CHAPITRE 43

Après avoir perdu quatorze Mangemorts dans le massacre du Chemin de Traverse, Voldemort brûlait de réemplir ses rangs. La plupart de ceux dont les corps morts étaient restés là-bas avec ceux de leurs victimes avait été initiés l'été précédent; le manque d'attaques jusqu'à Noël, et par conséquent le manque d'expérience, avait mené à leur fin.

Les trois phoenix essayèrent de persuader le Maître que, pour beaucoup de raisons, il serait mieux d'exécuter quelques petites opérations de temps en temps, mais Voldemort avait perdu en apparence l'intérêt. C'était difficile pour Severus de décider s'il sentait de la frustration ou du soulagement devant ce nouveau développement: d'une part, l'absence de toute action ne leur permettait pas de réaliser leur projet d'amener des nouveaux avec eux pour leurs opérations et de les faire capturer par les gens de Dumbledore; d'autre part, les trimestre de printemps et d'été passèrent sans aucun problème perceptible, si bien que même l'enseignement détesté devint beaucoup plus facile pour lui, car il n'avait pas d'obligations urgentes de Mangemort.

Pas que ce soit une période d'insouciance. La situation hors de Poudlard se détériorait graduellement-Dumbledore devait regarder avec une fureur impuissante quelques uns de ses meilleurs éléments être jetés à Azkaban, James Potter paradait toujours fièrement son courage de Gryffondor et n'avait pas l'intention d'aller se cacher. Au moins Lily avait terminé la potion et en donnait régulièrement à son fils. Petite consolation, étant donnée la perspective sombre du front anti-Voldemort. Une perspective dont la morosité était augmentée par l'insécurité constante sur l'identité de l'espion. Bien que Dumbledore ait au début semblé hésitant à accepter la possibilité d'être trahi, il dut finalement reconnaître que certaines informations n'auraient jamais pu atteindre le Seigneur des Ténèbres sans aide active de ses propres rangs. Et bien que Severus se soit senti légèrement vexé, au début de sa carrière d'espion, parce que le vieil homme ne lui faisait évidemment pas assez confiance pour lui donner le nom d'un seul membre de la résistance, en dehors de McGonagall, il était maintenant plus que reconnaisant pour son ignorance, car c'était la preuve irréfutable qu'il ne jouait pas l'agent double. Aussi rassurant que ceci puisse être pour lui-même, Severus avait néanmoins la crainte constante du moment où l'espion allait dévoiler quelque chose de vraiment important que Voldemort se serait attendu à entendre de Severus. Et lui et Dumbledore devaient être beaucoup plus circonspects à préparer les fausses informations pour le Seigneur des Ténèbres.

Et il y avait, bien sûr, le problème de la Pierre Philosophale: toute réflexion faite, il y avait deux institutions qui méritaient la description de 'absolument sûr', à savoir Gringott et Poudlard. Cependant, il y avait une raison très solide pour ne pas mettre la Pierre dans un des coffres- forts haute sécurité de la banque, ou plutôt deux raisons. Voldemort avait prouvé, par le massacre de Noël, qu'il n'avait pas de scrupule du tout à propos d'attaques majeures impliquant un haut bilan de morts dans ses propres rangs. Et il semblait ruminer un autre projet pour une attaque à échelle similaire. Donc, il était inconcevable de ranger la Pierre dans un coffre-fort de Gringott, car une attaque sur la banque détruirait non seulement les relations sorciers-gobelins, mais coûterait aussi les vies de centaines de gens et de gobelins innocents. Donc, Severus et le Directeur en vinrent à la conclusion qu'il était mieux de laisser la Pierre à Poudlard, où il serait du moins possible d'évacuer les élèves en cas d'attaque. Les sortilèges protégeant l'école étaient assez puissants pour empêcher l'armée du Seigneur des Ténèbres de les percer avant une bonne demi-heure-suffisament pour que les enfants se glissent dans un des tunnels menant à Pré-au-Lard, où les mesures de sécurité nécessaires étaient déjà prises.

En dehors de sa satisfaction évidente à apprendre l'emplacement de la Pierre, le Seigneur des Ténèbres lui-même semblait très distant ces jours- ci -Severus observait cet étrange retrait chaque fois qu'il devait faire son rapport. Le 13 juin, il pensa que sa dernière heure était venue quand il ouvrit la porte de leur salle de rencontre habituelle et fut accueilli par la vue d'un serpent énorme emroulé près de l'entrée, dont la tête se souleva des anneaux de son corps couvert d'écailles dès qu'il franchit le seuil, les crocs découverts et sur le point de frapper. Choqué comme il était-il avait immédiatement compris que ceci devait être l'hybride que Voldemort avait commandé, et ainsi n'osa pas tirer sa baguette pour se défendre-il fit la seule chose raisonnable et se figea à mi mouvement. Le Maître prit son temps et le laissa debout là-bas, pétrifié, pendant deux bonnes minutes, si bien que Severus put examiner la bête à loisir, essayant de garder sa crainte et ses niveaux de pheromone résultants dans des limites raisonnables.

Enroulé sur lui-même comme il l'était, la longueur de l'animal était difficile à juger, mais Severus estima qu'elle devait être entre trois mètres soixante et quatre mètres cinquante. Sa peau avait un motif de diamants, blanc-cassé et brun sombre sur un fond brillant, cuivré qui trahissait le Dent-de-Vipère du Pérou. Et la tête, qui était plus grande que celle d'un Anaconda, était plus celle d'un dragon que celle d'un serpent. Alors, qui que soit le magizoologiste qui ait produit cette créature cauchemardesque, il avait évidemment réussi à réveiller à nouveau l'héritage génétique dormant de l'Anaconda-les crocs, plus minces, plus longs et plus pointus que ceux du Dent-de-Vipère, le confirmaient.

"Nagini vous plaît?" la voix de Voldemort vibrait d'amusement.

Ne sachant pas si le mouvement de sa mâchoire et de ses muscles du visage serait assez pour que le serpent frappe, il répondit à travers des dents serrées, "Elle est très impressionnante, Mon Seigneur "

Au lieu de la réponse qu'il avait attendu, il entendit le Seigneur des Ténèbres émettre une série de sifflements, après quoi la face du serpent prit une expression presque placide. La bouche se ferma, la tête oscilla de long en large pendant quelques instants puis vint se reposer sur les anneaux gigantesques du corps de Nagini. "Vous pouvez bouger maintenant, Severus," dit Voldemort, se moquant clairement de lui.

"Merci, Mon Seigneur. Je-je n'avais pas idée que vous étiez un Fourchlang "

"Un des nombreux avantages d'être l'héritier de Salazar Serpentard," répondit Voldemort avec nonchalance. "Autrement ce pourrait être moins que judicieux d'avoir un tel animal favori. Elle plaît beaucoup à St. Jean "

"Mon Seigneur, puis-je demander s'il a déjà utilisé son venin?"

"Pas encore. Elle n'est arrivée que la semaine dernière, et je crois qu'il distille actuellement le venin que nous avons recueilli jusqu'ici. Vous êtes conscient, j'espère, que le solstice d'été est la semaine prochaine?"

"Bien sûr, Mon Seigneur. Et que la nouvelle lune est le 26 juin. J'ai déjà demandé un congé au Directeur pour ce soir là "

"Bien," dit Voldemort, "Très bien en effet. Le jour s'approche, Severus "

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De nouveau, le château était vide. Ce premier jour après que tous les élèves soient partis était étrange: l'écho de leurs voix, du son de leurs pas sur le sol de pierre des couloirs, de rires et de hurlements fâchés, semblaient encore s'accrocher aux murs, une faible trace qui disparaîtrait dans quelques heures. Seulement alors, Poudlard deviendrait complètement silencieux, dormant durant l'été, attendant silencieusement que ses habitants reviennent.

Trois de ses habitants traînaient encore à la Grande Table dans la Grande Salle pour prendre une dernière tasse de café après le petit déjeuner avant de retourner à leurs quartiers.

"Et quand va-t-il prendre la première dose?" demanda McGonagall.

"Dès que St. Jean aura terminé la potion. Peut-être la semaine prochaine," dit Severus, se resservant un autre tasse.

"Hmmm." Dumbledore ajouta trois morceaux de sucre à son café et remua pensivement. "Je ne connais pas grand chose au sujet du venin de serpent."

"Eh bien, moi oui," dit Severus "J'y ai dédié pas mal de temps, ces dernières semaines. Et je doute sincèrement que Voldemort ou Lestrange aient fait de quelconque recherche-ce que j'ai découvert indique plutôt le contraire "

McGonagall fronça des sourcils. "Les effets du poison sont-ils si dramatiques?"

"Dramatique? Vous devez plaisanter. A propos, il y a-t-il eu un professeur venant d'Espagne ou d'Amérique latine à Poudlard?"

"Oh, oui," dit Dumbledore, "c'était de mon temps, Consuelo Martinez était Directrice de Serdaigle. Elle était Mexicaine, je pense, et avec plus que seulement une goutte de sang Indien. L'une de vos pré-pré-prédécesseurs, elle enseignait les Potions "

"Ah, ceci explique cela. Il semble qu'elle ait apporté beaucoup de livres avec elle "

Dumbledore hocha la tête et, après une réflexion prudente, laissa tomber un autre morceau de sucre dans sa tasse. "Oui, en effet. Son père-je pense qu'il était Moldu, mais je ne suis pas tout à fait sûr-était un partisan des français pendant la guerre civile mexicaine, et après que les français soient partis et que l'empereur ait été jugé et fusillé, il semble que M. Gonzalez soit devenu victime des opérations de nettoyage s'ensuivant. Sa fille a réussi à quitter le pays et prendre une partie de ses possessions les plus chères avec elle"

"Chères en effet-elles sont de valeur inestimable," dit Severus. "Cependant, en dehors des potions, elle semble avoir eu un vif intérêt dans la paléontologie magique, car j'ai trouvé plusieurs livres très remarquables dans ce domaine. C'est de là que je tiens mes connaissances sur le Dragon des Eaux Amazonien"

"Et?" l'aiguillonna McGonagall.

"Il était venimeux, mais les Indiens natifs-les sorciers parmi eux, bien sûr-réussissaient à extraire le venin et, avec quelques modifications et additions, le transformaient en une substance créant une forte dépendance et hallucinogène. Leurs voyants avaient l'habitude de l'ingérer, pour se mettre en transe. Mais la plupart d'entre eux devenaient fous, car il semble que, en plus du fait qu'il créait une dépendance, le venin était aussi plutôt agressif, même sous forme purifiée. La description des symptômes est tout à fait inexacte, mais je dirais qu'ils ressemblent à ceux de la syphilis cérébrale-le venin mangeait littéralement les cellules du cerveau "

Le Directeur et McGonagall le dévisagèrent. "Et. combien de temps faut-il pour que la substance atteigne cet effet?" demanda finalement Dumbledore.

"Plus de temps que nous en avons, en fait. Et cela n'était pas ce dont je voulais parler. Je suis beaucoup plus inquiet au sujet des propriétés hallucinogènes. Je vous ai déjà dit que Voldemort devient imprévisible. Et je préfèrerais ne pas imaginer ce qu'il deviendra s'il devient dépendant de cette chose "

"Pensez-vous qu'il puisse y avoir une autre attaque comme. comme." McGonagall ne termina pas sa question-elle avait perdu une nièce et son petit-neveu à Noël.

"Je suppose que oui, oui " Il vit la haine éclatant dans ses yeux et lui rendit son regard, longtemps et durement. "Et si cela arrive comme à Noël, il n'y aura pas de moyen de vous avertir. Autant que je le regrette," ajouta-t-il.

Un silence de plomb descendit sur les trois personnes. Finalement, Dumbledore le rompit. "Mme. Malfoy va être très seule cet été "

Severus et McGonagall poussèrent des soupirs audibles de soulagement au changement de sujet. "Oui," consentit Severus, "cela a été assez dur pour elle les mois passés. Mais je ne peux simplement pas rester ici tout le temps. Ce serait trop difficile à expliquer "

"C'est une très remarquable jeune femme," dit McGonagall, et Severus la regarda avec une surprise totale. "Ne me regardez pas comme cela, Professeur," dit-elle sèchement, "Ou pensiez-vous que j'étais incapable de surmonter quelque sentiment que je puisse avoir pour son mari?"

"Je pourrais avoir eu un soupçon," ronronna Severus.

"Je souhaiterais que nous puissions faire quelque chose." dit Dumbledore, fixant le plafond, où des nuages lourds dérivaient paresseusement à travers un ciel bleu pâle qui était déjà brumeux avec la chaleur d'été.

"Moi aussi," dit Severus avec passion, "Lucius devient de plus en plus nerveux et irritable. Peu étonnant-il ne les a pas vu, ni elle, ni son fils depuis six mois. Mais je ne vois vraiment pas comment nous pourrions lui permettre de venir à Poudlard, ne serait-ce qu'une journée, sans élever de soupçons "

"Hmm. N'avez-vous pas dit que Voldemort vous encourage à vous surveiller l'un l'autre?" demanda Dumbledore un peu plus tard. Severus hocha la tête. "Eh bien, dans ce cas il pourrait vouloir parler avec moi, seulement pour s'assurer que vous faites votre devoir-dans n'importe quel sens du terme. Après tout, il est gouverneur de l'école de Poudlard. Et s'il a décidé de faire une donation. l'école a un besoin terrible de nouveaux balais, vous savez?" Il lança à Severus un regard perspicace.

"Combinant l'utile avec l'agréable, Directeur? Très ingénieux en effet. Je suis sûr qu'il sera enthousiaste de votre suggestion "

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Entre beaucoup d'autres équipements, la propriété Malfoy avait aussi un lac. Il n'était aucunement aussi grand que le lac à Poudlard, mais très profond, et frais même pendant les jours d'été les plus chauds. Quand Severus avait passé ses premières vacances d'été au Manoir Malfoy, il y a huit ans, ni lui ni les autres enfants n'avaient eu le droit de s'approcher de l'eau, probablement parce que les parents de Lucius les avaient pensé trop jeunes, imprudents et sujets aux accidents. Maintenant, cependant, ils étaient un peu moins jeunes, peut-être aussi un peu moins sujets aux accidents, du moins en ce qui concernait une noyade accidentelle. L'imprudence, pensa Severus, était toujours une caractéristique éminente de Lucius et d'Owen.

Comme McNair était le seul des trois à avoir une haute tolérance à la lumière du soleil-Lucius et Severus viraient immédiatement au rouge écrevisse, mais tandis que Severus développait au moins quelque sorte de bronzage ensuite, Lucius revenait simplement au blanc-ils avaient consenti à rester à l'ombre. Actuellement, Severus regardait les deux autres qui, en sous-vêtements, étaient montés sur leurs balais et rivalisaient pour voir qui pourrait plonger directement dans le lac de la plus grande hauteur. S'il y avait des poissons dans l'eau, ils allaient probablement être immangeables pendant les trois prochaines semaines, simplement à cause du choc.

Il avait refusé de les rejoindre, car, bien qu'il soit un nageur décent, mettre la tête sous l'eau plus d'une seconde le faisait paniquer. Alors il resta couché là dans l'herbe sur sa couverture, prenant de temps en temps une petite gorgée de vin blanc délicieusement frais, et réfléchissant. Ses réflexions avaient été déclenchées par ce qu'il estimait être un comportement plutôt enfantin de la part de Lucius et d'Owen. Mais, il s'était alors rappelé qu'ils n'avaient que vingt-trois ans, et étaient donc très jeunes pour les normes des sorciers et des moldus. Vrai, vous deveniez majeur beaucoup plus tôt, et vous aviez par conséquent le droit de faire de la magie et de Transplaner. Sous des circonstances différentes, cependant, ils pourraient même ne pas encore avoir fini leurs études, lui et Lucius, parce qu'ils auraient peut-être pris une année ou deux de pause dans leur apprentissage, simplement pour faire ce que leurs caprices leur dictaient, pour voyager, et. oui, pour être jeunes. Certainement, Lucius se serait marié tôt, mais si son père n'avait pas été tué, il n'aurait pas dû supporter la triple responsabilité de la paternité, des devoirs de Mangemorts et d'être le chef d'une famille importante. Severus lui-même aurait probablement obtenu une bourse d'études pour l'université, peut-être qu'il aurait fait une demande d'apprentissage avec quelques Maîtres différents, il pourrait même avoir été avec Clarissa. Owen, au moins, avait toujours son père, et ainsi pouvait vivre dans son ombre, ce qui ne semblait pas l'ennuyer. Mais il pourrait lui aussi, avoir tourné différemment. Et donc cela n'était pas vraiment surprenant que, au milieu de toutes ces obligations, de ces devoirs et de ces responsabilités, ces airs de garçons explosent soudain et les fassent s'engager dans des jeux enfantins.

Finalement, Lucius et Owen semblèrent en avoir eu assez et atterrirent près de Severus, détrempés et riant. Après s'être séchés avec un rapide sortilège, tous deux remirent leurs chemises et leurs pantalons et se laissèrent tomber sur leurs couvertures.

"Je pense que nous venons d'inventer le Quidditch Sous-marin," dit Lucius.

"Comme c'est intéressant. Vous deux contre le Calmar Géant?"

"Mmh. Diable, je meurs de faim!" dit Owen et il pêcha un sandwich dans le panier de pique-nique que les Elfes de Maison leur avaient préparé. "Hé, n'es-tu pas allé à Poudlard?" demanda-t-il à Lucius, "Comment c'était? Tu ne m'as rien raconté "

La visite avait eu lieu début août, et l'école était maintenant en possession de vingt Brossdur 4 tout neufs, le dernier modèle sur le marché.

Lucius sourit et hocha la tête. "Oui, j'étais là-bas, il y a deux jours. J'ai fait d'une pierre deux coups-je pouvais voir Narcissa, et j'ai marqué aussi un énorme point quand j'ai parlé à Voldemort de mon plan astucieux pour parler avec Dumbledore "

"Que lui as-tu dit?" demanda Severus, s'emparant d'un pilon et d'un morceau de pain.

"Pas grand chose-que pouvais-je lui dire? Seulement que Dumbledore semble être au bout du rouleau-"

"Ce qui est malheureusement vrai," observa sèchement Severus.

"En effet. Et qu'il n'y a pas de protections supplémentaires ou d'autres appareils de sécurité. Et je lui ai parlé, bien sûr, des balais. Oh, et que le grand Albus Dumbledore ne semble pas avoir de soupçons contre moi, si bien que je pourrais être utile au cas où quelque chose aille de travers "

"Merci beaucoup " dit acidement Severus, lançant l'os de poulet à Lucius, "C'est si bon de savoir que Voldemort pense que je suis facilement remplaçable. Et Narcissa et Drago?"

"Et qu'avez-vous fait de l'enfant pendant votre festin de baise?" demanda Owen avec un intérêt authentique.

Lucius lui lança un regard mauvais. "Tu es dégoûtant, McNair. Vraiment. Mais pour répondre à la question de Severus, elle va tout à fait bien. Bien sûr, elle développe graduellement une claustrophobie, mais je dois dire que Dumbledore essaie de leur rendre leur séjour aussi agréable que possible, et pour elle et pour Drago. Et je lui ai apporté une Cape d'Invisibilité, pour qu'elle puisse se promener dehors "

"Eh bien," dit Owen, couché sur son côté gauche après avoir fini de manger, la tête appuyée contre sa main, "il reste moins que trois mois ."

Severus, qui était assis de l'autre côté de Lucius, lui lança un regard étonné. "Je regrette de ne pas savoir d'où tu tiens tout cet optimisme! Nous ne savons pas ce qui va arriver! Peut-être n'ira-t-il pas là bas lui même-"

"Laissant son chef-d'oeuvre à quelqu'un d'autre? Tu dois plaisanter," l'interrompit Lucius.

"Ca, ou il pourrait ordonner à quelqu'un d'autre de lancer le Sortilège de Mort. A l'un de nous, par exemple. La potion pourrait ne pas marcher. Ou peut-être simplement neutraliser le sortilège, sans faire plus de mal "

"Oh, s'il te plaît!" Owen se roula sur son dos. "Je crois que nous avons déjà discuté de ceci. Plus d'une fois. Pourquoi ne peux-tu pas simplement supposer un instant que cela va marcher, et que Voldemort sera tué ou affaibli? Hein? Rabat-joie !"

Severus haussa les épaules. "Sais pas. Probablement parce que je suis de type plus réaliste que vous "

"Tu n'es pas réaliste, tu es un fichu pessimiste," dit Lucius. "Mais supposons que cela marche. Que feriez-vous?"

"J'attendrai que les Aurors viennent me chercher, je suppose "

Les sourcils de Lucius se soulevèrent. "Les Aurors? Pourquoi devraient-ils vouloir te capturer?"

"Pour la même raison qu'ils voudront mettre leurs griffes sur toi et Owen. Ou croyez-vous honnêtement que le Ministère ne va pas commencer une opération de grand nettoyage une fois qu'ils seront sûrs que Voldemort est mort ou inoffensif?"

"Eh bien," dit Owen, "Ils devraient le prouver en premier lieu "

"Peut-être qu'ils ne peuvent pas le prouver, mais je parie tout ce que je possède que plusieurs de nos estimés camarades Mangemorts ne seront que trop impatients de troquer quelques noms contre une réduction de leur peine ou contre une franche impunité "

"Tu marques certainement un point là," consentit Lucius. "Mais que pouvons- nous faire? Je veux dire, bien sûr que tu peux leur donner une dose de Falsitaserum avant le grand coup. Mais soit l'effet ne durerait pas assez longtemps, soit, s'il le fait, ils seront tous libres, si bien que tout le problème pourrait recommencer, tôt ou tard "

"Les mettre sous Oubliette?"suggéra Owen.

"C'est une possibilité. Mais cela dépend du cadre temporel," dit Severus. "Nous sommes quarante sept , moins nous quatre font quarante quatre, cela fait quatorze ou quinze pour chacun d'entre nous "

Lucius remua la tête. "N'oublie pas que Voldemort semble planifier un autre assaut énorme. Cela pourrait décimer nos rangs "

"Oui," grogna Owen, "Seulement qui garantit qu'un ou plus d'entre nous ne va pas être parmi les victimes? Nous sommes bons, mais nous ne sommes ni immortels ni invulnérables "

"Je pense que nous devrions tous prendre la potion protectrice régulièrement à partir de maintenant," dit Severus. "Cela n'aide pas contre Avada Kedavra à moins d'être mélangé avec l'amour, mais cela fournit une défense suffisante contre la plupart des malédictions mineures"

Lucius renifla. "Et quand je mourrai, ils devront me jeter avec les déchets toxiques. Je ne sais pas combien de potions-"

"Oh, ferme la, Malfoy. Arrête de te lamenter. Tu veux être en sécurité ou pas?"

"Oui, d'accord. Oui, je veux être en sécurité, et oui, je te demande à genoux de me donner cette fichue potion. C'est mieux?"

"Bien sûr, Malfoy. Bien mieux " Severus lui fit un sourire insolent. "Cependant," continua-t-il, à nouveau sérieux, "il semble que Oubliette soit notre seule option. C'est à dire si nous avons assez de temps. Je pense qu'ils nous prendront quand même pour nous poser des questions, mais seulement parce que nous sommes sur leur liste de suspects. Si personne ne confirme leurs soupçons, nous serons probablement libérés après peu de temps "

"Et alors nous devrons nous comporter comme de vraiment bons garçons," dit Lucius, les yeux brillant d'une joie profane. "Je vais être le joyau de la société magique-événements de charité, beaucoup de présidences honoraires. vous savez, comme la Société pour la Protection des Sorcières Mineures."

Maintenant même Severus rit. "Le renard qui garde les oies. oui, je peux voir sans aucun doute cela. Tu introduiras de nouveaux uniformes d'école pour Poudlard-"

"Sans sous-vêtements," fournit Owen.

"Oui, eh bien, à chacun son truc," dit Lucius, essuyant des larmes de gaieté de ses yeux. "Et toi, Owen?"

"Hmmm." Owen marmonna un sortilège pour déboucher une autre bouteille de vin, et réemplit leurs verres. "Je n'en suis pas sûr, vous savez?" Passant le bras au-dessus de Lucius, il tendit son verre à Severus. "Le problème est que notre entreprise n'a pas exactement une bonne réputation. Et si-" les trois hommes trinquèrent "-A votre santé. Si les choses vont vraiment bien, voulant dire que Voldemort meurt ou disparaît ou quoi que ce soit. Severus a raison. Il va y avoir une opération de grand nettoyage. Imaginez seulement les histoires que la Gazette des Sorciers va inventer! Et vous pouvez être sûr que les Serpentards ne seront pas regardés d'un ?il très favorable pour les quelques prochaines années "

"Et ce que tu veux dire est?" dit Lucius d'une vois traînante.

"Ce que je veux dire est que nos affaires maintenant prospéres pourraient tomber à l'eau. Vous savez comment c'est après les guerres-oui, Sev, j'ai vu ce sourire idiot. J'ai lu un peu d'histoire moldue de temps en temps. Alors salue ma sagesse. Après les guerres, ou les révolutions, quand tout est reconstruit, les gens sont d'habitude obsédés par la morale. Alors je suppose que personne ne voudra plus de nos pot-de-vins, les gens seront moins facilement intimidés. Et une grande partie de notre succès est basée sur le soudoyement et les intimidations. Par conséquent, je soupçonne que nous ne ferons pas beaucoup d'affaires. Il y a assez d'argent pour me durer quelques vies, mais je devrai faire quelque chose. eh bien, de respectable, aussi stupide que cela semble "

"Tu pourrais travailler pour le Ministère," suggéra Severus, luttant pour rester sérieux.

"Vous savez, c'est exactement ce que j'avais à l'esprit. Peut-être qu'ils ont quelque travail que je pourrais aimer."

Dans une exposition rare de comportement pas-trop-bien élevé, Lucius renifla moqueusement dans son verre et réussit à le renverser partout sur sa chemise et son pantalon. "Qu'est-ce que cela pourrait être?" demanda-t- il, riant encore. "Ils n'emploient pas de meurtriers à plein temps"

"Le Département des Créatures Magiques si," s'opposa Severus.

"Oui, c'est vrai! Comment ai-je ne pas y avoir pensé? Et le travail va même avec une hache-je me souviens que j'ai vu cela quand mon père m'a permis de l'accompagner au Ministère, quand j'étais petit."

"Et voilà," dit Owen. "Je savais qu'ils auraient le travail de mes rêves. Je veux dire, la combinaison."

Il avait certainement bu trop de vin, pensa Severus. Il avait la tête lourde et donc, laissant les deux autres à leur plaisanterie, il roula sur son dos et regarda vers le haut le baldaquin doré vert de feuilles, presque immobile dans la chaleur du début d'après-midi. Oui, peut-être qu'il était possible de penser à l'avenir. Peut-être devraient-ils faire des projets. Lucius, le président honoraire de beaucoup de sociétés charitables, Owen, le respectable employé du Ministère . abattant les bêtes dangereuses avec une hache aiguisée, à double tranchant. il était sur le point de s'endormir, quand les paroles de Sibylle lui revinrent, "Je vois une hache, rien d'autre. Alors peut-être que c'est la mort par décapitation. "Et, pendant qu'il tombait déjà dans les profondeurs du sommeil, son propre commentaire, "Connaissant Owen, je dirais que c'est lui qui décapite les autres."

Ils étaient assis dans l'herbe, regardant vers le lac, appréciant le coucher de soleil qui teintait tout de rose, même les tentacules du Calmar Géant, qui s'élevaient hors de l'eau de temps en temps, s'étendant paresseusement et replongeant. Le sol autour d'eux était parsemé de détritus, à demi pourris et émettant une odeur à donner la nausée. Il était difficile de discerner des objets seuls, mais plus il regardait longtemps, plus certains d'entre eux devenaient clairs. Eclats de verre, un pince nez cerclé d'or, une baguette cassée. plus loin encore, le corps d'un chat noir, son ventre déjà tumescent de pourrissement, la tête coupée et probablement jetée au loin. Il se leva, laissant ses compagnons derrière lui, et se promena dans l'herbe qui était devenue sèche et brune. Elle avait grandi aussi, car maintenant elle lui arrivait déjà aux hanches. Quelque temps, il marcha seulement sans but, laissant ses mains glisser sur les pointes des lames. Du sang commença à couler de ses doigts, et il essaya de l'essuyer sur ses robes, mais le tissu devait être enchanté-ses mains ne devinrent pas plus propres, mais maintenant il y avait de petites perles rouges éparpillées partout sur ses vêtements. C'était beau, ce motif de rouge-sur-noir, et il se regarda de haut en bas, riant tout bas à la sensation des perles sous ses mains. L'herbe continuait de grandir- maintenant elle était arrivée à hauteur d'épaule, si bien qu'il avait des difficultés à voir où il était. Le soleil s'était couché, et bientôt il se retrouva dans l'obscurité. Cela ne l'effrayait pas, mais il se sentait mal à l'aise. Ce qu'il trouvait le plus effoyable était l'absence de bruit. Il y avait un silence et un calme qui lui firent se demander s'il pouvait être devenu sourd. Il essaya de se racler la gorge, mais il pouvait sans aucun doute entendre le son, donc il n'était pas sourd. Soulagé et curieux de voir où ses compagnon pouvaient être allés, il marcha et marcha. il n'y avait plus d'herbe maintenant, et l'obscurité était devenue complète-une absence veloutée et douce de lumière, l'enveloppant comme un manteau doux. Et c'était un manteau, car il pouvait maintenant sentir distinctement les plis du tissu. Une paire de bras l'entoura, et une voix douce dit, "Enfant!" mais il savait qu'il ne voulait pas être embrassé, il voulait partir, s'éloigner de ce contact importun qui n'était plus chaud ni calmant. Et ce n'étaient plus des bras-c'était un serpent, s'embobinant autour de lui, aggripant et serrant jusqu'à ce que la respiration soit presque impossible. Il commença à sentir le manque d'oxygène; des lumières étranges dansaient devant ses yeux, scintillantes et fugaces. Graduellement, leurs mouvements se ralentirent, et elles se rassemblèrent peu à peu, formant deux taches, deux taches rondes qui ressemblaient à des yeux. Il lutta contre le serpent, parce qu'il voulait accèder à ces yeux, qui lui souriaient, lui faisant signe de les rejoindre, lui envoyant des promesses d'amour et de confort. De grands, yeux sombres, aux paupières lourdes, avec des iris couleur noisette. Son désir de les atteindre était affreux, mais il ne pouvait plus bouger, enchevêtré comme il l'était dans le corps à écailles du serpent. Il essaya de dire quelque chose, mais il n'avait plus de souffle. Quand il fut sûr qu'il était sur le point de mourir, suffoqué par la poigne inexorable du serpent, il entendit une voix douce l'appeler par son nom, "Severus."

"Sev! L'endormi! Tu dors depuis presque une heure!" Lucius lui secoua l'épaule. "Il est temps de se réveiller!"

"Oui." marmonna Severus, essayant de s'accrocher aux derniers brins de son rêve qui se retiraient déjà dans l'obscurité de son subconscient. "Oui, je. j'ai bu trop de vin." Il regarda le visage souriant d'Owen, et soudain il se souvint: la hache. Alors Sibylle avait une fois de plus eu raison.

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Severus haissait l'admettre, mais Poudlard commençait à devenir de plus en plus 'chez lui'. Pour Narcissa, il était revenu un peu plus tôt que nécessaire, peu après son rendez-vous d'août avec Voldemort, qui n'avait produit absolument aucun résultat, et se réinstalla dans ses quartiers avec une aise étonnante.

Narcissa allait bien et était en bonne santé, comme Drago. Le garçon avait maintenant treize mois et était le fier propriétaire d'une série presque complète de dents qu'il utilisait pour les buts les plus étranges. Il avait fait ses premières tentatives pour marcher peu avant le début des vacances d'été. A la grande détresse de Narcissa, car une fois qu'il eut réussi à comprendre, il commença à se déplacer avec une vitesse étonnante, surtout pour poursuivre McGonagall sous sa forme de chat, comme Narcissa le raconta à Severus. Etant donnée l'affection évidente de Drago pour les animaux, Severus lui avait donné un chat comme cadeau d'anniversaire tardif. Le garçon l'avait baptisée Mina, ce qui était comment il prononçait 'Minerva'. Dumbledore, dans le bureau duquel le petit Drago était un invité bienvenu, était appelé Duddo, ce qui ne semblait pas le déranger. Severus était un peu moins flatté de la mutilation de son propre nom, qui ressemblait à 'Evvus', mais décida sagement que tôt ou tard l'enfant apprendrait à le prononcer correctement, alors il pourrait tout aussi bien accepter d'être appelé Evvus pour le moment.

Considérant le fait que Elias semblait bien aimer les chats-il était immédiatement devenu ami avec Mina, qui était si petite quand Drago l'avait reçue que le corbeau aurait pu facilement la manger en en-cas --- et qu'il détestait quitter les quartiers de Severus sauf pour livrer du courrier, le tunnel secret reliant les appartements de Narcissa à la Tour Serpens était souvent utilisé par Drago, pour rendre visite à Evvus et traîner près de lui. Autant que Narcissa aime son enfant, Severus avait bientôt pris conscience que, en dépit de sa solitude, elle n'était ni une mère trop protectrice ni une mère trop indulgente. Pour un enfant de un an, les manières de Drago étaient impeccables, et ainsi Severus n'avait pas trop d'objections à sa présence, surtout car c'était un enfant plutôt calme, content de rester assis à regarder le Maître de Potions avec des yeux argentés grand ouverts. La couleur de ses cheveux était restée inchangée: il était toujours d'un blond aussi platine que Lucius et cela resterait probablement ainsi. L'air angélique, cependant, avait disparu d'une manière ou d'une autre.

Pour dûment célébrer la fin des vacances-bien que Severus ne voie pas exactement le sens de célébrer quelque chose qu'il avait redouté depuis le début juillet-Dumbledore, McGonagall, Narcissa et l'enfant étaient venus prendre le petit déjeuner dans les appartements de Severus le 1 septembre. La journée promettait d'être agréablement tiède, toutes les fenêtres étaient ouvertes, et Drago se roulait par terre, jouant avec Mina et Elias. En dépit de l'humeur superficiellement gaie, les quatre adultes étaient loin d'être détendus, car leur conversation tournait une fois plus autour de la situation actuelle; ils étaient tous inquiets, parce que Severus, qui avait dû livrer une autre fournée de Falsitaserum, les avait avertis il y a quelque temps qu'il pourrait y avoir une autre attaque bientôt. Jusqu'ici, tout était resté calme, mais l'attente constamment traînante de choses terribles à venir portait sur leurs nerfs et leur sang-froid.

"Sirius est venu me voir hier," dit Dumbledore avec désinvolture, ôtant des miettes de sa barbe. "Il avait de mauvaises nouvelles-"

"Juste ce dont nous avions besoin," fut le commentaire aigre de McGonagall, "comme si ce. comment cela s'appelle-t-il déjà?"

"Sa moto," fournit Severus d'un ton bourru.

"Ah, oui. Comme si cette moto ne dérangait pas déjà assez. Je lui ai dit de la ranger en sûreté-imaginez seulement qu'un des élèves-"

"Professeur," l'interrompit Severus, "je crois que le Directeur voulait nous dire quelque chose au sujet de mauvaises nouvelles "

Narcissa fronça les sourcils. "Vous avez l'air bien trop gai pour des mauvaises nouvelles, Directeur "

"Exactement, ma chere fille," dit Dumbledore, rayonnant, "Ce que je voulais dire était que Sirius considérait que c'étaient de mauvaises nouvelles. Et d'une façon c'en est, seulement si vous regardez cela de la bonne-"

"Oh, s'il vous plaît, Albus!" McGonagall semblait franchement ennuyée.

"Oui, Minerva, bien sûr. Il semble que les choses ne vont pas trop bien entre Lily et James, et qu'elle l'a menacé de le quitter à moins qu'il ne consente à se cacher et à exécuter le Sortilège de Fidelius"

"Ah " Severus éleva ses sourcils. "Des détails sur ce que Son Opiniatreté décidera de faire?"

"Si cet homme a du sens," dit nettement McGonagall, "il choisira sa femme et le sentier de la raison. Je suis certainement une Gryffondor jusqu'au noyau--" elle entendit le commentaire marmonné de Severus, tandis que Narcissa lui donnait un coup de pied sous la table "-mais ce qui différencie le courage de l'imprudence est la capacité de savoir quels risques vous pouvez ou ne pouvez pas prendre "

"Oyez, oyez!" commenta Severus, doux comme du miel. "Ce que nous ne savons pas, cependant, est si Potter a du sens. Directeur?"

"Nous verrons," dit philosophiquement Dumbledore. "Mais je suis sûr qu'il entendra raison, espérons-le avant-qu'y-a-t'il, Severus?"

"Je suis appelé," dit-il d'une voix atone. "En à cette heure de la journée- c'est." Sa voix l'abandonna, et ses mains commencèrent à trembler.

"Dix heures et demie, vraiment, qu'y-a-t'il d'inhabit-" McGonagall s'arrêta à mi mot et regarda Severus, horrifiée. "Pas le." Sans finir sa phrase, elle regarda le Directeur, comme si un 'non' venant de lui pouvait effacer le soupçon terrible.

"Le train?" chuchota Narcissa, "Mais il ne peut pas. les enfants." Ses yeux se remplissaient de larmes.

"Y-a-t-'il quelqu'un que vous pouvez alerter?" demanda Severus au Directeur, tout en appelant et mettant son habit de Mangemort, ignorant l'expression terrifiée de McGonagall. Etre vu par elle en plein uniforme était le moindre de ses soucis maintenant.

"Non." Dumbledore secouait la tête, les yeux vides, ses mains osseuses, tachetées de marques d'âge, serrées en poings. "Je ne peux rien faire. Rien, à moins de vouloir trahir votre secret."

"Alors trahissez-le, merde!" lui hurla Severus. Drago, qui avait déjà senti la tension monter, commença à pleurer, et sa mère le ramassa pour le calmer.

"Je ne peux pas vous récompenser comme ceci, cher garçon " La voix du Directeur, bien que tremblante, était claire et déterminée. "Vous mourriez dans d'atroces souffrances. Et même si cela rachète les vies d'une partie de mes. des enfants, la résistance perdrait sa dernière chance "

"Vous ne savez pas cela, allez vous faire foutre!" cria Severus, "Et je préfèrerais mourir plutôt que de La tuer!"

"Tuer qui?" demanda McGonagall. Il ne répondit pas. "Tuer qui, Severus?"

"Je. oh, tant pis. C'est. sans importance de toute façon," dit-il, soudain dépourvu de toute émotion. "Souhaitez moi bonne chance, Directeur, aussi paradoxal que cela soit. Les Aurors ensorcèlent pour tuer maintenant "

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Le Sortilège de Doloris avec lequel un des Aurors l'avait frappé avait eu peu d'effet, grâce à la potion. Cette fois, ils avaient reçu l'ordre de rester et de se battre, au lieu de Transplaner instantanément à l'arrivée des Forces de l'Ordre. Cette fois-ci, les enfants avaient été une claire majorité. Cette fois-ci, les victimes avaient été encore plus impuissantes qu'au Chemin de Traverse, car que pouvait faire un première ou deuxième année pour se protéger contre une puissante Malédiction Sombre? Cette fois- ci, Severus avait intentionnellement manqué ses cibles, du moins en ce qui concernait les enfants, limitant ses coups bien placés aux parents et, plus tard, aux Aurors. Cette fois, sa confusion, augmentée par la douleur, avait été si grande qu'il n'avait pas Transplané dès que la Marque Sombre s'était élevée vers le ciel, mais s'était sauvé en courant, car il avait peur de pouvoir se désartibuler. Cette fois-ci, une paire d'yeux bruns l'avait regardé pendant qu'il tuait des garçons et des filles qu'il connaissait, ou qu'il aurait commencé à connaitre la semaine prochaine, des enfants qui pourraient avoir été répartis dans sa Maison, des enfants qu'il aurait dû protéger. Cette fois-ci avait été pire que tout.

Faisant confiance à Dumbledore pour trouver une solution, n'importe quelle solution, au cas où les Aurors viennent l'interroger à Poudlard, il s'était glissé dans une des toilettes publiques, avait ôté son uniforme et l'avait rétréci, à peine capable de tenir sa baguette. Il était resté là longtemps avant de retourner dans la sécurité du château, où tout semblait si paisible et si calme qu'il fut submergé par une frénésie de colère et de fureur qui lui fit exploser cinq arbres en morceaux avant qu'il ne puisse se faire assez confiance pour ne pas attaquer qui que ce soit qui croiserait son chemin. Il arriva pendant que le déjeuner était servi dans la Grande Salle, attrapa un aperçu de la faculté assise à la Grande Table, attrapa des brins de conversation, des voix cassées et sanglotantes, et s'éloigna furtivement, pour monter dans le bureau du Directeur. Une demi- heure plus tard, le vieux sorcier le rejoint, un homme totalement brisé.

"Combien?" demanda Severus d'une voix atone.

Elevant ses mains en un geste lent qui trahissait sa fatigue, Dumbledore ôta ses lunettes. "Soixante et un élèves, quatre-vingt trois parents, dix- neuf plus jeunes frères ou soeurs. Vingt-deux Mangemorts, dix-sept Aurors. Deux cent deux morts, Severus. Soixante quinze blessés. Tant de morts." Fumseck s'éleva de son perchoir et vola à travers la salle. "Non, Fumseck,"dit le Directeur, quand l'oiseau se fut arrêté sur ses genoux, "Non. Ce n'est pas quelque chose que tu pourrais guérir, même si tu pleurais pendant cent ans " Il caressa la tête de l'oiseau. "Et vous, Severus? Je craignais le pire."

"Je suis désolé, Directeur. Je ne pouvais simplement pas. j'avais besoin de quelque temps. Les Aurors sont-ils venus?"

"Oui. Mais je leur ai dit que vous aviez eu un accident ce matin dans votre laboratoire et que vous n'étiez pas en état d'être interrogé. Ils reviendront, bien sûr."

"Bien sûr. Mais comme cela je peux au moins aller à l'Infirmerie, me coucher et dormir quelques heures. Ce soir-et les autres élèves, Directeur? Viennent-ils?"

"Oui " Dumbledore hocha la tête, lentement et toujours avec lassitude, mais avec un air de détermination. "Oui, ils viennent, et nous aurons une fête d'accueil et une Cérémonie de Répartition. Je ne me soumettrai pas à Voldemort, même s'il ne me laisse qu'un seul élève duquel m'occuper. Ceux qui ont été blessés arriveront au cours de la semaine prochaine. Alors ce devra être un début lent, mais néanmoins un début"

Ceci était probablement la bonne façon de contrôler la situation, pensa Severus et il le dit . "Avez-vous entendu quoi que ce soit au sujet des Mangemorts morts ?" demanda-t-il, se sentant presque honteux de sa question. Mais Dumbledore ne sembla pas avoir d'objections.

"Comme je l'ai déjà dit à Narcissa, ni M. Malfoy ni M. McNair ne sont parmi eux. Et, malheureusement, St. Jean Lestrange non plus. Je suppose qu'il commandait?"

"Oui. Ni Lucius ni Owen n'avaient de quelconque idée de ce qui allait arriver. C'est à dire jusqu'à ce qu'ils soient appelés. Quand nous sommes arrivés à l'endroit de rencontre, nous étions plus ou moins sûr. Il n'y avait rien que nous puissions." Il se tut. Les excuses ou les raisons n'avaient certainement pas de place maintenant. Il n'était même pas sûr de savoir de quoi il devait s'excuser.Ce qu'il sentait n'était pas du regret- il avait fait ce qu'il y avait à faire. C'était du dégoût, et de la crainte. Un épuisement immense, et un désir de vomir. Ou au moins, de dormir.

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Le Aurors revinrent dans l'après-midi, à quatre, admis avec réticence dans l'infirmerie par Madame Pomfresh, à qui on avait dit que Severus avait eu un accident dans la matinée, en expérimentant sur une nouvelle potion, mais qu'il avait hésiter à demander son aide jusqu'à ce que le Directeur le lui ordonne.

Cet arrangement était plus heureux qu'il ne l'avait pensé, car quand Severus se réveilla, il vit qu'il n'était plus seul. Il y avait eu quelques enfants qui n'avaient que des blessures très insignifiantes, et dont les parents avaient consenti à ce qu'il soient amenés à Poudlard au lieu de Ste. Mangouste. Alors les Aurors durent se tenir correctement pour le bien des enfants, et ils quittèrent les lieux peu après leur arrivée, furieux mais les mains vides. Severus se leva s'habilla, se sentant très peu mieux, et dit à l'infirmière qu'il partait, car il n'avait plus besoin de son assistance, et il retourna à ses quartiers.

Son sommeil avait été profond mais troublé, hanté de cauchemars qui le faisaient transpirer et s'empêtrer dans les draps. Heureusement-si quoi que ce soit pouvait être appelé heureux dans ces circonstances-Narcissa avait eu le bon sens de le laisser seul; probablement qu'elle avait compris que tout ce dont il avait besoin maintenant était de la paix. De paix et d'un bain chaud.

Quand la baignoire fut pleine, il s'y plongea et essaya de se relâcher sous la caresse de l'eau chaude. Le ciel dehors était presque identique à celui qui était peint sur son plafond, et il se déplia graduellement de la balle tendue dans laquelle il s'était roulé, s'étira, et finalement s'abandonna à l'eau. Flottant sur le dos, touchant de temps en temps le bord de la baignoire avec ses mains, il regarda vers le haut, les nuages bougeant lentement, et pensa à combien il serait facile de simplement se rendormir et de se noyer. Pas la plus facile des morts, certainement, car il devait y avoir quelques secondes de lutte quand l'instinct primitif pour survivre prenait le dessus et essayait de lui faire prendre de l'air et cracher l'eau de ses poumons. Seulement quelques secondes, cependant, et puis la paix. Probablement. La partie immortelle de lui-s'il existait une telle chose-se dissolvant et se mêlant à l'énergie cosmique. Peut-être se reconsolidant et retournant dans un autre corps humain. Ou peut-être pas. Le sommeil chantait déjà sa douce berceuse, et tête de Severus se renfonça dans l'étreinte chaude de l'eau, si douce, si cèdante, si peu exigeante. Les pensées devinrent incertaines, devinrent des images, devinrent des rêves, simplement des petits bouts de rêves car il n'était pas encore entièrement endormi, des brins fugaces de rêves soufflés à travers son esprit comme des feuilles mortes sur un sentier de gravier. des souvenirs fusionnant ensemble en de nouvelles formes, l'appelant. deux yeux bruns, noisette étincelant d'or, de longs cils effleurant la peau en porcelaine, une voix rhytmée qui faisait sonner son nom comme un baiser "Severus."

Oubliant momentanément qu'il était simplement dans une baignoire et pas en eau profonde, il paniqua inhala de l'eau, lutta et finalement trouva le sol sous ses pieds. Désespérément, il poussa sa tête vers le haut à travers la surface qui semblait étrangement être devenue solide, inhala mais ne le pouvait pas, toussa de l'eau et le reste de l'air qu'il voulait et dont il avait tant besoin. finalement, une respiration profonde, un autre accès de toux, une autre délicieuse bouffée d'oxygène, et il ouvrit les yeux. Comme toujours quand il était sûr qu'il avait rêvé d'Elle, il ne restait qu'une faible dernière lueur de ce qu'il avait pensé pouvoir avoir vu. Il savait qu'il y avait eu des yeux, et il était sûr d'avoir entendu une voix. Mais il ne restait rien dans son esprit de quoi s'emparer pour le tirer, lentement lentement hors du marais qui était la partie de son subconscient où se tenaient les rêves, seulement la connaissance que les yeux qu'il avait vus avaient une forme distincte, et la voix un son distinct.

La voix dans sa tête, si insistante pendant le massacre de Noël, avait été aujourd'hui silencieuse à King's Cross, trop faible pour parler contre l'agitation de panique désespérée. Mais maintenant son temps était venu. Severus appuya ses mains sur ses oreilles, à moitié tenté de retourner sous l'eau, d'essayer de terminer tout ceci. Mais il savait que la voix l'accompagnerait au delà de sa tombe et ne lui accorderait jamais de paix. Et si. et si. et si.

A Noël dernier, la tentation avait été presque irrésistible mais il l'avait combattue. Maintenant, il s'avouait qu'il devait cèder à moins de vouloir devenir fou. La première lettre avait été un risque, la seconde serait une véritable folie. Tout ce que Sibylle avait à faire était de la faire suivre au Ministère, et il serait embrassé par un Détraqueur avant la fin du mois. Il n'avait pas le droit de faire ceci. Dumbledore avait refusé de le sacrifier ce matin, et maintenant il voulait vraiment envoyer une autre lettre? Mais il devait savoir.

Et donc il sortit de la baignoire, se sècha avec une serviette, mit un peignoir et s'avança dans le salon pour s'asseoir à son bureau et essayer de trouver une manière d'écrire l'inconcevable. Les mots 'Elle' et 'morte' dans la même phrase. Le point d'interrogation qui suivait ne rendrait vraisemblablement pas le fait de voir cela plus supportable.