C'était un bon matin, pour Sirius. Pas de réveil intempestif, pas de cours où se rendre, pas d'obligations… c'était bon d'être en vacances. En plus, il était confortablement roulé en boule sur une couverture, à se réveiller lentement, lascivement…

Il bailla longuement et s'étira, puis décida de se gratter l'oreille avec une patte arrière… et il se réveilla complètement, surpris. Il avait passé la nuit sous sa forme canine ??

Tous les souvenirs de la veille lui revinrent d'un coup, et il grogna. A quoi avaient songé les autres pour le traiter comme ça ? Il devait sûrement y avoir une raison…

Il se transforma. Patmol pouvait dormir sans crainte de se laisser surprendre, avec son ouie et son odorat hors du commun, mais ce n'était pas une solution pour affronter la journée.

Il allait demander à ses amis à quoi avait rimé la journée de la veille… et s'ils ne répondaient pas, alors… alors ils auraient à affronter le pire des Maraudeurs qu'ils n'avaient jamais imaginé. Bien sûr, s'il avait eu sa baguette, ça aurait grandement facilité les choses pour lui.

Il sortit en trombe, ignorant le soleil qui lui faisait mal aux yeux, et descendit à tâtons vers la cuisine. Ce fut seulement alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la cuisine qu'il s'arrêta. Tout était silencieux dans la maison. Aucune voix ne lui parvenait de la cuisine, ni rien qui put indiquer que quelqu'un d'autre que lui était levé. Le soleil était haut, pourtant… où était Remus, lui qui se levait toujours très tôt ? Et James ?

Il remonta en douceur à l'étage. Aucune lumière ne filtrait sous les portes de ses amis… ils n'avaient pas ouvert leurs volets. Qu'est-ce qui leur prenait ? Est-ce qu'ils s'étaient couché tard, hier soir ? Pour faire quoi ? Qu'avaient-ils encore fait sans rien lui dire, à lui, qui était d'ordinaire dans tous les coups organisés par les Maraudeurs ? Pourquoi, tout d'un coup, ses amis manigançaient derrière son dos ? L'idée était particulièrement blessante.

Une autre idée, bien plus réjouissante, s'introduit dans son esprit. Si les autres n'étaient pas encore réveillés, il serait non seulement le premier à déjeuner – l'idée de faire la cuisine à la manière moldue n'étant plus aussi terrifiante qu'au début des vacances – mais aussi le premier à utiliser la salle de bains. Cela seul suffit à le précipiter, une fois de plus, à la cuisine. Et cette fois, il ne s'arrêta pas à la porte.

Ils se rendit compte, cependant, quand il ouvrit la porte, que finalement, ses amis étaient déjà levés en fin de compte. Et certainement en pleine forme, car ils venaient tous de bondir sur lui, en hurlant "Surprise".

Pendant une seconde, terrifié, il fut tenter de s'enfuir en courant.

Puis il aperçut la décoration de la pièce autour d'eux. Il y avait des guirlandes, et ce qui semblait être un énorme gâteau d'anniversaire au milieu de la table.

- Mais… ce n'est pas mon anniversaire !

Lily éclata de rire et l'embrassa sur les deux joues.

- Bien sûr que si !

- Non ! C'est au moins… la semaine prochaine !

- Quel jour crois-tu qu'on est ? demanda James en riant.

- Euh… je ne sais pas, mais on est certainement pas encore à la mi-août ! C'est impossible !

Remus hocha la tête tristement.

- Si. Les vacances passent vite, hein ?

- Oh.

Sans compter qu'une autre pleine lune s'approchait inexorablement, songea Sirius.

- Alors c'est mon anniversaire ? prononça-t-il doucement, pas encore sûr.

- C'est qu'il est dur à convaincre, grogna Peter en s'asseyant devant le gâteau.

- On dirait que ça a du mal à rentrer dans sa petite tête, renchérit Remus avec un sourire malin.

- Toute petite tête, confirma James.

- Vous me devez une journée formidable, de toute façon, interrompit Sirius avec un regard meurtrier à la ronde. Après ce que j'ai subi hier…

- Tu devais bien payer un peu pour ce que tu m'as fait, dit Lily avec un sourire d'ange.

Mais Sirius avait remarqué autre chose : la bonne odeur qui venait du gâteau encore chaud sur la table de la cuisine. Son estomac se rappela soudain à lui : il était affamé.

- Il est un petit peu brûlé sur les bords, dit Peter avec un soupçon de regret dans la voix. Si Remus n'avait rien senti, il aurait été complètement noir.

- C'était James qui s'occupait de la cuisson, dit Lily avec un clin d'œil.

- Hey ! J'ai été distrait !

- On se demande par quoi, dit Sirius en jetant un clin d'œil à Lily, qui se mit à rougir. Mais pour en revenir aux choses sérieuses… j'ai droit à des cadeaux d'anniversaire ?

- Quelle impatience, s'exclama Lily en roulant les yeux. Mange d'abord !

Il ne se le fit pas dire deux fois. Le déjeuner, d'ailleurs, était excellent. Peter, quand il arrivait à se lever tôt, et surveillé de près lorsqu'il s'approchait de la gazinière, était un excellent cuisinier.

Sirius n'aurait pas pu rêver d'une meilleure journée d'anniversaire : seul avec ses meilleurs amis dans un coin paradisiaque perdu, avec pour seule préoccupation de faire la fête…

Puis ils passèrent au salon. Les Maraudeurs forcèrent Sirius à s'asseoir dans le meilleur fauteuil, en face de tout le monde, et Lily s'éclipsa mystérieusement pour revenir quelques minutes plus tard avec deux enveloppes.

- Ouvre d'abord celle-là, dit-elle en lui tendant la première, une grande enveloppe de papier brun, assez épaisse.

Il leva un sourcil en tâtant l'enveloppe.

- Je pensais que j'aurais autre chose que de la paperasse, plaisanta-t-il.

- On aurait bien aimé t'apporter ton vrai cadeau ici, expliqua Remus, mais ça aurait été un peu… difficile. Alors, en attendant, c'est tout ce que tu as.

Sur ces paroles énigmatiques, Sirius plongea la main dans l'enveloppe et en tira… une clef.

- Une clef ? C'est tout à fait symbolique, ou ça ouvre quelque chose ? Parce que si c'est la clef de mon cœur, ce n'est pas à moi que vous auriez dû l'offrir… dit-il avec un sourire taquin.

- Idiot !  Ta réponse est dans l'enveloppe !

Obéissant, il retourna l'enveloppe, et toute une liasse de photos en tomba. Quand il aperçut le sujet des photos, il jura tout haut.

- Ce n'est pas possible, vous n'avez pas pu faire ça ??

Les autres se mirent à rire et le flash de l'appareil de Remus le captura dans son moment d'intense émerveillement. Il n'y porta pas attention, trop occupé à dévorer les photos des yeux. Elles montraient toutes le même sujet, une merveilleuse et énorme moto noire.

- On a été aidé par tes parents… dit James.

- Dis plutôt que nous avons aidé les parents de Sirius, protesta Lily. Tu l'aimes ?

- Si je l'aime ? J'en suis déjà fou amoureux ! Je ne peux pas attendre pour l'ensorceler ! C'est mon plus beau cadeau d'anniversaire…

Et il bondit sur ses amis pour les embrasser. Il y eut quelques cris et des rires, et tout finit dans une bataille monumentale de coussins de sofa.

- Attends ! s'écria Lily, essoufflée. Il te reste un cadeau à ouvrir.

Et elle lui tendit la deuxième enveloppe. Sirius leva un sourcil, se demandant vaguement ce qu'il avait fait pour mériter un deuxième cadeau en plus de la moto. Soit ses amis étaient totalement fous… soit… en fait, il n'avait pas d'autre hypothèse. Ils étaient totalement fous.

- Quoique ce soit, dit-il en prenant l'enveloppe, sachez que je vous revaudrais ça. Vous êtes timbrés… mais adorables.

Dans la deuxième enveloppe, beaucoup plus petite et fine que la première, il y avait un simple… billet d'avion. Un billet pour rentrer à Londres en tant que passager. Il se mit à bondir comme un gamin et à chantonner.

- OUI ! Je vais rentrer dans la cabine ! J'irais pas dans la soute !! Oh, vous êtes de vrais amis !