CHAPITRE 40
"Nous devons faire aussi court que possible," dit Severus, faisant signe à McGonagall de s'asseoir dans son bureau. "Je ne pense pas que ma maison soit surveillée, mais mieux vaut prévenir que guérir "
"Bien sûr", acquiesça-t-elle, "Etant donné la complexité de la question, je doute que nous puissions arriver à n'importe quel résultat ce soir. Alors parlez moi de vos pensées "
Severus répéta la partie essentielle de sa conversation avec Owen, et ce que le Baron Sanglant lui avait dit. Quand il eut fini, elle hocha simplement la tête et se renversa en arrière dans son fauteuil, une expression de concentration profonde sur son visage. Décidant qu'il était probablement mieux de simplement la laisser penser un peu, Severus, prit aussi une posture plus relâchée, s'appuyant sur le dossier et croisant les jambes, et prenant de temps en temps une petite gorgée de café. Il était tard, déjà deux heures du matin passées, mais il avait besoin de la caféine pour rester éveillé. La cérémonie de nomination avait été une longue affaire-ou plutôt, la réception après l'avait été, tandis que la cérémonie elle-même était relativement courte-et bien qu'il n'ait pas ingéré beaucoup d'alcool, il en avait pris plus que d'habitude.
En dehors du retour de Yelena, qui l'avait véritablement rempli de joie, la soirée avait été dépourvue d'événements intéressants, et il avait trouvé cela difficile d'échapper à la multitude de parents qui profitaient de l'occasion pour parler avec lui des progrès de leurs enfants, ou du manque de progrès, en Potions. Les Lestranges avaient, bien sûr, été présents, et s'ils avaient été offensés du choix de marraine de Lucius, ils ne l'avaient du moins pas montré ouvertement. Tabitha, qui était déjà entrée dans son huitième mois de grossesse, s'était extasiée devant le petit Drago, et St. Jean avait été soi normal et charmant. Des Mangemorts s'étaient mêlés au personnel du Ministère, conversant amicalement, des meurtriers avaient serré les mains de membres de la famille de leurs victimes et offert leurs sincères condoléances, des traitres avaient élevés leurs verres aux fanatiques de leur cause-dans l'ensemble, pensa Severus, cela avait été une soirée très Serpentard.
Carl et Cedric Nott, tous les deux en robes de soirée noires à cause de leur perte récente-il avait été publiquement déclaré que Fiona avait souffert d'une attaque cardiaque tandis qu'elle était seule à la maison, si bien qu'elle était déjà morte quand son mari l'avait trouvée-avaient bavardé de façon aimable avec Stuart Wilkes, qui avait amené sa fiancée. Elle rappelait légèrement Mathilda à Severus, avec ses doux yeux bruns et son comportement discret; Lucius, cependant, l'avait informé que la fille, qui était l'aînée de Stuart par un an, avait été expressément choisie pour lui par Voldemort et Lestrange. Elle était allée à l'école à Beauxbatons, était allemande et la fille du 'contact allemand' qui avait redécouvert la bibliothèque de Grindelwald. Stuart, encore sous l'influence de la Potion Imperius, dont Lestrange avait finalement créé une version qui durait six mois, avait bien sûr obéi sans objection, et était ainsi maintenant sous une surveillance encore plus rapprochée. Isolde-c'était le nom de la fiancée-était une partisane dévouée et une sorcière puissante. Son futur- mari n'avait pas une seule chance. A plus proche inspection, Severus avait remarqué que son ventre était légèrement arrondi; Stuart avait confirmé qu'elle était, en effet, enceinte de quatre mois. Donc Sibylle avait eu de nouveau raison: un mariage très tôt et. eh bien, le nombre d'enfants était encore bien sûr incertain. Mais à voir comment le premier était déjà en chemin, peut-être qu'il allait vraiment y en avoir plus. Il devrait attendre un peu plus longtemps pour vérifier si la deuxième partie de la prédiction, à savoir qu'ils se retourneraient tous contre lui, avait été exacte.
Quelle étrange soirée cela avait été. tous ces visages, certains qu'il avait connus depuis longtemps-ils avaient changé, surtout avec l'âge, mais derrière les rides et les expressions altérées il pouvait encore les voir comme ils avaient été la première fois qu'il les avait rencontrés. Alors il avait alterné en flottant entre présent et passé.
"Eh bien," la voix de McGonagall coupa ses réflexions, "je pense que nous pourrions avoir une chance. J'ai fait ma juste part de recherches dans ma jeunesse, avant que je commence à enseigner à Poudlard, et une partie de ces recherches était dédiée à la magie ancienne, primordiale- cela fait partie de ce qu'il faut pour devenir Animagus, ou du moins cela en faisait partie de mon temps. Mais je ne suis nullement une experte en Potions. Ce que je sais, cependant, est qu'avant que les médisorciers existent sous la forme que nous connaissons de nos jours, des guérisseurs-et il n'y en avait que très peu - utilisaient des pouvoirs très crus que seul un petit nombre de sorciers possédaient. Ils guérissaient leurs malades sans utiliser de baguette, purement par la force de leur. eh bien, je suppose que l'on pourrait appeler cela amour, pour les êtres humains. Parfois ils étaient assez généreux pour mettre leurs capacités à la disposition des Moldus, qui classaient promptement ces événements comme des miracles, et ceux qui les exécutaient comme des saints. Alors, s'il était possible de diriger ce genre d'énergie dans une potion, ceci pourrait être la solution de notre problème "
"Hmm." Severus posa sa tasse de café et la regarda attentivement. "Lily Evans, euh, Potter, désolé, Lily Potter est une sorcière très puissante. La question est: possède-t-elle ce genre de pouvoir, ou l'amour d'une mère pour son enfant serait-il suffisant de toute façon?"
McGonagall hocha la tête. "Exactement. Le problème entier se réduit à cette seule question. Si c'était possible, alors peut-être qu'une potion protectrice de variété plus élaborée suffirait, et elle devrait transférer son amour-"
"Attendez!" l'interrompit Severus,"et si." Il se tût et se mordit la lèvre. McGonagall savait beaucoup de choses sur sa situation difficile actuelle, elle savait même pour la Potion Liberatio, mais devait-il vraiment lui parler de la Potion Imperius ? D'autre part, Dumbledore savait. Alors quel mal cela pourrait-il faire si elle apprenait aussi son existence? Il n'y avait pas besoin qu'il la mentionne explicitement, mais si elle posait la question, il pourrait tout aussi bien lui dire. "De. euh, mes recherches passées," reprit-il le fil, "je sais que la volonté d'une personne peut être extraite sous la même forme que les souvenirs et être transférée dans un pensine. Cela a ses difficultés, mais cela peut être fait. Si la même chose était possible avec l'amour, une potion protectrice fournirait en effet une base suffisante"
Le regard qu'elle lui lança était légèrement suspicieux, mais elle ne fit pas de plus ample enquête sur ses 'recherches passées'. "Très bien," dit- elle, "Ceci semble être une solution viable. Plus-" et le fantôme d'un sourire allégea ses traits sévères "-que ce que nous nous serions attendus à découvrir ce soir. J'en parlerai à Albus dès que possible. Pour le moment, je pense qu'il serait préférable que je me retransforme "
Severus acquiesça son consentement et attendit qu'elle se soit transformée, puis altéra la couleur de sa fourrure et de ses yeux puis enleva finalement le Sortilège d'Invisibilité.
L'effet du café s'était installé, et donc il ne se sentait ni fatigué ni lent et resta dans son bureau quelque temps après que le chat fut parti, pour méditer si ce qui lui était venu comme une inspiration pouvait en effet mener à un résultat tangible.
Sa plus grande inquiétude était Lily Potter: pas qu'il doute de ses capacités ou de son pouvoir; mais il se souvenait de la conversation qu'il avait entendue par hasard l'été dernier, sa répugnance à avoir un enfant, et son opposition féroce à être réduite à une simple sorcière-au-foyer. Si cette attitude persistait, peut-être que l'amour pour son enfant n'était pas assez profond ou assez intense pour le protéger. Peut-être que James. les lèvres de Severus se bouclèrent en une grimace de dégoût. Non, certainement pas James. En dehors de sa propre profonde haine envers cet homme-bien qu'il admette qu'il était un peu difficile de ne pas la prendre en considération-il avait vu assez de James Potter pour présumer que son amour, du moins en ce qui concernait sa femme, était corrompu par trop de possessivité. Bien sûr, lui-même n'était certainement pas un expert en la question, mais d'une manière ou d'une autre cela ne semblait simplement pas juste. En plus, un lien de maternité était probablement plus fort-tant que l'enfant restait encore principalement sous sa garde, en tout cas. Alors ils devraient compter sur Lily.
A son soulagement, ce n'était pas lui qui devait décider de quelles runes mettre sur la 'pensine' et de quelle pierre la tailler. Il pourrait laisser ceci à Dumbledore. Pas qu'il s'oppose essentiellement à glaner des petits morceaux de connaissance de n'importe quel domaine, mais il n'avait pas envie de répéter cette expérience particulière. C'était trop chargé de souvenirs.
ßßßß*ßßßß
Poudlard, le 31 juillet 1980
Cher Severus,
Pardonnez moi de vous déranger pendant vos vacances bien méritées, mais ceci est plutôt urgent. Il semble que Peeves, qui devient toujours un peu agité pendant les vacances, ait réussi à échapper à l'attention du Baron Sanglant et ait décidé d'utiliser la salle de classe de Potions et malheureusement aussi la réserve comme terrain temporaire de jeu. Ceci doit être arrivé hier ou avant-hier; les Elfes de Maison m'ont signalé les dommages aujourd'hui.
Je ne vous demande pas, bien sûr, de nettoyer --- nos petits amis en sont parfaitement capable-mais je suggère que vous passiez ici, même si ce n'est que pour quelques heures, pour évaluer les dégats et peut-être aider à manipuler les ingrédients les plus dangereux. Considérant le fait que la plupart d'entre eux ne sont probablement plus en état d'être utilisés, j'ai pensé que vous pourriez peut-être aussi souhaiter modifier votre liste de courses de début de trimestre.
Madame Pomfresh, qui a consenti à jeter un coup d'oeil, s'est déclarée incapable de surveiller les opérations de nettoyage de façon satisfaisante. Alors j'ai peur que cela doive être vous.
Encore une fois, je m'excuse du dérangement et je reste
Sincèrement vôtre
Albus Dumbledore
"Alors l'enfant est né," dit sombrement Severus au chat, après lui avoir lu la lettre. "Et il semble que le Directeur veuille me donner une occasion parfaitement insoupçonnable pour aller à Poudlard et jeter un coup d'?il au registre des naissances " La queue du chat se convulsa. "Oui, je suis moi aussi extrêmement inquiet. Mais je vais envoyer immédiatement une lettre à Voldemort " Le chat leva les yeux vers lui, faisant une impression très convaincante de froncement de sourcils. "Si vous voulez dire que je pourrais simplement Transplaner là-bas et le lui dire-certainement pas. Certainement plus, en tout cas. Mais je pourrais."
Il se leva de sa chaise et fit les cents pas dans la pièce. Ceci était, bien sûr, une possibilité parfaite pour amadouer Lestrange. Pour le faire se sentir important et lui montrer que lui, Severus, avait bien compris qui était le bras droit de Voldemort. Dans une situation aussi risquée que celle-ci, la fierté n'était certainement pas un facteur à considérer.
"Professeur,"dit-il, et le chat s'assit devant lui, le fixant attentivement. "J'ai décidé qu'il est préférable que j'appelle St. Jean Lestrange. Si vous voulez écouter, vous pouvez le faire, mais s'il vous plaît restez hors de vue. Vos oreilles sont assez sensibles, cependant, alors vous pourrez tout entendre du couloir. Je laisserai la porte entrouverte " Le chat s'ébroua, émit un court sifflement, mais se dirigea alors en ligne droite vers la porte, qu'il ouvrit pour elle.
Severus retourna à la cheminée-Dumbledore avait envoyé la lettre par leur connexion de Cheminette ré-ouverte-se prépara un instant, bien que pas trop, car un peu d'excitation prêterait plus de crédibilité à son petit acte, lança un peu de poudre dans les flammes et appela "Monrepos!"
La vieille Elfe de Maison, qui était toujours de service dans le couloir d'entrée pour accueillir les visiteurs et répondre aux appels, répondit immédiatement. "Bonjour, Monsieur, je suis Minnie, comment puis-je vous aider?"
"St. Jean Lestrange est-il là?"
"Oui, Monsieur, Maître St.Jean est là. Dois-je aller le chercher?"
Severus médita ceci un moment. Il se souvint que St. Jean lui avait dit à la cérémonie de nomination que son frère et sa belle-soeur restaient à Monrepos tout l'été. Ils étaient venus en Angleterre pour voir leur petit- enfant et, en dépit de la situation critique, avaient décidé de prolonger leur séjour jusqu'au milieu de septembre, si possible jusqu'à ce que Tabitha aussi ait mis au monde leur nièce ou leur neveu. Donc il était peut-être imprudent de lui parler via Cheminette. "Non," dit-il, "Dites lui seulement que ce Severus Rogue prépare le programme de la prochaine année scolaire et a besoin de son conseil. Je préférerais qu'il vienne ici un moment s'il le peut, parce que je ne veux pas amener tous les livres et les parchemins avec moi "
Minnie l'elfe répéta le message et disparut. Severus s'avança à grands pas vers la porte-le chat devait disparaître, maintenant que St. Jean serait ici d'une seconde à l'autre-seulement pour voir que McGonagall avait évidemment compris. Elle trottait déjà vers l'entrée que Peggy tenait ouverte pour elle. Alors il retourna à l'autre côté de la salle et ouvrit la porte-fenêtre. Le chat sauta sur une des chaises d'osier de la terrasse et se cacha sous un coussin. Severus fit un bref signe de tête dans sa direction et commença à faire les cent pas le salon. Ceci, cependant, n'était pas un acte; il était tendu et inquiet.
Lestrange l'était aussi quand il se matérialisa quelques minutes plus tard et se laissa tomber dans un fauteuil sans plus de cérémonie. "Es-tu fou?" siffla-t-il, "Toute ma famille est là, et tu m'appelles simplement au sujet de quelque prétexte transparent?"
"Bonjour à vous aussi, St. Jean " L'autre sorcier grommela simplement. "Je ne vous aurais pas appelé si le problème n'était pas vraiment urgent " Il lui tendit la lettre de Dumbledore, regardant soigneusement le visage de Lestrange pendant qu'il lisait.
"Maintenant ça c'est ce que j'appelle de bonnes nouvelles," murmura Lestrange, lui souriant en levant la tête. "Penses-tu que tu pourras jeter un coup d'?il furtif au registre des naissances?"
"Pas personnellement, non. Mais je demanderai au Baron Sanglant de me rendre un service "
Lestrange hocha la tête. "Oui, c'est beaucoup mieux. Le Maître sera extrêmement content, car autrement nous aurions dû attendre jusqu'au début de la nouvelle année scolaire, ou dire à Barty de regarder le registre au Ministère. Seulement il se demanderait forcément pourquoi, même s'il n'ose pas le demander ouvertement, alors ceci est préférable de beaucoup"
"Exactement ce que je pensais. Je suppose que Lord Voldemort ne veut pas perdre de temps, alors. Allons-nous attraper l'enfant, ou les enfants, ce soir, après l'initiation? Je dois amener l'huile, vous savez "
"Bien sûr que non " Lestrange fronça des sourcils. "Tu sais aussi bien que moi que nous allons attendre jusqu'à Halloween prochain"
Severus essaya de paraître contrit de manière appropriée. "Désolé, je. je suppose que je pensais simplement que nous allions le faire ce soir parce que le maître est si impatient de savoir-"
"C'est peu étonnant," l'interrompit Lestrange. "Après tout, nous devons savoir qui sont les enfants, et prendre des mesures pour bien les protéger. Ils sont précieux, rien ne doit leur arriver. Je sais que cela semble paradoxal." Il lança à Severus un sourire.
"Pas vraiment. Après tout, on met bien un sortilège de refroidissement sur les bouteilles de lait si on ne les utilise pas toutes le même jour, n'est- ce pas?"
"En effet" Lestrange se leva. "Je pense que je ferais mieux de rentrer maintenant. Aurais-tu des objections à me donner la lettre? Pour que je puisse la montrer au Maître. Et je ferai, bien sûr, tes excuses pour ce soir, au cas où tu n'arrives pas à temps. Si Dumbledore te garde là-bas pour dîner, cela le rendrait simplement suspicieux si tu devenais tout agité parce que tu dois partir tôt. Mieux vaut garder le vieil homme heureux. L'initiation commence à onze heure, et je doute que tu arrives à temps " Il plia le parchemin et le mit dans sa poche. "Oh, et n'essaye pas de Transplaner dans le cercle après onze heures. Les parties de ton corps finiraient à tous les coins de l'univers connu " Il sourit.
Vrai, pensa Severus. Avec l'énergie, tellurique et planétaire, que Voldemort libérait pendant ces cérémonies, il était probable qu'il ne survivrait pas à Transplaner en plein dedans. "Merci pour ce conseil, St. Jean. Au cas où je ne puisse pas être présent, je suppose que Lord Voldemort m'appellera demain "
"Il le fera certainement. Je dois vraiment y aller maintenant, Severus. Croisons les doigts pour autant de naissances que possible aujourd'hui "
"En effet," acquiesça Severus, avec un léger penchement de tête. "Transmettez mes salutations à Tabitha et au reste de la famille. A ce soir- espérons-le "
"Ne t'inquiète pas," dit St. Jean et il partit.
Poussant un soupir de soulagement, Severus se laissa tomber sur le divan et passa ses doigts dans ses cheveux. Ceci s'était mieux passé que ce qu'il avait pensé, et avec un peu de chance il ne devrait pas assister à la cérémonie de ce soir. La tête enterrée dans ses mains, il enttendit à peine l'impact doux des pattes du chat à côté de lui sur le divan. Sans changer de position, il dit, "Je suppose que votre aventure féline est terminée, Professeur, n'est-ce pas?"
Le chat sauta du divan et se dirigea directement vers la cheminée. "Non," dit-il, levant la tête, "je ne peux pas utiliser la Cheminette. Trop risqué. Je dois Transplaner jusqu'au portail et marcher. Et il en va de même pour vous. Je ne suis pas disposé à mettre en péril ma sécurité simplement parce que vous êtes trop paresseuse pour marcher vingt minutes " Le chat cracha, et il se moqua d'elle. "Ah, je vois. Vous ne pouvez pas Transplaner sous forme de chat. Eh bien." Il s'accroupit et étendit une main prudente. "Soit vous devez courir jusqu'en Ecosse, puisque vous ne devriez vraiment pas être vu près d'ici sous forme humaine, soit je devrai vous porter. A vous de choisir "
Pendant quelques moments, le chat le regarda avec des yeux rétrécis, puis il se rapprocha lentement de sa main. Severus renifla, extrêmement amusé par une telle répugnance, et la ramassa. Il savait que c'était McGonagall, mais l'envie d'enterrer son visage dans sa fourrure, de la gratter derrière les oreilles et sous son menton, et d'entendre son ronronnement de contentement, était aussi fort que la douleur soudaine de l'envie d'Esmeralda. Et de Clarissa. Et d'à peu près tout ce qu'il avait perdu. Mais il préférerait être suffoqué par ses propres larmes non-versées que de donner cette satisfaction à McGonagall.
ßßßß*ßßßß
Il s'avéra que Dumbledore avait tiré quelques ficelles-en dépit du nombre grandissant de sympathisants envers Voldemort, la résistance contre lui augmentait aussi-et il avait dit à une poignée de médisorciers de garder un oeil sur les grossesses qui pourraient résulter par la naissance d'enfants le 31 juillet. Apparemment ils avaient réussi, car seul un autre enfant-la fille de Ridley Parkinson, ancien Attrapeur de l'équipe de Quidditch de Serpentard et l'aîné de Severus de trois ans-était né ce jour là. Parkinson, cependant, était maintenant un joueur remplaçant pour l'Equipe Nationale d'Angleterre, et était constamment frustré par le manque de reconnaissance que signifiait cette position. Dumbledore, qui avait toujours insisté sur le fait qu'aucune information, aussi sans importance ou insignifiante qu'elle semble à première vue, ne devait être rejetée à la légère, avait appris de la section des sports de la Gazette des Sorciers que Parkinson considérait sérieusement un changement d'équipe, car il avait reçu diverses offres de chasseurs-de-têtes étrangers. Via son contact avec Solange Delacour, il n'avait pas été trop difficile de persuader l'entraîneur des Tonnerres de Toulon** de faire une proposition à laquelle il ne pourrait simplement pas résister, et donc Ridley Parkinson et sa famille partirent pour le sud de la France avant le milieu août. On lui avait offert de manière commode une maison à proximité de Beauxbatons, et discrètement surveillée par des Aurors. Voldemort n'était pas enthousiaste, mais ne semblait pas trop s'en soucier. Après tout, Harry Potter était là, et il pouvait le cueillir, si bien que le 31 octobre de l'année prochaine, la vengeance allait être combinée avec le besoin d'une manière très satisfaisante. A la surprise de Severus, le Seigneur des Ténèbres prit même l'information que d'une manière ou d'une autre tous les réfugiés avaient été enlevés des terrains de Poudlard, avec une sérénité relative. Il semblait qu'il se focalisait de plus en plus sur un seul dessein: la préparation de la Potion Liberatio à Halloween l'année prochaine, et le rite suivant de pouvoir et d'immortalité.
Aussitôt après que Severus eut informé Dumbledore de la possibilité de protéger le petit Harry Potter, le Directeur avait immédiatement commencé des recherches avec quelques amis fidèles. Le problème était maintenant plus ou moins hors des mains de Severus. Il se sentait extrêmement soulagé, car cette liberté soudaine lui permettait de faire quelques expériences pour trouver la bonne potion protectrice, qui allait servir de base pour le produit final, et aussi de simplement apprécier ses vacances. Il fit cela très consciencieusement, bien que, de temps en temps, il se demande comment une simple missive de quelqu'un comme Sibylle Trelawney avait pu restaurer sa force à un tel degré. Mais l'effet était indubitablement là, et donc il fit de son mieux pour l'apprécier. Avant de son retour à Poudlard le 20 août, il fut fréquement invité au Manoir Malfoy. Yelena était toujours là- bas, mais elle cherchait déjà un endroit convenable dans lequel habiter, et sa présence avait considérablement allégé l'atmosphère.
C'était étrange, songea-t-il, de voir combien Lucius avait changé au cours des années. Pas qu'ils soient devenus amis, du moins pas en ce qui le concernait-il avait presque été choqué quand Lucius avait parlé de lui comme d'un 'bon ami' le jour où Drago était né, mais cela avait, bien sûr, été pour les gens de la presse-mais il devait reconnaître que Malfoy était moins un bâtard affamé de pouvoir maintenant, qu'il ne l'avait été il y a quelques années Bien qu'une partie de ce changement soit certainement dûe à la mort de Julius Malfoy, après laquelle Lucius avait pu émerger de son ombre, le mérite en revenait principalement à Narcissa, et personne n'était plus reconnaisant envers elle que Severus. Son rôle en tant qu'espion, l'enseignement et les cent masques ou plus qu'il devait porter faisaient assez pour compliquer sa vie, alors c'était un soulagement immense de ne pas devoir constamment surveiller son dos. Ou du moins il l'espérait. Pour le moment, il n'avait aucune raison d'en douter. Lucius était serviable à l'extrême et prenait un risque non négligeable en emmagasinant graduellement l'argent de Severus dans les intestins du Manoir Malfoy. Cela avait été accrû par la somme coquette qu'il avait payée pour la villa en Italie, offrant un prix beaucoup plus haut que ce que Severus aurait jamais pu obtenir sur le marché libre. Voyant comment il pourrait en venir à avoir besoin de cet argent, dont la perte ne faisait pas vraiment de mal à Lucius, il avait pour une fois ravalé sa fierté et accepté.
Petit Drago se portait splendidement, à la grande joie de ses parents- Severus soupçonna plus d'une fois que cet enfant se transformerait en un marmot horriblement gâté s'ils continuaient comme cela-et ainsi ce fut avec quelque chose d'apparenté à du regret qu'il dit au revoir à la famille Malfoy le 19 août.
Entre le vingt et le vingt-cinq, les enseignants retournèrent à Poudlard en un filet régulier, des réunions de personnel furent tenues, les salles de classe furent soumises à une dernière inspection et à un dernier nettoyage, et plus tôt que n'importe qui s'y était attendu, les élèves arrivèrent et l'année scolaire commença. Après la longue période de relâche et de rétablissement qu'il avait apprécié, Severus dut avouer à lui-même et au Baron Sanglant qu'il faisait face au dix prochains mois avec beaucoup plus de sérénité qu'il y a un an. Il n'appréciait toujours pas l'enseignement, mais pendant la dernière année scolaire il s'était forgé une réputation pas très différente de celle de Lestrange. Avec l'exception qu'il ne voulait pas ni n'encourageait de contacts personnels avec ses élèves, qu'ils soient à Serpentard ou pas. Non seulement c'était trop dangereux, il était aussi contre sa propre nature de laisser des gens, qu'il estimait être ses inférieurs à bien des égards, se rapprocher trop de lui. Son sentiment de superiorité s'étendait, bien sûr, à la plupart des membres de la faculté aussi, et ainsi il restait plutôt isolé. Pas qu'il y soit opposé, surtout puisque la méfiance hostile de ses confrères avait diminué un peu, grâce à l'attitude plus raisonnable de McGonagall envers lui. En tant que Directrice Adjointe, son opinion avait une influence considérable sur le reste du personnel, et l'absence d'inimitié ouverte de sa part mena bientôt à une intégrale indifférence amicale envers le Directeur de Serpentard. Même Black avait perdu une partie de son aplomb normal après le sermon- moins-qu'amical de son protecteur.
Severus venait tout juste de ranger sa salle de classe et de retourner à ses quartiers le vendredi après-midi de la troisième semaine d'école, pour corriger au moins une partie des copies reçues aujourd'hui avant le dîner, quand un hibou exigea péremptoirement l'accès à son salon. Comme il pleuvait à verse dehors, l'urgence de l'oiseau semblait plus que compréhensible, et donc il se dépêcha d'ouvrir la fenêtre pour laisser entrer l'oiseau. Heureusement, l'expéditeur-et, considérant le fait que c'était un Hibou Grand-Duc, c'était probablement Lucius-avait mis un soritlège d'Impervius sur sa lettre, autrement Severus n'aurait plus eu grand chose à lire. Il ne s'approcha pas de l'oiseau avant qu'il ait secoué toute l'eau de son plumage. Après avoir éliminé la flaque résultante par un rapide sortilège, il délia la missive et, faisant attention de ne pas se faire endommager le doigt par inadvertance par le bec aigu, offrit au hibou une récompense qui fut accepté avec reconnaissance.
Elias émit un coassement furieux de sa position avantageuse sur le manteau de la cheminée, où il s'était prudemment retiré quand l'oiseau beaucoup plus grand était arrivé. "La ferme, espèce de lâche," dit Severus, lui souriant. "Tu ne peux vraiment pas te plaindre d'être mal nourri. Sois plutôt reconnaissant que je ne t'envoie pas dehors sous la pluie" Quand il s'assit pour lire la lettre, le corbeau se percha sur son épaule-il faisait toujours cela, évidemment dans l'espoir qu'il lui offre le ruban entourant le rouleau. Il était rarement déçu, et Severus se demandait parfois où exactement la collection de rubans d'Elias, qui devait être tout à fait impressionnante maintenant, pouvait être cachée. Pour le moment, l'oiseau resta sur son épaule, jouant avec ses cheveux, pendant que Severus lisait:
Sev,
Ceci est seulement une courte note pour te faire savoir que Tabitha a mis au monde une fille tôt ce matin. Viviane Quelquechose-je ne me souviens pas du deuxième prénom. La cérémonie de nomination aura lieu vendredi prochain, le 26 septembre-je suppose que tu devrais participer. L'invitation officielle arrivera sans aucun doute bientôt.
Je suis déjà occupé à chercher une -pour dire la vérité, n'importe laquelle- fiancée convenable pour Drago, pour éviter les fiançailles de Viviane Quelquechose Lestrange et de mon fils. Peut-être que j'écrirai à Ridley Parkinson. Pour dire la vérité, je supplierais plutôt McGonagall à genoux d'épouser mon fils que de le promettre à la fille de St. Jean.
Ma mère et Narcissa envoient leurs égards. A vendredi prochain.
Lucius
"Eh bien, Elias,"dit Severus au corbeau, "Le 19 septembre est certainement un jour heureux pour les Lestranges. Avec Owen et moi célibataires, et Lucius un handicap, la position de St Jean comme prince héritier et éminence grise** sera plus sûre que jamais "
Il se leva et traversa la salle, pour s'asseoir à son bureau et écrire une courte réponse.
Lucius,
Merci pour l'avertissement. Je vais voir Dumbledore immédiatement pour prendre un congé vendredi prochain. Probablement aussi le samedi, car je ne peux pas voir comment je vais survivre à cet événement sans aucun doute dégoûtant sans beaucoup d'alcool.
Bonne chance avec les fiansailles. Donne mes égards à Yelena et Narcissa.
Severus
ßßßß*ßßßß
La carte d'invitation officielle, portant le blason des Lestranges, arriva deux jours après la lettre de Lucius. Severus envoya immédiatement sa réponse. Le vendredi suivant, après avoir fini d'enseigner, il retourna précipitamment à ses quartiers pour se préparer.
"Ah, Baron," dit-il, donnant aux plis de ses robes de soirée un dernier regard critique, "comme il est bien de vous joindre à moi " Le fantôme inclina la tête. "Je sais, bien sûr, que vous êtes parfaitement capable de surveiller les élèves tout seul. Mais le Directeur a insisté pour que Professeur Sinistra prenne la relève ce soir, alors pourriez-vous s'il vous plaît faire votre rapport à elle si nécessaire?"
"Bien sûr, Professeur. Quand allez-vous revenir?"
"Oh, pas trop tard. Probablement même avant le couvre-feu. Mais alors, vous savez comment c'est le vendredi soir."
Le spectre fit un mince sourire. "Presque huit cent ans d'expérience m'ont certainement enseigné que les élèves ne changent jamais, et que leur créativité atteint des hauteurs étonnantes les vendredi soirs. Appréciez les celébrations, Professeur, et transmettez mes égards au Professeur Lestrange et à sa femme "
La pluie de la semaine dernière, qui avait duré trois jours, avait apporté un froid considérable, surtout la nuit, et donc Severus lança un manteau léger par-dessus ses robes de soirées de velours noir. Sa baguette- seulement la baguette officielle aujourd'hui-était emmagasinée dans la poche spéciale de sa manche de chemise, et maintenant il avait seulement besoin de. "Elias!" appela-t-il, "Viens ici immédiatement!" Le corbeau s'arrêta avec obéissance sur le dessus de lit. "Mauvais, mauvais oiseau,"gronda-t-il, "tu sais que tu ne dois pas voler tout ce qui brille" Elias pencha la tête. S'il était humain, il rirait probablement tout bas, pensa Severus. " Accio jeton de nomination !"
D'une certaine façon, pensa-t-il quand l'objet arriva en planant dans sa main tendue, la fascination de l'oiseau était compréhensible. Contrairement aux cadeaux de séparation pour les funérailles des sorciers, il n'y avait pas de choix du matériau en ce qui concernait les jetons de nomination. Ils devaient être en argent, parce que ce métal avait beaucoup de propriétés magiques, surtout protectrices. Seule la taille variait selon les possibilités financières des donateurs; autrement il y avait peu de place pour l'imagination créatrice. C'était fondamentalement une pièce, sur un côté duquel le nom de l'enfant était gravé. L'autre face portait le nom du donateur. Bien que les origines de cette tradition soient incertaines, il était assez évident que cela était voulu pour symboliser la protection dans tous les sens: par les propriétés magiques du matériau lui-même, par le donateur-bien que ceci soit simplement une formalité de nos jours-et, sans oublier, par sa valeur. Si nécessaire, le jeton pouvait toujours être vendu. Avec un sourire à son animal familier non-repentant, Severus examina le jeton: environ quatre centimètres de diamètre, car plus aurait bordé sur le m'as-tu vu sans saveur, et la surface extrêmement polie montrait les noms 'Severus Rogue' et 'Viviane Hermione Lestrange' en léger relief. Peu étonnant que Elias ait été attiré par cette chose scintillante. Il aurait dû l'emballer, du moins tant qu'il le gardait dans ses appartements, ou peut-être l'enfermer dans quelque endroit inaccessible au corbeau. Il le mit dans sa poche, et quitta ses appartements plutôt précipitamment, parce qu'il était déjà en retard.
ßßßß*ßßßß
Les premières étoiles clignotaient dans un ciel presque sombre quand Severus Transplana à Monrepos. Il n'était nullement le dernier à arriver, mais la foule se pressant sur la pelouse était déjà impressionnante. Il faisait considérablement plus chaud ici dans le sud, et ainsi l'événement pouvrait avoir lieu dehors. Severus tendit son manteau à un Elfe de Maison et scruta la foule pour chercher des visages familiers.
"Oh, vous voilà," fit une voix argentée de derrière lui.
"Yelena," dit-il, se penchant pour lui faire un baise-main. "Où sont Lucius et Narcissa?"
"Ils arriveront un peu en retard, je suppose. Drago a eu faim quand nous étions sur le point de partir, et Lucius doit évidemment surveiller que Narcissa le nourrit convenablement "
"Oh, bien sûr, voyant comme c'est lui l'expert." Ils rirent tous les deux. "Je pense que nous devrions rejoindre la file, n'est-ce pas?"dit Severus, lui offrant son bras. "Cela va être une longue attente "
St. Jean et Tabitha se tenaient au sommet des larges escaliers qui conduisaient à la porte d'entrée, recevant les jetons et les félicitations de leurs invités qui, en une ligne se mouvant de manière régulière, montaient les escaliers du côté droit, passaient devant le couple, et redescendaient vers la gauche. C'était un spectacle tout à fait impressionnant, bien que Severus l'estime légèrement exagéré.
"Cela te dérangerait-il d'attendre Lucius et Narcissa?" demanda-t-elle, prenant son bras, "Nous pourrions aller faire une petite promenade entretemps. Mais je ne pense pas que Lucius serait très heureux d'être le dernier de la ligne sans nous deux "
Severus lui sourit, se demandant brièvement quand exactement sa fervente adoration juvénile s'était transformée en amitié sincère. "Bien sûr," dit- il. "En groupe de quatre, cela va être un peu plus confortable. Ils n'amènent pas Drago, n'est-ce pas?"
"Non, bien sûr que non. Oh, j'ai oublié de te dire que Lucius a réussi: Ridley Parkinson a accepté les fiançailles "
"Vraiment?" dit Severus, s'arrêtant et se tournant pour la regarder. Ils avaient quitté le domaine bien éclairé par les torches, et il pouvait à peine voir son visage. "Je suis content pour Drago, mais-" il regarda alentours pour dénicher les oreilles indiscrètes possibles; bien qu'il ne puisse voir personne, il baissa la voix et continua, "Mais il pourrait y avoir. des conséquences, vous savez? J'espère seulement-"
"Severus!" vint la voix de Lucius à travers l'obscurité, "Comme c'est insolite de ta part! Partir furtivement avec quelque -Oh, c'est vous, mère. Je. euh, mes excuses"
Severus se mordit la lèvre inférieure pour étouffer un petit rire. "Bonsoir, Lucius. Comment va le bébé dragon ?"
"J'ai dû changer de robes de soirée à la dernière minute, parce qu'il a vomi partout sur mon épaule " Severus renifla moqueusement. "Ce n'est pas drôle, Rogue. Viens, rejoignons la file "
Narcissa, les yeux encore brillant de gaieté à cause de la mésaventure de Lucius, les salua, et ensemble ils se dirigèrent vers la ligne diminuant lentement des invités.
"Oh, non!" marmonna Lucius sous sa barbe, "A cause de ce petit fauteur de trouble nous sommes les derniers. Il devra payer pour cela, dès qu'il sera assez grand "
Encore quinze minutes de plus, et ce fut leur tour. Lucius et Narcissa montèrent les escaliers d'abord, et quand Severus et Yelena eurent atteint le sommet, il relâcha son bras et lui fit signe de le précéder. Il n'avait jamais vu Tabitha porter d'autres couleurs que du noir ou quelque nuance de rouge, mais aujourd'hui elle avait choisi des robes des soirée en soie de couleur primevère. C'était très insolite, mais facilement expliqué par le fait qu'évidemment la pierre porte-bonheur de Viviane Hermione était aussi jaune que celle de Drago, parce qu'elle aussi était cachée sous d'innombrables couches de matériau jaune tournesol. Peut-être était-ce même le jaspe. En tout cas, la couleur aurait été horriblement en conflit avec le rouge normal de Tabitha, pour ne pas mentionner que la combinaison aurait évoqué des associations avec Gryffondor. Avec du noir, les invités auraient sûrement pensé à Poufsouffle, et ainsi la combinaison de jaunes était probablement le meilleur choix.
"Félicitations," dit-il, serrant la main de St Jean après avoir déposé le jeton dans un panier presque débordant. Lestrange inclina la tête, et Severus se tourna vers Tabitha, qui paraissait plutôt fatiguée après plus d'une heure à constamment saluer, sourire et hocher la tête. Etrange, pensa- t-il, son sourire paraissait presque authentique. Peut-être y avait-il de l'espoir pour l'en-
St Jean s'empara rapidement de sa main pour l'empêcher de tomber dans les escaliers. "Severus, y-a-t'il un problème?"
"Je. non. je veux dire. oh, Merlin!" bégaya-t-il, essayant de regagner son sang-froid mais échouant. "Tabitha, penses-tu que je pourrais la tenir un instant?"
Elle fronça les sourcils, visiblement confuse, mais lui tendit alors le paquet jaune. "Si tu es sûr. Pourrais-tu la porter à l'intérieur et la donner aux Elfes de Maison, s'il te plaît? Mes bras sont déjà engourdis "
Il hocha simplement la tête et s'avança lentement vers l'entrée, le nouveau- né dans ses bras, incapable d'ôter ses yeux des siens, de ce petit visage en forme de coeur, de la touffe de cheveux châtains sur sa tête. il était si complètement bouleversé qu'il lui était impossible de déterminer si c'était de bonheur ou de désespoir. Dès l'instant où il l'avait regardée dans les yeux, il avait su. c'était exactement comme Sibylle l'avait prédit. Il avait su que c'était Elle, et la sensation de bonheur l'avait presque fait éclater, si bien qu'il avait même perdu l'équilibre un instant. Immédiatement après cela, cependant, il avait été surmonté par un désespoir si profond qu'il pensait qu'il pourrait en mourir. Oui, Elle était en effet entrée en scène. Mais quelle ironie cruelle qu'elle l'ait fait en naissant. Il s'était attendu à tout, même à ce qu'Elle soit parmi ses première année de l'année, même à Poufsouffle, ou peut-être une nouvelle confrère, peut-être même plus vieille que lui de dix ans ou plus. Mais ceci-ceci était le Neuvième Cercle du Paradis, ceci était le Jardin de l'Enfer, un fondu inextricable et rendant fou de ses espoirs les plus sauvages et de ses pires cauchemars.
L'enfant était calme mais pas endormie. Avec des yeux grand ouvert, elle le regardait, et quand sa première larme tomba sur son visage, près du coin de sa bouche, elle sourit, bien qu'il se soit attendu à ce qu'elle crie, parce qu'il pensait que la goutte devait être froide comme de la glace ou brûlante à ébouillanter. Il tituba vers un des fauteuils Louis XVI à l'air fragile dans le couloir d'entrée et s'assit lourdement. "Viviane Hermione," chuchota-t-il, et Ses yeux s'agrandirent. "Ce n'est pas possible. Ce n'est simplement pas possible. tu sais de qui tu es la fille? As-tu une idée de ce en quoi ils te transformeront? Et si nous réussissons, que diable adviendra-t-il de toi?" Faisant attention de ne pas lui faire de mal, il la serra un peu plus près. "Et comment suis-je supposé faire face à cela?" une autre larme, un autre sourire. "Quinze ans, au strict minimum. Et je pensais que les sept derniers mois étaient longtemps."
Il avait, bien sûr, oublié la deuxième partie de la prédiction.
ßßßß*ßßßß
"Severus, que faites-vous ici? Nous-"
Incapable de parler, il leva les yeux vers Yelena, qui s'était brusquement arrêtée et se tenait maintenant devant lui.
"Qu'est-ce qui ne va pas, Severus?" Elle s'approcha et le regarda. Personne ne l'avait jamais vu en larmes, mais il ne s'en souciait pas. "Est-ce que . vous pleurez?" demanda-t-elle, le souffle coupé et incrédule, "Que diable s'est-il passé?"
Il avala et essaya de répondre. "Je. elle est." Il renonça. Le bébé dans ses bras était toujours bien éveillé et regardait silencieusement son visage-qui devait probablement lui apparaître comme une simple tâche blanche, pensa-t-il-se sentait à l'évidence très à son aise dans ses bras.
"Elle est quoi, Severus?"demanda Yelena, s'agenouillant à côté de lui. "Elle va très bien, n'est-ce pas?"
Severus hocha la tête. "Oui, elle va parfaitement bien. C'est juste." Sa voix s'estompa.
"Vous devriez probablement la transmettre aux Elfes de Maison maintenant, autrement les Lestranges pourraient trouver votre comportement un petit bizarre "
"Je sais," chuchota-t-il et il caressa le petit visage. "Je sais. Mais d'une manière ou d'une autre, je ne semble pas pouvoir la lâcher "
Elle se leva et regarda alentour. "Très bien," dit-elle, "Alors au moins rendons ceci aussi discret que possible. Accio chaise!" De l'autre côté du couloir, une chaise similaire à celle sur laquelle Severus était assis se plaça avec obéissance à côté de la sienne, et Yelena s'assit. "Pensez-vous que je pourrais la tenir un peu? Comme cela vous pourrez toujours la regarder, mais si quelqu'un nous surprend, cela paraîtra moins étrange "A regret, il lâcha le bébé, seulement pour poser sa main sur le tas de volants jaunes dès qu'elle fut confortablement installée dans les bras de Yelena. "Et maintenant dites moi," l'incita-t-elle.
D'habitude, il aurait hésité à révéler une si grande partie de lui-même, mais il reconnut qu'il était incapable de résister. D'une main, il ouvrit le medallion, sortit le parchemin avec la prédiction de Sibylle, lui rendit sa taille initiale et le mit dans la main tendue de Yelena. L'expression sur son visage changea de curieuse à déconcertée puis à compatissante. "Etes-vous sûr que c'est elle?" demanda-t-elle finalement.
Il hocha la tête. "Oui, sans aucun doute. Je l'ai senti quand." Sa voix s'enroua, et il dut se racler la gorge quelques fois avant de pouvoir continuer. "Je ne peux pas décrire ce que j'ai ressenti, mais je vous assure qu'il ne peut pas y avoir le moindre doute. Je regrette de ne pas au moins être son parrain,"laissa-t-il échapper, "en dépit de-"
"Chut!" Elle posa sa main libre par-dessus la sienne, si bien que les deux main reposaient maintenant sur le petit corps. "Vous devriez être plus prudent, maintenant que vous l'avez trouvée. Ecoutez, la cérémonie va commencer d'une seconde à l'autre maintenant-" elle se leva et sonna une cloche argentée sur une table proche "-alors nous devons la donner aux elfes "
Désespérément et avec un sentiment soudain de solitude, il regarda l'enfant être emportée.
"Venez,"dit Yelena, lui tendant sa main, "sortons furtivement et cherchons un endroit où nous pourrons parler en privé. Je suppose que vous en avez besoin "
Sa tentative pour sourire était probablement un échec pitoyable, mais il essaya de son mieux. La main dans la main, ils sortirent du couloir d'entrée et descendirent les escaliers, passant la foule-heureusement ils avaient tous le dos tourné au bâtiment-jusqu'à ce qu'ils soient arrivés de l'autre côté du manoir. L'édifice énorme bloquait complètement le bruit et la lumière de l'autre côté, si bien que le doux murmure d'une fontaine et le bruit grésillant produit par des centaines, peut-être des milliers de grillons étaient les seules rumeurs dans la nuit en dehors du son craquant de leurs souliers sur le gravier. Il faisait maintenant complètement sombre, les arbres du vaste parc étant des contours noirs volumineux devant un arrière-plan bleu encre. Ils s'assirent sur un banc, silencieux au début, regardant et écoutant simplement les chuchotements nocturnes, jusqu'à ce que Severus sente qu'il s'était un peu calmé.
"Pourquoi doit-elle être leur fille?" Cela avait un son mesquin, et fâché. Yelena semblait comprendre, cependant.
"Cela aurait rendu les choses plus faciles, si elle avait été ma petite- fille," consentit-elle. "D'autre part, ce qui compte vraiment est qu'elle est. eh bien, arrivée, et que vous l'avez trouvée. Il y aura des moyens de la voir de temps en temps. Peut-être qu'il est même mieux que vous ne soyez pas trop proche d'elle tant qu'elle est encore enfant. Elle pourrait grandir en vous considérant comme un grand frère, ou un oncle, si elle vous voyait trop souvent"
"La prédiction parle d'amour," remarqua-t-il sèchement, espérant qu'elle le contredirait, "mais elle ne précise pas quel genre d'amour "
"Vrai. Mais elle l'appelle aussi vôtre âme soeur " Il lui fit un sourire reconnaisant. "Je ne pense pas que cela signifie amour dans un sens platonique"
"Ceci est complètement absurde " Voyant son regard étonné, il expliqua hâtivement, "Pas ce que vous avez dit. C'est seulement qu'avant j'étais . eh bien, assez épris de vous, et maintenant je suis assis ici avec vous, à vous parler d'une fille qui vient seulement de naître "
Sa main monta entourer sa joue. "Oui, cela semble vraiment étrange. Cependant-"
"Je ne vais pas l'appeler père!" La rage dans la voix de Lucius était à peine contenue. "Rogue, que diable penses-tu être en train de faire?"
"En parlant de situations absurdes," dit Yelena, et elle rit. "Lucius, tu es parfait pour le rôle du Mari Jaloux, mais je suggère que tu ferais mieux de ne pas utiliser ce talent en ce qui me concerne. Severus est. indisposé, et il avait besoin de parler à quelqu'un. Ne t'inquiète pas, m'épouser est probablement la dernière chose qu'il voudrait considérer maintenant " Elle se leva du banc et dit à Severus, "Devrions-nous vous laisser ici, pour que vous puissiez apprécier un peu de paix? Je ferai vos excuses, au cas où les Lestranges demandent où vous êtes allé, et je leur dirais que vous ne vous sentiez pas très bien "
Il hocha simplement la tête, et écouta le son de leurs pas, qui devenaient de plus en plus faible jusqu'à ce qu'ils se perdent dans le lourd calme de la nuit.
ßßßß*ßßßß
Comment il avait réussi à revenir en transplanant aux portes de Poudlard et regagner la sécurité de ses propres appartements était inexplicable pour Severus. Il n'était pas resté sur le banc solitaire trop longtemps, craignant qu'une partie des invités puisse oser s'éloigner de la foule principale et le déranger. Donc il était arrivé dans ses appartements peu après dix heures, s'était versé à boire et s'était assis près de la cheminée, essayant de récupérer un modicum de contrôle sur lui-même. Peut- être, pensa-t-il, que revenir avait été une erreur, car il n'avait pas dévisagé les flammes plus longtemps que vingt minutes quand le Baron Sanglant entra en flottant à travers le mur.
"J'ai peur de devoir vous déranger, Professeur," dit-il d'une voix grinçante, "Mais deux cinquième année sont en train de se battre, et il semble que les préfets ne puissent pas tout à fait c'occuper du problème "
Avec un soupir, Severus se leva, passa en vitesse ses robes d'enseignant et alla toucher le serpent, taillé dans la pierre à côté de sa porte, de la pointe de sa baguette, si bien que, cinq secondes plus tard, il entrait dans la Salle Commune de Serpentard. Le Baron n'avait pas exagéré-un des préfets soignait un nez saignant abondamment, l'autre, apparemment assommé, était étendu sur un divan. Au milieu de la salle, deux élèves se lançaient des sorts l'un à l'autre, bruyamment encouragés par leurs camarades qui formaient un cercle autour d'eux.
"Silence!" tonna-t-il, et la salle se calma immédiatement. Sauf les deux adversaires, qui étaient tellement immergés dans leur lutte qu'ils n'avaient pas entendu leur Directeur de Maison. Les malédictions continuaient à voler, et Severus fit signe aux élèves de reculer. Levant sa baguette, il s'approcha des deux combattants en rien découragés de quelques pas, avec l'intention d'étourdir les deux en succession rapide. Il savait très bien qu'il ne fallait pas approcher un duelliste par derrière mais toujours par le côté-le risque d'une malédiction évitée, si bien qu'elle frapperait la troisième personne, était trop grand. Ce sur quoi il n'avait pas compté, cependant, était qu'un des adversaires puisse perdre son équilibre et trébucher exactement au moment où il lançait Expelliarimus. Ainsi, il n'était pas préparé à faire dévier le sort, et il le frappa, avec assez de force. Comme au ralenti, il se sentit être propulsé en arrière, pendant que sa baguette volait hors de sa main, tournant sur elle-même vers le plafond. Il se renversa, essaya de regagner son équilibre et attrapa son pied gauche sous le bord du tapis. Comme il tombait, ayant encore l'impression que le temps s'était presque arrêté, il vit les yeux des élèves autour de lui s'élargir de choc, vit l'air étonné sur le visage du duelliste qui avait atterri sur son derrière, vit l'autre, qui était resté sur ses pieds, se retrouner en une tentative pour l'empêcher de tomber, vit le plafond arriver lentement dans son champ de vision, et puis. le noir.
ßßßß*ßßßß
"Doux Merlin," marmonna-t-il, ouvrant à regret ses yeux mais les refermant immédiatement, "C'est la pire migraine que j'aie jamais eu " A l'aveuglette, il tâtonna pour chercher la cloche d'argent sur sa table de nuit, sans succès. Pendant qu'il abaissait soigneusement son dos douloureux dans les coussins, des images vagues réapparurent dans son esprit. Il avait été à la cérémonie de nomination. il avait attendu Lucius et Narcissa avec Yelena. Lucius avait fait quelque commentaire stupide à son arrivée. et alors? Qu'était-il arrivé ensuite? S'était-il tant soûlé qu'il avait dû rester à Monrepos? Cela expliquerait au moins l'absence de la cloche. Il décida de ne plus penser à cette question, parce que même le plus petit effort mental avait l'air de surcharger son cerveau douloureux. Peut-être pourrait-il dormir un peu plus.
"Severus?"
Non, il ne pourrait définitivement pas dormir plus. A qui appartenait cette voix, au fait? Elle semblait familière, mais elle n'appartenait pas à Monrepos. Alors peut-être qu'il était retourné à Poudlard? Finalement ses paupières réagirent à l'ordre sévère de se soulever immédiatement, même si seulement un peu. "Oui," grogna-t-il. Sa voix était enrouée. Alors ceci était probablement une gueule de bois plutôt qu'une migraine.
"Pensez-vous que vous soyez en état d'avaler une potion contre la douleur?"
Eh bien, pensa-t-il, ceci était sans aucun doute une bonne idée. Brillante, même. Bien que. "Je ne prends jamais de potion que je n'ai pas faite moi- même," dit-il d'une voix brouillée.
"Aucun besoin de s'inquiéter. Vous avez faite celle-ci. Puisque vous préparez toutes les potions que j'utilise sur mes patients "
Ouvrant ses yeux d'une autre fraction, il scruta prudemment la silhouette planant au-dessus de lui. "Madame Pomfresh?"
Un soupir de soulagement profond. "Exactement. Maintenant soyez gentil de boire ceci, et d'essayer de dormir encore "
"Je serai content d'obéir," répondit-il, avalant la préparation et perdant presque immédiatement connaissance.
ßßßß*ßßßß
Quand il se réveilla la fois suivante, la lumière était beaucoup plus bénigne, et donc il se sentit assez aventureux pour ouvrir entièrement les yeux. Madame Pomfresh était assise sur une chaise à bascule à côté de son lit, lisant. Quand elle l'entendit remuer, elle leva les yeux, ferma le livre et le posa sur la table de nuit. "Ah," dit-elle avec un sourire, "vous avez l'air beaucoup mieux maintenant. Ne bougez pas, je vais seulement aller vous chercher une autre dose de potion et informer le Directeur "
Non, il n'allait certainement pas bouger. Le plus léger changement de position lui donnait la nausée- raison suffisante pour suivre son conseil. "J'espère que vous n'allez pas me redonner une potion somnifère," remarqua- t-il acidement quand l'infirmière revint avec une fiole.
"Non, ceci est seulement contre la douleur. Le Directeur sera ici dans quelques minutes, alors je ne vais pas vous renvoyer dormir " Le 'pas encore' implicite resta tû.
Trop étourdi pour poser des questions, Severus essaya précautionneusement de bouger sa tête sur l'oreiller, pour trouver une position plus confortable. Son dos lui faisait mal-probablement que l'infernal mélange qu'elle lui avait fait boire avant avait contenu quelque relaxant puissant, si bien que sa colonne vertébrale ressemblait maintenant à la silhouette distante de montagnes sur l'horizon. Il avait certainement l'impression que c'était le cas.
"Bienvenue à votre retour, Severus," le salua le Directeur. "Non, attendez, ne bougez pas, je viens de l'autre côté du lit " Dumbledore prit le siège que Madame Pomfresh avait précédemment occupé. "Comment vous sentez vous?"
"Je me sens déjà mieux," répondit-il sèchement. "Pourquoi suis-je à l'infirmerie?"
Etait-cela un regard d'inquiétude dans les yeux du vieil homme? "Vous êtes ici parce que vous avez eu un accident l'autre nuit. A ce que je vois vous ne vous souvenez de rien?"
"Je rappelle arriver à Monrepos. Et quelques détails de la cérémonie. Le reste est totalement blanc. Voudriez-vous me mettre au courant?"
Dumbledore poussa un soupir profond. "Je peux simplement vous dire ce qui est arrivé après que vous soyez revenu à Poudlard " Avec une surprise augmentant qui devint lentement de l'inquiétude, Severus entendit parler du duel et du sort perdu qui l'avait frappé. "Votre tête a frappé l'accoudoir d'une chaise derrière vous," conclut Dumbledore "Vous aviez un traumatisme crânien, et nous craignions le pire "
"Eh bien, apparemment vous pourriez avoir limité vos craintes au deuxième pire. Quel jour sommes-nous aujourd'hui?"
"Dimanche, le 28 septembre. Vous avez été inconscient pendant plus de douze heures, et vous avez passé le reste du temps à dormir. Je pense que je ferais mieux de vous laisser maintenant et de revenir plus tard. Vous avez besoin de repos "
Tout en se rendormant à nouveau, Severus sentit un contentement étrange le submerger. Presque de la paix. Quelque chose était arrivé, il le savait. Quelque chose de crucial, bouleversant sa vie. Mais sur sa vie , il ne pouvait pas se souvenir de ce que c'était.
** en français dans le texte
"Nous devons faire aussi court que possible," dit Severus, faisant signe à McGonagall de s'asseoir dans son bureau. "Je ne pense pas que ma maison soit surveillée, mais mieux vaut prévenir que guérir "
"Bien sûr", acquiesça-t-elle, "Etant donné la complexité de la question, je doute que nous puissions arriver à n'importe quel résultat ce soir. Alors parlez moi de vos pensées "
Severus répéta la partie essentielle de sa conversation avec Owen, et ce que le Baron Sanglant lui avait dit. Quand il eut fini, elle hocha simplement la tête et se renversa en arrière dans son fauteuil, une expression de concentration profonde sur son visage. Décidant qu'il était probablement mieux de simplement la laisser penser un peu, Severus, prit aussi une posture plus relâchée, s'appuyant sur le dossier et croisant les jambes, et prenant de temps en temps une petite gorgée de café. Il était tard, déjà deux heures du matin passées, mais il avait besoin de la caféine pour rester éveillé. La cérémonie de nomination avait été une longue affaire-ou plutôt, la réception après l'avait été, tandis que la cérémonie elle-même était relativement courte-et bien qu'il n'ait pas ingéré beaucoup d'alcool, il en avait pris plus que d'habitude.
En dehors du retour de Yelena, qui l'avait véritablement rempli de joie, la soirée avait été dépourvue d'événements intéressants, et il avait trouvé cela difficile d'échapper à la multitude de parents qui profitaient de l'occasion pour parler avec lui des progrès de leurs enfants, ou du manque de progrès, en Potions. Les Lestranges avaient, bien sûr, été présents, et s'ils avaient été offensés du choix de marraine de Lucius, ils ne l'avaient du moins pas montré ouvertement. Tabitha, qui était déjà entrée dans son huitième mois de grossesse, s'était extasiée devant le petit Drago, et St. Jean avait été soi normal et charmant. Des Mangemorts s'étaient mêlés au personnel du Ministère, conversant amicalement, des meurtriers avaient serré les mains de membres de la famille de leurs victimes et offert leurs sincères condoléances, des traitres avaient élevés leurs verres aux fanatiques de leur cause-dans l'ensemble, pensa Severus, cela avait été une soirée très Serpentard.
Carl et Cedric Nott, tous les deux en robes de soirée noires à cause de leur perte récente-il avait été publiquement déclaré que Fiona avait souffert d'une attaque cardiaque tandis qu'elle était seule à la maison, si bien qu'elle était déjà morte quand son mari l'avait trouvée-avaient bavardé de façon aimable avec Stuart Wilkes, qui avait amené sa fiancée. Elle rappelait légèrement Mathilda à Severus, avec ses doux yeux bruns et son comportement discret; Lucius, cependant, l'avait informé que la fille, qui était l'aînée de Stuart par un an, avait été expressément choisie pour lui par Voldemort et Lestrange. Elle était allée à l'école à Beauxbatons, était allemande et la fille du 'contact allemand' qui avait redécouvert la bibliothèque de Grindelwald. Stuart, encore sous l'influence de la Potion Imperius, dont Lestrange avait finalement créé une version qui durait six mois, avait bien sûr obéi sans objection, et était ainsi maintenant sous une surveillance encore plus rapprochée. Isolde-c'était le nom de la fiancée-était une partisane dévouée et une sorcière puissante. Son futur- mari n'avait pas une seule chance. A plus proche inspection, Severus avait remarqué que son ventre était légèrement arrondi; Stuart avait confirmé qu'elle était, en effet, enceinte de quatre mois. Donc Sibylle avait eu de nouveau raison: un mariage très tôt et. eh bien, le nombre d'enfants était encore bien sûr incertain. Mais à voir comment le premier était déjà en chemin, peut-être qu'il allait vraiment y en avoir plus. Il devrait attendre un peu plus longtemps pour vérifier si la deuxième partie de la prédiction, à savoir qu'ils se retourneraient tous contre lui, avait été exacte.
Quelle étrange soirée cela avait été. tous ces visages, certains qu'il avait connus depuis longtemps-ils avaient changé, surtout avec l'âge, mais derrière les rides et les expressions altérées il pouvait encore les voir comme ils avaient été la première fois qu'il les avait rencontrés. Alors il avait alterné en flottant entre présent et passé.
"Eh bien," la voix de McGonagall coupa ses réflexions, "je pense que nous pourrions avoir une chance. J'ai fait ma juste part de recherches dans ma jeunesse, avant que je commence à enseigner à Poudlard, et une partie de ces recherches était dédiée à la magie ancienne, primordiale- cela fait partie de ce qu'il faut pour devenir Animagus, ou du moins cela en faisait partie de mon temps. Mais je ne suis nullement une experte en Potions. Ce que je sais, cependant, est qu'avant que les médisorciers existent sous la forme que nous connaissons de nos jours, des guérisseurs-et il n'y en avait que très peu - utilisaient des pouvoirs très crus que seul un petit nombre de sorciers possédaient. Ils guérissaient leurs malades sans utiliser de baguette, purement par la force de leur. eh bien, je suppose que l'on pourrait appeler cela amour, pour les êtres humains. Parfois ils étaient assez généreux pour mettre leurs capacités à la disposition des Moldus, qui classaient promptement ces événements comme des miracles, et ceux qui les exécutaient comme des saints. Alors, s'il était possible de diriger ce genre d'énergie dans une potion, ceci pourrait être la solution de notre problème "
"Hmm." Severus posa sa tasse de café et la regarda attentivement. "Lily Evans, euh, Potter, désolé, Lily Potter est une sorcière très puissante. La question est: possède-t-elle ce genre de pouvoir, ou l'amour d'une mère pour son enfant serait-il suffisant de toute façon?"
McGonagall hocha la tête. "Exactement. Le problème entier se réduit à cette seule question. Si c'était possible, alors peut-être qu'une potion protectrice de variété plus élaborée suffirait, et elle devrait transférer son amour-"
"Attendez!" l'interrompit Severus,"et si." Il se tût et se mordit la lèvre. McGonagall savait beaucoup de choses sur sa situation difficile actuelle, elle savait même pour la Potion Liberatio, mais devait-il vraiment lui parler de la Potion Imperius ? D'autre part, Dumbledore savait. Alors quel mal cela pourrait-il faire si elle apprenait aussi son existence? Il n'y avait pas besoin qu'il la mentionne explicitement, mais si elle posait la question, il pourrait tout aussi bien lui dire. "De. euh, mes recherches passées," reprit-il le fil, "je sais que la volonté d'une personne peut être extraite sous la même forme que les souvenirs et être transférée dans un pensine. Cela a ses difficultés, mais cela peut être fait. Si la même chose était possible avec l'amour, une potion protectrice fournirait en effet une base suffisante"
Le regard qu'elle lui lança était légèrement suspicieux, mais elle ne fit pas de plus ample enquête sur ses 'recherches passées'. "Très bien," dit- elle, "Ceci semble être une solution viable. Plus-" et le fantôme d'un sourire allégea ses traits sévères "-que ce que nous nous serions attendus à découvrir ce soir. J'en parlerai à Albus dès que possible. Pour le moment, je pense qu'il serait préférable que je me retransforme "
Severus acquiesça son consentement et attendit qu'elle se soit transformée, puis altéra la couleur de sa fourrure et de ses yeux puis enleva finalement le Sortilège d'Invisibilité.
L'effet du café s'était installé, et donc il ne se sentait ni fatigué ni lent et resta dans son bureau quelque temps après que le chat fut parti, pour méditer si ce qui lui était venu comme une inspiration pouvait en effet mener à un résultat tangible.
Sa plus grande inquiétude était Lily Potter: pas qu'il doute de ses capacités ou de son pouvoir; mais il se souvenait de la conversation qu'il avait entendue par hasard l'été dernier, sa répugnance à avoir un enfant, et son opposition féroce à être réduite à une simple sorcière-au-foyer. Si cette attitude persistait, peut-être que l'amour pour son enfant n'était pas assez profond ou assez intense pour le protéger. Peut-être que James. les lèvres de Severus se bouclèrent en une grimace de dégoût. Non, certainement pas James. En dehors de sa propre profonde haine envers cet homme-bien qu'il admette qu'il était un peu difficile de ne pas la prendre en considération-il avait vu assez de James Potter pour présumer que son amour, du moins en ce qui concernait sa femme, était corrompu par trop de possessivité. Bien sûr, lui-même n'était certainement pas un expert en la question, mais d'une manière ou d'une autre cela ne semblait simplement pas juste. En plus, un lien de maternité était probablement plus fort-tant que l'enfant restait encore principalement sous sa garde, en tout cas. Alors ils devraient compter sur Lily.
A son soulagement, ce n'était pas lui qui devait décider de quelles runes mettre sur la 'pensine' et de quelle pierre la tailler. Il pourrait laisser ceci à Dumbledore. Pas qu'il s'oppose essentiellement à glaner des petits morceaux de connaissance de n'importe quel domaine, mais il n'avait pas envie de répéter cette expérience particulière. C'était trop chargé de souvenirs.
ßßßß*ßßßß
Poudlard, le 31 juillet 1980
Cher Severus,
Pardonnez moi de vous déranger pendant vos vacances bien méritées, mais ceci est plutôt urgent. Il semble que Peeves, qui devient toujours un peu agité pendant les vacances, ait réussi à échapper à l'attention du Baron Sanglant et ait décidé d'utiliser la salle de classe de Potions et malheureusement aussi la réserve comme terrain temporaire de jeu. Ceci doit être arrivé hier ou avant-hier; les Elfes de Maison m'ont signalé les dommages aujourd'hui.
Je ne vous demande pas, bien sûr, de nettoyer --- nos petits amis en sont parfaitement capable-mais je suggère que vous passiez ici, même si ce n'est que pour quelques heures, pour évaluer les dégats et peut-être aider à manipuler les ingrédients les plus dangereux. Considérant le fait que la plupart d'entre eux ne sont probablement plus en état d'être utilisés, j'ai pensé que vous pourriez peut-être aussi souhaiter modifier votre liste de courses de début de trimestre.
Madame Pomfresh, qui a consenti à jeter un coup d'oeil, s'est déclarée incapable de surveiller les opérations de nettoyage de façon satisfaisante. Alors j'ai peur que cela doive être vous.
Encore une fois, je m'excuse du dérangement et je reste
Sincèrement vôtre
Albus Dumbledore
"Alors l'enfant est né," dit sombrement Severus au chat, après lui avoir lu la lettre. "Et il semble que le Directeur veuille me donner une occasion parfaitement insoupçonnable pour aller à Poudlard et jeter un coup d'?il au registre des naissances " La queue du chat se convulsa. "Oui, je suis moi aussi extrêmement inquiet. Mais je vais envoyer immédiatement une lettre à Voldemort " Le chat leva les yeux vers lui, faisant une impression très convaincante de froncement de sourcils. "Si vous voulez dire que je pourrais simplement Transplaner là-bas et le lui dire-certainement pas. Certainement plus, en tout cas. Mais je pourrais."
Il se leva de sa chaise et fit les cents pas dans la pièce. Ceci était, bien sûr, une possibilité parfaite pour amadouer Lestrange. Pour le faire se sentir important et lui montrer que lui, Severus, avait bien compris qui était le bras droit de Voldemort. Dans une situation aussi risquée que celle-ci, la fierté n'était certainement pas un facteur à considérer.
"Professeur,"dit-il, et le chat s'assit devant lui, le fixant attentivement. "J'ai décidé qu'il est préférable que j'appelle St. Jean Lestrange. Si vous voulez écouter, vous pouvez le faire, mais s'il vous plaît restez hors de vue. Vos oreilles sont assez sensibles, cependant, alors vous pourrez tout entendre du couloir. Je laisserai la porte entrouverte " Le chat s'ébroua, émit un court sifflement, mais se dirigea alors en ligne droite vers la porte, qu'il ouvrit pour elle.
Severus retourna à la cheminée-Dumbledore avait envoyé la lettre par leur connexion de Cheminette ré-ouverte-se prépara un instant, bien que pas trop, car un peu d'excitation prêterait plus de crédibilité à son petit acte, lança un peu de poudre dans les flammes et appela "Monrepos!"
La vieille Elfe de Maison, qui était toujours de service dans le couloir d'entrée pour accueillir les visiteurs et répondre aux appels, répondit immédiatement. "Bonjour, Monsieur, je suis Minnie, comment puis-je vous aider?"
"St. Jean Lestrange est-il là?"
"Oui, Monsieur, Maître St.Jean est là. Dois-je aller le chercher?"
Severus médita ceci un moment. Il se souvint que St. Jean lui avait dit à la cérémonie de nomination que son frère et sa belle-soeur restaient à Monrepos tout l'été. Ils étaient venus en Angleterre pour voir leur petit- enfant et, en dépit de la situation critique, avaient décidé de prolonger leur séjour jusqu'au milieu de septembre, si possible jusqu'à ce que Tabitha aussi ait mis au monde leur nièce ou leur neveu. Donc il était peut-être imprudent de lui parler via Cheminette. "Non," dit-il, "Dites lui seulement que ce Severus Rogue prépare le programme de la prochaine année scolaire et a besoin de son conseil. Je préférerais qu'il vienne ici un moment s'il le peut, parce que je ne veux pas amener tous les livres et les parchemins avec moi "
Minnie l'elfe répéta le message et disparut. Severus s'avança à grands pas vers la porte-le chat devait disparaître, maintenant que St. Jean serait ici d'une seconde à l'autre-seulement pour voir que McGonagall avait évidemment compris. Elle trottait déjà vers l'entrée que Peggy tenait ouverte pour elle. Alors il retourna à l'autre côté de la salle et ouvrit la porte-fenêtre. Le chat sauta sur une des chaises d'osier de la terrasse et se cacha sous un coussin. Severus fit un bref signe de tête dans sa direction et commença à faire les cent pas le salon. Ceci, cependant, n'était pas un acte; il était tendu et inquiet.
Lestrange l'était aussi quand il se matérialisa quelques minutes plus tard et se laissa tomber dans un fauteuil sans plus de cérémonie. "Es-tu fou?" siffla-t-il, "Toute ma famille est là, et tu m'appelles simplement au sujet de quelque prétexte transparent?"
"Bonjour à vous aussi, St. Jean " L'autre sorcier grommela simplement. "Je ne vous aurais pas appelé si le problème n'était pas vraiment urgent " Il lui tendit la lettre de Dumbledore, regardant soigneusement le visage de Lestrange pendant qu'il lisait.
"Maintenant ça c'est ce que j'appelle de bonnes nouvelles," murmura Lestrange, lui souriant en levant la tête. "Penses-tu que tu pourras jeter un coup d'?il furtif au registre des naissances?"
"Pas personnellement, non. Mais je demanderai au Baron Sanglant de me rendre un service "
Lestrange hocha la tête. "Oui, c'est beaucoup mieux. Le Maître sera extrêmement content, car autrement nous aurions dû attendre jusqu'au début de la nouvelle année scolaire, ou dire à Barty de regarder le registre au Ministère. Seulement il se demanderait forcément pourquoi, même s'il n'ose pas le demander ouvertement, alors ceci est préférable de beaucoup"
"Exactement ce que je pensais. Je suppose que Lord Voldemort ne veut pas perdre de temps, alors. Allons-nous attraper l'enfant, ou les enfants, ce soir, après l'initiation? Je dois amener l'huile, vous savez "
"Bien sûr que non " Lestrange fronça des sourcils. "Tu sais aussi bien que moi que nous allons attendre jusqu'à Halloween prochain"
Severus essaya de paraître contrit de manière appropriée. "Désolé, je. je suppose que je pensais simplement que nous allions le faire ce soir parce que le maître est si impatient de savoir-"
"C'est peu étonnant," l'interrompit Lestrange. "Après tout, nous devons savoir qui sont les enfants, et prendre des mesures pour bien les protéger. Ils sont précieux, rien ne doit leur arriver. Je sais que cela semble paradoxal." Il lança à Severus un sourire.
"Pas vraiment. Après tout, on met bien un sortilège de refroidissement sur les bouteilles de lait si on ne les utilise pas toutes le même jour, n'est- ce pas?"
"En effet" Lestrange se leva. "Je pense que je ferais mieux de rentrer maintenant. Aurais-tu des objections à me donner la lettre? Pour que je puisse la montrer au Maître. Et je ferai, bien sûr, tes excuses pour ce soir, au cas où tu n'arrives pas à temps. Si Dumbledore te garde là-bas pour dîner, cela le rendrait simplement suspicieux si tu devenais tout agité parce que tu dois partir tôt. Mieux vaut garder le vieil homme heureux. L'initiation commence à onze heure, et je doute que tu arrives à temps " Il plia le parchemin et le mit dans sa poche. "Oh, et n'essaye pas de Transplaner dans le cercle après onze heures. Les parties de ton corps finiraient à tous les coins de l'univers connu " Il sourit.
Vrai, pensa Severus. Avec l'énergie, tellurique et planétaire, que Voldemort libérait pendant ces cérémonies, il était probable qu'il ne survivrait pas à Transplaner en plein dedans. "Merci pour ce conseil, St. Jean. Au cas où je ne puisse pas être présent, je suppose que Lord Voldemort m'appellera demain "
"Il le fera certainement. Je dois vraiment y aller maintenant, Severus. Croisons les doigts pour autant de naissances que possible aujourd'hui "
"En effet," acquiesça Severus, avec un léger penchement de tête. "Transmettez mes salutations à Tabitha et au reste de la famille. A ce soir- espérons-le "
"Ne t'inquiète pas," dit St. Jean et il partit.
Poussant un soupir de soulagement, Severus se laissa tomber sur le divan et passa ses doigts dans ses cheveux. Ceci s'était mieux passé que ce qu'il avait pensé, et avec un peu de chance il ne devrait pas assister à la cérémonie de ce soir. La tête enterrée dans ses mains, il enttendit à peine l'impact doux des pattes du chat à côté de lui sur le divan. Sans changer de position, il dit, "Je suppose que votre aventure féline est terminée, Professeur, n'est-ce pas?"
Le chat sauta du divan et se dirigea directement vers la cheminée. "Non," dit-il, levant la tête, "je ne peux pas utiliser la Cheminette. Trop risqué. Je dois Transplaner jusqu'au portail et marcher. Et il en va de même pour vous. Je ne suis pas disposé à mettre en péril ma sécurité simplement parce que vous êtes trop paresseuse pour marcher vingt minutes " Le chat cracha, et il se moqua d'elle. "Ah, je vois. Vous ne pouvez pas Transplaner sous forme de chat. Eh bien." Il s'accroupit et étendit une main prudente. "Soit vous devez courir jusqu'en Ecosse, puisque vous ne devriez vraiment pas être vu près d'ici sous forme humaine, soit je devrai vous porter. A vous de choisir "
Pendant quelques moments, le chat le regarda avec des yeux rétrécis, puis il se rapprocha lentement de sa main. Severus renifla, extrêmement amusé par une telle répugnance, et la ramassa. Il savait que c'était McGonagall, mais l'envie d'enterrer son visage dans sa fourrure, de la gratter derrière les oreilles et sous son menton, et d'entendre son ronronnement de contentement, était aussi fort que la douleur soudaine de l'envie d'Esmeralda. Et de Clarissa. Et d'à peu près tout ce qu'il avait perdu. Mais il préférerait être suffoqué par ses propres larmes non-versées que de donner cette satisfaction à McGonagall.
ßßßß*ßßßß
Il s'avéra que Dumbledore avait tiré quelques ficelles-en dépit du nombre grandissant de sympathisants envers Voldemort, la résistance contre lui augmentait aussi-et il avait dit à une poignée de médisorciers de garder un oeil sur les grossesses qui pourraient résulter par la naissance d'enfants le 31 juillet. Apparemment ils avaient réussi, car seul un autre enfant-la fille de Ridley Parkinson, ancien Attrapeur de l'équipe de Quidditch de Serpentard et l'aîné de Severus de trois ans-était né ce jour là. Parkinson, cependant, était maintenant un joueur remplaçant pour l'Equipe Nationale d'Angleterre, et était constamment frustré par le manque de reconnaissance que signifiait cette position. Dumbledore, qui avait toujours insisté sur le fait qu'aucune information, aussi sans importance ou insignifiante qu'elle semble à première vue, ne devait être rejetée à la légère, avait appris de la section des sports de la Gazette des Sorciers que Parkinson considérait sérieusement un changement d'équipe, car il avait reçu diverses offres de chasseurs-de-têtes étrangers. Via son contact avec Solange Delacour, il n'avait pas été trop difficile de persuader l'entraîneur des Tonnerres de Toulon** de faire une proposition à laquelle il ne pourrait simplement pas résister, et donc Ridley Parkinson et sa famille partirent pour le sud de la France avant le milieu août. On lui avait offert de manière commode une maison à proximité de Beauxbatons, et discrètement surveillée par des Aurors. Voldemort n'était pas enthousiaste, mais ne semblait pas trop s'en soucier. Après tout, Harry Potter était là, et il pouvait le cueillir, si bien que le 31 octobre de l'année prochaine, la vengeance allait être combinée avec le besoin d'une manière très satisfaisante. A la surprise de Severus, le Seigneur des Ténèbres prit même l'information que d'une manière ou d'une autre tous les réfugiés avaient été enlevés des terrains de Poudlard, avec une sérénité relative. Il semblait qu'il se focalisait de plus en plus sur un seul dessein: la préparation de la Potion Liberatio à Halloween l'année prochaine, et le rite suivant de pouvoir et d'immortalité.
Aussitôt après que Severus eut informé Dumbledore de la possibilité de protéger le petit Harry Potter, le Directeur avait immédiatement commencé des recherches avec quelques amis fidèles. Le problème était maintenant plus ou moins hors des mains de Severus. Il se sentait extrêmement soulagé, car cette liberté soudaine lui permettait de faire quelques expériences pour trouver la bonne potion protectrice, qui allait servir de base pour le produit final, et aussi de simplement apprécier ses vacances. Il fit cela très consciencieusement, bien que, de temps en temps, il se demande comment une simple missive de quelqu'un comme Sibylle Trelawney avait pu restaurer sa force à un tel degré. Mais l'effet était indubitablement là, et donc il fit de son mieux pour l'apprécier. Avant de son retour à Poudlard le 20 août, il fut fréquement invité au Manoir Malfoy. Yelena était toujours là- bas, mais elle cherchait déjà un endroit convenable dans lequel habiter, et sa présence avait considérablement allégé l'atmosphère.
C'était étrange, songea-t-il, de voir combien Lucius avait changé au cours des années. Pas qu'ils soient devenus amis, du moins pas en ce qui le concernait-il avait presque été choqué quand Lucius avait parlé de lui comme d'un 'bon ami' le jour où Drago était né, mais cela avait, bien sûr, été pour les gens de la presse-mais il devait reconnaître que Malfoy était moins un bâtard affamé de pouvoir maintenant, qu'il ne l'avait été il y a quelques années Bien qu'une partie de ce changement soit certainement dûe à la mort de Julius Malfoy, après laquelle Lucius avait pu émerger de son ombre, le mérite en revenait principalement à Narcissa, et personne n'était plus reconnaisant envers elle que Severus. Son rôle en tant qu'espion, l'enseignement et les cent masques ou plus qu'il devait porter faisaient assez pour compliquer sa vie, alors c'était un soulagement immense de ne pas devoir constamment surveiller son dos. Ou du moins il l'espérait. Pour le moment, il n'avait aucune raison d'en douter. Lucius était serviable à l'extrême et prenait un risque non négligeable en emmagasinant graduellement l'argent de Severus dans les intestins du Manoir Malfoy. Cela avait été accrû par la somme coquette qu'il avait payée pour la villa en Italie, offrant un prix beaucoup plus haut que ce que Severus aurait jamais pu obtenir sur le marché libre. Voyant comment il pourrait en venir à avoir besoin de cet argent, dont la perte ne faisait pas vraiment de mal à Lucius, il avait pour une fois ravalé sa fierté et accepté.
Petit Drago se portait splendidement, à la grande joie de ses parents- Severus soupçonna plus d'une fois que cet enfant se transformerait en un marmot horriblement gâté s'ils continuaient comme cela-et ainsi ce fut avec quelque chose d'apparenté à du regret qu'il dit au revoir à la famille Malfoy le 19 août.
Entre le vingt et le vingt-cinq, les enseignants retournèrent à Poudlard en un filet régulier, des réunions de personnel furent tenues, les salles de classe furent soumises à une dernière inspection et à un dernier nettoyage, et plus tôt que n'importe qui s'y était attendu, les élèves arrivèrent et l'année scolaire commença. Après la longue période de relâche et de rétablissement qu'il avait apprécié, Severus dut avouer à lui-même et au Baron Sanglant qu'il faisait face au dix prochains mois avec beaucoup plus de sérénité qu'il y a un an. Il n'appréciait toujours pas l'enseignement, mais pendant la dernière année scolaire il s'était forgé une réputation pas très différente de celle de Lestrange. Avec l'exception qu'il ne voulait pas ni n'encourageait de contacts personnels avec ses élèves, qu'ils soient à Serpentard ou pas. Non seulement c'était trop dangereux, il était aussi contre sa propre nature de laisser des gens, qu'il estimait être ses inférieurs à bien des égards, se rapprocher trop de lui. Son sentiment de superiorité s'étendait, bien sûr, à la plupart des membres de la faculté aussi, et ainsi il restait plutôt isolé. Pas qu'il y soit opposé, surtout puisque la méfiance hostile de ses confrères avait diminué un peu, grâce à l'attitude plus raisonnable de McGonagall envers lui. En tant que Directrice Adjointe, son opinion avait une influence considérable sur le reste du personnel, et l'absence d'inimitié ouverte de sa part mena bientôt à une intégrale indifférence amicale envers le Directeur de Serpentard. Même Black avait perdu une partie de son aplomb normal après le sermon- moins-qu'amical de son protecteur.
Severus venait tout juste de ranger sa salle de classe et de retourner à ses quartiers le vendredi après-midi de la troisième semaine d'école, pour corriger au moins une partie des copies reçues aujourd'hui avant le dîner, quand un hibou exigea péremptoirement l'accès à son salon. Comme il pleuvait à verse dehors, l'urgence de l'oiseau semblait plus que compréhensible, et donc il se dépêcha d'ouvrir la fenêtre pour laisser entrer l'oiseau. Heureusement, l'expéditeur-et, considérant le fait que c'était un Hibou Grand-Duc, c'était probablement Lucius-avait mis un soritlège d'Impervius sur sa lettre, autrement Severus n'aurait plus eu grand chose à lire. Il ne s'approcha pas de l'oiseau avant qu'il ait secoué toute l'eau de son plumage. Après avoir éliminé la flaque résultante par un rapide sortilège, il délia la missive et, faisant attention de ne pas se faire endommager le doigt par inadvertance par le bec aigu, offrit au hibou une récompense qui fut accepté avec reconnaissance.
Elias émit un coassement furieux de sa position avantageuse sur le manteau de la cheminée, où il s'était prudemment retiré quand l'oiseau beaucoup plus grand était arrivé. "La ferme, espèce de lâche," dit Severus, lui souriant. "Tu ne peux vraiment pas te plaindre d'être mal nourri. Sois plutôt reconnaissant que je ne t'envoie pas dehors sous la pluie" Quand il s'assit pour lire la lettre, le corbeau se percha sur son épaule-il faisait toujours cela, évidemment dans l'espoir qu'il lui offre le ruban entourant le rouleau. Il était rarement déçu, et Severus se demandait parfois où exactement la collection de rubans d'Elias, qui devait être tout à fait impressionnante maintenant, pouvait être cachée. Pour le moment, l'oiseau resta sur son épaule, jouant avec ses cheveux, pendant que Severus lisait:
Sev,
Ceci est seulement une courte note pour te faire savoir que Tabitha a mis au monde une fille tôt ce matin. Viviane Quelquechose-je ne me souviens pas du deuxième prénom. La cérémonie de nomination aura lieu vendredi prochain, le 26 septembre-je suppose que tu devrais participer. L'invitation officielle arrivera sans aucun doute bientôt.
Je suis déjà occupé à chercher une -pour dire la vérité, n'importe laquelle- fiancée convenable pour Drago, pour éviter les fiançailles de Viviane Quelquechose Lestrange et de mon fils. Peut-être que j'écrirai à Ridley Parkinson. Pour dire la vérité, je supplierais plutôt McGonagall à genoux d'épouser mon fils que de le promettre à la fille de St. Jean.
Ma mère et Narcissa envoient leurs égards. A vendredi prochain.
Lucius
"Eh bien, Elias,"dit Severus au corbeau, "Le 19 septembre est certainement un jour heureux pour les Lestranges. Avec Owen et moi célibataires, et Lucius un handicap, la position de St Jean comme prince héritier et éminence grise** sera plus sûre que jamais "
Il se leva et traversa la salle, pour s'asseoir à son bureau et écrire une courte réponse.
Lucius,
Merci pour l'avertissement. Je vais voir Dumbledore immédiatement pour prendre un congé vendredi prochain. Probablement aussi le samedi, car je ne peux pas voir comment je vais survivre à cet événement sans aucun doute dégoûtant sans beaucoup d'alcool.
Bonne chance avec les fiansailles. Donne mes égards à Yelena et Narcissa.
Severus
ßßßß*ßßßß
La carte d'invitation officielle, portant le blason des Lestranges, arriva deux jours après la lettre de Lucius. Severus envoya immédiatement sa réponse. Le vendredi suivant, après avoir fini d'enseigner, il retourna précipitamment à ses quartiers pour se préparer.
"Ah, Baron," dit-il, donnant aux plis de ses robes de soirée un dernier regard critique, "comme il est bien de vous joindre à moi " Le fantôme inclina la tête. "Je sais, bien sûr, que vous êtes parfaitement capable de surveiller les élèves tout seul. Mais le Directeur a insisté pour que Professeur Sinistra prenne la relève ce soir, alors pourriez-vous s'il vous plaît faire votre rapport à elle si nécessaire?"
"Bien sûr, Professeur. Quand allez-vous revenir?"
"Oh, pas trop tard. Probablement même avant le couvre-feu. Mais alors, vous savez comment c'est le vendredi soir."
Le spectre fit un mince sourire. "Presque huit cent ans d'expérience m'ont certainement enseigné que les élèves ne changent jamais, et que leur créativité atteint des hauteurs étonnantes les vendredi soirs. Appréciez les celébrations, Professeur, et transmettez mes égards au Professeur Lestrange et à sa femme "
La pluie de la semaine dernière, qui avait duré trois jours, avait apporté un froid considérable, surtout la nuit, et donc Severus lança un manteau léger par-dessus ses robes de soirées de velours noir. Sa baguette- seulement la baguette officielle aujourd'hui-était emmagasinée dans la poche spéciale de sa manche de chemise, et maintenant il avait seulement besoin de. "Elias!" appela-t-il, "Viens ici immédiatement!" Le corbeau s'arrêta avec obéissance sur le dessus de lit. "Mauvais, mauvais oiseau,"gronda-t-il, "tu sais que tu ne dois pas voler tout ce qui brille" Elias pencha la tête. S'il était humain, il rirait probablement tout bas, pensa Severus. " Accio jeton de nomination !"
D'une certaine façon, pensa-t-il quand l'objet arriva en planant dans sa main tendue, la fascination de l'oiseau était compréhensible. Contrairement aux cadeaux de séparation pour les funérailles des sorciers, il n'y avait pas de choix du matériau en ce qui concernait les jetons de nomination. Ils devaient être en argent, parce que ce métal avait beaucoup de propriétés magiques, surtout protectrices. Seule la taille variait selon les possibilités financières des donateurs; autrement il y avait peu de place pour l'imagination créatrice. C'était fondamentalement une pièce, sur un côté duquel le nom de l'enfant était gravé. L'autre face portait le nom du donateur. Bien que les origines de cette tradition soient incertaines, il était assez évident que cela était voulu pour symboliser la protection dans tous les sens: par les propriétés magiques du matériau lui-même, par le donateur-bien que ceci soit simplement une formalité de nos jours-et, sans oublier, par sa valeur. Si nécessaire, le jeton pouvait toujours être vendu. Avec un sourire à son animal familier non-repentant, Severus examina le jeton: environ quatre centimètres de diamètre, car plus aurait bordé sur le m'as-tu vu sans saveur, et la surface extrêmement polie montrait les noms 'Severus Rogue' et 'Viviane Hermione Lestrange' en léger relief. Peu étonnant que Elias ait été attiré par cette chose scintillante. Il aurait dû l'emballer, du moins tant qu'il le gardait dans ses appartements, ou peut-être l'enfermer dans quelque endroit inaccessible au corbeau. Il le mit dans sa poche, et quitta ses appartements plutôt précipitamment, parce qu'il était déjà en retard.
ßßßß*ßßßß
Les premières étoiles clignotaient dans un ciel presque sombre quand Severus Transplana à Monrepos. Il n'était nullement le dernier à arriver, mais la foule se pressant sur la pelouse était déjà impressionnante. Il faisait considérablement plus chaud ici dans le sud, et ainsi l'événement pouvrait avoir lieu dehors. Severus tendit son manteau à un Elfe de Maison et scruta la foule pour chercher des visages familiers.
"Oh, vous voilà," fit une voix argentée de derrière lui.
"Yelena," dit-il, se penchant pour lui faire un baise-main. "Où sont Lucius et Narcissa?"
"Ils arriveront un peu en retard, je suppose. Drago a eu faim quand nous étions sur le point de partir, et Lucius doit évidemment surveiller que Narcissa le nourrit convenablement "
"Oh, bien sûr, voyant comme c'est lui l'expert." Ils rirent tous les deux. "Je pense que nous devrions rejoindre la file, n'est-ce pas?"dit Severus, lui offrant son bras. "Cela va être une longue attente "
St. Jean et Tabitha se tenaient au sommet des larges escaliers qui conduisaient à la porte d'entrée, recevant les jetons et les félicitations de leurs invités qui, en une ligne se mouvant de manière régulière, montaient les escaliers du côté droit, passaient devant le couple, et redescendaient vers la gauche. C'était un spectacle tout à fait impressionnant, bien que Severus l'estime légèrement exagéré.
"Cela te dérangerait-il d'attendre Lucius et Narcissa?" demanda-t-elle, prenant son bras, "Nous pourrions aller faire une petite promenade entretemps. Mais je ne pense pas que Lucius serait très heureux d'être le dernier de la ligne sans nous deux "
Severus lui sourit, se demandant brièvement quand exactement sa fervente adoration juvénile s'était transformée en amitié sincère. "Bien sûr," dit- il. "En groupe de quatre, cela va être un peu plus confortable. Ils n'amènent pas Drago, n'est-ce pas?"
"Non, bien sûr que non. Oh, j'ai oublié de te dire que Lucius a réussi: Ridley Parkinson a accepté les fiançailles "
"Vraiment?" dit Severus, s'arrêtant et se tournant pour la regarder. Ils avaient quitté le domaine bien éclairé par les torches, et il pouvait à peine voir son visage. "Je suis content pour Drago, mais-" il regarda alentours pour dénicher les oreilles indiscrètes possibles; bien qu'il ne puisse voir personne, il baissa la voix et continua, "Mais il pourrait y avoir. des conséquences, vous savez? J'espère seulement-"
"Severus!" vint la voix de Lucius à travers l'obscurité, "Comme c'est insolite de ta part! Partir furtivement avec quelque -Oh, c'est vous, mère. Je. euh, mes excuses"
Severus se mordit la lèvre inférieure pour étouffer un petit rire. "Bonsoir, Lucius. Comment va le bébé dragon ?"
"J'ai dû changer de robes de soirée à la dernière minute, parce qu'il a vomi partout sur mon épaule " Severus renifla moqueusement. "Ce n'est pas drôle, Rogue. Viens, rejoignons la file "
Narcissa, les yeux encore brillant de gaieté à cause de la mésaventure de Lucius, les salua, et ensemble ils se dirigèrent vers la ligne diminuant lentement des invités.
"Oh, non!" marmonna Lucius sous sa barbe, "A cause de ce petit fauteur de trouble nous sommes les derniers. Il devra payer pour cela, dès qu'il sera assez grand "
Encore quinze minutes de plus, et ce fut leur tour. Lucius et Narcissa montèrent les escaliers d'abord, et quand Severus et Yelena eurent atteint le sommet, il relâcha son bras et lui fit signe de le précéder. Il n'avait jamais vu Tabitha porter d'autres couleurs que du noir ou quelque nuance de rouge, mais aujourd'hui elle avait choisi des robes des soirée en soie de couleur primevère. C'était très insolite, mais facilement expliqué par le fait qu'évidemment la pierre porte-bonheur de Viviane Hermione était aussi jaune que celle de Drago, parce qu'elle aussi était cachée sous d'innombrables couches de matériau jaune tournesol. Peut-être était-ce même le jaspe. En tout cas, la couleur aurait été horriblement en conflit avec le rouge normal de Tabitha, pour ne pas mentionner que la combinaison aurait évoqué des associations avec Gryffondor. Avec du noir, les invités auraient sûrement pensé à Poufsouffle, et ainsi la combinaison de jaunes était probablement le meilleur choix.
"Félicitations," dit-il, serrant la main de St Jean après avoir déposé le jeton dans un panier presque débordant. Lestrange inclina la tête, et Severus se tourna vers Tabitha, qui paraissait plutôt fatiguée après plus d'une heure à constamment saluer, sourire et hocher la tête. Etrange, pensa- t-il, son sourire paraissait presque authentique. Peut-être y avait-il de l'espoir pour l'en-
St Jean s'empara rapidement de sa main pour l'empêcher de tomber dans les escaliers. "Severus, y-a-t'il un problème?"
"Je. non. je veux dire. oh, Merlin!" bégaya-t-il, essayant de regagner son sang-froid mais échouant. "Tabitha, penses-tu que je pourrais la tenir un instant?"
Elle fronça les sourcils, visiblement confuse, mais lui tendit alors le paquet jaune. "Si tu es sûr. Pourrais-tu la porter à l'intérieur et la donner aux Elfes de Maison, s'il te plaît? Mes bras sont déjà engourdis "
Il hocha simplement la tête et s'avança lentement vers l'entrée, le nouveau- né dans ses bras, incapable d'ôter ses yeux des siens, de ce petit visage en forme de coeur, de la touffe de cheveux châtains sur sa tête. il était si complètement bouleversé qu'il lui était impossible de déterminer si c'était de bonheur ou de désespoir. Dès l'instant où il l'avait regardée dans les yeux, il avait su. c'était exactement comme Sibylle l'avait prédit. Il avait su que c'était Elle, et la sensation de bonheur l'avait presque fait éclater, si bien qu'il avait même perdu l'équilibre un instant. Immédiatement après cela, cependant, il avait été surmonté par un désespoir si profond qu'il pensait qu'il pourrait en mourir. Oui, Elle était en effet entrée en scène. Mais quelle ironie cruelle qu'elle l'ait fait en naissant. Il s'était attendu à tout, même à ce qu'Elle soit parmi ses première année de l'année, même à Poufsouffle, ou peut-être une nouvelle confrère, peut-être même plus vieille que lui de dix ans ou plus. Mais ceci-ceci était le Neuvième Cercle du Paradis, ceci était le Jardin de l'Enfer, un fondu inextricable et rendant fou de ses espoirs les plus sauvages et de ses pires cauchemars.
L'enfant était calme mais pas endormie. Avec des yeux grand ouvert, elle le regardait, et quand sa première larme tomba sur son visage, près du coin de sa bouche, elle sourit, bien qu'il se soit attendu à ce qu'elle crie, parce qu'il pensait que la goutte devait être froide comme de la glace ou brûlante à ébouillanter. Il tituba vers un des fauteuils Louis XVI à l'air fragile dans le couloir d'entrée et s'assit lourdement. "Viviane Hermione," chuchota-t-il, et Ses yeux s'agrandirent. "Ce n'est pas possible. Ce n'est simplement pas possible. tu sais de qui tu es la fille? As-tu une idée de ce en quoi ils te transformeront? Et si nous réussissons, que diable adviendra-t-il de toi?" Faisant attention de ne pas lui faire de mal, il la serra un peu plus près. "Et comment suis-je supposé faire face à cela?" une autre larme, un autre sourire. "Quinze ans, au strict minimum. Et je pensais que les sept derniers mois étaient longtemps."
Il avait, bien sûr, oublié la deuxième partie de la prédiction.
ßßßß*ßßßß
"Severus, que faites-vous ici? Nous-"
Incapable de parler, il leva les yeux vers Yelena, qui s'était brusquement arrêtée et se tenait maintenant devant lui.
"Qu'est-ce qui ne va pas, Severus?" Elle s'approcha et le regarda. Personne ne l'avait jamais vu en larmes, mais il ne s'en souciait pas. "Est-ce que . vous pleurez?" demanda-t-elle, le souffle coupé et incrédule, "Que diable s'est-il passé?"
Il avala et essaya de répondre. "Je. elle est." Il renonça. Le bébé dans ses bras était toujours bien éveillé et regardait silencieusement son visage-qui devait probablement lui apparaître comme une simple tâche blanche, pensa-t-il-se sentait à l'évidence très à son aise dans ses bras.
"Elle est quoi, Severus?"demanda Yelena, s'agenouillant à côté de lui. "Elle va très bien, n'est-ce pas?"
Severus hocha la tête. "Oui, elle va parfaitement bien. C'est juste." Sa voix s'estompa.
"Vous devriez probablement la transmettre aux Elfes de Maison maintenant, autrement les Lestranges pourraient trouver votre comportement un petit bizarre "
"Je sais," chuchota-t-il et il caressa le petit visage. "Je sais. Mais d'une manière ou d'une autre, je ne semble pas pouvoir la lâcher "
Elle se leva et regarda alentour. "Très bien," dit-elle, "Alors au moins rendons ceci aussi discret que possible. Accio chaise!" De l'autre côté du couloir, une chaise similaire à celle sur laquelle Severus était assis se plaça avec obéissance à côté de la sienne, et Yelena s'assit. "Pensez-vous que je pourrais la tenir un peu? Comme cela vous pourrez toujours la regarder, mais si quelqu'un nous surprend, cela paraîtra moins étrange "A regret, il lâcha le bébé, seulement pour poser sa main sur le tas de volants jaunes dès qu'elle fut confortablement installée dans les bras de Yelena. "Et maintenant dites moi," l'incita-t-elle.
D'habitude, il aurait hésité à révéler une si grande partie de lui-même, mais il reconnut qu'il était incapable de résister. D'une main, il ouvrit le medallion, sortit le parchemin avec la prédiction de Sibylle, lui rendit sa taille initiale et le mit dans la main tendue de Yelena. L'expression sur son visage changea de curieuse à déconcertée puis à compatissante. "Etes-vous sûr que c'est elle?" demanda-t-elle finalement.
Il hocha la tête. "Oui, sans aucun doute. Je l'ai senti quand." Sa voix s'enroua, et il dut se racler la gorge quelques fois avant de pouvoir continuer. "Je ne peux pas décrire ce que j'ai ressenti, mais je vous assure qu'il ne peut pas y avoir le moindre doute. Je regrette de ne pas au moins être son parrain,"laissa-t-il échapper, "en dépit de-"
"Chut!" Elle posa sa main libre par-dessus la sienne, si bien que les deux main reposaient maintenant sur le petit corps. "Vous devriez être plus prudent, maintenant que vous l'avez trouvée. Ecoutez, la cérémonie va commencer d'une seconde à l'autre maintenant-" elle se leva et sonna une cloche argentée sur une table proche "-alors nous devons la donner aux elfes "
Désespérément et avec un sentiment soudain de solitude, il regarda l'enfant être emportée.
"Venez,"dit Yelena, lui tendant sa main, "sortons furtivement et cherchons un endroit où nous pourrons parler en privé. Je suppose que vous en avez besoin "
Sa tentative pour sourire était probablement un échec pitoyable, mais il essaya de son mieux. La main dans la main, ils sortirent du couloir d'entrée et descendirent les escaliers, passant la foule-heureusement ils avaient tous le dos tourné au bâtiment-jusqu'à ce qu'ils soient arrivés de l'autre côté du manoir. L'édifice énorme bloquait complètement le bruit et la lumière de l'autre côté, si bien que le doux murmure d'une fontaine et le bruit grésillant produit par des centaines, peut-être des milliers de grillons étaient les seules rumeurs dans la nuit en dehors du son craquant de leurs souliers sur le gravier. Il faisait maintenant complètement sombre, les arbres du vaste parc étant des contours noirs volumineux devant un arrière-plan bleu encre. Ils s'assirent sur un banc, silencieux au début, regardant et écoutant simplement les chuchotements nocturnes, jusqu'à ce que Severus sente qu'il s'était un peu calmé.
"Pourquoi doit-elle être leur fille?" Cela avait un son mesquin, et fâché. Yelena semblait comprendre, cependant.
"Cela aurait rendu les choses plus faciles, si elle avait été ma petite- fille," consentit-elle. "D'autre part, ce qui compte vraiment est qu'elle est. eh bien, arrivée, et que vous l'avez trouvée. Il y aura des moyens de la voir de temps en temps. Peut-être qu'il est même mieux que vous ne soyez pas trop proche d'elle tant qu'elle est encore enfant. Elle pourrait grandir en vous considérant comme un grand frère, ou un oncle, si elle vous voyait trop souvent"
"La prédiction parle d'amour," remarqua-t-il sèchement, espérant qu'elle le contredirait, "mais elle ne précise pas quel genre d'amour "
"Vrai. Mais elle l'appelle aussi vôtre âme soeur " Il lui fit un sourire reconnaisant. "Je ne pense pas que cela signifie amour dans un sens platonique"
"Ceci est complètement absurde " Voyant son regard étonné, il expliqua hâtivement, "Pas ce que vous avez dit. C'est seulement qu'avant j'étais . eh bien, assez épris de vous, et maintenant je suis assis ici avec vous, à vous parler d'une fille qui vient seulement de naître "
Sa main monta entourer sa joue. "Oui, cela semble vraiment étrange. Cependant-"
"Je ne vais pas l'appeler père!" La rage dans la voix de Lucius était à peine contenue. "Rogue, que diable penses-tu être en train de faire?"
"En parlant de situations absurdes," dit Yelena, et elle rit. "Lucius, tu es parfait pour le rôle du Mari Jaloux, mais je suggère que tu ferais mieux de ne pas utiliser ce talent en ce qui me concerne. Severus est. indisposé, et il avait besoin de parler à quelqu'un. Ne t'inquiète pas, m'épouser est probablement la dernière chose qu'il voudrait considérer maintenant " Elle se leva du banc et dit à Severus, "Devrions-nous vous laisser ici, pour que vous puissiez apprécier un peu de paix? Je ferai vos excuses, au cas où les Lestranges demandent où vous êtes allé, et je leur dirais que vous ne vous sentiez pas très bien "
Il hocha simplement la tête, et écouta le son de leurs pas, qui devenaient de plus en plus faible jusqu'à ce qu'ils se perdent dans le lourd calme de la nuit.
ßßßß*ßßßß
Comment il avait réussi à revenir en transplanant aux portes de Poudlard et regagner la sécurité de ses propres appartements était inexplicable pour Severus. Il n'était pas resté sur le banc solitaire trop longtemps, craignant qu'une partie des invités puisse oser s'éloigner de la foule principale et le déranger. Donc il était arrivé dans ses appartements peu après dix heures, s'était versé à boire et s'était assis près de la cheminée, essayant de récupérer un modicum de contrôle sur lui-même. Peut- être, pensa-t-il, que revenir avait été une erreur, car il n'avait pas dévisagé les flammes plus longtemps que vingt minutes quand le Baron Sanglant entra en flottant à travers le mur.
"J'ai peur de devoir vous déranger, Professeur," dit-il d'une voix grinçante, "Mais deux cinquième année sont en train de se battre, et il semble que les préfets ne puissent pas tout à fait c'occuper du problème "
Avec un soupir, Severus se leva, passa en vitesse ses robes d'enseignant et alla toucher le serpent, taillé dans la pierre à côté de sa porte, de la pointe de sa baguette, si bien que, cinq secondes plus tard, il entrait dans la Salle Commune de Serpentard. Le Baron n'avait pas exagéré-un des préfets soignait un nez saignant abondamment, l'autre, apparemment assommé, était étendu sur un divan. Au milieu de la salle, deux élèves se lançaient des sorts l'un à l'autre, bruyamment encouragés par leurs camarades qui formaient un cercle autour d'eux.
"Silence!" tonna-t-il, et la salle se calma immédiatement. Sauf les deux adversaires, qui étaient tellement immergés dans leur lutte qu'ils n'avaient pas entendu leur Directeur de Maison. Les malédictions continuaient à voler, et Severus fit signe aux élèves de reculer. Levant sa baguette, il s'approcha des deux combattants en rien découragés de quelques pas, avec l'intention d'étourdir les deux en succession rapide. Il savait très bien qu'il ne fallait pas approcher un duelliste par derrière mais toujours par le côté-le risque d'une malédiction évitée, si bien qu'elle frapperait la troisième personne, était trop grand. Ce sur quoi il n'avait pas compté, cependant, était qu'un des adversaires puisse perdre son équilibre et trébucher exactement au moment où il lançait Expelliarimus. Ainsi, il n'était pas préparé à faire dévier le sort, et il le frappa, avec assez de force. Comme au ralenti, il se sentit être propulsé en arrière, pendant que sa baguette volait hors de sa main, tournant sur elle-même vers le plafond. Il se renversa, essaya de regagner son équilibre et attrapa son pied gauche sous le bord du tapis. Comme il tombait, ayant encore l'impression que le temps s'était presque arrêté, il vit les yeux des élèves autour de lui s'élargir de choc, vit l'air étonné sur le visage du duelliste qui avait atterri sur son derrière, vit l'autre, qui était resté sur ses pieds, se retrouner en une tentative pour l'empêcher de tomber, vit le plafond arriver lentement dans son champ de vision, et puis. le noir.
ßßßß*ßßßß
"Doux Merlin," marmonna-t-il, ouvrant à regret ses yeux mais les refermant immédiatement, "C'est la pire migraine que j'aie jamais eu " A l'aveuglette, il tâtonna pour chercher la cloche d'argent sur sa table de nuit, sans succès. Pendant qu'il abaissait soigneusement son dos douloureux dans les coussins, des images vagues réapparurent dans son esprit. Il avait été à la cérémonie de nomination. il avait attendu Lucius et Narcissa avec Yelena. Lucius avait fait quelque commentaire stupide à son arrivée. et alors? Qu'était-il arrivé ensuite? S'était-il tant soûlé qu'il avait dû rester à Monrepos? Cela expliquerait au moins l'absence de la cloche. Il décida de ne plus penser à cette question, parce que même le plus petit effort mental avait l'air de surcharger son cerveau douloureux. Peut-être pourrait-il dormir un peu plus.
"Severus?"
Non, il ne pourrait définitivement pas dormir plus. A qui appartenait cette voix, au fait? Elle semblait familière, mais elle n'appartenait pas à Monrepos. Alors peut-être qu'il était retourné à Poudlard? Finalement ses paupières réagirent à l'ordre sévère de se soulever immédiatement, même si seulement un peu. "Oui," grogna-t-il. Sa voix était enrouée. Alors ceci était probablement une gueule de bois plutôt qu'une migraine.
"Pensez-vous que vous soyez en état d'avaler une potion contre la douleur?"
Eh bien, pensa-t-il, ceci était sans aucun doute une bonne idée. Brillante, même. Bien que. "Je ne prends jamais de potion que je n'ai pas faite moi- même," dit-il d'une voix brouillée.
"Aucun besoin de s'inquiéter. Vous avez faite celle-ci. Puisque vous préparez toutes les potions que j'utilise sur mes patients "
Ouvrant ses yeux d'une autre fraction, il scruta prudemment la silhouette planant au-dessus de lui. "Madame Pomfresh?"
Un soupir de soulagement profond. "Exactement. Maintenant soyez gentil de boire ceci, et d'essayer de dormir encore "
"Je serai content d'obéir," répondit-il, avalant la préparation et perdant presque immédiatement connaissance.
ßßßß*ßßßß
Quand il se réveilla la fois suivante, la lumière était beaucoup plus bénigne, et donc il se sentit assez aventureux pour ouvrir entièrement les yeux. Madame Pomfresh était assise sur une chaise à bascule à côté de son lit, lisant. Quand elle l'entendit remuer, elle leva les yeux, ferma le livre et le posa sur la table de nuit. "Ah," dit-elle avec un sourire, "vous avez l'air beaucoup mieux maintenant. Ne bougez pas, je vais seulement aller vous chercher une autre dose de potion et informer le Directeur "
Non, il n'allait certainement pas bouger. Le plus léger changement de position lui donnait la nausée- raison suffisante pour suivre son conseil. "J'espère que vous n'allez pas me redonner une potion somnifère," remarqua- t-il acidement quand l'infirmière revint avec une fiole.
"Non, ceci est seulement contre la douleur. Le Directeur sera ici dans quelques minutes, alors je ne vais pas vous renvoyer dormir " Le 'pas encore' implicite resta tû.
Trop étourdi pour poser des questions, Severus essaya précautionneusement de bouger sa tête sur l'oreiller, pour trouver une position plus confortable. Son dos lui faisait mal-probablement que l'infernal mélange qu'elle lui avait fait boire avant avait contenu quelque relaxant puissant, si bien que sa colonne vertébrale ressemblait maintenant à la silhouette distante de montagnes sur l'horizon. Il avait certainement l'impression que c'était le cas.
"Bienvenue à votre retour, Severus," le salua le Directeur. "Non, attendez, ne bougez pas, je viens de l'autre côté du lit " Dumbledore prit le siège que Madame Pomfresh avait précédemment occupé. "Comment vous sentez vous?"
"Je me sens déjà mieux," répondit-il sèchement. "Pourquoi suis-je à l'infirmerie?"
Etait-cela un regard d'inquiétude dans les yeux du vieil homme? "Vous êtes ici parce que vous avez eu un accident l'autre nuit. A ce que je vois vous ne vous souvenez de rien?"
"Je rappelle arriver à Monrepos. Et quelques détails de la cérémonie. Le reste est totalement blanc. Voudriez-vous me mettre au courant?"
Dumbledore poussa un soupir profond. "Je peux simplement vous dire ce qui est arrivé après que vous soyez revenu à Poudlard " Avec une surprise augmentant qui devint lentement de l'inquiétude, Severus entendit parler du duel et du sort perdu qui l'avait frappé. "Votre tête a frappé l'accoudoir d'une chaise derrière vous," conclut Dumbledore "Vous aviez un traumatisme crânien, et nous craignions le pire "
"Eh bien, apparemment vous pourriez avoir limité vos craintes au deuxième pire. Quel jour sommes-nous aujourd'hui?"
"Dimanche, le 28 septembre. Vous avez été inconscient pendant plus de douze heures, et vous avez passé le reste du temps à dormir. Je pense que je ferais mieux de vous laisser maintenant et de revenir plus tard. Vous avez besoin de repos "
Tout en se rendormant à nouveau, Severus sentit un contentement étrange le submerger. Presque de la paix. Quelque chose était arrivé, il le savait. Quelque chose de crucial, bouleversant sa vie. Mais sur sa vie , il ne pouvait pas se souvenir de ce que c'était.
** en français dans le texte
