Chapitre 4 :L'accident

Nous étions en trains de chasser Shari et moi. Le jour était levé depuis une heure ou deux seulement quand nous vîmes quelque chose qui tombait du ciel dans un vacarme épouvantable. Elle s'écrasa dans la forêt non loin de nous, à cinq ou six kilomètres seulement. Poussée par la curiosité, je me mis à courir pour voir ce qui venait de "tomber" du ciel. Shari me conseilla de ne pas y aller, car c'était dangereux, mais je pris tout de même ma forme-lir pour atteindre le "cratère" plus rapidement et elle me suivit.

Plus je m'approchais de mon but, plus je trouvais que le sol était chaud sous mes pattes. Je sentais l'odeur âcre de la fumée en plus de l'odeur qui régnait habituellement dans ces forêts.

Arrivée dans la clairière crée par la chute de cet objet non identifiée, je vis qu'il s'agissait en réalité d'un vaisseau. Il était en feu. Je repris ma forme originelle et regardais, impuissante, et sans vraiment le voir, ce vaisseau qui avait du faire un très long chemin avant de venir s'écraser ici. Je n'avais jamais vu ce modèle et je ne saurais jamais d'où il venait, les passagers devant tous avoir péri dans l'accident. Une autre image d'apocalypse venait se superposer devant mes yeux à celle du vaisseau : celle de la Citadelle en flamme, lors de l'assaut des Ihnilis.

Shari me fit sortir de ma rêverie : elle avait entendu des cris. Je m'approchai alors du vaisseau. Une brèche dans son flan me permit de rentrer. Il y avait un homme inconscient sur ma gauche. Lorsque je vis qu'il respirait encore, j'entrepris de le sortir du vaisseau. Je le traînai à l'écart et retournai dans le vaisseau, laissant Shari le veiller, pour me prévenir au cas ou il reprenne conscience pendant que j'inspectais le vaisseau, mais également pour qu'il ne lui arrive rien. J'y trouvai également  une femme. Il n'y avait personne d'autre. C'est elle que Shari avait entendu. Elle était consciente mais avait la jambe cassée. Elle ne parlait pas ma langue mais le Basique, dont je connaissais quelques mots, que mon Su'fali m'avait apprit. Elle réussit à sortir en s'appuyant sur moi.

« Shansu, shansu, dis-je.

- Qui êtes vous ? demanda-t-elle

- Je Lihn-nu'ar, répondis-je difficilement en basique.

Je… peut-être guérir vous. Voir blessure »

Elle me la montra. La blessure était trop importante pour que je la guérisse seule, étant une jeune fille de dix ans non expérimentée. Mais je pouvais au moins soulager sa douleur.

« Vous laisser faire. Je faire partir… » Comment dit-on douleur déjà ? Oh ! J'aurais dû être plus attentive aux cours de langue de mon Su'fali… « Moi pas faire mal. Faire partir mal. »

Elle hocha la tête.

« Lir, je ne l'ai encore jamais fait…, j'ai peur…, je cherchais le soutien de Shari dans notre lien mental.

- Liren, laisse toi absorber par la Terre et sens son pouvoir affluer en toi. Tout va bien se passer. Je suis avec toi. », dit-elle en posant sa tête sur ma cuisse.

Mon regard se fit alors lointain. J'appelai la magie de guérison. J'étais à genoux à côté de l'inconnue, mes mains au-dessus de sa jambe brisée. Mon esprit dérivait dans la chaleur de la Terre. Elle engloutit mon esprit, l'examina, identifia mon besoin et je sentis sa puissance passer à travers mon corps pour se diriger vers mes mains et passer dans le corps de l'étrangère. La Terre la baignât de sa force et réduisit la blessure en une infiniment plus bénigne qui guérirait facilement et sans la moindre complication avec le temps.

J'étais épuisée par l'effort que je venais d'accomplire. L'usage de la magie de la Terre fatiguait aussi bien celui qui y faisait appel que celui pour qui elle était utilisée. Mais j'était également fière. Fière de ce que je venais d'accomplire, fière d'être à la hauteur de ma race.