CHAPITRE 34

Il était si petit-peut-être était-il à nouveau enfant. Tout autour de lui semblait si impossiblement grand et haut, et il faisait froid, si froid. Il ne marchait pas, mais il n'était pas immobile non plus; c'était presque comme s'il flottait. Comment pouvait-il flotter? Et quel était ce paysage qu'il traversait? Il n'avait certainement jamais été ici auparavant. Difficile de reconnaître quoi que ce soit, cependant, aucun moyen de gagner n'importe quel sens d'orientation, parce que tout semblait être en changement constant, les formes changeaient comme pour se moquer de lui. Quand il pensait voir un arbre, cela devenait une maison ou une tour, et le haut devenait le bas, alors il devait exécuter une genre de culbute s'il voulait éviter de regarder vers le bas dans un ciel sans fond. Pourquoi était-il si petit? Qu'est-ce que son corps était devenu ? Il essaya de bouger la tête, pour pouvoir finalement voir ses mains et ses pieds et s'il était encore entier, et cria sous un assaut soudain et vicieux de douleur. Comment s'était-il fait si mal? La douleur augmenta, devint une agonie, grandit en flammes insupportables et incandescentes qui faisaient fondre sa chair et creusaient dans ses os avec des dents avides. Il ne pouvait pas s'arrêter de crier, ne pouvait plus, ces hurlements ne semblaient plus être connectés à lui -il ne pouvait rien contrôler, ils étaient dissociés, plus une réaction mais un être indépendant. Alors, soudain, la douleur redoubla et l'explosa hors de ce mouvement flottant et le fit arriver dans la réalité tangible qui était remplie de bruits, de lumières et de voix.

"Je pense qu'il est de retour, Directeur. Mais je n'ai aucune idée de -"

"Ni moi, Lucius. Mme Malfoy, mes compliments les plus sincères. Sans vos compétences nous pourrions l'avoir perdu "

"Merci. C'est surtout grâce aux propres potions de Severus, cependant. Et je ne suis pas assez douée pour oser donner un prognostic. il pourrait avoir perdu l'esprit pour autant que je sache."

"Narcissa, nous allons te laisser le rapiécer-c'est à dire à moins que tu n'aies besoin de notre aide "

"Non, merci. Je suis plus concentrée quand je suis seule. Je vous appellerai dès que j'aurai fini "

Il pourrait avoir perdu son esprit. Oui, probablement qu'il était passé très près de la folie; considérant comment il se sentait maintenant, il pourrait même l'avoir embrassée avec reconnaissance. Mais ce n'était pas à lui de choisir. Les portes ténébreuses de la folie avaient été irrévocablement fermées sur lui, et, autant qu'il puisse le vouloir, il n'y avait pas de retour possible. Presque comme une deuxième naissance. catapulté dans le monde qui était le sien par un spasme de douleur, hors de ce Fata Morgana foid, incongru et à moitié irréel, où il n'avait pas été lui-même mais du moins avait été incapable de sentir son corps torturé. Des sortilèges de guérison alternèrent avec le contact léger de mains fraîches- une perception purement rationnelle, car son corps les sentait comme des taches glacées-brûlantes de métal liquide. Mais c'était Narcissa, et il savait qu'elle ne lui faisait pas intentionnellement mal; alors il persuada son corps douloureux de laisser son esprit prendre le dessus et dicter ce qu'il sentait. Encore, il força ses yeux à s'ouvrir. Non seulement la lumière leur faisait mal, bien qu'il soit sûr qu'il n'y avait que la légère brillance de quelques bougies; il y avait aussi le sentiment distinct de tissu enflé, avec la peau, contusionnée et tendue, réussissant tout juste à se tendre dessus.

Plus de sortilèges chuchotés, remplissant la région qu'ils visaient d'une sensation vague de plaisir chaud; des picotements légers réparant les os éclatés et les vaisseaux sanguins déchirés, relogeant ce qui avait été écrasé et déboité. Il essaya de prendre une respiration plus profonde et regretta instantanément sa bêtise, car cela le fit tousser-de sous ses paupières à demi fermées il vit l'air alarmé de Narcissa et les éclaboussures rouges sur ses robes bleu azur. Puis il retomba dans la noirceur; pas de flottement cette fois ci, pas de formes changeantes. Seule l'agonie terne qui le pompait au rythme de son battement de coeur, inéluctable.

Quant Severus se réveilla la fois suivante, la lumière était plus supportable pour ses nerfs optiques usés, et il réussit à reconnaître les gens rassemblés autour du lit-oui, il pouvait sentir la texture du linge fin et frais sous ses doigts-sur lequel il reposait. Lucius se tenait là, et Narcissa aussi, et le Directeur, tous trois ayant des expressions tendues et soucieuses.

"Severus?" dit Dumbledore, "Severus, pouvez vous m'entendre?"

S'il avait été capable de rire, il aurait ri de la difficulté absurde qu'il avait à bouger ses paupières. En bas et en haut à nouveau, et déjà il retombait dans l'inconscience, comme après quelque effort physique surhumain. A l'évidence ils n'avaient pas l'intention de le laisser tranquille, paisiblement enveloppé dans le velours noir de l'oubli, car quand il revint de nouveau à lui, il sentit qu'une fiole venait d'être ôtée de ses lèvres.

Dumbledore plana de nouveau dans son champ de vision. "Severus? Vous me reconnaissez?"

Aussi difficile qu'il soit d'imaginer ou d'expliquer comment quelqu'un aurait pu écorcher ses poumons et arracher des morceaux de sa trachée pour remplacer les bouts manquant par des éclats de verre, sa première tentative pour parler lui fit soupçonner que quelqu'un avait fait en effet exactement cela. "Dumb."*** fut tout ce qu'il réussit à dire, et la dernière chose qu'il entendit fut le reniflement moqueur de Lucius. Puis il se retira à nouveau dans le sanctuaire de noirceur et il lui fut permis de rester là- bas.

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"Eh bien, Severus, vous nous avez fait une belle peur," dit Dumbledore, perché sur le bord du lit.

C'était le début d'après-midi maintenant, le 14 novembre, comme on l'avait dit à Severus, et il avait été inconscient pendant plus de douze heures. Maintenant, cependant, il se sentait beaucoup mieux. Un peu plus tôt, Narcissa l'avait nourri de quelques bouchées de riz et de diverses potions, parmi elles une autre dose de la potion Anti Doloris, et tout était resté dans son estomac. Quand il fut évident qu'il avait suffisamment récupéré pour répondre à leurs questions brûlantes, Lucius avait de nouveau appelé le Directeur au Manoir Malfoy, car il était impossible de retransporter Severus à Poudlard pour le moment.

"Directeur," coassa-t-il, "je mentirais si je disais que ceci me soucie beaucoup "

"Bien sûr. Comment vous sentez vous maintenant?"

"Vivant, et en pleine possession de mes facultés mentales "

"Eh bien," dit Dumbledore, "C'est plus que ce à quoi nous nous étions attendus, étant donné l'état dans lequel vous étiez. Comme vous avez eu de la chance en effet d'avoir encore la présence d'esprit de transplaner au Manoir Malfoy. Si vous étiez retourné à Poudlard, nous aurions pu ne pas vous trouver avant quelques heures, et vous seriez probablement mort "

Severus réussit un sourire tordu. "Considérant comment je me sens, cela semble être une possibilité très attrayante"

Les yeux scintillant, le Directeur répondit, "Bien que je sois sûr que vous vous sentez dix fois mieux que vous n'en avez l'air "

"Oh, non!"grogna Severus, "Est ce si terrible?"

"Eh bien," dit Dumbledore, passant un doigt sur le dessus du nez de Severus, le faisant grimacer et gémir, "je suppose que votre nez sera un peu plus tordu. Quant au reste, vous avez simplement besoin de temps pour guérir "

"Du temps. Directeur, nous n'avons pas le temps. leçons à enseigner." Parler devenait de plus en plus difficile.

"Mademoiselle Reynolds a pris le relai pour les première à quatrième année, et je vous remplace pour le reste. Nul besoin de s'inquiéter. L'explication officielle pour votre absence soudaine est que la condition de votre mère s'est détériorée de façon spectaculaire."

A travers les brumes caressantes de l'inconscience, la voix de Dumbledore devint une berceuse lointaine qui le berçait doucement pour qu'il s'endorme.

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"Sev, après un sommeil de beauté si long, tu vas devenir completément irrésistible," dit Lucius, lui faisant un sourire moqueur . "Tu t'es reposé vingt-quatre heures de plus et tu devrais te sentir beaucoup mieux maintenant. Essaye de bouger " Severus lui lança un regard de mutinerie silencieuse. "Ecoute, tu dois bouger. Essaye au moins les doigts. Après la dose de Doloris que tu dois avoir reçue, tes muscles pourraient souffrir de dégats permanents à moins que tu ne leur donne quelque chose à faire bientôt. Bientôt voulant dire immédiatement," ajouta-t-il avec un froncement de sourcils.

"D'accord, d'accord, je vais faire de mon mieux " Severus essaya de fléchir ses doigts. "Ca va?"

Lucius secoua la tête. "Non, pas du tout. Ils bougent à peine " Il resta debout là, fronçant les sourcils et pétrissant son menton. "Je ne suis simplement pas sûr. je suppose qu'un massage pourrait faire effet "...

"Tu pourrais aller chercher Peggy," suggéra Severus, suivant une inspiration soudaine. "Mon elfe," expliqua-t-il, voyant l'air d'incompréhension totale de Lucius. "Elle fait des prodiges quand j'ai mes migraines-je ne serais pas étonné qu'elle puisse m'aider aussi avec ceci "

Lucius hocha la tête, quitta la pièce et, quelques minutes plus tard, revint avec une Peggy terrifiée et serrée fermement sous son bras gauche. Sur son épaule droite, Elias se tenait fièrement, apparemment fasciné par les cheveux courts et blonds du sorcier, qu'il essayait vainement de réarranger. Aussitôt que le corbeau vit son maître, il émit un coassement aigu, prit son envol et atterrit maladroitement sur la couette, où il parada de long en large comme pour s'assurer que Severus était toujours en un seul morceau.

"Maître Severus , Maître Severus!" dit Peggy d'une voix stridente, et Lucius la laissa tomber précipitament par terre.

"Oui, ton maître est ici, tout comme je te l'ai dit, stupide, odieuse petite créature," aboya-t-il, "Maintenant va voir ce que tu peux faire pour decrisper ses muscles "

Peggy hocha la tête et sauta sur le lit avec obéissance -il était évident qu'elle avait très envie de déverser son soulagement et ses inquiétudes à Severus, mais n'osait pas donner libre cours à son envie en présence de Lucius. Quand son maître sourit et lui fit un clin d'oeil, cependant, elle commença silencieusement à travailler. Pendant ce temps, Lucius s'était assis sur une chaise près du lit. Penchant sa tête vers Peggy, il dit, "Elle est liée à toi, n'est-ce pas?" Severus hocha la tête. "Très bien, donc nous pouvons parler en sa présence. J'ai apporté du parchemin et une plume à papote -" il sortit les deux articles de ses poches "-comme cela tu pourras t'épargner l'ennui de répéter l'histoire entière à Dumbledore "

Les yeux de Severus s'élargirent. "Lucius, tu ne t'attends certainement pas à ce que je-"

"Par la barbe sanglante de Merlin, Severus!" explosa Lucius, "Penses-tu vraiment que je transmettrais ceci à quelqu'un d'autre que Dumbledore?"

"Non, mais cela me rend inconfortable! Impossible de prévoir ce qui pourrait arriver à ce morceau de parchemin-s'il tombe dans de mauvaises mains, je suis mort. Ou à Azkaban "

"Cela veut-il dire," ronronna Lucius, "que tu ne fais pas confiance à Dumbledore?"

"Tu ne veux simplement pas comprendre, n'est-ce pas?" dit Severus avec colère. "Je ne veux pas que quoi que ce soit de ceci soit écrit où que ce soit, et c'est tout ce qu'il y a à cela "

"Quelle manière subtile de dire me tu te méfies de moi."

"Je ne me méfie pas-" Severus essaya de se soulever sur son coude droit mais dut rester allongé dans ses oreillers, haletant lourdement. "N'aurais tu pas peur de ta propre ombre si tu étais à ma place?"

"Peut-être," répondit Lucius sèchement et il rangea les objets offensant. "Bien, alors, dis moi ce qui est arrivé "

Il était difficile de ne pas gémir de plaisir quand Peggy appliqua ses compétences de guérison et de stimulation des nerfs à ses muscles endoloris. Mais Severus se reprit et dit, "Pas grand chose. J'ai essayé de le convaincre que répéter toutes les expériences et récrire tout ce que j'avais déjà avant que Dumbledore confisque mes notes était un long processus . Inutile de te dire qu'il n'a pas gobé cela "

"J'avais compris cela," commenta sèchement Lucius. "Et?"

"St. Jean et Tabitha étaient aussi présents, ce qui a rendu toute cette affaire encore plus désagréable, comme tu peux te l'imaginer. Finalement, il était si furieux qu'il a ordonné à notre adorable couple de faire ce qu'ils voulaient de moi "

Lucius hocha lentement la tête. "Ont-ils jeté tous les deux Doloris en même temps sur toi?"

"Oui " Severus frémit au souvenir. "Et ensuite, juste pour mettre la cerise sur le gâteau, il m'a donné des coups de pied avec ces bottes en peau de dragon "

"Ah, ceci explique cela. Nous avions pensé que quelqu'un t'avait donné des coups de couteau, ou de rasoir, mais d'une manière ou d'une autre les coupures étaient trop propres et trop profondes. Combien de temps as tu dû endurer le sortilège, au fait?"

Severus renifla. "Je suis véritablement désolé, Lucius, mais je n'ai pas regardé ma montre. Terriblement négligent de ma part, je sais-"

"Arrête ça, l'âne savant. Je pensais simplement. tu sais, j'essaie de me maintenir en comptant les secondes, et alors j'ai pensé."

"Oh, je vois. Je récite des recettes de potions. A chacun sa méthode " Lucius lui fit un sourire de travers. "Maintenant écoute, Lucius. J'ai survécu une fois à ceci. Peut-être que je survivrai même une seconde fois- le problème est que je ne veux simplement plus l'endurer "

"Eh bien, je ne t'en blâmerai certainement pas. Et la potion, alors?"

"J'ai pensé à ceci. Le point principal de toute cette affaire est que, tôt ou tard, je dois finir la formule. Il ne croira ni n'acceptera jamais que j'échoue "

Lucius hocha la tête de consentement. "Oui, je suis d'accord avec toi. Il te tuerait de sang froid si tu échouais, et te torturerais jusqu'à la folie si tu essayais de gagner du temps-sans mentionner qu'il s'apercevra probablement de cela, tôt ou tard. Alors, quelle est la solution?"

"Eh bien. ah, oui, Peggy, tu fais des miracles," dit-il à l'elfe, qui lui fit un sourire heureux. "Regarde, Lucius, je peux déjà bouger ma main gauche "

"Impressionnant, Rogue," grogna Lucius. "La solution, s'il te plaît "

Severus poussa un profond soupir. "Je n'irais pas jusqu'à appeler cela une solution. Mais je pensais cela: je vais finaliser la formule pour le 13 décembre "

Lucius le dévisagea. "Si tôt! Peux-tu faire cela?"

"Bien sûr que oui. C'est presque fini. Ce n'est pas la partie difficile, cependant. La question est, comment l'empêchons nous de vous saigner à mort toi ou Owen, pour absorber vos pouvoirs magiques? Et je pense que je pourrais avoir trouvé une réponse à cette question "

"Et tu clames toujours que c'est moi qui essaye de rendre les choses aussi dramatiques que possible," dit Lucius d'une voix trainante. "Tu en fait un travail très impressionnant aussi "

"Je sais," dit Severus, souriant. "Eh bien, j'ai lu un peu et j'ai découvert qu'il y a, en effet, un sortilège pour mesurer le pouvoir magique. J'ai trouvé un indice dans Une Histoire de Poudlard; c'est un des sortilèges les Fondateurs ont jeté sur le Choixpeau. Le reste est dans un traité médiéval obscur sur-"

"Je vois," l'interrompit Lucius, ses yeux se rétrécissant. "Et comment est- ce censé aider, je t'en prie? Il pourra identifier ses victimes plus facilement, si tu lui dis cela "

"Oh, je pense qu'il le sait déjà. Mais ce n'est pas le sujet. Dis moi: la pratique de distribuer du Falsitaserum avant les attaques n'a pas changé, n'est-ce pas?" Lucius secoua la tête. "Bon. Dans ce cas, toi et Owen pouvez glisser des potions d'augmentation de pouvoir à quelques personnes bien choisies. Je fournirai des potions de réduction de pouvoir à effets à court terme pour nous trois. Cela devrait faire l'affaire "

La bouche de Lucius tomba. "Sev, c'est vraiment brillant. Il y a un défaut majeur, cependant: une fois qu'il aura épuisé toutes ses victimes, il aura besoin de les remplacer, à la fois donneurs et Mangemorts "

"Bien sûr. Mais il y a un paquet très prometteur de septième année, qui brûlent d'être initiés aussi tôt que possible. Et, bien sûr, j'ajouterai un petit quelque chose à la potion-celle de Voldemort, je veux dire-pour causer de vilains effets secondaires, pour qu'il ne puisse pas l'utiliser trop souvent. Pas plus qu'une fois toutes les six semaines ou tous les deux mois "

"Mmmh." Lucius étudiait ses doigts. "Et que vas-tu dire à Dumbledore?"

"Une version très élaguée de la vérité, bien sûr. En plus, les Bons Gars n'auront rien de quoi se plaindre-ils feront face à des ennemis plus jeunes et moins entraînés. Nous leur rendons un service, à bien y penser. Toi et Owen, vous devrez être extrêmement prudent, bien sûr, après avoir pris la potion d'affaiblissement. Mais je suppose que cela en vaut la peine "

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Severus avait mis quatre jours à récupérer, et il revint à Poudlard le samedi suivant, toujours assez faible mais au moins sans signes visibles de l'épreuve qu'il avait traversée. Après le dîner, le Directeur lui demanda de venir à son bureau, où Severus raconta les événements du treize.

"Vous avez raison," dit Dumbledore quand il eut fini, "Nous ne pouvons pas risquer votre vie et votre santé mentale simplement pour gagner du temps. Au moins nous savons que Voldemort utilisera la potion et augmentera sa puissance. Nous devrons nous contenter d'être avertis. Je suppose que M. Malfoy et M. McNair ont été informés?"

"Oui. Ils connaissent les risques "

Dumbledore se leva de sa chaise et se dirigea vers le perchoir de Fumseck. Caresser le plumage rouge chaud semblait avoir un effet calmant sur lui, comme Severus l'avait déjà remarqué -alors le Directeur était fâché. Son expression, quand il se tourna vers Severus, confirma ce soupçon. "Cette situation," dit-il, se rasseyant, "exige que je prenne une décision. Nous pourrions avoir presque deux ans à notre disposition, mais quelque chose doit être fait, ou nous nous trouverons les mains vides quand Voldemort tentera son coup final. S'il réussit à tuer un ou plusieurs enfants pour utiliser leur sang dans la potion, nous sommes comme morts. Rien ne pourra plus lui résister alors "

"Je suis d'accord. Mais avez-vous des idées quant à la stratégie que vous pourriez employer?"

"Pour être absolument honnête, non." Distraitement, Dumbledore déballa une Chocogrenouille et en prit une bouchée. "Simplement parce que nous n'avons pas beaucoup d'options. Le Ministère est completément paralysé, à cause du système de rotation-dans des temps comme maintenant, nous avons besoin d'une figure dirigeante forte et charismatique. Après ce désastre avec Windham."

"Oui," remarqua Severus avec désinvolture, "ce n'était en effet pas de chance. Vous auriez probablement été la figure dirigeante dont nous avons besoin, mais avec les calomnies que vous ont lancé les journaux."

"Merci pour le compliment, Severus. Surtout que vous avez probablement participé à ce stratagème "

"Bien sûr. A cette époque, je n'avais aucune idée de comment les choses allaient tourner. Cependant, la situation est comme elle est, et nous ne pouvons pas la changer. Et, comme vous l'avez dit, nous avons peu d'options. Comme je vois cela, vous pouvez soit essayer de rassembler autant de partisans que vous le pourrez et risquer une grande bataille peu avant Halloween 1981, soit vous pouvez tenter de provoquer une escalade maintenant "

"C'est exactement ce que je pensais. Bien sûr, si Voldemort a la potion et commence à décimer ses propres rangs, ce pourrait être un bon moment pour frapper. A-t-il l'intention d'initier de nouveaux membres bientôt?"

"Autant que je le sache, non. Mais je dirai à Lucius et Owen de garder un ?il ouvert. Cependant, que pensez-vous pouvoir gagner en tentant votre chance maintenant? Et comment le feriez vous exactement? Vous devriez attaquer les Mangemorts directement, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Cela causerait un tumulte public-après tout, vous n'avez pas de compétence légale pour attaquer. Sans mentionner que, si vous n'avez vraiment pas de chance, vous pourriez perdre vos meilleurs alliés, parce qu'ils finiraient à Azkaban "

"Je sais!" répondit brusquement Dumbledore. "Mais nous devons agir au lieu de simplement réagir, ne comprenez vous pas? Pas que je n'apprécie pas les informations que vous fournissez. Il est très important d'évacuer les personnes ciblées et ainsi diminuer un peu l'effet de ces assauts. Mais c'est aussi un fait que beaucoup de membres de mon groupe veulent affronter l'ennemi-je ne pourrai pas les contrôler indéfiniment. C'est pourquoi je pense qu'il pourrait être mieux de les laisser se battre. Un coup soigneusement planifié et efficace pourrait faire des prodiges pour leur moral "

Severus examina le Directeur pensivement. D'une certaine façon, le vieil homme avait raison. Il savait d'expérience personnelle qu'il était difficile de maintenir le contrôle à moins de donner aux gens quelque chose à faire, si possible quelque chose avec un but. Pendant l'absence de Voldemort l'été dernier, une partie des Mangemorts les plus tête-brûlées étaient devenus presque incontrôlables, à cause du manque d'action. Bien qu'il ne soit certainement pas sympathisant du groupe de Dumbledore, il était parfaitement capable de comprendre la rage et le potentiel agressif qu'ils avaient probablement accumulés au cours des années. Pour éviter une catastrophe majeure, quelque gaffe inconsidérée dans laquelle les Mangemorts prendraient sans aucun doute le dessus, il était préférable de lâcher les chiens une fois. Il devait y avoir un moyen. "Directeur," dit-il soudain, après une pause interminable, "je pense qu'il pourrait y avoir une solution au problème qui satisfasse les deux côtés " Surtout lui, mais c'était quelque chose que Dumbledore n'avait pas besoin de savoir.

"Je serais content de l'entendre, alors," dit le vieux sorcier, se penchant en avant et le regardant avec attente.

"Bien sûr " Severus se racla la gorge. "Il y a certain. éléments dans nos. dans les rangs de Voldemort qui pourraient devenir un danger pour Lucius, Owen et moi. Vous savez le genre-ils sont trop zélés et trop impatients de faire leurs preuves "

"Oui," dit le Directeur, "je pense que je sais à quoi vous faites référence "

"Votre groupe pourrait attaquer un de ceux-là. Je devrai méditer la question avec Lucius et Owen, bien sûr, mais je pense qu'ils pourraient consentir. D'autant plus qu'il y a quelque chose à gagner pour nous aussi. Quand votre groupe exécutera l'assaut, j'attendrai dans le voisinage proche qu'ils partent et je lancerai alors la Marque Sombre. Bien sûr, je ne peux faire cela qu'à condition que vos hommes ensorcèlent pour tuer-si n'importe qui succombe à la bonté innée de Gryffondor ou à la douceur de Poufsouffle et épargne les vies des victimes, nous aurons plus d'ennuis que nous ne pouvons même l'imaginer. Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir des témoins survivants"

"Je vois." Dumbledore lui lança un regard long et scrutatif. "Cela serait, bien sûr, d'une grande aide. Sans mentionner que nous ferions d'une pierre plus que deux coups. Le moral des troupes renouvelé, un joker potentiellement dangereux éliminé, et Voldemort confus "

"En effet. Mais j'insiste pour être informé de toutes les étapes de votre plan d'action. Vous comprendrez que Lucius et Owen ont besoin d'alibis en béton, fournis par une tièrce personne qui ne soupçonne rien . Lestrange peut se faire du soucis pour lui-même-je ne pourrais pas moins m'en soucier"

"Ce n'est que trop compréhensible. Et vous?"

Severus lui fit un sourire moqueur. "Il ne vous aura pas échappé que je suis un espèce de reclus, Directeur. L'opération ne prendra pas beaucoup de temps, et personne ne remarquera mon absence "

"Très bien, alors," dit Dumbledore, se caressant la barbe, "je discuterai de cette possibilité avec le groupe et je vous informerai du résultat "

La conversation s'était achevée, car il n'y avait rien d'autre à dire pour le moment. Severus prit congé et retourna à ses quartiers. Il était sûr que Lucius et Owen sauteraient tous les deux sur l'occasion pour faire éliminer Orel Beckinsale, Mangemort et medisorcier à Ste Mangouste. Cette homme avait été une épine dans leur pied depuis bien trop longtemps, surtout en mettant en péril leur autorité et leurs ordres. Il avait été puni en conséquence, mais cela semblait seulement avoir augmenté son esprit récalcitrant. La Marque Sombre planant sur la scène de crime serait suffisante pour dissuader son fils Anthony, le presque préfet de Gryffondor, de se joindre aux rangs de Voldemort. Et peut-être qu'Alastor Maugrey allait participer à l'assaut. quelle vengeance charmante, car la femme de Beckinsale était la soeur d'Alastor Maugrey. Ensorceler pour tuer, en effet.

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"Professeur Rogue?"

Severus leva la tête du tas de devoirs qu'il corrigeait au bureau de son bureau. "Bonsoir, Baron. Les Serpentards font-ils des ennuis?"

"Pas ce soir, non. Ils semblent tous être occupés à faire leurs valises. Je crois que vous pourriez vouloir passer voir Mademoiselle Reynolds, cependant "

Avec un soupir, Severus posa sa plume d'oie et se leva. "Quel est le problème avec cette idiote?"

"Il semble qu'elle se soit disputée avec Professeur Black"

"Super," dit Severus acidement, "C'est exactement ce dont nous avons besoin. Une Mathilda malade d'amour. Etes-vous sûr que je sois la bonne personne pour m'occuper d'elle?"

"Oui," répondit calmement le fantôme, "C'est à dire si vous amenez un antidote de base "

"Etes-vous en train de dire." Severus regarda le Baron puis hocha la tête pour lui même. "Bien sûr que c'est ce que vous êtes en train de dire. Un antidote de base, avez vous dit?" Il s'avançait déjà à grands pas vers la salle de classe de Potions, dans un coin duquel il y avait un placard rempli de médicaments de premiers secours. "Qu'a-t-elle pris, alors?"

"Une large overdose de potion de Sommeil sans rêves," répondit le Baron qui l'avait suivi en flottant.

"Dans ce cas-" Severus fouilla les étagères "-je devrais aussi amener de la pimentine. Est-elle dans ses appartements?" Le spectre hocha la tête, et Severus se dépêcha de sortir de la salle et s'élança dans le couloir.

Il aurait dû le voir venir, pensa-t-il. Après avoir entendu par hasard cette conversation à moitié chuchotée le soir d'Halloween, il avait surveillé Mathilda d'un peu plus près; il n'avait pas été difficile de trouver un prétexte pour l'observer-après tout, elle était son assistante, et il lui avait dit à diverses occasions qu'il estimait ses méthodes d'enseignement trop clémentes. Donc, ils avaient passé deux, parfois trois soirs par semaine à discuter des devoirs de ses élèves. Il lui avait donné des informations sur ceux qui, selon lui, pourraient avoir besoin d'une main plus ferme, et l'avait entraînée à corriger des devoirs. De temps en temps, il avait glissé une question inoffensive et avait très soigneusement observé ses réactions. Le résultat de ces observations presque scientifiques avait été que la fille n'était nullement heureuse, et qu'elle avait sans aucun doute possible mauvaise conscience. Mathilda ne pouvait jamais vraiment le regarder dans les yeux; quand leurs regards se rencontraient, le sien bondissait littéralement sur quelque objet autour d'eux, plus cet objet était loin mieux c'était. Bien sûr qu'elle se sentait coupable-elle avait observé l'inimité croissante entre Gryffondors et Serpentards, si elle n'y avait pas participé , lors de leurs sept années à Poudlard. Et, assez souvent, elle avait été présente quand l'hostilité traînante avait mené à des actions plus concrètes.

Mais Severus était un juge très expert de la nature humaine et des personnes. Etre en haut de la hiérarchie de Serpenard, où sa relation proche avec Lucius l'avait placé depuis le début de sa quatrième année, signifiait que l'évaluation exacte des gestes et des réactions minuscules était presque une technique de survie. Et ainsi il savait intuitivement que cette culpabilité était seulement une des raisons qui rendaient Mathilda mal à l'aise et qui faisaient que ses yeux fuyaient les siens. Cette fille était clairement mécontente de sa liaison avec Black-pourquoi ? Il ne se donna pas même la peine d'y penser. Il était assez sûr, cependant, et cette certitude le faisait bouillir de fureur, de ce qui pouvait avoir été la dernière goutte pour qu'elle prenne une mesure si désespérée.

Parce que, tout comme il l'avait proposé à Dumbledore, il avait été un témoin invisible mais pas aveugle l'autre nuit, quand un groupe de quatre sorciers choisis par le Directeur avait attaqué avec succès la maison d'Orel Beckinsale. L'assaut avait été synchronisé avec une réception d'avant-Noël au Ministère de la Magie, où Lucius et Owen avaient paru plus de deux heures, si bien que plus de trois cent personnes pouvaient témoigner de leur présence continue sur les lieux. Dumbledore avait ostensiblement demandé à Severus de venir à son bureau après le dîner pour une ou deux parties d'échecs, si bien que personne ne pourrait questionner son absence de ses propres quartiers. Il était allé au Manoir Malfoy via leur connexion de Cheminette, et avait Transplané jusqu'à la maison de Beckinsale directement depuis le bureau de Lucius.

Ce qu'il avait vu pendant les quinze minutes environ qu'avait duré l'assaut l'avait convaincu une fois de plus que le fait que quelqu'un devienne Mangemort ou Auror avait peu de choses à voir avec un goût inné pour la cruauté et la violence. C'était simplement une question de qui vous faisait signe de le suivre au point où le chemin de votre vie cessait d'être une seule piste et se divisait en plusieurs branches. Severus avait toujours instinctivement détesté Black. D'autre part, il avait été aussi assez sûr que cet homme était un livre ouvert pour lui. Et pas un livre très intéressant à cela. Une certaine trace de violence impulsive faisait partie du caractère du Gryffondor, et Severus en avait parfaitement été conscient; autant qu'il savait que le sadisme brutal faisait partie du caractère d'Owen. C'était des faits et il fallait en tenir compte-Severus n'était pas certainement pas celui qui mettrait une étiquette 'bon' ou 'mauvais' sur les gens pour ce qu'ils étaient. Ce qui l'avait étonné, cependant, même au point de révulsion, était la cruauté soigneusement planifiée et mesurée, mais toujours brute et élémentaire, dont Black était capable.

Parmi les Mangemorts, c'était bien sûr une habitude courante que d'obliger des membres de la famille à regarder leurs parents, leurs enfants ou autre être torturés. D'habitude, cela servait à leur extorquer des informations, et dans la plupart des cas, cela marchait à la perfection. C'était une méthode, un moyen pour atteindre un but. Ce qui n'excluait certainement pas que des animaux comme Owen apprécient franchement cela. Mais Black. Le croisé volontaire pour la Cause de la Lumière, le Chevalier glorieux du Côté du Bien et de la Justice. Severus avait presque eu la nausée à le voir torturer Beckinsale à mort-n'utilisant même pas Doloris, oh non, il avait lancé Mutilospasmus sur cet homme, le faisant crier d'agonie et vomir ses boyaux avant que ce ne soit finalement terminé. Et tout ce temps, la femme et la fille de Beckinsale avaient été présentes, sous maléfice du saucisson, regardant sa fin atroce. Les trois compagnons de Black avaient apparemment essayé de l'arrêter à quelque point, mais il s'était retourné contre eux avec une telle lueur sauvage dans les yeux qu'ils avaient reculé et l'avaient laissé à sa frénésie de sang et de vengeance. Puis il avait libéré la femme du sortilège et l'avait battue-oui, il n'y avait pas d'autre mot pour cela, battue jusqu'à ce qu'elle soit une pulpe sanglante, jusqu'à ce que l'un des autres jette un Avada Kedavra miséricordieux. Tandis que Black était encore occupé avec la femme, un autre de ses compagnons avait rapidement tué la fille. Après avoir accompli ce vaillant exploit, ils avaient littéralement dû entraîner Black pour l'éloigner de ses victimes. Encore stupéfié, Severus avait attendu qu'ils aient transplané, avait lancé la Marque Sombre et était rentré à Poudlard de la même façon qu'il en était parti.

Et il soupçonnait fortement que Mathilda ait été soumise aux répercusions que ces excès avaient eu sur Black.

Bien sûr, cette fille stupide avait protégé sa porte, et Severus jura silencieusement tout en frayant son chemin à travers les sortilèges de protection. Finalement, la porte s'ouvrit, et il traversa rapidement le petit salon pour aller à sa chambre à coucher. Sa première réaction, quand il entra dans la pièce, fut de couvrir son visage de sa manche gauche. Quand il eut réussi à faire redessendre la bile qui s'élevait dans sa gorge, il abaissa son bras et se tourna vers le Baron Sanglant, qui avait flotté à l'intérieur derrière lui. "Tout comme je pensais," dit-il sinistrement, "L'overdose contient tant de pavot que, dans la plupart des cas, cela provoque de violentes nausées"

Il se rapprocha du lit et posa soigneusement sur la table de nuit les deux fioles contenant l'antidote et la pimentine. "Elle a eu de la chance, cependant," expliqua-t-il au fantôme qui planait au-dessus de la silhouette immobile de Mathilda et la regardait avec un intérêt clinique. "La nausée doit l'avoir frappée quand elle était encore à moitié consciente, et donc elle instinctivement tourné la tête. Si elle était venue plus tard, le vomi l'aurait étouffée" Il vit le fantôme hocher la tête et continua, "vous pourriez vouloir détourner les yeux, Baron, ceci ne va pas être appétissant "

Le Baron émit un rire spectral . "Croyez-moi, Professeur, j'ai vu pire que cela. Bien pire. Si cela ne vous dérange pas, je préférerais regarder, car c'est assez intéressant "

Severus haussa les épaules et se pencha sur le lit pour déplacer le corps. La tête de Mathilda reposait dans une mare de vomi, elle était pâle comme un spectre et ne respirait presque plus. "Non," dit-il, plus pour lui-même que pour le Baron, "Non, ceci n'ira pas du tout " Il tira sa baguette et la fit leviter, soutenant sa tête par une mêche de cheveux propres. Quand il l'eut dirigée assez près de lui pour l'atteindre confortablement, il posa sa baguette sur le dessus de lit et, grimaçant de dégoût, utilisa son index droit pour rapidement nettoyer sa bouche. Reprenant sa baguette, il la reposa sur une partie du lit qui n'avait pas été contaminée. Après avoir appelé les deux fioles, il réfléchit brièvement, puis retira premièrement le bouchon de celle qui contenait la pimentine "Je pense qu'il est mieux de stabiliser sa circulation en premier," expliqua-t-il, et le Baron hocha la tête.

L'effet de la préparation fut immediat-les joues de Mathilda rosirent, et sa respiration se fit plus forte. "Exactement," marmonna Severus, il déboucha la deuxième fiole et en versa soigneusement le contenu dans sa bouche. Il fallut quelque temps, mais finalement elle avala tout. "Baron," dit Severus, "Pourriez vous me rendre un grand service?" Le fantôme hocha la tête et éleva ses sourcils. "Pourriez vous s'il vous plaît trouver mon Elfe de Maison, Peggy? Je n'ai pas encore décidé quoi de faire de ceci-" un mouvement de tête désignant Mathilda et le désordre général "-et je ne veux donc pas que les rumeurs s'étendent dans toute l'école "

"La discrétion est toujours le meilleur choix," acquiesça le Baron et il disparut.

Sans quitter la fille des yeux, Severus ôta ses robes et, après une courte hésitation courte, les lança simplement dans la cheminée et les incinera. Mieux valait prévenir, que de voir les Elfes de Maison poser des questions ennuyeuses. Puis il lança un sortilège de nettoyage rapide sur ses mains.

Les paupières de Mathilda s'ouvrirent en papillonnant. "Severus?" dit-elle, à peine capable d'articuler.

"Oui c'est moi. Que diable pensais tu?"

Et immédiatement les larmes commencèrent à couler. "Je suis si malheureuse! Pourquoi ne m'as-tu simplement pas laissé-"

"Parce que Dumbledore m'aurait arraché la tête, voila pourquoi," répondit- il sèchement. "En plus, Black ne vaut pas la vie d'un Serpentard, tu devrais garder cela à l'esprit, ma chère "

Elle le regarda avec une horreur totale. "Tu. tu sais?"

"Bien sûr que je sais. Qu'est ce que ce rustre t'a fait?"

"Il." Elle essaya de s'asseoir mais était encore trop faible. Severus étendit la main sous le dessus de lit, retira un oreiller et le fourra sous sa tête. "Merci," dit-elle, essayant un faible sourire. "Il était. je ne sais pas. il était absolument hors de lui. Il m'a dit." Elle commença à sangloter.

Comme Peggy apparut exactement à ce moment là, Severus décida de laisser la fille pleurer tout son soûl pendant que l'elfe changeait rapidement les draps et mettait une couverture propre sur le lit. "Oh, et Peggy," dit-il, après que tout ait été remis dans un état de propreté virginale, "s'il te plaît apporte un pot de café fort et une infusion d'ortie. Nous avons besoin de la réveiller completément et de purger son système des résidus de cette maudite potion"

Peggy hocha la tête et disparut, et Severus s'assit sur le bord du lit. "Mathilda, tu dois me le dire. Je ne peux pas te promettre de ne pas informer le Directeur, cependant. Si possible, je garderai cela secret. Mais à moins que tu ne me raconte je vais voir Dumbledore tout de suite "

A l'évidence, ceci avait été la bonne tactique, parce que Mathilda commença immédiatement à parler. "Sirius. il était totalement différent, comme sous un sortilège. Je ne sais pas ce qui lui était arrivé. Ses yeux étaient. oh, ils étaient terribles. Le regard d'un animal dos au mur. Severus, c'était si horrible!"

"Oui," dit-il, essayant de sembler plus patient qu'il ne l'était, "mais que t'a-t-il dit ou fait?"

"Il ne m'a pas laissé l'approcher. Quand. quand j'ai demandé ce qui n'allait pas, il a simplement. il a simplement dit que c'était fini, qu'il ne pouvait plus être avec moi."

Les sanglots devenaient plus fort, et Severus maudit l'impossibilité de simplement administrer une potion calmante. Quand Peggy apporta le café et le thé à base de plantes demandés, il décida de commencer par ce dernier. Elle le but avec obéissance, et continua, "je lui ai demandé ce qui n'allait pas, ce que j'avais fait, mais. je veux dire, il m'a simplement repoussée, si durement que je suis tombée, et il a crié quelque chose au sujet de sales Serpentards, et du fait d'être sale lui-même. je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire, vraiment."

"Bien sûr que non,"dit Severus sinistrement, se levant du lit. "Écoute, Mathilda, je vais laisser Peggy ici avec toi. J'ai encore du travail à faire, et je ne peux pas faire grand chose maintenant pour t'aider. Si tu as besoin de moi, envoie Peggy, d'accord?"

Elle hocha la tête et tendit sa main pour prendre la sienne. Il serra brièvement ses doigts et se tourna pour partir.

"Severus?"

Il s'arrêta et regarda derrière lui. "Oui?"

"Tu ne le diras pas à Dumbledore. s'il te plaît?"

"Non," dit-il, "je ne pense pas que ce sera nécessaire "

De retour dans ses appartements, il alla directement dans son laboratoire et, d'un des placards, sortit une Pensine. Il l'avait acquise il y a quelque temps, plus parce que c'était un objet d'art admirablement fait qu'avec l'intention de l'utiliser. Maintenant cependant, elle était très pratique. Il la posa sur l'établi, appela une chaise et s'assit. Elias, qui l'avait suivi en haut, s'assit tout près et regarda avec un intérêt apparent les quelques brins vaporeux de mémoire aller dans la bassine où ils s'accumulèrent en liquide argenté.

"Tu vois," dit Severus au corbeau après avoir fini le processus d'extraction, "ceci pourrait s'avérer très utile un jour"

Avec ces mots, il rangea la Pensine dans son placard, qu'il verrouilla et protégea alors de sortilèges.

ßßßß*ßßßß

Enfin, les élèves étaient partis-sauf les quelques uns, bien sûr, qui restaient à Poudlard pendant les vacances de Noël. Mathilda s'était montrée au petit déjeuner, affrontant courageusement le bruit et la gaieté de la Grande Salle, qui étaient toujours à un niveau insupportable le jour où les enfants étaient sur le point de monter dans le Poudlard Express. Elle avait pris sa place coutumière à côté de Alyma Pince, l'assistante bibliothécaire, et les occasionnels coups d'?il que Severus lançait vers les deux femmes l'assuraient que Mathilda parlait, ce qu'il prit comme un bon signe. Dumbledore essayait d'être son joyeux soi habituel mais n'y réussissait pas tout à fait. Peut-être, pensa Severus, que ceci n'était visible que pour lui, car il savait que le Directeur, bien que la décision d'exécuter l'assaut ait été nécessaire et entièrement justifiée par la situation, n'était pas assez faible pour se débarasser de ses sentiments de culpabilité. Ils n'avaient pas encore parlé de l'opération, mais Lucius avait confirmé l'autre jour, en parlant à Severus par Cheminette, qu'il avait eu l'effet désiré: Lord Voldemort était furieux et avait même semblé un peu incertain. Exactement ce qu'ils avaient voulu.

Severus avait transmis à son Maître une copie de la formule de la Potion Liberatio -Voldemort lui-même avait proposé le nom, car elle libérait les donneurs de leurs pouvoirs magiques-le 13 décembre, mais n'avait pas encore été appelé pour la mettre en pratique. Après le désastre d'il y a deux jours, cependant, Severus s'attendait à être appelé à n'importe quel instant. L'incertitude que l'attaque de Beckinsale avait provoqué ferait à coup sûr désirer au Seigneur des Ténèbres une augmentation de ses propres pouvoirs. Il était, bien sûr, possible que Voldemort confie la préparation à Lestrange, considérant qu'il était maintenant en possession de la formule, mais Severus en doutait d'une manière ou d'une autre. D'une certaine façon, il attendait même cet événement avec impatience. Après tout, il avait investi des quantités considérables de temps, de pensée et d'énergie pour créer la recette, et il était absolument sûr que cela allait marcher. Il s'avoua qu'il voulait savourer ce triomphe scientifique personnellement, d'autant plus que Lucius et Owen avaient pris les précautions nécessaires et glissé des potions fortifiantes à quelques uns de leurs camarades Mangemorts tout en prenant des doses de potions affaiblissantes eux-mêmes. Ils avaient tous les deux encore assez de pouvoir pour se protéger si nécessaire, mais, comme Lucius l'avait dit, les sortilèges consommant le plus d'énergie étaient devenus absolument épuisants.

Suivant tranquillement cette suite de pensées, Severus regarda les élèves sortir au compte goutte de la Grande Salle, espérant qu'ils puissent ne jamais revenir. Il détestait véritablement l'enseignement, comme cela était diamétralement opposé à sa nature qui cherchait l'intimité plus que toute autre chose. Etre constamment exposé aux discours et comportements adolescents prenait un lourd tribu sur ses nerfs, et la plupart du temps il évacuait sa frustration directement sur ceux qui la causaient. Bien sûr, il était entièrement conscient qu'il était dans un cercle vicieux- plus il les tourmentait, plus ils devenaient maladroits, ce qui le menait à des niveaux supérieurs de frustration.

"Severus, tu sembles absolument meurtrier," dit Amanda Bibine, abandonnant sa chaise et s'asseyant à côté de lui. "Tu devrais être content, ils partent "

Il lui lança simplement un regard noir. "Ce n'est qu'un court soulagement," grogna-t-il, "Ils seront de retour avant même que j'aie commencé à récupérer "

A cela, elle rit. "Je vois. Tu as certainement un boulot plus dur que moi- les leçons de vol sont bien plus faciles à contrôler. A moins qu'ils ne tombent de leurs balais, bien sûr," ajouta-t-elle.

"Ils pourraient pleuvoir en masses que je m'en ficherait," répondit-il, se resservant de café.

Elle attendit qu'il lui passe la cafetière, puis demanda, "Resteras-tu ici pendant toutes les vacances ?"

"Mmmh." Il hocha la tête sans la regarder. "On m'a accordé un congé le lendemain de Noël, pour dîner avec les Malfoys, mais autrement je reste, oui. Pourquoi poses-tu la question?"

"Oh, rien. Seulement parce que je reste aussi. Intéressant, n'est-ce pas?"

Il était sur le point de donner une réponse cinglante, quand soudain il sentit Voldemort l'appeler. "Excuse moi," marmonna-t-il, se levant hâtivement, "je dois attraper les Préfets avant qu'ils ne partent. oublié de leur dire."

Ignorant son regard étonné, il s'avança à grands pas vers la porte. Il était l'heure. La Potion Liberatio allait être testée.

***Dumb veut dire idiot, stupide.