Secret de famille
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
Shi
Lorsque la porte s'ouvrit, Kirua leva les yeux un instant, et rebaissa rapidement les yeux, en réprimant une grimace. Gon venait d'entrer dans la salle de classe. Il ne l'avait pas revu depuis le moment où il lui avait clairement dit qu'il ne désirait pas être son ami. Gon avait été absent toute l'après-midi, et Kirua avait à nouveau pu jouir du calme et de la solitude. Pourtant, lorsque la rumeur avait couru que Gon avait éclaté en sanglots au milieu de la cour de récréation, il n'avait pu s'empêcher de se sentir mal-à-l'aise. Zushi s'était levé, souriant, et s'avança vers Gon. Kirua, plongé dans son cours de Biologie, l'entendit s'écrier :
« Gon ! Tu es revenu ! Je te passerai les cours que tu as manqués. Tu vas mieux ?
- Euh. oui, oui, ça va. »
La voix de Gon paraissait gênée, mal assurée. Kirua releva la tête, et vit les joues de Gon s'empourprer. Kirua ne put s'empêcher de le trouver attendrissant. Il se donna mentalement une gifle, et fixa à nouveau son attention sur son cours. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire ! Il y avait un contrôle de Biologie la semaine prochaine ! Gon vint s'asseoir à côté de lui. Kirua prit soin de ne pas le regarder, de l'ignorer de la manière la plus parfaite. Apparemment, Gon optait pour la même attitude. Il ne dit rien, ne sourit pas, et ne le regarda pas.
« Il a enfin dû comprendre qu'il faut me laisser tranquille, se dit Kirua avec un soupir de soulagement. Ce n'est pas trop tôt ! »
Le professeur arriva, et Kirua se concentra sur le cours. De même, Gon écoutait attentivement, et prenait des notes en silence.
À la pause, Kirua ramassa ses affaires consciencieusement. Il sortit dehors, et se dirigea vers le gymnase. Il ne détestait pas les cours de sport. Il était même plutôt bon, et ses deux heures hebdomadaires épanchaient son agressivité. Le programme de ce semestre était la lutte, et Kirua se faisait un plaisir de rosser les autres élèves. Il savait où frapper pour faire mal, sans trop abîmer son adversaire, et tout en faisant passer son geste pour involontaire. Le professeur le jugeait donc comme un garçon qui ne maîtrisait pas sa force, mais tous les autres élèves le craignaient et redoutaient de l'affronter. Kirua entra dans le gymnase, et se dirigea vers le vestiaire des garçons. Il était seul, les autres devant profiter des quelques minutes de pause pour prendre le soleil. Kirua s'assit sur le banc, et se commença à se changer rapidement. Il n'aimait pas se déshabiller devant les autres. Cela lui donnait l'impression de s'exhiber, d'être se mettre nu devant les autres, physiquement et spirituellement. Il était très pudique. Il n'aimait pas que l'on regarde son corps. Il se sentait vulnérable et fragile sans ses vêtements. Et puis surtout. cela lui rappelait trop ça.
« Il y a quelqu'un ? »
Des bruits de pas qui se rapprochent. Le grincement d'une porte qui s'ouvre lentement. Des bruits de pas à nouveau. Kirua, à moitié nu, couvrit précipitamment son torse de son pull gris. Un garçon entra dans les vestiaires, et fixa les yeux sur lui. C'était Gon.
« Ah ! Tu es là ! J'avais peur de m'être trompé de vestiaire. »
Gon s'avança doucement, s'installa sur le banc opposé, juste en face de Kirua, et enleva son T-shirt. Kirua nota mentalement la peau dorée, la courbure gracieuse et le buste athlétique de son compagnon. Ce spectacle lui semblait à la fois indécent et fascinant. Gon pliait à présent son T- shirt, l'air nullement pressé de recouvrir son torse dénudé, dans la plus parfaite innocence. Il se retourna vers Kirua, puis, d'un air étonné, demanda :
« Il y a quelque chose qui ne va pas ? »
Kirua se rendit alors compte qu'il était resté immobile, à regarder Gon, sans continuer à se changer lui-même. Il sentit la rougeur lui monter aux joues. Pour masquer son trouble, il se détourna, et entreprit de se changer le plus discrètement, le plus furtivement possible, essayant de masquer la moindre parcelle de sa peau. Il avait à peine fini de s'habiller que le reste de la classe arrivait, bruyamment, dans le vestiaire. Rompant le silence tendu entre les deux garçons.
Kirua s'assit sur le banc, le regard fixé sur le sol et repensa à ce qui venait de se passer. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de regarder Gon avec tant de convoitise ? La jalousie ? Certainement. Ça devait être de la jalousie envers Gon, qui pouvait dévoiler ainsi son corps, publiquement, sans secret ni complexe. Gon devait avoir une vie tellement simple et heureuse comparée à la sienne. Oui, Kirua l'enviait, comme il enviait tous ses gamins qui ne connaissaient rien à rien. Il n'empêche, il n'avait jamais auparavant eu ce genre de comportement.
Au coup de sifflet du professeur, les élèves sortirent, silencieusement, et s'alignèrent au bord du tatami. Après quelques assouplissements, le professeur les réunit autour de lui, et d'une voix forte, annonça :
« Nous allons commencer par une lutte libre. Vous travaillerez par groupe de deux, dans un carré de quatre mètres sur quatre mètres. Vous devez immobiliser votre adversaire dans un intervalle de dix minutes, sans sortir de ce carré. Vous avez droit à toutes les prises, sauf évidemment aux coups dangereux. Souvenez-vous-en ! »
Son regard croisa celui de Kirua. Tout en gardant sur son visage un masque d'impassibilité et d'innocence, celui-ci se réjouissait fortement dans son fort intérieur. Une lutte libre ! Ils n'en avaient encore jamais fait, cette année ! Il sourit intérieurement. Il allait enfin commencer à s'amuser. Le professeur continua :
« Bien. Ceci étant dit, mettez-vous aussitôt par groupe de deux, et délimitez vos emplacements. »
Kirua regarda autour de lui. Lequel d'entre eux sera sa victime ? Les groupes se formaient, lentement. Kirua savait qu'il n'avait qu'à attendre. Il restait toujours quelqu'un qui ne pouvait se mettre qu'avec lui. Et à ce moment-là.
« Kirua ? »
Il se retourna, masquant un sourire carnassier.
« Excuse-moi, mais. Tu n'es avec personne ? »
Gon. C'était Gon. Son sourire intérieur s'agrandit. Celui-là, il allait payer pour tous les autres. Pour son intrusion à côté de lui en cours. Pour son intrusion dans ses rêves. Pour son intrusion dans le vestiaire. Pour son intrusion dans ses désirs.
« Non. Tu veux te mettre avec moi ?
- Oui ! »
Gon souriait. Kirua sourit également. Il allait se faire une joie de gonfler ces lèvres de coups de telle façon que Gon ne puisse plus sourire ainsi avant une bonne quinzaine de jours. Après cette séance, celui-ci n'aurait plus aucune prétention à devenir son ami. Parfait. Il décidèrent ensemble de l'endroit de la rencontre, se placèrent de part et d'autre, et s'inclinèrent.
Le coup de sifflet du professeur marqua le début de la rencontre. Kirua se jeta contre Gon, et le saisit à la jambe. Gon se dégagea lestement, et le saisit par le bras. D'une brusque rotation du haut du corps, Kirua le déséquilibra, sans toutefois parvenir à le faire tomber sur le sol. Il en profita toutefois pour lui lancer un violent coup de pied au ventre. Kirua chancela, vacilla, et tomba sur le dos. Aussitôt, Gon fut sur lui, maintenant fermement ses poignets plaqués contre le sol. Kirua sentit les battements de son c?ur s'accélérer. Il sentait l'haleine chaude de Gon lui frôler le visage, et le contact de leurs bras nus était une délectation en même temps qu'un supplice. Kirua était pris d'une envie sauvage, bestiale, celle de griffer violemment le visage de Gon, et de mordre ses lèvres jusqu'au sang. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux, si proches, si. Kirua se dégagea d'un coup, avant que les dix secondes soient écoulées, et renversa Gon sur le dos. À son tour, il lui plaqua les bras au sol, et s'allongea sur lui. Gon, étonné par le renversement de la situation, poussa un petit cri de surprise. Kirua, triomphant, regarda son adversaire. Gon était à présent complètement à sa merci. Il pouvait lui faire faire ce qu'il désirait. ce qu'il désirait. Sans qu'il l'eut vraiment commandé, agissant plutôt de manière instinctive, Kirua rapprocha son visage de Gon, de plus en plus près.
« Terminé jeunes gens ! Venez me donner le résultat de vos matchs ! »
Kirua se recula aussitôt, lâcha Gon et s'éloigna de lui de plusieurs mètres. Son visage était écarlate. Qu'avait-il tenté de faire ? Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Jamais, jamais ce genre de réaction ne lui était arrivé ! Que s'était-il passé ? Que lui arrivait-il ? était-il malade, dérangé ? Avait-il un problème ? Pourquoi. pourquoi ce genre de pensées lui venait-elle à l'esprit ? Kirua avait l'impression d'être souillé, attaqué à l'intérieur de son corps, un peu comme. avec ça. C'était des pensées sales, mauvaises, cruelles. Il s'allongea sur le tatami, et ferma les yeux. Il fallait qu'il se reprenne. Il le fallait à tout pris ! Il respira lentement, profondément. Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi Gon ? Il avait seize ans, c'était l'âge de ce genre de désir, il le savait, son père l'avait mis en garde contre ce sentimentalisme futile qui fragilise l'esprit. Mais pourquoi Gon ? Pourquoi un garçon ? Il n'était pas préparé à. à ça. Était- il. amoureux de. Gon ? Non ! Certainement pas, il s'assit brusquement. Il ne devait pas se laisser aller. Ce n'était qu'une petite faiblesse passagère, auquel il ne devait surtout pas donner d'importance. Lui ? Amoureux ? Jamais ! En tout cas, surtout pas amoureux de ce garçon niais, fade et bête.
Le reste de la séance, Kirua s'appliqua à respecter les règles du professeur, évitant soigneusement Gon. Il travaillait à présent avec un autre garçon, qui n'avait pas l'air très réjoui de cette répartition. Lorsque le cours fut fini, ils retournèrent dans les vestiaires, et Kirua se changea le plus rapidement et le plus secrètement possible. Il sortit ensuite du vestiaire, et se dirigea à son emplacement habituel pour déjeuner. Mais il n'avait pas faim. Il sentait un grand malaise au plus profond de son être. Qu'avait donc pensé Gon ? Il n'oserait plus jamais le regarder. Il devait le mépriser, à présent, le craindre, certainement. Kirua aimait qu'on le craigne, mais. pas de cette façon-là. et puis. pas Gon. Enfin, si, pourquoi pas Gon ? Il n'était pas différent des autres ! Kirua se reprit. C'était déroutant de s'apercevoir que ses pensées lui échappaient. Il devait sans cesse se surveiller de près. Gon devait à présent penser qu'il était un pervers. Kirua grimaça. Avec ses bêtises, il s'était mis dans une situation bien délicate. Il espérait que Gon n'ébruiterait pas cette affaire. Mais c'était bien improbable. Et lui qui désirait à tout prix éviter les scandales. Que devait-il faire ? Parler à Gon, et s'excuser ? Il se voyait mal le faire. Et ce serait avouer sa faute, sa faiblesse. Le mieux, ou plutôt le moins pire, était toujours de ne rien faire. Il soupira. La situation risquait de très mal évoluer.
Après avoir mangé sans faim la moitié de son repas, il jeta le reste, et remonta dans la salle. Il avait du temps avant le prochain cours, mais il profitait souvent de ce temps pour réviser. Au moins, ça lui occupait l'esprit. Après avoir franchit le seuil, il se figea net. Gon était là, assit à sa table. Il leva les yeux vers lui, et sourit. Kirua fit semblant de ne pas remarquer que les battements de son c?ur s'étaient accélérés, et s'assit à côté de lui.
« Kirua ! Tu ne veux pas m'aider ? Je n'arrive pas à résoudre mon exercice de maths !
Kirua le regarda, incrédule. Gon agissait comme s'il ne s'était rien passé. C'était un comportement étrange. Pourquoi. ne le dégoûtait-il pas ? Et si. et si Gon n'était pas contre, finalement ? Et s'il voulait que Kirua. que Kirua l'embrasse ? Kirua sentit son sang se glacer. Il n'avait pas prévu cette réaction. Il regarda autour de lui. Ils étaient seuls, tous les deux, dans la classe. Gon n'agirait certainement pas ainsi s'il ne voulait pas que Kirua. continue ce qu'il avait commencé. Kirua soupira. Il s'était mis dans une situation encore plus compliquée qu'il ne le redoutait. Comment faire comprendre à Gon que son geste était maladroit, involontaire, et qu'il le regrettait ?
« Kirua ? Tu veux bien m'aider ? »
Ce regard. ce regard en l'espérance de quelque chose de lui, bien au-delà d'une simple aide aux devoirs. Comment lui faire comprendre ?
« Non. »
Oui, c'était ainsi. Il allait devoir se montrer encore plus froid, encore plus distant que d'habitude. Gon finira par comprendre que rien n'avait changé entre eux. Ils n'étaient pas amis.
Kirua ouvrit son livre d'histoire, et commença à apprendre par c?ur une longue série de dates. À côté de lui, Gon peinait sur son exercice. Il était si simple, pourtant ! L'erreur qu'avait fait Gon était grossière, visible, évidente !
« C'est là que tu as faux »
Hein ? Quoi ? Que venait-il de faire ? Mais pourquoi donc l'avait-il aidé ? Quel idiot !
« Ah ! Merci ! »
Et voilà. Gon souriait, de son plus grand sourire. Tout était à recommencer.
« Dis-moi, Kirua. »
La voix de Gon était grave, sérieuse. Kirua se raidit.
« . Tout à l'heure, en sport. »
Danger danger danger
« . Qu'est-ce que tu voulais me dire ? »
Hein ? Comment ? De quoi parle-t-il ?
« Hein ?
- Ben oui. quand tu t'es penché sur moi, après m'avoir immobilisé. Tu voulais me dire quelque chose à l'oreille, non ? »
Quoi ??? Mais alors il n'avait rien compris ??? Kirua eut un soupir de soulagement.
« Ah, euh. oui, oui c'est ça !
- Et. qu'est-ce que c'était ? »
Une idée, vite une idée.
« Oh, euh. je voulais juste. euh. te féliciter d'avoir si bien combattu ! »
Mais nooon !!!!!! C'était nul, ça ! Il ne fallait surtout pas lui faire de compliments !
« Ah bon ?
- Oui parce que. d'habitude, personne n'arrive à me battre. Et toi, tu y es presque arrivé.
- Oh. Je suis plutôt bon, en sport. Mais je n'avais jamais encore rencontré un garçon de mon âge aussi bon que toi en lutte. Tu m'as impressionné !
- .
- Je suis content.
- .
- Je suis content de pouvoir discuter comme ça avec toi. »
Aïe. Mauvais ça.
« Moi aussi. »
Mauvaise réponse !
« C'est vrai ?
- Non. »
Ouf. Il s'était bien rattrapé. Mais tout de même, pourquoi donc avait-il répondu ça ? Et pourquoi discutait-il avec Gon ? Il devait s'éloigner de ce garçon. Il était dangereux. Il ne se contrôlait pas face à lui.
Kirua parvint, non sans peine, à éloigner Gon de ses pensées pour le reste de l'après-midi. Ce n'est qu'après, sur le chemin du retour, que cet épisode malheureux lui revint en mémoire. Accompagné d'une perspective très désagréable. Ce soir, à la cérémonie, il allait devoir raconter cet épisode. Devant toute sa famille. Il devrait surmonter une honte publique, et les critiques acerbes de son père. Une honte bien plus grande que celle occasionnée par une mauvaise note. Et il serait puni, certainement. Un tel écart de conduite devait être châtié. Mais plus que le châtiment, c'était la réprobation familiale qu'il craignait. Comment réagira son père, apprenant que son fils, Kirua, avait tenté. d'embrasser. un autre garçon ? Kirua frissonna. Il ne voulait pas raconter cela. Il voulait le garder au plus profond de soi, là où l'on cache ce qui nous déshonore, ce qui nous fait honte. Ce jour-là, Kirua prit une importante décision. Pour la première fois de sa vie, il allait mentir à son père.
Lazuli : Yaaaaaah !!! Je suis complètement dingue du couple Gon - Kirua. Attention, ni l'un ni l'autre ne m'intéresse, moi c'est Kurapika que j'aime ^___^ (Yaaattttttttttaaaaaa !!!!!! Kurapika, mon amouuuuuuur !!!!!!!!!!). Mais j'adore les imaginer ensemble (c'est normal ? ;;;^^)s
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
Shi
Lorsque la porte s'ouvrit, Kirua leva les yeux un instant, et rebaissa rapidement les yeux, en réprimant une grimace. Gon venait d'entrer dans la salle de classe. Il ne l'avait pas revu depuis le moment où il lui avait clairement dit qu'il ne désirait pas être son ami. Gon avait été absent toute l'après-midi, et Kirua avait à nouveau pu jouir du calme et de la solitude. Pourtant, lorsque la rumeur avait couru que Gon avait éclaté en sanglots au milieu de la cour de récréation, il n'avait pu s'empêcher de se sentir mal-à-l'aise. Zushi s'était levé, souriant, et s'avança vers Gon. Kirua, plongé dans son cours de Biologie, l'entendit s'écrier :
« Gon ! Tu es revenu ! Je te passerai les cours que tu as manqués. Tu vas mieux ?
- Euh. oui, oui, ça va. »
La voix de Gon paraissait gênée, mal assurée. Kirua releva la tête, et vit les joues de Gon s'empourprer. Kirua ne put s'empêcher de le trouver attendrissant. Il se donna mentalement une gifle, et fixa à nouveau son attention sur son cours. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire ! Il y avait un contrôle de Biologie la semaine prochaine ! Gon vint s'asseoir à côté de lui. Kirua prit soin de ne pas le regarder, de l'ignorer de la manière la plus parfaite. Apparemment, Gon optait pour la même attitude. Il ne dit rien, ne sourit pas, et ne le regarda pas.
« Il a enfin dû comprendre qu'il faut me laisser tranquille, se dit Kirua avec un soupir de soulagement. Ce n'est pas trop tôt ! »
Le professeur arriva, et Kirua se concentra sur le cours. De même, Gon écoutait attentivement, et prenait des notes en silence.
À la pause, Kirua ramassa ses affaires consciencieusement. Il sortit dehors, et se dirigea vers le gymnase. Il ne détestait pas les cours de sport. Il était même plutôt bon, et ses deux heures hebdomadaires épanchaient son agressivité. Le programme de ce semestre était la lutte, et Kirua se faisait un plaisir de rosser les autres élèves. Il savait où frapper pour faire mal, sans trop abîmer son adversaire, et tout en faisant passer son geste pour involontaire. Le professeur le jugeait donc comme un garçon qui ne maîtrisait pas sa force, mais tous les autres élèves le craignaient et redoutaient de l'affronter. Kirua entra dans le gymnase, et se dirigea vers le vestiaire des garçons. Il était seul, les autres devant profiter des quelques minutes de pause pour prendre le soleil. Kirua s'assit sur le banc, et se commença à se changer rapidement. Il n'aimait pas se déshabiller devant les autres. Cela lui donnait l'impression de s'exhiber, d'être se mettre nu devant les autres, physiquement et spirituellement. Il était très pudique. Il n'aimait pas que l'on regarde son corps. Il se sentait vulnérable et fragile sans ses vêtements. Et puis surtout. cela lui rappelait trop ça.
« Il y a quelqu'un ? »
Des bruits de pas qui se rapprochent. Le grincement d'une porte qui s'ouvre lentement. Des bruits de pas à nouveau. Kirua, à moitié nu, couvrit précipitamment son torse de son pull gris. Un garçon entra dans les vestiaires, et fixa les yeux sur lui. C'était Gon.
« Ah ! Tu es là ! J'avais peur de m'être trompé de vestiaire. »
Gon s'avança doucement, s'installa sur le banc opposé, juste en face de Kirua, et enleva son T-shirt. Kirua nota mentalement la peau dorée, la courbure gracieuse et le buste athlétique de son compagnon. Ce spectacle lui semblait à la fois indécent et fascinant. Gon pliait à présent son T- shirt, l'air nullement pressé de recouvrir son torse dénudé, dans la plus parfaite innocence. Il se retourna vers Kirua, puis, d'un air étonné, demanda :
« Il y a quelque chose qui ne va pas ? »
Kirua se rendit alors compte qu'il était resté immobile, à regarder Gon, sans continuer à se changer lui-même. Il sentit la rougeur lui monter aux joues. Pour masquer son trouble, il se détourna, et entreprit de se changer le plus discrètement, le plus furtivement possible, essayant de masquer la moindre parcelle de sa peau. Il avait à peine fini de s'habiller que le reste de la classe arrivait, bruyamment, dans le vestiaire. Rompant le silence tendu entre les deux garçons.
Kirua s'assit sur le banc, le regard fixé sur le sol et repensa à ce qui venait de se passer. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de regarder Gon avec tant de convoitise ? La jalousie ? Certainement. Ça devait être de la jalousie envers Gon, qui pouvait dévoiler ainsi son corps, publiquement, sans secret ni complexe. Gon devait avoir une vie tellement simple et heureuse comparée à la sienne. Oui, Kirua l'enviait, comme il enviait tous ses gamins qui ne connaissaient rien à rien. Il n'empêche, il n'avait jamais auparavant eu ce genre de comportement.
Au coup de sifflet du professeur, les élèves sortirent, silencieusement, et s'alignèrent au bord du tatami. Après quelques assouplissements, le professeur les réunit autour de lui, et d'une voix forte, annonça :
« Nous allons commencer par une lutte libre. Vous travaillerez par groupe de deux, dans un carré de quatre mètres sur quatre mètres. Vous devez immobiliser votre adversaire dans un intervalle de dix minutes, sans sortir de ce carré. Vous avez droit à toutes les prises, sauf évidemment aux coups dangereux. Souvenez-vous-en ! »
Son regard croisa celui de Kirua. Tout en gardant sur son visage un masque d'impassibilité et d'innocence, celui-ci se réjouissait fortement dans son fort intérieur. Une lutte libre ! Ils n'en avaient encore jamais fait, cette année ! Il sourit intérieurement. Il allait enfin commencer à s'amuser. Le professeur continua :
« Bien. Ceci étant dit, mettez-vous aussitôt par groupe de deux, et délimitez vos emplacements. »
Kirua regarda autour de lui. Lequel d'entre eux sera sa victime ? Les groupes se formaient, lentement. Kirua savait qu'il n'avait qu'à attendre. Il restait toujours quelqu'un qui ne pouvait se mettre qu'avec lui. Et à ce moment-là.
« Kirua ? »
Il se retourna, masquant un sourire carnassier.
« Excuse-moi, mais. Tu n'es avec personne ? »
Gon. C'était Gon. Son sourire intérieur s'agrandit. Celui-là, il allait payer pour tous les autres. Pour son intrusion à côté de lui en cours. Pour son intrusion dans ses rêves. Pour son intrusion dans le vestiaire. Pour son intrusion dans ses désirs.
« Non. Tu veux te mettre avec moi ?
- Oui ! »
Gon souriait. Kirua sourit également. Il allait se faire une joie de gonfler ces lèvres de coups de telle façon que Gon ne puisse plus sourire ainsi avant une bonne quinzaine de jours. Après cette séance, celui-ci n'aurait plus aucune prétention à devenir son ami. Parfait. Il décidèrent ensemble de l'endroit de la rencontre, se placèrent de part et d'autre, et s'inclinèrent.
Le coup de sifflet du professeur marqua le début de la rencontre. Kirua se jeta contre Gon, et le saisit à la jambe. Gon se dégagea lestement, et le saisit par le bras. D'une brusque rotation du haut du corps, Kirua le déséquilibra, sans toutefois parvenir à le faire tomber sur le sol. Il en profita toutefois pour lui lancer un violent coup de pied au ventre. Kirua chancela, vacilla, et tomba sur le dos. Aussitôt, Gon fut sur lui, maintenant fermement ses poignets plaqués contre le sol. Kirua sentit les battements de son c?ur s'accélérer. Il sentait l'haleine chaude de Gon lui frôler le visage, et le contact de leurs bras nus était une délectation en même temps qu'un supplice. Kirua était pris d'une envie sauvage, bestiale, celle de griffer violemment le visage de Gon, et de mordre ses lèvres jusqu'au sang. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux, si proches, si. Kirua se dégagea d'un coup, avant que les dix secondes soient écoulées, et renversa Gon sur le dos. À son tour, il lui plaqua les bras au sol, et s'allongea sur lui. Gon, étonné par le renversement de la situation, poussa un petit cri de surprise. Kirua, triomphant, regarda son adversaire. Gon était à présent complètement à sa merci. Il pouvait lui faire faire ce qu'il désirait. ce qu'il désirait. Sans qu'il l'eut vraiment commandé, agissant plutôt de manière instinctive, Kirua rapprocha son visage de Gon, de plus en plus près.
« Terminé jeunes gens ! Venez me donner le résultat de vos matchs ! »
Kirua se recula aussitôt, lâcha Gon et s'éloigna de lui de plusieurs mètres. Son visage était écarlate. Qu'avait-il tenté de faire ? Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Jamais, jamais ce genre de réaction ne lui était arrivé ! Que s'était-il passé ? Que lui arrivait-il ? était-il malade, dérangé ? Avait-il un problème ? Pourquoi. pourquoi ce genre de pensées lui venait-elle à l'esprit ? Kirua avait l'impression d'être souillé, attaqué à l'intérieur de son corps, un peu comme. avec ça. C'était des pensées sales, mauvaises, cruelles. Il s'allongea sur le tatami, et ferma les yeux. Il fallait qu'il se reprenne. Il le fallait à tout pris ! Il respira lentement, profondément. Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi Gon ? Il avait seize ans, c'était l'âge de ce genre de désir, il le savait, son père l'avait mis en garde contre ce sentimentalisme futile qui fragilise l'esprit. Mais pourquoi Gon ? Pourquoi un garçon ? Il n'était pas préparé à. à ça. Était- il. amoureux de. Gon ? Non ! Certainement pas, il s'assit brusquement. Il ne devait pas se laisser aller. Ce n'était qu'une petite faiblesse passagère, auquel il ne devait surtout pas donner d'importance. Lui ? Amoureux ? Jamais ! En tout cas, surtout pas amoureux de ce garçon niais, fade et bête.
Le reste de la séance, Kirua s'appliqua à respecter les règles du professeur, évitant soigneusement Gon. Il travaillait à présent avec un autre garçon, qui n'avait pas l'air très réjoui de cette répartition. Lorsque le cours fut fini, ils retournèrent dans les vestiaires, et Kirua se changea le plus rapidement et le plus secrètement possible. Il sortit ensuite du vestiaire, et se dirigea à son emplacement habituel pour déjeuner. Mais il n'avait pas faim. Il sentait un grand malaise au plus profond de son être. Qu'avait donc pensé Gon ? Il n'oserait plus jamais le regarder. Il devait le mépriser, à présent, le craindre, certainement. Kirua aimait qu'on le craigne, mais. pas de cette façon-là. et puis. pas Gon. Enfin, si, pourquoi pas Gon ? Il n'était pas différent des autres ! Kirua se reprit. C'était déroutant de s'apercevoir que ses pensées lui échappaient. Il devait sans cesse se surveiller de près. Gon devait à présent penser qu'il était un pervers. Kirua grimaça. Avec ses bêtises, il s'était mis dans une situation bien délicate. Il espérait que Gon n'ébruiterait pas cette affaire. Mais c'était bien improbable. Et lui qui désirait à tout prix éviter les scandales. Que devait-il faire ? Parler à Gon, et s'excuser ? Il se voyait mal le faire. Et ce serait avouer sa faute, sa faiblesse. Le mieux, ou plutôt le moins pire, était toujours de ne rien faire. Il soupira. La situation risquait de très mal évoluer.
Après avoir mangé sans faim la moitié de son repas, il jeta le reste, et remonta dans la salle. Il avait du temps avant le prochain cours, mais il profitait souvent de ce temps pour réviser. Au moins, ça lui occupait l'esprit. Après avoir franchit le seuil, il se figea net. Gon était là, assit à sa table. Il leva les yeux vers lui, et sourit. Kirua fit semblant de ne pas remarquer que les battements de son c?ur s'étaient accélérés, et s'assit à côté de lui.
« Kirua ! Tu ne veux pas m'aider ? Je n'arrive pas à résoudre mon exercice de maths !
Kirua le regarda, incrédule. Gon agissait comme s'il ne s'était rien passé. C'était un comportement étrange. Pourquoi. ne le dégoûtait-il pas ? Et si. et si Gon n'était pas contre, finalement ? Et s'il voulait que Kirua. que Kirua l'embrasse ? Kirua sentit son sang se glacer. Il n'avait pas prévu cette réaction. Il regarda autour de lui. Ils étaient seuls, tous les deux, dans la classe. Gon n'agirait certainement pas ainsi s'il ne voulait pas que Kirua. continue ce qu'il avait commencé. Kirua soupira. Il s'était mis dans une situation encore plus compliquée qu'il ne le redoutait. Comment faire comprendre à Gon que son geste était maladroit, involontaire, et qu'il le regrettait ?
« Kirua ? Tu veux bien m'aider ? »
Ce regard. ce regard en l'espérance de quelque chose de lui, bien au-delà d'une simple aide aux devoirs. Comment lui faire comprendre ?
« Non. »
Oui, c'était ainsi. Il allait devoir se montrer encore plus froid, encore plus distant que d'habitude. Gon finira par comprendre que rien n'avait changé entre eux. Ils n'étaient pas amis.
Kirua ouvrit son livre d'histoire, et commença à apprendre par c?ur une longue série de dates. À côté de lui, Gon peinait sur son exercice. Il était si simple, pourtant ! L'erreur qu'avait fait Gon était grossière, visible, évidente !
« C'est là que tu as faux »
Hein ? Quoi ? Que venait-il de faire ? Mais pourquoi donc l'avait-il aidé ? Quel idiot !
« Ah ! Merci ! »
Et voilà. Gon souriait, de son plus grand sourire. Tout était à recommencer.
« Dis-moi, Kirua. »
La voix de Gon était grave, sérieuse. Kirua se raidit.
« . Tout à l'heure, en sport. »
Danger danger danger
« . Qu'est-ce que tu voulais me dire ? »
Hein ? Comment ? De quoi parle-t-il ?
« Hein ?
- Ben oui. quand tu t'es penché sur moi, après m'avoir immobilisé. Tu voulais me dire quelque chose à l'oreille, non ? »
Quoi ??? Mais alors il n'avait rien compris ??? Kirua eut un soupir de soulagement.
« Ah, euh. oui, oui c'est ça !
- Et. qu'est-ce que c'était ? »
Une idée, vite une idée.
« Oh, euh. je voulais juste. euh. te féliciter d'avoir si bien combattu ! »
Mais nooon !!!!!! C'était nul, ça ! Il ne fallait surtout pas lui faire de compliments !
« Ah bon ?
- Oui parce que. d'habitude, personne n'arrive à me battre. Et toi, tu y es presque arrivé.
- Oh. Je suis plutôt bon, en sport. Mais je n'avais jamais encore rencontré un garçon de mon âge aussi bon que toi en lutte. Tu m'as impressionné !
- .
- Je suis content.
- .
- Je suis content de pouvoir discuter comme ça avec toi. »
Aïe. Mauvais ça.
« Moi aussi. »
Mauvaise réponse !
« C'est vrai ?
- Non. »
Ouf. Il s'était bien rattrapé. Mais tout de même, pourquoi donc avait-il répondu ça ? Et pourquoi discutait-il avec Gon ? Il devait s'éloigner de ce garçon. Il était dangereux. Il ne se contrôlait pas face à lui.
Kirua parvint, non sans peine, à éloigner Gon de ses pensées pour le reste de l'après-midi. Ce n'est qu'après, sur le chemin du retour, que cet épisode malheureux lui revint en mémoire. Accompagné d'une perspective très désagréable. Ce soir, à la cérémonie, il allait devoir raconter cet épisode. Devant toute sa famille. Il devrait surmonter une honte publique, et les critiques acerbes de son père. Une honte bien plus grande que celle occasionnée par une mauvaise note. Et il serait puni, certainement. Un tel écart de conduite devait être châtié. Mais plus que le châtiment, c'était la réprobation familiale qu'il craignait. Comment réagira son père, apprenant que son fils, Kirua, avait tenté. d'embrasser. un autre garçon ? Kirua frissonna. Il ne voulait pas raconter cela. Il voulait le garder au plus profond de soi, là où l'on cache ce qui nous déshonore, ce qui nous fait honte. Ce jour-là, Kirua prit une importante décision. Pour la première fois de sa vie, il allait mentir à son père.
Lazuli : Yaaaaaah !!! Je suis complètement dingue du couple Gon - Kirua. Attention, ni l'un ni l'autre ne m'intéresse, moi c'est Kurapika que j'aime ^___^ (Yaaattttttttttaaaaaa !!!!!! Kurapika, mon amouuuuuuur !!!!!!!!!!). Mais j'adore les imaginer ensemble (c'est normal ? ;;;^^)s
