CHAPITRE 44
Peut-être, pensa Severus pendant qu'il retournait en marchant à ses quartiers, que la Répartition avait été la pire partie de la soirée. Seulement dix première année. Ils en avaient attendu vingt-neuf. Dix enfants de onze ans, effrayés-oh, ils étaient toujours effrayés, il avait été effrayé, aussi. Mais aujourd'hui avait été différent, tellement différent. Aujourd'hui avait été probablement le premier jour de toute l'histoire vieille de milliers d'années de Poudlard sans rires retentissant dans les couloirs et dans la Grande Salle. Le noir des robes des élèves avait été bizarrement approprié, tous les enseignants avaient aussi porté du noir, même Dumbledore. Dumbledore en robes noires. cela, aussi, était une première.
Deux nouveaux Serpentards pour lui, deux filles. Il était descendu aux cachots après le dîner, pour voir si elles allaient bien, et les avait trouvées blotties l'une contre l'autre dans un fauteuil dans la Salle Commune où les autres les avaient laissées. Elles avaient peur de descendre les escaliers pour aller dans leur dortoir. Elles voulaient rentrer chez elles, craignant que leurs camarades Serpentards puissent être des Mangemorts et les tuer dans leur sommeil, parce qu'elles avaient survécu à l'attaque. Alors il avait appelé le Baron Sanglant et lui avait présenté les deux filles-drôle, pensa-t-il, que le spectre, dont l'aspect terrifiait d'habitude les première année, n'ait presque inspiré aucune peur aux nouvelles-et lui avait demandé de rester avec elles pour la nuit.
Il devrait aller dormir maintenant. Mais l'arrière-goût des cauchemars qui l'avaient hanté cet après-midi traînait encore dans son corps, le rendant agité et réticent à rester assis même deux minutes. Il se levait constamment et faisait les cent pas, seulement pour se rasseoir-mais rien qu'il puisse faire ne chasserait les images de son esprit ni ne répondrait à sa question. Il avait demandé à Malfoy de lui prêter un de ses hiboux grand-duc, comme ils étaient robustes et rapides, mais même ainsi il faudrait des jours, sinon des semaines, jusqu' à ce que la réponse de Sibylle n'arrive. Si la réponse de Sibylle arrivait. Parce que ceci était seulement une possibilité, pas une certitude.
Et il avait besoin de dormir. Ceci allait être un enfer de trimestre. Une fois le choc initial passé-et les enfants étant des enfants, il était absolument sûr que demain ou le lendemain, il y aurait à nouveau des rires résonnant dans la Grande Salle-les diverses réactions commenceraient. Il y aurait ceux qui réclameraient un traitement spécial parce qu'ils avaient perdu des êtres aimés, et courraient voir leur Directeur de Maison si le Maître de Potions diabolique leur rappelait qu'il y avait des règles pour eux aussi. Pendant le dîner, lui et McGonagall, dans un moment rare d'unanimité à cause de leurs soucis pour leurs propres élèves, avaient suggéré que Dumbledore abandonne la politique de mettre Serpentard avec Gryffondor et Poufsouffle avec Serdaigle. Pas que mettre Serpentard avec Serdaigle eut été une garantie de paix élyséene dans la salle de classe, mais il y avait moins d'antagonisme naturel entre les deux maisons. Dumbledore, cependant, avait purement et simplement refusé, faisant remarquer que, à moins que les enfants ne soient forcés à coexister, et lutter à travers cela, la société des sorciers n'aurait jamais aucune chance après que cette guerre se soit terminée. D'une certaine façon, Severus était d'accord, mais cela ne rendait pas sa tâche, ni celle de McGonagall plus facile. Peut-être aurait-il accepté la situation plus facilement s'il enseignait un autre sujet. Le cours de Potions était sujet aux accidents par les meilleurs des temps, mais avec la moitié la classe en guerre contre l'autre moitié.
Il soupira et se leva pour aller se verser un autre whisky. Le dernier pour ce soir. Du moins il l'espérait.
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Aussi jeune que soit le Directeur de Serpentard, la réputation de sévérité inflexible qu'il s'était forgée avait inculqué le respect et la crainte du Professeur Rogue chez presque tous élèves, et donc ceux qui se dépêchaient de retourner à leurs quartiers après le dernier cours de l'après-midi se mirent de côté, appuyés contre les murs du couloir, quand Severus passa à grands pas devant eux, sa main gauche fermement serrée autour du bras de Bill Weasley. "Sorbet fraise," lança-t-il quand ils se tinrent finalement devant la gargouille gardant l'entrée au bureau de Dumbledore, et il remarqua avec une satisfaction sinistre que la créature lui lança un regard légèrement alarmé. "Après vous, M. Weasley " Et il poussa le roux dans l'escalier.
"Professeur, je. je vous présente mes excuses, vraiment, je-"
"Je ne suis pas intéressé par vos excuses, M. Weasley. Surtout parce qu'elles sont hypocrites et causées par la crainte d'être expulsé, pas par du regret. Maintenant tenez votre langue. Vous pourrez expliquer tout ceci au Directeur "
Dumbledore était assis à son bureau, écrivant, la porte de son bureau à moitié ouverte. Au son de leurs pas, il leva la tête. "Severus, y a-t-il un problème?"
"Je suppose que oui, Directeur," répondit-il à travers des dents serrées. "M. Weasley, expliquez " une autre poussée, et Bill Weasley s'arrêta en trébuchant derrière les chaises des visiteurs.
"M. Weasley," dit Dumbledore et il soupira, "je pense que j'ai précisé que ceci n'était pas le moment pour faire des farces. Dites moi, qu'avez-vous fait cette fois?"
"Ce." Le garçon avala. "Ce n'était pas une farce, Monsieur. Je n'ai vraiment pas envie de faire de farce maintenant. Cela fait seulement trois jours." Il laissa tomber sa tête.
Dumbledore fronça les sourcils et regarda Severus, avec une secousse infinitésimale de sa tête. Penchant son menton dans la direction du garçon, Severus lui fit signe d'interroger le célèbre fauteur de trouble. "Eh bien, M. Weasley, dans ce cas peut-être que vous pourriez expliquer ce que vous avez fait exactement?"
"Ce n'était pas quelque chose que j'ai fait, c'était quelque chose que j'ai dit. A. au Professeur Rogue "
"M. Weasley, je n'ai pas toute la journée. Alors s'il vous plaît essayez d'être un peu plus loquace "
"Il. eh bien, il a enlevé des points à Gryffondor parce que Malcolm Graham ne faisait pas attention et avait loupé sa potion, et Malcolm a dit qu'il était incapable de se concentrer parce que sa mère a été tuée à King's Cross. Et alors Rogue-"
"Professeur Rogue, M. Weasley, vous aurez la gentillesse de l'appeler Professeur Rogue "
"Désolé, Monsieur. Et alors Professeur Rogue a dit qu'il comprenait son chagrin, mais que ceci n'était pas un hôpital mais une école, et que Malcolm devait faire attention tout de même, ou s'excuser de sa classe. Et j'étais tellement fâché, parce que c'était simplement injuste, je veux dire, Malcolm pleure pour s'endormir tous les soirs et-"
"M. Weasley, vous et tous les élèves ici à Poudlard savez parfaitement bien, que quiconque sent qu'il ne peut pas assister aux classes peut s'excuser de participer jusqu' à la fin septembre. Si M. Graham a choisi d'assister, il devait être conscient qu'il ne serait pas traité différemment à cause de sa perte récente. Donc, la réprimande du Professeur Rogue était entièrement justifiée "
Weasley lança au Directeur un regard mutin. "Mais, Monsieur-"
"Pas de 'mais'. Continuez, s'il vous plaît "
"Eh bien, j'étais fâché, et donc j'ai dit au Professeur Rogue qu'il n'avait pas le droit de dire une telle chose, parce que. parce qu'il était un bâtard sans sentiment qui avait enfermé sa propre mère dans un institution mentale "
Si la sévérité de Dumbledore avait jusqu'ici était plutôt forcée, plus pour garder les apparences que parce qu'il était véritablement fâché, c'était maintenant très vrai, un mur presque tangible entre lui et le garçon qui lui lançait des regards suppliants. " D'où avez-vous reçu cette information?" demanda-t-il, sa voix froide et plate.
"Vraiment, Monsieur, je préférerais ne pas-"
"M. Weasley, vous allez me le dire à l'instant, ou vos parents pourront venir vous chercher demain "
"Pro-professeur Black l'a mentionné."
Severus inspira brusquement. Il avait pensé que peut-être le père du garçon avait parlé travail pendant les vacances d'été-théoriquement, il existait une obligation de garder la confidentialité pour les employés du Ministère, mais tout le monde savait que c'était une simple question de forme. Voldemort avait utilisé ce fait à son propre avantage plus d'une fois.
Dumbledore, dont le visage ne trahissait rien, hocha simplement la tête. "Très bien. M. Weasley, je dois dire que je suis déçu, très déçu par vous. Les détails des vies privées des enseignants ou des élèves ne doivent jamais être utilisés contre eux, je suis sûr que votre père et votre mère vous ont enseigné cela?" Il lança au garçon un regard transperçant.
"Oui, Monsieur, bien sûr. C'était juste. j'étais si fâché, et d'une manière ou d'une autre mon contrôle de moi-même a simplement lâché "
"Ceci n'est pas une excuse. Vous avez quatorze ans, et vous devriez pouvoir vous contrôler maintenant. Surtout dans une situation comme celle-ci, quand tout le monde est tendu. Le Professeur Black a-t-il mentionné cela en classe?"
"Non. Non, il. je suis allé à son bureau après le déjeuner, parce que j'étais inquiet à propos de Malcolm-vous savez que Professeur Black aide le Professeur McGonagall avec ses devoirs de Directrice de Maison, n'est-ce pas?" Dumbledore hocha la tête. "Et je lui ai dit que j'avais peur que Malcolm loupe royalement sa potion, parce qu'il était si distrait. Et. et le Professeur Black a dit. il a dit." Il se tut et risqua un coup d'?il de côté vers Severus.
"Vous m'avez déjà insulté, M. Weasley. Maintenant vous faites simplement référence à ce que mon confrère a à dire à mon sujet. S'il vous plaît continuez "
"Il a dit, 'je suis sûr que ce saligaud enlèverait même des points pour inattention. Pas que cela m'étonnerait venant d'un homme qui a enfermé sa propre mère dans une maison de fous.' C'étaient ses paroles. Je ne sais pas où il a reçu cette information. honnêtement, je ne sais même pas si c'est vrai. est-ce vrai, Professeur?"
Severus lui envoya un regard dur . "Etes vous vraiment intéressé ou voulez vous simplement glaner des informations pour commérage?"
"Non," dit Bill Weasley, secouant la tête avec tant de véhémence que sa queue de cheval gifla ses joues, "Non, Monsieur, je pensais que je pourrais expliquer à mes camarades de maison."
Severus était hésitant à divulguer des détails de sa vie privée, surtout d'un épisode qui ne lui avait rien causé d'autre que de la douleur et du désespoir, mais d'autre part, il voyait clairement l'avantage d'enfoncer un coin entre Black et les Gryffondors, qui vouaient un culte de héros à l'ex Auror, fils de deux Aurors étoiles. "Si c'est vraiment votre intention, ainsi soit-il," dit-il finalement. "A cause d'une infraction, que je ne souhaite pas vous dévoiler, le Ministère a condamné ma mère à un internement à vie à l'Institut d'Inverness pour les Malades Incurables, au début de ma cinquième année à Poudlard. Ce qui est suffisament de preuve que ce n'est pas moi qui l'ai fait enfermer "
Les yeux de Bill s'étaient élargis. "Monsieur, je suis désolé, vraiment, je ne savais pas-"
"L'ignorance, M. Weasley, est l'un des pires ennemis de l'humanité. Essayez de vous souvenir de cela et d'agir en conséquence "
Le garçon hocha la tête. "Bien sûr, Monsieur. Puis-je le dire à mes camarades de maison?"
"Vous pouvez, mais essayez de coller aux faits. Je n'ai pas envie être transformé en héros tragique"
Dumbledore, qui avait écouté avec une satisfaction apparente, parla à nouveau. "Considérant le fait que vous regrettez évidemment votre explosion irréfléchie, M. Weasley, je dirais que c'est au Professeur Rogue de décider de votre punition, et de s'il faut informer vos parents "
Bill s'étrangla d'inquiétude. "Oh, s'il vous plaît Monsieur, s'il vous plaît pas mes parents! Maman me tuerait!"
Ceci était un choix difficile. Bien sûr, le garçon méritait une réprimande sévère, mais d'autre part, Severus avait déjà entendu deux fois la voix de Molly Weasley, stridente de fureur, faisant trembler les fenêtres de la Grande Salle dans leurs cadres. Considérant le fait, cependant, que Bill Weasley avait évidemment reconnu son erreur, et que lui-même n'avait pas envie de voir cet incident exploser plus que nécessaire, il était probablement plus sage de s'abstenir d'écrire aux parents. Il scruta l'élève avec des yeux rétrécis. "Le choix est vôtre, M. Weasley. Soit une semaine de retenue, à passer avec moi et M. Rusard, soit deux retenues et une lettre à vos parents "
"Je choisirais plutôt un mois de retenues qu'une beuglante de maman," marmonna le garçon. "Alors je vais prendre la première solution, Monsieur. Et. eh bien, merci "
"Soyez dans mon bureau ce soir, à 7 heures 30 précises. Vous pouvez partir maintenant "
Bill bégaya ses remerciements et sortit en courant du bureau aussi vite qu'il le pouvait.
"C'était une décision très sage, Severus. Asseyez vous un moment, si vous avez cinq minutes de disponible"
Severus se laissa tomber dans une des chaises, se sentant soudain très fatigué. Il passa une main sur son front. "Sage. je ne sais pas. Mais je ne veux pas être le sujet de potins plus que nécessaire. Et conaissant les beuglantes de Molly Weasley." Il rendit brièvement son sourire à Dumbledore et continua, "Mais et Black ? Je suppose qu'il a reçu cette information de ses parents, mais il n'avait absolument aucun droit de divulguer cela à un élève "
"Surtout pas sous forme mutilée, je suis d'accord. Je vais lui parler ce soir, bien que je préfére le faire en privé. A moins que, bien sûr, vous n'insistiez pour être présent."
"Pas vraiment. Je vous fais confiance pour vous occuper correctement du problème, et si j'étais présent, il deviendrait simplement plus têtu. Mais si vous voulez me rendre un service, vous pouvez mettre le souvenir dans une pensine et me la donner."
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En dehors toute la tension et des tribulations, la première semaine d'école, ou plutôt sa fin, apporta aussi une grande surprise pour Severus.
Il était en retard pour la réunion du personnel le samedi matin, parce qu'il avait dû terminer quelques potions de guérison spéciales pour Madame Pomfresh, aux soins de qui les derniers élèves à quitter Ste Mangouste pour l'infirmerie de Poudlard avaient été confiés. Jurant silencieusement, parce qu'il détestait être en retard, il prit les notes qu'il avait faites hier soir et se dépêcha dans les couloirs vers la salle des professeurs. Tout le monde était déjà assis à la grande table rectangulaire.
"Bonj-" Il s'interrompit à mi-mot, et regarda fixement. Car à côté de McGonagall, parée de perles en tous genres, de grandes boucles d'oreille pendillant presque jusqu'à ses épaules, ne se tenait nulle autre que Sibylle Trelawney. Elle lui fit un sourire et un petit signe de la main.
"Severus! Entrez, entrez!" Dumbledore, qui d'une manière ou d'une autre réussissait à paraître gai parmi la morosité générale, lui fit signe de se diriger vers une chaise vide à côté du Professeur Brulôpot. Lentement, et pas sans s'être pincé le bras pour s'assurer qu'il était éveillé, il ferma la porte et s'avança vers son siège.
"Comme j'étais en train de l'expliquer," continua Dumbledore, "Cassandra Coleridge m'a dit qu'elle veut prendre sa retraite. Elle pourrait avoir attendu quelques autres années, mais les événements récents l'ont menée à démissionner immédiatement. C'est une grande perte pour la faculté. Cependant, nous avons beaucoup de chance, parce que Sibylle Trelawney, qui a terminé son apprentissage à Bâton Rouge il y a seulement un mois, a consenti à prendre le relai " Le presonnel applaudit poliment. "Je vous fais confiance pour bien la recevoir et la faire se sentir chez elle, ici à Poudlard " Cette dernière phrase fut reconnue par des hochements de têtes et des "Oui, bien sûr, Directeur " murmurés.
Severus eut des difficultés à se concentrer pendant le reste de la réunion, parce que son esprit n'arrêtait pas de retourner à Sibylle, à sa lettre, à une réponse possible- comment allait-elle réagir envers lui? Au moins, il fut répondu à cette question immédiatement après la fin de la réunion. Sibylle se faufila parmi les autres enseignants, lui tendit sa main et dit, "Salut Severus! Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu."
Il prit la main offerte. "Sibylle. Je n'avais aucune idée."
"Ni moi. C'était tout à fait une surprise. D'autre part, j'ai pensé qu'enseigner pourrait être amusant pour un temps-"
"Fais attention à ce que tu souhaites," remarqua-t-il sardoniquement.
"Eh bien, la Divination est un peu différent. Plus d'entraînement que d'enseignement. Et je reçois seulement des volontaires, c'est déjà un grand avantage. Mais je pense que tu attendais une réponse, n'est-ce pas?"
"O oui." Il regarda autour de la salle, assez mal à l'aise. "Seulement je ne veux vraiment pas en discuter en présence de tout le personnel enseignant. Habites-tu déjà à Poudlard, ou-"
"Oui, j'ai déjà apporté mes possessions. Je n'en ai pas beaucoup, tu sais. Nous n'allions pas vraiment beaucoup faire les magasins à Bâton Rouge "
Elle aussi avait changé, pensa Severus. Pas son extérieur-les lunettes énormes, le tintement-cliquetis entier de bleu et de vert, les cheveux châtains qui avaient maintenant atteint sa taille, tout ceci était plus ou moins comme avant. Mais elle semblait plus pleine d'assurance et directe maintenant. Moins facile à harceler. Si Black essayait quoi que ce soit avec elle, il pourrait avoir la surprise de sa vie. Mathilda aussi semblait contente qu'elle soit de retour. Peu surprenant, parce que les deux filles s'étaient toujours bien entendues. Perdu dans ses pensées, il regarda leurs dos s'éloignant avant de se diriger vers ses propres quartiers pour travailler un peu avant le déjeuner.
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"Belles pièces," dit Sibylle. Elle avait suivi l'invitation de Severus pour prendre un verre dans ses quartiers et était très impressionnée par leur beauté. "Et si merveilleusement isolé, aussi!"
"Eh bien, ce n'est pas comme si tu pouvais te plaindre. La Tour Nord n'est pas exactement un espace public, n'est-ce pas?"
Sibylle rit. "Pas vraiment. Ce serait très déplacé pour une voyante et un professeur de Divination. A propos, Dumbledore m'a dit que je devrais être moins terre-à-terre, pour créer une impression convenable pour les élèves "
"Voulant dire?" demanda Severus, retournant vers elle avec deux verres et lui en tendant un.
"Eh bien," dit-elle et elle s'assit dans le fauteuil qu'il lui indiquait, "je suppose que je dois être un peu plus mystérieuse. Surtout parce qu'il ne veut pas de rumeurs comme quoi mes prédictions sont d'habitude tout à fait fiables-tu sais comment sont les élèves. Ils le diraient à leurs parents, et c'est compréhensible, parce qu'un nouvel enseignant fait toujours sensation. Et ni le Ministère ni Voldemort ne devraient connaître mes capacités "
"Alors tu dis que, réellement, tu devras faire semblant d'être un charlatan?"
"Plus ou moins. Cela va être amusant, je pense. D'une certaine façon, au moins," ajouta-t-elle pensivement. "Écoute, Severus, avant que nous ne continuions avec les gentillesses et le bavardage, je pense que je devrais te donner ta réponse. C'est écrit 'je veux savoir' partout sur ton visage. Alors tu l'as rencontrée? Et comment-désolée d'être indiscrète-cela a-t-il été effacé de ton esprit?"
Severus lui parla du duel dans la Salle Commune de Serpentard. "C'est exactement comme cela le disait dans ta prédiction. La trace est là. Je sais exactement d'une manière ou d'une autre que je l'ai rencontrée, et que cela peut seulement avoir été à la cérémonie de nomination. Autrement que cela, je n'ai rien. Des rêves, parfois. Mais ils m'échappent. Dès que je me réveille, tout est parti "
Sibylle hocha la tête. "Oui, cela cadre bien avec ce que j'ai vu. Cependant, pour répondre à ta demande plus urgente: je vois toujours exactement la même chose, ce qui prouve implicitement qu'elle est toujours vivante. Tu as eu de la chance "
"Je suppose que oui," dit-il, sa voix étranglée par les émotions.
"Severus," commença-t-elle après un silence prolongé, "Y a-t-il par hasard une chance que tu puisses me dire pourquoi-ou comment-tu as été impliqué dans tout ce désordre?"
"Je ne suis pas sûr de pouvoir l'expliquer. Cela. semblait juste, à ce moment là "
"Je vois " Elle regarda pensivement son verre. "Tu sais, d'une certaine façon, je comprends. Le besoin d'avoir une place peut être écrasant. Si toi et les autres n'aviez pas été de tels bâtards, qui sait."
Severus rit tout bas. "C'est une façon intéressante de l'exprimer. Cependant, tu as probablement raison. La même chose est valable pour Mathilda "
"Pauvre Mathilda. Elle n'est pas très heureuse, n'est-ce pas?"
"Non " Il vida son verre. "Non, je suppose qu'elle ne l'est pas. D'autre part, Mathilda ne me frappe pas comme étant une personne particulièrement douée pour être heureuse "
"Elle pourrait l'avoir été, avec Barty "
"Maintenant essaye d'être raisonnable! Barty est un idiot condescendant, et coincé. Subjugué comme elle l'est, tout ce qui serait sorti de ce mariage aurait été une répétition de la vie de ses parents à lui. Pas quelque chose à souhaiter à quelqu'un, n'est-ce pas?"
"Hmm. Peut-être que tu as raison. Un autre verre?" dit-elle, lui tendant son verre. "Et comment vont les autres ? C'est à dire si tu peux me le dire "
"Je pense qu'il serait mieux pour ta propre sécurité si je ne le faisais pas. Peut-être plus tard, quand tout ceci sera terminé. Dis, tu n'as pas vu arriver l'attaque sur le Poudlard Express?"
Une ombre traversa son visage. "Je ne suis pas sûre. Je me suis posé la même question, ou plutôt-merci-" elle prit le verre qu'il lui tendait "-ou plutôt je me suis demandé pourquoi je ne l'ai pas vue. Ou pourquoi je n'en ai pas vu plus, en tout cas "
"Plus?" Il éleva ses sourcils, curieux d'entendre quel était exactement l'effet de la manipulation que Voldemort avait effectuée il y a presque dix ans.
"Tu vois," dit Sibylle, se renversant en arrière et croisant ses jambes, tirant impatiemment les plis de ses robes qui s'étaient empêtrés entre ses jambes, "ce que je perçois est toujours un mélange de sensations, d'images, parfois de voix. Quand on est entraîné comme voyant, on apprend à les interpréter correctement, et à les mettre en mots aussi bien que possible. Dans ce cas, cependant, c'était simplement un sentiment. Crainte et révulsion et panique. Mais pas d'image, rien de clair. Alors qu'aurais-je pu faire?"
"Pas grand chose je suppose. D'autre part, tu as déjà fait plus qu'assez en envoyant à Dumbledore la lettre sur l'enfant né le 31 juillet "
"Penses-tu que cela va aider?" Ses yeux s'élargirent derrière les lunettes, et grossis comme ils l'étaient par les verres, ils semblaient s'étendre au delà des contours de son visage.
"Ma chère Sibylle, c'est toi la voyante ici, pas moi. Alors ne me pose pas la question " Il prit une autre petite gorgée. "Mais tu pourrais me rendre un service: je vais te donner une liste d'élèves à qui tu pourrais dire que tu vois une mort violente et un chaudron. Peut-être que cela pourrait les motiver pour qu'ils fassent finalement attention pendant mes cours "
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Les semaines qui suivirent furent pleines d'activité. Réunions avec Dumbledore et McGonagall. Réunions avec les deux autres Phoenix. Deux réunions privées avec Voldemort, comme d'habitude le treize. Une autre réunion en Albanie, cette fois avec Lucius, Owen et Lestrange, pour préparer l'attaque sur les Potters. Ils étaient finalement allés se cacher- Severus l'avait consciencieusement rapporté le 13 octobre, mais Voldemort semblait étrangement peu concerné. Même le Sortilège de Fidelius, auquel il avait fait soigneusement allusion comme à une simple rumeur, ne sembla pas l'impressionner.
"Nous les trouverons," dit-il, les yeux errant vers le panorama automnal dehors, parfumé et riche de rouge et or. "Ne vous inquiétez pas, mes fidèles serviteurs. Nous les trouverons "
Pas un seul regard n'avait passé entre Severus, Lucius et Owen; cela aurait cependant été inutile. Ils avaient tous compris que le traitre anonyme avait déjà donné ces nouvelles à leur Maître. Et probablement qu'il ou elle savait qui était le Gardien Secret des Potters.
Au fil du temps, les jours et les nuits devinrent encore plus intenses; ni Severus ni Dumbledore ni McGonagall ne pouvaient plus dormir décemment.L'anxiété qui les gardait alertes et éclatants de tension nerveuse était trop grande-la confrontation finale allait avoir lieu très bientôt, et d'une manière ou d'une autre aucun d'entre eux n'était capable de penser au delà de ce jour-là. L'optimisme semblait pure folie, le pessimisme voulait dire que toutes les préparations et tous les plans pourraient avoir été faits en vain. Severus commençait à se sentir épuisé, et cette fatigue physique aussi bien que mentale était seulement soulignée par la frustration traînante à la pensée que peut-être qu'il ne survivrait qu'un peu plus de deux semaines à son vingt troisième anniversaire. Tant de 'et si' et de 'peut-être', tant de spéculation, tant de désespoir qui devait être gardé par la force à un minimum, parce qu'autrement aucun d'entre eux n'aurait pu continuer à faire ses devoirs quotidiens. Vivre avec l'attente constante d'une apocalypse presque certaine, avec le savoir que leurs vies dépendaient de l'effet d'une potion qui n'avait jamais été testée, rendait les activités normales de tous les jours étrangement futiles, un passe-temps enfantin qui dictait que les points de maison devaient être accordés ou enlevés, et que les élèves devaient apprendre à préparer des potions rétrécissantes, que les devoirs devaient être rendus et corrigés. Parfois, Severus pensait à lui-même comme à un petit enfant, assis au milieu d'un nid de vipères mais ignorant béatement leurs sifflements et leurs crochets empoisonnés, qui avait l'intention de construire une tour de blocs de bois peints, parce que c'était ce qui comptait, et rien d'autre. Parfois, il s'apparaissait comme cela en rêve. Mais ce n'était pas les pires rêves qu'il avait.
De plus en plus fréquemment, il se réveillait au milieu de la nuit, parce qu'il semblait avoir oublié quelque chose d'important, quelque chose qui déciderait de leur destinée, et il restait assis dans son lit pendant des heures, à essayer d'attraper l'insaisissable pensée.
Il y avait des réunions d'urgence au beau milieu de la nuit, et des conversations pressées par Cheminette, avec Dumbledore, avec Lucius.
" Directeur, ce doit être quelqu'un de très proche des Potters. Voldemort ne semble pas douter qu'il peut les attraper, en dépit du Sortilège de Fidelius"
"Je sais, Severus, je sais. Il n'y a pas trop de gens que je puisse raisonablement soupçonner "
"Vous savez qui est le Gardien Secret, n'est-ce pas?"
"Je suis assez sûr de son identité. Et j'ai peur."
"Qu'il puisse être le traitre?"
"Oui "
"Directeur. je sais que je ne devrais pas poser la question, mais. ce n'est pas Black, n'est-ce pas?"
"Je. il a agi de manière très étrange ces derniers temps. Je pensais que c'était seulement à cause de la réprimande que je lui avais donnée après son indiscrétion."
"Honnêtement, Directeur, vous savez que je déteste Black de toutes mes tripes, mais je ne peux pas croire."
"Nous ne pouvons jamais, Severus. Nous ne pouvons jamais croire, jusqu'à ce qu'il soit trop tard "
*
"Professeur, le Directeur et moi avons besoin de votre aide ce soir"
"Bien sûr, Professeur McGonagall. Puis-je demander-"
"Nous devons mettre des protections autour d'une clairière dans la Forêt Interdite. Nos alliés vont arriver un à un, et nous ne pouvons pas nous permettre de les héberger là où ils pourraient être vus. C'est dans seulement quelques semaines maintenant, et ils doivent rester là-bas dans des tentes "
*
"Joyeux anniversaire, Severus "
"Merci, Directeur. Vous venez de gagner une récompense pour mauvais choix du moment"
"Je sais, mais je doutais d'une manière ou d'une autre que Voldemort vous féliciterait. Est-ce que vous allez bien?"
"Si vous voulez demander s'il m'a fait du mal-non, il ne l'a pas fait. Probablement que je dois considérer cela comme mon cadeau d'anniversaire. Mais vous ne le croirez pas: il y a quelques bonnes nouvelles"
"Je suis content de l'entendre. Nous avons tous un besoin terrible d'un peu de bonnes nouvelles. Qu'est-ce?"
"Nous ne sommes plus que vingt-quatre maintenant. Encore le mois dernier, Voldemort avait hâte de recevoir de nouvelles recrues. Mais il semble avoir perdu son intérêt. En plus, avec la répression sur les familles de ceux qui sont morts, l'intérêt pour rejoindre nos rangs a considérablement diminué "
"Hmm.oui, ce sont de bonnes nouvelles en effet. Bien que je regrette qu'il ne soit pas un petit moins optimiste-je suppose qu'il pense qu'il n'aura pas besoin de beaucoup de personnes pour son attaque sur Poudlard, parce que son pouvoir aura tant augmenté "
"Cela, aussi. Mais le venin de Nagini semble aussi commencer à faire effet "
"Nous devrons construire un autel pour ce serpent et l'adorer, quand tout ceci sera terminé "
*
"Et le traitre, Directeur? S'il parle à Voldemort du camp de résistance, je suis mort. Ou pire"
"'C'est pour cela qu'il y a les protections, Severus. Une fois qu'ils sont dedans, ils ne peuvent pas sortir, sauf si je le leur permets"
"Mais on pourrait en parler-"
"Vous n'êtes pas le seul stratège astucieux, mon cher garçon. Chacun d'eux reçoit un portoloin, qui les transporte ici dès qu'ils le touchent. S'ils veulent sortir, ils seront mis sous oubliette par moi-même "
*
"Sev, tu ne vas pas croire ce que Barty vient de me dire. Cela va être dans les journaux demain. Le Ministère a créé un nouveau Département"
"Je me demande s'ils savent qu'ils jouent pour Voldemort en augmentant la bureaucracie. N'ont-il rien d'utile à faire?"
"Bien sûr que non. C'est un Ministère. Mais tu n'as pas encore entendu le nom!"
"Bien, alors, dis le moi. Je suis préparé au pire"
"Département des Catastrophes Magiques"
"Tu plaisantes, n'est-ce pas?"
"Nullement. Devine qui est le Chef?"
"Dis le moi simplement, Lucius. Je n'ai pas toute la nuit "
"Cornelius Fudge"
"Oh, je n'étais pas conscient que le département était censé Créer les catastrophes!"
*
"Et les Aurors, Directeur-désolé, je sais qu'il est tard, mais je ne pouvais pas dormir "
"Ne vous inquiétez pas. Moi non plus. Les quelques uns que nous avons arriverons au dernier moment. Entre onze heures et minuit le soir d'Halloween "
"Je vois. Et si-"
"Azkaban, Severus. Une sentence à vie pour désertion. Pas agréable, je sais"
"Je suppose que non. Peut-être pas même pour Maugrey"
*
"Albus, Severus-je veux dire Professe-"
"Arrêtez cela. Appelez moi simplement Severus. Ce ne sera que pour quelques jours de toute façon"
"Ne soyez pas si pessimiste. Cependant, j'exige que, si vous venez me hanter en tant que fantôme, vous reveniez à 'Professeur McGonagall'. Est-ce compris"
"Bien sûr, Minerva. Qu'est-ce qui était si urgent pour que vous insistiez pour faire une réunion à cinq heures du matin?"
"Les enfants. Je sais que les protections sont solides, et que nos alliés à Pré-au-Lard sont préparés à les recevoir, mais je ne veux pas les garder ici "
"Mais nous ne pouvons pas les envoyer chez eux, Minerva! Nous avons déjà déjà parlé de cela de nombreuses fois-"
"Albus. Ecoutez simplement. Le Grand Jour sera Halloween. Je sais que nous avions l'intention de renoncer à la fête, par piété, mais si nous tenions une fête et mêlions leurs boissons avec une puissante potion somnifère à effet retard? Vous pourriez préparer une telle potion, n'est-ce pas, Severus?"
"Bien sûr que oui. Mais qu'allons-nous faire de trois cent élèves inconscients?"
"Après le dîner, nous avons assez de temps pour les transférer à la clairière où le groupe de résistance est maintenant. Si le pire arrivait, et que Voldemort attaque vraiment, au moins nous aurons les mains libres pour nous battre, sans être obligés de guider un troupeau d'adolescents en train de paniquer vers le passage secret"
*
"Etes-vous prêt, Severus?"
"Y compris mes dernières volontés et mon testament, oui. Les Aurors viennent-ils?"
"Oui. Les quelques courageux, sur la loyauté desquels je comptais. Et quelques Représentants de la Loi. Sauf Peter Pettigrow "
"Ce lâche! Il ne veut pas risquer son popotin mou!"
"Sirius s'est porté volontaire pour aller le persuader "
"Vous laissez Black quitter Poudlard? Etes-vous devenu fou?"
"Si c'est lui et que je le retiens, vous serez tué à l'arrivée. Espérons que votre potion marche"
"Merlin! Comment avez-vous pu? Comment-oh, eh bien. C'est fait, tant pis. Au revoir, Directeur. Je dois partir dans dix minutes"
"Au revoir, cher garçon. Bonne chance. Et à demain"
"Vous êtes un fichu lunatique, Directeur. Bonne chance à vous aussi "
*
"Sev? Sont-ils avec toi?"
"Bien sûr, Lucius. Mais fais court"
"Narcissa?"
"Lucius, oh dieux, je."
"Je t'aime aussi, Narcissa. Et toi, Drago. Doux Merlin, il a grandi."
"Fais au revoir à papa, Drago. oui, comme cela."
ßßßß*ßßßß
Voldemort et Lestrange attendaient déjà; Nagini était enroulée aux pieds du Seigneur des Ténèbres, la tête de dragon élevée et alerte, sa langue alternativement rentrant et sortant. Owen arriva, puis Lucius. La salle, d'habitude bien éclairée pour leurs réunions, était aujourd'hui sombre, et seules les flammes dans la cheminée, maintenant de retour à leur couleur naturelle, lançaient des ombres longues sur les murs. La silhouette gigantesque du serpent, projetée sur le fond blanchi à la chaux, avait l'air de quelque parodie absurde d'une ombre projetée pour leur divertissement par une divinité diabolique. Dans la lueur scintillante, rouge et or, la salle semblait plus grande et plus mystérieuse, avec des coins sombres et des lignes incertaines.
Aucun des quatre Mangemorts ne dit mot; ils attendaient tous que Voldemort donne le signal de leur départ. Mais il resta silencieux et les scruta un à un, ses pupilles rouges tenant leurs yeux, sondant et exigeant l'entrée. "Pourquoi," dit-il enfin, "Pourquoi l'Application de la Loi est-elle appelée à Poudlard?"
Ils avaient peu de temps, car la conjonction atteindrait sa plus grande puissance dans les quinze prochaines minutes, et donc Severus décida de tout miser sur une carte. "Mon Seigneur," dit-il et il tomba à genoux, poignamment conscient du corps lisse du serpent à côté de lui, "s'il vous plaît pardonnez moi! Je vous l'aurais dit ensuite-je ne voulais simplement pas vous charger de détails insignifiants jusqu'à ce que la mission ait été accomplie." Luttant contre sa révulsion, il prit l'ourlet des robes de Voldemort avec des doigts tremblants et l'embrassa.
"Vous appelez insignifiante la présence d'Aurors à Poudlard?"
"Seulement sa raison, Mon Seigneur. J'ai peur que Dumbledore ne soupçonne ma vraie loyauté. c'est la seule explication. S'il vous plaît, Maître, ne me renvoyez pas là bas."
Voldemort rit tout bas. "Peur d'Azkaban? Nous verrons, Severus, nous verrons. Maintenant arrêtez de ramper à mes pieds-nous avons du travail à faire " Avec obéissance, Severus se releva et recula. "Notre informateur fidèle-" un geste impatient vers le coin le plus sombre de la salle "-m'a dit où se cachent les Potters "
Hors des ombres s'avança une silhouette enveloppée dans un manteau noir, le capuchon tiré sur son visage. Il était impossible de discerner qui était caché sous le tissu-peut-être portait-il un masque. Alors le traitre était là. Peut-être Black, peut-être. eh bien, qui? Severus trouva que son esprit tournait trop à vide pour qu'il puisse beaucoup penser logiquement. Ce pouvait être Black, ou Pettigrow. Ou qui que ce soit à qui le Gardien Secret ait livré son secret. Il avait du mal à s'empêcher de chercher le visage de l'autre sous son déguisement. Le traitre face au traitre. Quel genre de jeu était ceci? Mais quel que soit le jeu et quelles qu'en soient ses règles, les enjeux étaient élevés. Et Severus venait seulement se sauver sa vie par la peau de ses dents, même si ce n'était peut-être que pour quelques heures de plus.
"St Jean, avez-vous l'équipement?"
"Oui, Mon Seigneur "
"Severus, l'huile?"
"Oui, Mon Seigneur. Mais-" il n'y avait pas de lumière du soleil maintenant. Comment était-il censé détruire le sang de vampire, au cas où cela deviendrait nécessaire?
Voldemort ne fit même pas attention à sa tentative d'objection. "Mettez les masques!" Ils couvrirent leurs visages avec obéissance. "Nous-" il indiqua lui-même et la silhouette cachée "-passons en premier. Vous suivez. La Marque vous dirigera "
Severus vit le traitre frissonner quand la main gauche de Voldemort, blanche et ressemblant à une griffe, s'enfonça dans son épaule. Probablement qu'il avait peur d'être tué dès qu'il ne serait plus nécessaire, pensa sinistrement Severus. Bien fait pour ce lâche. Si les choses se passaient mieux qu'il ne craignait qu'elles le puissent, ce serait son plaisir que d'anéantir l'existence de ce bâtard une fois pour toutes.
Les quatre hommes hochèrent la tête et touchèrent leurs Marques simultanément.
ßßßß*ßßßß
La nuit était couverte et orageuse, et la lune s'était cachée derrière les nuages. Il y avait de l'herbe courte, sèche, sous leurs pieds, et à une distance d'environ cent mètre de leur point de Transplanage, Severus pouvait distinguer la silhouette d'arbres noirs devant le ciel sombre. Il se tourna pour examiner les environs-pas de maisons à proximité, sauf la chaumière à laquelle ils faisaient face. Le paysage semblait être tout à fait plat.
Il était presque onze heures et demie, mais les occupants de la chaumière n'étaient pas encore allés se coucher, car une des fenêtres du rez-de- chaussée était éclairée.
"Baguettes prêtes " La voix de Voldemort était un simple sifflement, presque inaudible à travers les sifflements et les gémissements du vent. "Mettez les protections "
Après avoir lancé une protection temporaire, pour que le Ministère ne détecte pas les traces de Magie Noire, ils suivirent leur Maître, qui s'avançait rapidement vers l'entrée à grands pas. "Lucius, ouvrez!"
Lucius s'avança, la baguette tenue dans sa main droite tremblant-bien-trop- visiblement , et il lança un sortilège de Reducto. Un éclair de lumière rouge s'élança vers la porte de bois et la désintégra en cendres. Ils avancèrent, rapidement et silencieusement, prêts à se défendre, parce qu'ils étaient maintenant clairement visibles dans la lumière venant du couloir.
"Queudver? Que-" la silhouette de James Potter devint visible une fraction de seconde, seulement pour disparaître immédiatement. Les réflexes d'un Auror bien entraîné, pensa Severus. "Lily!" cria Potter, "Lily, prends Harry et va-t-en! Cours ! Je vais essayer de-"
Mais ils avaient déjà franchi le seuil; à six contre un ils avancèrent, bloquant aisément les malédictions de James Pottier. En haut, il y eut un bruit de course, puis un choc sourd, un cri de douleur.
"Severus, en haut!"
Il hocha la tête, essayant d'avaler le noeud qui s'était formé dans sa gorge, et il monta les escaliers. Le long tapis étroit qui couvrait le couloir à l'étage était en désordre, son bord décrivant un tournant aigu vers la droite, si bien que le parquet poli au-dessous était découvert, illuminé par un petit rayon de lumière venant d'une porte à demi ouverte. Par-dessus les exclamations assourdies en bas, Severus entendit la voix frénétique de Lily Potter, à moitié pleurant,à moitié persuasive, "S'il te plaît, Harry, viens. dans mes bras. viens, pour l'amour de Dieu, viens, je ne peux pas." Alors il la vit, sortant en boitant de la chambre d'enfant avec le petit garçon sur ses talons. Son bras gauche pendillait inutilement à son côté, son visage tordu par la peur et la douleur. Quand l'enfant remarqua la grande silhouette masquée, il commença à crier et essaya de libérer sa main de la poigne de sa mère, désespéré pour revenir à la lumière et à la sécurité illusoire de sa chambre.
Lily se figea. Ses yeux verts larges de terreur, elle saisit le poignet de son fils et regarda alternativement la baguette de Severus et la fenêtre au bout du couloir. Elle n'était clairement pas en état de Transplaner, du moins pas sans laisser son enfant derrière elle. Severus s'avança de quelques pas vers elle. "Pas la fenêtre, Lily," dit-il doucement, "Vous ne feriez que tuer l'enfant et ainsi lui donner ce qu'il veut "
"Severus?" Un simple chuchotement. "Avez vous. est-ce que James." Les étangs verts et profonds débordèrent, et des larmes se répandirent sur ses joues.
Severus secoua la tête. "Il n'aura pas une chance. Peut-être qu'ils feront- " Peut-être qu'ils feront cela rapidement, avait-il voulu dire, pour lui offrir quelque réconfort. Mais il fut interrompu par un cri d'au dessous.
Lily essaya de parler, mais seule ses lèvres bougèrent. Sa voix l'avait abandonnée, comme leur Gardien Secret l'avait fait, comme son mari le ferait très bientôt. Et la vie, aussi, à moins qu'un miracle n'arrive. Elle ne pouvait même pas se défendre, car elle était incapable d'utiliser son bras gauche et tenait désespérément son enfant de sa main droite.
Les cris s'arrêtèrent brusquement, et ils entendirent le son de pas montant les escaliers. "Lily," siffla Severus, "qui était le Gardien Secret? Dites le m-" Il fut poussé de côté par Lestrange.
Quand James Potter avait commencé à crier, les gémissements de l'enfant avaient brusquement cessé, comme coupés par la conscience instinctive que la souffrance de l'autre était plus grande que la sienne, qu'il n'avait pas le droit de se plaindre pour un poignet contusionné et un grand homme en noir alors que son père se faisait torturer. Mais maintenant Voldemort s'avançait, sa démarche gracieuse et presque en dansant, démasqué et mortellement pâle, les yeux rouges enflammés et sa baguette haute; le garçon émit un hurlement aigu, s'arracha de la poigne de sa mère et retourna en courant dans sa chambre . Et Lily, bien que blessée et à demi folle de terreur, tira sa baguette et recula devant les agresseurs, les yeux rivés sur le Seigneur des Ténèbres, trébuchant sur la moquette, regagnant son équilibre, jusqu'à atteindre la porte. La pointe de sa baguette, bien que tremblante, visait la poitrine de Voldemort. "Ayez pitié. s'il vous plaît!" Les mots étaient à peine audibles.
Souriant, rayonnant de pouvoir, Voldemort avança sur elle. "Pousse-toi, idiote!" Impatient, se moquant de la lionne qui défendait son petit.
Lilys secoua la tête. "Pas Harry," coassa-t-elle, "Pas Harry! Tuez moi plutôt, je vous en supplie, pas Harry !"
Le sourire quitta le visage du Seigneur des Ténèbres. "Pousse-toi. Maintenant!" Elle ne bougea pas d'un pouce. Un éclair de lumière verte frappa sa gorge, et Lily Potter fut étendue à travers le seuil de la chambre de Harry. Un doux gémissement échappa au traitre, dont le visage était toujours caché dans les profondeurs de son capuchon.
Ils entrèrent dans la pièce. "Mon Seigneur-" la voix de St Jean tremblait d'excitement "-dois-je." Il fit un geste vers le garçon qui essayait de se cacher derrière les rideaux.
"Non, St. Jean. Il est à moi " Voldemort agita sa baguette avec un geste prétentieux, laissant une étincelante trace verte dans l'air. "Il me donnera du pouvoir. il mérite l'honneur d'être tué par Lord Voldemort lui- même " Un geste impérieux les fit tous reculer; Severus se cogna à Lucius- il pouvait sentir l'autre frissonner sous les couches de tissu le couvrant.
Le Seigneur des Ténèbres pointa sa baguette vers l'enfant et prit une inspiration profonde. "Avada Kedavra! " un autre éclat vert-cette fois Severus pouvait entendre la ruée de la mort, d'énormes ailes noires d'étendirent-le garçon regarda, les yeux écarquillés, presque curieux, la lumière s'élancer vers lui, et frapper. Severus ferma les yeux. Un bruit sourd, quelque chose comme une forte rafale de vent, l'impression que son âme-même était pressée, ou secouée. Alors c'est fini, pensa-t-il, cela n'a pas marché, l'enfant est mort, et dans quelques heures je le suivrai où que ce soit qu' -
Le cri perçant qui transperça le silence lui fit réouvrir les yeux, car c'était sans aucun doute le cri d'un enfant. Le garçon se tenait au même endroit qu'avant, pleurant et pressant ses mains contre son front. Du sang coulait entre ses doigts et sur ses mains potelées. Lestrange était agenouillé par terre, regardant fixement un paquet de robes noires, faisant courir ses doigts sur les plis vides comme un aveugle, cherchant un corps où ses mains ne rencontraient que du tissu. "Mon Seigneur," bégaya-t-il, "Mon Seigneur." Il souleva les vêtements, les secoua et recula quand la baguette de Voldemort cliqueta sur le plancher. "Mon Seigneur."
Ils se tenaient tous immobiles, dévisageant Lestrange qui ouvrait et fermait ses doigts enterrés profondément dans le tissu noir et répétait incessamment, "Mon Seigneur. Mon Seigneur." Seul le traitre se pencha rapidement et saisit la baguette de Voldemort. Severus vit ceci et tournoya sur lui même, mais trop tard. Il avait déjà Transplané. Le mouvement secoua Lucius et Owen de leur stupeur, et Lucius lança rapidement un sortilège étourdissant sur Lestrange. Un autre bruit sourd, et, lui aussi était couché, immobile, visage vers le bas, sur les vêtements de Voldemort, reflétant la position de Lily sur le seuil. Severus pouvait sentir presque physiquement les gémissements de l'enfant tirer sur ses nerfs; il avait besoin de calme, un instant de silence pour se recomposer et penser. "Stupéfix!" Harry Potter glissa au plancher, à moitié couvert par le rideau.
Les trois hommes respiraient à peine; leurs visages masqués ne se regardaient pas l'un l'autre mais regardaient autre part, pendant que leurs oreilles essayaient d'attraper un son, un mouvement, quelque signe du Maître qui semblait avoir disparu. Mais rien n'arriva. Les bougies continuèrent de brûler, avec des flammes légèrement vascillantes, déplacées par le courant d'air froid venant d'en bas. A part cette légère danse lumineuse, rien ne bougeait. Aussi impossible que cela semble, la potion avait marché. L'amour de la mère avait été assez fort pour combattre la Mort, pour la retourner contre celui qui l'avait appelée.
Après ce qui sembla être une éternité d'écoute sans respirer, ils levèrent lentement leurs baguettes et prononcèrent un " Demasquera!" chuchoté.
"Je ne peux pas y croire," dit Owen, secouant la tête, "Ca a marché!"
Le son de sa voix, étrangement, presque obscènement vivant, fit légèrement sursauter les deux autres. Ils hochèrent simplement la tête, toujours trop étourdis pour parler.
"Et. maintenant quoi?" dit Lucius un peu plus tard. "Devrions-nous." Il regarda Lestrange. "Et lui? Et l'enfant?"
Severus se racla la gorge. "Peut-être devrions-nous contacter Dumbledore."
"Es-tu fou?" siffla Owen, "Non, d'abord nous devons mettre les autres sous Oubliette, tu te souviens?"
"Oui." Autant qu'il veuille se déplacer, Severus était incapable d'ôter ses yeux du tas de vêtements sur lequel la tête blonde de Lestrange reposait. Ne sachant pas pourquoi ni comment son esprit pouvait produire cette information, il continua, "il en reste vingt-quatre, moins nous quatre . vingt. Sept plus sept plus six."
"Exactement " Lucius semblait avoir retrouvé ses esprits et sa voix. "Mais je ne pense pas que nous puissions mettre St. Jean ou Tabitha sous Oubliette. Nous devrions effacer les dix dernières années de leurs esprits, et je ne suis pas sûr."
"Nul besoin de mettre St. Jean sous Oubliette," dit Severus, "Il n'est pas sur la liste du Ministère, et Tabitha non plus. Ils n'iront pas le chercher. Décidons seulement qui met qui sous oubliette, et alors."
"Et le garçon?" dit Lucius, "Nous ne pouvons pas simplement le laisser ici comme cela."
"Il ne nous faudra pas plus de deux heures pour effacer les souvenirs de nous à tout le monde ," dit Owen, "Mettons simplement un sortilège de sommeil sur lui, et un sur St. Jean, et partons. Quand nous aurons finis nous nous retrouverons ici et nous penserons à l'étape suivante. C'est raisonnable, n'est-ce pas?"
ßßßß*ßßßß
Il était presque deux heures du matin quand les trois Phoenix revinrent à la maison des Potters. "Maudit soit Barty," haleta Owen, s'effondrant sur le sol herbeux à côté des deux autres. "Cet idiot m'a presque tué. Mais je pense que j'ai réussi le sortilège. Vous?" Il lança un regard inquisiteur à Severus et à Lucius.
Ils hochèrent la tête. "Mission accomplie," dit Lucius . "Alors, que devons- nous faire maintenant?"
Severus passa ses doigts dans ses cheveux. "Je suppose que vous deux devriez retourner chez vous. Et je vais rentrer à Poudlard " Les deux autres hochèrent la tête, apparemment pas tout à fait convaincus. "Allez, je suis aussi fatigué, mais nous ne pouvons pas rester ici toute la nuit, à nous demander ce qui est arrivé " Il leur jeta un regard noir. "Eh bien?"
"Je." Lucius leva ses mains en un geste d'exaspération. "D'accord. Nous devons imaginer une histoire pour Dumbledore pour expliquer la perte de temps. Et nous devons décider de ce qui arrive avec St. Jean "
"L'histoire est facile," dit Owen, redressant ses épaules et grimaçant, "Severus peut simplement dire qu'il y a eu une explosion d'énergie qui nous a mis K.O.. Les protections étaient mises, donc le Ministère ne pouvait rien détecter. Et quand nous nous sommes réveillés, Voldemort était parti. Sans une trace. Bien que je me demande."
"Oui," dit impatiemment Severus, "c'est ce que nous nous demandons tous. Mais nous n'avons pas de temps pour des pensées philosophiques maintenant. Quant à St. Jean, j'aimerais le tuer, mais je n'en ai plus l'énergie. Quelqu'un est-il en état de lancer le Sortilège de Mort?" Les deux autres secouèrent leurs têtes. "Alors nous pouvons soit le laisser ici, mais j'ai peur qu'il fasse du mal à ce marmot de Potter-"
"Grande perte!" marmonna Owen.
"Vous savez pour le serment que Dumbledore m'a fait jurer. Maintenant que le père est mort, je dois protéger le fils, que je le veuille ou non. Donc la seule possibilité qui reste est que vous deux le Transplaniez quelque part près d'Urqhart et le laissiez là-bas. Moi, en tout cas, je ne veux pas que les Aurors le trouvent ici. Il pourrait atterrir à Azkaban, mais nous recevrions les cellules d'à côté "
Lucius leva les yeux et lui fit un sourire étrange. Il avait l'air d'être totalement soûl. "C'est si irréel." dit-il.
Owen renifla "Malfoy dans l'agonie d'une crise existentielle. Qu'est ce que le monde est devenu?" Il se remit sur ses pieds. "Viens, Lucius, nous devons nous occuper de Lestrange. Après tu pourras rentrer et te soûler jusqu'au coma. Je viendrai avec toi, comme cela nous nous donnerons un alibi à chacun. Dumbledore te couvre, je suppose?" demanda-t-il à Severus.
"Oui. Considérant l'état dans lequel nous sommes tous, pouvez-vous aller à Urqhart et revenir au Manoir Malfoy en une demi-heure? Je ne sais pas combien de temps je pourrais empêcher Dumbledore de réveiller Croupton pour lui dire la bonne nouvelle "
"C'est plus qu'assez. Ne t'inquiêtes pas " Owen lui sourit. "Et demain nous ferons la fête "
"Oui." les yeux de Severus suivirent les deux silhouettes qui marchaient rapidement vers la maison. Demain-non, aujourd'hui, pensa-t-il, aujourd'hui, dans quelques heures, ils feraient la fête. Si tout se passait bien.
Peut-être, pensa Severus pendant qu'il retournait en marchant à ses quartiers, que la Répartition avait été la pire partie de la soirée. Seulement dix première année. Ils en avaient attendu vingt-neuf. Dix enfants de onze ans, effrayés-oh, ils étaient toujours effrayés, il avait été effrayé, aussi. Mais aujourd'hui avait été différent, tellement différent. Aujourd'hui avait été probablement le premier jour de toute l'histoire vieille de milliers d'années de Poudlard sans rires retentissant dans les couloirs et dans la Grande Salle. Le noir des robes des élèves avait été bizarrement approprié, tous les enseignants avaient aussi porté du noir, même Dumbledore. Dumbledore en robes noires. cela, aussi, était une première.
Deux nouveaux Serpentards pour lui, deux filles. Il était descendu aux cachots après le dîner, pour voir si elles allaient bien, et les avait trouvées blotties l'une contre l'autre dans un fauteuil dans la Salle Commune où les autres les avaient laissées. Elles avaient peur de descendre les escaliers pour aller dans leur dortoir. Elles voulaient rentrer chez elles, craignant que leurs camarades Serpentards puissent être des Mangemorts et les tuer dans leur sommeil, parce qu'elles avaient survécu à l'attaque. Alors il avait appelé le Baron Sanglant et lui avait présenté les deux filles-drôle, pensa-t-il, que le spectre, dont l'aspect terrifiait d'habitude les première année, n'ait presque inspiré aucune peur aux nouvelles-et lui avait demandé de rester avec elles pour la nuit.
Il devrait aller dormir maintenant. Mais l'arrière-goût des cauchemars qui l'avaient hanté cet après-midi traînait encore dans son corps, le rendant agité et réticent à rester assis même deux minutes. Il se levait constamment et faisait les cent pas, seulement pour se rasseoir-mais rien qu'il puisse faire ne chasserait les images de son esprit ni ne répondrait à sa question. Il avait demandé à Malfoy de lui prêter un de ses hiboux grand-duc, comme ils étaient robustes et rapides, mais même ainsi il faudrait des jours, sinon des semaines, jusqu' à ce que la réponse de Sibylle n'arrive. Si la réponse de Sibylle arrivait. Parce que ceci était seulement une possibilité, pas une certitude.
Et il avait besoin de dormir. Ceci allait être un enfer de trimestre. Une fois le choc initial passé-et les enfants étant des enfants, il était absolument sûr que demain ou le lendemain, il y aurait à nouveau des rires résonnant dans la Grande Salle-les diverses réactions commenceraient. Il y aurait ceux qui réclameraient un traitement spécial parce qu'ils avaient perdu des êtres aimés, et courraient voir leur Directeur de Maison si le Maître de Potions diabolique leur rappelait qu'il y avait des règles pour eux aussi. Pendant le dîner, lui et McGonagall, dans un moment rare d'unanimité à cause de leurs soucis pour leurs propres élèves, avaient suggéré que Dumbledore abandonne la politique de mettre Serpentard avec Gryffondor et Poufsouffle avec Serdaigle. Pas que mettre Serpentard avec Serdaigle eut été une garantie de paix élyséene dans la salle de classe, mais il y avait moins d'antagonisme naturel entre les deux maisons. Dumbledore, cependant, avait purement et simplement refusé, faisant remarquer que, à moins que les enfants ne soient forcés à coexister, et lutter à travers cela, la société des sorciers n'aurait jamais aucune chance après que cette guerre se soit terminée. D'une certaine façon, Severus était d'accord, mais cela ne rendait pas sa tâche, ni celle de McGonagall plus facile. Peut-être aurait-il accepté la situation plus facilement s'il enseignait un autre sujet. Le cours de Potions était sujet aux accidents par les meilleurs des temps, mais avec la moitié la classe en guerre contre l'autre moitié.
Il soupira et se leva pour aller se verser un autre whisky. Le dernier pour ce soir. Du moins il l'espérait.
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Aussi jeune que soit le Directeur de Serpentard, la réputation de sévérité inflexible qu'il s'était forgée avait inculqué le respect et la crainte du Professeur Rogue chez presque tous élèves, et donc ceux qui se dépêchaient de retourner à leurs quartiers après le dernier cours de l'après-midi se mirent de côté, appuyés contre les murs du couloir, quand Severus passa à grands pas devant eux, sa main gauche fermement serrée autour du bras de Bill Weasley. "Sorbet fraise," lança-t-il quand ils se tinrent finalement devant la gargouille gardant l'entrée au bureau de Dumbledore, et il remarqua avec une satisfaction sinistre que la créature lui lança un regard légèrement alarmé. "Après vous, M. Weasley " Et il poussa le roux dans l'escalier.
"Professeur, je. je vous présente mes excuses, vraiment, je-"
"Je ne suis pas intéressé par vos excuses, M. Weasley. Surtout parce qu'elles sont hypocrites et causées par la crainte d'être expulsé, pas par du regret. Maintenant tenez votre langue. Vous pourrez expliquer tout ceci au Directeur "
Dumbledore était assis à son bureau, écrivant, la porte de son bureau à moitié ouverte. Au son de leurs pas, il leva la tête. "Severus, y a-t-il un problème?"
"Je suppose que oui, Directeur," répondit-il à travers des dents serrées. "M. Weasley, expliquez " une autre poussée, et Bill Weasley s'arrêta en trébuchant derrière les chaises des visiteurs.
"M. Weasley," dit Dumbledore et il soupira, "je pense que j'ai précisé que ceci n'était pas le moment pour faire des farces. Dites moi, qu'avez-vous fait cette fois?"
"Ce." Le garçon avala. "Ce n'était pas une farce, Monsieur. Je n'ai vraiment pas envie de faire de farce maintenant. Cela fait seulement trois jours." Il laissa tomber sa tête.
Dumbledore fronça les sourcils et regarda Severus, avec une secousse infinitésimale de sa tête. Penchant son menton dans la direction du garçon, Severus lui fit signe d'interroger le célèbre fauteur de trouble. "Eh bien, M. Weasley, dans ce cas peut-être que vous pourriez expliquer ce que vous avez fait exactement?"
"Ce n'était pas quelque chose que j'ai fait, c'était quelque chose que j'ai dit. A. au Professeur Rogue "
"M. Weasley, je n'ai pas toute la journée. Alors s'il vous plaît essayez d'être un peu plus loquace "
"Il. eh bien, il a enlevé des points à Gryffondor parce que Malcolm Graham ne faisait pas attention et avait loupé sa potion, et Malcolm a dit qu'il était incapable de se concentrer parce que sa mère a été tuée à King's Cross. Et alors Rogue-"
"Professeur Rogue, M. Weasley, vous aurez la gentillesse de l'appeler Professeur Rogue "
"Désolé, Monsieur. Et alors Professeur Rogue a dit qu'il comprenait son chagrin, mais que ceci n'était pas un hôpital mais une école, et que Malcolm devait faire attention tout de même, ou s'excuser de sa classe. Et j'étais tellement fâché, parce que c'était simplement injuste, je veux dire, Malcolm pleure pour s'endormir tous les soirs et-"
"M. Weasley, vous et tous les élèves ici à Poudlard savez parfaitement bien, que quiconque sent qu'il ne peut pas assister aux classes peut s'excuser de participer jusqu' à la fin septembre. Si M. Graham a choisi d'assister, il devait être conscient qu'il ne serait pas traité différemment à cause de sa perte récente. Donc, la réprimande du Professeur Rogue était entièrement justifiée "
Weasley lança au Directeur un regard mutin. "Mais, Monsieur-"
"Pas de 'mais'. Continuez, s'il vous plaît "
"Eh bien, j'étais fâché, et donc j'ai dit au Professeur Rogue qu'il n'avait pas le droit de dire une telle chose, parce que. parce qu'il était un bâtard sans sentiment qui avait enfermé sa propre mère dans un institution mentale "
Si la sévérité de Dumbledore avait jusqu'ici était plutôt forcée, plus pour garder les apparences que parce qu'il était véritablement fâché, c'était maintenant très vrai, un mur presque tangible entre lui et le garçon qui lui lançait des regards suppliants. " D'où avez-vous reçu cette information?" demanda-t-il, sa voix froide et plate.
"Vraiment, Monsieur, je préférerais ne pas-"
"M. Weasley, vous allez me le dire à l'instant, ou vos parents pourront venir vous chercher demain "
"Pro-professeur Black l'a mentionné."
Severus inspira brusquement. Il avait pensé que peut-être le père du garçon avait parlé travail pendant les vacances d'été-théoriquement, il existait une obligation de garder la confidentialité pour les employés du Ministère, mais tout le monde savait que c'était une simple question de forme. Voldemort avait utilisé ce fait à son propre avantage plus d'une fois.
Dumbledore, dont le visage ne trahissait rien, hocha simplement la tête. "Très bien. M. Weasley, je dois dire que je suis déçu, très déçu par vous. Les détails des vies privées des enseignants ou des élèves ne doivent jamais être utilisés contre eux, je suis sûr que votre père et votre mère vous ont enseigné cela?" Il lança au garçon un regard transperçant.
"Oui, Monsieur, bien sûr. C'était juste. j'étais si fâché, et d'une manière ou d'une autre mon contrôle de moi-même a simplement lâché "
"Ceci n'est pas une excuse. Vous avez quatorze ans, et vous devriez pouvoir vous contrôler maintenant. Surtout dans une situation comme celle-ci, quand tout le monde est tendu. Le Professeur Black a-t-il mentionné cela en classe?"
"Non. Non, il. je suis allé à son bureau après le déjeuner, parce que j'étais inquiet à propos de Malcolm-vous savez que Professeur Black aide le Professeur McGonagall avec ses devoirs de Directrice de Maison, n'est-ce pas?" Dumbledore hocha la tête. "Et je lui ai dit que j'avais peur que Malcolm loupe royalement sa potion, parce qu'il était si distrait. Et. et le Professeur Black a dit. il a dit." Il se tut et risqua un coup d'?il de côté vers Severus.
"Vous m'avez déjà insulté, M. Weasley. Maintenant vous faites simplement référence à ce que mon confrère a à dire à mon sujet. S'il vous plaît continuez "
"Il a dit, 'je suis sûr que ce saligaud enlèverait même des points pour inattention. Pas que cela m'étonnerait venant d'un homme qui a enfermé sa propre mère dans une maison de fous.' C'étaient ses paroles. Je ne sais pas où il a reçu cette information. honnêtement, je ne sais même pas si c'est vrai. est-ce vrai, Professeur?"
Severus lui envoya un regard dur . "Etes vous vraiment intéressé ou voulez vous simplement glaner des informations pour commérage?"
"Non," dit Bill Weasley, secouant la tête avec tant de véhémence que sa queue de cheval gifla ses joues, "Non, Monsieur, je pensais que je pourrais expliquer à mes camarades de maison."
Severus était hésitant à divulguer des détails de sa vie privée, surtout d'un épisode qui ne lui avait rien causé d'autre que de la douleur et du désespoir, mais d'autre part, il voyait clairement l'avantage d'enfoncer un coin entre Black et les Gryffondors, qui vouaient un culte de héros à l'ex Auror, fils de deux Aurors étoiles. "Si c'est vraiment votre intention, ainsi soit-il," dit-il finalement. "A cause d'une infraction, que je ne souhaite pas vous dévoiler, le Ministère a condamné ma mère à un internement à vie à l'Institut d'Inverness pour les Malades Incurables, au début de ma cinquième année à Poudlard. Ce qui est suffisament de preuve que ce n'est pas moi qui l'ai fait enfermer "
Les yeux de Bill s'étaient élargis. "Monsieur, je suis désolé, vraiment, je ne savais pas-"
"L'ignorance, M. Weasley, est l'un des pires ennemis de l'humanité. Essayez de vous souvenir de cela et d'agir en conséquence "
Le garçon hocha la tête. "Bien sûr, Monsieur. Puis-je le dire à mes camarades de maison?"
"Vous pouvez, mais essayez de coller aux faits. Je n'ai pas envie être transformé en héros tragique"
Dumbledore, qui avait écouté avec une satisfaction apparente, parla à nouveau. "Considérant le fait que vous regrettez évidemment votre explosion irréfléchie, M. Weasley, je dirais que c'est au Professeur Rogue de décider de votre punition, et de s'il faut informer vos parents "
Bill s'étrangla d'inquiétude. "Oh, s'il vous plaît Monsieur, s'il vous plaît pas mes parents! Maman me tuerait!"
Ceci était un choix difficile. Bien sûr, le garçon méritait une réprimande sévère, mais d'autre part, Severus avait déjà entendu deux fois la voix de Molly Weasley, stridente de fureur, faisant trembler les fenêtres de la Grande Salle dans leurs cadres. Considérant le fait, cependant, que Bill Weasley avait évidemment reconnu son erreur, et que lui-même n'avait pas envie de voir cet incident exploser plus que nécessaire, il était probablement plus sage de s'abstenir d'écrire aux parents. Il scruta l'élève avec des yeux rétrécis. "Le choix est vôtre, M. Weasley. Soit une semaine de retenue, à passer avec moi et M. Rusard, soit deux retenues et une lettre à vos parents "
"Je choisirais plutôt un mois de retenues qu'une beuglante de maman," marmonna le garçon. "Alors je vais prendre la première solution, Monsieur. Et. eh bien, merci "
"Soyez dans mon bureau ce soir, à 7 heures 30 précises. Vous pouvez partir maintenant "
Bill bégaya ses remerciements et sortit en courant du bureau aussi vite qu'il le pouvait.
"C'était une décision très sage, Severus. Asseyez vous un moment, si vous avez cinq minutes de disponible"
Severus se laissa tomber dans une des chaises, se sentant soudain très fatigué. Il passa une main sur son front. "Sage. je ne sais pas. Mais je ne veux pas être le sujet de potins plus que nécessaire. Et conaissant les beuglantes de Molly Weasley." Il rendit brièvement son sourire à Dumbledore et continua, "Mais et Black ? Je suppose qu'il a reçu cette information de ses parents, mais il n'avait absolument aucun droit de divulguer cela à un élève "
"Surtout pas sous forme mutilée, je suis d'accord. Je vais lui parler ce soir, bien que je préfére le faire en privé. A moins que, bien sûr, vous n'insistiez pour être présent."
"Pas vraiment. Je vous fais confiance pour vous occuper correctement du problème, et si j'étais présent, il deviendrait simplement plus têtu. Mais si vous voulez me rendre un service, vous pouvez mettre le souvenir dans une pensine et me la donner."
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En dehors toute la tension et des tribulations, la première semaine d'école, ou plutôt sa fin, apporta aussi une grande surprise pour Severus.
Il était en retard pour la réunion du personnel le samedi matin, parce qu'il avait dû terminer quelques potions de guérison spéciales pour Madame Pomfresh, aux soins de qui les derniers élèves à quitter Ste Mangouste pour l'infirmerie de Poudlard avaient été confiés. Jurant silencieusement, parce qu'il détestait être en retard, il prit les notes qu'il avait faites hier soir et se dépêcha dans les couloirs vers la salle des professeurs. Tout le monde était déjà assis à la grande table rectangulaire.
"Bonj-" Il s'interrompit à mi-mot, et regarda fixement. Car à côté de McGonagall, parée de perles en tous genres, de grandes boucles d'oreille pendillant presque jusqu'à ses épaules, ne se tenait nulle autre que Sibylle Trelawney. Elle lui fit un sourire et un petit signe de la main.
"Severus! Entrez, entrez!" Dumbledore, qui d'une manière ou d'une autre réussissait à paraître gai parmi la morosité générale, lui fit signe de se diriger vers une chaise vide à côté du Professeur Brulôpot. Lentement, et pas sans s'être pincé le bras pour s'assurer qu'il était éveillé, il ferma la porte et s'avança vers son siège.
"Comme j'étais en train de l'expliquer," continua Dumbledore, "Cassandra Coleridge m'a dit qu'elle veut prendre sa retraite. Elle pourrait avoir attendu quelques autres années, mais les événements récents l'ont menée à démissionner immédiatement. C'est une grande perte pour la faculté. Cependant, nous avons beaucoup de chance, parce que Sibylle Trelawney, qui a terminé son apprentissage à Bâton Rouge il y a seulement un mois, a consenti à prendre le relai " Le presonnel applaudit poliment. "Je vous fais confiance pour bien la recevoir et la faire se sentir chez elle, ici à Poudlard " Cette dernière phrase fut reconnue par des hochements de têtes et des "Oui, bien sûr, Directeur " murmurés.
Severus eut des difficultés à se concentrer pendant le reste de la réunion, parce que son esprit n'arrêtait pas de retourner à Sibylle, à sa lettre, à une réponse possible- comment allait-elle réagir envers lui? Au moins, il fut répondu à cette question immédiatement après la fin de la réunion. Sibylle se faufila parmi les autres enseignants, lui tendit sa main et dit, "Salut Severus! Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu."
Il prit la main offerte. "Sibylle. Je n'avais aucune idée."
"Ni moi. C'était tout à fait une surprise. D'autre part, j'ai pensé qu'enseigner pourrait être amusant pour un temps-"
"Fais attention à ce que tu souhaites," remarqua-t-il sardoniquement.
"Eh bien, la Divination est un peu différent. Plus d'entraînement que d'enseignement. Et je reçois seulement des volontaires, c'est déjà un grand avantage. Mais je pense que tu attendais une réponse, n'est-ce pas?"
"O oui." Il regarda autour de la salle, assez mal à l'aise. "Seulement je ne veux vraiment pas en discuter en présence de tout le personnel enseignant. Habites-tu déjà à Poudlard, ou-"
"Oui, j'ai déjà apporté mes possessions. Je n'en ai pas beaucoup, tu sais. Nous n'allions pas vraiment beaucoup faire les magasins à Bâton Rouge "
Elle aussi avait changé, pensa Severus. Pas son extérieur-les lunettes énormes, le tintement-cliquetis entier de bleu et de vert, les cheveux châtains qui avaient maintenant atteint sa taille, tout ceci était plus ou moins comme avant. Mais elle semblait plus pleine d'assurance et directe maintenant. Moins facile à harceler. Si Black essayait quoi que ce soit avec elle, il pourrait avoir la surprise de sa vie. Mathilda aussi semblait contente qu'elle soit de retour. Peu surprenant, parce que les deux filles s'étaient toujours bien entendues. Perdu dans ses pensées, il regarda leurs dos s'éloignant avant de se diriger vers ses propres quartiers pour travailler un peu avant le déjeuner.
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"Belles pièces," dit Sibylle. Elle avait suivi l'invitation de Severus pour prendre un verre dans ses quartiers et était très impressionnée par leur beauté. "Et si merveilleusement isolé, aussi!"
"Eh bien, ce n'est pas comme si tu pouvais te plaindre. La Tour Nord n'est pas exactement un espace public, n'est-ce pas?"
Sibylle rit. "Pas vraiment. Ce serait très déplacé pour une voyante et un professeur de Divination. A propos, Dumbledore m'a dit que je devrais être moins terre-à-terre, pour créer une impression convenable pour les élèves "
"Voulant dire?" demanda Severus, retournant vers elle avec deux verres et lui en tendant un.
"Eh bien," dit-elle et elle s'assit dans le fauteuil qu'il lui indiquait, "je suppose que je dois être un peu plus mystérieuse. Surtout parce qu'il ne veut pas de rumeurs comme quoi mes prédictions sont d'habitude tout à fait fiables-tu sais comment sont les élèves. Ils le diraient à leurs parents, et c'est compréhensible, parce qu'un nouvel enseignant fait toujours sensation. Et ni le Ministère ni Voldemort ne devraient connaître mes capacités "
"Alors tu dis que, réellement, tu devras faire semblant d'être un charlatan?"
"Plus ou moins. Cela va être amusant, je pense. D'une certaine façon, au moins," ajouta-t-elle pensivement. "Écoute, Severus, avant que nous ne continuions avec les gentillesses et le bavardage, je pense que je devrais te donner ta réponse. C'est écrit 'je veux savoir' partout sur ton visage. Alors tu l'as rencontrée? Et comment-désolée d'être indiscrète-cela a-t-il été effacé de ton esprit?"
Severus lui parla du duel dans la Salle Commune de Serpentard. "C'est exactement comme cela le disait dans ta prédiction. La trace est là. Je sais exactement d'une manière ou d'une autre que je l'ai rencontrée, et que cela peut seulement avoir été à la cérémonie de nomination. Autrement que cela, je n'ai rien. Des rêves, parfois. Mais ils m'échappent. Dès que je me réveille, tout est parti "
Sibylle hocha la tête. "Oui, cela cadre bien avec ce que j'ai vu. Cependant, pour répondre à ta demande plus urgente: je vois toujours exactement la même chose, ce qui prouve implicitement qu'elle est toujours vivante. Tu as eu de la chance "
"Je suppose que oui," dit-il, sa voix étranglée par les émotions.
"Severus," commença-t-elle après un silence prolongé, "Y a-t-il par hasard une chance que tu puisses me dire pourquoi-ou comment-tu as été impliqué dans tout ce désordre?"
"Je ne suis pas sûr de pouvoir l'expliquer. Cela. semblait juste, à ce moment là "
"Je vois " Elle regarda pensivement son verre. "Tu sais, d'une certaine façon, je comprends. Le besoin d'avoir une place peut être écrasant. Si toi et les autres n'aviez pas été de tels bâtards, qui sait."
Severus rit tout bas. "C'est une façon intéressante de l'exprimer. Cependant, tu as probablement raison. La même chose est valable pour Mathilda "
"Pauvre Mathilda. Elle n'est pas très heureuse, n'est-ce pas?"
"Non " Il vida son verre. "Non, je suppose qu'elle ne l'est pas. D'autre part, Mathilda ne me frappe pas comme étant une personne particulièrement douée pour être heureuse "
"Elle pourrait l'avoir été, avec Barty "
"Maintenant essaye d'être raisonnable! Barty est un idiot condescendant, et coincé. Subjugué comme elle l'est, tout ce qui serait sorti de ce mariage aurait été une répétition de la vie de ses parents à lui. Pas quelque chose à souhaiter à quelqu'un, n'est-ce pas?"
"Hmm. Peut-être que tu as raison. Un autre verre?" dit-elle, lui tendant son verre. "Et comment vont les autres ? C'est à dire si tu peux me le dire "
"Je pense qu'il serait mieux pour ta propre sécurité si je ne le faisais pas. Peut-être plus tard, quand tout ceci sera terminé. Dis, tu n'as pas vu arriver l'attaque sur le Poudlard Express?"
Une ombre traversa son visage. "Je ne suis pas sûre. Je me suis posé la même question, ou plutôt-merci-" elle prit le verre qu'il lui tendait "-ou plutôt je me suis demandé pourquoi je ne l'ai pas vue. Ou pourquoi je n'en ai pas vu plus, en tout cas "
"Plus?" Il éleva ses sourcils, curieux d'entendre quel était exactement l'effet de la manipulation que Voldemort avait effectuée il y a presque dix ans.
"Tu vois," dit Sibylle, se renversant en arrière et croisant ses jambes, tirant impatiemment les plis de ses robes qui s'étaient empêtrés entre ses jambes, "ce que je perçois est toujours un mélange de sensations, d'images, parfois de voix. Quand on est entraîné comme voyant, on apprend à les interpréter correctement, et à les mettre en mots aussi bien que possible. Dans ce cas, cependant, c'était simplement un sentiment. Crainte et révulsion et panique. Mais pas d'image, rien de clair. Alors qu'aurais-je pu faire?"
"Pas grand chose je suppose. D'autre part, tu as déjà fait plus qu'assez en envoyant à Dumbledore la lettre sur l'enfant né le 31 juillet "
"Penses-tu que cela va aider?" Ses yeux s'élargirent derrière les lunettes, et grossis comme ils l'étaient par les verres, ils semblaient s'étendre au delà des contours de son visage.
"Ma chère Sibylle, c'est toi la voyante ici, pas moi. Alors ne me pose pas la question " Il prit une autre petite gorgée. "Mais tu pourrais me rendre un service: je vais te donner une liste d'élèves à qui tu pourrais dire que tu vois une mort violente et un chaudron. Peut-être que cela pourrait les motiver pour qu'ils fassent finalement attention pendant mes cours "
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Les semaines qui suivirent furent pleines d'activité. Réunions avec Dumbledore et McGonagall. Réunions avec les deux autres Phoenix. Deux réunions privées avec Voldemort, comme d'habitude le treize. Une autre réunion en Albanie, cette fois avec Lucius, Owen et Lestrange, pour préparer l'attaque sur les Potters. Ils étaient finalement allés se cacher- Severus l'avait consciencieusement rapporté le 13 octobre, mais Voldemort semblait étrangement peu concerné. Même le Sortilège de Fidelius, auquel il avait fait soigneusement allusion comme à une simple rumeur, ne sembla pas l'impressionner.
"Nous les trouverons," dit-il, les yeux errant vers le panorama automnal dehors, parfumé et riche de rouge et or. "Ne vous inquiétez pas, mes fidèles serviteurs. Nous les trouverons "
Pas un seul regard n'avait passé entre Severus, Lucius et Owen; cela aurait cependant été inutile. Ils avaient tous compris que le traitre anonyme avait déjà donné ces nouvelles à leur Maître. Et probablement qu'il ou elle savait qui était le Gardien Secret des Potters.
Au fil du temps, les jours et les nuits devinrent encore plus intenses; ni Severus ni Dumbledore ni McGonagall ne pouvaient plus dormir décemment.L'anxiété qui les gardait alertes et éclatants de tension nerveuse était trop grande-la confrontation finale allait avoir lieu très bientôt, et d'une manière ou d'une autre aucun d'entre eux n'était capable de penser au delà de ce jour-là. L'optimisme semblait pure folie, le pessimisme voulait dire que toutes les préparations et tous les plans pourraient avoir été faits en vain. Severus commençait à se sentir épuisé, et cette fatigue physique aussi bien que mentale était seulement soulignée par la frustration traînante à la pensée que peut-être qu'il ne survivrait qu'un peu plus de deux semaines à son vingt troisième anniversaire. Tant de 'et si' et de 'peut-être', tant de spéculation, tant de désespoir qui devait être gardé par la force à un minimum, parce qu'autrement aucun d'entre eux n'aurait pu continuer à faire ses devoirs quotidiens. Vivre avec l'attente constante d'une apocalypse presque certaine, avec le savoir que leurs vies dépendaient de l'effet d'une potion qui n'avait jamais été testée, rendait les activités normales de tous les jours étrangement futiles, un passe-temps enfantin qui dictait que les points de maison devaient être accordés ou enlevés, et que les élèves devaient apprendre à préparer des potions rétrécissantes, que les devoirs devaient être rendus et corrigés. Parfois, Severus pensait à lui-même comme à un petit enfant, assis au milieu d'un nid de vipères mais ignorant béatement leurs sifflements et leurs crochets empoisonnés, qui avait l'intention de construire une tour de blocs de bois peints, parce que c'était ce qui comptait, et rien d'autre. Parfois, il s'apparaissait comme cela en rêve. Mais ce n'était pas les pires rêves qu'il avait.
De plus en plus fréquemment, il se réveillait au milieu de la nuit, parce qu'il semblait avoir oublié quelque chose d'important, quelque chose qui déciderait de leur destinée, et il restait assis dans son lit pendant des heures, à essayer d'attraper l'insaisissable pensée.
Il y avait des réunions d'urgence au beau milieu de la nuit, et des conversations pressées par Cheminette, avec Dumbledore, avec Lucius.
" Directeur, ce doit être quelqu'un de très proche des Potters. Voldemort ne semble pas douter qu'il peut les attraper, en dépit du Sortilège de Fidelius"
"Je sais, Severus, je sais. Il n'y a pas trop de gens que je puisse raisonablement soupçonner "
"Vous savez qui est le Gardien Secret, n'est-ce pas?"
"Je suis assez sûr de son identité. Et j'ai peur."
"Qu'il puisse être le traitre?"
"Oui "
"Directeur. je sais que je ne devrais pas poser la question, mais. ce n'est pas Black, n'est-ce pas?"
"Je. il a agi de manière très étrange ces derniers temps. Je pensais que c'était seulement à cause de la réprimande que je lui avais donnée après son indiscrétion."
"Honnêtement, Directeur, vous savez que je déteste Black de toutes mes tripes, mais je ne peux pas croire."
"Nous ne pouvons jamais, Severus. Nous ne pouvons jamais croire, jusqu'à ce qu'il soit trop tard "
*
"Professeur, le Directeur et moi avons besoin de votre aide ce soir"
"Bien sûr, Professeur McGonagall. Puis-je demander-"
"Nous devons mettre des protections autour d'une clairière dans la Forêt Interdite. Nos alliés vont arriver un à un, et nous ne pouvons pas nous permettre de les héberger là où ils pourraient être vus. C'est dans seulement quelques semaines maintenant, et ils doivent rester là-bas dans des tentes "
*
"Joyeux anniversaire, Severus "
"Merci, Directeur. Vous venez de gagner une récompense pour mauvais choix du moment"
"Je sais, mais je doutais d'une manière ou d'une autre que Voldemort vous féliciterait. Est-ce que vous allez bien?"
"Si vous voulez demander s'il m'a fait du mal-non, il ne l'a pas fait. Probablement que je dois considérer cela comme mon cadeau d'anniversaire. Mais vous ne le croirez pas: il y a quelques bonnes nouvelles"
"Je suis content de l'entendre. Nous avons tous un besoin terrible d'un peu de bonnes nouvelles. Qu'est-ce?"
"Nous ne sommes plus que vingt-quatre maintenant. Encore le mois dernier, Voldemort avait hâte de recevoir de nouvelles recrues. Mais il semble avoir perdu son intérêt. En plus, avec la répression sur les familles de ceux qui sont morts, l'intérêt pour rejoindre nos rangs a considérablement diminué "
"Hmm.oui, ce sont de bonnes nouvelles en effet. Bien que je regrette qu'il ne soit pas un petit moins optimiste-je suppose qu'il pense qu'il n'aura pas besoin de beaucoup de personnes pour son attaque sur Poudlard, parce que son pouvoir aura tant augmenté "
"Cela, aussi. Mais le venin de Nagini semble aussi commencer à faire effet "
"Nous devrons construire un autel pour ce serpent et l'adorer, quand tout ceci sera terminé "
*
"Et le traitre, Directeur? S'il parle à Voldemort du camp de résistance, je suis mort. Ou pire"
"'C'est pour cela qu'il y a les protections, Severus. Une fois qu'ils sont dedans, ils ne peuvent pas sortir, sauf si je le leur permets"
"Mais on pourrait en parler-"
"Vous n'êtes pas le seul stratège astucieux, mon cher garçon. Chacun d'eux reçoit un portoloin, qui les transporte ici dès qu'ils le touchent. S'ils veulent sortir, ils seront mis sous oubliette par moi-même "
*
"Sev, tu ne vas pas croire ce que Barty vient de me dire. Cela va être dans les journaux demain. Le Ministère a créé un nouveau Département"
"Je me demande s'ils savent qu'ils jouent pour Voldemort en augmentant la bureaucracie. N'ont-il rien d'utile à faire?"
"Bien sûr que non. C'est un Ministère. Mais tu n'as pas encore entendu le nom!"
"Bien, alors, dis le moi. Je suis préparé au pire"
"Département des Catastrophes Magiques"
"Tu plaisantes, n'est-ce pas?"
"Nullement. Devine qui est le Chef?"
"Dis le moi simplement, Lucius. Je n'ai pas toute la nuit "
"Cornelius Fudge"
"Oh, je n'étais pas conscient que le département était censé Créer les catastrophes!"
*
"Et les Aurors, Directeur-désolé, je sais qu'il est tard, mais je ne pouvais pas dormir "
"Ne vous inquiétez pas. Moi non plus. Les quelques uns que nous avons arriverons au dernier moment. Entre onze heures et minuit le soir d'Halloween "
"Je vois. Et si-"
"Azkaban, Severus. Une sentence à vie pour désertion. Pas agréable, je sais"
"Je suppose que non. Peut-être pas même pour Maugrey"
*
"Albus, Severus-je veux dire Professe-"
"Arrêtez cela. Appelez moi simplement Severus. Ce ne sera que pour quelques jours de toute façon"
"Ne soyez pas si pessimiste. Cependant, j'exige que, si vous venez me hanter en tant que fantôme, vous reveniez à 'Professeur McGonagall'. Est-ce compris"
"Bien sûr, Minerva. Qu'est-ce qui était si urgent pour que vous insistiez pour faire une réunion à cinq heures du matin?"
"Les enfants. Je sais que les protections sont solides, et que nos alliés à Pré-au-Lard sont préparés à les recevoir, mais je ne veux pas les garder ici "
"Mais nous ne pouvons pas les envoyer chez eux, Minerva! Nous avons déjà déjà parlé de cela de nombreuses fois-"
"Albus. Ecoutez simplement. Le Grand Jour sera Halloween. Je sais que nous avions l'intention de renoncer à la fête, par piété, mais si nous tenions une fête et mêlions leurs boissons avec une puissante potion somnifère à effet retard? Vous pourriez préparer une telle potion, n'est-ce pas, Severus?"
"Bien sûr que oui. Mais qu'allons-nous faire de trois cent élèves inconscients?"
"Après le dîner, nous avons assez de temps pour les transférer à la clairière où le groupe de résistance est maintenant. Si le pire arrivait, et que Voldemort attaque vraiment, au moins nous aurons les mains libres pour nous battre, sans être obligés de guider un troupeau d'adolescents en train de paniquer vers le passage secret"
*
"Etes-vous prêt, Severus?"
"Y compris mes dernières volontés et mon testament, oui. Les Aurors viennent-ils?"
"Oui. Les quelques courageux, sur la loyauté desquels je comptais. Et quelques Représentants de la Loi. Sauf Peter Pettigrow "
"Ce lâche! Il ne veut pas risquer son popotin mou!"
"Sirius s'est porté volontaire pour aller le persuader "
"Vous laissez Black quitter Poudlard? Etes-vous devenu fou?"
"Si c'est lui et que je le retiens, vous serez tué à l'arrivée. Espérons que votre potion marche"
"Merlin! Comment avez-vous pu? Comment-oh, eh bien. C'est fait, tant pis. Au revoir, Directeur. Je dois partir dans dix minutes"
"Au revoir, cher garçon. Bonne chance. Et à demain"
"Vous êtes un fichu lunatique, Directeur. Bonne chance à vous aussi "
*
"Sev? Sont-ils avec toi?"
"Bien sûr, Lucius. Mais fais court"
"Narcissa?"
"Lucius, oh dieux, je."
"Je t'aime aussi, Narcissa. Et toi, Drago. Doux Merlin, il a grandi."
"Fais au revoir à papa, Drago. oui, comme cela."
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Voldemort et Lestrange attendaient déjà; Nagini était enroulée aux pieds du Seigneur des Ténèbres, la tête de dragon élevée et alerte, sa langue alternativement rentrant et sortant. Owen arriva, puis Lucius. La salle, d'habitude bien éclairée pour leurs réunions, était aujourd'hui sombre, et seules les flammes dans la cheminée, maintenant de retour à leur couleur naturelle, lançaient des ombres longues sur les murs. La silhouette gigantesque du serpent, projetée sur le fond blanchi à la chaux, avait l'air de quelque parodie absurde d'une ombre projetée pour leur divertissement par une divinité diabolique. Dans la lueur scintillante, rouge et or, la salle semblait plus grande et plus mystérieuse, avec des coins sombres et des lignes incertaines.
Aucun des quatre Mangemorts ne dit mot; ils attendaient tous que Voldemort donne le signal de leur départ. Mais il resta silencieux et les scruta un à un, ses pupilles rouges tenant leurs yeux, sondant et exigeant l'entrée. "Pourquoi," dit-il enfin, "Pourquoi l'Application de la Loi est-elle appelée à Poudlard?"
Ils avaient peu de temps, car la conjonction atteindrait sa plus grande puissance dans les quinze prochaines minutes, et donc Severus décida de tout miser sur une carte. "Mon Seigneur," dit-il et il tomba à genoux, poignamment conscient du corps lisse du serpent à côté de lui, "s'il vous plaît pardonnez moi! Je vous l'aurais dit ensuite-je ne voulais simplement pas vous charger de détails insignifiants jusqu'à ce que la mission ait été accomplie." Luttant contre sa révulsion, il prit l'ourlet des robes de Voldemort avec des doigts tremblants et l'embrassa.
"Vous appelez insignifiante la présence d'Aurors à Poudlard?"
"Seulement sa raison, Mon Seigneur. J'ai peur que Dumbledore ne soupçonne ma vraie loyauté. c'est la seule explication. S'il vous plaît, Maître, ne me renvoyez pas là bas."
Voldemort rit tout bas. "Peur d'Azkaban? Nous verrons, Severus, nous verrons. Maintenant arrêtez de ramper à mes pieds-nous avons du travail à faire " Avec obéissance, Severus se releva et recula. "Notre informateur fidèle-" un geste impatient vers le coin le plus sombre de la salle "-m'a dit où se cachent les Potters "
Hors des ombres s'avança une silhouette enveloppée dans un manteau noir, le capuchon tiré sur son visage. Il était impossible de discerner qui était caché sous le tissu-peut-être portait-il un masque. Alors le traitre était là. Peut-être Black, peut-être. eh bien, qui? Severus trouva que son esprit tournait trop à vide pour qu'il puisse beaucoup penser logiquement. Ce pouvait être Black, ou Pettigrow. Ou qui que ce soit à qui le Gardien Secret ait livré son secret. Il avait du mal à s'empêcher de chercher le visage de l'autre sous son déguisement. Le traitre face au traitre. Quel genre de jeu était ceci? Mais quel que soit le jeu et quelles qu'en soient ses règles, les enjeux étaient élevés. Et Severus venait seulement se sauver sa vie par la peau de ses dents, même si ce n'était peut-être que pour quelques heures de plus.
"St Jean, avez-vous l'équipement?"
"Oui, Mon Seigneur "
"Severus, l'huile?"
"Oui, Mon Seigneur. Mais-" il n'y avait pas de lumière du soleil maintenant. Comment était-il censé détruire le sang de vampire, au cas où cela deviendrait nécessaire?
Voldemort ne fit même pas attention à sa tentative d'objection. "Mettez les masques!" Ils couvrirent leurs visages avec obéissance. "Nous-" il indiqua lui-même et la silhouette cachée "-passons en premier. Vous suivez. La Marque vous dirigera "
Severus vit le traitre frissonner quand la main gauche de Voldemort, blanche et ressemblant à une griffe, s'enfonça dans son épaule. Probablement qu'il avait peur d'être tué dès qu'il ne serait plus nécessaire, pensa sinistrement Severus. Bien fait pour ce lâche. Si les choses se passaient mieux qu'il ne craignait qu'elles le puissent, ce serait son plaisir que d'anéantir l'existence de ce bâtard une fois pour toutes.
Les quatre hommes hochèrent la tête et touchèrent leurs Marques simultanément.
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La nuit était couverte et orageuse, et la lune s'était cachée derrière les nuages. Il y avait de l'herbe courte, sèche, sous leurs pieds, et à une distance d'environ cent mètre de leur point de Transplanage, Severus pouvait distinguer la silhouette d'arbres noirs devant le ciel sombre. Il se tourna pour examiner les environs-pas de maisons à proximité, sauf la chaumière à laquelle ils faisaient face. Le paysage semblait être tout à fait plat.
Il était presque onze heures et demie, mais les occupants de la chaumière n'étaient pas encore allés se coucher, car une des fenêtres du rez-de- chaussée était éclairée.
"Baguettes prêtes " La voix de Voldemort était un simple sifflement, presque inaudible à travers les sifflements et les gémissements du vent. "Mettez les protections "
Après avoir lancé une protection temporaire, pour que le Ministère ne détecte pas les traces de Magie Noire, ils suivirent leur Maître, qui s'avançait rapidement vers l'entrée à grands pas. "Lucius, ouvrez!"
Lucius s'avança, la baguette tenue dans sa main droite tremblant-bien-trop- visiblement , et il lança un sortilège de Reducto. Un éclair de lumière rouge s'élança vers la porte de bois et la désintégra en cendres. Ils avancèrent, rapidement et silencieusement, prêts à se défendre, parce qu'ils étaient maintenant clairement visibles dans la lumière venant du couloir.
"Queudver? Que-" la silhouette de James Potter devint visible une fraction de seconde, seulement pour disparaître immédiatement. Les réflexes d'un Auror bien entraîné, pensa Severus. "Lily!" cria Potter, "Lily, prends Harry et va-t-en! Cours ! Je vais essayer de-"
Mais ils avaient déjà franchi le seuil; à six contre un ils avancèrent, bloquant aisément les malédictions de James Pottier. En haut, il y eut un bruit de course, puis un choc sourd, un cri de douleur.
"Severus, en haut!"
Il hocha la tête, essayant d'avaler le noeud qui s'était formé dans sa gorge, et il monta les escaliers. Le long tapis étroit qui couvrait le couloir à l'étage était en désordre, son bord décrivant un tournant aigu vers la droite, si bien que le parquet poli au-dessous était découvert, illuminé par un petit rayon de lumière venant d'une porte à demi ouverte. Par-dessus les exclamations assourdies en bas, Severus entendit la voix frénétique de Lily Potter, à moitié pleurant,à moitié persuasive, "S'il te plaît, Harry, viens. dans mes bras. viens, pour l'amour de Dieu, viens, je ne peux pas." Alors il la vit, sortant en boitant de la chambre d'enfant avec le petit garçon sur ses talons. Son bras gauche pendillait inutilement à son côté, son visage tordu par la peur et la douleur. Quand l'enfant remarqua la grande silhouette masquée, il commença à crier et essaya de libérer sa main de la poigne de sa mère, désespéré pour revenir à la lumière et à la sécurité illusoire de sa chambre.
Lily se figea. Ses yeux verts larges de terreur, elle saisit le poignet de son fils et regarda alternativement la baguette de Severus et la fenêtre au bout du couloir. Elle n'était clairement pas en état de Transplaner, du moins pas sans laisser son enfant derrière elle. Severus s'avança de quelques pas vers elle. "Pas la fenêtre, Lily," dit-il doucement, "Vous ne feriez que tuer l'enfant et ainsi lui donner ce qu'il veut "
"Severus?" Un simple chuchotement. "Avez vous. est-ce que James." Les étangs verts et profonds débordèrent, et des larmes se répandirent sur ses joues.
Severus secoua la tête. "Il n'aura pas une chance. Peut-être qu'ils feront- " Peut-être qu'ils feront cela rapidement, avait-il voulu dire, pour lui offrir quelque réconfort. Mais il fut interrompu par un cri d'au dessous.
Lily essaya de parler, mais seule ses lèvres bougèrent. Sa voix l'avait abandonnée, comme leur Gardien Secret l'avait fait, comme son mari le ferait très bientôt. Et la vie, aussi, à moins qu'un miracle n'arrive. Elle ne pouvait même pas se défendre, car elle était incapable d'utiliser son bras gauche et tenait désespérément son enfant de sa main droite.
Les cris s'arrêtèrent brusquement, et ils entendirent le son de pas montant les escaliers. "Lily," siffla Severus, "qui était le Gardien Secret? Dites le m-" Il fut poussé de côté par Lestrange.
Quand James Potter avait commencé à crier, les gémissements de l'enfant avaient brusquement cessé, comme coupés par la conscience instinctive que la souffrance de l'autre était plus grande que la sienne, qu'il n'avait pas le droit de se plaindre pour un poignet contusionné et un grand homme en noir alors que son père se faisait torturer. Mais maintenant Voldemort s'avançait, sa démarche gracieuse et presque en dansant, démasqué et mortellement pâle, les yeux rouges enflammés et sa baguette haute; le garçon émit un hurlement aigu, s'arracha de la poigne de sa mère et retourna en courant dans sa chambre . Et Lily, bien que blessée et à demi folle de terreur, tira sa baguette et recula devant les agresseurs, les yeux rivés sur le Seigneur des Ténèbres, trébuchant sur la moquette, regagnant son équilibre, jusqu'à atteindre la porte. La pointe de sa baguette, bien que tremblante, visait la poitrine de Voldemort. "Ayez pitié. s'il vous plaît!" Les mots étaient à peine audibles.
Souriant, rayonnant de pouvoir, Voldemort avança sur elle. "Pousse-toi, idiote!" Impatient, se moquant de la lionne qui défendait son petit.
Lilys secoua la tête. "Pas Harry," coassa-t-elle, "Pas Harry! Tuez moi plutôt, je vous en supplie, pas Harry !"
Le sourire quitta le visage du Seigneur des Ténèbres. "Pousse-toi. Maintenant!" Elle ne bougea pas d'un pouce. Un éclair de lumière verte frappa sa gorge, et Lily Potter fut étendue à travers le seuil de la chambre de Harry. Un doux gémissement échappa au traitre, dont le visage était toujours caché dans les profondeurs de son capuchon.
Ils entrèrent dans la pièce. "Mon Seigneur-" la voix de St Jean tremblait d'excitement "-dois-je." Il fit un geste vers le garçon qui essayait de se cacher derrière les rideaux.
"Non, St. Jean. Il est à moi " Voldemort agita sa baguette avec un geste prétentieux, laissant une étincelante trace verte dans l'air. "Il me donnera du pouvoir. il mérite l'honneur d'être tué par Lord Voldemort lui- même " Un geste impérieux les fit tous reculer; Severus se cogna à Lucius- il pouvait sentir l'autre frissonner sous les couches de tissu le couvrant.
Le Seigneur des Ténèbres pointa sa baguette vers l'enfant et prit une inspiration profonde. "Avada Kedavra! " un autre éclat vert-cette fois Severus pouvait entendre la ruée de la mort, d'énormes ailes noires d'étendirent-le garçon regarda, les yeux écarquillés, presque curieux, la lumière s'élancer vers lui, et frapper. Severus ferma les yeux. Un bruit sourd, quelque chose comme une forte rafale de vent, l'impression que son âme-même était pressée, ou secouée. Alors c'est fini, pensa-t-il, cela n'a pas marché, l'enfant est mort, et dans quelques heures je le suivrai où que ce soit qu' -
Le cri perçant qui transperça le silence lui fit réouvrir les yeux, car c'était sans aucun doute le cri d'un enfant. Le garçon se tenait au même endroit qu'avant, pleurant et pressant ses mains contre son front. Du sang coulait entre ses doigts et sur ses mains potelées. Lestrange était agenouillé par terre, regardant fixement un paquet de robes noires, faisant courir ses doigts sur les plis vides comme un aveugle, cherchant un corps où ses mains ne rencontraient que du tissu. "Mon Seigneur," bégaya-t-il, "Mon Seigneur." Il souleva les vêtements, les secoua et recula quand la baguette de Voldemort cliqueta sur le plancher. "Mon Seigneur."
Ils se tenaient tous immobiles, dévisageant Lestrange qui ouvrait et fermait ses doigts enterrés profondément dans le tissu noir et répétait incessamment, "Mon Seigneur. Mon Seigneur." Seul le traitre se pencha rapidement et saisit la baguette de Voldemort. Severus vit ceci et tournoya sur lui même, mais trop tard. Il avait déjà Transplané. Le mouvement secoua Lucius et Owen de leur stupeur, et Lucius lança rapidement un sortilège étourdissant sur Lestrange. Un autre bruit sourd, et, lui aussi était couché, immobile, visage vers le bas, sur les vêtements de Voldemort, reflétant la position de Lily sur le seuil. Severus pouvait sentir presque physiquement les gémissements de l'enfant tirer sur ses nerfs; il avait besoin de calme, un instant de silence pour se recomposer et penser. "Stupéfix!" Harry Potter glissa au plancher, à moitié couvert par le rideau.
Les trois hommes respiraient à peine; leurs visages masqués ne se regardaient pas l'un l'autre mais regardaient autre part, pendant que leurs oreilles essayaient d'attraper un son, un mouvement, quelque signe du Maître qui semblait avoir disparu. Mais rien n'arriva. Les bougies continuèrent de brûler, avec des flammes légèrement vascillantes, déplacées par le courant d'air froid venant d'en bas. A part cette légère danse lumineuse, rien ne bougeait. Aussi impossible que cela semble, la potion avait marché. L'amour de la mère avait été assez fort pour combattre la Mort, pour la retourner contre celui qui l'avait appelée.
Après ce qui sembla être une éternité d'écoute sans respirer, ils levèrent lentement leurs baguettes et prononcèrent un " Demasquera!" chuchoté.
"Je ne peux pas y croire," dit Owen, secouant la tête, "Ca a marché!"
Le son de sa voix, étrangement, presque obscènement vivant, fit légèrement sursauter les deux autres. Ils hochèrent simplement la tête, toujours trop étourdis pour parler.
"Et. maintenant quoi?" dit Lucius un peu plus tard. "Devrions-nous." Il regarda Lestrange. "Et lui? Et l'enfant?"
Severus se racla la gorge. "Peut-être devrions-nous contacter Dumbledore."
"Es-tu fou?" siffla Owen, "Non, d'abord nous devons mettre les autres sous Oubliette, tu te souviens?"
"Oui." Autant qu'il veuille se déplacer, Severus était incapable d'ôter ses yeux du tas de vêtements sur lequel la tête blonde de Lestrange reposait. Ne sachant pas pourquoi ni comment son esprit pouvait produire cette information, il continua, "il en reste vingt-quatre, moins nous quatre . vingt. Sept plus sept plus six."
"Exactement " Lucius semblait avoir retrouvé ses esprits et sa voix. "Mais je ne pense pas que nous puissions mettre St. Jean ou Tabitha sous Oubliette. Nous devrions effacer les dix dernières années de leurs esprits, et je ne suis pas sûr."
"Nul besoin de mettre St. Jean sous Oubliette," dit Severus, "Il n'est pas sur la liste du Ministère, et Tabitha non plus. Ils n'iront pas le chercher. Décidons seulement qui met qui sous oubliette, et alors."
"Et le garçon?" dit Lucius, "Nous ne pouvons pas simplement le laisser ici comme cela."
"Il ne nous faudra pas plus de deux heures pour effacer les souvenirs de nous à tout le monde ," dit Owen, "Mettons simplement un sortilège de sommeil sur lui, et un sur St. Jean, et partons. Quand nous aurons finis nous nous retrouverons ici et nous penserons à l'étape suivante. C'est raisonnable, n'est-ce pas?"
ßßßß*ßßßß
Il était presque deux heures du matin quand les trois Phoenix revinrent à la maison des Potters. "Maudit soit Barty," haleta Owen, s'effondrant sur le sol herbeux à côté des deux autres. "Cet idiot m'a presque tué. Mais je pense que j'ai réussi le sortilège. Vous?" Il lança un regard inquisiteur à Severus et à Lucius.
Ils hochèrent la tête. "Mission accomplie," dit Lucius . "Alors, que devons- nous faire maintenant?"
Severus passa ses doigts dans ses cheveux. "Je suppose que vous deux devriez retourner chez vous. Et je vais rentrer à Poudlard " Les deux autres hochèrent la tête, apparemment pas tout à fait convaincus. "Allez, je suis aussi fatigué, mais nous ne pouvons pas rester ici toute la nuit, à nous demander ce qui est arrivé " Il leur jeta un regard noir. "Eh bien?"
"Je." Lucius leva ses mains en un geste d'exaspération. "D'accord. Nous devons imaginer une histoire pour Dumbledore pour expliquer la perte de temps. Et nous devons décider de ce qui arrive avec St. Jean "
"L'histoire est facile," dit Owen, redressant ses épaules et grimaçant, "Severus peut simplement dire qu'il y a eu une explosion d'énergie qui nous a mis K.O.. Les protections étaient mises, donc le Ministère ne pouvait rien détecter. Et quand nous nous sommes réveillés, Voldemort était parti. Sans une trace. Bien que je me demande."
"Oui," dit impatiemment Severus, "c'est ce que nous nous demandons tous. Mais nous n'avons pas de temps pour des pensées philosophiques maintenant. Quant à St. Jean, j'aimerais le tuer, mais je n'en ai plus l'énergie. Quelqu'un est-il en état de lancer le Sortilège de Mort?" Les deux autres secouèrent leurs têtes. "Alors nous pouvons soit le laisser ici, mais j'ai peur qu'il fasse du mal à ce marmot de Potter-"
"Grande perte!" marmonna Owen.
"Vous savez pour le serment que Dumbledore m'a fait jurer. Maintenant que le père est mort, je dois protéger le fils, que je le veuille ou non. Donc la seule possibilité qui reste est que vous deux le Transplaniez quelque part près d'Urqhart et le laissiez là-bas. Moi, en tout cas, je ne veux pas que les Aurors le trouvent ici. Il pourrait atterrir à Azkaban, mais nous recevrions les cellules d'à côté "
Lucius leva les yeux et lui fit un sourire étrange. Il avait l'air d'être totalement soûl. "C'est si irréel." dit-il.
Owen renifla "Malfoy dans l'agonie d'une crise existentielle. Qu'est ce que le monde est devenu?" Il se remit sur ses pieds. "Viens, Lucius, nous devons nous occuper de Lestrange. Après tu pourras rentrer et te soûler jusqu'au coma. Je viendrai avec toi, comme cela nous nous donnerons un alibi à chacun. Dumbledore te couvre, je suppose?" demanda-t-il à Severus.
"Oui. Considérant l'état dans lequel nous sommes tous, pouvez-vous aller à Urqhart et revenir au Manoir Malfoy en une demi-heure? Je ne sais pas combien de temps je pourrais empêcher Dumbledore de réveiller Croupton pour lui dire la bonne nouvelle "
"C'est plus qu'assez. Ne t'inquiêtes pas " Owen lui sourit. "Et demain nous ferons la fête "
"Oui." les yeux de Severus suivirent les deux silhouettes qui marchaient rapidement vers la maison. Demain-non, aujourd'hui, pensa-t-il, aujourd'hui, dans quelques heures, ils feraient la fête. Si tout se passait bien.
