Nous vécûmes un temps dans les bois, buvant aux ruisseaux et chassant. Shari me donnait une partie de ce qu'elle attrapait et j'abattais une partie de notre nourriture grâce à mes talents d'archer. Elle m'apprit l'équilibre de l'âme nécessaire à la métamorphose, puis la métamorphose elle-même, quand elle jugea que j'avais atteint l'équilibre suffisant, ce qui arriva assez rapidement grâce à l'apprentissage de ces choses-là que l'on inculque très jeunes à ceux de ma race.
Elle m'enseigna que la métamorphose est une affaire de responsabilité et d'équilibre, qu'il fallait que je garde une certaine compression de mon « moi », sinon je risquerais mon humanité :je pourrais basculer dans la folie et garder ma forme-lir à jamais, devenant un monstre pris ente deux formes sans pouvoir être ni l'une ni l'autre. Cela serait un affront aux Dieux, une sorte de vol : ce qui est emprunté à la terre doit lui être rendu, je ne peut garder infiniment ma forme lir, elle ne doit être que transitoire.
La métamorphose… Sul'harai, l'union entre un guerrier et la terre… Comment expliquer ce que tout Cheysuli ayant le don ressent à l'instant de la transformation, quand il échange sa forme contre sa forme-lir… Sul'harai, c'est l'union enter un guerrier et la terre, mais aussi l'apothéose de l'amour entre un homme et une femme. C'est la perfection de l'union. Ce concept est d'ailleurs presque sacré.
Je n'étais plus humaine et ne n'étais pas un simple jaguar. J'étais plus que ça : j'étais humaine ET jaguar : j'étais une Cheysuli.. Je comprenais à présent pleinement l'orgueil de mon peuple devant les autres hommes. Les Cheysulis, les enfants des Dieux.
