Secret de famille
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
7 - Shichi V-S-D-L
Gon rentra chez lui le c?ur en fête. Kirua l'avait finalement accepté pour ami. Définitivement. Il allait pouvoir passer ses journées à ses côtés, étudier avec lui, manger avec lui, rire avec lui, parler avec lui, le regarder, le suivre, l'aimer. Il ne demandait rien de plus. Les arbres, les oiseaux, le vent prenaient soudain tout leurs sens. Dès qu'il fut arrivé, il se jeta au cou de sa tante, et l'embrassa sur les deux joues avec force. Celle-ci, surprise, répondit maladroitement à son étreinte, lui sourit, et retourna s'occuper de ses clients. Gon monta alors les escaliers quatre à quatre, se précipita dans sa chambre, et se laissa tomber lourdement sur son lit, les bras en croix, les yeux grands ouverts et la bouche ouverte en un sourire béat. Il ne croyait pas en son bonheur. On était vendredi, la veille du week-end, d'un interminable week-end, mais lundi, il reverrait Kirua. Toute la semaine, il pourra être à ses côtés. Toujours. Et cela recommencera, toutes les semaines, toute l'année, et l'année prochaine aussi, sans doute. Que de moments de bonheur ils allaient pouvoir connaître ensemble ! Gon resta immobile longtemps, pleins de rêves en tête, plus fous les uns que les autres, jusqu'à ce que Mito l'appelle pour le dîner. Il descendit alors les escaliers aussi vite qu'il les avait montés, et se rua dans la salle à manger, le regard étincelant et le c?ur rempli de joie. La vie était vraiment quelque chose de magique, de merveilleux, de beau, lorsqu'on savait avec qui la vivre.
Le samedi, Gon partit très tôt le matin, avec l'intention de se promener dans la forêt. Mais il avait en réalité surtout envie d'être seul, avec ses sentiments. Il erra, sans but, parmi les arbres toute la matinée, en se rapprochant toujours, inconsciemment, de la muraille entourant la propriété des Zoldiks. La majorité de la forêt appartenait en effet à la famille de Kirua, et l'épais mur de briques séparait donc la forêt en deux. Gon s'appuya contre ce mur. Il aurait tant aimé se trouver de l'autre côté, et connaître ainsi l'endroit où habitait celui qu'il aimait. Kirua ne lui avait jamais parlé de sa famille, et de sa maison. Il était toujours resté silencieux, écoutant Gon la plupart du temps, et détournant soigneusement les questions personnelles. Gon ne connaissait donc sa vie privée que par les rumeurs qui circulaient à son sujet. Il avait entendu que son père était le directeur d'une grande compagnie de fabrication d'armes, et possédait l'une des dix plus grandes fortunes du monde. Mais concernant tout le reste, les rumeurs demeuraient assez floues, parfois contradictoire, et tenaient apparemment plus de la légende que de véritables faits. L'une d'elle par exemple, disait que le père de Kirua était un colosse de trois mères, capable d'arracher le c?ur de ses ennemis à mains nues. Gon n'y accordait donc que peu de fois. Quant à la propriété des Zoldiks, personne ne semblait jamais y être entré.
Il s'écarta subitement de l'enceinte, et se dirigea vers un arbre gigantesque, un immense cèdre qui avait poussé aux alentours de la muraille, entreprit de l'escalader, et s'installa à califourchon sur l'une des plus hautes branches pouvant encore supporter son poids, et sortit de son sac un sandwich dans lequel il mordit avidement. De là-haut, il dominait toute la forêt, et il avait également une vue imprenable sur « Kukuru mountain ». La propriété était immense, et recouvrait apparemment plusieurs hectares de forêts. Au sommet de la montagne était dressée, imposante, une gigantesque forteresse noire, qui faisait corps avec la montagne. Soudain, un avion décolla du centre de la forteresse, presque à la verticale, et s'éloigna à l'horizon. Gon se remémora les paroles de Kirua : « Nous vivons en haut de la montagne, et l'on ne peut y accéder que par les airs. ». Comme il aurait aimé, lui, vivre dans ce lieu éloigné de tout, au milieu de la nature ! Il resta là, sur son arbre, toute l'après- midi, dévorant des yeux ce domaine interdit, ce paradis défendu, où se trouvait en ce moment-même celui qu'il aimait. Il ne redescendit que lorsque la fraîcheur du soir tomba sur la forêt.
Le dimanche, il resta chez lui, faisant ses devoirs avec application, mais s'arrêtant souvent pour rêvasser, les yeux dans le vide, si bien qu'il ne fut pas vraiment productif. L'après-midi, il aida sa tante à nettoyer le bar de fond en comble, profitant comme de coutume de la fermeture hebdomadaire. Il passa le balai, fit la vaisselle, épousseta les tables, mais il ne fut, là non plus, pas très efficace, s'arrêtant parfois en pleine action pour regarder par la fenêtre et laisser vagabonder son esprit vers celui qui chérissait, ce qui fit que Mito dut à plusieurs reprises le secouer gentiment, un léger sourire au coin des lèvres. Ils n'avaient pas reparlé depuis mercredi des « sentiments » de Gon, mais ses regards, ses sourires et son comportement avait apparemment définitivement convaincu Mito de l'état de son fils adoptif. Depuis, elle montrait beaucoup d'indulgence envers Gon, s'amusant de son inattention, de ses étourderies et de sa maladresse. Gon, lui, remerciait intérieurement sa tante de sa discrétion. Il ne voulait pas lui parler de Kirua. Pas encore. Il lui avait toujours parlé de tous ses amis à c?ur ouvert, mais cette fois-ci, c'était différent. Il voulait protéger leur relation des regards étrangers. Même de celui de Mito. C'était une relation qui n'appartenait qu'à eux.
Enfin, ce fut lundi. Gon se leva tôt, le c?ur battant, s'habilla nerveusement, se dépêcha d'avaler son petit déjeuner, et courut jusqu'à l'entrée de Kukuru mountain. Il était arrivé trop tôt, et savait que Kirua ne donnerait pas de signe de vie avant une demi-heure au moins, mais il appréciait le fait de se sentir ainsi plus proche de lui. Il s'assit dans l'herbe, entoura ses jambes de ses bras, et attendit. Enfin, le vrombissement de l'avion le fit se relever précipitamment. Quelques instants après, l'immense portail s'ouvrait, de manière majestueuse et impressionnante, laissant apparaître un jeune garçon aux cheveux blancs en bataille. Kirua. Gon se sentit transporté de bonheur. Après deux jours de séparation, il retrouvait enfin son aimé. Il s'avança, d'un pas timide, le sourire aux lèvres. Kirua se tourna vers lui, lui souriant également. Ils étaient enfin réunis. Ils s'emboîtèrent mutuellement le pas, et partir ensemble pour le lycée. Ils parlaient peu, mais cela suffisait à Gon, qui dévorait Kirua du regard, sans se préoccuper de l'extérieur.
Son visage semblait plus tiré, plus émacié que d'habitude. Ses joues étaient creusées. Sa peau était très blanche, presque blafarde. Son regard paraissait tremblant, fiévreux. Il ressemblait à un malade, ou à quelqu'un n'ayant pas suffisamment dormi. Gon l'examina plus intensément, inquiété par ses signes. Kirua ne semblait pas, loin de là, en bonne forme physique. Il paraissait nerveux, fébrile, tourmenté, fatigué. Quelque chose n'allait pas.
« Kirua ?
- Mmh ?
- Tu vas bien ?
- Hein ? Oui pourquoi ?
- Tu as l'air malade.
- Oh. euh, en fait, j'ai eu des mots avec mon père, et j'ai mal dormi.
- Ah bon. J'espère que ça va s'arranger. »
Kirua resta muet, le regard fixé droit devant lui. Gon n'insista pas. La relation père-fils semblait assez conflictuelle, chez les Zoldiks. Ça devait être un sujet brûlant, qu'il évita de fait d'aborder. Kirua lui en parlerait lorsqu'il le désirerait, il ne le brusquerait pas. Ils avaient tout le temps devant eux... Ils ne se parlèrent plus de tout le chemin, pourtant assez long, qui les conduisait au lycée, et Gon profita simplement de la présence de l'élu de son c?ur à ses côtés, frissonnant à chacun de leurs contacts accidentels. Ils entrèrent ensemble dans la salle de classe, et s'assirent côte à côte, à leurs places habituelles.
Une nouvelle semaine commençait. Gon avait du mal à croire qu'il n'était ici que depuis si peu de temps. Tant de choses s'étaient passées dans ce cours laps de temps. Il repensa avec nostalgie au sentiment qui était né dans son c?ur, et à l'apprivoisement progressif de Kirua. Qu'allait donc lui apporter cette nouvelle semaine ? Il nageait d'ores et déjà en plein bonheur... Pouvait-il recevoir plus encore ? Il n'osait l'espérer. Il regarda Kirua, hypnotisé par ce garçon si mystérieux, si imprévisible, si impitoyable, mais pourtant si attachant, si fragile dans son agressivité, si. beau... tout simplement. Gon se sentait pris de vertige. Kirua faisait naître tellement de choses en lui. Des sentiments violents, incontrôlables, forts, magnifiques et cruels. Il détourna son regard de lui avec difficulté. Il ne devait pas le regarder si avidement, ou Kirua finirait par se douter de quelque chose. Et ce serait le pire qui puisse leur arriver. Kirua réagirait sans doute très mal, et ce serait la fin définitive de leur amitié. Gon voulait à tout pris éviter cette finalité. Le professeur arriva, et Gon se plongea dans son cours, s'arrêtant parfois pour jouir un moment de la présence si proche de Kirua, mais se reprenant rapidement. Ne pas créer de soupçons n'était pas le seul enjeu. Il ne devait pas non plus compromettre sa scolarité. Ne serait-ce que pour pouvoir être l'année suivante dans la même classe que Kirua. La matinée passa rapidement. Que le temps file vite près de ceux que l'on aime !
À la pause déjeuner, il suivit Kirua derrière le gymnase, sous le cerisier. Celui-ci commençait à tout juste à fleurir, et le nombre important de bourgeons qui le recouvrait promettait une floraison prometteuse. C'était vraiment une chance qu'un tel endroit merveilleux soit inconnu de la plupart des élèves. Ils mangèrent en silence, Gon dévorant Kirua du regard, Kirua lui tournant à demi le dos. Gon se sentait gêné. Le silence ne le dérangeait pas, il savait que Kirua n'aimait pas parler, et il y avait de toute manière une véritable complicité qui se tissait habituellement entre eux dans ce silence. Mais Kirua semblait refuser aujourd'hui cette silencieuse communion. Il ne le regardait pas, et l'ignorait, comme au début de leu relation. Peut-être pensait-il encore à la dispute qu'il avait eu avec son père. Il avait en tout cas apparemment besoin d'être seul, et Gon n'essaya pas de le tirer de son mutisme, bien qu'il mourrait d'envie de lui remonter le moral. Kirua devait être très attaché à son père, pour se mettre dans des états pareils.
Ils retournèrent ensuite dans leur salle de classe, toujours sans ouvrir la bouche. Zushi les regarda entrer d'un étrange regard, et sourit bizarrement à Gon. Ils ne s'étaient presque pas parlé depuis le premier jour où il avait mangé avec Kirua, et leur relation avait considérablement changé. Zushi semblait à présent se méfier un peu de Gon. Peut-être pensait- il que lui non plus n'était pas fréquentable ? Mais Gon ne s'intéressait aucunement à ce qu'il pouvait penser. Depuis qu'il était avec Kirua, il s'était complètement détaché de ses anciens amis, et ne s'en souciait que peu. Il vivait sur son petit nuage : Kirua était le seul qui compte encore pour lui. C'était, réflexion faite, une attitude assez égoïste, mais Zushi n'avait, après tout, jamais été plus qu'un « copain » pour lui. Il avait dû choisir, et il avait choisit Kirua. Sans hésitation. Et sans regrets. Gon répondit pourtant au sourire de Zushi, et alla s'asseoir. Les cours commencèrent, et il chassa Zushi de son esprit. Il ne comptait plus pour lui. Il suivit le cours avec attention, mais, exceptionnellement, cela ne semblait pas être le cas de Kirua, qui, la tête entre ses mains, semblait réfléchir intensément. Gon ne le dérangea pas.
Les cours finis, Kirua se leva et sortit le premier de la salle, rapidement, marchant à grands pas. Gon ramassa précipitamment ses affaires, et courut derrière lui, pour le rattraper à la sortie du lycée.
« Kirua ! Attends-moi ! Je te raccompagne !
- Je n'ai pas besoin qu'on me raccompagne. »
Gon s'arrêta, stupéfait, blessé. Cette voix ! C'était la même que celle qu'il avait au début ! Tout était-il à recommencer ? Il voulait y croire encore. Il se remit à courir, rejoignit Kirua, l'attrapa au poignet et le força à s'immobiliser.
« Qu'est-ce qui te prends ? Kirua !
- Lâche-moi !
- Non ! Je ne te lâcherai pas ! Pourquoi es-tu si froid, tout d'un coup ?
- Tu fais chier, lâche-moi !
- Non ! »
Kirua se dégagea vigoureusement de l'étreinte de Gon, et reprit son chemin. Mais Gon se plaça devant lui, bloquant son avancée.
« Répond-moi !
- Je n'ai pas à te répondre. Mais qu'est-ce que t'es collant ! Tu n'as donc pas encore compris ? Je ne veux pas de ton amitié ! Je n'en ai jamais voulu ! Je m'amuse avec toi depuis le début. Tu n'es rien pour moi. Laisse- moi passer ! »
Gon se sentit tomber, de plus en plus vite, de plus en plus bas, en une chute vertigineuse. Les larmes lui vinrent aux yeux. Était-ce vrai. ? Ce que Kirua avait dit. Alors comme ça. depuis le début. Kirua jouait avec lui ? Ce n'était pas vrai ! Cela ne pouvait pas être vrai !
Kirua le poussa violement, le faisant tomber sans résistance sur le sol, et passa devant lui, le regardant avec mépris.
« C'est ça, chiale, tu n'es bon qu'à ça. »
Il continuant sa route, sans se retourner. Gon se redressa sur ses genoux.
« Kirua !
- Quoi ? Tu n'as pas toujours pas compris ? Je ne serai jamais ton ami !
- Tu n'es pas mon ami, Kirua, je t'aime, tu es tout pour moi ! »
Il l'avait dit. Ça lui était venu, spontanément. Il n'avait pas réfléchi avant de parler. Mais il sentait qu'il devait lui dire. Être enfin franc avec lui. Il n'avait jamais aimé la dissimulation des sentiments. Ce n'était certainement pas le bon moment, mais il devait lui dire. Que Kirua connaisse la vérité. Et apparemment, il n'avait plus rien à perdre. Gon sentit son c?ur se serrer. Kirua s'était arrêté, et les lycéens, regroupés curieusement autour d'eux depuis le début de la scène, commençaient à murmurer entre eux. Puis Kirua parla, sans se retourner, sans adresser un seul regard à Gon, lentement, distinctement, de sa voix dure, froide et dépourvue d'émotions :
« Alors, c'était pour ça. Ton obstination, ton hystérie pour moi. Tu n'es donc qu'un sale petit pédé. Si j'avais su, je ne me serais pas approché de toi. Tu me dégoûtes. Mais je suis déçu, je croyais briser un c?ur plus pur. »
Il s'éloigna, sans changer son allure, tandis que Gon, prostré sur le sol au milieu de la foule d'élèves attroupés, éclatait en sanglots.
Lazuli : La relation entre Gon et Kirua semble bien mal partie. Quelle est la raison qui pousse Kirua à dire d'aussi terribles paroles ? Gon se remettra-t-il de la blessure que lui a infligée Kirua ? Mito craquera-t- elle pour le nouveau sac Vuitton ? Vous le saurez, en lisant le nouvel épisode de... Amouuur, pleurs et secreeeeet !!!. (c'est. nul. T_T)
by Lazuli
d'après « Hunter X Hunter »
7 - Shichi V-S-D-L
Gon rentra chez lui le c?ur en fête. Kirua l'avait finalement accepté pour ami. Définitivement. Il allait pouvoir passer ses journées à ses côtés, étudier avec lui, manger avec lui, rire avec lui, parler avec lui, le regarder, le suivre, l'aimer. Il ne demandait rien de plus. Les arbres, les oiseaux, le vent prenaient soudain tout leurs sens. Dès qu'il fut arrivé, il se jeta au cou de sa tante, et l'embrassa sur les deux joues avec force. Celle-ci, surprise, répondit maladroitement à son étreinte, lui sourit, et retourna s'occuper de ses clients. Gon monta alors les escaliers quatre à quatre, se précipita dans sa chambre, et se laissa tomber lourdement sur son lit, les bras en croix, les yeux grands ouverts et la bouche ouverte en un sourire béat. Il ne croyait pas en son bonheur. On était vendredi, la veille du week-end, d'un interminable week-end, mais lundi, il reverrait Kirua. Toute la semaine, il pourra être à ses côtés. Toujours. Et cela recommencera, toutes les semaines, toute l'année, et l'année prochaine aussi, sans doute. Que de moments de bonheur ils allaient pouvoir connaître ensemble ! Gon resta immobile longtemps, pleins de rêves en tête, plus fous les uns que les autres, jusqu'à ce que Mito l'appelle pour le dîner. Il descendit alors les escaliers aussi vite qu'il les avait montés, et se rua dans la salle à manger, le regard étincelant et le c?ur rempli de joie. La vie était vraiment quelque chose de magique, de merveilleux, de beau, lorsqu'on savait avec qui la vivre.
Le samedi, Gon partit très tôt le matin, avec l'intention de se promener dans la forêt. Mais il avait en réalité surtout envie d'être seul, avec ses sentiments. Il erra, sans but, parmi les arbres toute la matinée, en se rapprochant toujours, inconsciemment, de la muraille entourant la propriété des Zoldiks. La majorité de la forêt appartenait en effet à la famille de Kirua, et l'épais mur de briques séparait donc la forêt en deux. Gon s'appuya contre ce mur. Il aurait tant aimé se trouver de l'autre côté, et connaître ainsi l'endroit où habitait celui qu'il aimait. Kirua ne lui avait jamais parlé de sa famille, et de sa maison. Il était toujours resté silencieux, écoutant Gon la plupart du temps, et détournant soigneusement les questions personnelles. Gon ne connaissait donc sa vie privée que par les rumeurs qui circulaient à son sujet. Il avait entendu que son père était le directeur d'une grande compagnie de fabrication d'armes, et possédait l'une des dix plus grandes fortunes du monde. Mais concernant tout le reste, les rumeurs demeuraient assez floues, parfois contradictoire, et tenaient apparemment plus de la légende que de véritables faits. L'une d'elle par exemple, disait que le père de Kirua était un colosse de trois mères, capable d'arracher le c?ur de ses ennemis à mains nues. Gon n'y accordait donc que peu de fois. Quant à la propriété des Zoldiks, personne ne semblait jamais y être entré.
Il s'écarta subitement de l'enceinte, et se dirigea vers un arbre gigantesque, un immense cèdre qui avait poussé aux alentours de la muraille, entreprit de l'escalader, et s'installa à califourchon sur l'une des plus hautes branches pouvant encore supporter son poids, et sortit de son sac un sandwich dans lequel il mordit avidement. De là-haut, il dominait toute la forêt, et il avait également une vue imprenable sur « Kukuru mountain ». La propriété était immense, et recouvrait apparemment plusieurs hectares de forêts. Au sommet de la montagne était dressée, imposante, une gigantesque forteresse noire, qui faisait corps avec la montagne. Soudain, un avion décolla du centre de la forteresse, presque à la verticale, et s'éloigna à l'horizon. Gon se remémora les paroles de Kirua : « Nous vivons en haut de la montagne, et l'on ne peut y accéder que par les airs. ». Comme il aurait aimé, lui, vivre dans ce lieu éloigné de tout, au milieu de la nature ! Il resta là, sur son arbre, toute l'après- midi, dévorant des yeux ce domaine interdit, ce paradis défendu, où se trouvait en ce moment-même celui qu'il aimait. Il ne redescendit que lorsque la fraîcheur du soir tomba sur la forêt.
Le dimanche, il resta chez lui, faisant ses devoirs avec application, mais s'arrêtant souvent pour rêvasser, les yeux dans le vide, si bien qu'il ne fut pas vraiment productif. L'après-midi, il aida sa tante à nettoyer le bar de fond en comble, profitant comme de coutume de la fermeture hebdomadaire. Il passa le balai, fit la vaisselle, épousseta les tables, mais il ne fut, là non plus, pas très efficace, s'arrêtant parfois en pleine action pour regarder par la fenêtre et laisser vagabonder son esprit vers celui qui chérissait, ce qui fit que Mito dut à plusieurs reprises le secouer gentiment, un léger sourire au coin des lèvres. Ils n'avaient pas reparlé depuis mercredi des « sentiments » de Gon, mais ses regards, ses sourires et son comportement avait apparemment définitivement convaincu Mito de l'état de son fils adoptif. Depuis, elle montrait beaucoup d'indulgence envers Gon, s'amusant de son inattention, de ses étourderies et de sa maladresse. Gon, lui, remerciait intérieurement sa tante de sa discrétion. Il ne voulait pas lui parler de Kirua. Pas encore. Il lui avait toujours parlé de tous ses amis à c?ur ouvert, mais cette fois-ci, c'était différent. Il voulait protéger leur relation des regards étrangers. Même de celui de Mito. C'était une relation qui n'appartenait qu'à eux.
Enfin, ce fut lundi. Gon se leva tôt, le c?ur battant, s'habilla nerveusement, se dépêcha d'avaler son petit déjeuner, et courut jusqu'à l'entrée de Kukuru mountain. Il était arrivé trop tôt, et savait que Kirua ne donnerait pas de signe de vie avant une demi-heure au moins, mais il appréciait le fait de se sentir ainsi plus proche de lui. Il s'assit dans l'herbe, entoura ses jambes de ses bras, et attendit. Enfin, le vrombissement de l'avion le fit se relever précipitamment. Quelques instants après, l'immense portail s'ouvrait, de manière majestueuse et impressionnante, laissant apparaître un jeune garçon aux cheveux blancs en bataille. Kirua. Gon se sentit transporté de bonheur. Après deux jours de séparation, il retrouvait enfin son aimé. Il s'avança, d'un pas timide, le sourire aux lèvres. Kirua se tourna vers lui, lui souriant également. Ils étaient enfin réunis. Ils s'emboîtèrent mutuellement le pas, et partir ensemble pour le lycée. Ils parlaient peu, mais cela suffisait à Gon, qui dévorait Kirua du regard, sans se préoccuper de l'extérieur.
Son visage semblait plus tiré, plus émacié que d'habitude. Ses joues étaient creusées. Sa peau était très blanche, presque blafarde. Son regard paraissait tremblant, fiévreux. Il ressemblait à un malade, ou à quelqu'un n'ayant pas suffisamment dormi. Gon l'examina plus intensément, inquiété par ses signes. Kirua ne semblait pas, loin de là, en bonne forme physique. Il paraissait nerveux, fébrile, tourmenté, fatigué. Quelque chose n'allait pas.
« Kirua ?
- Mmh ?
- Tu vas bien ?
- Hein ? Oui pourquoi ?
- Tu as l'air malade.
- Oh. euh, en fait, j'ai eu des mots avec mon père, et j'ai mal dormi.
- Ah bon. J'espère que ça va s'arranger. »
Kirua resta muet, le regard fixé droit devant lui. Gon n'insista pas. La relation père-fils semblait assez conflictuelle, chez les Zoldiks. Ça devait être un sujet brûlant, qu'il évita de fait d'aborder. Kirua lui en parlerait lorsqu'il le désirerait, il ne le brusquerait pas. Ils avaient tout le temps devant eux... Ils ne se parlèrent plus de tout le chemin, pourtant assez long, qui les conduisait au lycée, et Gon profita simplement de la présence de l'élu de son c?ur à ses côtés, frissonnant à chacun de leurs contacts accidentels. Ils entrèrent ensemble dans la salle de classe, et s'assirent côte à côte, à leurs places habituelles.
Une nouvelle semaine commençait. Gon avait du mal à croire qu'il n'était ici que depuis si peu de temps. Tant de choses s'étaient passées dans ce cours laps de temps. Il repensa avec nostalgie au sentiment qui était né dans son c?ur, et à l'apprivoisement progressif de Kirua. Qu'allait donc lui apporter cette nouvelle semaine ? Il nageait d'ores et déjà en plein bonheur... Pouvait-il recevoir plus encore ? Il n'osait l'espérer. Il regarda Kirua, hypnotisé par ce garçon si mystérieux, si imprévisible, si impitoyable, mais pourtant si attachant, si fragile dans son agressivité, si. beau... tout simplement. Gon se sentait pris de vertige. Kirua faisait naître tellement de choses en lui. Des sentiments violents, incontrôlables, forts, magnifiques et cruels. Il détourna son regard de lui avec difficulté. Il ne devait pas le regarder si avidement, ou Kirua finirait par se douter de quelque chose. Et ce serait le pire qui puisse leur arriver. Kirua réagirait sans doute très mal, et ce serait la fin définitive de leur amitié. Gon voulait à tout pris éviter cette finalité. Le professeur arriva, et Gon se plongea dans son cours, s'arrêtant parfois pour jouir un moment de la présence si proche de Kirua, mais se reprenant rapidement. Ne pas créer de soupçons n'était pas le seul enjeu. Il ne devait pas non plus compromettre sa scolarité. Ne serait-ce que pour pouvoir être l'année suivante dans la même classe que Kirua. La matinée passa rapidement. Que le temps file vite près de ceux que l'on aime !
À la pause déjeuner, il suivit Kirua derrière le gymnase, sous le cerisier. Celui-ci commençait à tout juste à fleurir, et le nombre important de bourgeons qui le recouvrait promettait une floraison prometteuse. C'était vraiment une chance qu'un tel endroit merveilleux soit inconnu de la plupart des élèves. Ils mangèrent en silence, Gon dévorant Kirua du regard, Kirua lui tournant à demi le dos. Gon se sentait gêné. Le silence ne le dérangeait pas, il savait que Kirua n'aimait pas parler, et il y avait de toute manière une véritable complicité qui se tissait habituellement entre eux dans ce silence. Mais Kirua semblait refuser aujourd'hui cette silencieuse communion. Il ne le regardait pas, et l'ignorait, comme au début de leu relation. Peut-être pensait-il encore à la dispute qu'il avait eu avec son père. Il avait en tout cas apparemment besoin d'être seul, et Gon n'essaya pas de le tirer de son mutisme, bien qu'il mourrait d'envie de lui remonter le moral. Kirua devait être très attaché à son père, pour se mettre dans des états pareils.
Ils retournèrent ensuite dans leur salle de classe, toujours sans ouvrir la bouche. Zushi les regarda entrer d'un étrange regard, et sourit bizarrement à Gon. Ils ne s'étaient presque pas parlé depuis le premier jour où il avait mangé avec Kirua, et leur relation avait considérablement changé. Zushi semblait à présent se méfier un peu de Gon. Peut-être pensait- il que lui non plus n'était pas fréquentable ? Mais Gon ne s'intéressait aucunement à ce qu'il pouvait penser. Depuis qu'il était avec Kirua, il s'était complètement détaché de ses anciens amis, et ne s'en souciait que peu. Il vivait sur son petit nuage : Kirua était le seul qui compte encore pour lui. C'était, réflexion faite, une attitude assez égoïste, mais Zushi n'avait, après tout, jamais été plus qu'un « copain » pour lui. Il avait dû choisir, et il avait choisit Kirua. Sans hésitation. Et sans regrets. Gon répondit pourtant au sourire de Zushi, et alla s'asseoir. Les cours commencèrent, et il chassa Zushi de son esprit. Il ne comptait plus pour lui. Il suivit le cours avec attention, mais, exceptionnellement, cela ne semblait pas être le cas de Kirua, qui, la tête entre ses mains, semblait réfléchir intensément. Gon ne le dérangea pas.
Les cours finis, Kirua se leva et sortit le premier de la salle, rapidement, marchant à grands pas. Gon ramassa précipitamment ses affaires, et courut derrière lui, pour le rattraper à la sortie du lycée.
« Kirua ! Attends-moi ! Je te raccompagne !
- Je n'ai pas besoin qu'on me raccompagne. »
Gon s'arrêta, stupéfait, blessé. Cette voix ! C'était la même que celle qu'il avait au début ! Tout était-il à recommencer ? Il voulait y croire encore. Il se remit à courir, rejoignit Kirua, l'attrapa au poignet et le força à s'immobiliser.
« Qu'est-ce qui te prends ? Kirua !
- Lâche-moi !
- Non ! Je ne te lâcherai pas ! Pourquoi es-tu si froid, tout d'un coup ?
- Tu fais chier, lâche-moi !
- Non ! »
Kirua se dégagea vigoureusement de l'étreinte de Gon, et reprit son chemin. Mais Gon se plaça devant lui, bloquant son avancée.
« Répond-moi !
- Je n'ai pas à te répondre. Mais qu'est-ce que t'es collant ! Tu n'as donc pas encore compris ? Je ne veux pas de ton amitié ! Je n'en ai jamais voulu ! Je m'amuse avec toi depuis le début. Tu n'es rien pour moi. Laisse- moi passer ! »
Gon se sentit tomber, de plus en plus vite, de plus en plus bas, en une chute vertigineuse. Les larmes lui vinrent aux yeux. Était-ce vrai. ? Ce que Kirua avait dit. Alors comme ça. depuis le début. Kirua jouait avec lui ? Ce n'était pas vrai ! Cela ne pouvait pas être vrai !
Kirua le poussa violement, le faisant tomber sans résistance sur le sol, et passa devant lui, le regardant avec mépris.
« C'est ça, chiale, tu n'es bon qu'à ça. »
Il continuant sa route, sans se retourner. Gon se redressa sur ses genoux.
« Kirua !
- Quoi ? Tu n'as pas toujours pas compris ? Je ne serai jamais ton ami !
- Tu n'es pas mon ami, Kirua, je t'aime, tu es tout pour moi ! »
Il l'avait dit. Ça lui était venu, spontanément. Il n'avait pas réfléchi avant de parler. Mais il sentait qu'il devait lui dire. Être enfin franc avec lui. Il n'avait jamais aimé la dissimulation des sentiments. Ce n'était certainement pas le bon moment, mais il devait lui dire. Que Kirua connaisse la vérité. Et apparemment, il n'avait plus rien à perdre. Gon sentit son c?ur se serrer. Kirua s'était arrêté, et les lycéens, regroupés curieusement autour d'eux depuis le début de la scène, commençaient à murmurer entre eux. Puis Kirua parla, sans se retourner, sans adresser un seul regard à Gon, lentement, distinctement, de sa voix dure, froide et dépourvue d'émotions :
« Alors, c'était pour ça. Ton obstination, ton hystérie pour moi. Tu n'es donc qu'un sale petit pédé. Si j'avais su, je ne me serais pas approché de toi. Tu me dégoûtes. Mais je suis déçu, je croyais briser un c?ur plus pur. »
Il s'éloigna, sans changer son allure, tandis que Gon, prostré sur le sol au milieu de la foule d'élèves attroupés, éclatait en sanglots.
Lazuli : La relation entre Gon et Kirua semble bien mal partie. Quelle est la raison qui pousse Kirua à dire d'aussi terribles paroles ? Gon se remettra-t-il de la blessure que lui a infligée Kirua ? Mito craquera-t- elle pour le nouveau sac Vuitton ? Vous le saurez, en lisant le nouvel épisode de... Amouuur, pleurs et secreeeeet !!!. (c'est. nul. T_T)
