CHAPITRE 41

Grinçant des dents mais vaincue, Madame Pomfresh relâcha Severus de l'Infirmerie le mardi soir. Il aurait dû rester une semaine entière, ce qui était-selon lui-absolument hors de question. Il pouvait abhorrer l'enseignement, mais s'il était obligé d'enseigner, il le ferait bien. En plus, il sentait qu'il avait entièrement récupéré et il commençait à s'ennuyer intensément, car on ne lui permettait pas de lire plus d'une demi- heure par jour.

Donc il retourna à ses quartiers après le dîner, accueilli avec enthousiasme par Elias, et il passa deux heures avec Mathilda, qui lui fit un compte rendu méticuleux des deux jours passés où elle avait enseigné-ou plutôt essayé d'enseigner, pensa-t-il avec un sourire moqueur-ses cours de Potions. C'était plus une évaluation des dégats faits qu'un compte rendu, mais au moins personne n'avait souffert de blessures graves. Comme il se sentait encore légèrement pris de vertiges après avoir passé quatre jours au lit, il décida qu'il avait vraiment besoin d'un peu d'air frais. Pas une promenade, car on lui avait strictement défendu tout genre d'effort physique, et bien qu'il ait ignoré les menaces de Pomfresh au cas où il quitterait l'infirmerie, il savait qu'il valait mieux ne pas négliger son conseil raisonnable. Donc il déplaça simplement une chaise près de la fenêtre et l'ouvrit; la nuit était parfumée des odeurs d'automne et seulement très légèrement froide, encore assez tiède pour s'asseoir un peu et inhaler profondément l'arôme de fruits mûrs et d'humidité.

L'air n'était pas la seule chose dont il avait envie; il sentait aussi le besoin d'être seul avec lui-même après trop de temps dans un espace semi- public où il avait été protégé de la vue des autres patients par les rideaux allant du sol au plafond, mais se sentant extrêmement vulnérable et exposé, avec seulement un pyjama de lin blanc et les couvertures pour le protéger. Probablement à cause du fait que, théoriquement, il pouvait être dérangé à tout moment, il ne s'était pas adonné à des reflexions plus profondes pendant sa réclusion et avait passé la plupart des quatre jours à dormir. Chaque fois qu'il avait été éveillé, il avait été dans un état d'esprit étrange parce qu'il avait continué à flotter dans cette sensation bizarre de paix à tout moment, mais toujours avec la crainte plus ou moins présente que le précédent chaos de frustration, d'anxiété et de dépression puisse reprendre le dessus. Il pouvait seulement comparer cela aux conséquences d'une migraine sévère, quand la douleur était partie, laissant quelque genre de vide qui était seulement une absence de douleur, pas un bien-être, car l'agonie était toujours tapie trop près pour que la menace ait complètement disparu.

Tandis qu'il y avait une claire relation de cause à effet en ce qui concernait les potions analgésiques et l'absence de douleur, il n'avait aucune idée de ce qui pouvait avoir été la raison du changement soudain de sa situation émotive intégrale. Ou plutôt, il y avait une explication; seulement son intellect très rationnel et pratique le rendait un peu hésitant à l'accepter. Il avait attendu qu'Elle apparaîsse, et maintenant il se sentait en paix, presque rassasié, et un calme étrange lui était venu. Il n'attendait plus, et la seule raison possible pour cet état d'esprit altéré était qu'il L'avait rencontrée. L'espace blanc dans sa mémoire s'étendait sur un peu plus que trois heures, et il y avait eu plus de cinq cent invités à la cérémonie de nomination, beaucoup d'entre eux qu'il n'avait jamais rencontré auparavant. C'était l'explication parfaite, même si un peu mécontentante. Car il ne pouvait, bien sûr, se souvenir ni de son visage ni de son nom. Alors pourquoi n'était-il pas malheureux? Ou du moins furieux contre la Destinée qui lui avait permis d'avoir un simple aperçu alléchant avant de laisser le voile retomber pour couvrir le visage de l'avenir?

Tout ce qu'il pouvait faire était de constater le fait qu'il n'était ni fâché ni déçu. Savoir qu'Elle était là-mêmes si 'là' était une description très vague-était apparemment assez pour créer cette sensation irrationnelle de confiance. C'était presque physique, un sentiment profond et chaud; la certitude d'avoir trouvé ce qu'il avait pensé perdu à jamais: un point d'ancrage, un signal pour le diriger dans le labyrinthe qu'était sa vie. Etait-ce de l'amour? Même penser à lui et à l'amour comme à une combinaison possible le fit presque rire. Non, appeler ce qu'il sentait 'amour' aurait été non seulement une exagération mais aussi une illusion. Surtout parce que l'amour avait besoin d'un Autre distinct, et c'était exactement ce qu'il n'avait pas; il n'y avait pas d'opposé, pas de Tu concret. Bien qu'il ne trouve plus le concept de lui tombant ou étant amoureux aussi ridicule plus qu'il pourrait l'avoir fait avant cet étrange 26 septembre. Il sentait simplement que le changement qu'il avait traversé était plus significatif pour lui que pour n'importe quelle relation qu'il puisse avoir avec le monde autour de lui.

Ni lui ni sa vue du monde ou de l'humanité n'avaient changé, il était tout à fait sûr de cela; il avait simplement trouvé un refuge en lui.

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Les semaines suivantes n'apportèrent pas d'événements sensationnels. Severus poursuivait ses devoirs d'enseignant comme toujours, exaspéré par le manque d'enthousiasme de ses élèves pour apprendre quoi que ce soit, et qui ne s'étendait pas uniquement aux Potions; il continuait à développer une potion protectrice qui, tout en étant suffisamment puissante, ne ferait pas de mal à un enfant d'un an, retrouvait Lucius et Owen de temps en temps et concoctait avec le Directeur des informations fausses pour Voldemort.

A son retour d'Albanie le 13 octobre-ses rapports mensuels au Seigneur des Ténèbres étaient, bien sûr, encore exigés-il fut profondément confondu par deux faits: premièrement, que cette confiance nouvellement trouvée, aussi difficile qu'ele soit à définir, avait sans aucun doute un impact considérable sur ses relations avec Voldemort. Il avait gagné quelque distance. Il n'était plus nu et impuissant, et il pouvait regarder son ancien mentor et idole avec quelque chose d'apparenté à de la superiorité, car il savait qu'il possédait quelque chose que l'autre n'obtiendrait jamais, même s'il gagnait cette guerre, parce que ce n'était pas quelque chose que vous pouviez acheter, que vous pouviez ordonner, ou que vous pouviez prendre en torturant des gens. Si on le considérait d'un simple point de vue utilitaire, cette certitude calme qu'il gardait comme un trésor lui donnait un avantage stratégique: il n'y avait plus de regrets, et donc le risque d'agir de manière trop soumise ou trop émotive avait radicalement diminué. Mais il y avait aussi un aspect plus personnel à cela: seulement maintenant il était capable de vraiment prendre du recul et de devenir logique sans encourir le danger de tomber. Vrai, il frissonnait toujours quand Voldemort l'appelait 'enfant' ou touchait sa main, mais cette réaction était maintenant plus dûe à du dégoût qu'à un désir inutile de ce qu'il avait pensé que le Maître pourrait lui donner. Il n'y avait plus de blessure constamment ouverte.

La deuxième raison de sa perplexité, bien que cela ressemble plus à de l'anxiété, était une probablement une conséquence de la première. De sa distance de sécurité, Severus était maintenant capable de jauger le comportement de Voldemort d'une manière plus objective et de voir l'image entière plutôt qu'une multitude d'impressions solitaires qu'il devait rassembler. Ce qu'il voyait, cependant, l'inquiétait profondément. Le Seigneur des Ténèbes devenait de plus en plus erratique, conduit par une inquiétude étrange qui le faisait sauter d'un sujet à un autre pendant leurs conversations. Alternant entre le fait de faire les cent pas, de se jeter sur une chaise ou de regarder par la fenêtre, il parlait d'assauts massifs sur des cibles choisies, utilisant tous ses Mangemorts pour un seul coup d'état spectaculaire; cinq minutes plus tard, il déclarait-et Severus savait qu'il ne valait mieux pas lui rappeler son ancienne opinion diamétralement opposée-que la seule stratégie gagnante était de rendre l'ennemi fou par un aiguillonnement constant sous forme de petites attaques précises effectuées par des groupes de deux ou trois personnes. Bien que Severus ait premièrement été tenté de trivialiser ces symptômes, il décida que l'état d'esprit actuel de Voldemort le rendait probablement plus dangereux qu'il ne l'avait été avant, comme il semblait n'y avoir ni rime ni raison à ces petits morceaux disjoints. C'était déjà assez mauvais d'avoir un dirigeant imprévisible; un ennemi imprévisible, cependant, allait être un adversaire encore plus coriace pour la résistance.

Lucius et Owen, qu'il rencontra le samedi après-midi suivant cette rencontre, partageaient son point de vue. "Je suppose que tu devrais être frappé sur la tête plus souvent," dit Owen, "si l'effet est si positif. Je pensais que tu ne sortirais jamais de cette fascination juvénile"

Severus lui lança un regard venimeux. "Quoi qu'il en soit, je le vois clairement maintenant et cela m'effraie, pour dire la vérité. Il n'arrête pas de parler de grandes attaques et de petites attaques et desquelles des deux seraient préférables-"

"A qui le dis-tu?" Lucius roula des yeux. "Tu as droit à cela seulement une fois par mois. Nous devons l'endurer environ deux fois par semaine, mêlé à des doses de Doloris, et ce sont les meilleures semaines. Mais tu as raison, bien sûr. Il y a beaucoup de parole mais peu d'action. Et cela me rend nerveux, moi aussi "

"Surtout," ajouta Owen, "parce que j'ai l'impression que c'est nous qui recevons les balbutiements, et que c'est Lestrange qui reçoit les informations importantes. Des mois ont passé depuis n'importe quelle action valant la peine d'être mentionnée!"

Lucius éleva les sourcils. "L'amusement te manque-t-il, ou était-ce censé être une contribution stratégique?" Il reçut simplement un ricanement d'Owen.

"Eh bien, je suis content que nous le voyions tous de la même façon," dit Severus. "Car je ne voudrais pas rendre la résistance plus nerveuse qu'elle ne l'est déjà pour rien. Considérant le fait que nous sommes tous d'accord, je pense que je devrais le dire à Dumbledore "

"Et que vas-tu lui dire?" grogna Lucius, "Que quelque chose se passe mais que nous ne savons pas quoi? Nous devrions attendre jusqu'à ce que nous ayions au moins quelque indication sur ce qu'il prépare. Ou qu'ils préparent pluriel, au cas où St. Jean ait sa confiance "

Owen secoua la tête. "Non je ne pense pas que ce soit une solution viable. Parce que si lui et M. le Prince Héritier préparent quelque chose de vraiment grand, alors vous ne pouvez pas exclure la possibilité d'être avertis seulement cinq minutes avant que cela ne commence. Et alors ce sera trop tard, nous ne pourrons plus avertir les autres. En dehors de cela, de quelles indications parlez-vous?"

"Les indications normales, bien sûr. Des ordres concrêts de préparer une attaque, et-"

"Cela n'est pas logique, Lucius," l'interrompit Severus. "S'il devient vraiment paranoïaque au sujet de nous trois, ou au moins de toi et moi-"

" Devient paranoïaque ? Tu dois plaisanter! Il est déjà paranoïaque au sujet de nous deux!"

"Peut-être que paranoïaque n'est pas la bonne expression," concèda Severus, "parce qu'il a des raisons pour ses soupçons "

"Pas vraiment. Il ne sait pas que-"

"Oh, arrêtez ça!" aboya Owen, frappant à plat la table de la paume de sa main. "Vous n'êtes plus des première année. Il est paranoïaque-non, il ne l'est pas! Nous ne sommes pas là pour donner un diagnostic, mais pour décider de ce qu'il faut faire!"

Lucius rit tout bas. "Owen, la voix de la raison. C'est une première. Mais je suis d'accord, nous devons prendre une décision. Qu'en penses-tu, Sev?"

"Hmm." Il étudia distraitement l'étiquette de la bouteille de whisky. "Essayons l'approche logique."

"Surprise, Surpri-ise!" chantonna Lucius.

"Oh, ferme la. Parfois la logique peut être très utile. Maintenant écoutez: s'il a l'intention d'ebranler l'ennemi par beaucoup de petits attaques, il n'attendra pas éternellement. Il doit y avoir quelque action très bientôt. Ce qui veut dire que, si rien n'arrive avant la fin octobre, nous pouvons être assez sûrs qu'il prépare un grand coup "

Comme toujours quand Lucius devait reconnaître que quelqu'un d'autre avait raison alors qu'il avait tort, son humeur devint plutôt rêche. Parfois, Severus se demandait comment Narcissa faisait face à ce trait de caractère particulier, mais elle semblait très bien capable de le contrôler. "Bien,"dit-il maussadement, "si tu penses que c'est la meilleure option."

"C'est la plus raisonnable," dit Owen, "Alors arrête de bouder "

Comme Severus l'avait craint, tout resta calme jusqu'à la fin octobre, et donc il décida de parler avec le Directeur, qui l'invita dans son bureau tard dans l'après-midi du 2 novembre. Dumbledore, comme Severus l'avait déjà découvert, était extrêmement amateur du thé et essayait toujours d'organiser ses divers rendez-vous autour de ce repère culinaire. Comme aujourd'hui était aussi un samedi, les elfes avaient à l'évidence préparé le thé du weekend qui semblait encore plus prodigue que la version des jours de semaine.

"Oui," dit pensivement Dumbledore, quand Severus eut fini son rapport "J'avais déjà l'intention de discuter de ceci avec vous. Après les attaques assez spectaculaires sur les McDonalds et les Bones, je ne savais pas si Voldemort n'était peut-être pas retourné à ses vieilles habitudes, quand il exécutait une grande opération suivie par des mois de silence "

"C'était plus dû à la nécessité qu'à la planification, je crois, si vous faites allusion aux McKinnons. Il n'avait pas beaucoup de partisans en ces temps là "

"Vrai " Dumbledore leur versa une autre tasse de thé et sembla avoir des difficultés à décider s'il devait passer du salé au sucré ou prendre un autre sandwich au rosbif. "Alors ce que vous dites est que, fondamentalement, il pourrait attaquer le Ministère demain ou éliminer cinq familles moldues dans les quelques prochaines semaines "

"Exactement. Vous voyez, d'une certaine façon son comportement n'est pas si bizarre " Dumbledore éleva simplement ses sourcils. "Je le connais mieux que vous, n'oubliez pas cela," dit Severus d'un ton rogue, un peu plus durement qu'il n'en avait eu l'intention.

"Bien sûr. Et je suis très curieux en effet d'entendre votre opinion "

Severus lui lança un regard douteux mais ne put pas détecter d'allusions d'ironie dans les yeux du vieux sorcier. "Eh bien alors," continua-t-il, "voici mon opinion: Toutes ses actions précédentes étaient simplement des moyens de déstabiliser le pays et de donner à ses partisans quelque chose à faire. Vous ne pouvez pas garder le moral des troupes à moins de les occuper. Alors ces opérations les ont occupés et ont servi à démontrer son pouvoir, à la fois sur eux et sur la société "

"Je mentirais si je clamais qu'il n'a pas réussi," remarqua sèchement Dumbledore.

"Bien sûr qu'il a réussi. Il avait des aides très compétents. Quoi qu'il en soit, déstabiliser n'était pas son but principal, comme vous le savez bien. Maintenant que le fils des Potters est né, il sait qu'il doit seulement attendre que le fruit mûrisse, le prendre, l'utiliser, et alors il pourra continuer avec la dernière étape. Ce qui arrive entre temps semble de conséquence moindre maintenant, pour ainsi dire "

"Ce serait mieux," interjecta doucement Dumbledore, "si vous me disiez toute la vérité "

Severus soupira. "Oui, je sais " Il regarda dans sa tasse de thé et se souvint que, quand il avait remarqué les premiers signes de. eh bien, de faiblesse, dans Voldemort, il s'était promis de tenir cela secret. Maintenant, cependant, cela semblait incompatible avec le but qu'il poursuivait. La résistance avait besoin de savoir où étaient les faiblesses de l'ennemi, autrement ils ne pourraient jamais le battre. Dumbledore ne l'aiguillonnait pas, ce qui rendait tout à fait fou. Il aurait préféré qu'il essaye et de le lui faire cracher, comme cela il pourrait au moins blâmer quelqu'un d'autre. Mais à l'évidence ceci n'allait pas arriver. "Je pense," dit-il lentement, évitant les yeux du Directeur, "qu'il devient mentalement dérangé "

Dumbledore hocha la tête, apparemment peu enthousiaste. "Oui, c'est ce que je soupçonnais. La même chose est arrivée à Grindelwald, seulement il était beaucoup plus vieux que Voldemort. Avez-vous des conjectures quant aux raisons pour lesquelles sa santé d'esprit a souffert?"

"Oui, mais ce ne sont vraiment que de simples conjectures " Il regarda Fumseck, qui sommeillait placidement sur son perchoir. "Vous êtes conscient du fait que je fais toujours des potions d'augmentation de pouvoir pour lui. Seulement Lestrange fait la même chose, et Voldemort les prend toutes, sans se préoccuper des effets secondaires. J'utilise du sang de licorne, quelquefois des griffes de phoenix en poudre-" la tête de Fumseck sortit de dessous son aile, et il émit une seule note trillée.

"Parfois," dit Dumbledore en s'excusant, "je pense vraiment qu'il comprend tout ce que nous disons "

"Peut-être qu'il le fait. Cependant, ce sont les ingrédients que j'utilise. Le potions peuvent être illicites, mais les ingrédients sont parfaitement sûrs. Le venin de serpent, d'autre part, est tout sauf sûr, surtout parce que nous n'avons vraiment pas beaucoup d'informations à son sujet. Il a été étiqueté 'sombre' pendant plus de deux mille ans, et je doute que même la Réserve d'Urqhart contienne quoi que ce soit qui vaille la peine d'être mentionné-Oui, s'il vous plaît," dit-il, tendant sa tasse au Directeur, qui la reremplit. Les Elfes de Maison de Poudlard savaient certainement faire le thé, et semblaient faire un effort particulier pour Dumbledore. "Alors," continua-t-il, "je suppose que St.Jean lui-même n'est pas trop sûr de l'effet de ses préparations "

"Et vous pensez que le venin de serpent interagit d'une manière ou d'une autre avec les ingrédients des potions que vous préparez?"

"Je suis absolument sûr qu'il le fait. Ce sont des ingrédients extrêmement puissants, à ne pas utiliser ou mélanger à la légère. Ce qui m'inquiête un peu est que Owen, via ses contacts en Amérique du Sud, a entendu parler d'une commande plutôt étrange, qui a évidemment été placée par Lestrange ou Voldemort lui-même. Vous savez qu'Owen a un certain faible pour. euh, les bêtes insolites, alors ils probablement pensé que c'était pour lui "

"Et que serait-ce exactement ?" demanda Dumbledore.

"Il semble que quelqu'un ait commandé un hybride entre un Dent-de-Vipère du Pérou et un Anaconda. Oui," dit-il, voyant les yeux du Directeur s'élargir, "je sais ce que cela signifie. L'Anaconda est descendant du Dragon des Rivières Amazonien, qui était aussi venimeux qu'il l'est possible. Je préfèrerais ne pas imaginer le venin que ce serpent produira, s'ils réussissent à croiser les deux espèces. Mais ils ne sont pas trop différents, alors il est probable qu'ils réussissent "

Dumbledore frotta le dessus de son nez. "Voldemort a-t-il une idée que ce dans quoi il se fourre?"

"Oui et non . Il sait beaucoup de choses en alchimie, mais d'autre part sa connaissance en potions n'est nullement proche de la mienne ou même de celle de Lestrange."

"Hmmm. eh bien," dit Dumbledore, se reprenant visiblement, "il n'y a rien que nous puissions faire, j'en ai peur. Pour retourner à notre sujet initial: que pensez-vous qui arrivera le plus probablement? Petites attaques ou coup spectaculaire?"

"Ce dernier, je pense. Seulement je n'ai aucune idée d'où, quand et comment. Ce pourrait être quelque personne éminente-"

"Pas qu'il en reste beaucoup,"interjecta Dumbledore, son ton plutôt venimeux.

"-Ou peut-être quelque endroit ou quelque institution publique," continua Severus, imperturbable

"Ce qui ne nous aide pas plus," conclut Dumbledore. Il ôta ses lunettes et regarda l'autre sorcier. "Le problème est que j'ai besoin de mes gens pour différentes tâches. En plus, ils ne sont vraiment pas assez pour garder toutes les institutions ou les personnalités majeures. Et nous n'avons pas le système élaboré d'avertissement que possède le Ministère"

"Peut-être que vous devriez en parler avec Croupton, alors "

Dumbledore émit un court rire sans humour. "J'ai beaucoup parlé avec Croupton ces dernières années, Severus. Et j'aurais vraiment pu m'en épargner l'ennui. Tout ce que Bartemius veut est devenir Ministre de la Magie, quel qu'en soit le coût. Ce qui veut dire qu'il dépend beaucoup de l'opinion publique. S'il pense-et je n'ai aucun doute que c'est exactement ce qu'il pense-s'il est convaincu que faire croire au public que Voldemort est en déclin servira ses buts, il ne s'empêchera pas de le faire, quoi que je lui dise " Il prit le dernier éclair au chocolat de l'assiette. "Surtout car je ne peux pas lui dire d'où viennent mes informations "

"Oui, cela semble plausible. Pas très consolant, cependant. Parce que cela signifie pratiquement que nous devrons attendre pour voir "

Le Directeur haussa les épaules, mais c'était un haussement d'épaules de défaite plutôt que d'indifférence. "Cela semble être le rôle que le Destin nous a assigné "

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Décembre arriva, et avec lui les invitations habituelles à d'innombrables dîners de fête d'avant-Noël. Bien que Severus n'en ait jusqu'ici pas été conscient-après tout, c'était seulement sa deuxième année en tant qu'enseignant à Poudlard-être un Directeur de Maison dans l'une des institutions de formation magique les plus prestigieuses d'Europe n'était nullement une position sans importance, et ainsi cela signifiait une certaine notoriété. Avec une révulsion augmentant, il observa le tas croissant de cartes d'invitation, et décida finalement de chercher le conseil de Dumbledore quant à la meilleure façon de faire face à cette intrusion de la société dans sa vie.

"Ne vous inquiétez pas," dit le Directeur, "Ils sont parfaitement conscients du fait que vous ne pourrez pas y assister. Au contraire, je suppose qu'ils serait assez épouvantés si vous vous montriez-cela signifierait que vous auriez laissé leurs enfants seuls "

"En dehors du fait que je n'ai absolument pas envie d'accepter n'importe laquelle de ces invitations, ils devraient être plus choqués si Professeur McGonagall décidait de se montrer. Bill et Charlie Weasley ne sont pas dans ma maison, après tout "

Dumbledore rit tout bas. "Oui, ils sont tout à fait difficile à contrôler. Je suis content que vous ayiez trouvé cet oeuf de dragon avant qu'il n'ait éclos "

Alors Severus gaspilla une soirée entière-il avait même acheté une plume à papote spécialement pour cette raison-à dicter des refus polis qu'il donna alors à Peggy, qui alla les poster à Pré-au-Lard. Une invitation, cependant, ne pouvait pas être déclinée: les Lestranges lui avaient demandé de venir à un dîner de fête qui devait avoir lieu à Monrepos le dimanche 14 décembre. C'était un petit rassemblement, avec seulement Lucius et Narcissa, Yelena, Owen, et lui, si bien qu'il n'était pas difficile de deviner son but: après le dîner, les hommes quitteraient les femmes et les enfants-Lucius avait dit lui qu'ils avaient été encouragés explicitement à amener Drago-et se retireraient dans la bibliothèque pour parler affaires. A en juger de l'inactivité totale qui avait duré des mois maintenant, il était plus que probable que Lestrange voulait discuter de quelque mission importante avec eux. Au moins la soirée ne serait pas une totale perte de temps, il l'espérait.

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En dehors de Lucius, Severus n'avait vu aucun des Malfoys ou des Lestranges pendant presque trois mois; sa dernière rencontre avec le Bébé Dragon, comme la famille l'appelait tendrement, avait eu lieu avant qu'il ne revienne à Poudlard fin août.

Minnie l'Elfe de Maison le conduisit à un des plus petits salons, où les Lestranges attendaient déjà en compagnie d'Owen, qui essayait de montrer quelque enthousiasme pour la petite Viviane. Severus n'avait parlé à personne de sa perte de mémoire, et ainsi il fut légèrement déconcerté quand Tabitha poussa la petite fille dans ses bras.

"Euh. merci," bégaya-t-il, essayant de la mettre dans une position confortable, se gagnant un sourire sardonique de Tabitha.

"Comme tu sembles être devenu si amateur de bébés dernièrement." remarqua-- telle, du poison bouillonnant dans sa voix.

"J'ai peur de ne pas tout à fait comprendre," coupa-t-il, et il alla s'asseoir avec Viviane toujours dans ses bras.

"Intéressant, considérant l'urgence que tu as montré à la tenir à le cérémonie de nomination "

"Oh, cela," dit-il, aussi nonchalament que possible, bien qu'il n'ait pas la moindre idée de ce dont elle parlait. Alors il jeta un coup d'oeil vers le bas à la petite fille qu'il tenait dans ses bras. Non, pensa-t-il, elle n'était certainement pas la fille de Voldemort. Ses cheveux étaient châtains, encore très courts mais très bouclés, et ses yeux viraient au brun noisette. C'était sans aucun doute la fille de St Jean, bien que le visage en forme de coeur et les yeux aux paupières lourdes soient sans pouvoir s'y tromper de l'héritage génétique de sa mère. Elle avait maintenant presque trois mois et, comme l'avait dit Tabitha, était une enfant très calme.

"Et hier," ajouta St Jean, "le mobile pendu au-dessus de son berceau tournait constamment, bien qu'elle ne puisse pas l'atteindre. Et la salle n'a aucun courant d'air, j'ai vérifié deux fois "

"Etes vous en train de dire qu'elle montre les premiers signes de magie accidentelle?" demanda Owen, incrédule.

"Cela semble improbable, mais c'est certainement possible, surtout comme elle est née en retard de toute une semaine "

"Une si puissante petite sorcière," murmura Severus, jettant un coup d'oeil vers le bas à Viviane, qui lui accorda un sourire sans dents et saisit son index droit. Sa main n'était pas assez grande pour l'entourer complètement, mais sa poigne était tout à fait forte.

Pendant que la conversation des autres dérivait vers le sujet de l'éducation préscolaire magique, Severus essaya de définir le sentiment harcelant qui l'avait submergé en regardant Viviane Lestrange, et décida finalement qu'il était tout à fait naturel qu'il se sente préoccupé-après tout, elle était, comme Lucius l'avait exprimé, la fille d'un 'couple de maniaques'. Cela, combiné avec des capacités magiques puissantes, était assez pour ficher la trouille à n'importe qui.

Quand les Malfoys firent leur entrée quelques minutes plus tard, Severus leva les yeux et remarqua tout de suite l'expression sur le visage de Yelena. Elle l'examinait avec un mélange d'affection et de compassion, et lui fit un petit clin d'oeil quand leurs regards se croisèrent. Confu, il sourit et lui fit un signe de tête, puis se leva et rendit Viviane à sa mère.

"Tu es un bon acteur," marmonna Owen dans son oreille, "je n'aurais pas pu le faire. Regarde, les plumes de cou des femelles semblent se hérisser "

Ceci était une observation entièrement vraie, même si malicieuse. Narcissa et Tabitha ne pouvaient pas se supporter. Avec le recul, Severus approuvait sincèrement la perspicacité de Narcissa qui l'avait toujours fait détester son oncle et l'appeller 'bâtard glissant'. Elle avait eu raison, et son opinion de Tabitha était encore moins favorable. Pas que cela se voie-les deux femmes avaient eu une éducation impeccable et savaient exactement comment emballer les insultes dans de la saccharose, pour qu'elles ressemblent à des compliments. Drago était assis sur le genou gauche de son père et appréciait évidemment la scène. Ses cheveux, moins flous mais toujours aussi blonds que ceux de Lucius, lui donnaient un air étrangement angélique, qui était contredit par l'expression attentivement curieuse de ses yeux. Un fauteur de trouble in nuce, pensa Severus. Comme il l'avait présumé, les yeux du garçon avaient viré à un gris léger, presque argenté.

Comme il fallait le prévoir chez un ménage aussi grandiose et important que les Lestranges, le dîner était très agréable, au moins en ce qui concernait la nourriture. L'atmosphère était légèrement tendue, et Severus était très reconnaisant pour la présence des deux bébés, qui fournissait une distraction suffisante pour que le climat reste frais sans devenir franchement froid. Jusqu' à ce que St. Jean aborde le sujet d'un renforcement possible du lien entre les familles Malfoy et Lestrange par les fiançailles éventuelles des deux bébés. Narcissa laissa presque tomber sa fourchette, et Severus vit le dos de Yelena se raidir légèrement.

Lucius, en apparence pas perturbé, fit signe à l'Elfe de Maison qui les servait de lui donner une autre part d'artichauts. "J'ai peur," dit-il, en coupant délicatement un en deux, "que la question des fiançailles de Drago soit déjà règlée "

Il y eut un moment de silence total, finalement cassé par Tabitha qui dit, d'un ton de voix forcé, "Comme c'est merveilleux. Qui est l'heureuse fille?"

"Pansy Parkinson, la fille de Ridley," répondit Lucius, lui lançant un sourire avant de rendre son attention à son filet d'agneau .

Echangeant un regard avec Owen, Severus fit un minuscule mouvement avec son avant-bras gauche, poussant sa baguette un peu plus près du bord de sa chemise. La bouche de St Jean était devenue une ligne mince et dure. "Je vois," fut tout ce qu'il dit. Le silence tomba à nouveau, lourd de tension et de mots tus.

"Est comment va votre père, St. Jean?" demanda Yelena de façon aimable, "je me réjouissais à l'idée de le voir ce soir."

Severus réprima un reniflement moqueur et vit Owen regarder très attentivement ses pommes dauphine**. Il doutait que Yelena le sache, mais elle venait de toucher un point très sensible, une épine constante dans la chair de Lestrange. Son père, Samuel Lestrange, travaillait toujours en tant qu'une sorte de conseiller en relations publiques pour le Ministère mais avait déménagé en France il y a deux ans, pour habiter avec Sinclair, le frère de St Jean et sa femme Héloïse, les parents de Narcissa. Loin d'être un fervent partisan du Ministère, Samuel Lestrange n'avait certainement aucun sentiment amical envers Voldemort et ses partisans, et ainsi il avait décidé que le château** de son fils aîné près de Marseille était un bien meilleur endroit où habiter que l'Angleterre pour lui. Sinclair Lestrange, l'un des sorciers les plus influents du continent entier, avait son propre service de sécurité privé, indépendant du Ministère français de la Magie, et était bien capable de fournir la sécurité pour son père. Son départ avait été un coup dur pour St. Jean, moins parce que cela montrait une fois de plus lequel de ses fils Samuel préférait, que parce qu'il avait compté sur les informations classifiées du Ministère que son père pourrait avoir founies.

De manière peu surprenante, sa réaction à la question de Yelena fut si réservée qu'elle bordait sur l'impolitesse. "Il est. à l'étranger," fut la réponse courte, pas suivie par de plus amples explications.

Le temps passa lentement; d'une manière ou d'une autre le dîner s'acheva finalement, et, dès que possible dans les limites de convenances polies, Lestrange donna le signe pour que ces messieurs se retirent dans la bibliothèque. Aucun des trois phoenix ne dit mot en se dirigeant vers le salon adjacent, mais ils savaient tous qu'ils étaient sur le point de passer un moment rude. La porte s'était à peine refermée derrière eux, que Lestrange se tourna pour faire face à Lucius. "Comment osez-vous?" demanda- t-il, de son niveau de voix bas et mortel. "Comment osez vous prendre des dispositions pour votre fils sans consulter notre Maître?"

"Drago est mon fils, tout comme vous l'avez dit. Comme vous le savez bien, seul mon avis compte quand il s'agit de mes affaires de famille"

Les yeux bleus flamboyant, Lestrange s'avança de quelques pas. "Je doute que vous vouliez répéter cela devant Lord Voldemort "

"Je ne peux pas dire que je sois extrêmement impatient de le lui dire," répondit Lucius, regardant l'autre sorcier de manière méprisante, "Mais je n'hésiterai certainement pas à le faire au cas où il me le demande "

Severus pouvait voir que les mains de Lestrange tremblaient légèrement. Probablement, pensa-t-il, que Voldemort lui avait ordonné d'arranger les fiançailles, et il redoutait maintenant les conséquences de son échec. "Puis-je demander vos raisons?"

"Bien sûr. Viviane et Narcissa sont cousines. Bien que je sois le dernier à nier l'importance de garder le sang des sorciers pur, l'endogamie n'a jamais été sur ma liste de préférences. Les Malfoys ont besoin d'héritiers, St. Jean, pas de quelque excuse de sorcier au sang faible. Considérant le fait que mes petits-enfants porteront mon nom et pas le vôtre, et hériteront de ma fortune, je pense que je suis autorisé à choisir ma future belle-fille. Sans aucun doute Lord Voldemort comprendra mes raisons "

"Très bien," dit Lestrange après quelque temps, "Si c'est votre dernier mot."

"Je vous assure que ce l'est "

Ils restèrent dans la bibliothèque une demi heure environ, à échanger des trivialités sans signification. Finalement, Lestrange se leva, donnant ainsi le signal pour eux de revenir vers ces dames, et Severus traversait déjà le seuil quand Lestrange le rappela. "Un mot, Severus, s'il te plaît "

S'attendant entièrement à être questionné au sujet de Lucius, il se retourna. "Bien sûr, St. Jean. Que puis-je faire pour vous?"

"Nous avons besoin d'une fournée de Falsitaserum pour le 20 décembre. Faites en sorte de bien me la livrer "

"Certainement. De combien en aurez vous besoin?" Il aurait aimé demander la raison mais décida qu'il valait mieux rester silencieux.

"Autant que vous pourrez en faire "

Severus hocha simplement la tête, et ils quittèrent la bibliothèque ensemble.

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"Sev? Es-tu là?" la voix de Lucius semblait soucieuse, pour ne pas dire plus. A en juger par l'air sur son visage, il était plus qu'un peu contrarié. "Ah, te voilà. J'ai besoin de parler à-"

"Bonsoir, Lucius," dit Dumbledore, s'avançant vers la cheminée pour se tenir à côté de Severus. "Severus a pensé que vous appelleriez probablement et ainsi il m'a demandé de venir à ses appartements. J'ai entendu dire que vous aviez des ennuis?"

"O oui, pour ne pas dire plus "Lucius se mordit la lèvre. Ceci devait lui coûter un effort considérable, pensa Severus. "Je pense que je. j'ai besoin de votre assistance. Severus vous a-t'il parlé-"

"Il l'a fait. Alors vous craignez que, cette fois, le courroux de Voldemort puisse concerner non seulement vous, mais aussi votre famille "

Lucius hocha la tête. "Exactement. Ma mère va retourner en Bulgarie dans l'heure-elle sera en sécurité, car personne de sensé ne rêverait même de se mettre à dos une tribu de Vélanes. Ils la protégeront. Mais ma femme."

"Ne peut-elle pas aller avec Yelena?" demanda Severus, car c'est ce qu'il s'était attendu à ce que Lucius décide.

"Non. Les Vélanes accepteront ma mère, parce qu'elle est demi-sang. Peut- être même Drago, mais certainement pas Narcissa "

"Vous avez probablement raison," dit Dumbledore. "En plus, les déplacer pile dans la sphère d'influence de Durmstrang ne semble pas être une bonne idée. Mais pourquoi ne les envoyez-vous pas en France?"

Lucius secoua la tête. "Non. J'ai considéré cette possibilité mais j'ai conclu que c'est trop dangereux. Sinclair peut être bien protégé, mais si Voldemort est après le sang de Narcissa et de Drago, sa sécurité n'aura pas une seule chance " Il dévisagea longtemps et durement Dumbledore. "Pourriez- vous. leur donner asile à Poudlard?"

"Je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas le faire," dit le Directeur après une courte pause de reflexion. "Seulement je pense qu'il serait plus sage que vous répandiez la rumeur qu'ils sont allés en Bulgarie avec votre mère "

Un sourire scintilla au travers du visage de Lucius. "C'était exactement mon intention. J'ai toujours une grand-mère, alors nous pouvons faire semblant qu'elle soit tombée sérieusement malade et ait exigé de voir son arrière petit-fils avant de mourir. C'est transparent mais cela devra faire l'affaire "

"Eh bien,"dit raisonnablement Severus, "vous ne voulez pas que Voldemort croie la raison pour laquelle ils sont partis, vous voulez simplement qu'il croie qu'ils sont en Bulgarie "

"Quand-" Lucius se racla la gorge "-quand puis-je les envoyer?"

"Pourquoi pas maintenant?" dit Dumbledore, comme si cacher Narcissa et son fils n'était rien de plus qu'acheter une paire de chaussettes. "Je suis sûr que cela vous ferait vous sentir beaucoup mieux "

"Oui, je. Merci. Ils arriveront dans environ une demi-heure "

"Vraiment de rien, Lucius "

La tête de Malfoy disparut de la grille de l'âtre, et Severus et Dumbledore s'assirent devant la cheminée.

"Pensez-vous qu'il survivra à ceci?" demanda le Directeur.

"Je ne suis pas sûr. Autrement, il ne les enverrait pas ici. Cet idiot!" cracha Severus, "Ce fichu idiot! Pourquoi ne pourrait-il pas simplement accepter l'offre de Lestrange? Il pourrait avoir rompu l'engagement le jour où tout ceci sera fini "

"Je pense," dit prudemment Dumbledore, "que ces questions de fierté et d'honneur sont un peu difficiles à comprendre à moins d'avoir une ascendance aussi ancienne que celle de Lucius Malfoy. Mais dites moi, Severus, quelque chose a-t-il transpiré ce soir?"

"Oui. Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais je suis sûr qu'il va y avoir une attaque massive avant la fin de l'année" Il serait plutôt damné que de parler à Dumbledore du Falsitaserum-trop de choses en dépendaient. Cela devait rester un secret.

"Êtes-vous sûr?"

"Absolument sûr. Et je vous dis la vérité: je n'ai aucune idée des détails. Mais je pense que vous feriez mieux d'essayez d'en parler à Croupton "

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Narcissa consentit à passer les jours jusqu'à ce que les vacances de Noël commencent dans les appartements de Severus. C'était la solution la plus pratique, car ils avaient tous consentit au fait que sa présence à Poudlard devait être tenue secrète. Seuls Dumbledore et McGonagall le savaient, et il avait été strictement défendu à Peggy de parler des invités de Severus aux autres Elfes de Maison. Une fois que la plupart des élèves seraient partis, ils essaieraient de trouver des logements convenables pour elle et son enfant.

Cette invasion de son intimité était plutôt dure pour Severus, mais il la tolérait pour l'amour de Narcissa. La situation n'était certainement pas de sa faute. Ni de celle de Drago. En plus, ses quartiers d'habitation étaient assez grands, et donc, avec Narcissa et intensément regardés par Drago, ils conjurèrent quelques murs, pour diviser l'étage supérieur en une chambre à coucher, une salle de bains et une chambre d'enfant à côté de son laboratoire. Il était minuit passé quand ils eurent fini. Severus était juste sur le point de dire bonne nuit, quand il sentit l'appel familier de la Marque Sombre.

"Je. je dois partir," dit-il, serrant rapidement la main de Narcissa avant de tourner des talons et de quitter la pièce.

"Attends!"

"Narcissa, je ne peux pas-" mais le regard dans ses yeux l'arrêta.

"Il t'appelle, n'est-ce pas?"

Il n'y avait pas d'utilité à mentir. "Oui "

"Penses-tu que Lucius." Ses yeux se remplissaient de larmes. "Je veux dire, est-ce qu'il va-" Maintenant elle sanglotait.

"Je ne peux pas le dire. Honnêtement je ne sais pas."

"Je regrette que tu ne puisses pas le protéger," chuchota-t-elle, serrant Drago contre sa poitrine.

"Je pense que tu viens de me donner une idée. Au revoir, Narcissa! Dois-je te réveiller quand je reviendrai?"

"Penses-tu vraiment que je pourrai dormir?"

"Probablement pas," appela-t-il par-dessus son épaule, fouillant déjà les étagères de son laboratoire.

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Livide et la mâchoire serrée de détermination, Lucius l'attendait déjà. "Bois ceci," dit Severus, lui tendant une fiole avant de commencer à réagrandir ses robes de Mangemort.

"Poison?" demanda Lucius avec un faible sourire.

"Non, espèce d'idiot. C'est une potion protectrice très puissante que j'ai inventée. Bois, merde! Cela empêchera le pire "

"Tout?"

"Tout. L'effet est immédiat et devrait durer douze heures " Lucius hocha la tête et avala la préparation. "Dis moi seulement une chose: pourquoi as-tu fait ceci? Pourquoi n'as tu pas simplement attendu avant de prendre une décision? Comme cela tu aurais pu accepter l'offre de St Jean aujourd'hui, et rien ne serait arrivé "

"Seul un ignorant pourrait poser une telle question. Des fiançailles, du moins à la façon que nous exécutons, sont un contrat de lien magique. On ne peut pas simplement les rompre. Si j'étais sûr que St. Jean meure avant que Drago soit majeur, j'aurais accepté. Mais je ne pouvais simplement pas prendre le risque "

Severus avait fini de mettre son uniforme. "Parfois je me demande pourquoi ce chapeau ne t'a pas réparti à Gryffondor, Malfoy. Allons y, alors, et bonne chance "

"Qui va en premier?"

"Vas-y. Je suivrai dans trente secondes "

Il lança la fiole vide dans la cheminée et compta jusqu'à trente. Puis il transplana.

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"M. Malfoy semble avoir pas mal d'accidents ces temps-ci," remarqua Frank Londubat, la satisfaction dans sa voix à peine déguisée. Severus trouvait qu'il avait l'air ridicule dans son uniforme d'Auror, mais il était trop tendu pour se sentir joyeux.

"Ce n'était pas un accident " Owen essaya de lui faire baisser les yeux mais échoua. Lui aussi, devait être assez épuisé. "Comme nous vous l'avons déjà dit, c'était une attaque de Mangemorts "

Sans la potion protectrice, Lucius serait probablement mort maintenant, pensa Severus, ou du moins irrémédiablement fou. Il n'avait jamais vu encore la cruauté de Voldemort libérée à un tel degré. Et le pouvoir derrière ses maledictions avait été terrible. Il avait joué avec sa victime aujourd'hui, le conduisant au point de s'évanouir peut-être vingt fois, alternant les sortilèges de torture avec les mauvais traitements physiques, jusqu'à ce que Malfoy ne réagisse plus à Enervate. Dans une crise d'humour noir, Owen avait exprimé ses doutes qu'ils puissent l'amener à Ste. Mangouste en un seul morceau, voyant comment il tombait presque en morceaux. Les bottes en peau de dragon avaient beaucoup été utilisées ce soir.

"Je sais ce que vous m'avez dit, et je sais que je ne crois pas un seul mot de ces bétises. Montrez moi vos baguettes!"

Leurs baguettes et uniformes de Mangemort étaient rangés en sécurité chez les McNairs, où Owen avait amené Lucius. Severus l'avait suivi, complètement épuisé pour avoir premièrement transplané aux portes de Poudlard, au cas où quelqu'un le suive, puis au manoir des McNairs, sans mentionner qu'il était épuisé par la scène épouvantable chez Voldemort en Albanie. Lui et Owen tendirent tous les deux leurs baguettes avec obéissance. Comme il fallait le prévoir, Londubat était moins que content du résultat de ses Priori Incantatem répétés."Les avez-vous reconnus?" dit- il d'un ton rogue

"J'ai peur que non," dit Severus. "Ils portaient des masques "

"Et des manteaux à capuches," ajouta Owen.

Ils étaient tous les deux tendus et nerveux, pas à cause de l'interrogatoire de Londubat, qui avait lieu dans une petite salle à Ste. Mangouste, mais à cause de l'état critique de Lucius. L'Auror, cependant, semblait tout à fait content de l'effet qu'il imaginait avoir sur eux. "Bien," dit-il, les scrutant, "Maintenant répétez à nouveau votre histoire " c'était stupéfiant ce qu'un uniforme pouvait faire pour faire ressortir le sadique se tapissant dans un ex-Gryffondor maladroit.

Donc ils répétèrent comment ils étaient allés se promener, pour se dessoûler après une soirée de lourde beuverie au Manoir Malfoy, comment ils avaient été soudain entourés par cinq ou six Mangemorts, comment ils avaient tous les deux été soumis au Petrificus Totalus et forcés à regarder Lucius se faire torturer et battre presque à mort, et comment les agresseurs avaient alors disparu aussi soudainement qu'ils étaient apparus, et, non, ils n'avaient aucune idée des raisons de cette attaque imprévue.

Avant que Londubat puisse leur demander une nouvelle fois de répéter, un jeune médisorcier vint les chercher. "M. Malfoy souhaite vous voir "

" A-t-il vraiment dit cela?" demanda Owen.

Londubat renifla. "Avec des amis tels que vous, qui a besoin d'ennemis? Bien, ils sont à vous," dit-il au médisorcier, "je vais écrire un rapport. Vous-" il regarda Severus et Owen "-serez probablement appelés pour plus de questions "

"C'est un vrai gars dur," dit le médisorcier, envoyant un regard d'adoration après l'Auror.

"Un des plus dur," consentit Severus, et il vit, du coin de l'oeil, que Owen souriait. Ils avaient un besoin terrible d'un bon rire. "Est comment va M. Malfoy, alors?" demanda-t-il.

"Eh bien. considérant les circonstances, je dirais qu'il a eu de la chance. Il survivra, et il n'y aura pas beaucoup de dommages à long terme. Peut- être à ses cordes vocales-elles ont l'air vraiment mal en point, mais il est trop tôt pour pouvoir le dire. Nous devrons appeler quelques spécialistes de l'étranger, mais je suppose que ce n'est pas un problème, n'est-ce pas? Je veux dire, il peut se payer-"

"Il peut se payer un fichu spécialiste d'Alpha du Centaure," dit Owen d'un ton rogue. "Et maintenant soyez gentil de nous mener à lui avant que je ne perde ma patience "

**en français dans le texte