CHAPITRE 36

Les élèves de Severus avaient passé un examen écrit avant les vacances, pour qu'il puisse jauger leurs compétences et leurs connaissances de manière plus fiable que par de simples observations pendant les leçons et devoirs. A part corriger leurs compositions et faire des annotations détaillées sur leurs forces et leurs faiblesses, il n'avait pas grand chose à faire pendant le reste des vacances. Madame Pomfresh lui avait demandé quelques potions pour refournir ses réserves, mais celles-ci avaient été rapidement finies. Ce dont il était très reconnaisant, parce qu'il avait vraiment besoin de repos et de calme. Avec la tension et la pression constantes pendant le trimestre d'automne, il avait été plus ou moins ignorant de vraiment combien il était épuisé. Il ne réalisa qu'il avait presque épuisé ses réserves que quand il y eut finalement une possibilité de respirer librement et de penser à autre chose que des choses strictement liées à l'école- ou à Voldemort.

La plupart du personnel était partie pour les vacances de Noël, et il ne restait que peu d'élèves. Ainsi, Severus trouva beaucoup plus facile d'apprécier les repas dans la Grande Salle, bien qu'il préfère petit déjeuner dans ses propres appartements. Pas une personne sociable par nature, il était encore moins sociable le matin et il savourait ces heures tôt le matin qu'il pouvait maintenant passer tout seul, avec Elias pour toute compagnie. Occasionnellement le Baron Sanglant faisait une apparition, mais le fantôme ne pourrait pas vraiment être décrit comme bavard; ses visites matinales étaient surtout passées en une calme contemplation, avec quelques mots d'échangés de temps en temps.

Un des avantages de ces vacances était, bien sûr, que Black avait quitté le château, pour passer quelque bon temps avec ses bien-aimés Potters. Severus ne pouvait jamais s'empêcher de sourire quand il pensait au traitement que Black allait en toute probabilité recevoir de Lily Potter, au cas où il essayerait ses attitudes typiquement machos de Gryffondor avec elle. Avec seuls McGonagall, qui semblait beaucoup plus calme et moins antagonique maintenant que son petit chien était parti, Dumbledore, Amanda Bibine et Cassandra Coleridge alentour-M. Phorme, le bibliothécaire, ne prenait jamais de repas avec les autres, probablement parce qu'il se nourissait de poussière et d'encre, soupçonnait Severus-les repas pouvaient être presque considérés comme agréables, et Severus se sentait très à son aise. D'autant plus qu'il n'avait pas été appelé par Lord Voldemort depuis plus d'une semaine. Dans l'atmosphère calme de l'école presque déserte, il était facile de condamner toute pensée d'une réalité dont il était très conscient de l'existence, mais qu'il préférait négliger pour le moment. Considérant que, avec Lucius et Narcissa, ils avaient forgé un plan pour sauver l'enfant pas encore né, Severus n'avait pas grand chose de quoi se soucier, s'il réussissait à prétendre que le ici-et-maintenant était tout ce qui comptait, du moins pour le moment. Carpe diem, en effet.

Il savait, cependant, que tôt ou tard il aurait besoin d'une autre discussion avec Dumbledore, et quand il se réveilla la veille du Nouvel An, il décida que ce serait préférable de beaucoup si c'était lui qui la déclanchait. Il termina donc sa toilette du matin, mangea son petit déjeuner, qu'il partagea avec Elias-le corbeau avait développé un goût pour des petites bouchées de pain grillé alternées avec des morceaux d'oeuf brouillé- puis il alla à la cheminée pour appeler le Directeur. Ils n'avaient pas parlé en privé depuis la visite de Nathalie, si bien qu'il y avait quelques petites choses dont Severus devait l'informer-la grossesse de Malfoy n'étant pas la moindre-en dehors de fournir les informations que Dumbledore lui avait demandées.

"Directeur?" appela-t-il dans les flammes vertes, et, seulement quelques secondes plus tard, la tête du vieux sorcier apparut sur la grille de l'âtre. Severus lui souhaita le bonjour et dit, "Si vous n'avez rien de mieux faire, voudreriez-vous continuer notre dernière conversation?"

"Je suis très content en effet que vous ayez soulevé ce sujet. Considérant le fait que j'étais entièrement désoeuvré ce matin, vous pourriez venir à mes appartements maintenant, si cela vous va. Bonbons liqueurs, à moins que vous ne préfériez utiliser la Cheminette "

"Non, merci," répondit Severus, "j'ai tendance à l'éviter quand je peux. Je serai avec vous dans environ dix minutes"

"Excellent. Pensez-vous que vous pourriez amener votre corbeau? Fumseck semble se sentir un peu seul, ce qui veut dire qu'il devient tout à fait odieux, comme toujours quand il s'ennuie. Quelque société avienne pourrait alléger son humeur "

"Bien sûr," dit Severus, "je suis sûr qu'Elias sera enchanté "

Il appela un lourd manteau d'hiver-les domaines d'habitation et d'enseignement pouvaient être bien chauffés, mais les couloirs étaient incroyablement pleins de courants d'air, et on ne pouvait jamais absolument exclure la possibilité d'une rencontre mouillée avec Peeves-appela Elias pour lui faire abandonner son petit déjeuner et s'installer sur son épaule, et ils sortirent dans le froid des couloirs de Poudlard.

Comme Severus l'avait présumé, le bureau de Dumbledore était chaud et douillet. Il n'avait pas encore complètement fermé la porte, quand Fumseck émit un trille excité et quitta son perchoir. Elias répondit avec un coassement aigu, et quelque temps, les deux oiseaux exécutèrent quelque genre de danse circulaire en vol au-dessus des deux sorciers, qui firent de leur mieux pour empêcher les parchemins et les plumes d'oie d'être soufflés du bureau. Finalement, le corbeau et phoenix s'installèrent sur le perchoir doré de Fumseck, où ils restèrent, profondément absorbés dans leur conversation semblait-il. Le Directeur dit à Severus de s'asseoir et le rejoignit devant la cheminée, après avoir commandé deux grandes tasses de chocolat chaud à son elfe Kitty.

Quand tout deux eurent leurs tasses en main, inhalant l'odeur délicieuse, Dumbledore dit, "J'aimerais encore vous remercier d'avoir pris l'initiative, Severus. Laissez moi vous répéter que vous devez seulement dévoiler ce que vous vous sentez capable de me dire"

"J'apprécie cela, le Directeur. Comme je vous l'ai dit la dernière fois, je ne peux pas révéler de nom. Dans quelques cas, je devrai me limiter à de simples indications. Mais d'abord, j'aimerais vous donner quelques nouvelles. Quelle partie voulez-vous entendre en premier? La bonne ou la mauvaise?"

"Des nouvelles?" répéta Dumbledore, "je suis étonné qu'il y ait une bonne partie, vraiment. Dans ces temps, des nouvelles signifient automatiquement de mauvaises nouvelles " Il sourit à Severus. "Je pense que je veux entendre d'abord la mauvaise partie "

"Narcissa Malfoy est enceinte, et l'enfant est prévu pour fin juillet "

La tasse de Dumbledore tremblait légèrement. "Malfoy! Lui entre tous aurait dû savoir-"

"En effet," l'interrompit Severus. "Exactement ce que je lui ai dit. Au moins il a eu la décence de paraître suffisamment puni. Nous avons trouvé une solution, cependant " Et il parla à Dumbledore de leur plan.

Après qu'il eut fini, le Directeur remua la tête. "C'est un arrangement très risqué, pour ne pas dire plus, mais il pourrait marcher. Je suppose qu'il n'y a aucune chance que Mme Malfoy renonce à cet enfant?"

"Non, absolument pas. Je ne peux pas dire que je l'en blâme-elle a perdu son premier il y a deux ans, et souffert terriblement. Elle est. eh bien, je suppose que vous pourriez dire qu'elle est une innocente au milieu de toute cette folie, et ainsi ne devrait pas être sacrifiée inutilement "

"Oui," acquiesça Dumbledore, "C'est certainement vrai " Il jeta un coup d'oeil au perchoir où Elias soignait actuellement le plumage écarlate de Fumseck et appréciait évidemment cela. "Et l'autre information, alors?"

Severus soupira. C'était la partie qu'il avait redoutée. Il pouvait s'être accoutumé à être un traitre, bien que ce ne soit nullement facile. Les informations que Dumbledore avait reçues jusqu'ici, cependant, n'avaient jamais nui activement à n'importe lequel des partisans de Voldemort. Dans seuls très peu de cas il y avait eu des Aurors qui attendaient les Mangemorts, et ceux-là avaient toujours été menés par ceux en qui Directeur pouvait faire confiance pour ne pas tuer les agresseurs. Une construction fragile, Severus en était parfaitement conscient, mais toujours une construction qui assurait sa paix d'esprit-également fragile-la plupart du temps. Maintenant, cependant, il était sur le point de donner des connaissances, qui, si elles tombaient dans de mauvaises mains, pourraient très bien servir pour se saisir de sympathisants et de partisans. "Directeur," commença-t-il, "avant de vous confier ces informations, j'ai besoin d'être absolument sûr que vous les garderez entièrement pour vous. Il y a des cas où il est facile de conclure de quelle personne je parle, même si je ne vous donne ni noms ni chiffres ni autres détails "

Dumbledore le regarda attentivement. "Comme, par exemple, la Gazette des Sorciers, vous voulez dire?"

D'une manière ou d'une autre, il était réticent à accuser Nathalie. D'autre part, il était mieux que Dumbledore soit aussi prudent que possible-couper les cheveux en quatre n'allait pas profiter à qui que ce soit. "Oui," dit- il donc, "Comme la Gazette des Sorciers. Comme je l'ai dit, dans certains cas il est facile d'ajouter deux et deux. Si vous le faites , je vous fais suffisamment confiance pour être sûr que vous n'utiliserez pas cette connaissance. D'autres, cependant, pourraient être moins. prévenants "

Le Directeur fixa sa tasse et hocha lentement la tête. "Prévenant. avez vous une idée de combien cela me coûte d'être si prévenant?"

"Certainement pas moins que cela me coûte de garder mon calme chaque fois que je pose les yeux sur Black ou ses semblables. Mais cette situation n'exige pas d'émotion. Cela exige de la logique froide, et un détachement de quoi que nous puissions ressentir "

Soulevant la tête, le vieux sorcier rencontra les yeux de Severus. "Exactement ce que vous avez pratiqué depuis très longtemps, je suppose "

"Oui,"répondit Severus, n'hésitant pas sous le regard puissant. "Mais je préférerais ne pas en parler "

La tension passa, et le Directeur lui sourit à nouveau. "Je vous assure que pas un seul mot de ce que vous allez révéler ne sera jamais partagé avec qui que ce soit "

Momentanément confondu, Severus dit, "Je n'avais pas l'intention de vous demander tant, Directeur. Pour dire la vérité, je pensais à. eh bien, au futur proche, jusqu'à ce que nous ayions. jusqu'à ce que ceci soit terminé "

"Ceci, mon cher Severus, ne sera jamais terminé. Croyez en un vieil homme " Dumbledore se leva et alla se tenir debout derrière le jeune sorcier, posant ses deux mains sur ses épaules. "Ne vous trompez pas, mon cher garçon. Vous avez fait un choix, et un choix très courageux à cela. Mais vous ne devez pas penser que ceci soit assez. Vous serez forcé de choisir maintes et maintes fois, aussi longtemps que vous vivrez. Et chaque fois cela semblera plus difficile.

"Penser qu'une décision est suffisante et durera pour votre vie entière signifierait que vous vous aveuglez. Qui sait combien de temps il nous faudra pour vaincre Voldemort-c'est à dire si nous gagnons. Mais après lui, un autre attendra pour prendre sa place. Pas nécessairement aussi puissant ou dangereux que lui. Peut-être sera-t-il plus facile de lui résister, peut- être plus difficile. Facile pour vous, difficile pour moi, qui sait? Nous ne pouvons pas être sûrs. Mais d'une chose nous pouvons être sûrs: un choix n'est jamais assez " Il retourna à sa chaise et s'assit. "Pardonnez les radotages d'un vieux sorcier. Ce que je voulais dire était ceci: une fois que cette. guerre sera terminée, beaucoup de ceux qui sont aujourd'hui des sympathisants pourraient reconnaître leur erreur. Quel bien cela ferait-il si je les dénonçais? Trop de gens ont déjà trop perdu, ils sont trop profondément blessés. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'ils ressentent autre chose qu'une soif de vengeance-ils devraient être des saints pour que cela soit autrement. Considérant le fait que seuls très peu d'entre nous sont des saints, il sera mieux d'arrêter cette spirale de haine "

Et elle était là de nouveau, cette vague de mépris pour ce qui semblait être de la faiblesse, ce désir de rire au nez du vieil homme. Et tout comme avant, il était incapable de s'abandonner au mépris, et son visage refusait de devenir une grimace. Cette maudite bonté Gryffondor. Mais Severus sentait que c'était autre chose, quelque chose qu'il était incapable de saisir et donc dont il était incapable de se moquer. Ni bonté, ni ingénuité, ni faiblesse. Maudit soit ce vieil homme! "Très bien," dit-il, "dans ce cas je suggère que vous me posiez simplement des questions-c'est plus facile pour moi "

Durant les deux heures suivantes, les réponses de Severus peignirent l'image du monde des sorciers de Grande Bretagne, dont Dumbledore avait déjà plus qu'un soupçon. Question par question, réponse par réponse, les vides étaient remplis de couleur. Le Ministère de la Magie-la moitié du personnel était des sympathisants, parmi eux sept Mangemorts. La plupart des grandes entreprises et plus de la moitié des petites-dans les mains de sympathisants ou de partisans. L'Université Magique d'Urqhart -un autre Mangemort en plus de Lestrange, beaucoup de sympathisants parmi les étudiants. Même situation à l'Ecole de Médisorciers d'Oxford. Beaucoup de sympathisants à Ste. Mangouste, bien que la mort de Heather et, récemment, celle de Beckinsale aient privé Voldemort de ses partisans là-bas. La Radio des Sorciers-fermement dans les mains de Voldemort. La Gazette des Sorciers- enserrée par le Seigneur des Ténèbres. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Quand le Directeur eut fini de poser ses questions, il avait l'air vingt ans plus vieux.

"C'est encore pire que je ne le pensais," dit-il finalement, sa voix plate et épuisée. "J'étais sûr que nous pouvions au moins nous reposer sur les plus petits commerces- et les artisans. Et sur la majorité du personnel du Ministère. Mais comment, Severus? Comment? Il n'y a pas assez de Mangemorts pour garder constamment tout le monde sous la Malédiction d'Imperius. Et je refuse de croire que tous ceux qui soutiennent activement Voldemort, et ne serait-ce qu'en vendant des médicaments défectueux, sont véritablement passés dans son camp!"

"Beaucoup d'entre eux l'ont fait. Mais il n'y a pas besoin de la Malédiction d'Imperius, ou seulement pour très peu d'entre eux. Il y a une potion très efficace qui a exactement le même effet. Seule la première dose peut être difficile; après cela, elle doit simplement être administrée régulièrement "

"Une. potion " Dumbledore tourna les yeux vers les deux oiseaux, qui prenaient paisiblement de la nourriture du bol de Fumseck, et jeta un coup d'oeil fatigué à Severus. "Severus. s'il vous plaît dites moi que ce n'est pas vous qui la préparez "

Devrait-il. non. De plus, qui avait découvert la formule était sans importance. "Lestrange la prépare et la distribue. Il l'a fait depuis un bon nombre d'années "

Le Directeur hocha la tête. "Lestrange. Autant que je répugne à poser cette question, y a t'il un moyen de se débarasser de lui?"

"Vous voulez dire le tuer?"

"Oui " Maintenant la voix du vieux sorcier était enrouée. "Je veux dire le tuer "

Severus médita brièvement la question, puis répondit, "Je suppose qu'il pourrait y avoir un moyen. Mais si j'étais vous, j'y penserais à deux fois avant de prendre une telle mesure. Les répercussions seraient terribles- Voldemort ne pardonnerait jamais cela, et la situation pourrait très facilement devenir incontrôlable. En plus, l'étape suivante logique serait qu'il m'ordonne de la préparer, au cas où Lestrange soit éliminé. Alors vous devriez me tuer. Et perdre l'une de vos quelques chances réalistes"

Alors il était possible de prendre même Dumbledore par surprise , pensa Severus sur le chemin du retour à la Tour Serpens. Pas qu'il ait particulièrement apprécié cela. Il n'avait pas non plus dévoilé l'identité de l'inventeur. Mais il avait peu de raisons de se réjouir, car il avait pensé que Dumbledore possédait une notion plus réaliste de ce qui se passait dans ce pays. La détresse du vieil homme l'avait rempli d'anxiété plutôt que de joie.

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Les vacances de Noël s'étaient presque terminées, et lentement les enseignants revenaient à l'école au goutte à goutte. Mathilda était la première d'entre eux, à l'évidence contente d'être revenue. Au dîner du dernier samedi libre, elle s'avança dans la Grande Salle et s'assit à côté de Severus, après avoir salué les autres membres du personnel.

"Dieux, qu'il est bon d'être de retour," soupira-t-elle, se servant un peu de ragoût et une tranche de pain.

"Vraiment?" Severus arqua un sourcil. "En dehors du fait que tu sembles avoir récupéré d'une manière splendide, que vas tu faire au sujet de ce rustre Gryffondor?" Il savait que ceci n'était pas exactement une façon douce ou pleine de tact d'exprimer sa question, mais il avait été appelé par Voldemort dans l'après-midi en avait eu tout à fait assez de mâcher ses mots et de marcher sur des oeufs.

Elle ne semblait pas objecter, cependant. Au contraire, à en juger par sa réponse. "Sirius? Je vais lui faire payer chaque seconde qu'il m'a fait souffrir "

"C'est presque un cadeau de Noël tardif, Mathilda. Puis-je demander ce qui a provoqué ce changement d'esprit?"

"Pourrais-tu passer le jus de citrouille, s'il te plaît?" Severus obéit et elle réemplit son gobelet. "Bien sûr que tu peux le demander. Premièrement, je peux être généreuse, mais je ne peux supporter qu'une certaine dose. Cette nuit là-" maintenant, remarqua-t-il, ses mains tremblaient légèrement "-j'ai définitivement passé le point de non retour. Je me suis rendu compte de combien j'avais été stupide -grâce à toi, je peux agir en conséquence. Deuxièmement, Alyma m'a dit qu'il lui a fait des avances immédiatement le lendemain, juste après m'avoir poussé hors de sa vie. Cela a fait mal, mais cela m'a aussi ouvert les yeux "

"J'espère que Mademoiselle Pince a appris quelque chose de ton expérience," observa Severus, "Bien que je sois bien conscient que les gens voient rarement le malheur des autres comme une leçon pour eux-mêmes "

"C'est entièrement son problème," répondit sèchement Mathilda, "et certainement pas mon soucis. Et les examens? Les as-tu déjà corrigés?"

"Bien sûr que oui. Et je pense que nous devrions discuter des résultats avant le retour des élèves. Viens dans mes appartements quand cela te conviendra "

"Je pourrais venir avec toi juste après le dîner," dit-elle. "Ce n'est pas comme si j'avais de grands projets pour ce soir "

Et ainsi, environ une demi heure plus tard, ils se promenaient dans les couloirs en direction de la Tour Serpens.

"Et comment cela s'est-il passé chez toi?" demanda Severus, moins par intérêt pour ses passes-temps de vacances très certainement futiles que dans l'espoir de recueillir quelque information utile. Après tout, ses parents étaient des membres importants de la société des sorciers, et Noël, plutôt qu'un temps de confort et de joie, était une période d'échanges sociaux intenses d'où des tas de commérages.

"Pas aussi mal que je l'avais pensé. Nous avons été invités à. laisse moi réfléchir. oui, quatre dîners de fête, et nous en avons organisé cinq. Alors il y avait relativement peu de temps à passer en famille, ce que j'ai considéré être un grand avantage. Tu sais que je n'aime pas trop les rassemblements de société, mais cette fois j'ai réussi à me persuader que j'étais dans une ménagerie, à voir autant d'animaux étranges, et c'était très amusant "

Ils étaient arrivés à la tapisserie, et Severus donna le mot de passe. "Le problème est," dit-il, faisant signe à Mathilda de le précéder, "que ces animaux peuvent parler. Et ce qu'ils disent est surtout ennuyeux "

"Vrai," acquiesça-t-elle, "mais j'ai aussi entendu quelques nouvelles intéressantes"

"Eh bon?" dit Severus, feignant l'indifférence.

"En effet. Savais-tu que le Ministère est sur le point de remplacer le Gouverneur d'Azkaban?"

A cette nouvelle, il n'eut même pas à faire semblant d'être étonné. "Vraiment? Et pourquoi?"

"Parce qu'ils le soupçonnent d'avoir un faible pour Voldemort, voilà pourquoi "

Severus avait de grands ennuis à garder un visage sérieux. Le Gouverneur d'Azkaban avait résisté à de nombreuses invitations, par lettre et personnellement-bien sûr il avait été mis sous oubliette après cette dernière- pour rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres. Il aurait été un ajout de valeur parce que, d'une manière similaire au fait que les Elfes de Maison de Poudlard étaient liés à Dumbledore, les Détraqueurs d'Azkaban étaient liés au gouverneur de la prison. Avoir des Détraqueurs comme alliés aurait été un précieux dans la manche de Voldemort. Alors ceci était une information extrêmement importante, d'autant plus que Voldemort ignorait encore ce développement récent. Autrement il l'aurait certainement mentionné pendant la réunion plus tôt ce jour-ci. Cependant, Severus n'était pas sûr de comment l'utiliser. Maintenant que ses propres intérêts n'étaient plus identiques à ceux de Voldemort, il n'avait pas envie de voir un sympathisant règner sur les Détraqueurs.

"Et ont-ils déjà choisi un successeur?" demanda-t-il, ouvrant la porte de ses appartements.

"Oui, un certain Dirk Bones. Il semble être au delà de tout soupçon, du moins c'était ce qui transpirait de la conversation. Un ex-Serdaigle et grand ami de mon oncle. Vous vous souvenez de l'assaut sur l'Académie des Aurors il y a deux ans?"

"Plus ou moins, oui "

"Mon oncle a été tué cette nuit là, et Bones était l'un des deux membres du personnel survivant. Alors tu peux imaginer qu'il n'est pas particulièrement bien intentionné quand il s'agit de Voldemort et de ses partisans"

C'étaient de bonnes nouvelles, pensa-t-il. Mais il devrait se décider à propos du maniement de cette information. Severus était si perdu dans ses pensées qu'il n'écouta pas vraiment les paroles suivantes de Mathilda. "Pardon?" dit-il, "Désolé, j'étais ailleurs "

"J'ai dit, en parlant d'Aurors-a tu entendu parler de McDonald?"

"Mathilda, j'ai passé les vacances enterré dans ce tas de vieilles pierres. Qu'aurais-je dû entendre à moins que ce ne soit dans les journaux?"

"Oh, non, ce n'y était pas," dit-elle, s'asseyant en face de lui au bureau, "C'est plus une rumeur qu'autre chose. Il semble que McDonald en ait si marre du Ministère qu'il ait décidé de se mettre du côté Dumbledore. Imagine seulement le tumulte que cela causera parmi les Aurors ! Et c'est une chose stupide à faire, si tu me demandes mon avis, parce que les Aurors doivent jurer un serment de loyauté envers le Ministère, pas envers leur patron "

"Si tu considères la question de ce point de vue," dit Severus, se réjouissant intérieurement de la richesse de connaissances qu'elle déversait pour qu'il s'en empare, "il rend certainement un mauvais service à lui et à Dumbledore. Mais je suis sûr qu'il y a quelque chose de plus à cela, ne penses-tu pas? Et maintenant voyons voir ce que ces idiots ont à dire au sujet des Potions "

Ils travaillèrent jusqu' à presque minuit. Quand Severus vit que son assistante pouvait à peine garder les yeux ouverts, il la renvoya dans ses quartiers et, après l'avoir vue partir, retourna à sa cheminée pour prendre son verre du soir et penser sérieusement. Après environ dix minutes de pensée silencieuse, il se secoua, s'empara de la timbale de poudre de Cheminette et appela Lucius.

"Ah," dit-il quand la tête blonde apparut dans sa cheminée, "tu es encore debout. Excellent. J'ai à discuter de quelque chose avec toi "

"Bien, mais fait court. J'étais sur le point d'aller me coucher. Nous avons dû endurer un dîner épouvantable chez les Notts -Narcissa s'est presque endormie à la table. Mais au moins nous pouvions nous excuser et prendre congé tôt. Les grossesses semblent faire des prétextes parfaits pour presque tout "

"Tu as ma compassion la plus sincère. Mais c'est important, alors tu vas devoir me supporter. Le Ministère va remplacer Chaucer!"

"Huh? Remplacer qui?"

"Lionel Chaucer, le Gouverneur d'Azkaban "

Toutes traces de fatigue disparurent du visage de Lucius. "Cela semble mauvais. Sais-tu qui -"

"Oui. Un certain Dirk Bones, un des deux survivants de notre assaut sur l'Académie des Aurors "

Lucius siffla entre ses dents. "En effet. Maintenant cela semble beaucoup mieux. Que vas-tu faire? Le dire à Voldemort?"

"C'est exactement ce dont je voulais discuter avec toi. Je pourrais lui dire que j'ai entendu par hasard Dumbledore le dire à McGonagall, et présenter cela comme le premier résultat tangible de mes activités d'espionnage ici "

"Je pensais que tu avais vraiment reçu cette information de Dumbledore," dit Lucius, paraissant confus.

"Non. C'est un petit bout de bavardage de société auquel Mathilda a fait référence en me parlant, il y a seulement quelques heures. Et elle m'a aussi dit que McDonald va se lier à Dumbledore "

Lucius secoua la tête. "Est-il devenu complètement fou? Premièrement il élimine toutes les Aurors femmes, puis il approfondit l'écart séparant Dumbledore et le Ministère? Il ne pourrait pas être un des patients de St Jean, n'est-ce pas?"

"Je ne pense pas. Non, c'est de la pure et simple stupidité de Gryffondor. A propos de McDonald, je me suis décidé: je le dis à Voldemort. Nous n'avons pas besoin que les Aurors se tournent les uns contre les autres, ils sont assez faibles comme cela. Mais pour Bones?"

Lucius regarda vers le bas, probablement un verre. Puis il demanda, "Combien de fois a-t-on demandé à Chaucer de nous rejoindre?"

"Oh, je ne me souviens pas exactement. Quatre? Cinq fois peut-être "

"Mmmh, oui, cela serait aussi mon estimation. Alors il ne durera pas longtemps quand même. Pour dire la vérité, j'espère plutôt que nous ne l'attaquerons pas avant qu'il soit renvoyé-et si l'histoire se répétait, et que Voldemort voulait que quelqu'un de notre troupe reçoive la position, comme il l'a fait après que Greenbaum ait avalé sa chique? Devine qui il blâmera au cas où ce projet échouerait. Je dirais : parle de McDonald mais pas d'Azkaban "

"Raisonnement solide, Malfoy " Severus fit un sourire moqueur à l'autre sorcier. "Bien alors, je lui enverrai une lettre avant de me coucher. Bonne nuit, Lucius, et doux rêves "

Lucius lui rit simplement au nez et rompit la connexion.

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Le lendemain-le dernier jour des vacances de Noël-apporta deux surprises très désagréables, l'une cachée dans l'autre, comme des poupées russes malignes. Quand Severus entra dans la Grande Salle pour le déjeuner, un peu tard parce qu'il avait lu et perdu toute notion du temps, Sirius Black était tout juste en train de s'asseoir à table, les seuls autres occupants étaient Alyma Pince, qui était revenue tôt ce matin, et Amanda Bibine. Cette dernière l'avait déjà aperçu, et Black aussi. Ainsi il était impossible pour Severus de simplement faire une retraite stratégique et de déjeuner dans ses appartements, car il ne donnerait jamais à Black la satisfaction de voir son ennemi juré cèder le terrain devant lui. Avec un court signe de tête aux autres, qui étaient déjà engagés dans des conversations, Severus s'assit en bout de table et, faisant semblant de repousser une mêche rebelle de cheveux de son front, lança un Sortilège de Sensaccrus sur son oreille gauche. Les conversations d'après vacances pouvait être surtout idiotes, mais parfois il y avait une aiguille dans la botte de foin du proverbe-l'exemple pertinent: sa discussion avec Mathilda l'autre soir. Et les Potters étaient des Aurors.

Alors il écouta la conversation, seulement très superficiellement, tout en mangeant distraitement une assiettée de soupe aux légumes et une tranche de pain complet. Les petits déjeuners que Peggy le forçait régulièrement à manger ne le laissaient pas très affamé à midi. Evidemment Black avait passé la première moitié de ses vacances à la maison avec ses parents, et, à son grand mécontentement ennuyé, Severus dut endurer l'histoire des prouesses de Gordon Black, de sa répugnance à travailler avec Alastor Maugrey, et une répétition détaillée des nombreuses divagations d'Astraea Black contre les directives du Ministère qui suspendaient temporairement les Aurors femmes de leurs devoirs.

"Et quand j'étais chez James et Lily,"continua Black, "je devais écouter de nouveau les mêmes râleries. Autant que j'avais pitié de Lily à cause de ses nausées du matin, je dois dire que j'en étais heureux-au moins pendant qu'elle vomissait, elle ne pouvait pas parler " Les mots 'nausées du matin' frappèrent Severus comme une batte de Batteur.

Mademoiselle Pince rit nerveusement, et Amanda Bibine dit, "Tu n'es rien qu'un macho sans pitié ni sentiments, Black, sais-tu cela?"

"Bien sûr que oui. Mais dites moi, quelle est l'utilité de râler sans relâche, s'il n'y a aucune chance de changer la situation?"

"Pauvre femme," ajouta Alyma Pince, "Et pour quand le bébé est-il prévu?"

"Quelque part cet été, je pense," répondit négligemment Black, "Fin juillet, début août, quelque chose comme cela "

Pourquoi les gens devaient-il procréer dans des temps comme ceux-ci, pensa Severus, démembrant furieusement une tranche de pain jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un tas de miettes devant lui. Fin juillet, début août. Un autre. Juste ce dont ils avaient besoin. Comme s'ils n'avaient pas assez d'ennuis sans tous ces petits. Il se leva brusquement de la table, grimaçant parce que le son de sa chaise grattant le plancher de pierre perfora presque son tympan, et sortit à grands pas de la Grande Salle. Après avoir ôté le sortilège de son oreille, il alla rapidement trouver Dumbledore.

Le Directeur n'était pas seul; McGonagall était assise dans le fauteuil des visiteurs, et tous deux étaient occupés à discuter de questions financières. Quand Severus entra dans le bureau, elle se tourna pour lancer à l'intrus un regard impatient. "Professeur Rogue," dit-elle, se rendant compte qu'il n'avait pas reculé mais se tenait toujours sur le seuil, "le Directeur et moi sommes occupés pour le moment. Revenez s'il vous plaît-" Elle s'arrêta à mi phrase, parce que Severus secoua simplement la tête. Un pli se forma entre ses sourcils, et son regard devint un peu plus glacé.

"Je suis désolé, mais ceci est important,"dit Severus avec un coup d'?il dirigé vers Dumbledore. "Important et urgent, pour être exact "

"Eh bien alors, allez-y," dit elle d'un ton rogue, n'ayant à l'évidence aucune intention de partir.

"Et privé," ajouta-t-il . Si la situation avait été moins sérieuse, il aurait vraiment apprécié l'expression mécontente sur le visage de la Directrice Adjointe.

Elle ne bougea pas d'un pouce cependant, et se retourna simplement vers Dumbledore, s'attendant probablement à ce qu'il s'occupe de l'irrévérencieux jeune enseignant en lui donnant une saine rebuffade. Seulement son souhait ne fut pas exaucé, parce que le Directeur, bien que visiblement inconfortable, dit, "Dans ce cas. est-ce vraiment urgent, Severus?" Il hocha la tête. "Eh bien, Minerva, j'ai peur que vous deviez nous excuser quelques minutes"

McGonagall hocha la tête d'un air guindé, se leva et, sans rien dire de plus, sortit dignement du bureau.

Le Directeur poussa un profond soupir. "Severus, je sais que je demande beaucoup, mais je pense que nous devrons le lui dire tôt ou tard. Je peux sentir l'hostilité entre vous deux, et je suis entièrement conscient que vous deux avez plus qu'une raison de vous détester l'un l'autre " Severus renifla simplement d'un air moqueur. "Mais vous reconnaîtrez aussi le fait que, à moins qu'elle soit consciente de votre rôle, il pourrait y avoir quelques. eh bien, situations désagréables, et pas seulement désagréables. Elles pourraient tourner à votre désavantage "

"Vous voulez dire qu'elle pourrait tenir Black avec une laisse un peu plus courte si elle savait que je suis un Mangemort?" dit Severus dun ton rogue. "Je pense que cette information particulière pourrait obtenir plutôt l'effet contraire"

"Maintenant vous êtes têtu et avez des préjugés," dit Dumbledore, fronçant les sourcils.

"Je vous demande pardon? Elle a été après ma gorge depuis que Sirius le Merveilleux Garçon a essayé de me tuer, elle m'a refusé l'A.S.P.P.I.C de Métamorphose avancée sous le prétexte le plus absurde, et vous dites que j'ai des préjugés ? Sinon autre chose, vous pourriez dire que j'ai de la rancune envers elle et-"

"Assez!" dit Dumbledore nettement, les yeux flamboyant. "Vous devrez, comme vous m'avez récemment dit de le faire, prendre du reculer et vous distancer de ces émotions. Comme Minerva le fera. Ce n'est pas le moment pour avoir des rancunes, Severus, aussi justifiées qu'elle puissent l'être. Beaucoup trop de choses sont en jeu pour que nous nous adonnions à ce genre de sentiments "

Respirant lourdement, Severus jeta un coup d'oeil à l'autre sorcier. Rationnellement, il savait que les arguments de Dumbledore étaient corrects; mais cette conscience ne fit rien pour calmer la haine et la fureur impuissantes qu'il ressentait. En dehors du fait que ses émotions étaient tout sauf enfantines, la simple pensée d'être obligé de cèder-à nouveau! -le faisait se hérisser. Et savoir que, même s'il sortait, furieux, du bureau maintenant, il devrait revenir tôt ou tard et admettre sa défaite, était une autre épine dans sa chair. Bien sûr, ceci était différent qu'avec Voldemort, parce qu'avec Dumbledore au moins il pouvait exprimer sa colère. La possibilité de discuter rendait la situation légèrement plus supportable, et après avoir déchargé ses sentiments, du moins partiellement, il était plus facile de les réprimer. "Très bien," dit-il après une pause, "Alors appelez-la. Mais je ne supporterai pas d'insulte de sa part. Et je ne réagis pas trop gentiment aux leçons de morales vertueuses des Gryffondors-juste pour que vous soyez averti "

"Je sais, Severus," répondit Dumbledore, se levant et se déplaçant vers la cheminée, "Et je vous assure que, si notre discussion devenait désagréable, je serai très certainement de votre côté " Il prit la boite de poudre de Cheminette et l'ouvrit. "Je suis bien conscient que Minerva a tendance à être un peu critique de temps en temps, mais d'autre part je suis aussi sûr de sa capacité à reconnaître l'importance de la décision que vous avez prise"

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Deux heures extrêmement désagréables plus tard, Severus, Dumbledore et McGonagall prenaient le thé dans le bureau du Directeur. La discussion avait été échauffée et épuisante, pour tous, mais Severus ne pouvait pas nier qu'il se sentait beaucoup mieux maintenant. Il était, bien sûr, impossible de changer le passé, ou de faire que les choses ne soient pas arrivées, mais finalement, lancer sa colère accumulée au visage de la personne qui l'avait causée avait été d'un grand soulagement. Ils étaient arrivés à une compréhension réticente, une genre de trêve fragile basée sur la reconnaissance hésitante de McGonagall de ce qu'il accomplissait pour leur côté, et sur la capacité Serpentard innée de Severus de reconnaître exactement quand il était mieux de laisser simplement reposer les choses.

Ils avaient vidé leurs tasses en silence, et maintenant Dumbledore les remplissait et disait, "Je crois que vous vouliez me dire quelque chose, Severus?"

Avec le maelstrom d'émotions qu'il venait de traverser, il avait presque oublié. "Oui, Directeur. Il semble qu'un autre enfant soit en chemin "

Dumbledore posa sa tasse. "Je vois. Qui est-ce?"

"Les Potters. Et c'est pire qu'avec Lucius "

McGonagall fronça les sourcils. "Pourquoi ce serait pire? Au contraire, j'aurais supposé que Voldemort pourrait s'emparer plus facilement de l'enfant de l'un de ses partisans."

Severus leur parla de la 'blague de la vierge'. "Voldemort est patient, vous savez?" termina-t-il son histoire, "Il a attendu plus de trois ans pour se venger de James Potter, et il attendra certainement un peu plus longtemps, si sa patience assure que le coup avec lequel il les frappera leur fera encore plus mal. En plus, il a un certain faible** pour la vengeance poétique- du sang pour du sang, ce serait très approprié "

McGonagall émit un rire court et forcé. "Approprié en effet. Nous devons définitivement empêcher la nouvelle de se répandre "

"C'est exactement pour cela que j'estimais que ceci était un problème très urgent," répliqua Severus , "Avec Black vantant la grossesse de Lily, comme si l'enfant était le sien."

"Cela, Professeur Rogue, n'était absolument pas nécessaire," dit nettement McGonagall.

"Vous avez tous les deux raison sur la nécessité de garder ceci secret," interrompit Dumbledore le fil de la discussion qui menaçait de devenir un fusible, "Mais je pense qu'il serait inutile d'essayer d'empêcher James et Lily, ou n'importe lequel de leurs amis, à ce sujet, de divulguer la nouvelle. Si Sirius le sait, il est extrêmement probable que la plupart de ou tous leurs amis le savent maintenant, et l'ont déjà dit à d'autres. Non, nous devons penser à autre chose "

"Nous devrions leur conseiller de se cacher," offrit McGonagall.

Severus secoua la tête d'incrédulité. "Pensez-vous sérieusement, même un instant, que Voldemort ne les trouvera pas? Il m'ordonnera de jeter un coup d'oeil au registre des naissances et de contrôler de près les familles de tous ceux qui seront nés le 31 juillet. Les Potters n'auront pas une chance "

Dumbledore soupira et hocha la tête. "Oui, et il n'y a aucun moyen pour vous de refuser cet ordre. En plus, autant que je déteste dire ceci, James est bien trop fier et tête brûlée pour se cacher. Severus, considérant que vous avez déjà fait votre première expérience avec la potion, comment le sang sera-t-il pris?"

"Cela dépend, je suppose," dit Severus, haussant les épaules, "Mansfield était volontaire, plus ou moins, alors nous pouvions simplement lui couper la carotide et le laisser saigner à mort. Non," siffla-t-il, voyant le regard horrifié de McGonagall, "je n' ai pas apprécié cela, au cas où vous vous le demandiez!"

"Je. désolé," marmonna-t-elle, "je ne suis vraiment pas habituée à-"

" Vous vous y habituerez, croyez moi," l'interrompit-il brusquement. "De toute manière, pour revenir à votre question, Directeur, je présume que Voldemort ne renoncerait pas au plaisir de forcer les Potters à regarder leur enfant saigner à mort. Alors la procédure serait probablement la même"

"Je vois" Dumbledore fixa un moment les flammes qui craquaient joyeusement. "Pensez-vous qu'il y ait une minuscule possibilité que vous puissiez développer une potion qui rend la peau impénétrable à un couteau?"

Severus médita la question. "Peut-être," dit-il lentement, "que je pourrais essayer. Mais s'il-ou qui que ce soit d'autre qui exécute la mission- utilise le sortilège de mort d'abord? Le sang peut aussi bien être pris à une personne morte"

"C'était pour cela que je voulais savoir-" commença Dumbledore mais il fut interrompu par Severus.

"Attendez!" dit-il, sentant son coeur marteler d'excitement. Un défi était un défi, après tout, et il avait toujours aimé les problèmes difficiles sur lesquels il pouvait aiguiser son esprit tranchant. "Je pense que je pourrais trouver un moyen. vous vous souvenez, n'est-ce pas," s'adressa-t- il au Directeur, "que je vous ai parlé de l'effet plutôt faible de la Potion Liberatio?" Dumbledore hocha la tête et se pencha en avant, son intérêt évidemment suscité. "Considérant le fait qu'il ne sait pas pourquoi l'effet n'est pas aussi fort qu'il l'avait prévu-"

"Il le découvrira," objecta McGonagall.

"Il ne le découvrira certainement pas. Ni lui ni Lestrange. Alors, si le pire arrive vraiment, voulant dire que l'enfant naisse le 31 juillet et qu'il poursuive les Potters, je pourrais essayer de le convaincre peu avant l'attaque que la potion serait beaucoup plus forte si le sang venait d'une personne déjà morte. Parce que-" il se renversa en arrière et croisa les jambes "-même si je réussissais à développer quelque substance pour rendre la peau impénétrable, Voldemort ajouterait deux et deux et me tuerait sur place. Si, d'autre part, je réussis à trouver une formule de potion qui fasse dévier les malédictions, ce serait la manière la plus discrète de-"

"Impossible!" dit McGonagall, "il n'y a aucun moyen de contrer le Sortilège de Mort!"

"Il y a toujours un moyen," dit Dumbledore, "Et jusqu'à maintenant, le problème toujours a été empoigné de manière plus traditionnelle, en cherchant un contre-sort. Mais Severus a, bien sûr, raison. Pourquoi ne pas essayer avec une potion? Nous avons un an et demi, et l'esprit le plus brillant de Grande Bretagne en ce qui concerne les potions."

"Vous donnez presque l'impression que c'est du gâteau," dit Severus. Il se sentait inexplicablement satisfait, cependant. Surtout parce que, s'il avait assez de chance avec ses recherches, il avait trouvé un moyen de se débarasser de sa prétendue dette envers ce Gryffondor trois fois maudit et serait débarassé de son serment une fois pour toutes.

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La grandiose salle à manger au Manoir Malfoy était éclairée par une quantité démesurée de bougies, leur éclat multiplié par les ornements de cristal des lustres qui les tenaient. La table était mise pour cinq, avec de la porcelaine presque diaphane posée sur des assiettes dorées et entourée par de lourds couverts en argent avec des manches dorés. Des verres, si fragile qu'il semblait même dangereux de les regarder, avaient été polis jusqu'à une splendeur immaculée par les Elfes de Maison. Le linge de table était impeccablement blanc et frais. Lucius Malfoy était l'hôte d'un petit dîner de fête, et le paysage généreux avait été réglé à la perfection.

Ils avaient consenti au fait que Severus devait être le dernier à arriver, et ainsi, quand il fut admis dans le hall d'entrée par un Elfe de Maison, il entendait déjà le son de voix et de rires venant du salon. Un rapide examen dans un des grands miroirs lui dit que les plis de ses robes de soirée de velours noir tombaient parfaitement, et il suivit rapidement l'elfe vers la porte à demi ouverte qui menait au salon.

"Severus!"dit Lucius, se levant de sa chaise et s'avançant vers lui à grands pas, "Toujours le dernier à arriver "

Ils se serrèrent la main, et Severus remarqua, "Pas vraiment. Owen n'est pas encore arrivé, ou c'est ce qu'il semble " Il pouvait être un simple spectateur ce soir, pendant cette première étape importante de leur plan, mais néanmoins il devait déclamer ses lignes correctement.

"Owen ne sera pas avec nous ce soir," dit Lucius, mettant sur son visage une expression de regret appropriée. "Il a appelé il y a dix minutes -il semble qu'il y ait quelque ennui avec un lot de bois qu'ils ont reçu de Merlin-sait-où, et son père l'a envoyé de régler tout cela "

"Oh, quel dom-St. Jean," s'interrompit Severus, prenant la main de Lestrange, " Bonsoir et. eh bien, félicitations! Où sont ces dames ?"

Lestrange roula ses yeux. "En train de comparer leurs ventres, je suppose. Ce qui est absolument insensé, considérant qu'elles sont toutes les deux encore complètement plates "

"La grossesse fait ressortir le pire chez les femmes," dit Lucius nonchalement, tendant à Severus un verre de whisky. "Ce qui est vrai pour ma propre femme de même que pour Tabitha. Depuis quand l'avez vous su?"

Ils levèrent leurs verres. "À la paternité," déclara Lestrange avec un sourire moqueur. "Severus, oh homme chanceux, très chanceux. Suis mon avis: ne te marie pas, et si tu le fais, ne rend pas ta femme enceinte" Severus sourit et inclina la tête. "Nous avons su depuis trois semaines, pour répondre à ta question," continua-t-il, s'adressant à Lucius, "Et elle est seulement enceinte de six semaines. Pourquoi diable elle s'imagine que cela pourrait déjà se voir ? Je n'en ai vraiment aucune idée "

Il y a deux semaines, les plumes des trois Phoenix avaient été plutôt brutalement froissées par l'annonce fière de Lestrange que Tabitha attendait aussi un enfant. Cependant, leurs pires craintes s'étaient prouvées sans fondement, puisqu'elle allait donner naissance vers le milieu de septembre. Pas qu'une naissance prématurée puisse être exclue, mais c'était un fait connu que les enfants né prématurément avaient tendance à posséder moins de pouvoir magique. Ce fait diminuait considérablement le risque d'une naissance artificiellement provoquée pour la Potion Liberatio. En plus, Severus, Lucius et Owen étaient assez sûrs que, plutôt que d'utiliser le sang de l'enfant comme un ingrédient de potion, Voldemort pourrait vouloir que le petit Lestrange devienne un autre fidèle partisan, élevé par des parents strictement loyaux. Sans que Lestrange en soit conscient, son annonce avait fourni l'occasion parfaite pour exécuter la première étape du plan de Lucius et Severus-un dîner de célébration en présence de témoins tels que St. Jean et Tabitha prêterait même une plus grande crédibilité au montage tout entier.

Les trois sorciers parlèrent affaires quelque temps, le sujet principal de discussion étant l'attaque prévue sur Pierre McDonald, Chef du Comité de Contrôle des Aurors, et ils furent alors rejoints par les deux femmes. Narcissa, une beauté même sous les circonstances les plus contraires, paraissait rayonnante ce soir. Severus pensait qu'elle pourrait même faire pâlir Yelena Malfoy, avec sa blanche peau de porcelaine qui semblait luir, et cette aura de bonheur. Tabitha, d'autre part, n'avait jamais porté une expression plus triomphale, et ce n'était pas la première fois que Severus se demanda qui pourrait être le père de son enfant.

Un Elfe de Maison annonça que le dîner était prêt, et donc tous les cinq se dirigèrent vers la salle à manger. La table était rectangulaire, et, à cause de l'absence d'Owen, les couples ne pouvaient pas être séparé comme l'était la tradition dans la Haute Société des sorciers. Donc Narcissa, l'hôtesse, fut assise au côté étroit de la table, face à Lestrange, qui avait Tabitha à sa droite. Severus était le voisin de droite de Tabitha, et au côté de opposé de la table, Lucius avait pris place.

Les entrées furent servies, et la conversation dériva vers le sujet inévitable des grossesses, des bébés et de tout sujet imaginable y étant relié. Severus, qui ne pouvait pas beaucoup y contribuer, se retira dans le rôle d'observateur silencieux, hochant de temps en temps la tête, essayant de paraître poliment ennuyé. Quand les assiettes vides furent emportées, il échangea un coup d'oeil furtif avec Lucius. Le jeu était lancé.

Un Elfe de Maison apporta la soupière, ce qui était le signal pour que Severus implique et Tabitha et son mari dans une conversation sur l'équipe de Quidditch de Serpentard. St. Jean, qui pendant ses propres jours d'école avait été d'abord Attrapeur puis Batteur, s'y joignit avidement; Tabitha, qui avait des souvenirs moins qu'agréables de la Poursuiveuse, fit des remarques cinglantes, et ainsi aucun des deux ne remarqua le mouvement rapide de Lucius qui fit lâcher la soupière à l'elfe, renversant la plupart du liquide chaud sur les genoux de Narcissa. Son cri de douleur était, bien sûr, feint, parce que son mari avait placé un charme refroidissant sur sa serviette de table, mais le jeu était plus que suffisant.

Ce n'était nullement un secret que Lucius avait l'habitude de traiter très mal ses Elfes de Maison, même quand ils n'avaient rien fait pour le mériter. Personne ne fut donc étonné quand il sortit sa baguette en un éclair et lança un sortilège de Doloris sur la petite créature. Il l'ôta après quelques secondes, cependant, et ordonna sèchement à l'elfe de lui apporter une paire de gants.

Tremblant en apparence de fureur-et seuls Severus et Narcissa savaient que c'était quelque chose de plus apparenté au trac-il saisit les gants de la main de l'elfe et, lentement et pour que tout le monde le voie, les glissa sur les doigts longs et grêles, accompagné par les "Non, Maître Lucius, ne donnez pas de vêtement à Skimpy, s'il vous plaît ne donnez pas de vêtement à Skimpy, je suis un bon elfe." désespérés de l'elfe.

Quand il eut fini, Lucius se redressa et dit simplement, "Dehors!"

L'elfe ne pouvait rien faire d'autre que partir. Et si Owen l'attendait dehors, comme ils l'avaient planifié, la première partie de leur stratagème aurait été accomplie avec succès.

** en français dans le texte