CHAPITRE 33
Bien qu'il eut préféré rester dans ses appartements pour Halloween, Severus devait participer à la fête et à la danse après. Toute tentative pour convaincre Dumbledore que dans des temps comme ceux-ci, quand presque chaque élève avait perdu un parent plus ou moins proche, les festivités étaient une frivolité avait échoué, et ainsi il devait y avoir une fête et un bal. Le Directeur gardait avec entêtement son opinion que les élèves étaient, après tout, des adolescents et qu'on devait donc leur offrir une occasion de se comporter comme tels. Pour une fois, Severus et McGonagall avaient été dans le même camp, même si pour des raisons différentes; mais sans résultat.
Et donc la Grande Salle était resplendissante des décorations d'Halloween déjà au déjeuner, les citrouilles étant bien sûr une partie essentielle de l'ornement, et les élèves étaient presque intenables pendant les classes de l'après-midi. Severus, qui devait enseigner aux Gryffondors et Serpentards de troisième année, puis aux Serdaigles et Poufsouffles de cinquième année les mercredi après-midis, était entièrement épuisé une fois de retour dans ses chambres. D'habitude, il n'avait pas de problèmes pour maintenir la discipline, mais aujourd'hui avait été une épreuve. C'était déjà assez difficile, pensa-t-il, de leur enseigner tout ce qu'ils devaient apprendre selon le programme qu'il avait établi, qui avait été entièrement approuvé par le Ministère; et surtout les troisième année devaient vraiment travailler dur, car ceci était leur toute première année de cours de Potions. Et même les jours normaux, quand leur concentration n'était pas troublée par des pensées de quoi porter au bal et de comment se faire des blagues farce-ou-bonbon les uns aux autres, il avait du mal à les maitriser. Le problème était qu'il devait coller à un emploi du temps très serré qui ne permettait pas beaucoup d'explications supplémentaires ni de s'occuper des besoins individuels. Ceci était seulement possible à condition que tout le monde suive ses ordres et ses instructions sans lambiner ou poser trop de questions. Aujourd'hui, cependant, les enfants avaient été lents et hésitants, leur esprits déconcentrés et leurs mains moins que disposées à coopérer avec leurs cerveaux égarés. En tout, il avait enlevé cent vingt-cinq points uniquement cet après-midi, soixante d'entre eux à Gryffondor. Peu étonnant, pensa-t-il, ôtant ses robes d'enseignant et les lançant dans le panier de lessive pour que les Elfes de Maison s'en occupent. Après tout, le coupable principal avait été Bill Weasley, un troisième année de Gryffondor grand et maigre, fils du malheureux Arthur Weasley, qui avait perdu sa réputation et sa position après avoir traité moins qu'adroitement l'assaut sur Ste. Mangouste. Le garçon était vraiment bon en Charmes et en Métamorphose, malin et vif, et pas trop mauvais en Potions. Mais il était aussi un blagueur éprouvé, surtout avec son jeune frère Charlie, un première année, et trois autres résidents de la tour de Gryffondor qui n'étaient pas non plus des saints. Seuls le nez sensible de Severus et sa réaction éclair avaient empêché une catastrophe majeure après que l'imprudent roux ait cru approprié de faire ses propres expériences pendant que tous les autres étaient occupés à préparer leurs potions--- une pincée de griffes de Quintaped pulvérisées ne transformait pas une légère Solution Rétrécissante en une Solution Rétrécissante plus forte, comme le garçon semblait l'avoir pensé. Cela causait simplement une violente réaction chimique qui, heureusement, ne se déclanchait pas immédiatement. La puanteur avait frappé les narines de Severus et un Sortilège de Gel adroitement appliqué, mais juste à temps, avait épargné à Madame Pomfresh l'obligation de soigner dix-huit troisième année et le Maître de Potions lui-même pour des symptômes similaires à ceux d'une pneumonie.
Weasley avait reçu une retenue, à passer avec Argus Rusard, le concierge, ce même soir. Bien sûr, le garçon avait immédiatement courru à sa Directrice de Maison, et une vive discussion s'était ensuivie dans le bureau de Severus, qui avait été littéralement pris d'assaut par McGonagall.
"Severus, nous devons parler de la retenue de M.Weasley. Je ne -"
Ses nerfs déjà mis à l'épreuve, Severus trouva difficile de garder son calme. "Professeur McGonagall. Non seulement il serait poli de frapper avant de faire irruption dans mon bureau, j'aimerais aussi vous rappeler que nous ne nous appelons pas par nos prénoms."
Ses yeux derrière les lunettes carrées flamboyaient, mais elle inspira à fond et, après quelques secondes de silence explosif, dit, "Professeur Rogue, nous devrions parler de la retenue de M. Weasley."
"Asseyez-vous, Professeur,"dit-il en désignant le siège des visiteurs de l'autre côté de son bureau. "De quoi voulez vous exactement parler?"
"En dehors du fait qu'enlever cinquante points semble être ridiculement beaucoup-"
"M. Weasley a-t-il mentionné que sa petite expérience aurait causé des symptômes sérieux d'empoisonnement chez ses camarades? Sous cette lumière, la déduction de points semble plutôt humaine, je suppose."
La réaction de McGonagall indiqua clairement que Weasley avait omis ce détail intéressant, et Severus ne lui enviait pas la réprimande qu'il allait recevoir - la Directrice de Gryffondor ne prenait certainement aucun plaisir à se comporter en idiote devant un confrère. "Quoi qu'il en soit," dit-elle, sa nonchalance un peu trop tendue pour sembler authentique, "je voulais en fait vous parler de sa retenue. Ce soir ne semble pas être un moment très approprié."
Lui faisant le plus glacé des sourires qui tirait simplement ses lèvres sans atteindre ses yeux, demanda Severus, "Et pourquoi cela semblerait-il inopportun?"
Comme toujours quand elle était agitée, McGonagall ôta ses lunettes. "Vous savez exactement pourquoi, Se-- Professeur. Ce soir est la fête d'Halloween, et chaque élève l'attend avec impatience."
"Intéressant que vous deviez me le rappeler, éstimée confrère. Je semble me rappeler que vous étiez très contre toutes ces festivités."
"Cela," dit-elle d'un ton rogue, "n'est nullement le sujet. C'était une décision à la majorité, et je m'y conforme. Pourquoi voulez-vous la gâcher pour Bill Weasley ?"
Eh bien, pensa Severus, si elle essayait de l'écraser avec son autorité, il pouvait se reposer sur ses techniques aiguisées par le temps pour décontenancer les Gryffondors. La simple méthode de montrer une retenue inébranlable pendant qu'elle était fâchée devrait être tout à fait efficace. "Professeur McGonagall," commença-t-il, se penchant en avant et posant ses avant-bras sur le dessus du bureau, ses mains jouant lentement avec sa plume d'oie, comme pour souligner le fait qu'elles étaient completément calmes. "Une retenue est un moyen de discipliner des élèves, comme vous le savez bien. Plus l'infraction est grave, plus le besoin de punition est urgent. M. Weasley est un garçon extrêmement intelligent, suffisamment doué en Potions pour savoir exactement que l'usage de n'importe quel ingrédient qui n'est pas énuméré dans la recette peut causer des résultats dangereux. Et dangereux veut dire n'importe quoi d'une éruption à un empoisonnement, et même des conséquences mortelles."
McGonagall bouillonnait déjà de colère. "Ne dramatisez pas à l'exès, Professeur. Rien n'est arrivé."
"Je ne dramatise certainement pas à l'exès. C'est seulement grâce à mon expertise et à ma réaction rapide que lui et dix-sept autres ne devront pas passer Halloween à l'Infirmerie, à cracher leurs poumons. Chaque élève doit comprendre que fabriquer des potions est une entreprise risquée. Et M. Weasley comprendra cela sans aucun doute beaucoup mieux s'il ne prend pas part aux festivités de ce soir."
Elle lui jeta un regard noir. "Vous êtes partial, Professeur Rogue. Si un Serpentard-"
"Voudriez vous répéter cela en présence du Directeur?" demanda-t-il, jouant encore avec sa plume d'oie.
"Ne me menacez pas!" cracha-t-elle en réponse. "Nous savons tous ce que vous êtes."
"Vraiment?" dit-il, se renversant dans son fauteuil et croisant ses bras sur sa poitrine. "Et que suis-je, s'il vous plait, Professeur McGonagall? Un membre du corps enseignant, un Directeur de Maison, le meilleur Maître de Potions de Grande Bretagne, et...?"
Son visage habituellement pâle était tacheté grosses taches rouges. "Je refuse de continuer cette discussion," dit-elle, se levant de son siège. "Soyez sûr, cependant, que j'informerai le Directeur."
"Ne me laissez pas vous mettre en retard," répondit-il froidement, se levant aussi. "Je suppose que vous retrouverez la sortie?"
Sans une réponse, elle se tourna simplement et sortit vivement de son bureau.
Maintenant, de retour dans ses quartiers, il sentait le poids entier de cette journée entièrement désagréable. Il avait encore une heure avant de s'habiller et d'aller à la Grande Salle. Alors il se versa un whisky et s'assit devant la cheminée, posant ses pieds sur la petite table. Elias, qui était perché sur le rebord de la fenêtre, étendit ses ailes et navigua jusqu'à son maître, s'arrêta sur l'accoudoir du fauteuil de Severus et lui donna un petit coup de bec sur le haut du bras.
"Bonjour toi," dit Severus, lui permettant de saute sur sa cuisse droite. Il changea son verre de main et caressa doucement la tête noire de son index droit. "Pourquoi ceci doit-il être si difficile?" Elias pencha la tête et le scruta attentivement. "Tu sais, parfois je me sens plus vieux que Dumbledore. Et je n'ai pas encore vingt et un ans. Tu sais qui était Archimède?" Elias émit un coassement aigu. "Mmh, probablement pas. Archimède était un philosophe, et un peu un mathématicien et un physicien aussi. Et il a dit: Donnez moi un levier assez long et un point d'appui, et je déplacerai le monde. Sais-tu ce que cela signifie?" Le corbeau émit un autre coassement et secoua ses plumes. "Je vais expliquer. Après tout, je suis professeur," dit Severus avec un rire court et il prit une autre petite gorgée de son whisky. "Cela veut dire que, tant que vous savez qui vous êtes, vous pouvez faire et prendre n'importe quoi. Un seul point ferme bien-défini dans ce maudit univers tout entier, une certitude, une simple conviction, et vous pouvez partir de là. Et, plus important, vous pouvez retourner là-bas, respirer et vous calmer. Ce point veut dire paix, Elias. Qu'importe qu'il y ait une guerre en cours ou pas. Le genre de paix où vous pouvez vous renverser en arrière et fermer les yeux. et vous sentir. Sentir que vous êtes à un point ferme de l'univers, si bien que vous pouvez vous relier à ce qui est autour de vous. Cela devient un système, et si vous êtes malin, vous pouvez le résoudre."
Il se leva pour reremplir son verre, Elias perché sur son épaule. Quand il s'assit à nouveau, posant la bouteille par terre à côté de son fauteuil, l'oiseau retourna à sa position précédente sur la cuisse de Severus. "C'est ce qui me rend si fatigué, tu sais? Je ne peux plus reconnaître le système, parce que j'ai perdu mon point d'ancrage. Parce que ma vie est faite de négation, et de rien d'autre. Tu n'es pas un corbeau savant, Elias, et donc tu ne connais pas plus Goethe qu'Archimède." L'alcool commençait à inonder son cerveau, il pouvait le sentir. C'était probablement très imprudent de se soûler avant la fête, mais maintenant, cela semblait la seule possibilité. "Cependant," continua-t-il, caressant encore le plumage noir, "je vais citer Faust maintenant, parce qu'il semble si approprié. Que penses-tu de ceci: Je suis l'esprit qui toujours nie !Et c'est avec justice : car tout ce qui existe est digne d'être détruit . L'esprit qui toujours nie. Je ne pourrais pas penser à une meilleure caractérisation. Parce que je ne veux rien, Elias. Tout ce à quoi je peux penser est des choses que je ne veux pas: je ne veux pas être tué par Voldemort, bien que je commence à me demander si cela ne pourrait pas être le meilleur choix. Je ne veux pas qu'il devienne trop puissant, pour qu'il puisse exécuter ce fichu rite, quel qu'en soit le résultat. Je ne veux pas enseigner. Je ne veux pas porter cent masques. peut-être que je ne devrais pas le faire, si seulement je savais qui je suis. ce qui nous ramène à notre point de départ, j'en ai peur."
"Je suis sûr que vous n'avez pas besoin d'un troisième verre, Professeur." Surpris, Severus leva les yeux et laissa presque tomber la bouteille. "L'alcool n'est jamais un remède."
"Je ne veux pas de remède, Baron" dit Severus de manière entêtée, "je veux seulement un peu de paix. C'est compréhensible, n'est-ce pas?" Son discours se brouillait, remarqua-t-il. Cela le faisait seulement se sentir plus pitoyable.
"C'est ce que nous voulons tous, n'est-ce pas?" répondit calmement le Baron, et il descendit en flottant sur le fauteuil en face de Severus.
Severus lui lança un regard mutin. "Vous devez le savoir, je suppose."
"En effet. Mais croyez moi, je sais aussi que le chemin qui conduit à la paix n'est pas fait de forts spiritueux. Votre père en est un exemple pertinent."
"Mon père." Severus passa une main fatiguée sur ses yeux. "Au moins il a eu la chance de mourir. Et je ne laisse pas une veuve et un enfant, sans parler d'un tas de dettes."
"Vous partiriez en laissant une tâche très importante inachevée, Professeur. Une tâche qui pourrait être plus conséquente qu'une femme et un enfant."
"Merci de me le rappeler," répliqua-t-il acidement. "Mais son importance ne donne pas à ma vie la peine d'être vécue. Au contraire, je suppose." Il grimaça sous le regard stable du spectre. "Qu'y a t'il, Baron? Pourquoi me dévisagez-vous ?"
Le fantôme ne répondit pas immédiatement; à l'évidence il méditait s'il fallait répondre ou pas. "Qu'est-ce que Mademoiselle Trelawney a prédit pour vous?" demanda-t-il finalement, gardant les yeux de Severus prisonniers de son regard tranchant.
Instinctivement, la main de Severus vola jusque là où le medallion était caché sous sa chemise. "La prédiction de Sibylle. pourquoi voudriez vous savoir? C'était des bétises, rien d'autre."
Impossible d'arracher ses propres yeux du regard du spectre. "Des bétises? En effet. Professeur, vous savez, n'est ce pas, que Mademoiselle Trelawney a des pouvoirs extraordinaires?"
"Je.." Severus avala. "Elle... eh bien, une partie des choses qu'elle a prédites sont arrivées, mais..."
"Une partie, oui. Mais il pourrait vous avoir échappé que l'avenir de quelques personnes est impossible à lire, ou presque. Etrangement, ceux qui sont les plus mystérieux pour les voyants sont d'habitude les plus naïfs."
"Cedric." Severus essaya d'éclaircir son cerveau des brumes d'alcool qui dérivaient dedans, encombrant les processus de pensée.
"M. Nott, oui, un exemple excellent. Mademoiselle Avery en serait un autre."
"Partiellement. Elle a mené une vie solitaire, et est morte d'une mort solitaire, cela était vrai. Seulement sa vie n'a pas exactement été longue."
Le Baron hocha la tête. "Et vous, Professeur? Que vous a-t-elle dit?"
Sans un mot, Severus attrapa le medallion au-dessous de sa chemise, l'ouvrit et réagrandit le parchemin, qu'il fit alors flotter vers le Baron d'un geste de sa baguette. Le spectre lut et sourit d'un sourire mince. "Je vois," dit-il. "Une vie en enfer. Pensez-vous toujours que ce qu'elle vous a dit était des bétises?"
Le verre de whisky se brisa dans la cheminée, des gouttelettes d'alcool sifflant dans une vie brillante mais éphémère. Elias battit des ailes, inquiet. "Je ne sais pas," murmura Severus, passant une main dans ses cheveux. "Je ne sais vraiement pas. Et si." Sa voix s'estompa en un simple chuchotement.
"Et si?" l'incita le fantôme à continuer.
"Rien, Baron. Rien."
"Et si elle avait raison pour la première partie et tort pour la seconde?" Les yeux fermés de lassitude, Severus hocha la tête. Ses cils étaient seulement légèrement plus sombres que les cernes sous ses yeux. "D'une manière ou d'une autre, je ne pense pas, Professeur. Et en tout cas, ce serait une erreur dramatique que de choisir la mauvaise façon de sortir de l'enfer."
Ses paupières se soulevant avec regret, si bien que son regard fut encore capturé par les pupilles grises semi translucides, Severus dit, " Si c'est pour sortir de l'enfer, comment cela peut-il être mauvais?"
"Je pense que vous connaissez la réponse, Professeur," dit vivement le Baron et il sortit en flottant de sa chaise. "Pour ce soir, vous pourriez vouloir surveiller Mademoiselle Reynolds."
Avec ces mots, il disparut par le mur et laissa Severus regarder derrière lui. "Oui, Elias," dit-il, caressant distraitment le corbeau, "je sais. La première chose dont j'ai besoin est d'une potion pour me désoûler."
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"Tu aimes vraiment la purée de pommes de terre, n'est-ce pas, Sev?" Amanda Bibine, assise à sa droite, le regardait tracer un système d'irrigation compliqué dans la masse jaune avec sa cuillère.
Severus la fusilla du regard. "Oui. Et ne m'appelle pas Sev."
Levant ses sourcils, elle sourit. "Mais M. Malfoy t'a appelé Sev."
"Cela," dit-il d'un ton Rogue, attrapant le jus de viande, "est différent."
"Différent? Est-ce que vous êtes tous les deux." Elle fit un geste plutôt peu ambigu de sa main droite.
"Bien sûr que non," dit-il d'un ton glacial. "Mais nous avons partagé un dortoir pendant sept ans. Cela fait une différence, je pense."
"Penses-tu que tu devrais te mordre la langue avant de l'appeler ton ami?"
"Il n'est pas mon ami," dit Severus, sur la défensive, "Et maintenant sois gentille de me laisser manger."
Elle lui sourit, ses yeux un peu jaunes scintillant de gaieté. "Pas ton ami? Vous agissiez pourtant comme deux bons copains."
"Je pense difficilement que Lucius et moi puissions jamais nous comporter comme deux bons copains," répliqua-t-il entre deux bouchées de pommes de terre.
"Mmh." Elle l'examina pensivement. "Il est sacrément bon sur un balai."
Abaissant sa fourchette, il lui lança un regard noir. "Amanda, je ne suis pas d'humeur à parler. Ni de Lucius ni de quoi que ce soit d'autre. Pourrais-tu s'il te plait respecter cela?"
"Non," dit-elle et elle piqua une fourchettée de son assiette. "Je ne pense pas. Il était Poursuiveur, n'est-ce pas?"
"Écoute, Amanda. Si tu es intéressée par Malfoy, pourquoi ne transplanes-tu pas simplement chez lui pour lui parler?" Quand il vit l'étincelle dans ses yeux, il eut d'une manière ou d'une autre le sentiment d'être tombé dans un piège, bien qu'il ne soit pas sûr de ce que c'était.
Il ne dut pas attendre longtemps avant de le découvrir. "Je ne suis pas intéressée par Malfoy," murmura-t-elle, et, à son horreur totale, il sentit sa jambe gauche effleurer sa cuisse. "Allons, Sev, pose la question logique." Il déplaça sa chaise vers la gauche. "Attention," ronronna-t- elle, "Ou tu vas finir par câliner Black."
Il pouvait sentir la rage s'accumuler en lui. Ce vieux sentiment connu, en partie d'excitation et en partie de fureur, qui le submergeait quand il se sentait impuissant et astreint à quelque chose. Ce désir aveugle d'écraser sa tête contre l'obstacle, de détruire et de défoncer. Et, comme toujours, la bête devait être maitrisée. Il sentit son estomac se contracter et repoussa son assiette. "Fiche. Moi. La Paix!" siffla-t-il.
Quelque chose de sauvage s'alluma dans ses yeux. "Tant d'énergie," ronronna- t-elle, "et toute gaspillée. Nous pourrions utiliser cela à un meilleur usage, tu sais?"
C'était plus que des insinuations. C'était un 'viens' pur et simple, une invitation dévoilée. Severus grimaça. Jusqu'ici, son expérience sexuelle était limitée, pour ne pas dire plus. Sa première rencontre avec Nathalie, puis la nuit de détente si- nécessaire et d'épuisement physique complet avec la prostituée. Il avait marché sur un fil arachnéen avant cette deuxième fois, sa vie et ses nerfs et son sang-froid à peine gardé hurlant de tension; tandis que maintenant, il avait l'impression de marcher dans un bourbier visqueux, entraînant ses pieds et l'empêchant d'avancer. La situation n'aurait pas pu être plus différente. L'offre était tentante, cependant, peut-être trop séduisante pour son propre bien. Car il pouvait voir les conséquences possibles-- l'engagement émotif qui pouvait l'attraper et l'avaler, elle, comme une plante carnivore avalerait une mouche. Elle pourrait en parler, à Black, ou à quelqu'un d'autre. Et il y avait sa répugnance toujours présente à être touché. Avec Nathalie, il avait été aux commandes, avait pu déterminer exactement ce qu'il voulait et quand. La prostituée ne comptait pas-- son toucher était comme celui d'une feuille ou d'un brin d'herbe; cela pouvait être senti mais n'avait pas de conséquence. Avec cette femme cependant. Il n'était pas sûr. Elle était robuste, et pas seulement physiquement. Elle pourrait vouloir le contrôle, et il n'était pas disposé à cèder le peu de contrôle sur lui-même qui lui restait à qui que ce soit.
Les yeux un peu jaunes se rétrécirent, et elle dit, "Ce silence prolongé est extrêmement peu flatteur, tu sais?"
"Si tu as envie d'un consentement immédiat, tu devrais annoncer tes besoins à mon voisin de gauche," répliqua-t-il, intentionnellement dur.
"Mes besoins? Je pense que les tiens ne sont pas moins urgents."
"Je. .. j'ai mes raisons," dit-il. Il pouvait sentir sa décision vaciller. Ce ne serait pas beaucoup mieux que l'alcool, et il devrait être nu, se laisser toucher. Mais c'était aussi un millier de fois plus physique et immédiat. Brutal, si besoin était.
"Oh, je suis sûr que oui. Au cas où tu doutes de ma discrétion: je ne dirai rien. Si tu ne me crois pas, tu peux me mettre sous oubliette. Le choix est le tien."
Elle se leva facilement de sa chaise et alla aider McGonagall à repousser les tables des élèves contre les murs, pour faire de la place pour la danse. Severus, ayant l'impression de venir de se réveiller d'un rêve bizarre, se leva aussi. Il s'était porté volontaire pour patrouiller dans les couloirs et dehors, pour empêcher les résidents pleins d'hormones de l'école de procréer dans les buissons ou dans les salles de classe inutilisées. Cette occupation lui convenait certainement mieux que danser.
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En rôdant silencieusement dans les couloirs, il se rappela d'Esmeralda. Son chat noir brillant, errant dans le jardin à la recherche de souris et de coléoptères, portant son collier. Le collier qui était maintenant probablement autour du poignet de Clarissa. Où que Clarissa soit. Pendant qu'il se déplaçait, félin, dans son territoire qui n'était pas vraiment le sien, emprunté peut-être, mais jamais chez lui. Il était arrivé aux cachots, près des quartiers de Serpentard, presque exactement à l'endroit où, il y a des années---des vies?---, lui et Lucius avait entendu par hasard le dialogue chuchoté entre Black et Potter. Quand il entendit tout d'abord le chuchotement, il crut un moment que les esprits du passé étaient venus le hanter. Le bruissement doux de ses robes de soirée contre les dalles polies du couloir noyait le bruit faible, et donc il s'arrêta pour écouter. Oui, les voix étaient là, sans aucun doute. Ils ne se donnaient pas même la peine de chuchoter, ils parlaient seulement à voix basse. Il lança Sensaccrus et un sortilège d'invisibilité et lentement, prudemment, s'avança furtivement vers la source du bruit. D'une manière ou d'une autre, il était sûr que ce n'était pas des élèves. Autrement il ne se serait pas donné l'ennui de se rendre invisible. Dix autres pas jusqu'au coin du couloir, et il s'arrêta à nouveau. A l'aide de Sensaccrus, les mots étaient facilement distinguables.
Le sentiment de déjà vu devint plus fort quand il reconnut la voix mâle. Black.
"T'ai je déjà dit que tu es absolument ravissante ce soir?" L'homme n'avait pas changé d' un seul iota. Severus ne se souvenait que trop bien de comment le Gryffondor avait fait des avances à Tabitha, exactement il y a cinq ans. Avec presque les mêmes mots. Certainement Black n'investissait pas son énergie dans l'imagination.
Connaissant Black, Severus n'était même pas sûr qu'il parle à un homme ou à une femme. Bien que l'adjectif 'ravissante' semble suggérer que c'était une femme. Probablement. Il ou elle ne répondit pas. Quelqu'un pourrait-il être si frappé par cette exposition bon marché de charme pré-préparé que la parole lui manque? Non, sans aucun doute pas par ses mots. Severus entendit le bruissement faible de tissu glissant sur du tissu, et le plus doux des gémissement. C'était très certainement féminin. Peut-être une élève, pensa- t-il ----ce serait vraiment plus que de la chance.
"Sirius." Severus se raidit. Il connaissait cette voix. Puis encore, un peu plus urgente. "Sirius, ne penses-tu pas que nous devrions nous éloigner d'ici? Imagine seulement que quelqu'un nous surprenne." Mathilda. Sans doute.
Black rit tout bas. "Je ne pense pas. Cependant, tes désirs sont mes ordres. Chez toi ou chez moi?"
Severus put distinctement entendre sa prise de souffle. "Ce ce n'était pas ce que je voulais dire, Sirius. Je ne pense pas être prête à-"
"Oh, si, ma chère, tu l'es."
Severus se sentit soudain malade. Pas qu'il s'inquiète pour la vertu de Mathilda, ni pour son bien-être; après tout, elle était assez vieille et pouvait prendre soin d'elle même. Non, c'était cette sensation mystérieuse d'une toile d'araignée l'entourant, l'attrapant et le suffoquant. Il n'avait jamais rien dit à Mathilda de plus que ce qu'il aurait confié à un complet étranger. Mais Black essayait d'insérer ses tentacules avides dans les fentes et les bosses de l'armure de Severus, essayant de pénétrer, de forcer, de l'atteindre. Suivait-il les ordres de Dumbledore? Précautionneusement, retenant son souffle, Severus se retira et, une fois qu'il se fut trouvé à une distance sûre, enleva les deux sortilèges. Il avait besoin de penser, et il avait besoin d'air frais. Et cela était la seule chose qu'il savait exactement.
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Il faisait frais dehors. L'air froid ne fit rien pour le calmer; au contraire, cela augmenta son sentiment d'avoir chaud. Son front brûlait, et son corps était comme une fournaise dans l'air craquant qui sentait déjà la neige. Sans faire attention aux élèves ou leurs pitreries amoureuses possibles, Severus s'effondra sur un banc de pierre et essaya de faire revenir sa respiration et son rythme cardiaque à un niveau raisonnable. Ceci était seulement de la simple paranoia , se dit il. Rien d'autre. Une juste punition, selon la loi du talion. Vous étiez un espion, donc vous pensiez que tout les autres vous espionnaient. Il enterra sa tête dans ses mains, craignant pour sa santé d'esprit. Oui, il avait perdu son point d'ancrage et dérivait dans l'espace hostile et froid sans quoi que ce soit pour le diriger. Il aurait rejeté n'importe quelle offre de compagnie, mais la solitude transperçait son coeur et tenait sa respiration dans une poigne glacée.
Après un temps long, il souleva la tête et vit Amanda Bibine se tenant à quelques mètres, appuyée contre le tronc d'un mélèze rongé par le temps, les bras croisés, un sourire sardonique éclairant ses traits félins.
"Le cafard?" demanda-t-elle. Le ton moqueur de sa voix le mit en colère, mais du moins cela l'avait tiré de sa désolation.
"Ferme la!" crachat-t-il irritablement. "Et sois gentille de respecter le besoin d'intimité des autres."
"Gentille? Tu aurais dû comprendre maintenant que je ne suis nullement une personne gentille." Elle repoussa le tronc, tirant brusquement et irritablement un pli de ses robes de soirées qui s'était attrapé dans l'écorce rude, et marcha dignement vers lui. "Viens," dit-elle et elle lui tendit sa main droite. "Tu as besoin d'un verre et...eh bien, après cela, nous verrons."
Silencieusement, il secoua la tête. Elle resta où elle était, la main planant encore devant son visage. "Amanda," dit-il, se battant pour garder le contrôle, "tu ferais mieux de t'en aller avant que je ne te réduise en poussière. Je ne suis pas d'une humeur particulièrement amicale."
"Je ne t'ai jamais vu d'une humeur qui puisse être appelée amicale, et je doute que je puisse même la reconnaître chez toi. Viens maintenant, tu ne peux pas rester assis ici toute la nuit--- que penseraient les élèves?"
"Je suis plus concerné par ce qu'ils penseraient s'ils voyaient que tu m'entraînes dans ton repère." Mais il se leva, si bien qu'il se tenait proche d'elle. Il faisait presque trente centimètres de plus qu'elle-cela ne semblait pas l'intimider, cependant.
"Aucun besoin de s'inquiéter." Elle leva la tête pour lui sourire. Ses canines étaient très pointues, il le remarquait maintenant; cela soulignait d'une manière ou d'une autre son apparence féline. "J'ai lancé un sortilège d'intimité."
"Ah," se moqua t'il, "Alors tu sais ce que ce mot signifie, après tout."
"Si je le veux, oui. Viens, tu dois avoir froid."
Sans échanger un autre mot, ils retournèrent vers le château et les quartiers des enseignants. Qu'était tout ceci, se demanda Severus. Depuis le moment où il était retourné à ses appartements jusqu'à maintenant, cette soirée avait eu un étrange caractère onirique, comme si. Comme s'il regardait son environnement d'un angle légèrement différent, avec des yeux différents, si bien que ce qui été connu et usé par le contact quotidien prenait un nouveau sens, et les apparences changeaient infinitésimalment. Il n'était pas conscient de quelque danger que ce soit, cependant; il n'y avait rien d'hostile de tapi derrière cette rencontre plutôt étonnante. Sa Marque Sombre était bien cachés sous un sortilège de dissimulation spécial que Lucius lui avait appris--- il en avait eu besoin pendant les premier temps de son mariage, quand Narcissa n'avait pas encore été au courant des nombreux secrets de son mari. Il résistait à un Finite Incantatem lancé par une autre personne que lui-même. Et tout de même, il était profondément troublé.
Ils étaient arrivés aux quartiers des enseignants et parcoururent un étroit couloir de côté jusqu'à ce qu'ils arrivent à une porte discrète. Pas de gravures, pas d'ornements; seulement un A et un B de cuivre lourd, attachés au bois, indiquaient à qui étaient les salles placées derrière. Elle l'ouvrit d'un sortilège, c'était la toute première fois qu'il la voyait utiliser une baguette, remarqua-t-il, et elle le précéda pour allumer les bougies. Non, pensa-t-il, franchissant le seuil et regardant alentours, ce n'était sans aucun doute pas ce qu'on pourrait appeler féminin. Pas de rose, pas de fioritures, pas de bric-à-brac; pas de fleurs, se rendit-il compte, presque avec un soupir de soulagement. Leur odeur lui aurait sûrement donné un mal de tête. L'espace entier avait un air de confortable- mais-pratique. Il fut étonné que le divan et les fauteuils à l'air mous ne soient pas regroupés devant la cheminée mais dans un coin. Tout de même, le foyer semblait être le centre de sa maison: par terre, juste assez loin pour que des étincelles volantes ne fassent pas de dégats, un épais tapis oriental était étendu, et dessus était un tas de peaux de mouton. Severus remarqua une pile de livres dans son voisinage proche, et aussi une bouteille de cognac.
"Je ne suis pas très type divan," dit-elle, confirmant ainsi ses suppositions. "Contrairement à vous autres, je passe ma journée assise sur un manche à balai et je préfère donc m'étendre plutôt que m'asseoir encore. Viens, débarasse toi de ces robes et met toi à l'aise."
Elle avait déjà suspendu ses robes de siurées de soie rouge corail et lourde de shantung, et se tenait maintenant devant lui dans une sorte d'ensemble-pantalon, style Chinois, du même tissu. La salle était chaude, et il commençait à se sentir inconfortablement chaud; alors il ôta le vêtement et le jeta par-dessus le dossier d'une chaise proche.
"Tu veux du cognac?" demanda-t-elle.
"Oui, s'il te plaît." Il resta debout et jeta un coup d'oeil à ses environs, se sentant exposé comme un mollusque dans une coquille qui n'était pas la sienne.
"Oh, assieds toi!" Elle revenait avec deux grands verres ballons et se pencha pour ramasser la bouteille de cognac. "Ou se tenir au milieu de la pièce est-il ton idée de se mettre à l'aise?"
Sans dire mot, il secoua la tête et plia sa silhouette efflanquée en une position en tailleurs sur la moquette. Quand elle lui tendit un verre, il le prit avec un signe de tête et inhala l'arôme doucement poignant. Le gobelet et son contenu étaient encore froidsa au toucher, donc il le berça dans ses mains, le pied coincé entre son majeur et son annulaire. Ses yeux étaient fixés sur le liquide doré tourbillonnant.
NOTE DU TRADUCTEUR : Scène de sexe, je conseille aux lecteurs les plus sensibles de passer directement au chapitre suivant.
"Tu ne sembles pas très à ton aise," dit-elle, se roulant en boule près de lui, s'appuyant contre les peaux de mouton.
"Pourquoi le devrais-je?" Il éleva les yeux pour la regarder. La texture de ses vêtements, et les ombres vascillantes jetées par les flammes de cheminée--- elles étaient la seule source de lumière, maintenant qu'elle avait re éteint les bougies--- soulignaient sa silhouette maigre et musculaire. Son corps était un mélange étrange de bords et de courbes, et cela lui rappela encore Clarissa. Si elle avait pu poursuivre sa carrière de Quidditch, elle aurait pu être devenue exactement comme ceci. Seulement ses seins ne seraient probablement jamais devenus si pleins.
"Tu me dévisage," dit-elle un peu plus tard. Cela ne semblait pas l'ennuyer ou la mettre mal à l'aise, cependant.
Il avala simplement le reste de son cognac, sans cesser de contempler son corps, et tendit son verre pour qu'elle le re remplisse. "Que fais-tu toute la journée?" demanda-t-il soudain. "Tu n'as pas de devoirs à corriger, ni de leçons à préparer ."
"Envieux?" dit-elle et elle rit tout bas.
"Pas vraiment, non. Seulement curieux."
"Comme c'est attendrissant. Eh bien, pour satisfaire ta curiosité: je lis beaucoup, je suis en train d'apprendre, ou plutôt d'essayer d'apprendre le russe-"
"Pourquoi diable ferais-tu cela?" demanda-t-il, intéressé en dépit de lui- même. "Il y a des sortilèges de traduction."
"Bien sûr, je sais cela. Mais, pour te dire la vérité, je n'ai jamais été très bonne avec une baguette. Je suis très bonne sur un balai, la Botanique et la Magizoologie ont toujours été naturelles pour moi, mais le travail de baguette était et est ma plus grande faiblesse. Donc je ne me fie vraiment pas à mes sortilèges de traduction."
"Je vois. Et pourquoi le russe?"
Elle haussa les épaules, "Parce que c'est si infiniment différent, je suppose. Tous ces sons gutturaux. J'ai l'impression d'être un grand chat ronronnant quand je les prononce."
"Oui," acquieça-t-il, "cela doit te convenir. Tu ressembles tout à fait à un chat après tout." Aussitôt que ces mots eurent quitté sa bouche, il sut qu'il avait pris un peu trop d'alcool. Pas qu'il soit soûl; mais une partie de ses noeuds intérieurs s'étaient relâchés.
Elle devait l'avoir remarqué aussi, car elle se rapprocha de lui et le considéra de dessous des paupières à moitié fermées. Dans la demi lumière douce, ses iris avaient viré à l'ambre. "En effet," marmonna-t-elle, traçant une ligne du creux de sa gorge jusqu'à la ceinture de son pantalon avec son index gauche. "Et toi, Sev? Quel animal es-tu?"
La prochaine petite gorgée de cognac le rendrait sans aucun doute un peu éméché il avait mangé bien trop peu au dîner pour que son système accepte bien l'alcool. Il vida le contenu de son verre et le posa par terre. "A toi de me le dire," dit-il. Et il bondit, la clouant au tapis de tout son poids.
Elle aurait pu se débarasser de lui plutôt facilement, pensa-t-il quand il sentit ces muscles raides et minces sous la soie. Mais elle ne le fit pas. Elle ne céda ni ne s'amollit non plus; il y avait de l'énergie ronronnant directement sous sa peau, ramassée sur elle même, alerte et prête à frapper si nécessaire. Pour le moment, cependant, elle semblait tout à fait contente de sa position au-dessous de lui. Et quelque chose avait été déchainé en lui; un ressort s'était soudain déroulé, libérant un flot d'énergie ni destructrice ni hostile. Mais elle brûlait, chaude et consumant et voulant consumer. Elle s'étendit dans sa langue, ses jambes et ses mains, puis revint dans son aine, lui causant une érection douloureuse. Elle gémissait et haletant, et lui aussi-il remarqua seulement cela fugacement, dans quelque partie sans importance de son esprit où les sons arrivaient étouffés par la passion et la chaleur.
Severus sentit ses doigts s'enchevêtrer dans ses cheveux, ses ongles grattant son dos toujours vêtu avec un faible bruit de grattement; et il sentait ses mouvements tortillés, affamés sous lui, contre lui. Ils avaient tous les deux le goût de cognac, et sur sa langue il pouvait détecter les dernières traces d'une cigarette. Tenant toujours son cou de sa main gauche et la clouant au sol avec son corps, sa cuisse droite fermement enfoncée entre ses jambes, il réussit à déboutonner sa veste. Elle ne portait rien en dessous; il y avait seulement de la chair chaude et le gonflement de ses seins, ses mamelons durs et brun rouge sombre. Sans prendre la peine de la libérer entièrement du vêtement, il se pencha pour prendre autant du sein dans sa bouche que possible, suçant durement, pendant que sa main droite se glissait entre ses jambes où elle était chaude et humide. Il lui faisait probablement mal ---pas que ceci soit une pensée consciente, il le sentait plutôt, à quelque niveau bestial et sombre--- mais elle semblait l'apprécier tout de même et ne lutta pas ni n'essaya de le repousser. Au contraire: ses mains rampèrent sur sa poitrine et commencèrent à défaire les boutons de sa chemise, et alors il sentit ses doigts se déplacer sur la peau exposée, caressant et écorchant et chatouillant.
C'était un genre d'ivresse; le cognac l'avait simplement déclenchée, avait seulement été un catalyseur qui libèrait la réaction de Severus. Il tenait encore ses gardes, la visière était toujours fermement en place ---cette chute frénétique avait lieu à un niveau plus profond. Plus profond que les émotions, même. C'était l'instinct pur qui le fit s'emparer de sa baguette et prononcer le sortilège de Disvestio pour les déshabiller tous les deux, instantanément, sans plus de tâtonnements avec les agrafes ou les attaches. Une fois nus, il ne prit pas même la peine de regarder son corps. L'envie de posséder et de soumettre était trop forte. Il était déjà sur elle, entre ses jambes, et ainsi un petit changement de position fut suffisant pour l'amener où il voulait et il s'enfonça en elle, une main sous son cou et l'autre au bas de son dos. Tous deux crièrent au contact énergique qui était plus une invasion, pas violent mais brutal. Un moment, il dut rester immobile pour faire face à l'assaut de cet étrange mélange entre tension et soulagement, mais alors elle l'exhorta à continuer en soulevant ses hanches et en tirant sa tête vers le bas pour un baiser sauvage. Il sentit ses jambes, fermes et fortes, entourer ses hanches, pendant que ses bras entouraient ses épaules et son dos, massant un endroit sensible au-dessus de ses fesses. Avec un grognement, il l'attrapa plus férocement et s'enfonça encore, dans la chair chaude mouillée qui cédait, mordant son cou et ses épaules, la faisant crier en un mélange de douleur et de plaisir.
Ils étaient proches de la cheminée, et bientôt leurs corps devirent lisses de transpiration dans la chaleur flamboyante. Sa main droite quitta son dos pour s'aventure plus bas, empoignant sa cuisse et serrant ces muscles raides, durs. Elle émit un sanglot de plaisir, et Severus ouvrit ses yeux -- les siens étaient à demi fermés, les paupières palpitant, et elle mordait sa lèvre inférieure. Des perles de transpiration s'accumulaient dans la fente de sa lèvre supérieure; il les lécha d'un balayage avide de sa langue, puis traça le contour de sa bouche, la forçant à relâcher sa lèvre, pour qu'il puisse entrer ici aussi, et imiter les mouvements de son pénis en elle. Il avait prévu que cet accouplement soit court, seulement un épanouissement rapide de besoins qu'il n'avait pas été conscient d'avoir: Mais il dura-combien de temps, il n'était pas sûr; et quand il eut finalement trouvé le relâchement, avec un cri étranglé dans son cou, juste au dessous de son oreille, il était completément et totalment épuisé. Lentement, il desserra sa poigne de fer de son épaule et de sa hanche et ouvrit les yeux, les ayant serrés durant son orgasme. Elle haletait sous lui, bougeant sa tête de gauche à droite comme pour diminuer la tension de ses muscles.
Quand la brume de la passion et de la chaleur et d'un besoin rempli eurent finalement quitté son cerveau, Severus devint intensément conscient qu'il était nu et en contact avec un autre corps. Ses mains étaient encore posées sur sa peau, il était encore sur elle, avec ses jambes bouclées autour des siennes. L'envie de se libérer instantanément était écrasante, mais il la tint en échec et essaya de combattre la panique montante. S'appuyant sur ses coudes, il sentit quelque chose de dur contre son avant-bras gauche. Sa baguette. Un moment il hésita mais il décida alors qu'il devait quitter cette pièce, s'éloigner d'elle, et retourner dans ses quartiers. Abaissant sa tête pour l'embrasser, il laissa ses cheveux former un rideau autour de leurs visages, tendit ses doigts vers la baguette et sentit une vague de réassurance le submerger quand sa main se referma finalement autour du bois familier. Il rompit le baiser, pointa la baguette vers elle et marmonna "Stupéfix!"
Son corps entier devint mou, comme une poupée de chiffon trempé d'eau. Severus se mit à genoux, tressaillant à la douleur de ses muscles, et baissa les yeux vers elle. D'une certaine façon, il était même reconnaisant, mais tout de même, elle ne devait pas avoir de souvenir de cet incident. Donc il exécuta un sort nettoyant pour enlever le sperme qui coulait d'elle et gouttait lentement sur la moquette; puis, réflexion faite, il ajouta aussi un sortilège contraceptif ---mieux valait prévenir que guérir, au cas où elle ne prenait pas de potion contraceptive--- et finalement il la réhabilla d'un geste de sa baguette et avec un dernier sortilège murmuré. Quand il se fut remis sur ses pieds et eut remis ses vêtements, lentement et sans aide de la magie, il la remit à sa position précédente, appuyée contre le tas de peaux de mouton. Ceci accompli, il remplit son verre au bord de cognac et éclaboussa le liquide dans la cheminée, où il atterrit avec un sifflement, faisant virer les flammes au bleu pendant un moment fugace. La dernière tâche, et la plus importante, restante était d'effacer sa mémoire. Severus se concentra dur, convergeant ses pensées sur ce qu'il désirait qu'elle oublie et prononça "Oubliette!" Finalement, il la réveilla d'un rapide "Enervate!" Et, pendant qu'elle secouait encore le vertige, glissa rapidement sa baguette dans sa manche gauche.
"Amanda," appela-t-il, caressant doucement sa joue, "Amanda, réveille toi! Je suis fatigué et je dois partir. Te regarder dormir n'est pas aussi amusant que tu sembles le croire."
"Dieux!" dit-elle, passant une main sur ses yeux, "je suis désolée, Sev. Oh, diable, mon cou!"
Il baissa les yeux vers elle avec un sourire sardonique. "Peu étonnant, ma chère. Tu as pris une quantité énorme de cognac. L'alcool est un relaxant puissant, et tu t'es endormie dans une position un peu déformée. Je devrais t'avoir réveillée plus tôt, mais je dois reconnaître que j'ai aussi somnolé."
Elle s'étira, féline comme toujours, et bâilla. "Eh bien," dit-elle finalement, "Ce n'était certainement pas comme cela que je voulais que cela se passe, mais bon." Elle lui lança un regard interrogateur. "C'était seulement la première fois, pas la dernière."
"En effet," acquiesça Severus, se remettant sur ses pieds. Il prit ses robes de soirée et les lança par-dessus son épaule. "Je dois vraiment y aller maintenant, Amanda. Il y a des classes à enseigner demain, et je ne dois pas paraître trop froissé. Et j'ai besoin de me concentrer pour tenir ces petits bâtards en place. Bonne nuit, et merci pour le cognac."
Elle lui sourit d'en bas, lui tendant sa main qu'il prit et serra brièvement. "Bonne nuit, Sev. Fais de doux rêves."
Il hocha la tête et lui fit un sourire consciencieux, puis s'avança à grands pas vers la porte. Le couloir dehors était à moité sombre et vide. Severus se glissa dehors, une fois de plus reconnaisant pour le charme étouffant le son sur ses souliers, et retourna rapidement vers ses appartements.
Bien qu'il eut préféré rester dans ses appartements pour Halloween, Severus devait participer à la fête et à la danse après. Toute tentative pour convaincre Dumbledore que dans des temps comme ceux-ci, quand presque chaque élève avait perdu un parent plus ou moins proche, les festivités étaient une frivolité avait échoué, et ainsi il devait y avoir une fête et un bal. Le Directeur gardait avec entêtement son opinion que les élèves étaient, après tout, des adolescents et qu'on devait donc leur offrir une occasion de se comporter comme tels. Pour une fois, Severus et McGonagall avaient été dans le même camp, même si pour des raisons différentes; mais sans résultat.
Et donc la Grande Salle était resplendissante des décorations d'Halloween déjà au déjeuner, les citrouilles étant bien sûr une partie essentielle de l'ornement, et les élèves étaient presque intenables pendant les classes de l'après-midi. Severus, qui devait enseigner aux Gryffondors et Serpentards de troisième année, puis aux Serdaigles et Poufsouffles de cinquième année les mercredi après-midis, était entièrement épuisé une fois de retour dans ses chambres. D'habitude, il n'avait pas de problèmes pour maintenir la discipline, mais aujourd'hui avait été une épreuve. C'était déjà assez difficile, pensa-t-il, de leur enseigner tout ce qu'ils devaient apprendre selon le programme qu'il avait établi, qui avait été entièrement approuvé par le Ministère; et surtout les troisième année devaient vraiment travailler dur, car ceci était leur toute première année de cours de Potions. Et même les jours normaux, quand leur concentration n'était pas troublée par des pensées de quoi porter au bal et de comment se faire des blagues farce-ou-bonbon les uns aux autres, il avait du mal à les maitriser. Le problème était qu'il devait coller à un emploi du temps très serré qui ne permettait pas beaucoup d'explications supplémentaires ni de s'occuper des besoins individuels. Ceci était seulement possible à condition que tout le monde suive ses ordres et ses instructions sans lambiner ou poser trop de questions. Aujourd'hui, cependant, les enfants avaient été lents et hésitants, leur esprits déconcentrés et leurs mains moins que disposées à coopérer avec leurs cerveaux égarés. En tout, il avait enlevé cent vingt-cinq points uniquement cet après-midi, soixante d'entre eux à Gryffondor. Peu étonnant, pensa-t-il, ôtant ses robes d'enseignant et les lançant dans le panier de lessive pour que les Elfes de Maison s'en occupent. Après tout, le coupable principal avait été Bill Weasley, un troisième année de Gryffondor grand et maigre, fils du malheureux Arthur Weasley, qui avait perdu sa réputation et sa position après avoir traité moins qu'adroitement l'assaut sur Ste. Mangouste. Le garçon était vraiment bon en Charmes et en Métamorphose, malin et vif, et pas trop mauvais en Potions. Mais il était aussi un blagueur éprouvé, surtout avec son jeune frère Charlie, un première année, et trois autres résidents de la tour de Gryffondor qui n'étaient pas non plus des saints. Seuls le nez sensible de Severus et sa réaction éclair avaient empêché une catastrophe majeure après que l'imprudent roux ait cru approprié de faire ses propres expériences pendant que tous les autres étaient occupés à préparer leurs potions--- une pincée de griffes de Quintaped pulvérisées ne transformait pas une légère Solution Rétrécissante en une Solution Rétrécissante plus forte, comme le garçon semblait l'avoir pensé. Cela causait simplement une violente réaction chimique qui, heureusement, ne se déclanchait pas immédiatement. La puanteur avait frappé les narines de Severus et un Sortilège de Gel adroitement appliqué, mais juste à temps, avait épargné à Madame Pomfresh l'obligation de soigner dix-huit troisième année et le Maître de Potions lui-même pour des symptômes similaires à ceux d'une pneumonie.
Weasley avait reçu une retenue, à passer avec Argus Rusard, le concierge, ce même soir. Bien sûr, le garçon avait immédiatement courru à sa Directrice de Maison, et une vive discussion s'était ensuivie dans le bureau de Severus, qui avait été littéralement pris d'assaut par McGonagall.
"Severus, nous devons parler de la retenue de M.Weasley. Je ne -"
Ses nerfs déjà mis à l'épreuve, Severus trouva difficile de garder son calme. "Professeur McGonagall. Non seulement il serait poli de frapper avant de faire irruption dans mon bureau, j'aimerais aussi vous rappeler que nous ne nous appelons pas par nos prénoms."
Ses yeux derrière les lunettes carrées flamboyaient, mais elle inspira à fond et, après quelques secondes de silence explosif, dit, "Professeur Rogue, nous devrions parler de la retenue de M. Weasley."
"Asseyez-vous, Professeur,"dit-il en désignant le siège des visiteurs de l'autre côté de son bureau. "De quoi voulez vous exactement parler?"
"En dehors du fait qu'enlever cinquante points semble être ridiculement beaucoup-"
"M. Weasley a-t-il mentionné que sa petite expérience aurait causé des symptômes sérieux d'empoisonnement chez ses camarades? Sous cette lumière, la déduction de points semble plutôt humaine, je suppose."
La réaction de McGonagall indiqua clairement que Weasley avait omis ce détail intéressant, et Severus ne lui enviait pas la réprimande qu'il allait recevoir - la Directrice de Gryffondor ne prenait certainement aucun plaisir à se comporter en idiote devant un confrère. "Quoi qu'il en soit," dit-elle, sa nonchalance un peu trop tendue pour sembler authentique, "je voulais en fait vous parler de sa retenue. Ce soir ne semble pas être un moment très approprié."
Lui faisant le plus glacé des sourires qui tirait simplement ses lèvres sans atteindre ses yeux, demanda Severus, "Et pourquoi cela semblerait-il inopportun?"
Comme toujours quand elle était agitée, McGonagall ôta ses lunettes. "Vous savez exactement pourquoi, Se-- Professeur. Ce soir est la fête d'Halloween, et chaque élève l'attend avec impatience."
"Intéressant que vous deviez me le rappeler, éstimée confrère. Je semble me rappeler que vous étiez très contre toutes ces festivités."
"Cela," dit-elle d'un ton rogue, "n'est nullement le sujet. C'était une décision à la majorité, et je m'y conforme. Pourquoi voulez-vous la gâcher pour Bill Weasley ?"
Eh bien, pensa Severus, si elle essayait de l'écraser avec son autorité, il pouvait se reposer sur ses techniques aiguisées par le temps pour décontenancer les Gryffondors. La simple méthode de montrer une retenue inébranlable pendant qu'elle était fâchée devrait être tout à fait efficace. "Professeur McGonagall," commença-t-il, se penchant en avant et posant ses avant-bras sur le dessus du bureau, ses mains jouant lentement avec sa plume d'oie, comme pour souligner le fait qu'elles étaient completément calmes. "Une retenue est un moyen de discipliner des élèves, comme vous le savez bien. Plus l'infraction est grave, plus le besoin de punition est urgent. M. Weasley est un garçon extrêmement intelligent, suffisamment doué en Potions pour savoir exactement que l'usage de n'importe quel ingrédient qui n'est pas énuméré dans la recette peut causer des résultats dangereux. Et dangereux veut dire n'importe quoi d'une éruption à un empoisonnement, et même des conséquences mortelles."
McGonagall bouillonnait déjà de colère. "Ne dramatisez pas à l'exès, Professeur. Rien n'est arrivé."
"Je ne dramatise certainement pas à l'exès. C'est seulement grâce à mon expertise et à ma réaction rapide que lui et dix-sept autres ne devront pas passer Halloween à l'Infirmerie, à cracher leurs poumons. Chaque élève doit comprendre que fabriquer des potions est une entreprise risquée. Et M. Weasley comprendra cela sans aucun doute beaucoup mieux s'il ne prend pas part aux festivités de ce soir."
Elle lui jeta un regard noir. "Vous êtes partial, Professeur Rogue. Si un Serpentard-"
"Voudriez vous répéter cela en présence du Directeur?" demanda-t-il, jouant encore avec sa plume d'oie.
"Ne me menacez pas!" cracha-t-elle en réponse. "Nous savons tous ce que vous êtes."
"Vraiment?" dit-il, se renversant dans son fauteuil et croisant ses bras sur sa poitrine. "Et que suis-je, s'il vous plait, Professeur McGonagall? Un membre du corps enseignant, un Directeur de Maison, le meilleur Maître de Potions de Grande Bretagne, et...?"
Son visage habituellement pâle était tacheté grosses taches rouges. "Je refuse de continuer cette discussion," dit-elle, se levant de son siège. "Soyez sûr, cependant, que j'informerai le Directeur."
"Ne me laissez pas vous mettre en retard," répondit-il froidement, se levant aussi. "Je suppose que vous retrouverez la sortie?"
Sans une réponse, elle se tourna simplement et sortit vivement de son bureau.
Maintenant, de retour dans ses quartiers, il sentait le poids entier de cette journée entièrement désagréable. Il avait encore une heure avant de s'habiller et d'aller à la Grande Salle. Alors il se versa un whisky et s'assit devant la cheminée, posant ses pieds sur la petite table. Elias, qui était perché sur le rebord de la fenêtre, étendit ses ailes et navigua jusqu'à son maître, s'arrêta sur l'accoudoir du fauteuil de Severus et lui donna un petit coup de bec sur le haut du bras.
"Bonjour toi," dit Severus, lui permettant de saute sur sa cuisse droite. Il changea son verre de main et caressa doucement la tête noire de son index droit. "Pourquoi ceci doit-il être si difficile?" Elias pencha la tête et le scruta attentivement. "Tu sais, parfois je me sens plus vieux que Dumbledore. Et je n'ai pas encore vingt et un ans. Tu sais qui était Archimède?" Elias émit un coassement aigu. "Mmh, probablement pas. Archimède était un philosophe, et un peu un mathématicien et un physicien aussi. Et il a dit: Donnez moi un levier assez long et un point d'appui, et je déplacerai le monde. Sais-tu ce que cela signifie?" Le corbeau émit un autre coassement et secoua ses plumes. "Je vais expliquer. Après tout, je suis professeur," dit Severus avec un rire court et il prit une autre petite gorgée de son whisky. "Cela veut dire que, tant que vous savez qui vous êtes, vous pouvez faire et prendre n'importe quoi. Un seul point ferme bien-défini dans ce maudit univers tout entier, une certitude, une simple conviction, et vous pouvez partir de là. Et, plus important, vous pouvez retourner là-bas, respirer et vous calmer. Ce point veut dire paix, Elias. Qu'importe qu'il y ait une guerre en cours ou pas. Le genre de paix où vous pouvez vous renverser en arrière et fermer les yeux. et vous sentir. Sentir que vous êtes à un point ferme de l'univers, si bien que vous pouvez vous relier à ce qui est autour de vous. Cela devient un système, et si vous êtes malin, vous pouvez le résoudre."
Il se leva pour reremplir son verre, Elias perché sur son épaule. Quand il s'assit à nouveau, posant la bouteille par terre à côté de son fauteuil, l'oiseau retourna à sa position précédente sur la cuisse de Severus. "C'est ce qui me rend si fatigué, tu sais? Je ne peux plus reconnaître le système, parce que j'ai perdu mon point d'ancrage. Parce que ma vie est faite de négation, et de rien d'autre. Tu n'es pas un corbeau savant, Elias, et donc tu ne connais pas plus Goethe qu'Archimède." L'alcool commençait à inonder son cerveau, il pouvait le sentir. C'était probablement très imprudent de se soûler avant la fête, mais maintenant, cela semblait la seule possibilité. "Cependant," continua-t-il, caressant encore le plumage noir, "je vais citer Faust maintenant, parce qu'il semble si approprié. Que penses-tu de ceci: Je suis l'esprit qui toujours nie !Et c'est avec justice : car tout ce qui existe est digne d'être détruit . L'esprit qui toujours nie. Je ne pourrais pas penser à une meilleure caractérisation. Parce que je ne veux rien, Elias. Tout ce à quoi je peux penser est des choses que je ne veux pas: je ne veux pas être tué par Voldemort, bien que je commence à me demander si cela ne pourrait pas être le meilleur choix. Je ne veux pas qu'il devienne trop puissant, pour qu'il puisse exécuter ce fichu rite, quel qu'en soit le résultat. Je ne veux pas enseigner. Je ne veux pas porter cent masques. peut-être que je ne devrais pas le faire, si seulement je savais qui je suis. ce qui nous ramène à notre point de départ, j'en ai peur."
"Je suis sûr que vous n'avez pas besoin d'un troisième verre, Professeur." Surpris, Severus leva les yeux et laissa presque tomber la bouteille. "L'alcool n'est jamais un remède."
"Je ne veux pas de remède, Baron" dit Severus de manière entêtée, "je veux seulement un peu de paix. C'est compréhensible, n'est-ce pas?" Son discours se brouillait, remarqua-t-il. Cela le faisait seulement se sentir plus pitoyable.
"C'est ce que nous voulons tous, n'est-ce pas?" répondit calmement le Baron, et il descendit en flottant sur le fauteuil en face de Severus.
Severus lui lança un regard mutin. "Vous devez le savoir, je suppose."
"En effet. Mais croyez moi, je sais aussi que le chemin qui conduit à la paix n'est pas fait de forts spiritueux. Votre père en est un exemple pertinent."
"Mon père." Severus passa une main fatiguée sur ses yeux. "Au moins il a eu la chance de mourir. Et je ne laisse pas une veuve et un enfant, sans parler d'un tas de dettes."
"Vous partiriez en laissant une tâche très importante inachevée, Professeur. Une tâche qui pourrait être plus conséquente qu'une femme et un enfant."
"Merci de me le rappeler," répliqua-t-il acidement. "Mais son importance ne donne pas à ma vie la peine d'être vécue. Au contraire, je suppose." Il grimaça sous le regard stable du spectre. "Qu'y a t'il, Baron? Pourquoi me dévisagez-vous ?"
Le fantôme ne répondit pas immédiatement; à l'évidence il méditait s'il fallait répondre ou pas. "Qu'est-ce que Mademoiselle Trelawney a prédit pour vous?" demanda-t-il finalement, gardant les yeux de Severus prisonniers de son regard tranchant.
Instinctivement, la main de Severus vola jusque là où le medallion était caché sous sa chemise. "La prédiction de Sibylle. pourquoi voudriez vous savoir? C'était des bétises, rien d'autre."
Impossible d'arracher ses propres yeux du regard du spectre. "Des bétises? En effet. Professeur, vous savez, n'est ce pas, que Mademoiselle Trelawney a des pouvoirs extraordinaires?"
"Je.." Severus avala. "Elle... eh bien, une partie des choses qu'elle a prédites sont arrivées, mais..."
"Une partie, oui. Mais il pourrait vous avoir échappé que l'avenir de quelques personnes est impossible à lire, ou presque. Etrangement, ceux qui sont les plus mystérieux pour les voyants sont d'habitude les plus naïfs."
"Cedric." Severus essaya d'éclaircir son cerveau des brumes d'alcool qui dérivaient dedans, encombrant les processus de pensée.
"M. Nott, oui, un exemple excellent. Mademoiselle Avery en serait un autre."
"Partiellement. Elle a mené une vie solitaire, et est morte d'une mort solitaire, cela était vrai. Seulement sa vie n'a pas exactement été longue."
Le Baron hocha la tête. "Et vous, Professeur? Que vous a-t-elle dit?"
Sans un mot, Severus attrapa le medallion au-dessous de sa chemise, l'ouvrit et réagrandit le parchemin, qu'il fit alors flotter vers le Baron d'un geste de sa baguette. Le spectre lut et sourit d'un sourire mince. "Je vois," dit-il. "Une vie en enfer. Pensez-vous toujours que ce qu'elle vous a dit était des bétises?"
Le verre de whisky se brisa dans la cheminée, des gouttelettes d'alcool sifflant dans une vie brillante mais éphémère. Elias battit des ailes, inquiet. "Je ne sais pas," murmura Severus, passant une main dans ses cheveux. "Je ne sais vraiement pas. Et si." Sa voix s'estompa en un simple chuchotement.
"Et si?" l'incita le fantôme à continuer.
"Rien, Baron. Rien."
"Et si elle avait raison pour la première partie et tort pour la seconde?" Les yeux fermés de lassitude, Severus hocha la tête. Ses cils étaient seulement légèrement plus sombres que les cernes sous ses yeux. "D'une manière ou d'une autre, je ne pense pas, Professeur. Et en tout cas, ce serait une erreur dramatique que de choisir la mauvaise façon de sortir de l'enfer."
Ses paupières se soulevant avec regret, si bien que son regard fut encore capturé par les pupilles grises semi translucides, Severus dit, " Si c'est pour sortir de l'enfer, comment cela peut-il être mauvais?"
"Je pense que vous connaissez la réponse, Professeur," dit vivement le Baron et il sortit en flottant de sa chaise. "Pour ce soir, vous pourriez vouloir surveiller Mademoiselle Reynolds."
Avec ces mots, il disparut par le mur et laissa Severus regarder derrière lui. "Oui, Elias," dit-il, caressant distraitment le corbeau, "je sais. La première chose dont j'ai besoin est d'une potion pour me désoûler."
ßßßß*ßßßß
"Tu aimes vraiment la purée de pommes de terre, n'est-ce pas, Sev?" Amanda Bibine, assise à sa droite, le regardait tracer un système d'irrigation compliqué dans la masse jaune avec sa cuillère.
Severus la fusilla du regard. "Oui. Et ne m'appelle pas Sev."
Levant ses sourcils, elle sourit. "Mais M. Malfoy t'a appelé Sev."
"Cela," dit-il d'un ton Rogue, attrapant le jus de viande, "est différent."
"Différent? Est-ce que vous êtes tous les deux." Elle fit un geste plutôt peu ambigu de sa main droite.
"Bien sûr que non," dit-il d'un ton glacial. "Mais nous avons partagé un dortoir pendant sept ans. Cela fait une différence, je pense."
"Penses-tu que tu devrais te mordre la langue avant de l'appeler ton ami?"
"Il n'est pas mon ami," dit Severus, sur la défensive, "Et maintenant sois gentille de me laisser manger."
Elle lui sourit, ses yeux un peu jaunes scintillant de gaieté. "Pas ton ami? Vous agissiez pourtant comme deux bons copains."
"Je pense difficilement que Lucius et moi puissions jamais nous comporter comme deux bons copains," répliqua-t-il entre deux bouchées de pommes de terre.
"Mmh." Elle l'examina pensivement. "Il est sacrément bon sur un balai."
Abaissant sa fourchette, il lui lança un regard noir. "Amanda, je ne suis pas d'humeur à parler. Ni de Lucius ni de quoi que ce soit d'autre. Pourrais-tu s'il te plait respecter cela?"
"Non," dit-elle et elle piqua une fourchettée de son assiette. "Je ne pense pas. Il était Poursuiveur, n'est-ce pas?"
"Écoute, Amanda. Si tu es intéressée par Malfoy, pourquoi ne transplanes-tu pas simplement chez lui pour lui parler?" Quand il vit l'étincelle dans ses yeux, il eut d'une manière ou d'une autre le sentiment d'être tombé dans un piège, bien qu'il ne soit pas sûr de ce que c'était.
Il ne dut pas attendre longtemps avant de le découvrir. "Je ne suis pas intéressée par Malfoy," murmura-t-elle, et, à son horreur totale, il sentit sa jambe gauche effleurer sa cuisse. "Allons, Sev, pose la question logique." Il déplaça sa chaise vers la gauche. "Attention," ronronna-t- elle, "Ou tu vas finir par câliner Black."
Il pouvait sentir la rage s'accumuler en lui. Ce vieux sentiment connu, en partie d'excitation et en partie de fureur, qui le submergeait quand il se sentait impuissant et astreint à quelque chose. Ce désir aveugle d'écraser sa tête contre l'obstacle, de détruire et de défoncer. Et, comme toujours, la bête devait être maitrisée. Il sentit son estomac se contracter et repoussa son assiette. "Fiche. Moi. La Paix!" siffla-t-il.
Quelque chose de sauvage s'alluma dans ses yeux. "Tant d'énergie," ronronna- t-elle, "et toute gaspillée. Nous pourrions utiliser cela à un meilleur usage, tu sais?"
C'était plus que des insinuations. C'était un 'viens' pur et simple, une invitation dévoilée. Severus grimaça. Jusqu'ici, son expérience sexuelle était limitée, pour ne pas dire plus. Sa première rencontre avec Nathalie, puis la nuit de détente si- nécessaire et d'épuisement physique complet avec la prostituée. Il avait marché sur un fil arachnéen avant cette deuxième fois, sa vie et ses nerfs et son sang-froid à peine gardé hurlant de tension; tandis que maintenant, il avait l'impression de marcher dans un bourbier visqueux, entraînant ses pieds et l'empêchant d'avancer. La situation n'aurait pas pu être plus différente. L'offre était tentante, cependant, peut-être trop séduisante pour son propre bien. Car il pouvait voir les conséquences possibles-- l'engagement émotif qui pouvait l'attraper et l'avaler, elle, comme une plante carnivore avalerait une mouche. Elle pourrait en parler, à Black, ou à quelqu'un d'autre. Et il y avait sa répugnance toujours présente à être touché. Avec Nathalie, il avait été aux commandes, avait pu déterminer exactement ce qu'il voulait et quand. La prostituée ne comptait pas-- son toucher était comme celui d'une feuille ou d'un brin d'herbe; cela pouvait être senti mais n'avait pas de conséquence. Avec cette femme cependant. Il n'était pas sûr. Elle était robuste, et pas seulement physiquement. Elle pourrait vouloir le contrôle, et il n'était pas disposé à cèder le peu de contrôle sur lui-même qui lui restait à qui que ce soit.
Les yeux un peu jaunes se rétrécirent, et elle dit, "Ce silence prolongé est extrêmement peu flatteur, tu sais?"
"Si tu as envie d'un consentement immédiat, tu devrais annoncer tes besoins à mon voisin de gauche," répliqua-t-il, intentionnellement dur.
"Mes besoins? Je pense que les tiens ne sont pas moins urgents."
"Je. .. j'ai mes raisons," dit-il. Il pouvait sentir sa décision vaciller. Ce ne serait pas beaucoup mieux que l'alcool, et il devrait être nu, se laisser toucher. Mais c'était aussi un millier de fois plus physique et immédiat. Brutal, si besoin était.
"Oh, je suis sûr que oui. Au cas où tu doutes de ma discrétion: je ne dirai rien. Si tu ne me crois pas, tu peux me mettre sous oubliette. Le choix est le tien."
Elle se leva facilement de sa chaise et alla aider McGonagall à repousser les tables des élèves contre les murs, pour faire de la place pour la danse. Severus, ayant l'impression de venir de se réveiller d'un rêve bizarre, se leva aussi. Il s'était porté volontaire pour patrouiller dans les couloirs et dehors, pour empêcher les résidents pleins d'hormones de l'école de procréer dans les buissons ou dans les salles de classe inutilisées. Cette occupation lui convenait certainement mieux que danser.
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En rôdant silencieusement dans les couloirs, il se rappela d'Esmeralda. Son chat noir brillant, errant dans le jardin à la recherche de souris et de coléoptères, portant son collier. Le collier qui était maintenant probablement autour du poignet de Clarissa. Où que Clarissa soit. Pendant qu'il se déplaçait, félin, dans son territoire qui n'était pas vraiment le sien, emprunté peut-être, mais jamais chez lui. Il était arrivé aux cachots, près des quartiers de Serpentard, presque exactement à l'endroit où, il y a des années---des vies?---, lui et Lucius avait entendu par hasard le dialogue chuchoté entre Black et Potter. Quand il entendit tout d'abord le chuchotement, il crut un moment que les esprits du passé étaient venus le hanter. Le bruissement doux de ses robes de soirée contre les dalles polies du couloir noyait le bruit faible, et donc il s'arrêta pour écouter. Oui, les voix étaient là, sans aucun doute. Ils ne se donnaient pas même la peine de chuchoter, ils parlaient seulement à voix basse. Il lança Sensaccrus et un sortilège d'invisibilité et lentement, prudemment, s'avança furtivement vers la source du bruit. D'une manière ou d'une autre, il était sûr que ce n'était pas des élèves. Autrement il ne se serait pas donné l'ennui de se rendre invisible. Dix autres pas jusqu'au coin du couloir, et il s'arrêta à nouveau. A l'aide de Sensaccrus, les mots étaient facilement distinguables.
Le sentiment de déjà vu devint plus fort quand il reconnut la voix mâle. Black.
"T'ai je déjà dit que tu es absolument ravissante ce soir?" L'homme n'avait pas changé d' un seul iota. Severus ne se souvenait que trop bien de comment le Gryffondor avait fait des avances à Tabitha, exactement il y a cinq ans. Avec presque les mêmes mots. Certainement Black n'investissait pas son énergie dans l'imagination.
Connaissant Black, Severus n'était même pas sûr qu'il parle à un homme ou à une femme. Bien que l'adjectif 'ravissante' semble suggérer que c'était une femme. Probablement. Il ou elle ne répondit pas. Quelqu'un pourrait-il être si frappé par cette exposition bon marché de charme pré-préparé que la parole lui manque? Non, sans aucun doute pas par ses mots. Severus entendit le bruissement faible de tissu glissant sur du tissu, et le plus doux des gémissement. C'était très certainement féminin. Peut-être une élève, pensa- t-il ----ce serait vraiment plus que de la chance.
"Sirius." Severus se raidit. Il connaissait cette voix. Puis encore, un peu plus urgente. "Sirius, ne penses-tu pas que nous devrions nous éloigner d'ici? Imagine seulement que quelqu'un nous surprenne." Mathilda. Sans doute.
Black rit tout bas. "Je ne pense pas. Cependant, tes désirs sont mes ordres. Chez toi ou chez moi?"
Severus put distinctement entendre sa prise de souffle. "Ce ce n'était pas ce que je voulais dire, Sirius. Je ne pense pas être prête à-"
"Oh, si, ma chère, tu l'es."
Severus se sentit soudain malade. Pas qu'il s'inquiète pour la vertu de Mathilda, ni pour son bien-être; après tout, elle était assez vieille et pouvait prendre soin d'elle même. Non, c'était cette sensation mystérieuse d'une toile d'araignée l'entourant, l'attrapant et le suffoquant. Il n'avait jamais rien dit à Mathilda de plus que ce qu'il aurait confié à un complet étranger. Mais Black essayait d'insérer ses tentacules avides dans les fentes et les bosses de l'armure de Severus, essayant de pénétrer, de forcer, de l'atteindre. Suivait-il les ordres de Dumbledore? Précautionneusement, retenant son souffle, Severus se retira et, une fois qu'il se fut trouvé à une distance sûre, enleva les deux sortilèges. Il avait besoin de penser, et il avait besoin d'air frais. Et cela était la seule chose qu'il savait exactement.
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Il faisait frais dehors. L'air froid ne fit rien pour le calmer; au contraire, cela augmenta son sentiment d'avoir chaud. Son front brûlait, et son corps était comme une fournaise dans l'air craquant qui sentait déjà la neige. Sans faire attention aux élèves ou leurs pitreries amoureuses possibles, Severus s'effondra sur un banc de pierre et essaya de faire revenir sa respiration et son rythme cardiaque à un niveau raisonnable. Ceci était seulement de la simple paranoia , se dit il. Rien d'autre. Une juste punition, selon la loi du talion. Vous étiez un espion, donc vous pensiez que tout les autres vous espionnaient. Il enterra sa tête dans ses mains, craignant pour sa santé d'esprit. Oui, il avait perdu son point d'ancrage et dérivait dans l'espace hostile et froid sans quoi que ce soit pour le diriger. Il aurait rejeté n'importe quelle offre de compagnie, mais la solitude transperçait son coeur et tenait sa respiration dans une poigne glacée.
Après un temps long, il souleva la tête et vit Amanda Bibine se tenant à quelques mètres, appuyée contre le tronc d'un mélèze rongé par le temps, les bras croisés, un sourire sardonique éclairant ses traits félins.
"Le cafard?" demanda-t-elle. Le ton moqueur de sa voix le mit en colère, mais du moins cela l'avait tiré de sa désolation.
"Ferme la!" crachat-t-il irritablement. "Et sois gentille de respecter le besoin d'intimité des autres."
"Gentille? Tu aurais dû comprendre maintenant que je ne suis nullement une personne gentille." Elle repoussa le tronc, tirant brusquement et irritablement un pli de ses robes de soirées qui s'était attrapé dans l'écorce rude, et marcha dignement vers lui. "Viens," dit-elle et elle lui tendit sa main droite. "Tu as besoin d'un verre et...eh bien, après cela, nous verrons."
Silencieusement, il secoua la tête. Elle resta où elle était, la main planant encore devant son visage. "Amanda," dit-il, se battant pour garder le contrôle, "tu ferais mieux de t'en aller avant que je ne te réduise en poussière. Je ne suis pas d'une humeur particulièrement amicale."
"Je ne t'ai jamais vu d'une humeur qui puisse être appelée amicale, et je doute que je puisse même la reconnaître chez toi. Viens maintenant, tu ne peux pas rester assis ici toute la nuit--- que penseraient les élèves?"
"Je suis plus concerné par ce qu'ils penseraient s'ils voyaient que tu m'entraînes dans ton repère." Mais il se leva, si bien qu'il se tenait proche d'elle. Il faisait presque trente centimètres de plus qu'elle-cela ne semblait pas l'intimider, cependant.
"Aucun besoin de s'inquiéter." Elle leva la tête pour lui sourire. Ses canines étaient très pointues, il le remarquait maintenant; cela soulignait d'une manière ou d'une autre son apparence féline. "J'ai lancé un sortilège d'intimité."
"Ah," se moqua t'il, "Alors tu sais ce que ce mot signifie, après tout."
"Si je le veux, oui. Viens, tu dois avoir froid."
Sans échanger un autre mot, ils retournèrent vers le château et les quartiers des enseignants. Qu'était tout ceci, se demanda Severus. Depuis le moment où il était retourné à ses appartements jusqu'à maintenant, cette soirée avait eu un étrange caractère onirique, comme si. Comme s'il regardait son environnement d'un angle légèrement différent, avec des yeux différents, si bien que ce qui été connu et usé par le contact quotidien prenait un nouveau sens, et les apparences changeaient infinitésimalment. Il n'était pas conscient de quelque danger que ce soit, cependant; il n'y avait rien d'hostile de tapi derrière cette rencontre plutôt étonnante. Sa Marque Sombre était bien cachés sous un sortilège de dissimulation spécial que Lucius lui avait appris--- il en avait eu besoin pendant les premier temps de son mariage, quand Narcissa n'avait pas encore été au courant des nombreux secrets de son mari. Il résistait à un Finite Incantatem lancé par une autre personne que lui-même. Et tout de même, il était profondément troublé.
Ils étaient arrivés aux quartiers des enseignants et parcoururent un étroit couloir de côté jusqu'à ce qu'ils arrivent à une porte discrète. Pas de gravures, pas d'ornements; seulement un A et un B de cuivre lourd, attachés au bois, indiquaient à qui étaient les salles placées derrière. Elle l'ouvrit d'un sortilège, c'était la toute première fois qu'il la voyait utiliser une baguette, remarqua-t-il, et elle le précéda pour allumer les bougies. Non, pensa-t-il, franchissant le seuil et regardant alentours, ce n'était sans aucun doute pas ce qu'on pourrait appeler féminin. Pas de rose, pas de fioritures, pas de bric-à-brac; pas de fleurs, se rendit-il compte, presque avec un soupir de soulagement. Leur odeur lui aurait sûrement donné un mal de tête. L'espace entier avait un air de confortable- mais-pratique. Il fut étonné que le divan et les fauteuils à l'air mous ne soient pas regroupés devant la cheminée mais dans un coin. Tout de même, le foyer semblait être le centre de sa maison: par terre, juste assez loin pour que des étincelles volantes ne fassent pas de dégats, un épais tapis oriental était étendu, et dessus était un tas de peaux de mouton. Severus remarqua une pile de livres dans son voisinage proche, et aussi une bouteille de cognac.
"Je ne suis pas très type divan," dit-elle, confirmant ainsi ses suppositions. "Contrairement à vous autres, je passe ma journée assise sur un manche à balai et je préfère donc m'étendre plutôt que m'asseoir encore. Viens, débarasse toi de ces robes et met toi à l'aise."
Elle avait déjà suspendu ses robes de siurées de soie rouge corail et lourde de shantung, et se tenait maintenant devant lui dans une sorte d'ensemble-pantalon, style Chinois, du même tissu. La salle était chaude, et il commençait à se sentir inconfortablement chaud; alors il ôta le vêtement et le jeta par-dessus le dossier d'une chaise proche.
"Tu veux du cognac?" demanda-t-elle.
"Oui, s'il te plaît." Il resta debout et jeta un coup d'oeil à ses environs, se sentant exposé comme un mollusque dans une coquille qui n'était pas la sienne.
"Oh, assieds toi!" Elle revenait avec deux grands verres ballons et se pencha pour ramasser la bouteille de cognac. "Ou se tenir au milieu de la pièce est-il ton idée de se mettre à l'aise?"
Sans dire mot, il secoua la tête et plia sa silhouette efflanquée en une position en tailleurs sur la moquette. Quand elle lui tendit un verre, il le prit avec un signe de tête et inhala l'arôme doucement poignant. Le gobelet et son contenu étaient encore froidsa au toucher, donc il le berça dans ses mains, le pied coincé entre son majeur et son annulaire. Ses yeux étaient fixés sur le liquide doré tourbillonnant.
NOTE DU TRADUCTEUR : Scène de sexe, je conseille aux lecteurs les plus sensibles de passer directement au chapitre suivant.
"Tu ne sembles pas très à ton aise," dit-elle, se roulant en boule près de lui, s'appuyant contre les peaux de mouton.
"Pourquoi le devrais-je?" Il éleva les yeux pour la regarder. La texture de ses vêtements, et les ombres vascillantes jetées par les flammes de cheminée--- elles étaient la seule source de lumière, maintenant qu'elle avait re éteint les bougies--- soulignaient sa silhouette maigre et musculaire. Son corps était un mélange étrange de bords et de courbes, et cela lui rappela encore Clarissa. Si elle avait pu poursuivre sa carrière de Quidditch, elle aurait pu être devenue exactement comme ceci. Seulement ses seins ne seraient probablement jamais devenus si pleins.
"Tu me dévisage," dit-elle un peu plus tard. Cela ne semblait pas l'ennuyer ou la mettre mal à l'aise, cependant.
Il avala simplement le reste de son cognac, sans cesser de contempler son corps, et tendit son verre pour qu'elle le re remplisse. "Que fais-tu toute la journée?" demanda-t-il soudain. "Tu n'as pas de devoirs à corriger, ni de leçons à préparer ."
"Envieux?" dit-elle et elle rit tout bas.
"Pas vraiment, non. Seulement curieux."
"Comme c'est attendrissant. Eh bien, pour satisfaire ta curiosité: je lis beaucoup, je suis en train d'apprendre, ou plutôt d'essayer d'apprendre le russe-"
"Pourquoi diable ferais-tu cela?" demanda-t-il, intéressé en dépit de lui- même. "Il y a des sortilèges de traduction."
"Bien sûr, je sais cela. Mais, pour te dire la vérité, je n'ai jamais été très bonne avec une baguette. Je suis très bonne sur un balai, la Botanique et la Magizoologie ont toujours été naturelles pour moi, mais le travail de baguette était et est ma plus grande faiblesse. Donc je ne me fie vraiment pas à mes sortilèges de traduction."
"Je vois. Et pourquoi le russe?"
Elle haussa les épaules, "Parce que c'est si infiniment différent, je suppose. Tous ces sons gutturaux. J'ai l'impression d'être un grand chat ronronnant quand je les prononce."
"Oui," acquieça-t-il, "cela doit te convenir. Tu ressembles tout à fait à un chat après tout." Aussitôt que ces mots eurent quitté sa bouche, il sut qu'il avait pris un peu trop d'alcool. Pas qu'il soit soûl; mais une partie de ses noeuds intérieurs s'étaient relâchés.
Elle devait l'avoir remarqué aussi, car elle se rapprocha de lui et le considéra de dessous des paupières à moitié fermées. Dans la demi lumière douce, ses iris avaient viré à l'ambre. "En effet," marmonna-t-elle, traçant une ligne du creux de sa gorge jusqu'à la ceinture de son pantalon avec son index gauche. "Et toi, Sev? Quel animal es-tu?"
La prochaine petite gorgée de cognac le rendrait sans aucun doute un peu éméché il avait mangé bien trop peu au dîner pour que son système accepte bien l'alcool. Il vida le contenu de son verre et le posa par terre. "A toi de me le dire," dit-il. Et il bondit, la clouant au tapis de tout son poids.
Elle aurait pu se débarasser de lui plutôt facilement, pensa-t-il quand il sentit ces muscles raides et minces sous la soie. Mais elle ne le fit pas. Elle ne céda ni ne s'amollit non plus; il y avait de l'énergie ronronnant directement sous sa peau, ramassée sur elle même, alerte et prête à frapper si nécessaire. Pour le moment, cependant, elle semblait tout à fait contente de sa position au-dessous de lui. Et quelque chose avait été déchainé en lui; un ressort s'était soudain déroulé, libérant un flot d'énergie ni destructrice ni hostile. Mais elle brûlait, chaude et consumant et voulant consumer. Elle s'étendit dans sa langue, ses jambes et ses mains, puis revint dans son aine, lui causant une érection douloureuse. Elle gémissait et haletant, et lui aussi-il remarqua seulement cela fugacement, dans quelque partie sans importance de son esprit où les sons arrivaient étouffés par la passion et la chaleur.
Severus sentit ses doigts s'enchevêtrer dans ses cheveux, ses ongles grattant son dos toujours vêtu avec un faible bruit de grattement; et il sentait ses mouvements tortillés, affamés sous lui, contre lui. Ils avaient tous les deux le goût de cognac, et sur sa langue il pouvait détecter les dernières traces d'une cigarette. Tenant toujours son cou de sa main gauche et la clouant au sol avec son corps, sa cuisse droite fermement enfoncée entre ses jambes, il réussit à déboutonner sa veste. Elle ne portait rien en dessous; il y avait seulement de la chair chaude et le gonflement de ses seins, ses mamelons durs et brun rouge sombre. Sans prendre la peine de la libérer entièrement du vêtement, il se pencha pour prendre autant du sein dans sa bouche que possible, suçant durement, pendant que sa main droite se glissait entre ses jambes où elle était chaude et humide. Il lui faisait probablement mal ---pas que ceci soit une pensée consciente, il le sentait plutôt, à quelque niveau bestial et sombre--- mais elle semblait l'apprécier tout de même et ne lutta pas ni n'essaya de le repousser. Au contraire: ses mains rampèrent sur sa poitrine et commencèrent à défaire les boutons de sa chemise, et alors il sentit ses doigts se déplacer sur la peau exposée, caressant et écorchant et chatouillant.
C'était un genre d'ivresse; le cognac l'avait simplement déclenchée, avait seulement été un catalyseur qui libèrait la réaction de Severus. Il tenait encore ses gardes, la visière était toujours fermement en place ---cette chute frénétique avait lieu à un niveau plus profond. Plus profond que les émotions, même. C'était l'instinct pur qui le fit s'emparer de sa baguette et prononcer le sortilège de Disvestio pour les déshabiller tous les deux, instantanément, sans plus de tâtonnements avec les agrafes ou les attaches. Une fois nus, il ne prit pas même la peine de regarder son corps. L'envie de posséder et de soumettre était trop forte. Il était déjà sur elle, entre ses jambes, et ainsi un petit changement de position fut suffisant pour l'amener où il voulait et il s'enfonça en elle, une main sous son cou et l'autre au bas de son dos. Tous deux crièrent au contact énergique qui était plus une invasion, pas violent mais brutal. Un moment, il dut rester immobile pour faire face à l'assaut de cet étrange mélange entre tension et soulagement, mais alors elle l'exhorta à continuer en soulevant ses hanches et en tirant sa tête vers le bas pour un baiser sauvage. Il sentit ses jambes, fermes et fortes, entourer ses hanches, pendant que ses bras entouraient ses épaules et son dos, massant un endroit sensible au-dessus de ses fesses. Avec un grognement, il l'attrapa plus férocement et s'enfonça encore, dans la chair chaude mouillée qui cédait, mordant son cou et ses épaules, la faisant crier en un mélange de douleur et de plaisir.
Ils étaient proches de la cheminée, et bientôt leurs corps devirent lisses de transpiration dans la chaleur flamboyante. Sa main droite quitta son dos pour s'aventure plus bas, empoignant sa cuisse et serrant ces muscles raides, durs. Elle émit un sanglot de plaisir, et Severus ouvrit ses yeux -- les siens étaient à demi fermés, les paupières palpitant, et elle mordait sa lèvre inférieure. Des perles de transpiration s'accumulaient dans la fente de sa lèvre supérieure; il les lécha d'un balayage avide de sa langue, puis traça le contour de sa bouche, la forçant à relâcher sa lèvre, pour qu'il puisse entrer ici aussi, et imiter les mouvements de son pénis en elle. Il avait prévu que cet accouplement soit court, seulement un épanouissement rapide de besoins qu'il n'avait pas été conscient d'avoir: Mais il dura-combien de temps, il n'était pas sûr; et quand il eut finalement trouvé le relâchement, avec un cri étranglé dans son cou, juste au dessous de son oreille, il était completément et totalment épuisé. Lentement, il desserra sa poigne de fer de son épaule et de sa hanche et ouvrit les yeux, les ayant serrés durant son orgasme. Elle haletait sous lui, bougeant sa tête de gauche à droite comme pour diminuer la tension de ses muscles.
Quand la brume de la passion et de la chaleur et d'un besoin rempli eurent finalement quitté son cerveau, Severus devint intensément conscient qu'il était nu et en contact avec un autre corps. Ses mains étaient encore posées sur sa peau, il était encore sur elle, avec ses jambes bouclées autour des siennes. L'envie de se libérer instantanément était écrasante, mais il la tint en échec et essaya de combattre la panique montante. S'appuyant sur ses coudes, il sentit quelque chose de dur contre son avant-bras gauche. Sa baguette. Un moment il hésita mais il décida alors qu'il devait quitter cette pièce, s'éloigner d'elle, et retourner dans ses quartiers. Abaissant sa tête pour l'embrasser, il laissa ses cheveux former un rideau autour de leurs visages, tendit ses doigts vers la baguette et sentit une vague de réassurance le submerger quand sa main se referma finalement autour du bois familier. Il rompit le baiser, pointa la baguette vers elle et marmonna "Stupéfix!"
Son corps entier devint mou, comme une poupée de chiffon trempé d'eau. Severus se mit à genoux, tressaillant à la douleur de ses muscles, et baissa les yeux vers elle. D'une certaine façon, il était même reconnaisant, mais tout de même, elle ne devait pas avoir de souvenir de cet incident. Donc il exécuta un sort nettoyant pour enlever le sperme qui coulait d'elle et gouttait lentement sur la moquette; puis, réflexion faite, il ajouta aussi un sortilège contraceptif ---mieux valait prévenir que guérir, au cas où elle ne prenait pas de potion contraceptive--- et finalement il la réhabilla d'un geste de sa baguette et avec un dernier sortilège murmuré. Quand il se fut remis sur ses pieds et eut remis ses vêtements, lentement et sans aide de la magie, il la remit à sa position précédente, appuyée contre le tas de peaux de mouton. Ceci accompli, il remplit son verre au bord de cognac et éclaboussa le liquide dans la cheminée, où il atterrit avec un sifflement, faisant virer les flammes au bleu pendant un moment fugace. La dernière tâche, et la plus importante, restante était d'effacer sa mémoire. Severus se concentra dur, convergeant ses pensées sur ce qu'il désirait qu'elle oublie et prononça "Oubliette!" Finalement, il la réveilla d'un rapide "Enervate!" Et, pendant qu'elle secouait encore le vertige, glissa rapidement sa baguette dans sa manche gauche.
"Amanda," appela-t-il, caressant doucement sa joue, "Amanda, réveille toi! Je suis fatigué et je dois partir. Te regarder dormir n'est pas aussi amusant que tu sembles le croire."
"Dieux!" dit-elle, passant une main sur ses yeux, "je suis désolée, Sev. Oh, diable, mon cou!"
Il baissa les yeux vers elle avec un sourire sardonique. "Peu étonnant, ma chère. Tu as pris une quantité énorme de cognac. L'alcool est un relaxant puissant, et tu t'es endormie dans une position un peu déformée. Je devrais t'avoir réveillée plus tôt, mais je dois reconnaître que j'ai aussi somnolé."
Elle s'étira, féline comme toujours, et bâilla. "Eh bien," dit-elle finalement, "Ce n'était certainement pas comme cela que je voulais que cela se passe, mais bon." Elle lui lança un regard interrogateur. "C'était seulement la première fois, pas la dernière."
"En effet," acquiesça Severus, se remettant sur ses pieds. Il prit ses robes de soirée et les lança par-dessus son épaule. "Je dois vraiment y aller maintenant, Amanda. Il y a des classes à enseigner demain, et je ne dois pas paraître trop froissé. Et j'ai besoin de me concentrer pour tenir ces petits bâtards en place. Bonne nuit, et merci pour le cognac."
Elle lui sourit d'en bas, lui tendant sa main qu'il prit et serra brièvement. "Bonne nuit, Sev. Fais de doux rêves."
Il hocha la tête et lui fit un sourire consciencieux, puis s'avança à grands pas vers la porte. Le couloir dehors était à moité sombre et vide. Severus se glissa dehors, une fois de plus reconnaisant pour le charme étouffant le son sur ses souliers, et retourna rapidement vers ses appartements.
