Secret de famille

by Lazuli

d'après « Hunter X Hunter »

Jû-ichi

Gon se précipita à sa fenêtre, juste à temps pour apercevoir Kirua disparaître au bout de la rue. Il était parti. Gon remit son pantalon et son débardeur, s'assit sur son lit et se prit la tête entre les mains. Kirua. Ce qu'il venait d'apprendre était tellement grave ! Il ne savait pas quoi faire pour aider son ami. Le père de Kirua était donc. ce genre d'homme ? Cela expliquait le silence de Kirua sur sa famille et son agressivité. Mais comment, comment pouvait-il l'aider ? Il devait y avoir des solutions. Les criminels se retrouvaient toujours derrière les barreaux. C'était, du moins, ce qu'on lui avait toujours appris. Il entendit frapper à la porte. Certainement Mito, voulant connaître la raison de ce départ précipité. Il ne bougea pas. Il voulait être seul. Sa tante ne pouvait pas l'aider. On frappa à nouveau, puis on s'éloigna, furtivement. Gon écouta le bruit de ces pas, et attendit qu'ils se fussent suffisamment éloignés pour s'allonger sur son lit. Kirua.

Si Kirua avait dit vrai (et il ne voyait aucune raison pour laquelle Kirua lui aurait menti), sa situation étai vraiment des plus atroces. Gon n'avait jamais été confronté à une telle situation, et se sentait totalement démuni devant ce problème. Kirua devait impérativement être retiré à sa famille, c'était certain, mais quelle était la marche à suivre si le père de Kirua était aussi influent que celui-ci le disait ? Il le cacherait bien chez lui, dans sa chambre, mais ils auraient tôt fait de remonter jusqu'à lui. Tout le monde au lycée savait qu'ils étaient des 'amis', même s'ils ne savaient pas jusqu'à quel point. La méthode serait de changer en grand secret l'identité de Kirua, et qu'il parte loin d'ici. Mais cela nécessitait des moyens considérables. et puis. ils seraient séparer pour toujours. Gon soupira, désespéré. S'il voulait le sauver, il devait accepter de ne plus le revoir. Ou alors, ils partaient tous les deux. Gon imagina un instant Kirua et lui, ensemble, sur l'île de la Baleine. Mais il savait que c'était un rêve utopique. S'ils s'apercevaient qu'ils avaient fui ensemble, l'île de la Baleine serait le premier endroit où ils les chercheraient. Il n'y avait pas de solutions. Gon fut tenté un instant d'en parler à Mito, mais il savait qu'elle préviendrait automatiquement la police. Et cela ne ferait qu'accentuer les problèmes de Kirua.

Lorsque Mito l'appela pour dîner, il descendit lentement, résigné. Il n'écouta qu'à moitié la discussion de sa tante, qui lui racontait sa journée. Elle ne fit aucune allusion à la visite de Kirua, ce dont Gon lui fut reconnaissant. Il débarrassa ensuite la table, en silence, et fit la vaisselle. Au moment où il s'apprêtait à remonter dans sa chambre, Mito lui barra la route.

« Alors dis-moi, Gon. Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Il ne pouvait pas lui dire.

« Rien.

- Ne me mens pas, Gon, il s'est passé quelque chose entre vous, je le sais bien ! Dis-le-moi.

- Non.

- Enfin, Gon, ne sois pas aussi borné ! Parle-moi de tes problèmes.

- Ça ne te regarde pas ! »

Il avait crié. Il avait élevé la voix sur sa tante. Mito avait un air blessé, douloureux.

« Pardon, Mito-san.

- Ça ne me regarde pas, hein ? Eh bien va, garde tes secrets, et ne compte pas sur moi pour te consoler ! »

Gon monta les escaliers le pas lourd, tentant de ne pas entendre les sanglots de sa tante. Il s'allongea à nouveau sur son lit, le c?ur lourd, se sentant terriblement impuissant. Il ne savait pas quoi faire pour aider son ami, et pourtant il le désirait, il le désirait plus que tout ! Il ne dormit pas beaucoup cette nuit-là. Il se tourna, se retourna dans son lit, retournant dans sa tête tous les aspects du problème sans y trouver la moindre issue. Il s'endormit enfin, épuisé, dans un sommeil lourd et sans rêves.

Lorsque Gon se réveilla, le lendemain matin, la première image qui lui traversa l'esprit fut celle de Kirua, Kirua l'embrassant, le carressant avec passion. Ce souvenir le fit rougir jusqu'au oreilles. Il ne comprenait pas comment il avait pu se laisser aller ainsi. Bien sûr, il aimait Kirua, mais de là à. aussi rapidement. Enfin, ça n'avait pas été désagréable, loin de là. Il rougit de plus belle. Puis il se rappella la manière dont cela s'était terminé, et un sourire triste se posa sur son visage. Kirua. Il chassa le plus possible cette pensée de son esprit, fit comme si de rien n'était, se leva et s'habilla. Il allait de toute manière avoir une discussion avec lui à ce sujet. Il descendit dans la cuisine, et sourit à Mito d'un grand sourire, comme si leur différent d'hier n'avait jamais eu lieu. Il mangea avec appétit, ou du moins, en faisant semblant d'avoir faim, afin de soulager sa tante. En réalité, la vue de toute cette nourriture lui donnait envie de vomir.

Il partit ensuite se promener, comme à son habitude, avant de rejoindre le lycée. Il évita soigneusement tout le nord du village, par crainte de rencontrer Kirua, et finit par tourner en rond, désoeuvré, dans le parc municipal. Kirua. non, il ne devait pas y penser, cela ne servirait à rien, cela ne servirait qu'à le rendre triste une fois de plus. Il allait discuter avec Kirua, et il trouverait une solution, ensemble. Il ne devait pas être triste, cela accentuerait la tristesse de Kirua, et lui ferait regretter ses confidences. Il ne devait pas y penser, mais. Kirua. Pour s'occuper l'esprit, il se mit à réciter à voix basse la liste de vocabulaire anglais usuel que lui avait donné Willow-sensei. La méthode s'avérra assez efficace, et si Gon n'oublia jamais totalement l'affreux secret de son aimé, cela évita qu'il y pense trop complètement. Lorsqu'il connut par c?ur toute la liste, il regarda sa montre, et constata qu'il était l'heure de partir au lycée. Il se dirigea donc vers le grand bâtiment, et monta les escaliers jusqu'à sa salle de classe.

La première chose qu'il vit en ouvrant la porte fut Kirua, penché sur son cahier, recopiant apparemment un cours. Il ne releva pas les yeux à son entrée. Gon soupira, et s'apprêtait à le rejoindre lorsqu'il se rappela que sa place était désormais au côté de Zushi. Il soupira à nouveau, et s'installa près de son nouveau voisin. Celui-ci paraissait aussi ravi que la veille de ce voisinage forcé, mais Gon n'y fit pas attention. Anita arriva peu après. Elle sourit à Zushi, fusilla Gon du regard, et partit s'asseoir à côté de Kirua. Gon se regarda, et la vit regarder Kirua d'un regard où l'on lisait le mépris et la crainte. Mais ce regard s'adouçit peu à peu, et lorsqu'il croisa à nouveau celui de Gon, il était plein de victoire et de triomphe. Gon se retourna. Le professeur venait d'arriver.

Le cours de mathématique enfin terminé, le cours de biologie continua la matinée. Le professeur de biologie sortit de son sac les copies de leur dernier contrôle, et balaya la salle de classe d'un regard circulaire.

« Je vais vous rendre votre contrôle. Il m'a plutôt déçu, beaucoup d'entre vous font preuve d'un manque de travail évident, et on retrouve dans plusieurs copies des confusions grossières. Mais il y a malgré tout quelques très bonnes copies. »

Il se mit à distribuer les copies individuellement, tout en clamant à voix haute la note de chacun. Zushi eut 12, et eut un hochement de tête satisfait. Anita eut 7, et esquissa une grimace. Kirua eut 19, et poussa un soupir de soulagement. Et Gon.

« 19,5. Mon garçon, c'est excellent. Tu as beaucoup de mérite de décrocher cette note en ayant pris le chapitre en cours de route. J'espère que tu continueras ainsi. »

Gon regarda sa copie, en étouffant un petit rire satisfait. La biologie avait toujours été la matière où il excellait, grâce à sa connaissance de la nature. Zushi le regardait les yeux ronds et exorbités d'envie. Il se tourna vers Kirua, voulant partager sa joie avec lui. Quelle plaie, cette séparation ! Anita le regardait d'un air haineux, mais il n'y fit pas attention, et fixa toute l'intensité de son regard sur celui qu'il aimait. Kirua le regardait, et lui souriait, d'un air ravi. Cela décupla la joie de Gon. Il restait encore une forte complicité entre eux-deux, l'accident de la veille était un accident mineur, ils restaient ensemble, et trouveraient une solution. Tout se passera bien.

À la récréation, ils se rejoignirent dans le couloir. Ils se sourirent, et restèrent là, immobiles, gênés. Gon ne pouvait s'empêcher de voir à travers Kirua le Kirua torse nu de la veille.

« Excuse-moi.

- Hein ?

- Excuse-moi, Gon, pour hier. Je suis désolé d'avoir réagi comme ça. J'ai beaucoup réfléchi, et. j'ai réagi de manière impulsive. Pardon.

- C'est pas grave.

- Je sais bien, mais. on n'a pas pu continuer, du coup. »

Les oreilles de Gon devinrent roses lorsqu'il réalisa de quoi Kirua parlait.

« C'est pas grave, je te dis.

- C'est vrai, tu as raison. On recommencera une prochaine fois. »

La figure de Gon devint complètement écarlate.

« Moi. je veux bien. Mais. et toi ?

- Moi ?

- Oui. Tu ne dois pas te forcer, tu sais.

- .

- Kirua, tu.

- Je dois surmonter mon traumatisme.

- Kirua.

- Je dois surmonter mon traumatisme. Comme ça, j'aurais gagné face à Silva, mon père. Tu comprends ?

- .

- Gon.

- Kirua, comment peux-tu parler ainsi ? Comment peux-tu faire pour faire complètement abstraction de. de ça ?

- Oh, tu sais, je n'en fais pas abstraction. ÇA me tourmente constamment, toujours. Je ne l'oublie jamais, jamais. Sauf parfois, lorsque je suis avec toi.

- Mais. mais tu ne peux pas rester dans cet enfer !

- Je te l'ai déjà expliqué : je n'ai pas le choix ! Mais à ma majorité, je partirais sans doute faire mes études à l'étranger, et je pourrais éviter ÇA. Plus que deux ans ! Tu sais, ça fait dix ans que ÇA dure, alors. »

Gon le regarda, les yeux pleins de larmes, puis, il se jeta dans les bras de Kirua. Mais celui-ci le repoussa brusquement.

« Non, Gon. Pas ici. Il ne faut pas que l'on attire l'attention. Je te fais déjà courir énormément de risques en parlant avec toi.

- Ça m'est égal !

- Tu ne sais pas de quoi tu parles. Mon père est quelqu'un de très influent, je te l'ai déjà dit. Il n'hésiterait pas à se débarrasser de toi, "pour mon bien". Tu ne devrais pas me parler, ni même m'approcher, tu sais. Ce serait mieux pour toi.

- Je prends le risque.

- Mais quelle tête de mule ! Puisque je te dis que.

- Et alors ? Si c'était moi qui étais dans ta situation, est-ce que tu m'abandonnerais ?

- Bien sûr que non, mais.

- Ah ! Tu vois ?

- Ça n'a rien à voir !

- Tu rigoles ? C'est exactement pareil ! Quelle mauvaise foi ! » (petit clin d'?il à Mimi ! ^^ N.D.A)

Il s'arrêtèrent tout d'un coup. Ils ne s'en étaient pas rendu compte, mais ils étaient en train de crier dans le couloir. On les regarda de travers (quelle discrétion !). Ils se regardèrent, et, ensemble, éclatèrent de rire. Puis ils retrèrent en classe, ensemble, riant toujours. Ils s'assirent à leurs places respectives, et s'échangèrent un sourire complice. Il n'y avait plus aucun dissident entre eux.

À la pause repas, ils allèrent, selon leurs habitudes, s'asseoir derrière le gymnase. Ils mangèrent gaiement, blotti l'un contre l'autre, mais chacun pensait silencieusement à la fragilité de leur relation. Ils savaient qu'ils pourraient être séparer à tout moment, et ce consacraient entièrement à l'instant présent. Pour l'instant, ils étaient là, tous les deux, ensemble, et le reste du monde n'avait aucune importance. Ils ne devaient pas penser à l'avenir. Ils étaient ensemble, et feraient tout pour le rester le plus longtemps possible. Gon posa sa tête sur l'épaule de Kirua, qui passa son bras autour de sa taille. Il ferma les yeux. Ils restèrent longtemps dans cette position, immobile et silencieux, jouissant simplement de la présence de l'autre. Parce qu'il pouvait être séparer à tout moment, ils se rendaient compte combien il leur était vital d'être ensemble. La sonnerie enfin les sépara, et les ramena dans la réalité.

Lazuli : Petit chapitre, je sais, et pas très intéressant en plus (normal, j'étais à cours d'inspiration). Mais ne vous inquiétez pas, j'ai eu une bonne idée pour le prochain ! ^^ Décidemment, j'arrive mieux à écrire les chapitres du point de vue Kirua (oui parce que, au cas où vous ne l'auriez pas encore remarqué, les chapitres impairs sont du point de vue de Gon, et les chapitres pairs du point de vue de Kirua !) Par contre je voudrais vraiment remercier tous les reviewers, je ne pensais honnêtement pas recevoir autant de reviews, merci.