Secret de famille
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
San
« Gon ? Qu'est-ce qu'il y a ? ça n'a pas l'air d'aller.
- Mmh ? Oh, euh. si si, ça va ! Je suis juste. un peu fatigué. »
Gon sourit à Zushi. Il avait raison. Depuis le début du repas, il ne disait rien, n'écoutant que d'une oreille absente ce que disaient les autres. Mais il était décontenancé par l'attitude de Kirua. Il ne comprenait pas pourquoi celui-ci mettait toute son énergie à le repousser. Une fois de plus, il avait refusé de manger avec lui. Pourquoi ? Gon n'avait jamais rencontré de personne aussi étrange. Kirua était extraordinairement froid, tout paraissait glisser sur lui, sans aucune prise, et pourtant, hier, lorsqu'il avait reçu son contrôle, il avait eu l'air si fragile. Gon ne savait pas trop à quoi s'en tenir, avec lui. Il ne savait qu'une chose. Il voulait devenir l'ami de Kirua. Il regarda Zushi. Il était en train de parler du film qu'il avait vu hier au cinéma, un film d'action et d'aventure. Les autres garçons et filles l'écoutaient avec attention. Gon, lui, n'était jamais allé au cinéma. Il n'avait même jamais vu de film de sa vie. Il se sentait étranger à la conversation. Il ne se sentait pas à sa place, ici.
Il sauta sur ses pieds. Sa décision était prise. Il regarda Zushi, d'un sourire d'excuse, et dit :
« Désolé, mais j'ai quelque chose à faire, à tout à l'heure ! »
Il se mit à courir vers le bâtiment. Non, décidemment, il aimait bien Zushi, mais Kirua. ce n'était pas la même chose. Il voulait absolument devenir l'ami de Kirua. C'était la première fois qu'il désirait à ce point la sympathie d'une personne. Il se ferait accepter par Kirua. Mais il fallait d'abord qu'il le trouve. Il sillonna tous les couloirs, mais Kirua était introuvable. Il redescendit dans le parc, et commença ses recherches, d'une manière méthodique. Mais Kirua ne se trouvait nulle part. Gon commençait à se décourager. Kirua était peut-être rentrer chez lui. Il avait passé tout le parc au peigne fin, et il ne l'avait pas rencontré. Enfin. il n'était pas allé regarder derrière le gymnase. Mais il n'y avait jamais personne, par là-bas. jamais. Gon s'arrêta, se retourna, et courut en direction du gymnase. Il n'avait rien à perdre, il pouvait toujours essayer. Et puis, Kirua ne faisait jamais rien comme tout le monde. Derrière le gymnase, se trouvait une étendue verte, parsemé de quelques arbres. Il n'y avait pas un bruit, pas une ombre. Gon soupira. Kirua n'était pas là. À moins que. cette forme obscure cachée derrière le cerisier. Il s'avança, le c?ur rempli d'espoir.
C'était Kirua. Il avait enlevé son chandail, qui était posé à côté de lui, et portait un débardeur gris. Sur ses genoux était posé un cahier, et il tenait un stylo à la main. Il travaillait donc même pendant la pause de midi ?
« Kirua ! Je te cherchais ! »
Celui-ci posa sur lui un regard contrarié et menaçant :
« Et pourquoi cela ?
- Eh bien. »
Gon se tut. Pourquoi cherchait-il Kirua, au juste ?
« Je. euh.
- Tu n'as donc pas fini de me coller ? Tu ne vois pas que je travaille ? Je ne veux pas de toi. Laisse-moi tranquille ! Retourne avec tes petits copains ! Mais vas-t-en !
- Kirua.
- Quoi encore ? Tu sais que t'es pesant ?
- Comme tu l'as dis, les autres, ce ne sont que des copains. Mais j'aimerais devenir ton ami. »
Le visage de Kirua se figea dans une expression de perplexité.
« Moi ? Ton. ami ? »
Sa voix prit alors un timbre dur :
« Pour être des amis, il faut être deux, tu ne le crois pas ? Je n'ai aucune envie de devenir ton ami, alors respecte mon choix ! Je suis libre de décider de mes amis, non ? Tu n'as pas à décider ce genre de choses à ma place. Je ne serai pas ton ami ! Alors va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! »
Kirua baissa à nouveau ses yeux sur sa feuille, sans plus s'occuper de Gon.
Gon resta immobile un instant puis s'éloigna, le c?ur lourd. Kirua avait raison. Il n'avait pas à décider à sa place. Le fait qu'il veuille faire de Kirua son ami n'était pas une raison pour s'acharner sur lui. Par sa maladresse, il avait brisé le mince espoir qu'un lien puisse un jour s'établir entre eux. Kirua le détesterait à présent plus que jamais. Sa vue se brouilla. Pourquoi donc aussi s'était-il autant attaché à lui ? Il ne le connaissait que depuis hier ! Non, il ne le connaissait même pas !Les larmes coulaient sur ses joues. Il n'avait jamais eu autant d'amitié pour quelqu'un auparavant. Mais pourquoi se mettait-ils dans un état pareil ? Il sanglotait à présent, et les personnes qu'il croisait lui lançaient des regards intrigués, moqueurs ou compatissants. Mais cela lui était complètement égal d'être ainsi au centre des intérêts. Il pleurait, pleurait, se soulageant de la pression qui l'oppressait depuis leur déménagement. Il pleurait l'île de la Baleine, tous les amis qu'il avait laissés là-bas, son dépaysement, et Kirua Kirua Kirua. Il sentit qu'on le prenait par les épaules, qu'on lui murmurait des paroles réconfortantes, et qu'on l'emmenait quelque part, mais il ne voyait, il n'entendait plus rien. On l'allongea sur un lit, et il s'endormit aussitôt, dans un sommeil abrutissant et libérateur.
Il ouvrit les yeux, et les referma aussitôt, ébloui par tant de blancheur. Il cligna des yeux, s'habituant peu à peu à la luminosité, puis les ouvrit entièrement, et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une chambre aux murs blancs, où s'alignaient trois lits. Il était allongé dans celui de gauche, tout habillé. Les deux autres étaient vides. La lumière venait d'une grande fenêtre donnant sur la cour du lycée. À côté de lui, sur une chaise en bois, se tenait.
« Mito-san !
- Tu es enfin réveillé ! C'est ton professeur d'Anglais qui t'a amené ici, à l'infirmerie. Je suis venue dès que j'ai été prévenue.
- Mais. et le bar ?
- Gon. »
Mito se pencha sur le lit, et prit entre ses bras celui qu'elle considérait comme son fils. Elle murmura, d'une voix inquiète :
« Le bar n'a aucune importance, c'est toi qui compte pour moi, toi seul ! Tu comprends ? Je ne veux pas que tu sois malheureux.
- Je suis désolé de te créer autant d'ennuis, Mito-san. Mais je ne suis pas malheureux, tu sais. J'ai juste eu un petit moment de déprime, à cause de la fatigue, et de la pression du déménagement, c'est tout. ça ne m'arrivera plus.
- Je suis désolée.
- Hein ?
- Tout est de ma faute. J'aurais dû refuser cette proposition de monter le bar ici.
- Non ! Mito-san ! Tu ne dois pas te culpabiliser ! Tes affaires marchaient mal, tu n'avais aucune raison d'hésiter ! C'est moi qui suis désolé de te rajouter un souci supplémentaire. »
Gon serra sa tante très fortement contre lui. Elle était tout ce qu'il avait jamais eu de plus précieux. Mito était son unique famille. C'est elle qui l'avait recueilli à la mort de ses parents. Il détestait par-dessus tout qu'elle soit attristée à cause de lui.
Une pensée traversa brusquement son esprit, et Gon sentit son c?ur se glacer :
« Mes cours ! Quelle heure est-il ? Je vais être en retard !
- Le cours sont déjà fini depuis longtemps, Gon. »
La voix venait du fond de la salle. Gon se retourna :
« Willow-sensei.
- Je suis contente de voir que tu vas mieux, Gon. J'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose de grave, lorsque je t'ai vu, sanglotant au milieu de la cour.
- Je vous remercie d'avoir pris soin de moi, Willow-sensei. »
Mito se redressa, et s'inclina, pleine d'humilité :
« Moi aussi, je vous suis reconnaissante de vous être occupée de Gon.
- C'était tout naturel, voyons ! »
La jeune femme paraissait gênée.
« Et puis, je ne voulais que Gon ait une bonne raison pour ne pas venir chez moi ce soir ! »
Elle sourit.
« Ah ! C'est vrai ! J'avais oublié. Mito-san, je ne vais pas rentrer tout de suite, d'accord ?
- Gon. Tu es sûr d'aller mieux ? »
En guise de réponse, Gon lui fit son plus beau sourire. Il se leva, défroissa ses vêtements et remit ses chaussures.
« Je suis prêt, Willow-sensei ! À tout à l'heure, Mito-san ! »
« Tu es bien installé ?
- Oui ! Merci beaucoup ! »
Gon était assis sur une chaise en bois vernis, devant une table rode recouverte d'une nappe à carreau où se trouvait un bol de chocolat fumant. Il regarda autour de lui. La maison de Willow-sensei était une grande et très belle maison, meublée à l'occidentale.
« Dis-moi, Gon. »
Gon releva les yeux. La jeune femme, assise en face de lui, le regardait d'un air grave.
« Si un jour tu as un problème, n'importe quel problème, tu peux venir m'en parler, tu sais ? N'hésite surtout pas, je serais discrète et t'aiderais du mieux possible ! »
Gon sourit. Il savait qu'elle disait vrai.
« Je vous remercie, Willow-sensei. Je vous promets, que je n'hésiterais pas. »
La jeune femme retrouva le sourire.
« Bien ! Alors commençons ! Tout d'abord, avant d'apprendre la grammaire anglaise et le vocabulaire, il faut que tu connaisses l'alphabet occidental, sa prononciation et sa lecture. Je t'ai imprimé des fiches. Il faut que tu les apprennes par c?ur d'ici mardi prochain. »
Elle lui tendit une liasse de feuille où s'étalaient des symboles étranges. Gon les prit, et y jeta un rapide coup d'?il. Ce ne devrait pas être trop compliqué à apprendre pour lui, il avait la chance d'avoir une bonne mémoire.
« Aujourd'hui, je vais t'apprendre à prononcer les lettres. Répète après moi : A (prononcer [eI] à l'anglaise, N.D.A.).
Lorsque Gon rentra chez lui, le soleil se couchait. Willow-sensei habitait à environ dix minutes de chez lui. Il pressa le pas. Mito s'inquiétait lorsqu'il n'était pas rentré à la nuit tombée. Le ciel était d'un magnifique rose pâle, et Gon leva les yeux, émerveillés. Les couchers de soleil étaient donc les mêmes ici qu'à l'île de la Baleine. Il eut une pensée émue vers ses amis qui devaient, en ce moment même, admirer le même coucher de soleil. Et Kirua ? Regardait-il le ciel, en ce moment ? Son c?ur était-il touché par ce spectacle ? Kirua. Demain, il irait s'excuser, et tenter de récupérer ce qui pouvait l'être. Cette décision prise, il poussa la porte, le c?ur léger. Le carillon tintinnabula, et aussitôt, Mito apparut par la porte de derrière.
« Ah, enfin te voilà ! Tu as faim ? Le repas est près !
- J'arrive ! »
Gon monta les escaliers qui menaient à sa chambre, posa son sac sur son lit, et redescendit dans la salle à manger.
Lorsqu'il eut finit son repas, il embrassa tendrement Mito, monta dans sa chambre, enfila un débardeur et un short vert, se brossa les dents, et se glissa sous les draps. « Pour être des amis, il faut être deux, tu ne le crois pas ? » Kirua. Gon sentit ses yeux se brouiller à nouveau. Mais non ! Il ne pleurera pas ! Il se sentait bizarre, comme étranger à lui- même. Il ne comprenait pas ce qui se passait en lui. Ce qu'il éprouvait pour Kirua, il ne l'avait jamais éprouvé pour personne. ça devait être une amitié très pure. C'est en pensant à ça qu'il s'endormit, tourné sur le côté, ses mains posées près de sa tête.
« Gon ? Gon ? Réveille-toi ! »
Gon ouvrit les yeux. Mito était penché au-dessus de lui. Elle avait tiré les rideaux, et une douce lumière se répandait dans la chambre.
« J'arrive, Mito-san ! »
Mito sortit, tirant doucement la porte. Gon se leva, s'étira, s'habilla et descendit, son sac sous le bras. Après un copieux petit déjeuner, il embrassa sa tante, prit le panier-repas que lui avait préparé Mito, et partit pour le lycée. C'était une belle journée. Les arbres commençaient à fleurir, et Gon pouvait sentir la chaleur du soleil lui caresser la peau. Dans quelques mois, elle aurait une jolie teinte cuivrée. Il bronzait très rapidement, et, comme même en hiver, il passait de longues heures à l'extérieur, il n'était jamais complètement pâle. Gon étira ses bras au- dessus de sa tête. La tristesse de la veille avait complètement disparu. Il marchait tout son temps, en marchant doucement. C'était une habitude qu'il avait gardée de l'île de la Baleine. Il partait tôt le matin, et se rendait au lycée tranquillement, en faisant des détours. Il aimait beaucoup ces promenades matinales. Lorsqu'il était à l'île de la Baleine, il passait un peu de temps en forêt, parmi les arbres et les animaux, où il se sentait bien. Ici, il n'y avait pas de forêts assez proches, mais il décida de se promener à travers le village, qui lui était encore inconnu, afin de s'habituer au lieu. Il se laissa aller entre les ruelles, repérant les boutiques, les bars concurrents, les parcs. Il ne craignait pas de se perdre. À avoir vécu de longues années dans la nature, il y avait gagné un excellent sens de l'orientation.
Le hasard de ses pérégrinations le mena devant un immense portail, un peu à l'écart de la ville, se trouvant sur le chemin menant à la montagne située à quelques kilomètres au nord de la ville, et qui avait piquée sa curiosité. Gon lâcha un soupir de déception. Et lui qui avait tant espéré explorer le dimanche cette montagne qui semblait être restée à l'état sauvage. Mais elle faisait apparemment partie d'une propriété privée. Le portail paraissait l'unique entrée d'un épais mur de briques qui semblait faire le tour entier de la montagne. Quel dommage d'interdire au public l'accès à cet immense domaine. Et puis, il y avait en plus de grandes chances qu'une étendue aussi vaste soit mal entretenue. L'entretien d'une telle étendue devait coûter une fortune ! D'envie et de curiosité, Gon jeta un bref coup d'?il à la plaque dorée enchâssée dans la porte en bois d'ébène. Le nom « Zoldik » lui sauta aussitôt aux yeux, et il s'approcha pour lire avec plus d'attention :
Kukuru Mountain
Propriété privée de la Famille Zoldik
Défense d'entrer
La famille de Kirua possédait un aussi grand domaine ! Les paroles de Zushi remontèrent à son esprit : « On n'a pas tous la chance d'avoir des notes excellentes et un père milliardaire ». Sur le coup, il ne l'avait pas pris au sérieux. Il avait pensé que Zushi exagérait, que le père de Kirua était seulement très riche. Mais apparemment.
Un frisson parcourut brusquement son échine, et Gon sentit ses entrailles se nouer. Il ne devait pas rester ici. Ça devait être l'heure où Kirua partait pour l'école, il allait certainement sortir d'un moment à l'autre, et s'il le trouvait ici, sur le pas de sa porte. Cela ne ferait qu'aggraver leur relation déjà extrêmement tendue. Il prit son sac, et se mit à courir, voulant mettre le plus de distance entre lui et la demeure de Kirua. Lorsqu'il se fut suffisamment éloigné, il s'arrêta pour reprendre son souffle. Puis, après avoir regarder sa montre, il se mit à marcher, tranquillement, en direction du lycée. Lorsqu'il arriva dans la salle n°405, il remarqua que Kirua était déjà arrivé. Gon avait suivit tout un chemin tortueux pour éviter de le rencontrer. Zushi était là également, et à l'arrivée de Gon, il se leva, souriant, et s'avança vers lui.
Lazuli : Je ne suis pas spécialement sadique, mais j'aime beaucoup faire pleurer Gon. Je l'aime bien, mais c'est vraiment jubilatoire de le mettre dans des états pareils ^________^ Le malheur lui va bien, je trouve. Il est mignon quand il pleure !
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
San
« Gon ? Qu'est-ce qu'il y a ? ça n'a pas l'air d'aller.
- Mmh ? Oh, euh. si si, ça va ! Je suis juste. un peu fatigué. »
Gon sourit à Zushi. Il avait raison. Depuis le début du repas, il ne disait rien, n'écoutant que d'une oreille absente ce que disaient les autres. Mais il était décontenancé par l'attitude de Kirua. Il ne comprenait pas pourquoi celui-ci mettait toute son énergie à le repousser. Une fois de plus, il avait refusé de manger avec lui. Pourquoi ? Gon n'avait jamais rencontré de personne aussi étrange. Kirua était extraordinairement froid, tout paraissait glisser sur lui, sans aucune prise, et pourtant, hier, lorsqu'il avait reçu son contrôle, il avait eu l'air si fragile. Gon ne savait pas trop à quoi s'en tenir, avec lui. Il ne savait qu'une chose. Il voulait devenir l'ami de Kirua. Il regarda Zushi. Il était en train de parler du film qu'il avait vu hier au cinéma, un film d'action et d'aventure. Les autres garçons et filles l'écoutaient avec attention. Gon, lui, n'était jamais allé au cinéma. Il n'avait même jamais vu de film de sa vie. Il se sentait étranger à la conversation. Il ne se sentait pas à sa place, ici.
Il sauta sur ses pieds. Sa décision était prise. Il regarda Zushi, d'un sourire d'excuse, et dit :
« Désolé, mais j'ai quelque chose à faire, à tout à l'heure ! »
Il se mit à courir vers le bâtiment. Non, décidemment, il aimait bien Zushi, mais Kirua. ce n'était pas la même chose. Il voulait absolument devenir l'ami de Kirua. C'était la première fois qu'il désirait à ce point la sympathie d'une personne. Il se ferait accepter par Kirua. Mais il fallait d'abord qu'il le trouve. Il sillonna tous les couloirs, mais Kirua était introuvable. Il redescendit dans le parc, et commença ses recherches, d'une manière méthodique. Mais Kirua ne se trouvait nulle part. Gon commençait à se décourager. Kirua était peut-être rentrer chez lui. Il avait passé tout le parc au peigne fin, et il ne l'avait pas rencontré. Enfin. il n'était pas allé regarder derrière le gymnase. Mais il n'y avait jamais personne, par là-bas. jamais. Gon s'arrêta, se retourna, et courut en direction du gymnase. Il n'avait rien à perdre, il pouvait toujours essayer. Et puis, Kirua ne faisait jamais rien comme tout le monde. Derrière le gymnase, se trouvait une étendue verte, parsemé de quelques arbres. Il n'y avait pas un bruit, pas une ombre. Gon soupira. Kirua n'était pas là. À moins que. cette forme obscure cachée derrière le cerisier. Il s'avança, le c?ur rempli d'espoir.
C'était Kirua. Il avait enlevé son chandail, qui était posé à côté de lui, et portait un débardeur gris. Sur ses genoux était posé un cahier, et il tenait un stylo à la main. Il travaillait donc même pendant la pause de midi ?
« Kirua ! Je te cherchais ! »
Celui-ci posa sur lui un regard contrarié et menaçant :
« Et pourquoi cela ?
- Eh bien. »
Gon se tut. Pourquoi cherchait-il Kirua, au juste ?
« Je. euh.
- Tu n'as donc pas fini de me coller ? Tu ne vois pas que je travaille ? Je ne veux pas de toi. Laisse-moi tranquille ! Retourne avec tes petits copains ! Mais vas-t-en !
- Kirua.
- Quoi encore ? Tu sais que t'es pesant ?
- Comme tu l'as dis, les autres, ce ne sont que des copains. Mais j'aimerais devenir ton ami. »
Le visage de Kirua se figea dans une expression de perplexité.
« Moi ? Ton. ami ? »
Sa voix prit alors un timbre dur :
« Pour être des amis, il faut être deux, tu ne le crois pas ? Je n'ai aucune envie de devenir ton ami, alors respecte mon choix ! Je suis libre de décider de mes amis, non ? Tu n'as pas à décider ce genre de choses à ma place. Je ne serai pas ton ami ! Alors va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! »
Kirua baissa à nouveau ses yeux sur sa feuille, sans plus s'occuper de Gon.
Gon resta immobile un instant puis s'éloigna, le c?ur lourd. Kirua avait raison. Il n'avait pas à décider à sa place. Le fait qu'il veuille faire de Kirua son ami n'était pas une raison pour s'acharner sur lui. Par sa maladresse, il avait brisé le mince espoir qu'un lien puisse un jour s'établir entre eux. Kirua le détesterait à présent plus que jamais. Sa vue se brouilla. Pourquoi donc aussi s'était-il autant attaché à lui ? Il ne le connaissait que depuis hier ! Non, il ne le connaissait même pas !Les larmes coulaient sur ses joues. Il n'avait jamais eu autant d'amitié pour quelqu'un auparavant. Mais pourquoi se mettait-ils dans un état pareil ? Il sanglotait à présent, et les personnes qu'il croisait lui lançaient des regards intrigués, moqueurs ou compatissants. Mais cela lui était complètement égal d'être ainsi au centre des intérêts. Il pleurait, pleurait, se soulageant de la pression qui l'oppressait depuis leur déménagement. Il pleurait l'île de la Baleine, tous les amis qu'il avait laissés là-bas, son dépaysement, et Kirua Kirua Kirua. Il sentit qu'on le prenait par les épaules, qu'on lui murmurait des paroles réconfortantes, et qu'on l'emmenait quelque part, mais il ne voyait, il n'entendait plus rien. On l'allongea sur un lit, et il s'endormit aussitôt, dans un sommeil abrutissant et libérateur.
Il ouvrit les yeux, et les referma aussitôt, ébloui par tant de blancheur. Il cligna des yeux, s'habituant peu à peu à la luminosité, puis les ouvrit entièrement, et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une chambre aux murs blancs, où s'alignaient trois lits. Il était allongé dans celui de gauche, tout habillé. Les deux autres étaient vides. La lumière venait d'une grande fenêtre donnant sur la cour du lycée. À côté de lui, sur une chaise en bois, se tenait.
« Mito-san !
- Tu es enfin réveillé ! C'est ton professeur d'Anglais qui t'a amené ici, à l'infirmerie. Je suis venue dès que j'ai été prévenue.
- Mais. et le bar ?
- Gon. »
Mito se pencha sur le lit, et prit entre ses bras celui qu'elle considérait comme son fils. Elle murmura, d'une voix inquiète :
« Le bar n'a aucune importance, c'est toi qui compte pour moi, toi seul ! Tu comprends ? Je ne veux pas que tu sois malheureux.
- Je suis désolé de te créer autant d'ennuis, Mito-san. Mais je ne suis pas malheureux, tu sais. J'ai juste eu un petit moment de déprime, à cause de la fatigue, et de la pression du déménagement, c'est tout. ça ne m'arrivera plus.
- Je suis désolée.
- Hein ?
- Tout est de ma faute. J'aurais dû refuser cette proposition de monter le bar ici.
- Non ! Mito-san ! Tu ne dois pas te culpabiliser ! Tes affaires marchaient mal, tu n'avais aucune raison d'hésiter ! C'est moi qui suis désolé de te rajouter un souci supplémentaire. »
Gon serra sa tante très fortement contre lui. Elle était tout ce qu'il avait jamais eu de plus précieux. Mito était son unique famille. C'est elle qui l'avait recueilli à la mort de ses parents. Il détestait par-dessus tout qu'elle soit attristée à cause de lui.
Une pensée traversa brusquement son esprit, et Gon sentit son c?ur se glacer :
« Mes cours ! Quelle heure est-il ? Je vais être en retard !
- Le cours sont déjà fini depuis longtemps, Gon. »
La voix venait du fond de la salle. Gon se retourna :
« Willow-sensei.
- Je suis contente de voir que tu vas mieux, Gon. J'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose de grave, lorsque je t'ai vu, sanglotant au milieu de la cour.
- Je vous remercie d'avoir pris soin de moi, Willow-sensei. »
Mito se redressa, et s'inclina, pleine d'humilité :
« Moi aussi, je vous suis reconnaissante de vous être occupée de Gon.
- C'était tout naturel, voyons ! »
La jeune femme paraissait gênée.
« Et puis, je ne voulais que Gon ait une bonne raison pour ne pas venir chez moi ce soir ! »
Elle sourit.
« Ah ! C'est vrai ! J'avais oublié. Mito-san, je ne vais pas rentrer tout de suite, d'accord ?
- Gon. Tu es sûr d'aller mieux ? »
En guise de réponse, Gon lui fit son plus beau sourire. Il se leva, défroissa ses vêtements et remit ses chaussures.
« Je suis prêt, Willow-sensei ! À tout à l'heure, Mito-san ! »
« Tu es bien installé ?
- Oui ! Merci beaucoup ! »
Gon était assis sur une chaise en bois vernis, devant une table rode recouverte d'une nappe à carreau où se trouvait un bol de chocolat fumant. Il regarda autour de lui. La maison de Willow-sensei était une grande et très belle maison, meublée à l'occidentale.
« Dis-moi, Gon. »
Gon releva les yeux. La jeune femme, assise en face de lui, le regardait d'un air grave.
« Si un jour tu as un problème, n'importe quel problème, tu peux venir m'en parler, tu sais ? N'hésite surtout pas, je serais discrète et t'aiderais du mieux possible ! »
Gon sourit. Il savait qu'elle disait vrai.
« Je vous remercie, Willow-sensei. Je vous promets, que je n'hésiterais pas. »
La jeune femme retrouva le sourire.
« Bien ! Alors commençons ! Tout d'abord, avant d'apprendre la grammaire anglaise et le vocabulaire, il faut que tu connaisses l'alphabet occidental, sa prononciation et sa lecture. Je t'ai imprimé des fiches. Il faut que tu les apprennes par c?ur d'ici mardi prochain. »
Elle lui tendit une liasse de feuille où s'étalaient des symboles étranges. Gon les prit, et y jeta un rapide coup d'?il. Ce ne devrait pas être trop compliqué à apprendre pour lui, il avait la chance d'avoir une bonne mémoire.
« Aujourd'hui, je vais t'apprendre à prononcer les lettres. Répète après moi : A (prononcer [eI] à l'anglaise, N.D.A.).
Lorsque Gon rentra chez lui, le soleil se couchait. Willow-sensei habitait à environ dix minutes de chez lui. Il pressa le pas. Mito s'inquiétait lorsqu'il n'était pas rentré à la nuit tombée. Le ciel était d'un magnifique rose pâle, et Gon leva les yeux, émerveillés. Les couchers de soleil étaient donc les mêmes ici qu'à l'île de la Baleine. Il eut une pensée émue vers ses amis qui devaient, en ce moment même, admirer le même coucher de soleil. Et Kirua ? Regardait-il le ciel, en ce moment ? Son c?ur était-il touché par ce spectacle ? Kirua. Demain, il irait s'excuser, et tenter de récupérer ce qui pouvait l'être. Cette décision prise, il poussa la porte, le c?ur léger. Le carillon tintinnabula, et aussitôt, Mito apparut par la porte de derrière.
« Ah, enfin te voilà ! Tu as faim ? Le repas est près !
- J'arrive ! »
Gon monta les escaliers qui menaient à sa chambre, posa son sac sur son lit, et redescendit dans la salle à manger.
Lorsqu'il eut finit son repas, il embrassa tendrement Mito, monta dans sa chambre, enfila un débardeur et un short vert, se brossa les dents, et se glissa sous les draps. « Pour être des amis, il faut être deux, tu ne le crois pas ? » Kirua. Gon sentit ses yeux se brouiller à nouveau. Mais non ! Il ne pleurera pas ! Il se sentait bizarre, comme étranger à lui- même. Il ne comprenait pas ce qui se passait en lui. Ce qu'il éprouvait pour Kirua, il ne l'avait jamais éprouvé pour personne. ça devait être une amitié très pure. C'est en pensant à ça qu'il s'endormit, tourné sur le côté, ses mains posées près de sa tête.
« Gon ? Gon ? Réveille-toi ! »
Gon ouvrit les yeux. Mito était penché au-dessus de lui. Elle avait tiré les rideaux, et une douce lumière se répandait dans la chambre.
« J'arrive, Mito-san ! »
Mito sortit, tirant doucement la porte. Gon se leva, s'étira, s'habilla et descendit, son sac sous le bras. Après un copieux petit déjeuner, il embrassa sa tante, prit le panier-repas que lui avait préparé Mito, et partit pour le lycée. C'était une belle journée. Les arbres commençaient à fleurir, et Gon pouvait sentir la chaleur du soleil lui caresser la peau. Dans quelques mois, elle aurait une jolie teinte cuivrée. Il bronzait très rapidement, et, comme même en hiver, il passait de longues heures à l'extérieur, il n'était jamais complètement pâle. Gon étira ses bras au- dessus de sa tête. La tristesse de la veille avait complètement disparu. Il marchait tout son temps, en marchant doucement. C'était une habitude qu'il avait gardée de l'île de la Baleine. Il partait tôt le matin, et se rendait au lycée tranquillement, en faisant des détours. Il aimait beaucoup ces promenades matinales. Lorsqu'il était à l'île de la Baleine, il passait un peu de temps en forêt, parmi les arbres et les animaux, où il se sentait bien. Ici, il n'y avait pas de forêts assez proches, mais il décida de se promener à travers le village, qui lui était encore inconnu, afin de s'habituer au lieu. Il se laissa aller entre les ruelles, repérant les boutiques, les bars concurrents, les parcs. Il ne craignait pas de se perdre. À avoir vécu de longues années dans la nature, il y avait gagné un excellent sens de l'orientation.
Le hasard de ses pérégrinations le mena devant un immense portail, un peu à l'écart de la ville, se trouvant sur le chemin menant à la montagne située à quelques kilomètres au nord de la ville, et qui avait piquée sa curiosité. Gon lâcha un soupir de déception. Et lui qui avait tant espéré explorer le dimanche cette montagne qui semblait être restée à l'état sauvage. Mais elle faisait apparemment partie d'une propriété privée. Le portail paraissait l'unique entrée d'un épais mur de briques qui semblait faire le tour entier de la montagne. Quel dommage d'interdire au public l'accès à cet immense domaine. Et puis, il y avait en plus de grandes chances qu'une étendue aussi vaste soit mal entretenue. L'entretien d'une telle étendue devait coûter une fortune ! D'envie et de curiosité, Gon jeta un bref coup d'?il à la plaque dorée enchâssée dans la porte en bois d'ébène. Le nom « Zoldik » lui sauta aussitôt aux yeux, et il s'approcha pour lire avec plus d'attention :
Kukuru Mountain
Propriété privée de la Famille Zoldik
Défense d'entrer
La famille de Kirua possédait un aussi grand domaine ! Les paroles de Zushi remontèrent à son esprit : « On n'a pas tous la chance d'avoir des notes excellentes et un père milliardaire ». Sur le coup, il ne l'avait pas pris au sérieux. Il avait pensé que Zushi exagérait, que le père de Kirua était seulement très riche. Mais apparemment.
Un frisson parcourut brusquement son échine, et Gon sentit ses entrailles se nouer. Il ne devait pas rester ici. Ça devait être l'heure où Kirua partait pour l'école, il allait certainement sortir d'un moment à l'autre, et s'il le trouvait ici, sur le pas de sa porte. Cela ne ferait qu'aggraver leur relation déjà extrêmement tendue. Il prit son sac, et se mit à courir, voulant mettre le plus de distance entre lui et la demeure de Kirua. Lorsqu'il se fut suffisamment éloigné, il s'arrêta pour reprendre son souffle. Puis, après avoir regarder sa montre, il se mit à marcher, tranquillement, en direction du lycée. Lorsqu'il arriva dans la salle n°405, il remarqua que Kirua était déjà arrivé. Gon avait suivit tout un chemin tortueux pour éviter de le rencontrer. Zushi était là également, et à l'arrivée de Gon, il se leva, souriant, et s'avança vers lui.
Lazuli : Je ne suis pas spécialement sadique, mais j'aime beaucoup faire pleurer Gon. Je l'aime bien, mais c'est vraiment jubilatoire de le mettre dans des états pareils ^________^ Le malheur lui va bien, je trouve. Il est mignon quand il pleure !
