendre ce que vous avez à me dire "
Severus lui parla de la potion sur laquelle il faisait des recherches, du rite, de la Pierre Philosophale. et Dumbledore écouta, calme et composé et sans interrompre une seule fois. "Je vous l'aurais dit aujourd'hui en tout cas," termina Severus, "parce que nos inquiétudes ont été confirmées. Inutile de dire qu'aucun de nous n'est trop impatient de voir arriver ceci "
"Oui," dit Dumbledore de manière aimable, "je pense que c'est seulement naturel " Il sonna Kitty l'Elfe de Maison qui déservit la table et apporta le plat principal. "J'apprécie vraiment que vous me l'ayiez dit," continua- t-il, son regard bleu posé sur Severus.
"Je sais que j'aurais dû vous le dire plus tôt," dit Severus, sur la défensive, "mais-"
"Mon cher garçon," l'interrompit le Directeur, posant une main osseuse sur l'avant-bras de Severus, "il n'y avait pas d'ironie cachée dans ce que je viens de dire. J'apprécie votre honnêteté " Evidemment, ceci était son Jour A Cours de Mots, pensa Severus, dévisageant le vieux sorcier. "Vous savez," et Dumbledore fit un sourire béatifique, d'abord au poulet rôti puis à Severus "je peux être un Gryffondor, mais j'ai aussi l'avantage d'être un très vieux Gryffondor, et l'âge avancé n'apporte pas seulement des rides et une mauvaise mémoire, mais aussi un peu de sagesse. Blanc ou pilon?"
"Euh. quoi?" Severus cligna des yeux, puis compris. "B blanc, s'il vous plaît "
"Donc," continua Dumbledore, "je ne suis pas assez idiot pour croire que vous vous remetteriez dans mes mains sans garder quoi que ce soit dans votre manche. Après tout, vous pouvez me faire confiance, mais je suis sûr que vous avez quelques ressentiments, et des ressentiments justifiés. Purée de pommes de terre ?"
"Oui, s'il vous plaît, et beaucoup de jus de viande " Il l'avait dit sans penser, et rougit.
"Les vieilles habitudes sont dures à abattre. Alors, je suppose que cette potion sur laquelle vous faites des recherches était l'un des atouts que vous préfériez garder dans votre manche. Entièrement compréhensible. Mais, comme je l'ai déjà dit, j'apprécie un allié qui sait quand il doit être roublard et quand il doit être honnête. Serpentard à son meilleur niveau, si je puis dire "
"Merci pour le compliment, Directeur. Mais qu'allons-nous faire? Nous ne pouvons pas empêcher les enfants de naître. Et nous ne pouvons pas surveiller chaque enfant qui verra le jour de ce monde le 31 juillet de l'année prochaine "
"Très vrai," dit Dumbledore et il retroussa ses manches. "Pardonnez moi, mais les pilons sont bien meilleurs si on les mange comme ceci " Il commença à grignoter avec délectation.
Severus mélangea pensivement le jus de viande et sa purée de pommes de terre. "Le problème est qu'il y a simplement trop de sympathisants. Autrement nous pourrions laisser tomber une indication aux médisorciers et médisagesfemmes-ils peuvent influencer le moment de naissance, même si seulement un peu "
Dumbledore hocha la tête et s'essuya la bouche et les mains. "Oui, mais nous n'avons pas besoin de nous inquiéter trop de cela maintenant. Nous avons le temps, Severus, et nous pouvons concevoir une stratégie convenable " Il posa sa serviette et scruta le visage de Severus attentivement. "J'ai le sentiment que quelque chose d'autre vous préoccupe. Y a t'il quelque chose dont vous voudriez me parler?"
"Oui " Il n'avait pas mangé une seule bouchée et jouait avec sa nourriture. "Nous avons des raisons de croire que, pour accumuler du pouvoir magique, Voldemort nous utilisera. Notre sang, je veux dire. Peut-être que je serai le dernier, car il a besoin de moi pour terminer la potion avec le sang de cet enfant. Mais après cela, ce pourrait être mon tour. Comme ingrédient de potion ou autrement "
Se renversant dans sa chaise, le directeur regarda au dehors les terres de l'école. Longtemps, il resta silencieux. "Vous savez," dit-il alors, et sa voix était moins pleine et confiante que d'habitude, "beaucoup de gens pensent que je suis omniscient. Je regrette de ne pas l'être. Je n'avais aucune idée de la bibliothèque de Grindelwald- si j'avais eu ne serait-ce qu'un soupçon qu'elle existait, je l'aurais certainement détruite. Dans l'état des choses, j'ai pensé qu'il était après la Pierre seulement parce qu'il voulait de l'argent et la vie éternelle " Il s'arrêta encore, et son visage avait l'air de vieillir à chaque seconde. "J'étais un idiot, Severus, un tel idiot," chuchota-t-il "Car au lieu de détruire la Pierre, j'ai seulement détruit Grindelwald. Je croyais. Non, je ne croyais même pas quoi que ce soit. J 'étais convaincu de ma propre infaillibilité, et que la pierre en elle-même n'était pas mauvaise. Mais les choses sont toujours bonnes et mauvaises, aussi longtemps qu'il y a des êtres humains qui peuvent les utiliser des deux façons "
"Alors détruisez-la maintenant," dit Severus. "Flamel est mort et-"
"Non, non, mon cher garçon. Flamel n'est pas mort. Je devrais détruire la pierre et tuer lui ou moi, pour priver Voldemort de ses compétences. Mais il ne sert à rien de s'attarder sur des solutions impossibles. Dites moi plutôt, avez-vous des idées sur comment détourner le danger le plus imminent?"
Severus lui parla de l'idée de Narcissa. "Je n'arrive pas à penser à une autre possibilité. C'est très risqué, mais du moins faisable. Pas même Lord Voldemort ne s'attendrait à ce que je vous tue pour arriver à mes notes. Du moins je l'espère," ajouta-t-il, dans une tentative vaine d'humour.
"Oh, si," dit Dumbledore, le scintillement joyeux de retour dans ses yeux, "Mais il me connaît assez bien pour être sûr que ma mort ne vous rapprocherait pas de quelque chose que je veux vraiment cacher "
"Un autre échantillon?" dit Lucius, tout à fait exaspéré. "Sev, si je ne te connaissais pas si bien, je dirais que tu es un vampire "
"Je regrette de ne pas en être un. Peut-être que cela rendrait les choses plus faciles," répondit mélancoliquement Severus. "Mais j'ai déjà pris quatre échantillons de moi même, alors je dois te le demander "
"Pourquoi pas Owen?"
"Owen est le prochain," dit Severus, souriant. "Ne t'inquiètes pas, il devra contribuer sa part. Des nouvelles sur le front de l'alchimie?"
Lucius, perché sur le bord de la table de travail dans le laboratoire de la maison de Severus maintenant plutôt vide, secoua la tête. "C'est comme je te l'avais dit. Nous n'avons pas grand chose. Cela n'a jamais été de grand intérêt pour mes ancêtres, ou c'est ce qu'il semble. Tu devras attendre jusqu'à ton retour à Poudlard "
Tout en désinfectant un petit couteau similaire à un scalpel, en le tenant d'abord dans une flamme puis en le trempant dans de l'alcool, Severus médita ceci. "Non," dit il finalement, "je ne peux simplement pas prendre ce risque. Formel ne sera pas seul l'année prochaine-je t'ai parlé de l'assistante, n'est-ce pas?" Lucius hocha la tête. "C'est trop risqué. Je ne veux pas que Dumbledore sâche, du moins pas maintenant. Retrousse ta manche "
Lucius grimaça mais obéit. Après avoir fait une petite incision pile sous l'articulation de son coude, où une veine se détachait clairement sous la peau blanc lait, Severus tint le bord d'un petit récipient de verre sous le filet régulier de rouge. Quand il en eut recueilli assez, il guérit la blessure avec un simple sortilège. "Tu sais ce qui m'inquiète encore plus?"
"Je pourrais penser à une petite centaine de choses," répondit Lucius, roulant sa manche vers le bas et la reboutonnant au poignet. "Mais dis le moi "
"En effet " Severus mit un bouchon de verre sur la fiole et lança un sortilège de conservation dessus avant de la ranger et il se percha sur la table à côté de Lucius. "Je veux dire, nous savons maintenant que Voldemort attendra jusqu' à Halloween 1981 pour le coup vraiment grand. C'est rassurant, d'une certaine façon. Mais il a cette." Il s'arrêta un moment et regarda ses pieds. Cela semblait si vil et blasphémateur de même prononcer ces mots. "J'appellerais presque cela une obsession. Il a besoin de rassembler de la force magique. cela a à faire avec cette histoire d'alchimie."
Il y eut un silence. "Sev," dit finalement Lucius, "Ne penses-tu pas qu'il serait mieux que tu me racontes toute l'histoire? Je ne suis pas voyant. Je n'ai aucune idée de que faire de tous ces petits morceaux "
"Tout est si. si enchevêtré." Severus regarda par la fenêtre, dans le crépuscule brumeux.
"Oui, je sais que c'est compliqué, mais tu ne peux pas résoudre cela tout seul. Je ne veux pas ressembler à un maudit Gryffondor, mais nous sommes les Phoenix, nous devons faire ceci ensemble, exactement parce que c'est trop à porter pour une seule personne "
"Je sais!" cria-t-il presque. "Mais. je ne peux vraiment pas l'expliquer. c'est différent si je le trahis, ou." la voix de Severus s'estompa dans la pénombre de la salle.
Lucius soupira. "Tu es un idiot sentimental, Sev. Essaye de prendre du recul de tous ces sentiments et émotions. En plus, ton choix est déjà fait "
Les yeux brûlant de rage et de frustration réprimées, Severus se tourna pour le regarder. "J'ai tant reculé que je suis sur le point de tomber, Lucius. Tous les jours, tous les maudits jours. Je ne suis pas un monstre, tu sais? Je ne peux me dissocier de mes propres sentiments qu'à un certain degré, autrement je deviendrais fou. Tu as Narcissa, et Owen.eh bien, je ne sais pas comment il fait."
"Owen est une brute sans sentiments," observa sèchement Lucius. "Et ni lui ni moi n'avons jamais eu le lien émotif que tu as avec Voldemort. Pour nous, c'est plus facile. Et, comme tu l'as dit, j'ai Narcissa. je fais ceci surtout pour elle, au cas où tu n'en étais pas conscient "
Un rire étouffé-ou était-ce un sanglot? -s'échappa de la gorge de Severus. "C'est ce que je soupçonnais. Je pourrais seulement le faire pour moi, et cela n'en vaudrait pas la peine. Et je ne suis pas suffisamment idéaliste pour le faire pour le vaste monde. Qu'est-ce que cela me fait, s'ils vivent ou s'ils meurent? C'est simplement. que je ne veux pas voir tant de pouvoir dans une seule main. Pas s'il continue dans cette direction. il nous anéantirait tous."
"Mmmh, je suppose qu'il le ferait." Lucius lui tapota l'épaule. "Allez, Sev, allons au Manoir, cette maison est devenue trop déprimante. Ou dois-tu traiter l'échantillon de sang maintenant?"
"Non, et pour dire la vérité, je n'ai pas envie de travailler maintenant. Peut-être qu'un verre et une conversation dans ta bibliothèque."
"Exactement. Si j'ai jamais vu une personne qui a autant besoin d'un verre." Et il transplana , suivi de près par Severus.
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"Mieux?" demanda Lucius.
"Plus embrumé, et c'est sans aucun doute un avantage "
"Tu devrais manger quelque chose, Severus," dit Narcissa, fronçant les sourcils. Elle les avait rejoints dans la bibliothèque et paraissait plutôt inquiête. "Tu es devenu mince à faire peur, tu sais?"
"Je suppose que c'est le stress et tout," dit Severus, plutôt faiblement. "Je n'ai simplement pas envie de manger grand chose"
Lucius réemplit son verre de vin. "D'accord, parle nous de tes inquiétudes. Peut-être que cela aidera. Et, pour l'amour de Merlin, mange quelques uns de ces canapés-ils sont délicieux, et tu ne deviendras pas completément soûl"
"Mes soucis. Où commencer? La dernière fois que je l'ai vu, Voldemort m'a dit-"
"Quand était-ce?" l'interrompit Narcissa.
"Il y a à peu près deux semaines. Pourquoi? Est-ce important?"
"Non," dit-elle, "C'est simplement pour moi, pour que je puisse me représenter cela "
"Ah les femmes!" marmonna Lucius, roulant ses yeux, et Severus renifla.
"Eh bien, comme je l'ai dit, ce jour là il m'a dit qu'il avait besoin que je prépare des potions fortifiantes pour lui. Avez vous remarqué combien il est devenu squelettique récemment?"
"Et c'est toi qui dit cela," dit Narcissa, "Mais pourquoi Lestrange ne les fait-il pas? Ce serait plus facile pour lui de les apporter à Voldemort, n'est-ce pas?"
"C'est exactement ce qu'il a fait. Depuis combien de temps ? Je ne sais pas. Mais Voldemort n'est pas vraiment satisfait de ce qu'il a produit jusqu'ici, et donc il veut que j'intervienne. Potions d'augmentation de puissance, pas de force physique "
"Pas satisfait?" Lucius lui lança un regard aigu. "Qu'est ce que c'est censé signifier? Qu'est-ce que St.Jean a concocté pour lui?"
"Je n'en ai aucune idée. Voldemort était très vague à ce sujet. Cependant, il m'a dit que St.Jean expérimentait avec du venin de serpent"
"Et c'est un problème parce que?"
"Lucius, tu n'as vraiment pas la première idée de ce que sont les potions, n'est-ce pas?" dit Severus, se moquant de lui.
"Oh, merci. Je sais, en fait, très bien ce que sont les potions, mais le venin de serpent ne semble pas aller très bien avec l'idée de fortifier, que ce soit physiquement ou magiquement "
"Pas à première vue. Mais c'est là que l'alchimie intervient. As-tu déjà entendu parler de l'ouroboros?"
"Eh bien, oui." dit Lucius, à l'évidence hésitant à admettre qu'il n'en avait aucune idée. "Vaguement. Le serpent qui se mange, n'est-ce pas?"
"C'est comme dire que les étoiles sont de petits points de lumière sur un fond noir, Malfoy. L'ouroboros est un symbole magique ancien, connu dans pratiquement toutes les cultures de la Scandinavie à l'Afrique, et de l'Amérique du sud à la Perse. Il symbolise-"
"Le commencement et la fin, l'éternité, le cercle de saisons, bla bla," l'interrompit Lucius. "Oui, bien sûr. Qu'est ce qui est si intéressant à cela?"
"C'est ce que les Moldus pensent qu'il symbolise," répliqua Severus avec un sourire malicieux. "Vraiment, tu me surprends, Lucius!"
Narcissa fut incapable de retenir un petit rire à la vue de l'embarras visible de son mari.
Severus continua, imperturbable. "En tant qu'emblème magique, il symbolise le rite du serpent s'empoisonnant lui-même. Il semble-ou du moins c'est ce que Voldemort m'a dit-que personne jusqu'ici n'ait passé ce rite avec succès. Particulièrement parce qu'il exige beaucoup de force et de pouvoir "
"Ah " Lucius hocha la tête. "D'où les potions "
"Exactement. Et d'où la potion, faite du sang d'un enfant qui a été exposé à la conjonction Jupiter Mars deux fois. La cerise sur le gâteau, pour ainsi dire "
"Tu veux dire," ajouta Narcissa, "que ceci lui prêterait assez de puissance pour entreprendre le rite?"
"Oui et non. Parce que, tu sais, les Moldus sont peut être non magiques, mais ils ne sont nullement stupides. Les alchimistes savaient que l'ouroboros est un symbole puissant. Et ils ont reconnu le fait que, pour accomplir ce rite-bien sûr, ils ne savaient pas exactement ce que c'était, mais je suppose que des traces de cela ont survécu et on fait leur chemin dans leurs manuscrits. Où en étais-je? Ah, oui. Ils ont compris, qu'en plus du pouvoir, il y avait un autre élément indispensable dont vous aviez besoin de pour qu'il soit réussi. Et donc, ils ont essayé de créer cet élément. La plupart d'entre eux ont échoué, mais-"
"Pas la." Lucius avala. L'expression sur son visage plus pâle-que-jamais était tout sauf heureux. "Pas la Pierre Philosophale?"
"Conclusion très astucieuse, Lucius. Attention, c'est simplement une théorie à moi, mais oui, je pense que Voldemort aura besoin de la Pierre "
"Tu as dit que la plupart d'entre eux ont échoué?" Narcissa, aussi, semblait légèrement enrouée. "Quelqu'un a-t-il. mais attendez, bien sûr! Nicolas Flamel a créé la Pierre, n'est-ce pas?"
Lucius hocha gravement la tête. "Oui, mais ce n'est pas tout. Il n'était pas seul, tu sais, ma chère?"
Elle le regarda avec des sourcils froncés. "Non? J'étais sûre."
"Non, Narcissa," dit Severus, "Il n'était pas seul. Numéro deux était Dumbledore. Et cela, je suppose, rend notre situation très inconfortable "
"Enfer sanglant," marmonna Lucius. Un moment, il enterra son visage dans ses mains. "Alors, permettez moi de résumer: exactement le 31 octobre 1981, Voldemort aura obtenu un pouvoir magique énorme, grâce à Severus, et sera prêt à entreprendre ce fichu rite de l'ouroboros. Tout ce dont il a besoin pour l'accomplir avec succès est la Pierre Philosophale, qui est quelque part-bien que nous ne sachions pas où-parce que Dumbledore et Flamel l'ont créée. Sev, je n'aime vraiment pas dire cela, mais nous sommes dans la merde jusqu'aux yeux. Désolé, Narcissa "
Severus hocha sinistrement la tête. "Cela résume à peu près tout. Bien sûr, nous ne pouvons pas en être sûrs à moins de consulter quelques textes secrets sur l'Alchimie. Cependant, j'ai le sentiment que Voldemort a trouvé ce dont il a besoin dans la bibliothèque de Grindelwald. Mais ceci n'est pas notre seul problème "
Le dévisageant avec des yeux écarquillés, Narcissa dit, "Il y en a plus à venir ?"
"Oh, oui. Et, en termes de futur proche, c'est peut-être encore plus alarmant "
Lucius ouvrit une autre bouteille de vin. "Je pense que nous devons passer au whisky très bientôt," dit-il avec un sourire tordu, "Si Severus continue avec les bonnes nouvelles "
"Oui," acquiesça Severus, "Il semble que se rendre complètement soûl est la seule solution possible. Maintenant permettez moi d'expliquer: Voldemort veut gagner de la force, et les potions et brouets les plus traditionnels semblent avoir eu un effet plutôt limité. Donc, à moins que je ne puisse proposer quelque chose d'absolument sensationnel, devinez ce qu'il fera?"
"Je n'ai vraiment pas envie de deviner," dit Narcissa, fermant les yeux, "Dis le nous simplement, Severus "
"J'ai des raisons de croire que, dès que j'aurai finalisé la formule pour la potion-celle sur laquelle je fais des recherches, seulement elle n'a pas encore de nom-aussitôt que la formule sera prête, il pourrait-"
"Non!" les yeux de Lucius avaient perdu leur étincelle d'acier. Maintenant il y avait seulement de l'horreur. "Ne me regarde pas comme cela, Narcissa, je ne suis pas fou. Mais c'est aussi clair que la lumière du jour, n'est-ce pas? Il voudra essayer cette fichue potion, en utilisant le sang du plus puissant d'entre nous, et je vous assure qu'un simple échantillon de sang ne sera pas assez. C'est ce que tu voulais dire, Severus, n'est-ce pas?"
Severus soupira. Il devait reconnaître que, aussi irrationnel que cela soit peut-être, pouvoir partager ses soucis le soulagait vraiment. "Oui. Je ne suis pas sûr d'avoir besoin de tout le sang, mais certainement d'une assez grande quantité pour signifier . euh, la mort du donneur. Et même s'il ou elle survit, je ne suis pas sûr de l'effet que cette. appelons cela 'magie partagée', faute d'un meilleur terme, quel effet elle pourrait avoir sur le donneur. Au pire des cas-"
Lucius émit un rire court. "Oh, oui, s'il te plaît, Sev, donne nous le pire des cas. Juste pour alléger un peu notre humeur "
"Eh bien, je suppose que l'effet pourrait être similaire à celui du vampirisme. Le donneur et le receveur sont connectés, et étant donnée la force de Voldemort, il pourrait gagner le contrôle de ceux dont le sang est utilisé dans les potions "
"Mais ceci." Narcissa regarda de l'un à l'autre. "Ceci est terrible! Imaginez seulement. Il devient de plus en plus puissant à chaque nouvelle dose de potion, et en même temps il aura. quelque chose. quelque chose comme une armée. entièrement à ses ordres."
"Sev," dit Lucius, rompant le silence sombre qui s'était ensuivi, "Autant que l'idée me dégoûte, tu dois le dire à Dumbledore "
"D'accord, mais cela ne sauvera pas ma peau. Mon seul choix est de louper la formule. Intentionnellement . Et de faire semblant de ne pas pouvoir la trouver aussi longtemps que possible. Seulement je." Il s'arrêta et regarda Lucius. "Tu sais que je ne suis pas un lâche, mais je ne veux pas même en imaginer les conséquences "
"N'y a-t-il pas d'autre possibilité?" demanda Narcissa. "Je veux dire, ce n'est simplement pas juste que tu doives être celui qui paye pour nous tous. Ne pourriez vous pas ." Son regard s'éclaira. "Ne pourriez vous pas demander à Dumbledore de monter quelque chose avec le Ministère?"
Severus fronça les sourcils d'incompréhension. "Monter quoi, Narcissa?"
"Eh bien," dit-elle, l'air soudain très suffisant, "Tu es sur la liste des suspects du Ministère, n'est-ce pas?" Severus hocha la tête. "D'accord. Et il ne serait pas completément improbable que Dumbledore puisse avoir ses petits doutes à ton sujet, n'est-ce pas? Donc il pourrait se tourner vers le Ministère, leur demandant d'effectuer une fouille de tes quartiers. et ils pourraient confisquer toutes tes notes. bien sûr, tu devrais les nettoyer et les polycopier avant, parce que Voldemort voudra que tu recommence immédiatement. Mais je pense que cela pourrait vous gagner beaucoup de temps "
Les deux hommes se regardèrent l'un l'autre. "Eh bien, Lucius, qu'en penses- tu?"
"Je pense que je suis marié à une femme très astucieuse et brillante. C'est insensé, mais cela pourrait en fait marcher. Bien que le risque pour toi soit considérable. Tu devrais choisir très soigneusement ce que tu leur permets de prendre et ce que tu gardes. Sans oublier nos alliés au Ministère. Si l'un d'eux-et Rookwood pourrait le faire, et quelques autres, aussi-si l'un d'eux met les mains sur ces notes. à y penser, cela pourrait détruire le projet entier."
"Arrête de babiller, Lucius!" dit Severus, "Et sois gentil d'exprimer tes pensées sous forme compréhensible"
"Si Rookwood ou qui que ce soit réussit à voler tes notes pour les reprendre, le résultat de ce bel arrangement tout entier serait nul, c'est ce que je voulais dire," dit Lucius d'un ton rogue.
"Oh, cela. oui, en effet. Et si Dumbledore demande simplement une escorte de deux ou trois Aurors, mais garde les notes? Comme cela mon histoire est inattaquable, parce qu'il y a des témoins, mais personne ne peut voler les notes et les rapporter?"
"Cela," dit Lucius , "semble beaucoup mieux. Et maintenant je suggère que nous prenions un whisky. J'ai presque envie de fêter cela "
ßßßß*ßßßß
Le temps n'avait jamais passé si rapidement, pensa Severus, pendant qu'il se promenait dans le Chemin de Traverse. Aujourd'hui était déjà le 19 août, et demain il devrait retourner à Poudlard. Les six semaines passées avaient passé très vite de manière floue, pas un flou désagréable, mais ces jours avaient passé trop rapidement. Pas qu'il ait été inoccupé, au contraire. Il avait travaillé sur la potion pour Voldemort, et avec succès. La formule était presque prête-vu de ce point de vue, il devrait être content d'être obligé de rentrer demain. Une rencontre avec Dumbledore au milieu des vacances avait semblé trop hasardeux, mais demain il devrait parler au Directeur. Il doutait que la conversation soit très agréable-après tout, il avait gardé pour lui des informations vitales. Et les nouvelles qu'il allait donner à Dumbledore n'étaient pas exactement heureuses. D'autre part, 'heureux' était un mot dont il avait presque oublié le sens. Il y a quelques années, il y avait eu des étincelles de bonheur dans sa vie. Seulement il ne les avait pas reconnues comme telles. Peut-être qu'il n'y avait pas d'autre moyen d'être heureux qu'en rétrospective. Bien qu'il doute beaucoup, s'il devait regarder cet été dans quelques années-en supposant qu'il serait toujours vivant alors-qu'il verrait même un seul moment de bonheur. Trop nombreux et trop lourds étaient les fardeaux qu'il portait.
Severus n'avait jamais pensé être une personne facile à déprimer, mais maintenant, il avait des difficultés à se lever et à affronter un nouveau jour. Surtout parce que chaque nouveau jour apportait des révélations plus désagréables. Après avoir passé la bibliothèque de Lucius au peigne fin, ils avaient trouvé assez de matière à confirmer leurs soupçons pour l'ouroboros et la Pierre Philosophale. Rien de clair, bien sûr, et rien d'explicite. Mais assez pour les inquiéter profondément. Même Owen, qui les avait aidé à fouiller les tomes anciens, avait été complètement secoué. La pensée de son sang utilisé pour une potion qui transférerait sa magie à Voldemort avait été suffisante pour remuer quelques émotions même en lui, pensa Severus avec un sourire moqueur. Non, leur futur n'était pas rose. Et Dumbledore ne pourrait pas changer un seul iota de tout ce désordre sanglant. Connaissance ne voulait pas toujours dire puissance. Elle pouvait signifier aussi désespoir, sinon désespoir total.
Malgré toutes ces inquiétudes, Severus devait accomplir certains devoirs: les réserves épuisées d'ingrédients de potions pour les élèves devaient être reremplies, il avait besoin de remplir ses propres réserves, il avait besoin de robes d'enseignant, de quelques livres. Et c'était seulement les devoirs d'aujourd'hui. Une fois à Poudlard, il devrait préparer des quantités industrielles de potions thérapeutiques pour Madame Pomfresh, pour être bien préparé à l'assaut d'élèves. Réunions du personnel, leçons à préparer, Mathilda aurait besoin de quelques instructions. Et l'entretien avec Dumbledore. Cela pesait dans son estomac comme une pierre.
Pas beaucoup plus tard, Severus était sur le chemin du retour vers le Chemin de la Nature, portant seulement quelques unes de ses acquisitions récentes, car la plupart d'entre elles allaient être directement envoyées à Poudlard. La rue était déjà très encombrée-les gens étaient de retour de vacances, et tout le monde n'attendait pas le 31 août pour acheter ses affaires d'école. Les voix et les rires formaient un modèle chaotique de bruit, uniforme mais compliqué. Et comme un fil étranger, plus épais que les autres et de couleur hideuse, Severus entendit soudain un rire qu'il connaissait et détestait. Satisfait de soi, visqueux et collant. Sirius Black. Utilisant la foule pour se couvrir, Severus se déplaça derrière le tronc d'un arbre, s'appuya contre l'écorce rude et écouta attentivement. Oui, la voix de Black. Impossible de s'y tromper. Bruyant, choquant. Gryffondorque. Cela venait du côté gauche, légèrement devant lui-Fortarôme! Alors ça c'était intéressant. Avec qui Black riait-il? Connais ton ennemi . il serait certainement une bonne idée de regarder un peu et d'attraper si possible quelques fragments de conversation.
Reconnaisant de la confusion de la foule anonyme, où personne ne prenait le temps de regarder ce que ses camarades humains faisaient, Severus tira sa baguette et lança un Sortilège de Dissimulation sur lui. Ces sortilèges n'étaient pas seulement difficiles, mais aussi extrêmement fragiles. Moins fiables que le Polynectar, qui vous garantissait au moins une heure de changement d'identité paisible, ils avaient l'habitude ennuyeuse de vaciller et d'osciller à moins d'être exécutés par un maître. Il n'était pas Flitwick, mais le résultat ferait l'affaire-du moins il l'espérait car l'effet était, bien sûr, invisible pour lui-même. Mais une demi heure devrait être assez pour regarder la compagnie de Black sans être obligé de se soucier de la stabilité du sortilège.
Ceci semblait être son jour de chance, pensa Severus, car il y avait une table de libre à côté du groupe de Black. Tout comme il s'y était attendu. Les Potters, et Pettigrow, cette excuse boiteuse de sorcier. Severus commanda un café de l'eau, ouvrit un de ses livres et écouta attentivement.
"Que vas-tu faire à la maison tout ce temps, Lily?" demanda Black.
Lily Evans -, non Potter, se corrigea-t-il mentalement-à la maison? Pourquoi? Elle était un Auror comme M. Haut-Et-Puissant, son mari.
"Essayer de trouver des moyens de faire sauter le Ministère, je suppose," répondit-elle, à l'évidence énervée. "Je ne peux pas croire qu'ils soient si. si médiévaux. Tout est de la faute de McDonald. En plus du fait que nous n'avons pas de vrai Ministre. Autrement McDonald n'aurait jamais pu prendre une décision si stupide "
"Mais Lily," c'était Pettigrow. "Je veux dire, ne penses-tu pas que c'est mieux comme cela? Tu sais comment ces bâtards se battent. peut-être que les femmes ne devraient vraiment pas-"
Severus ne pouvait pas voir le visage de Lily, mais il vit son dos se tendre. Quel idiot, pensa-t-il, cela n'était certainement pas la bonne chose à dire à une sorcière de son calibre.
"Mon cher Peter," sa voix était bordée d'indignation "je pourrais en donner pour leur argent à la plupart des hommes, même quand-non, je reprends cela, surtout quand il s'agit de combattre avec des sales coups. Bien sûr, quelques une de nos confrères femelles ne sont pas les meilleures des meilleurs, mais c'est aussi vrai pour les hommes. Prenez Arabella Figg, par exemple! Elle vous enverrait valser avant même que vous ayiez pu sortir votre baguette!"
Comme c'était étrange-Pettigrow ne semblait pas objecter le moins du monde à cette sévère rebuffade. Au contraire. Il l'examinait avec quelque chose de pas trop différent de l'adoration dans ses yeux. Bien sûr, cela n'avait pas échappé à Severus, qu'à l'époque où ils étaient tous encore à l'école, le Petit Peter n'était pas du tout insensible aux charmes de l'ardente tête rousse. Mais maintenant. Severus regarda fasciné, en buvant à petits coups son café. Ces sentiments semblaient s'être approfondis. Et quand James parlait. Personne d'autre ne remarquait-il ce regard de pure haine dans les yeux de Pettigrow? Cet homme devait vivre dans un enfer de jalousie.
"Et ta mère, Sirius?" demanda James, "je ne peux pas m'imaginer qu'elle soit très heureuse de cette situation "
"Au contraire. Je pense qu'elle se joindrait plutôt à Lily pour faire sauter le Ministère. Je veux dire, elle et papa ont toujours travaillé ensemble. Il n'est pas sage de séparer une équipe gagnante et de les apparier avec quelqu'un d'autre"
"Penses-tu qu'ils engageront plus d'hommes, alors?" demanda Pettigrow.
"Tu penses que tu as une chance, Peter?"demanda James. "Oui, je suppose qu'ils le feront. Nous n'avons pas tant de femmes que cela, mais cela ne fera pas de bien de réduire nos forces même d'une seule personne. Ces bâtards sont partout, et ils deviennent plus fort tous les jours. Sirius, tu es sûr que tu veux toujours enseigner? Ne préférerais tu pas plutôt revenir?"
Faites confiance aux Gryffondors pour creuser leur propre tombe, pensa Severus. Ne voyaient-il pas que parmi eux, il y avait un chaudron sifflant et débordant dangereusement? Mais non, ils ne voyaient pas. Ils continuaient à ajouter les mauvais ingrédients, et quand il exploserait finalement, ils dévisageraient la catastrophe avec de grands grands yeux et jureraient qu'ils ne l'avaient pas vu venir. Oui, c'était leur faiblesse typique: une assurance au delà des limites, sans même l'ombre la plus insignifiante de doute. Ils pensaient toujours que les gens étaient exactement ce qu'ils semblaient être. Pour eux, Pettigrow était à jamais le garçon légèrement maladroit, qui était seulement pas tout à fait assez bon pour tout, y compris leur attention. Quelle autre manière y avait-il d'expliquer que personne ne semblait remarquer l'expression d'humiliation furieuse traversant son visage après le commentaire de Potter? Probablement que cet idiot avait même été convaincu qu'il faisait une plaisanterie agréable.
"Non," dit Black, "je ne pourrais pas, même si je le voulais. Dumbledore a besoin de moi à Poudlard, comme vous le savez "
"Nous pourrions échanger nos places," remarqua Lily. "Je pourrais aller enseigner la DCFM, et tu pourrais retourner au front "
"Certainement pas " la voix de James avait un bord tranchant.
Maintenant, cela était véritablement intéressant. Severus n'avait jamais eu une très grande estime de l'attitude des Gryffondors envers les femmes, mais que James Potter parle à sa femme d'une telle manière.
"Allons, James," dit Black, "je suis sûr que Dumbledore accepterait. Lily est membre du groupe, elle est une diable d'Auror-"
"Oui, et c'est exactement pour cela que nous sommes mariés " Maintenant voix de Potter dégouttait de sarcasme. "Je veux me réveiller à côté de ma femme chaque matin, pas seulement le samedi et le dimanche. Poudlard est absolument hors de question, un point c'est tout "
Severus pouvait voir la main de Lily, posée sur sa cuisse, se serrer et se desserrer convulsivement. La petite femme était un peu fâchée, ou c'est ce qu'il semblait.
"Je suppose que ' se réveiller' est un euphémisme poli," répliqua Black avec un sourire sale, "Mais je ne peux pas dire que je ne te comprends pas. Ce serait un bon moment pour avoir un bébé, cependant, ne pensez vous pas?"
Il était difficile de garder ses yeux collés au livre. Il ne pouvait simplement pas y croire. Lily était-et pas seulement selon l'opinion de Severus-plus puissante que ces deux stupides males ensemble, et pourtant M. Potter pensait qu'être son mari l'autorisait à décider de ce qui était bon pour elle, et lui et Black parlaient d'elle comme si elle n'était même pas présente.
"C'est ce que je n'arrête pas de lui dire, n'est-ce pas, chérie?" Lily hocha simplement la tête, et Severus s'attendait à moitié que quelque chose explose, tellement sa colère était tangible. "Mais elle dit qu'elle est trop jeune"
"Mais elle n'a que vingt-deux ans, James " Ah, Pettigrow, se voulant chevalier en brillante armure. "Et je pense que Lily a raison-ce n'est pas le moment d'avoir des enfants "
"Et que saurais-tu à ce sujet, Peter?" demanda brusquement James, "Tu n'es pas marié, tu n'a aucune idée-"
"Eh bien, Sirius non plus!"
Ils levèrent tous les yeux d'étonnement total quand Lily Potter se leva si brusquement que sa chaise se renversa. "Je vais à Fleury & Botts," cracha-t- elle, "Voyant que l'on a pas besoin de moi ici. Tirez à pile ou face pour décider si je vais avoir un bébé-peut-être que vous aimeriez tirer aussi à la courte paille pour déterminer qui aura l'honneur d'être le père " Avec ces mots, elle tourna les talons et s'éloigna, imposante et royale.
"Sainte Merde," souffla Black, "Qu'est-ce qui lui prend?"
James haussa les épaules. "Cette periode du mois, tu sais."
Severus décida qu'il en avait assez entendu, paya son café et partit.
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De retour à Poudlard, la première chose qu'il fit fut d'aller à la salle des professeurs. Son sens du devoir trouva une récompense immédiate par la bonne nouvelle que la première réunion du personnel était seulement prévue pour le matin suivant. Severus était arrivé très tôt, et avait ainsi toute la journée à sa disposition. Ceci n'était pas importun, car il avait besoin de se réinstaller dans ses nouveaux-anciens environs. A sa grande surprise, il avait senti quelque chose comme de la satisfaction à retourner à ses quartiers. Il en était venu à aimer ces salles et était content que tous les problèmes qu'il portait constamment n'aient pas empoisonné ce plaisir simple.
Les paquets du Chemin de Traverse étaient déjà arrivés, et il était occupé à les défaire et à séparer ses affaires de celles des élèves quand la tête de Dumbledore apparut dans sa cheminée.
"Ah, Severus," dit-il gaiement, "vous êtes déjà là. Voudriez-vous déjeuner avec moi dans mon bureau? Pour que nous puissions parler?"
Ce n'était pas du tout ce qu'il voulait, mais il était mieux de s'en débarasser. "Bien sûr, Directeur, j'en serais enchanté. Quel heure vous conviendrait?"
Dumbledore eu l'air de regarder sa montre. "Dans une heure, je dirais "
"Très bien, Directeur, je serai là. Quel est votre mot de passe?"
"Tequila Sunrise. Bien que je doive le changer avant que les élèves arrivent," dit le Directeur, lui faisant un clin d'oeil. "Nous ne voudrions pas leur donner de mauvaises idées, non?"
"C'est exactement pour cela que je préfère la mythologie grecque, Directeur. Même si le sens est gênant, ils devraient aller faire des recherches d'abord. Et s'il y a quelque chose sur quoi vous pouvez compter, c'est que les élèves n'en font jamais plus qu'ils ne le doivent "
"De sages paroles, Severus. Je vais devoir trouver des cocktails dans la Grèce antique, alors " La tête disparut, et Severus retourna à son occupation précédente.
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Une table circulaire près d'une des fenêtres dans le bureau de Dumbledore était déjà mise pour deux quand Severus arriva. Le Directeur n'était pas dans son bureau, mais la porte menant à ses appartements privés était légèrement entrouverte; alors Severus décida de parler à Fumseck le Phoenix tout en attendant son hôte. Il ne se souvenait pas d'avoir jamais vraiment touché l'oiseau, et se demandait comment serait son plumage.
"Salut Fumseck," marmonna-t-il. Il se tenait devant le perchoir doré-le phoenix avait enfoncé sa tête sous son aile droite, et Severus ne voulait pas le toucher à moins qu'il ne le lui permette. Au son de sa voix, le long cou se déroula gracieusement, et Fumseck le regarda de ces yeux sages et noirs. "Penses-tu que je pourrais te caresser?" demanda Severus. L'oiseau fit une seule note trillée. "Je prendrai cela comme un oui. Ne me mords pas, hein?"
Les plumes étaient chaudes. Pas brûlantes, mais légèrement plus chaudes que la main de Severus. Et douces, plus que n'importe quelle soie ou fourrure qu'il ait jamais touchée. Même plus doux que la peau d'une femme. Pas qu'il ait beaucoup de souvenirs de ce genre. Etrangement, cela lui fit penser à Clarissa. Ses cheveux avaient une texture similaire, en dépit de leurs boucles. Clarissa. Dieux, si seulement elle pouvait être avec lui. Peut- être qu'il en serait venu à l'aimer, en supposant qu'il était capable d'aimer. Instinctivement, il toucha le medallion. Maudite soit Sibylle et ses bétises poétiques. Il aurait dû se débarasser de ce morceau de papier il y a longtemps, le même soir qu'elle le lui avait envoyé.
"Severus, je suis désolé de vous avoir fait attendre. Mais j'ai pensé que vous devriez voir ceci." Il lui tendit un petit rouleau de parchemin. "Des nouvelles intéressantes, je dirais "
Severus hocha la tête, déroula le parchemin et regarda fixement. Ceci était. mystérieux, pour ne pas dire plus. Il y a cinq secondes, il avait pensé à elle, et maintenant. "De la part de Sibylle," dit-il, incrédule, comme si Dumbledore pouvait le convaincre que cette lettre ne venait pas de son ancienne camarade.
"De la part de Sibylle. Et c'est vraiment quelque chose, pour le dire doucement "
"Plutôt une bombe," marmonna Severus, lisant la missive.
Cher Directeur Dumbledore,
J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé. Comme vous le savez probablement, nous n'avons pas le droit de garder beaucoup de contact avec le monde extérieur ici à l'Institut, et ainsi j'ai seulement une idée très vague de ce qui se passe vraiment chez nous. Les rumeurs qui m'atteignent ne sont pas vraiment rassurantes, cependant.
Ce que j' ai à vous dire pourrait augmenter vos soucis, ou les alléger-je ne sais pas. Mais je sais que vous êtes un homme très sage et que vous utiliserez certainement cette information de la bonne façon.
Ces dernières semaines, j'ai eu à maintes reprises une vision (par différentes méthodes de Divination, par conséquent je ne doute pas de sa véracité) : Le dernier jour de juillet, l'année prochaine, pendant une conjonction magique particulièrement puissante de Jupiter et de Mars, un enfant naitra en Grande Bretagne. Un enfant magique qui altérera le sort de ce monde. En bien ou en mal, je ne sais pas. Mais ceci sera décidé quand la conjonction se répètera, le dernier jour d'octobre de l'année suivante, quand l'enfant aura exactement 457 jours. Alors les pouvoirs de la Lumière et de l'Obscurité s'affronteront , et le sort de l'enfant sera clairement délimité.
Puisse ceci vous être utile.
Fidèlement votre
Sibylle Trelawney
Un moment, tout ce que Severus put faire fut regarder successivement du Directeur à la lettre.
"Eh bien," dit gravement Dumbledore, "il semble que cette lettre a plus de sens pouv vous que pour moi. Déjeunons donc"
"Déjeuner? Directeur, ceci est. Comment pouvez-vous penser à déjeuner maintenant?"
Dumbledore sourit. "Y a-t-il quoi que ce soit dans cette lettre qui appelle des mesures immédiates?"
"Non, mais-"
"Vous voyez? Alors nous pouvons tout aussi bien voir ce que les Elfes de Maison nous ont préparé et discuter de ce problème en déjeunant "
Severus hocha simplement la tête et se laissa guider à la table. Comme un automate, il s'assit, déplia la serviette de table et se l'étala sur ses genoux.
"Un verre de vin?" demanda chaleureusement Dumbledore .
"O oui, s'il vous plaît " Il vida le vin d'un coup et reposa le verre sur la table.
"Je suppose que vous vous sentez un peu mieux maintenant?"
Severus se secoua. "Oui. eh bien, pas exactement mieux. Mais je pourrais pouvoir parler avec cohérence "
"Cela à l'air très encourageant. Aaaah!" Dumbledore souleva le couvercle de la soupière et inhala profondément. "De la crème de tomate avec des lardons! Bénies soient ces petites créatures!"
Malgré lui, Severus sourit. Et sentit l'eau lui venir à la bouche. Le Directeur se servit une portion généreuse et tendit alors la louche à son Maître de Potions, qui fit la même chose. Après avoir goûté quelques cuillères, Dumbledore dit, "Croyez-le si vous voulez, Severus, mais je suis très curieux d'entendre ce que vous avez à me dire "
Severus lui parla de la potion sur laquelle il faisait des recherches, du rite, de la Pierre Philosophale. et Dumbledore écouta, calme et composé et sans interrompre une seule fois. "Je vous l'aurais dit aujourd'hui en tout cas," termina Severus, "parce que nos inquiétudes ont été confirmées. Inutile de dire qu'aucun de nous n'est trop impatient de voir arriver ceci "
"Oui," dit Dumbledore de manière aimable, "je pense que c'est seulement naturel " Il sonna Kitty l'Elfe de Maison qui déservit la table et apporta le plat principal. "J'apprécie vraiment que vous me l'ayiez dit," continua- t-il, son regard bleu posé sur Severus.
"Je sais que j'aurais dû vous le dire plus tôt," dit Severus, sur la défensive, "mais-"
"Mon cher garçon," l'interrompit le Directeur, posant une main osseuse sur l'avant-bras de Severus, "il n'y avait pas d'ironie cachée dans ce que je viens de dire. J'apprécie votre honnêteté " Evidemment, ceci était son Jour A Cours de Mots, pensa Severus, dévisageant le vieux sorcier. "Vous savez," et Dumbledore fit un sourire béatifique, d'abord au poulet rôti puis à Severus "je peux être un Gryffondor, mais j'ai aussi l'avantage d'être un très vieux Gryffondor, et l'âge avancé n'apporte pas seulement des rides et une mauvaise mémoire, mais aussi un peu de sagesse. Blanc ou pilon?"
"Euh. quoi?" Severus cligna des yeux, puis compris. "B blanc, s'il vous plaît "
"Donc," continua Dumbledore, "je ne suis pas assez idiot pour croire que vous vous remetteriez dans mes mains sans garder quoi que ce soit dans votre manche. Après tout, vous pouvez me faire confiance, mais je suis sûr que vous avez quelques ressentiments, et des ressentiments justifiés. Purée de pommes de terre ?"
"Oui, s'il vous plaît, et beaucoup de jus de viande " Il l'avait dit sans penser, et rougit.
"Les vieilles habitudes sont dures à abattre. Alors, je suppose que cette potion sur laquelle vous faites des recherches était l'un des atouts que vous préfériez garder dans votre manche. Entièrement compréhensible. Mais, comme je l'ai déjà dit, j'apprécie un allié qui sait quand il doit être roublard et quand il doit être honnête. Serpentard à son meilleur niveau, si je puis dire "
"Merci pour le compliment, Directeur. Mais qu'allons-nous faire? Nous ne pouvons pas empêcher les enfants de naître. Et nous ne pouvons pas surveiller chaque enfant qui verra le jour de ce monde le 31 juillet de l'année prochaine "
"Très vrai," dit Dumbledore et il retroussa ses manches. "Pardonnez moi, mais les pilons sont bien meilleurs si on les mange comme ceci " Il commença à grignoter avec délectation.
Severus mélangea pensivement le jus de viande et sa purée de pommes de terre. "Le problème est qu'il y a simplement trop de sympathisants. Autrement nous pourrions laisser tomber une indication aux médisorciers et médisagesfemmes-ils peuvent influencer le moment de naissance, même si seulement un peu "
Dumbledore hocha la tête et s'essuya la bouche et les mains. "Oui, mais nous n'avons pas besoin de nous inquiéter trop de cela maintenant. Nous avons le temps, Severus, et nous pouvons concevoir une stratégie convenable " Il posa sa serviette et scruta le visage de Severus attentivement. "J'ai le sentiment que quelque chose d'autre vous préoccupe. Y a t'il quelque chose dont vous voudriez me parler?"
"Oui " Il n'avait pas mangé une seule bouchée et jouait avec sa nourriture. "Nous avons des raisons de croire que, pour accumuler du pouvoir magique, Voldemort nous utilisera. Notre sang, je veux dire. Peut-être que je serai le dernier, car il a besoin de moi pour terminer la potion avec le sang de cet enfant. Mais après cela, ce pourrait être mon tour. Comme ingrédient de potion ou autrement "
Se renversant dans sa chaise, le directeur regarda au dehors les terres de l'école. Longtemps, il resta silencieux. "Vous savez," dit-il alors, et sa voix était moins pleine et confiante que d'habitude, "beaucoup de gens pensent que je suis omniscient. Je regrette de ne pas l'être. Je n'avais aucune idée de la bibliothèque de Grindelwald- si j'avais eu ne serait-ce qu'un soupçon qu'elle existait, je l'aurais certainement détruite. Dans l'état des choses, j'ai pensé qu'il était après la Pierre seulement parce qu'il voulait de l'argent et la vie éternelle " Il s'arrêta encore, et son visage avait l'air de vieillir à chaque seconde. "J'étais un idiot, Severus, un tel idiot," chuchota-t-il "Car au lieu de détruire la Pierre, j'ai seulement détruit Grindelwald. Je croyais. Non, je ne croyais même pas quoi que ce soit. J 'étais convaincu de ma propre infaillibilité, et que la pierre en elle-même n'était pas mauvaise. Mais les choses sont toujours bonnes et mauvaises, aussi longtemps qu'il y a des êtres humains qui peuvent les utiliser des deux façons "
"Alors détruisez-la maintenant," dit Severus. "Flamel est mort et-"
"Non, non, mon cher garçon. Flamel n'est pas mort. Je devrais détruire la pierre et tuer lui ou moi, pour priver Voldemort de ses compétences. Mais il ne sert à rien de s'attarder sur des solutions impossibles. Dites moi plutôt, avez-vous des idées sur comment détourner le danger le plus imminent?"
Severus lui parla de l'idée de Narcissa. "Je n'arrive pas à penser à une autre possibilité. C'est très risqué, mais du moins faisable. Pas même Lord Voldemort ne s'attendrait à ce que je vous tue pour arriver à mes notes. Du moins je l'espère," ajouta-t-il, dans une tentative vaine d'humour.
"Oh, si," dit Dumbledore, le scintillement joyeux de retour dans ses yeux, "Mais il me connaît assez bien pour être sûr que ma mort ne vous rapprocherait pas de quelque chose que je veux vraiment cacher "
