Ce fut difficile pour les garçons de faire oublier à Lily l'évènement de la douche. Elle leur fit tous la tête, ce soir-là, même à James. Du coup, James se renfrogna et fit la tête à Sirius. La réunion qu'ils firent dans la chambre de Peter, le soir, était assez tendue.

- Je ne comprends pas comment Sirius peut à chaque fois nous sortir des idées si lumineusement stupides ! s'écria James.

- Hey ! J'aimerais tout de même souligner que vous m'avez tous suivi sur celle-là !

- Que veux-tu ? soupira Remus. Nous sommes jeunes et stupides.

- Ca aurait du fonctionner ! Je ne pensais pas qu'elle trouverait quelque chose pour se couvrir ! Les négociations auraient dû se faire à travers la porte de la salle de bains !

- Alors, c'est ma faute ? renchérit James. J'aurais peut-être dû lui prendre le rideau de douche, aussi, en allant lui prendre ses affaires ? "Excuse-moi, chérie, Sirius fait une blague" !

- Quoiqu'il en soit, elle est fâchée après nous, interrompit Peter avec, pour une fois, une certaine délicatesse.

- Il faudra faire attention où on met les pieds, acquiesça Remus. Quand elle le veut, elle est vraiment digne d'un Maraudeur.

Elle ne donna pas tort à Remus. Le lendemain, lorsqu'ils furent tous réveillés, elle les entraîna débroussailler le chemin, comme elle se l'était promis.

Au bout de la première heure, ils étaient déjà tous en sueur, gémissant, les mains ensanglantés et les bras écorchés par l'incroyable nombre de plantes dans ce fouillis qui comportaient des piquants et autres aiguilles.

Mais Lily fut celle qui souffrit le plus. Sans cesse, elle regrettait de tout son être de ne pas avoir sa baguette. Elle regardait le travail qui leur restait à faire et se visualisait, baguette en main, occupée à débroussailler sans effort et sans douleur.

Ils déjeunèrent d'un repas froid au milieu des ronces, et jamais Lily n'avait été si désireuse d'utiliser un bon Charme de Confort ou un simple Sortilège de Cuisson. Lorsqu'ils eurent enfin fini le travail, en fin d'après-midi, elle fut la première à s'étaler sur la plage, avec pour seule idée celle de se reposer.

Elle se réveilla d'un petit somme alors que le soleil se couchait, projetant une lumière rougeâtre sur la plage. Encore un peu groggy, elle le regarda disparaître dans la mer, spectacle lumineux dont les couleurs s'étendaient du blanc pur et éblouissant au bleu sombre, en passant par les plus magnifiques teintes de doré et de rouge, les couleurs de Gryffondor. Elle eut un léger sourire en repassant dans sa tête les différentes possibilités pour se venger des Maraudeurs. Juste là, elle en avait une excellente. Et elle n'avait pas besoin de magie… bien qu'elle préparerait beaucoup plus vite son coup si elle pouvait prendre sa baguette.

Lily soupira. Elle y mettrait le temps qu'il faudra, mais elle arriverait à les avoir sans magie.

Sirius ne s'en rappela que bien plus tard, mais, lorsque Lily revint de son petit somme sur la plage, elle avait un sourire radieux. Sur le moment, alors qu'il était en train de se faire écraser aux échecs par Remus sous les regards narquois de James et Peter – qui, soit dit en passant, n'auraient pas eu plus de chance que lui… Remus était imbattable aux échecs – il ne le remarqua pas. Ce qu'il remarqua, par contre, c'est qu'elle avait radicalement changé d'attitude, et était plus joviale. Après tout, après leurs efforts de la journée, elle pouvait bien leur avoir pardonné. Ils avaient assez payé pour leurs bêtises… non ?

Le soir, Lily se coucha tôt. Sirius ne l'en blâmait pas. Il venait de perdre sa troisième partie d'échecs contre Remus, et avait laissé James prendre sa place, et c'était à peine s'il pouvait garder les yeux ouverts. Peter dodelinait de la tête dans le siège en face de lui, la bouche entrouverte, Remus baillait sans cesse, sans prêter trop d'attention au jeu – il n'en avait pas besoin : James jouait aux échecs comme il faisait ses devoirs de Divination, au hasard.

Au bout d'un moment, quand il fut évident que James reconnaissait à peine ses pièces de celles de Remus, Sirius se leva brusquement.

- Je crois qu'il est temps d'aller au lit, annonça-t-il. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je tombe de sommeil.

Ses compagnons approuvèrent et se levèrent avec des allures de zombie. Sirius se doutait qu'il ne devait pas valoir mieux, mais se contenta de hausser les épaules et de se diriger docilement vers sa chambre.

En moins de tant qu'il n'en faut pour le dire, il se retrouva près à se mettre au lit, lumières éteintes et volets fermés, et se glissa sous les couvertures. C'était un délice, après une journée pareille, de pouvoir s'allonger et se reposer…

Ses pieds rencontrèrent un corps froid et lisse au fond du lit. Il bondit avec un cri étranglé, tomba du lit sur les fesses et se débattit pour se débarrasser du drap et se lever. Un cri haut perché – celui de Peter, sans doute – se fit entendre, suivi de près par ce qui était, sans erreur possible, la voix de James.

- LILY !

Sirius se précipita pour allumer la lumière et, avec précaution, repoussa les draps de son lit. Une dizaine de petits serpents gris et bruns se tortillaient dans tous les sens. La seule vue lui donnait envie de hurler comme venait de le faire James.

Il sortit dans le couloir, où Peter tremblait de peur contre un mur, et James essayait de le rassurer en jetant des regards meurtriers à Lily, assise contre le mur d'en face, secouée d'un rire silencieux. Remus sortit de sa chambre, les mains remplies de serpents, et, sans commentaire, descendit l'escalier.

- Alors ça, c'était vraiment malin, s'écria Sirius, laissant enfin sa colère s'exprimer. Qu'est-ce qui t'a pris de mettre des serpents dans nos lits ?

Mais Lily riait trop pour répondre. Remus revint, les mains vides, et disparut dans la chambre de Peter, pour en ressortir quelques minutes plus tard, trimbalant sans un mot les reptiles.

- Remus ? demanda James. Qu'est-ce que tu en fais ?

- Je les relâche, répondit celui-ci en haussant les épaules.

- Oh, non ! s'écria Peter. Non, non, non ! Je ne pourrais pas dormir en sachant qu'il y a plein de serpents autour de la maison !

- Ce ne sont pas des serpents, dit enfin Lily. Juste des lézards sans pattes… y'a pas plus inoffensifs que des orvets.

Apparemment, les Maraudeurs ne goûtaient pas la plaisanterie de Lily. Bien sûr, si eux-même avaient fait cette blague à de malheureux Serpentard, ça aurait été très drôle… hilarant, même. Les farces n'avaient pas la même saveur vues de ce côté-là. Une fois assurés que les gros lézards étaient absolument inoffensifs, James et Sirius se débarrassèrent de leurs propres problèmes tous seuls, merci bien. Ce fut une autre affaire avec Peter. Sirius dut lui montrer que ses draps ne contenaient plus le moindre animal à sang froid avant qu'il ne consente à se coucher.

Ce n'en était pas fini des aventures de Sirius Black pour ce soir-là. Quand il rentra dans sa chambre, il ne put s'empêcher, lui aussi, de faire une rapide inspection de ses draps. Pas sans raison, en fait, car il rencontra, en plein milieu du lit, la plus énorme des araignées qu'il avait jamais vues. C'en était un peu trop pour la journée, mais il se força à respirer profondément. La seule chose que voulait Lily, c'était qu'il pique une crise. Il n'allait tout de même pas lui faire ce plaisir. Mais si elle voulait la guerre, elle finirait par l'avoir.

Le plus calmement du monde, il prit une boîte, parvint à y coincer l'araignée, et flanqua boîte et araignée par la fenêtre avant de fermer solidement les volets.

Maintenant il pouvait dormir tranquille…

De l'autre côté de la porte, quatre respirations étaient suspendues, huit oreilles étaient attentives au moindre mouvement à l'intérieur de la chambre et, quand le raie de lumière sous la porte disparut, huit yeux échangèrent des regards déçus et étonnés.

- Vous croyez qu'il n'a pas vu ni senti l'araignée ? demanda Lily Evans à voix basse, encore un peu rouge du fou rire qu'elle avait eu plus tôt.

- Ca m'étonnerait, décréta Remus. Je pense plutôt qu'il s'en est débarrassé sans vouloir faire de vagues. Ca nous aurait fait trop plaisir, conclut-il avec un grognement déçu.

Tous acquiescèrent et se dirigèrent vers leurs chambres respectives sur la pointe des pieds.

A/N : Ok, alors, désolée que ça m'aie pris autant de temps pour updater. J'ai une idée précise d'où je veux mener l'histoire, mais pas de ce qui va m'y conduire… Enfin… Ah oui ! Si vous pouviez vous dépêcher de lire l'expression "lumineusement stupide", c'en est une que j'ai emprunté à Fred et George et j'aimerais la leur rendre au plus vite, merci !