Titre : Une vie nouvelle

Auteurs : Aegis, Athéna, Cygny, Gaëlle, Irumi, Julien, Katoo, Lyn, Olessya, Soal, Yavine Yurika

Genre : AU, nouvelle chance, angst, dark…

Source : Saint Seya

Ah ! N'oubliez pas qu'il s'agit d'une fic collective… Donc, s'il vous plait, adressez-vous à l'ensemble des auteurs et pas seulement à moi ! Je ne suis que l'hôtesse de cette histoire ! ^^ Et évidemment nous vous remercions de vos commentaires !

Gaëlle (la MJ)

Une vie nouvelle

Chapitre 3 :Troisième jour (A)

Note : Ceci est la compile 'romancée' du jeu de rôle online Une vie nouvelle. Ne considérez pas ceci comme une véritable fic, il y aura des erreurs, des fautes qui auront échappé à la compileuse et la correctrice. Nous espérons cependant que vous aimerez autant lire ceci que nous nous amusons à le jouer !

Hyoga avait passé toute la nuit dehors, à déambuler sans but précis, sans dormir un instant, il était fatigué.

Il s'était bien reposé quelques heures dans un quartier plutôt joli, et s'y était même assoupi. Lorsqu'il se réveilla, il s'aperçut qu'il était temps pour lui de rentrer rapidement chez lui, où il se doucha précipitamment, enfila des vêtements propres, préparant ses affaires pour les cours qu'il devait avoir cette même journée et sans prendre le temps d'ingurgiter un petit déjeuner, il fila tout droit au lycée.

Il arriva sans trop de peine, un peu en retard, mais il semblait que son premier cours n'avait pas encore commencé.

Hyoga était un tout nouvel élève et il attendit patiemment son professeur qui semblait être lui aussi des plus en retard, ce qui lui permettait d'immerger doucement de sa nuit blanche quotidienne.

Le prof était absent, manifestement, car un éducateur les pria de se rendre à l'étude.

***

Camus émergea difficilement, se réveillant avec un furieux mal de crâne. Il sentit un bras musclé autour de sa taille et regarda, étonné, tout autour de lui, cette chambre qui lui était inconnue.

Des bribes de souvenirs de ce qu'il s'était passé la veille lui revinrent brusquement en mémoire et il réalisa alors l'ampleur de la catastrophe.

En une soirée, lui, le scientifique d'ordinaire si rationnel, avait commis plus de bêtises et d'actes incohérents que dans toute sa vie.

Il se tourna vers la forme chaude allongée à côté de lui et qui avait été… – " Arghh ! Non ! " pensa-t-il – son… amant.

Death semblait dormir encore. Il le regarda un moment, se demandant comment il avait pu en arriver là. Il repensa aux groupies qui attendaient les musiciens au concert. Il ne s'était pas conduit différemment en définitive, même si, au départ, ce qui était arrivé n'était nullement dans ses intentions.

Et le pire, peut-être, c'est qu'il avait aimé cela !

Il se leva sans faire de bruits. Il ramassa un à un ses vêtements que Death avait égrenés tel le petit Poucet sur le chemin de la chambre à coucher.

Il commençait à vraiment faire n'importe quoi ! Il se faisait peur à lui-même. Il avait espéré que Death apporte du changement dans sa vie, il avait été servi au-delà de ses espérances !

Ce dernier remua sur sa couche, puis ouvrit les yeux.

Le fait de ne plus avoir de contact avec une peau douce l'avait sorti du sommeil et son regard tomba sur son compagnon d'une nuit.

" Salut. "

Camus le regarda, terriblement gêné. Mais après ce qu'il s'était passé entre eux, il pouvait au moins lui répondre :

" Salut. "

Bien que ce soit stupide, il sortit de la chambre pour se soustraire aux regards de Death afin de se rhabiller. La situation lui semblait de toute façon complètement surréaliste. Il se sentait encore tout étourdi.

Un demi-sourire aux lèvres, Death se leva et fila prendre une douche rapide. Des matins comme ceux ci, il n'arrêtait pas d'en vivre... et en vivrait encore certainement de nombreux. C'était le même rituel... il se réveillait avec une personne différente chaque jour, personne dont il savait tout juste le nom... ils déjeunaient, se serraient la main ou s'embrassaient - c'était selon - et se quittaient pour ne plus jamais se revoir.

Par contre c'était la première fois qu'un de ses amants de passage était aussi pudique. C'était amusant. Sortant de la salle bain, une serviette autour de la taille pour tout vêtement, il se dirigea vers la cuisine afin d'ingurgiter sa dose de caféine quotidienne.

Camus avait fini de s'habiller. Il entendit la douche couler. Il attendit un moment que Death sorte de la salle de bain. Il n'avait qu'une envie : fuir au plus vite mais il n'était pas comme ça. Il ne voulait pas se conduire comme ces goujats qu'il méprisait. Il devait au moins l'avertir qu'il allait partir.

Quand le chanteur sortit de la salle de bain, Camus l'intercepta :

" Au revoir, " dit-il simplement avant de se diriger vers la porte.

" Salut. "

Le ton était tranquille, presque indifférent. Le chanteur partit mettre en marche sa cafetière.

*****

Camus sortit et fit signe à un taxi qui s'arrêta immédiatement.

A peine était-il monté dans le véhicule que son téléphone sonna.

" Camus ? C'est Stevenson ! Pas trop tôt ! Ca fait une éternité que j'essaie de te joindre ! Tu n'es pas venu, hier ! "

Camus ne se sentit même pas la force de se justifier. Il se voyait mal dire : " Ecoute Erik, j'ai rencontré un mec, le chanteur d'un groupe de Visual rock, un super coup ! On a passé la nuit ensemble alors ta conférence… "

" Mais je ne t'en veux pas ! " Continua Stevenson. " Sergueï est finalement venu et t'a remplacé. "

" Il va mieux ? "

" On l'a amputé de ses cinq orteils gelés, comme tu sais, alors il a encore quelques difficultés à marcher. Et puis les petites promenades, c'est fini pour lui. Mais il garde le moral. "

" Tant mieux. "

" Mais puisque tu ne me le demande pas, la conférence s'est bien passée. Mr Daraku dit que l'expédition a été un succès, complet ! "

" Tu appelles cela un succès complet ? Trois morts ? "

" Arrête de crier, Camus ! C'est le prix à payer pour faire avancer la science, tu le sais. "

" Tu sais ce que je lui dis à la science, moi ? "

" Non ? " demanda Stevenson, étonné du ton soudain calme de son interlocuteur.

" Va te faire voir !!!! " hurla Camus avant de lui raccrocher au nez.

Sûrement, l'influence de Death se faisait déjà sentir.

Le téléphone ne tarda pas à sonner à nouveau :

" Camus ? "

C'était de nouveau Erik Stevenson.

" Je crois que tu as besoin d'aide ! Tu ne vas pas bien et je suis inquiet pour toi. Tu devrais voir quelqu'un. S'il te plait, réagis ! "

" Je n'ai pas besoin d'aide ! Je vais bien ! "

" T'énerve pas ! Ecoute-moi, je vais prendre un rendez-vous pour toi avec l'un des psy de la fondation. Tu verras, cela va t'aider. "

" Pas question ! Je ne veux surtout pas avoir à faire à quelqu'un de chez Daraku ! "

" Comme tu voudras ! Mais promets-moi que tu vas consulter un psy. "

" Mouais, " obtempéra Camus pour qu'il lui fiche la paix.

" Bien ! Sinon, tu as eu Ren au téléphone ? "

" Oui. J'ai refusé son offre. "

" Tu as bien fait. Nous sommes tous fatigués. Cependant, j'ai entendu dire que des types de chez N.K.D y étaient déjà. Faut qu'on soit aussi sur l'affaire si c'est un gros coup. Enfin, je te re-contacterai. "

" Au revoir. "

Le taxi arrivait justement et le déposa devant son hôtel. Il n'avait qu'une envie : prendre une bonne douche.

Il s'engouffra dans l'ascenseur.

***

Tirant une dernière bouffée de sa cigarette, Death se décida enfin à se lever de sa chaise et à laver et ranger sa tasse à café. Cela faisait plus d'une heure qu'il rêvassait dans cette cuisine, il était temps de se bouger un peu !

Un entraînement lui ferait du bien et l'empêcherait de se torturer l'esprit avec des idioties

"Death Mask.... Death..."

Ah non ! Ce foutu rêve lui pourrissait déjà son sommeil, si en plus il se mettait à le visualiser éveillé...

Agacé, il enfila son blouson, et sortit de chez lui.

*****

Aiolos ouvrit lentement les yeux et tourna encore une fois dans son lit. Il avait dormi comme un enfant cette nuit, ou plutôt, comme un enfant heureux. Il ne s'était pas réveillé une seule fois, ni n'avait eu ce cauchemar comme toutes les autres nuits.

Et tout ça grâce à la rencontre avec Sion.

Il sourit joyeusement. Il allait sans doute le revoir aujourd'hui encore, s'il tenait sa promesse, mais il ne semblait pas le genre à ne pas les tenir.

Il sortit de son lit, prit une douche et mit ses habits.

Il se regarda dans le miroir et ce qu'il voyait ne le déplut pas trop.

Il était plutôt musclé, beau garçon et c'était surtout ses yeux que les gens semblaient remarquer, des yeux très chaleureux.

Il s'inclina légèrement vers son reflet puis descendit pour aller manger. Les hommes qui travaillaient pour lui, le regardèrent d'un air suspicieux. Ils n'avaient pas l'habitude de le voir de si bonne humeur, et surtout le fait qu'il ne le cachait pas leur parut bizarre.

Aiolos les ignora complètement et par égard envers lui, personne ne fit de remarques. Le petit déjeuner se passa donc en silence, après quoi Aiolos se rendit dans son dojo, préparer les cours qu'il avait à donner aujourd'hui. Il sourit intérieurement, pensant que ses élèves pourraient s'attendre à un prof facile pour une fois.

***

Sion, qui avait finit ses cours du matin, se trouvait dans les vestiaires de l'équipe de base-ball de l'université. Il n'aimait pas spécialement les entraînements qui coupaient la pause déjeuner mais devait s'y faire. Alors qu'il nouait ses lacets il ne put s'empêcher à la nuit précédente, lorsqu'il avait rencontré Aiolos…

Depuis qu'ils s'étaient quittés la veille, il ne cessait de penser à lui. Enfin, à ça et aux rêves étranges qui avaient encore une fois décidé de lui faire une petite visite cette nuit. Déjà qu'il n'avait eu que peu de temps pour dormir !

Il regarda sa montre : 11h40. Dans cinq minutes il devait être sur le terrain, et pourtant c'était le dernier endroit où il aurait voulu être. En fait, il n'avait qu'une envie, être au dojo des Musashi.

Alors qu'il pestait intérieurement, un de ses camarades vint les prévenir que l'entraînement ne commencerait finalement que l'après-midi. Il ne pouvait espérer mieux ! Ne prenant même pas la peine de se changer en tenue civile, il fonça en dehors du vestiaire manquant au passage d'oublier la veste de son ami que par chance il avait emmené avec lui.

Le chemin le conduisant au dojo lui paru une éternité, mais en fait, il le trouva assez rapidement.

Arrivé là bas, il se rendit compte que sa tenue était loin d'être indiquée dans un lieu pareil, mais il était maintenant trop tard pour y faire quoi que ce soit.

Il entra, et demanda à la première personne qu'il croisa s'il pouvait voir Aiolos.

Aiolos venait de terminer sa dernière leçon du matin, et était encore en train de discuter avec un jeune garçon, un de ses meilleurs élèves, quand un de ses hommes entrait.

" Maître Aiolos, il y a quelqu'un ici pour vous voir. "

Aiolos fit signe de laisser entrer son visiteur, espérant que c'était celui qu'il espérait, et se retourna vers son élève.

" Bon, c'était très bien encore. Donc tu finis les exercices que je t'ai demandés cette semaine, et on se voit la semaine prochaine. "

Il passa sa main dans les cheveux du garçon et lui donna une petite tape pour le faire sortir.

Son cœur s'arrêta de battre pendant un moment quand il se retourna et se trouva face à face avec Sion.

" Bonjour. "

Il sourit, regardant le jeune homme en vêtements de sport.

Sion lui sourit un peu gêné, conscient qu'Aiolos le regardait.

" Salut, je ne te dérange pas j'espère… J'étais venu te rapporter ta veste et te remercier et pour hier soir. Tu as un peu de temps ? "

" Bien sûr, je venais de terminer pour ce matin. Tu restes déjeuner avec moi? "

Le visage de Sion s'illumina. Il avait secrètement espéré qu'il pourrait rester plus longtemps avec lui, et en plus il commençait à avoir faim.

" Bien sur ! Tu connais un endroit ? "

" Eh bien, oui, plus dans le centre ville, mais faudra que je me change en vitesse, et je ne sais pas, tu ne veux pas te changer non plus? "

Il regarda Sion avec un petit sourire doux.

" J'ai encore des vêtements de mon petit frère, je crois que ça devrait t'aller. Et puis tu pourras les rapporter avec ma veste, " fit-il avec un scintillement d'amusement dans les yeux.

Sion se sentit rougir. Il était vrai que d'aller déjeuner dans cette tenue pourrait paraître étrange, et puis comme l'avait dit Aiolos il pourrait toujours lui rapporter les vêtements plus tard.

" Je veux bien. Je suis partit en coup de vent et je n'ai pas pensé à la tenue dans laquelle j'étais. Ton petit frère n'habite pas ici ? "

" Non, il est à l'étranger, pour ses études. "

Aiolos eut un pincement au cœur quand il pensait de la façon sur laquelle ils s'étaient séparés, mais il se concentra sur le jeune homme en face de lui à nouveau.

" Allez, viens, je te montre sa chambre. "

Un pas retentit soudain dans le dojo et un jeune homme aux cheveux bleus en bataille entra. Ne se préoccupant pas des deux autres, il se prépara à s'entraîner dans un coin.

Aiolos se tourna vers l'homme qui venait d'entrer, et après une courte hésitation, il se lança avec plaisir.

" Death? C'est bien toi? Tu es revenu dans ton vieux quartier? "

" Evidemment que c'est moi ! Je n'ai pas encore de clone que je sache. "

Il avait pris un sabre en bois pour s'entraîner au kendo.

Aiolos fit une grimace, et s'approcha de Death.

" T'as toujours pas changé à ce que je vois. Allez, je te laisse t'entraîner, mais si tu as envie de nous rejoindre au déjeuner, dis-le-nous quand on revient. "

Il tapa son vieil ami sur le dos, s'attendant à une réaction de celui-ci.

Laquelle fut un sabre contre la gorge d'Aiolos.

" Je suis de mauvais poil aujourd'hui Aiolos... "

Le sabre s'abaissa et Death étira ses lèvres en un rictus.

" Je m'en voudrai de perturber un déjeuner intime "

Sion qui avait suivit Aiolos fut abasourdit lorsqu'il vit Death dans le dojo. Il s'attendait à tout sauf à rencontrer le fameux chanteur de Rock ici. Mais il fut encore plus étonné lorsqu'il vit la réaction de ce dernier.

De quel droit se comportait-il ainsi avec son ami ?

Peut être était-ce seulement pour rire, mais en attendant il jeta un regard noir à l'homme, qui en plus semblait se moquer d'eux.

Il regarda à nouveau Aiolos, essayant de se calmer :

" Je te suis ", lui dit-il

Reprenant son entraînement, il fit un clin d'œil à Aiolos. Ce dernier le connaissait depuis suffisamment longtemps pour ne pas s'irriter devant ses réactions.

Dommage d'ailleurs... il adorait provoquer.

Aiolos sourit brièvement, et retourna le clin d'œil de Death.

" Je te laisse t'amuser seul alors ", fit il d'un ton ironique.

Il se retourna ensuite vers Sion, et voyait le regarder Death plutôt sombrement. Il espérait que ce dernier ne lui avait pas fait peur avec ses idioties.

" Allez, on y va. "

Il sortit de la salle d'entraînement pour entrer dans la partie privé du dojo. Il s'arrêta devant une porte, l'ouvrit et montra à Sion où il pouvait trouver des vêtements.

" Je reviens dans un quart d'heure. "

Pendant ce temps, Death avait entamé un entraînement sérieux, oubliant tout ce qui n'était pas combat.

Avant même qu'Aiolos n'ait quitté la pièce, Sion s'était déjà débarrassé de sa chemise de base-ball et du tee-shirt qu'il avait en dessous, et se tenait torse nu devant lui.

Aiolos retint son haleine pendant un moment, regardant le torse nu du jeune homme. Il aurait pensé qu'il était un peu comme son frère, mais les sentiments qu'il éprouvait à ce moment, n'étaient pas ceux qu'il pouvait avoir pour son frère.

" Merci pour les vêtements " lui dit Sion en souriant.

Puis il attrapa un tee-shirt et un pull noir, qui effectivement lui allaient plutôt bien. Le frère d'Aiolos devait faire sensiblement la même carrure que lui même si le pull était un peu grand.

Il finit de s'habiller rapidement. C'est qu'il avait faim avec tout ça.

Aiolos, de son côté, s'était retiré pour prendre une douche rapide et pour se changer, enfilant un pantalon noir et une chemise blanche.

Il finit de mettre ses cheveux en ordre et retourna à la chambre de son frère. Il frappa à la porte.

" Sion, tu es prêt? "

Sion sortit de la pièce. Il était désormais vêtu d'un jean bleu et d'un pull noir et avait l'air ravi à l'idée de ce déjeuner.

" Oui "

Il suivit Aiolos en dehors du dojo et bientôt ils se rendirent tous deux dans un petit restaurant

Aiolos regarda sa montre.

" J'ai presque deux heures avant de devoir être à nouveau dans le dojo, la prochaine leçon commence à 14 heures. "

Il sourit à Sion, et se sentit plus jeune tout d'un coup. Il ne savait pas ce que ce garçon lui faisait, mais l'effet devait être clair pour tous, même Death avait fait une remarque. Mais il s'en fichait, il se sentait bien avec Sion, et c'était tout ce qui comptait pour lui pour le moment

Il fit signe à un garçon de leur apporter deux menus.

-" Tu veux boire du vin? "

Sion était en train d'observer, plus ou moins discrètement le jeune homme. S'il l'avait trouvé séduisant dans sa tenue de travail, ce n'était rien à côté de maintenant. Il avait un charisme indéniable, et Sion ne pouvait s'empêcher de le regarder.

" Je veux bien oui. "

Il fallait rapidement trouver un sujet de conversation, car même si le simple fait de regarder le jeune homme lui suffisait amplement, il n'avait pas envie que ce dernier se sente mal à l'aise.

" Le dojo où tu travailles, c'est une affaire familiale ou tu es juste un employé ? "

" Ce dojo est dans ma famille depuis des siècles en fait, " dit-il avec un air un peu timide.

Il ne voulait pas que Sion pense qu'il était trop fier.

" En fait, j'ai repris le dojo après la mort de mes parents, il y a 12 ans. Mais je n'ai jamais regretté, le fait de pouvoir donner ces leçons aux enfant, c'est super. "

Il fit une courte pause, puis demanda à son tour.

" Mais je ne sais rien sur ce que tu fais. Raconte-moi un peu. "

Le visage de Sion s'était assombri en entendant qu'Aiolos était orphelin. Même s'il était probablement déjà adulte quand c'était survenu ce devait être une épreuve très dure.

" Je suis désolé pour tes parents, je ne voulais pas ramener de tristes souvenirs à la surface… Ca a du être dur de reprendre la direction du dojo comme ça du jour au lendemain… "

Son ton était triste et il semblait penser à autre chose, ne se souvenant même pas qu'Aiolos lui avait posé une question. Il sembla hésiter un instant, puis reprit, baissant les yeux

" Ma mère aussi est morte il y a peu de temps… Et je n'ose imaginer ce que cela peut être de perdre ses deux parents… "

" Oh, ça c'est passé il y a longtemps et en effet, ça n'a pas toujours été facile, surtout avec mon petit frère, mais ça va maintenant, et le respect des mes élèves est la plus grande compensation que je puisse avoir. "

Il sourit doucement, puis lui aussi eut l'air de devenir plus triste.

" Je suis désolé pourtant d'entendre que ta mère est morte. Ton père est encore en vie ? Car devoir supporter la perte d'un être cher doit être encore plus difficile s'il n'y a personne avec qui tu puisses partager cette perte. "

Ses yeux se remplirent de compassion et de sympathie pour ce garçon. Il l'appréciait vraiment de plus en plus, c'était fou tous ces sentiments.

Sion sourit tristement, mais comme il avait toujours la tête baissée, Aiolos ne put le voir. Il pensa à son père...

Il ne le voyait guère souvent, et ces derniers temps c'était encore pire…

" Mon père est toujours en vie oui, du moins je le crois je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis plusieurs semaines ... Mes parents étaient divorcés, " ajouta-il comme explication.

Il releva enfin la tête et se força à sourire.

" J'ai oublié la question que tu m'as posé tout à l'heure je suis désolé, tu pourrais la reposer ? "

Il cherchait à changer de sujet... Il n'avait aucune envie de penser à cela alors qu'il était avec Aiolos...

Ce dernier aurait aimé en savoir plus sur son père, il voulait en fait savoir tout sur le jeune homme en face de lui. Mais il voyait que ça lui faisait de la peine d'en parler, il n'insista donc pas.

" Je me demandais ce que tu fais dans la vie ", dit il avec un chaleureux sourire. "

Oui, il voulait tout savoir, mais il ne voulait pas que Sion soit triste. Il aimerait pouvoir effacer tous les évènements tristes dans sa vie, il voulait par dessus tout le rendre heureux.

" Ah ! "

Sion pensa instantanément à autre chose, et son visage s'éclaira.

" Je suis étudiant.... en sciences physiques. Et puis comme t'as pu le voir tout à l'heure je joue également au base-ball ! Ca m'a permit de décrocher une bourse. Je suppose que de ton côté le dojo doit te prendre pas mal de temps. Tu as des loisirs en dehors du travail ? "

Il avait retrouvé un ton enjoué, et ne pensait plus à tous les tracas qu'il avait : l'absence de son père, les rêves étranges, la sensation bizarre de reconnaître des tas de personnes la veille... Il avait envie de mieux connaître le jeune homme, et ce déjeuner était une occasion idéale.

Aiolos vit le visage de son compagnon éclaircir et se sentit mieux sur le coup lui-même.

" Sciences physiques? Ahla, s'il y a quelque chose dont je ne connais rien, c'est bien ça ! "

Sion lui sourit. En général, il avait ce genre de réactions quand il parlait des études qu'il faisait. Il ne devait pas avoir une tête de scientifique.

Il était impressionné, on n'aurait pas dit pas que ce garçon était dans les sciences, il aurait plutôt pensé qu'il faisait autre chose, comme des langues, ou écrivain, ou autre chose de plus créatif. Il le surprenait vraiment.

" Moi, je dois dire que mon dojo et ma famille et clan sont la plus grande partie de ma vie. Je m'intéresse aussi à tout ce qui est surnaturel et occulte. Je crois bien que notre façon de vivre est pour une grande partie encore à l'ancienne, mais j'aime beaucoup. "

Aiolos s'étonnait lui-même de raconter si librement sa vie. Normalement, il n'était pas du genre à dévoiler des détails privés comme ça, mais Sion avait vraiment quelque chose qui lui faisait oublier ses réserves.

Sion était visiblement intéressé par ce que lui racontait le jeune homme. Il n'avait jamais vécu dans la tradition japonaise, et il se demandait comment cela pouvait bien être. Pour lui qui était issu d'une famille décousue, cela lui paraîtrait sans doute très différent. Le fait qu'Aiolos s'intéresse également au surnaturel l'amusa. Il n'imaginait pas cet homme vivant comme à l'ancien temps étudier des phénomènes étranges, esprits et autres. Il était un scientifique et pensait que tout pouvait toujours être expliqué de façon rationnelle.

" A part ça, ce qui occupe le plupart de mon temps, ce sont mes deux amours. "

Le sourire, qui était apparu sur le visage du jeune homme, s'effaça aussitôt.

Deux amours ?

Aiolos avait-il deux petites amies ?

Ou pire une femme et une maîtresse ?

Il ne semblait pas de ce genre là, pourtant.

A moins que.

Peut être était il tout simplement marié et avait un enfant. Après tout ce serait parfaitement plausible, il avait l'âge, et quelqu'un d'aussi séduisant que lui ne pouvait pas être célibataire. Quel abrutit avait-il été d'espérer !

" Espérer quoi ? " se dit-il intérieurement " Tu ne pensais tout de même pas avoir une chance avec lui ? Tu l'as bien regardé ? Il te considère comme un gamin, et s'inquiétait seulement pour toi parce que tu devais lui faire pitié ou quelque chose dans le genre. "

Il baissa le regard, et avait l'air de porter tous les malheurs du monde sur ses épaules.

" Ah.. Tu parles sans doute de ta femme et de…. "

Aiolos commença à se tordre de rire, tout en faisant non de la tête. Pendant un moment là, il crut vraiment qu'il n'allait plus pouvoir s'arrêter, mais quand il regarda le jeune homme en face de lui, et vit qu'il était tellement perturbé, il s'efforça de se calmer et de s'excuser auprès de lui.

" Je suis désolé Sion, mais ça faisait tellement drôle, je ne pouvais pas m'en empêcher. J'ai tellement l'habitude de parler avec des gens qui savent de qui je parle quand je parle de mes deux amours, que je n'y pense plus. "

Il respirait un bon coup, il avait toujours un peu de mal à se tenir sérieux, mais il n'avait nul intention de vexer Sion.

" Quand je dis mes deux amours, je parle de mes chiens. J'ai en effet deux chiens, qui sont à mes côtés presque jour et nuit, et je ne saurais pas quoi faire sans eux. Je suis vraiment désolé que tu aies mal compris, je n'avais pas l'intention de te faire des blagues ou quoi que ce soit. "

Il avait enfin retrouvé son sérieux, maintenant craignant vraiment que Sion ne prenne ses affaires, et ne parte sans qu'il ne le revoie.

Sion se sentit rougir jusqu'aux oreilles, en comprenant qu'il avait été jaloux de deux chiens. Bon sang ! De quoi pouvait-il avoir l'air à ses yeux maintenant ?

" Je… je suis ridicule. Je te demande de m'excuser. Tu dois me prendre pour un imbécile, c'est vrai on ne se connaît que depuis hier, et je comprend déjà tout de travers… "

En temps normal il aurait rit devant une telle méprise de sa part, mais là il se sentait tellement mal qu'il n'avait qu'une envie c'était de disparaître…

Aiolos voyait que Sion se sentait mal à l'aise et qu'il avait l'air de vouloir partir, il se dépêcha donc et mit sa main sur celle de Sion.

" Mais non, pas du tout, ne t'excuse pas, c'est pas grave. C'est moi qui me suis mal exprimé, et en plus, j'ai ri quand je n'aurais pas dû. "

Il essaya de regarder Sion dans les yeux pour lui sourire, mais ce dernier n'avait pas l'air de vouloir encore le regarder.

" Merde, idiot que tu es! Il va falloir trouver quelque chose pour te faire pardonner "

" Dis, je ne sais pas si tu aimes les chiens, mais qu'est-ce que tu en dirais de venir les voir quand on aura fini notre déjeuner. Je suis sûr qu'ils seront fous de toi. "

" Comme moi, " pensa-t-il, mais ça c'était une chose avec laquelle il devrait encore se réconcilier lui-même avant de le dire à haute voix.

Sion se sentit frémir lorsque Aiolos posa sa main sur la sienne, et garda les yeux rivés dessus. Il avait du sacrément exagérer dans ses réactions pour qu'Aiolos en vienne à s'excuser alors qu'il n'avait fait aucun mal. Peut être que cet homme tenait plus à lui qu'il ne le pensait tout compte fait… Il leva finalement la tête.

" Tu n'as pas à t'excuser ma réaction était excessive, je pensais avoir plus d'humour que ça. Pour ce qui est d'aller voir tes chiens j'en serais ravi. J'adore les animaux, ils sont de quelle race ? "

***

Une serviette rapidement passée sur son visage chassa la sueur qui commençait à le couvrir, puis Death reprit sa tache.

Il était seul au dojo à cette heure, ce qui lui convenait parfaitement.

Il pouvait encore rester jusqu'à midi, ensuite il se rendrait à une conférence de presse, ce qui ne l'enchantait pas bien au contraire. Enfin ... pour le moment tout ce qui comptait était le maniement de son sabre.

***

Dans la pièce d'un petit appartement, le soleil passa vicieusement ses rayons lumineux sur un visage aux traits agréables.

Ce dernier ouvrit les yeux sous cet appel lumineux.

Le reste du corps affalé sur une grande table, des feuilles – manifestement les copies de la veille – servaient d'oreiller tellement la pile était épaisse.

Emergeant doucement, la mine vaseuse et le regard vague, Kânon le posa comme à son habitude sur le petit réveil digital.

Mais il n'était pas là, il n'était pas dans sa chambre.

Après un petit moment de panique, il se rendit compte qu'il se trouvait dans le salon.

Kânon se leva de sa chaise, courbaturé de partout, et se dirigea au radar vers la cuisine... La minuterie du four indiquait 10h20.

Quelque chose se débloqua dans l'esprit de Kânon...

" Et M... !Je suis en retard !"

Et c'est à présent parfaitement réveillé que Kânon galopa jusqu'à la salle de bain se brossa les dents et se peigna les cheveux en vitesse, les noua en une lourde natte épaisse, il ne se changea pas puisqu'il était déjà habillé depuis la veille.

Prenant sa petite serviette de cuir noir, tout en chaussant ses bottines, il ne prit pas ses clefs sur la petite table basse à l'entrée, les oubliant dans sa précipitation, claquant la porte.

C'est en courant qu'il rejoignait le garage de l'immeuble, et enfourcha sa moto avant de filer à l'école.

Quand il arriva en classe il avait déjà une demi-heure de retard...

Le directeur allait sûrement lui passer un savon...

Ca faisait deux fois qu'il arrivait en retard en deux jours consécutifs.

" Monsieur Altaïr, " fit la voix du proviseur dans son dos comme il entrait dans la salle. " Vos élèves sont à l'étude... et vu le peu de temps avant le cours prochain, je vous invite à les y laisser et à me suivre... Je crois qu'une petite conversation s'impose... "

Kânon se crispa, en entendant la voix du proviseur dans son dos.

Il le suivit dans son bureau, se préparant à un beau blâme bien senti.

Le directeur, petit homme replet et à la calvitie avancée, le fit entrer dans son bureau avant de lui faire signe de s'asseoir et de prendre place en face de lui, le scrutant d'une façon presque paternaliste, dans un silence dérangeant.

Kanon pressait la base de son nez entre son index et son pouce, frôlant sa joue pas rasée.

Il y avait fort à parier qu'il avait une tête de déterré comme son jumeau…

Il ne rompit pas le silence, attendant les reproches du directeur, qui ne tarderaient certainement pas à venir.

" Vous n'avez pas l'air en forme… Est-ce pour cette raison que vous arrivez en retard depuis quelques jours ? "

" Oui… " fit Kanon mais il ne se justifia pas, d'ailleurs s'il le faisait le patron de l'établissement le prendrait pour un dingue.

" Peut-être alors devriez-vous prendre congé, le temps de vous remettre… Notre école ne peut se permettre de perdre de son prestige… "

" Vous voulez me renvoyer ? Si je vous promets que cela ne se reproduira plus… Est-ce que je pourrais avoir une autre chance ? " demanda Kanon, et c'était la première fois qu'il promettait quelque chose à cet homme, mais lorsqu'il faisait des promesses, il les tenait avec un scrupule un peu effrayant.

" Je vous donne simplement trois semaines de congé, quelqu'un vous remplacera... Vous reviendrez quand vous vous serez reposé... Vous êtes surmené, mon jeune ami... "

" Je manque juste d'un peu sommeil, ce n'est pas grave, demain je serai là à l'heure. " fit Kanon dans un soupir un peu fatigué. A un moment une sorte de 'niak' était remontée du plus profond de son être, mais il l'avait fait bien vite taire, il ne tenait pas à perdre sa place.

" Profitez donc de vos vacances jeune homme! Sugoshi-san est prêt à prendre le relais aujourd'hui même. "

Kanon faillit s'étrangler de surprise.

" Ce prétentieux ? Vous n'y pensez pas ! " fit Kanon en se levant avec une mine en colère sur le visage.

Il faisait peur comme ça... Apparemment, car il avait cru voir le directeur reculer et se tasser dans son fauteuil...

" Ne me faites pas revenir sur ma générosité, Altaïr-san ! ! ! Vous ne retrouverez pas d'aussi meilleure place alors prenez ces trois semaines de vacances et ne discutez pas! "

" Très bien... Merci, au revoir. "

Kanon sorti fou furieux que ce soit ce petit bellâtre au dents longues de Sugoshi qui le remplaçait.

Il se rendit à l'appartement et constatait qu'il avait encore oublié ses clefs.

Il reprit sa moto, conduisant presque comme un chauffard tant il était en colère.

Il arriva dans la salle d'attente, bouscula un peu la charmante secrétaire de son frère, ouvrit le bureau et récupéra son trousseau en un éclair, cherchant dans les tiroirs du bureau et repartit toujours en pétard, sans que Saga ait eu le temps de dire quoi que ce soit.

Il se dirigea vers le dojo musashi, ça faisait bien longtemps qu'il n'y était plus retourné, mais il avait besoin de se calmer...

*****

Le réveil sonna.

Encore trop tôt d'après Saga qui pourtant commençait assez tard aujourd'hui. Il était parvenu à dormir quelques heures qui lui avaient fait le plus grand bien !

Il se leva péniblement et passa dans la salle de bain où il prit une douche qui acheva de le réveiller en douceur.

Il s'habilla, brossa sa longue chevelure et prit un petit déjeuner assez léger. Il n'avait pas très faim.

Il remarqua que son frère avait oublié ses clés. Ce n'était pas la première fois. Dans ces cas-là, Kanon rejoignait son jumeau à son cabinet pour les reprendre car Saga emportait le trousseau avec lui.

Il rangea ses dossiers dans sa mallette, prit les deux trousseaux de clés, le sien et celui de son frère, prit sa veste et ferma la porte derrière lui.

Il monta dans sa voiture et prit le chemin de son cabinet psychiatrique qui se trouvait non loin du centre ville.

Il se gara et entra. Sa secrétaire, une petite brune, était déjà arrivée.

" Bonjour Madame Haishiki, " fit-il aimablement.

" Bonjour Docteur. Euh, je viens de recevoir un appel de Monsieur Linoss ! Il a été obligé de décommander pour ce matin. Je lui ai redonné rendez-vous, pour vendredi à 11h30. "

" Très bien, merci. J'ai donc un trou dans mes consultations ce matin ? "

" Oui à 10h30 Docteur. "

" Bien, faites entrez le premier patient je vous prie. "

" Tout de suite. "

Saga entra dans son bureau, se mit à l'aise, sortit ses dossiers et se prépara pour sa première consultation de la matinée.

*****

La douche lui fit du bien.

Camus resta un moment sous le jet d'eau froide sans bouger.

Ce qu'il avait vécu depuis son retour au Japon lui semblait irréel. Peut-être le difficile retour à la civilisation. Il sécha ses cheveux et écouta ses messages sur le répondeur.

Encore Ren qui lui proposait de les rejoindre. Il repensa alors à la promesse qu'il avait faite à Stevenson.

En soupirant, il chercha un annuaire. Sans se soucier de l'adresse ou de la spécialité, il composa le premier numéro de la liste de noms de psychiatres classés par ordre alphabétique : Altaïr.

" Allo ? "

" Cabinet du Docteur Altaïr bonjour, c'est pour un rendez-vous ? " fit la secrétaire au bout du fil.

" Oui "

" Etes-vous déjà un patient du docteur Altaïr? "

" Non "

" Est-ce que c'est une urgence? "

" Une urgence? " demanda Camus en souriant.

Bon, bien sûr il n'allait pas se jeter par la fenêtre d'ici une heure mais tout de même!

" Une urgence, non, mais j'espère que je pourrai avoir un rendez-vous assez rapidement. "

" Je peux vous proposer dans une demi-heure ou... dans un mois! "

" Un mois? "

Camus n'avait pas prévu de s'y rendre le matin même, mais attendre un mois…

" 10h 30, alors "

" D'accord ! Quel est votre nom ? "

" Camus. C.A.M.U.S. " épela le géologue

" Très bien! A tout à l'heure, monsieur! "

Camus raccrocha et inspira profondément. Il avait une petite appréhension. Il n'avait jamais eu à faire à un psy de sa vie.

Et ce matin, il se sentait déjà tellement perturbé...

" Justement! C'est le bon moment! " se dit-il.

Il termina de se sécher les cheveux, et descendit à la réception où il fit appeler un taxi.

Le cabinet du docteur Altaïr se trouvait assez loin de l'hôtel. Pendant le trajet, il tenta de réfléchir à ce qu'il allait dire.

Il arriva au cabinet.

" Bonjour. " fit la secrétaire en voyant entrer Camus. " Vous êtes le monsieur que j'ai eu tout à l'heure au téléphone je suppose, " reprit-elle en remarquant que c'était la première fois qu'elle voyait cet homme dans le cabinet." Monsieur Altaïr sera à vous dans une minute ; la salle d'attente est sur votre gauche. "

Saga était en pleine consultation mais évidemment il surveillait l'heure pour ne pas déborder sur ses horaires.

Camus s'assit sur un siège. Heureusement, il n'y avait personne d'autre dans la salle d'attente. Il n'avait pas envie de croiser quelqu'un. Il prit une revue au hasard et la reposa immédiatement en tombant sur un article sur 'Les masques'.

Il se prit la tête entre les mains.

Soudain, une porte sur la droite, donnant sur le bureau du psychiatre, s'ouvrit pour laisser passer un patient qui sortit du cabinet.

Saga resta dans l'encadrement de la porte et regardait une petite fiche où devaient être notés ses rendez-vous.

" Monsieur... Camus ? " appela-t-il en levant la tête et en parcourant la salle d'attente des yeux.

" Vous pouvez entrer. " ajouta-t-il en voyant un homme aux cheveux verts, le visage caché entre ses mains.

Camus, Camus... Pourquoi ce nom lui disait-il quelque chose ? Boh aucune importance pour le moment.

Camus releva la tête et fut surpris de découvrir un homme jeune, aux longs cheveux bleus. Il s'attendait plutôt à trouver quelqu'un de plus âgé et à l'allure plus austère. Mais l'homme avait un air doux, Camus se sentit immédiatement en confiance et le suivit.

Il serait sans doute plus facile de se confier à quelqu'un comme lui, qui lui était d'emblée sympathique.

En voyant le visage de cet homme, Saga eut une drôle d'impression. Peut-être dû au fait qu'il n'avait pas l'habitude de voir ce genre de patient dans son cabinet ?

En effet, le dénommé Camus semblait calme et distingué, maître de lui-même. Mais bon, s'il venait le voir, c'était bien parce qu'il y avait un hic quelque part !

Saga referma la porte derrière eux.

" Je vous en prie, asseyez-vous, " dit-il en souriant.

Lui-même prit place dans un fauteuil en face de son nouveau patient.

Première séance donc entrée en matière. Il fallait d'abord que Saga détermine si son patient avait besoin d'une psychothérapie ou d'une psychanalyse.

" Bien, " fit-il en plongeant son doux regard dans celui de son vis-à-vis.

" Alors dites-moi. Qu'est-ce qui vous amène Camus ? C'est la première fois que vous consultez un psychiatre ? "

" Oui. C'est la première fois. "

Camus inspira profondément.

" Tout allait à peu près bien dans ma vie jusqu'à ces derniers mois. C'est sur le conseil d'amis que je suis venu vous trouver. Je n'ai plus goût à mon travail, à sortir… "

Il fut lui même étonné, lui qui n'était pas un grand communiquant, de voir avec quelle facilité les mots sortaient de sa bouche.

" Je vois... Vous avez du mal à communiquer avec le monde et les personnes qui vous entourent ? Vous avez l'impression de vous isoler ? " demanda Saga d'une voix apaisante et calme en prenant son carnet de notes.

" A communiquer certaines de mes émotions, actuellement, oui "

Saga lui sourit.

" Eh bien nous allons tâcher de faire passer ces émotions. Vous êtes là pour ça. Essayez de ne pas réfléchir, racontez-moi simplement ce que vous ressentez. Ici vous n'aurez pas à vous justifier et vous ne serez pas jugé... Vous devez avant tout comprendre le sens de vos émotions, c'est pour cela que vous ne devez pas avoir peur de m'en parler. Un blocage s'est peut-être effectué au niveau de vos propres liens avec ces émotions, c'est pourquoi vous ne voulez pas les communiquer à votre entourage. "

" Je me sens…. Déboussolé. Parfois, j'agis de telle manière que je ne me reconnais plus. Et puis… "

Camus hésita un moment avant de continuer. S'il lui confiait cela, le Dr Altaïr risquait peut-être de le faire interner. Il leva les yeux vers lui et le regard doux du docteur le rassura. Il reprit :

" En fait, j'ai traversé des moments difficiles. J'ai eu un choc. Un de mes amis est mort et à partir de là… "

Non, il fallait qu'il s'explique mieux, sinon il le prendrait réellement pour un fou :

" J'ai fait parti d'une expédition dans les montagnes himalayennes. L'expédition ne s'est pas déroulée tout à fait comme prévu. Nous avons beaucoup souffert. Du froid surtout et de la fatigue. Après la perte de notre collègue, beaucoup se sont mis à dérailler. A cause de la fatigue, notamment. Et c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à avoir des hallucinations. Les autres aussi, d'ailleurs. On dit souvent que ce genre de phénomène est lié à l'altitude. Mais contrairement aux autres, je me souviens précisément de ce que j'ai vu et j'y repense souvent. "

" Et qu'avez-vous vu ? " demanda Saga en prenant quelques notes sur son calepin.

Voyant que son patient hésitait il dit doucement :

" Je ne suis pas là pour vous juger Camus, je suis là pour vous apporter mon soutien et mon aide. "

Ces paroles rassurèrent Camus

" Je voyais un visage inconnu, un homme jeune, pris dans la glace. Dès que le soleil jouait dans les glaciers, j'avais ces visions, je voyais ce visage, ces mèches blondes. Rien de tellement effrayant, mais sans arrêt la même image. Les autres voyaient plutôt des Yetis ou des gouffres. "

" Etes-vous sûr de ne pas connaître ce visage ? Vous ne voyez aucun lien avec votre vécu ? Peut-être fait-il partie d'un passé douloureux que vous avez pris soin d'effacer de votre mémoire ? "

" Je ne sais pas ! J'y ai souvent réfléchi mais je n'ai jamais réussi à mettre de nom sur ce visage ! Mais ces derniers temps, ça m'est aussi arrivé de rencontrer des gens que j'étais persuadé de connaître alors qu'apparemment, ce n'était pas le cas. "

Camus pensait surtout à Death en disant cela et il ne put s'empêcher de baisser la tête et de rougir.

Saga se raidit à cette remarque. Son frère lui avait tenu à peu près les mêmes propos la veille au soir lorsqu'il était allé dans un bar... Et lui-même en observant Camus avait de plus en plus l'impression de l'avoir toujours connu... C'était parfaitement stupide bien sûr... Mais sa présence lui était comme familière... Et pourquoi ce nom lui paraissait tellement familier lui aussi ?!

Camus... Camus...

" Camus ... Vous n'êtes pas la première personne à me dire cela... " fit-il songeur.

Soudain Saga eut l'idée de lui poser une question.

" Est-ce que vous faites des rêves étranges et flous fréquemment ?! "

" Non. Je rêve très peu de manière générale. "

***

Milo qui s'était laissé tomber comme une masse sur son lit après avoir quitté Shaka, fut réveillé par Scarlett.

Dieu que la nuit avait été courte, il se passa la main sur le visage et se leva, il était 10h45. Il espérait qu'on lui servirait encore un ptit dèj au resto car il avait une faim de loup, d'ailleurs celui -ci ferait office de repas du midi vu l'heure avancée de la matinée.

Il prit une douche et s'habilla d'un pantalon noir en cuir, d'un t-shirt rouge moulant et une paire de Doc noires. Ses chevaux encore mouillés auréolaient son visage de boucles folles, son regard bleu était encore embrumé par le sommeil.

Il remit Scarlett dans sa cage,

un rat au resto ça le ferait sûrement pas...

Il prit l'ascenseur et s'installa à une table. Un serveur s'approcha.

" Qu'est ce que vous prendrez Mr ? "

Milo inspecta la carte.

" Un jus d'orange, café, œufs au bacon et toasts beurrés, merci. "

Il mangea rapidement, remonta chercher Scarlett et se dirigea ensuite vers la salon (coté fumeur) à l'entrée de l'hôtel, il y avait pas mal de monde et la Tv était allumée, ça passerai le tps en attendant 12h que le dit Shaka fasse son apparition.

Ce type l'intriguait vraiment, tout autant que les autres la veille au soir dans le bar. Assis dans un fauteuil, il alluma une cigarette.

***

Le jeune homme ouvrit doucement les yeux sur un espace crampé couleur crème.

" Encore ce rêve… "

Declan ferma les yeux pour tenter de rassembler ses pensées. Trois jours de suite qu'il rêvait de cette cascade...

C'était pour le moins étrange !

Il n'avait jamais vu de sa vie une cascade si imposante...

" Ah, vous êtes réveillé... "

Il tourna brusquement la tête pour remarquer son voisin qui lui souriait d'un air affable.

" Vous avez dormi plusieurs heures... Nous sommes presque arrivés a destination ! "

Declan grommela une plainte en tentant de s'étirer sans rouer sa voisine de devant de coups de pieds, ce qui n'était pas évident dans un espace aussi confiné.

Puis, il adressa à son voisin un sourire reconnaissant.

" Merci ...J'ai dû m'assoupir ... "

" Même plus que ça ! L'hôtesse est passée tout à l'heure avec les plateaux-repas, vous avez peut-être faim ? "

" Vous avez raison, je n'ai pas mangé depuis plusieurs heures... "

Il ouvrit le mince paquet et esquissa un sourire gêné avant de faire un signe à l'hôtesse.

" Excusez-moi, mais, euh... J'ai une allergie sévère au riz, auriez-vous quelque chose de... ? "

L'hôtesse sourit avant de s'éclipser. Un touriste allergique au riz qui se rendait au Japon, elle ne voyait pas ça tous les jours ...

" Sans blague ! Vous êtes allergique au riz ? "

" Oui, depuis l'enfance... On n'a jamais su pourquoi. "

" C'est peut-être le Destin... " répliqua-t-il avec un petit rire. " Mais nous ne nous sommes pas présentés ! Moi, c'est Benvenutto Andolini, monsieur... "

" Fairchild. Mais appelez-moi Declan, ca me ferait plaisir ... "

Plusieurs personnes avaient déjà dit à Declan qu'il portait bien son nom. Fair Child – le bel enfant, ou plutôt, comme avaient dit quelques unes de ses connaissances féminines pour le taquiner, le beau gosse.

Outre un physique plutôt athlétique forgé par les arts martiaux, Declan avait les cheveux d'un auburn vif et de grands yeux d'un gris surprenant qui lui donnaient l'air d'un homme qui riait souvent.

" Encore heureux, sinon le boulot aurait raison de moi ... "

"Fairchild" travaillait dans une maison de correction pour adolescents "difficiles". Vu la série de délinquants, de voyous, de caïds, de coupables, d'innocents et de gosses mal dans leur peau qui défilaient dans son bureau jour après jour, il essayait tant que possible de mériter son nom, qui signifiait aussi "l'enfant juste".

" C'est la première fois que vous venez a Tokyo ? "

" Oui, je suis en vacances ... Ca change de l'Amérique, et puis l'Asie est un continent qui m'intéresse depuis toujours ... "

***

Un rayon de soleil réussit l'exploit de passer une muraille constituée de tentures emmêlées avant de tomber sur une forme enfouie sous des draps blancs à petites fleurs roses. Suivant lentement, les courbes du corps immobile jusqu'au nez sur lequel il se posa. Ce dernier se fronça et le dormeur grommela quelques mots, tentant en vain de chasser l'intrus de la main. Il finit par éternuer et à se résoudre à ouvrir un oeil. Oeil qui se posa presque naturellement sur le petit réveil qui indiquait – " 11h55 ".

Shaka grogna.

Il était trop tôt…

Ou plutôt...

" J'chuisenretaaaaaaard ! " brama-t-il en se rappelant le rendez-vous convenu avec Milo.

Passant la tête sous le robinet, il s'habilla rapidement avant de se brosser les dents dans l'espoir de chasser le cadavre qui avait décidé d'élire domicile dans sa bouche.

Il allait être en retard!

L'haleine un peu plus fraîche qu'au réveil, il sortit en trombe, courant jusqu'à l'hôtel du grec...

*****

" Monsieur, il faudrait peut-être attendre, l'arrivée d'un géologue, non ? Le terrain est instable... "

" Ne dites donc pas de bêtises ! il suffit de soulever une simple dalle ! Ouvriers enlevez donc cette gravure, " aboya l'homme en désignant l'étrange ornement qui fermait l'entrée de la crypte.

" On dirait un sceau... "

" He bien, vous l'étudierez mieux dans votre labo, Monsieur Sicheki! "

Le jeune homme brun soupira.

Il avait espéré que Ren arrive avec des "renforts" avant de commencer les fouilles proprement dites mais l'université lui avait imposé un promoteur et il était bien obligé de suivre les ordres.

***

Assis, en face de sa fenêtre, au plus haut étage, de la plus haute tour, au centre de Tokyo, l'homme sourit.

Tout était prêt...

Le retour de ses maîtres était proche.

***

Ren jeta un regard à Mu, à côté de lui et sourit de le voir dormir.

Il aurait aimé que Camus les accompagne mais il n'était pas à l'aéroport

Il lui avait laissé à tout hasard les coordonnées du site, espérant que le géologue change d'avis.

Le voyage en hélicoptère avait capté toute l'attention du jeune homme mais lorsque les deux jeunes gens avaient embarqué dans la jeep mise à leur disposition, l'étudiant aux beaux-arts avait rapidement sombré dans un sommeil réparateur.

Soudain, un choc ébranla le véhicule, l'obligeant à sortir de la route et à freiner à quelques mètres à peine d'une falaise.

" Qu'est-ce que s'était? " souffla Mu à présent réveillé et les yeux écarquillés.

***

Dans une clairière, non loin, il ne restait plus grand chose de la troupe d'archéologue.

Seul un ouvrier se traînait péniblement, tentant frénétiquement de s'éloigner.

Un petit tiraillement sur sa jambe lui fit tourner la tête, avant de hurler et hurler et hurler...

***

" Il va pleuvoir, tu as vu le ciel? " fit Ren.

" La mer se gonfle aussi, " l'informa Mu qui se tenait près de la falaise.

Les deux garçons étaient sortis de la voiture, pour constater les dégâts.

L'aile du véhicule était enfoncée comme si quelque chose avait donné dedans à toute vitesse...

Un gros quelque chose...

Mais dehors, nulle trace d'un animal ou d'un projectile.

" Tu crois que la Jeep va pouvoir démarrer? " cria Mu comme le vent se levait.

Un mouvement à la périphérie de sa vision le fit se retourner.

Rien...

Un choc contre son dos, le projeta à terre, manquant le faire basculer dans le vide avant qu'une ligne de feu ne lui barre les omoplates, rapidement suivie d'autres tandis qu'il se tortillait pour échapper à la bête fauve qui lui grognait à l'oreille en s'acharnant sur son dos.

-" Mu ! "

Ren avait juste eu le temps de se retourner pour voir une masse sombre sauter sur son ami et d'entendre ses premiers cris de douleur.

Se précipitant sans réfléchir, il fonça, emboutissant la... la chose, sans pour autant la faire bouger.

Ce fut un craquement de mauvais augure qui l'avertit qu'une bande de la falaise cédait avant qu'il ne saisisse les jambes de son ami et ne le tire en arrière comme la… bête ? basculait dans le vide.

Tenant l'étudiant contre lui, Ren secoua la tête.

" Qu'est-ce que c'était ? Tu peux marcher ? Montre-moi ton dos, " souffla-t-il inquiet en voyant ses mains et les vêtements de Mu se teinter de sang.

" Qu'est-ce que c'était ? " répéta simplement l'adolescent d'une voix tremblante, choquée et les yeux écarquillé.

Avant que le brun ne puisse répondre, un long hurlement s'éleva de la forêt s'étendant à quelques kilomètres de là!

" On retourne à Tokyo ", répliqua simplement Ren en l'aidant à se relever.

***

Le temps de midi arrivait pour tout les employés de Tokyo.

Les ouvriers prenaient leur repas tandis que les lycéens sortaient de leurs classes en groupe pour prendre un sandwich.

Au loin, un hélicoptère rapatriait deux jeunes gens terrifiés tandis que l'armée se déployait sur une petite île.

Une explosion se fit soudain entendre, soufflant un immeuble et les habitations autour, suivie de nombreuses autres, soulevant un nuage de poussières sur le centre de Tokyo. Des corps jonchant les rues, des voitures et des camions renversés sur le côté, des vitrines éventrées, la ville semblait être un paysage sorti d'une peinture apocalyptique à laquelle s'ajoutait les cris des blessés, les sirènes des ambulances et les pleurs des enfants rescapés d'une promenade ayant tourné au drame.

Pendant presque une demi heure, les choses semblèrent se tasser, les incendies maîtrisés avant que le ciel ne se couvre et la terre ne se mette à trembler. D'autres bâtiments s'écroulèrent ajoutant à la confusion tandis qu'une cohorte d'hélicoptères approchaient, suivis d'une masse sombre et grouillante masquant le ciel déjà presque noir.

***

Pressé entre deux militaires, Mu ne pouvait s'empêcher de jeter de fréquents coups d'œil aux créatures qui semblaient gagner du terrain malgré les tirs désespérés des soldats. Son dos lui faisait souffrir le martyr mais personne n'avait eu le temps d'y jeter un coup d'œil...

Il y avait des choses plus urgentes comme... sauver leurs vies. En face de lui, Ren s'était enfermé dans un mutisme angoissé ne pouvant s'empêcher de penser à son frère...

Qu'était-il devenu ?

Il se refusait à envisager le pire. Kento leur avait échappé... il le devait...

" Nous arrivons à Tokyo ! " signala un sergent près de lui.

Il releva les yeux et fronça les sourcils devant la pâleur de son ami. Il avait besoin de soins urgents!

Un cri inhumain retentit soudain avant qu'un choc ne secoue l'appareil.

" Y en a un qui s'est coincé dans les palles! " brama le pilote en tentant de contrôler la chute de l'appareil.

Le sol se rapprochait inexorablement.

Pétrifié, Mu ne réagit pas lorsqu'un soldat le souleva et le lança à Ren avant de saisir l'étudiant en archéologie.

" Faut sauter ! " leur cria-t-il à l'oreille avant de les précipiter dans le vide.

La chute fut brève, à peine deux mètres tandis qu'une explosion indiquait la fin de l'hélicoptère.

***

La petite fille pleurait. Où était sa maman ?

Elle l'avait perdu quand les gens avaient commencé à courir partout et maintenant, elle était perdue. Reniflant sous le ciel noir, elle fut l'une des première à voir la masse grouillante de créatures s'abattre sur la ville. L'une d'elles atterrit devant elle et l'enfant put voir son museau simiesque, ses ailes membraneuses, ses crocs menaçants et surtout ses griffes avant qu'il ne se jette sur elle.

***

Trempé et meurtri, Mu ouvrit les yeux avec pour seul souhait de les refermer et de plonger à nouveau dans l'inconscience.

Le moindre mouvement tiraillait son dos, lui arrachant à chaque fois un cri de douleur.

La peur l'avait plus ou moins anesthésié mais à présent…

Serrant les dents, il se mit à genoux, grognant comme son poignet gauche l'élançait.

Heureusement, il était droitier, pensa-t-il distraitement.

La ville autour de lui semblait avoir été la cible d'un bombardement et…

Le souffle coupé, il se plia en deux, momentanément insensible à la douleur, l'esprit empli de pensées sauvages, cruelles et affamées.

Luttant tant bien que mal, il les repoussa à la limite de sa conscience avant d'haleter comme son dos protestait violemment.

Il devait… s'éloigner…

Où était Ren ?

Il le vit non loin de lui mais ne bougea pas pour autant ne pouvant détacher son regard de la lourde plaque de fer, éjectée de la carcasse de l'hélicoptère par l'impact qui l'avait littéralement coupé en deux.

Un tiraillement à la base de son esprit l'avertit d'une présence s'approchant…

Une présence menaçante…

Il devait fuir.

Se relevant, il fit quelques pas dans la direction opposée avant de vaciller et de tomber à genoux, aveuglé par les larmes de douleur qui s'accumulaient sous ses paupières mi-closes.

Il devait partir d'ici !

Se redressant à nouveau, il réussit à atteindre le coin de la rue et se tenant au mur, s'éloigna un peu plus rapidement, inconscient de la traînée de sang qu'il laissait derrière lui.

A suivre