A/N : Merci, merci, mille fois merci pour toutes les reviews ! A chaque fois, ça me donne du punch pour continuer ! Mais ne vous sentez pas obligés non plus !
Chapitre spécialement dédicacé à tous ceux qui trouvent Lily sadique…
Lorsque Sirius déboula dans la cuisine avec sa lettre à la main, tout le monde était réveillé. Il eut le temps de remarquer un dernier hibou qui s'envolait par la fenêtre et les quelques parchemins qui s'étalaient sur la table du petit déjeuner. James avait eu droit à une véritable rafale de courrier, et il disparaissait maintenant derrière un petit monticule de rouleaux de parchemins. Remus et Lily avaient eux aussi un certain amas de lettres. Le loup-garou, pas encore réveillé, les regardait avec un air désorienté. Patmol pouvait voir aussi, à la place où il s'asseyait d'habitude, quelques autres lettres. La chouette lapone devait avoir transmis le message, il ne les avait pas reçues en main propre, songea-t-il avec amusement.
- N'ouvrez pas ! prévint-il en brandissant son propre courrier d'un geste théâtral. C'est le travail qui essaie de nous attaquer dans notre havre de paix et de vacances !
Lily leva des yeux rieurs sur lui.
- On l'aurait deviné, dit-elle en désignant la pile de parchemins devant James.
Remus ouvrit encore des yeux plus étonnés vers ses propres offres d'emploi, tandis que Sirius s'emparait d'un des rouleaux de parchemin de James. Il en observa le sceau en sifflant d'admiration.
- Les Faucons de Falmouth ! Voyez-vous ça ! C'est la grande classe ! Et regardez ! Les Flèches d'Appleby, les Catapultes, les Tornades, les Frelons… wow, mon petit doigt me dit que tu vas faire une grande carrière de Médicomage, Jamesie boy ! Hey ! Même les Canons ! Ils ont beaucoup d'espoir !
Peter leva les yeux de la demi-douzaine de lettres qu'il avait reçues, à son suprême étonnement, et jeta un mauvais regard à Sirius.
- C'est une très bonne équipe, les Canons !
Les autres se retinrent tout juste de lever les yeux au ciel. De toute façon, quand le Quidditch s'introduisait dans une de leur conversation et que l'honneur de Gryffondor n'était pas en jeu, ils ne cessaient de se disputer. Bientôt, Sirius était à genoux devant James, les bras levés vers lui dans un geste dramatique.
- James, par pitié, tu réaliserais le plus profond de mes désirs si…
- Non, ce n'est pas la peine d'y penser, Sirius, répondit James en portant le dos de sa main à son front avec un air désolé. Jamais je ne jouerais pour les Catapultes. Il va falloir t'y résigner.
- Trahison !
- Comprends-moi, ô mon ami, le Club de Flaquemare sera toujours le meilleur de la Ligue. Voudrais-tu que je trahisse mes croyances pour ton amitié ?
- On dirait de mauvais acteurs de série B, interrompit Lily en grimaçant. Laissez tomber, ajouta-t-elle en voyant les regards qu'ils lui lançaient. De toute façon, tu n'as pas reçu de lettre du Club de Flaquemare, si ?
Le teint bronzé de James prit soudain une nuance verdâtre et il se mit à fourrager dans les rouleaux avec une expression proche de la panique.
- Elle doit bien être quelque part ! gémit-il. Oh tiens, le ministère ? Qu'est-ce qu'ils me veulent ? Aucune importance… Les Vagabonds de Wigtown ? Un peu sanglant à mon goût… Hein ? Les Météorites d'Orignal-la-Mâchoire ? Mais c'est au Canada ! Je vais tout de même pas m'expatrier ! Ah, voilà ! Le Club de Flaquemare !
Il brandit un rouleau de parchemin fermé d'un sceau de cire bleu sombre orné d'un motif de joncs.
- Pour ce que tu en sais, dit Sirius en se dirigeant vers l'évier, ils pourraient aussi bien te demander de balayer les vestiaires !
- Moi ? Le Grand James Potter, balayer les vestiaires ?
- Sa Majesté nettoyer les vestiaires ! continua Sirius en commençant la vaisselle. Vrai, je voudrais bien voir ça…
- Pour être honnête, je serais bien heureux avec une place dans l'équipe de remplacement…
- Il n'y a qu'une manière de le savoir, dit Remus en faisant un mouvement de tête vers la lettre encore scellée.
James haussa les épaules et repoussa les parchemins devant lui pour accéder à son verre de jus d'orange.
- On est en vacances ! Vous faites ce que vous voulez, mais je n'ouvrirais pas mon courrier avant la fin des vacances. Sauf s'il s'agit de ma famille.
- Je vote en faveur de sa seigneurie James, dit Remus avant de lever le regard pour la première fois ce matin.
Ses yeux se posèrent sur le dos de Sirius qui était penché au-dessus de l'évier, les mains couvertes de mousse. Il sentit sa mâchoire se décrocher lentement, et tous les autres suivirent son regard. Lily poussa un petit cri.
- Sirius ? Tu es malade ?
L'intéressé tourna de grands yeux étonnés vers eux.
- Non, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Tu as été transformé dans la nuit, répondit Remus sans cesser de le fixer. Tu es devenu un parfait petit homme de maison ! La cuisine, et maintenant la vaisselle ! Non, tu n'es pas Sirius ! Avoue, qui es-tu ?
Sirius commença par rougir avant d'éclater de rire.
- Je n'avais pas pensé… enfin, c'est pas si terrible que ça, à la manière Moldue… juste… terriblement long et fatigant… Je passe la main à qui la veut !
- Dieu, qu'il est reposant, cet homme, quand il arrête de penser, soupira Lily.
James fit une moue déçue.
- Toi, tu es reposant tout le temps, mon chéri, ajouta-t-elle.
- Chouchou de la patronne, murmura Remus avant de se cacher derrière sa tasse avec un air très innocent.
Lily et James firent un point d'honneur à ignorer les ricanements des autres.
Le repas fini, vaisselle faite et rangée par Sirius (au grand étonnement général), ils rassemblèrent leur courrier et s'en allèrent le fourrer au fond de leurs valises. Après quoi Sirius s'écroula dans un des fauteuils du salon en gémissant d'une manière pitoyable et feinte.
- J'ai fait ma part de travail, geignit-il en posant les pieds sur la table basse. Je suis épuisé, je ne peux plus rien faire !
- Oh, mais tu vas bien devoir t'y mettre, répondit James en le tirant par une oreille pour le remettre sur ses pieds. C'est jour de ménage, aujourd'hui !
Patmol grogna juste assez fort pour être entendu de James seulement. Lily passa dans le hall avec un sac à dos.
- Je fais faire des provisions, annonça-t-elle à la ronde. Je reviens dans quelques heures, commencez à manger sans moi !
- Lily, protesta James. Ce serait bien plus rapide en transplanant ! Pourquoi perdre deux heures à faire l'aller-retour à vélo au village le plus proche alors que tu peux y être en moins d'une seconde ?
Une fois de plus, la jeune fille ignora complètement ce qui était une tentative de plus pour la faire craquer. Tentative faible compte tenu de ce dont étaient capables les Maraudeurs, mais même celles-ci commençaient à avoir du poids considérant que Lily elle-même commençait à ressentir le fardeau de ne pas utiliser la magie. Il lui devenait de plus en plus difficile de se rappeler pourquoi elle ne voulait pas permettre à ses amis (et à elle-même) de récupérer leurs baguettes.
Elle haussa donc les épaules en évitant le regard de James et sortit.
C'était vrai, après tout, réfléchit-elle en se saisissant de son vélo. Transplaner, et elle serait au village dans la seconde. Elle n'aurait pas non plus à transporter un sac entier de provisions pour cinq adolescents affamés sur tous ces kilomètres.
Elle enfourcha la bicyclette et donna un coup de pédale rageur. Il devenait de plus en plus difficile de ne pas résister à la tentation.
Du moins, songea-t-elle sur le chemin du retour, alors que les lanières du sac entraient dans la chair de ses épaules, elle pourrait sans doute obtenir de James qu'il lui masse son dos douloureux au retour… Cela valait presque le long voyage jusqu'au village. Presque, se répéta-t-elle en pédalant presque à vide et manquant de tomber dans un banc de sable, en travers de la route, qu'elle n'avait pas vu.
Pendant ce temps, à la villa, les quatre maraudeurs s'affairaient au ménage tout en discutant – encore – du moyen de faire craquer Lily.
- Elle est en train de craquer toute seule, assura Remus en faisant la poussière sur une étagère. Je crois que la magie lui manque encore plus qu'à nous…
- Je n'en doute pas, acquiesça Sirius en passant la serpillière dans le hall d'entrée. Je l'ai vu regarder la théière pendant trois bonnes minutes, ce matin, avant qu'elle ne se décide à se lever pour la chercher. Mais il reste qu'elle ne craque pas assez vite à mon goût. Et ce serait indigne de nous qu'après tout ce temps à essayer de la faire fléchir, elle craque toute seule, sans l'aide de personne !
- On ne va nulle part avec nos insinuations, confirma James, qui nettoyait les vitres. Elle a trop de volonté pour ça. Il faut utiliser des moyens plus directs.
- On pourrait aller voir dans sa chambre, proposa Peter, de l'autre côté de la fenêtre, en train d'étendre le linge fraîchement lavé. Maintenant qu'elle n'est pas là, on a tout le temps de trouver les baguettes.
- Elle est trop intelligente, dit Sirius. Elle les aura emportées avec elle, ou cachées dans un coin qu'on ne découvrira jamais, encore moins sans Charme de Repérage.
- Ou alors on lui prend ses offres d'emploi et on ne les lui rend qu'en échange des baguettes, continua Peter sans se démonter.
- Oui, sauf qu'elle ne sera pas intéressée par ses offres d'emploi avant la fin des vacances, grogna Remus. Coïncidence : elle nous rendra justement nos baguettes à la fin des vacances ! Et c'est encore dans un mois !
- En plus, c'est mesquin de prendre des otages.
Sirius avait parlé avec un ton enfantin, mais un air machiavélique qui fit lever les yeux à ses amis. Ses yeux brillaient comme toujours lorsqu'il avait une idée qui lui semblait géniale – et qui, dans environ la moitié des cas, faisait l'unanimité des Maraudeurs.
- Sors-nous ton idée, dit James en lui jetant un torchon. Qu'on puisse voir si elle en vaut le coup.
- D'accord, acquiesça Sirius après une légère hésitation. Mais je tiens à dire d'abord que c'est James qui fera le gros du travail. Moi, je ne toucherais pas à ça…
Lily revint avec le dos plus endolori encore qu'elle ne l'aurait imaginé. Ses jambes aussi la faisaient souffrir, les ronces du chemin ayant beaucoup poussé depuis la dernière fois qu'elle était venue. Peut-être pourrait-elle initier ses amis à l'art de dégager un chemin forestier, un jour ou l'autre. Le lendemain, par exemple. Superbe idée… soumise au vote… et accueillie à l'unanimité par Lily Evans. On verrait bien ce qu'ils auraient dans le ventre en face des ronces féroces, des terribles orties et des sanguinaires épineux.
Quoiqu'il en soit, elle était en sueur et, pour le moment, la seule chose qui la préoccupait était le chemin qui lui restait à faire jusqu'à la douche apaisante. Elle laissa tomber le vélo contre le mur de la maison, se promettant de le ranger plus tard. Elle passa la porte d'entrée, et se trouva devant une vision hilarante qui lui sortit la douche de l'esprit pendant quelques instants.
Sirius dansait… avec le balai-brosse, retourné pour que la serpillière posée sur l'extrémité fasse une chevelure à son improbable partenaire de danse. Un des vieux disques de rock de Lily jouait dans le fond, et la jeune fille pouvait voir clairement que Sirius n'avait pas la moindre idée de la manière de danser proprement le rock.
- Je devrais t'apprendre à danser, intervint-elle pour faire savoir qu'elle était rentrée, avant que ta cavalière ne finisse par avoir mal à la brosse…
Le jeune sorcier se retourna vers Lily, mais ne cessa pas de danser et de chanter – haut et mal – au rythme endiablé de la chanson. Ce ne fut que lorsque le disque s'arrêta qu'il laissa tomber son balai-brosse et se dirigea vers Lily, lui prenant son sac à dos des mains.
- J'accepterais volontiers tes cours de danse, très chère, mais tu n'as pas l'air en état. Serais-tu passé par les griffes d'un quelconque dragon ?
- Pire ! Mais je raconterais ça plus tard. Pour l'instant, ce qu'il me faut, c'est un bon récurage.
- Tu as de la chance, Remus vient de finir la salle de bains… Laisse-moi ton sac, je vais ranger tes emplettes. Tu nous as acheté quelque chose de bon ? ajouta-t-il en inspectant le contenu du sac. Mmmh, du pain frais ! Tu es une déesse. Si James n'était pas mon ami, je te kidnapperais.
Lily se mit à rire en grimpant l'escalier. Une fois dans sa chambre, cependant, en collectant quelques affaires pour sa douche, elle se mit à avoir des doutes. N'y avait-il pas anguille sous roche si Sirius était d'aussi bonne humeur ? Que pouvait-il bien préparer encore ? Quel mauvais coup allait la rendre si furieuse qu'il se montrait aussi doux et gentil par avance ?
Ne sois pas parano, se morigéna-t-elle toute seule. Ils sont constamment gentils avec tout le monde, tu dois bien leur reconnaître ça.
Sauf peut-être les Serpentard, songea-t-elle en se dirigeant vers la douche. Toutes les plaisanteries qu'ils faisaient avaient bon fond et ne portaient jamais préjudice à personne, sauf lorsqu'il s'agissait des Serpentard. Et ceux-ci le méritaient bien. Non, même en tant que Préfète en chef, elle n'avait jamais trouvé rien à redire aux Maraudeurs… mais c'était occulter beaucoup de choses que de dire ça. Leur histoire d'Animagi n'avait rien de légal, bien que l'intention était si bonne qu'elle n'avait jamais trouvé aucun argument contre ça.
L'eau apaisante coula enfin sur son dos fatigué et chassa toute pensée de sa tête.
Le cri que poussa Lily un peu plus tard s'entendit dans tous les recoins de la maison, et même au-delà. La jeune fille devait plus tard bénir l'absence de voisins.
Mais sur le moment, elle était loin d'être en état de bénir quoique ce soit.
Sirius, de la cuisine, eut juste le temps de se permettre un sourire avant de prendre une parfaite expression effarée et de se précipiter à l'étage, d'où venait le cri, juste à temps pour voir la porte de la salle de bains s'ouvrir.
Lily sortit, enveloppée du rideau de douche, qui, trempé, collait à son corps mince et laissait peu de choses à l'imagination. Les autres Maraudeurs étaient arrivés également, des expressions parfaitement innocentes collées à leurs traits. La jeune sorcière les regarda tour à tour, devenant plus rouge de colère à chaque seconde.
- D'accord, dit-elle d'une voix calme, bien que tremblante de rage déjà, qui a volé mes vêtements ET ma serviette-éponge pendant que j'étais sous la douche ?
Les Maraudeurs se regardèrent, l'air de ne pas comprendre. Cette fois, c'en était trop pour Lily. Oubliées, toutes les pensées qu'elle avait eues peu de temps avant à propos de "ne rien avoir à reprocher aux Maraudeurs". Ils étaient tout simplement une bande de petites pestes nuisibles qui devaient être écrasées sur-le-champ. Elle ne s'aperçut pas vraiment qu'elle cherchait dans sa tête la meilleure des formules pour les envoyer tout droit en enfer, tous autant qu'ils étaient, alors qu'elle disparaissait dans sa chambre.
Dans le couloir, les garçons se regardaient avec un mélange de culpabilité et de satisfaction. Jusqu'au deuxième cri de Lily. Peter ne semblait plus savoir où se mettre, Remus avait l'air d'avoir diminué considérablement en taille, et James et Sirius avaient, à peu de choses près, les mêmes visages que la première fois où ils avaient été convoqués dans le bureau de McGonagall, lors de leur première année.
Lily ressortit de sa chambre, l'air beaucoup plus redoutable, effectivement, que McGonagall elle-même. Ses cheveux auburn semblaient animés d'une vie rageuse, comme un feu rouge sombre accordé à la furie de la jeune sorcière. Ils reculèrent tous d'un pas alors qu'elle commençait à leur hurler dessus à plein poumons.
- JAMES POTTER ! Je me fiche de savoir de qui est cette merveilleuse idée, mais je sais que TU as subtilisé TOUS mes vêtements ! Et j'exige que tu me les rendes immédiatement !
- C'était mon idée, murmura Sirius en regardant attentivement ses chaussures.
- Ca, ça ne m'étonne pas, Sirius Black ! Ce qui m'étonne, c'est que vous deux, continua-t-elle un peu moins fort en désignant Remus et Peter, les ayez laissés faire !
- L'idée n'était peut-être pas la meilleure, commença Peter d'une petite vois, mais le but…
- Et quel était le but ? cria Lily, toujours aussi enflammée. Récupérer vos baguettes ? Parce que vous croyez sérieusement que je vais tomber pour un chantage aussi mesquin ?
Et avant que quiconque ait pu faire un mouvement, elle s'était engouffré dans la chambre la plus proche – celle de Sirius. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour en ressortir vêtue d'un T-shirt blanc avec l'inscription "I love me" et d'un caleçon rouge vif parcouru de petits lions dorés trois fois trop grand pour elle. Elle jeta le rideau de douche au visage de James et s'éloigna à grandes enjambées, répandant de l'eau un peu partout.
- Tu as un beau caleçon, Sirius, commenta James au bout d'un moment.
- Elle m'a pris mon T-shirt préféré, répondit celui-ci, médusé.
- Elle a mis de l'eau partout, gémit Peter. J'avais passé des heures à nettoyer le couloir.
- Et moi la salle de bain, acheva Remus en récupérant le rideau de douche qui avait glissé sur les épaules de James. On ferait aussi bien de se remettre au travail, ou on va la mettre davantage en colère…
Les garçons se séparèrent en silence et retournèrent à leurs tâches respectives.
