Les berges du Crime
Auteur : Sahad
Note : Bonne lecture.
Chapitre 5 :
La
demeure était silencieuse, comme toujours depuis le décès
du Chinois ; le jeune blond était assis sur le canapé
devant la télévision, regardant à peine ce qu'il
y avait sous ses yeux. Il avait pensé à se rendre au
port pour voir le feu d'artifice, mais sans son amant, rien ne serait
plus pareil... Une larme perla le long de sa joue porcelaine, le
spectre à ses côtés assistait impuissant à
ce triste spectacle :
/Quatre... Si tu savais comme j'aimerais te prendre à nouveau dans mes bras... /
Du revers de la main, il essaya d'attraper ce petit diamant qui descendait le long de la joue du jeune Arabe, mais la triste vérité lui apparu lorsque sa main passa au travers. L'asiatique déglutit, il était si dur de voir son compagnon si triste sans pouvoir le consoler, le bercer. Tout cela était extrêmement pénible au fantôme mais l'idée de voir son amour le réconfortait quelque peu. Un bruit attira son attention, dehors, il se passait quelque chose... Quatre était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne s'en était même pas rendu compte.
/Non... Pas encore... Treize, je t'en prie, si c'est toi, casse-toi /
Mais la supplication du spectre était bien vaine et il le savait, traversant la cloison, il se retrouva aux côtés de l'homme qu'il ne voulait plus voir, celui qui voulait faire du mal à son amour à lui.
/Duo... S'il te plaît, viens /
Le Chinois se doutait bien que murmurer ces paroles dans le vent ne servirait à rien non plus, mais il espérait de tout coeur voir arriver le natté pour empêcher le pire d'arriver.
OoOoO
Les deux améthystes s'entrouvrirent, le jeune homme soupira : il était bien, il baignait dans une douce chaleur bien qu'il n'est que ses draps sur le corps, un bras passant autour de sa taille et... Un bras ? L'Américain tourna la tête et sursauta : le Japonais dormait à ses côtés ! Les pensées se bousculèrent dans l'esprit du jeune homme, se pourrait-il que... ? Non, il était tout de même suffisamment lucide la veille, il n'avait pas bu.
« B'jour Duo.
- ... ! l'interpellé sursauta. Hee-chan... Bonsoir plutôt, mais... Que fais-tu dans mon lit ?
- Hier soir, enfin tout à l'heure, t'as pas voulu me lâcher, j'allais pas rester debout, non ? grogna l'asiatique, l'esprit encore un peu embrumé par le sommeil.
- ... le natté déglutit. Pardon... Je...
- Tu dormais à poings fermés, je sais... continua le jeune homme avec un sourire en coin. T'en fais pas, je ne t'en veux pas.
- Oh... Thanks... murmura l'Américain qui se calmait peu à peu.
- Par contre, tu bouges la nuit... grimaça le brun. En plus, tu ne me lâchais pas, autant dire que tu me serrais le kiki... ! Et puis... Tu parles en dormant. »
Le natté dévisagea le Japonais, il avait bien dit qu'il avait parlé en dormant ! Mais alors... Avec le rêve qu'il avait fait...
FLASH BACK REVE
POV
Duo:
Heero
est en face de moi, en jean bleu marine, une chemise blanche ouverte
et flottant au vent. Il est magnifique. Son corps est parfait. Il
s'approche de moi, comme un félin traquant sa proie, ses yeux
cobalt sont si pénétrants, si intenses. Il s'approche
de moi, me murmure mon nom à l'oreille, dépose un
baiser dans mon cou. C'est trop bon... Sa main caresse mon torse, je
frémis. Il me déshabille petit à petit, prenant
bien son temps, laissant un chemin chaud de sa langue sur mon corps.
Je gémis. Il descend encore et me murmure :
« Cette nuit tu es à moi. »
FIN FLASH BACK ET
POV DUO
Les
améthystes se détournèrent, le visage ayant pris
une couleur proche du rouge pivoine, l'Ange Démoniaque tourna
le dos à son ami, tremblant de peur. Peur ? Mais de quoi ? Il
sentait qu'il avait peur de la réaction de l'asiatique, peur
que celui-ci le rejette, peur que celui-ci le haïsse, peur qu'il
se moque... Une main se posa sur son épaule, le retournant
doucement, les deux lacs cobalt se plongèrent dans l'améthyste
de ses yeux et, dans un murmure à peine audible, le Japonais
prononça ces paroles :
« Je t'aime, Duo. Je sais que ça ne fait pas très sérieux vu qu'on ne se connaît que depuis deux jours mais... Je t'aime. Je l'ai vraiment réalisé quand tu as prononcé mon nom avec tant de tendresse, ça m'a fait si plaisir.
- Heero... »
L'intéressé posa son doigt sur les lèvres du jeune homme, lui demandant le silence, puis il s'approcha, réduisant la courte distance qui les séparait l'un de l'autre ; leurs lèvres se rencontrèrent, d'abord timidement, se frôlant, se caressant, l'asiatique se rapprocha encore, approfondissant ce simple bisou et le transformant en un baiser intense qui en disait plus long, plus explicite que toutes les phrases ou les mots qu'ils pourraient prononcer à cet instant. Leurs langues se touchèrent, dansant instinctivement et permettant à chacun de savourer le goût de l'autre. Cet instant était magique, et pourtant :
/Duo... S'il te plaît, viens /
- Huh ?
- Qu'est-ce qu'il y a Duo ? s'inquiéta le brun.
- Je... Je... Excuse-moi mais je dois y aller. Je dois partir. Pardon... balbutia le natté.
- ... l'expression peinée du jeune homme déchira l'Ange Démoniaque.
- Pardon. Je ne peux pas t'expliquer mais... Sache que je t'aime, moi aussi. Tu es la première personne avec qui je me sois lié. Je t'aime de tout mon coeur, peu importe ce qu'il se passera, je t'aimerais toujours. Prend ça. »
Disant cela, il détacha la fine chaîne qu'il portait autour du cou et la passa autour de celui du Japonais, celui-ci regarda le pendentif, il s'agissait d'une croix splendide, elle brillait d'un tel éclat qu'on aurait pu la croire vivante. Il ne pouvait en définir ni la matière, ni la couleur tant elle était magnifique, relevant les yeux vers l'Américain, il vit que celui-ci lui faisait un grand sourire :
« Je reviendrais... Pour ça et surtout pour toi. Tu as pris une grande place dans mon coeur. »
Le châtain ne laissa guère plus de temps à son compagnon, il sortit en courant de l'appartement et dévala les escaliers, se giflant mentalement :
/Quel imbécile ! J'en ai oublié ma mission ! Mais... Au moins, je sais que maintenant j'existe, je vis pour quelqu'un et une promesse à tenir. Attend-moi, Heero, je reviendrais, où que tu sois, je te retrouverais ! J'ai une confiance infinie en toi, c'est pourquoi je laisse ma vie entre tes mains. /
Il courut à en perdre haleine jusqu'à la demeure du jeune Arabe, bien conscient que tout n'était pas perdu car il n'avait pas senti la vie du blondinet s'éteindre ou même s'affaiblir. Entrant dans la propriété par la grille laissée grande ouverte après, visiblement, avoir forcé la serrure. Le jeune homme pénétra dans la pénombre du jardin, tous ses sens aux aguets, il s'arrêta cependant :
/C'est pas possible... Où est-il ? Je devrais pourtant pouvoir sentir son aura ou même son esprit mais là, rien. Comment est-ce possible... /
Il se retourna face à la grille et sursauta : une ombre se tenait devant lui et tenta de lui donner un violent coup dans le ventre. Ayant une dextérité plus élevée que la moyenne humaine grâce à ses origines, il pu se décaler un peu sans pour autant esquiver totalement le coup, un couteau pénétra le côté de son ventre, épargnant toute fois les points vitaux. La douleur fut fulgurante lorsque l'agresseur tourna la lame dans la plaie, arrachant un cri à sa victime.
Alerté par ces hurlements, le blond sortit de son sommeil éveillé ; il se précipita à la fenêtre et perça la pénombre de son regard, plaçant ses mains autour de ses yeux, se collant à la fenêtre, il vit deux ombres dont l'une déchirée de douleur. N'hésitant pas, il attrapa le téléphone et composa le numéro de la police :
/Allô, police secours, bonsoir./
- Allô ! Vite s'il vous plaît ! Deux personnes se battent dans mon jardin, il y a peut-être même un blessé, dépêchez-vous, je vous en conjure ! hurla presque le blond dans le combiné.
/Bien, donnez-nous votre adresse et nous arrivons. /
- 149 rue des Séraphins !
/Entendu. /
Il raccrocha, la main tremblante, la sueur perlant sur son visage. Il se plaqua les mains sur les oreilles en entendant un nouvel hurlement de douleur :
« Pitié, faites que cela cesse ! »
OoOoO
Le jeune asiatique marchait à travers les rues, sans but précis, les yeux dans le vague ; il se souvenait de cette nuit qu'il avait passé auprès de l'élu de son coeur et de la chute si imprévue... Qu'est-ce qui pouvait être si urgent ? Le natté lui avait semblait paniqué pendant quelques secondes puis son visage s'était voilé, un sourire avait pris la place de cette inquiétude qui ne quittait pourtant pas ses yeux. Etait-ce pour le protéger, lui ? Ou bien... ?
Ses pensées s'interrompirent lorsqu'il lui sembla que la croix tremblait, il la sortit de sous son haut et l'examina : elle tremblait réellement, comme si quelque chose l'effrayait ou lui faisait mal... La regardant mieux, il remarqua également que son éclat s'était un peu atténué. Un liquide remplit soudainement sa main, il sursauta :
« Du sang... ! C'est pas vrai... Duo ! »
Il revint jusqu'à l'immeuble, grimpa les escaliers quatre à quatre et déboula dans l'appartement. Il fouilla la pièce du regard : il devait bien y avoir un indice, quelque chose qui lui dirait où était son amour. Ses yeux s'arrêtèrent sur une sorte de bureau, il ouvrit tous les tiroirs ; ils étaient vides, pourtant il remarqua qu'un seul ne l'était pas, un papier plié en quatre s'y trouvait. Il le prit rapidement et le déplia frénétiquement : c'était un plan, le plan d'une maison visiblement. Il scruta la feuille et tourna son regard vers le bas de la feuille, quelque chose y était inscrit : 149 rue des Séraphins.
Ne cherchant guère à comprendre, il se précipita à l'extérieur, bousculant les gens et courant comme s'il avait le diable à ses trousses. Il prit tous les raccourcis qu'il connaissait, escaladant des murs, traversant des jardins en échappant de justesse à des chiens ; tout était bon pour arriver à cette adresse au plus vite, heureusement, il savait où se trouvait la rue pour s'y être baladé de nombreuses fois, mais il ignorait totalement l'emplacement de la maison et cette rue était malheureusement immense. Une voiture de policier passa en trombe devant lui, sans réfléchir, suivant seulement son intuition, il se jeta à sa poursuite, arrivant face à une grande demeure.
POV Duo :
Ah
! J'ai mal... ! Mes gestes ne sont plus aussi précis qu'avant,
j'ai les yeux embrumés par mon propre sang... ! Ma respiration
et les battements de mon coeur son saccadés... Vais-je mourir
? Non ! J'ai promis à Heero que je reviendrais, je le lui ai
promis, je n'ai pas le droit de le décevoir, ni celui de le
blesser... Je tiens difficilement sur mes jambes, ne perdant
cependant pas de vue mon agresseur. Treize... Mon ventre et mon
épaule me lancent mais je n'ai pas le choix : j'ai aussi
promis à Wufei de protéger Quatre.
/Duo /
Je le vois, il essaie de frapper cet homme mais ses coups passent au travers, il me regarde, ses yeux ne sont qu'inquiétude, crainte. Je suis faible... J'ai le goût du sang dans la bouche, mon sang... ! Mon fantôme se rapproche de moi et me lance :
/Sers-toi de moi ! Je sais pas comment mais fais-le ! Force vitale, pansement, n'importe quoi mais essaye. Je te donnerais ma force et ma haine... /
A peine a-t-il prononcé ces mots qu'il devient transparent (pour moi, les fantômes sont des êtres normaux, je les vois presque comme les vivants) et entre en moi. C'est si bizarre, je sens mes forces se renouveler, j'ai une envie farouche de me battre et ce jusqu'à la mort s'il le faut. Je me relève, plus sûr de moi. Un rire en face :
« Tu penses que tu arriveras à m'atteindre avec un corps si faible ! C'est à mourir de rire !
- Alors meurs... ! »
Je me jette sur lui, évitant sans peine le couteau, lui envoyant mon pied dans l'entrejambe et lui arrachant un hurlement de douleur. Les rôles son inversés, on dirait. Je ne m'arrête pas, je le rue de coups, tous plus précis les uns que les autres ; c'est Wufei qui commande, il veut faire mal, il veut se venger et surtout, il veut protéger Quatre. Je m'arrête un moment, à bout de souffle ; Treize bouge encore mais semble trop meurtri pour se relever. J'entend ses sirènes, vois des lumières. Mon corps ne se porte plus... Je tombe... Et puis... Plus rien.
POV Heero :
J'arrive
complètement essoufflé à l'adresse, je ne
m'étais pas trompé : la caisse des flics s'y rendait
bien. Je bouscule sans faire exprès l'un d'entre eux :
« Pardon, je... Trowa !
- Heero ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Duo est ici, j'en mettrais ma tête à couper ! je suis totalement paniqué, je l'avoue.
- Dans ce cas, viens vite ! »
Il m'entraîne dans la jardin, les projecteurs balayent la surface, puis je vois deux formes, l'une debout, l'autre à terre. Je reconnais Duo, je suis soulagé, il est vivant... Mais d'un coup ma joie s'envole : il tombe lourdement au sol.
« Duo ! »
Je me précipite et le prends dans mes bras. Le sang coule à flot de son ventre et de son épaule. Je regarde la croix que je porte au cou, SA croix ; elle brille encore mais beaucoup moins qu'avant. Si faiblement... Je sens les larmes perler sur mon visage :
« Non ! Duo, tu m'as promis que tu reviendrais, tu l'as promis ! »
Une main se pose sur mon épaule, c'est un jeune blond, il a un regard triste mais son sourire me réconforte un peu, il m'aide à transporter Duo dans l'ambulance et monte avec nous, l'autre homme est amené dans une autre, un peu plus loin. Je reste près de mon amour, serrant sa main dans la mienne. Il a l'air si faible, si fragile avec ce masque à oxygène et son teint pâle. Le garçon se présente : il s'appelle Quatre Raberba Winner, et, sans vraiment savoir pourquoi, il souhaite de tout coeur à ce que Duo se rétablisse bien qu'il ne le connaisse absolument pas.
« Pourquoi ? je murmure. Tu ne nous connais pas...
- Parce que... J'ai trouvé ceci dans sa main pendant que je t'aidais à le transporter. »
Il me montre une bague... Peut-être en or, je l'ignore et je ne cherche pas vraiment à le savoir, je la prends quand même dans ma main et la regarde, il y a une inscription : Wufei & Quatre. Je le regarde, il me sourit :
« Je suis heureux de pouvoir récupérer cet objet, il compte beaucoup à mes yeux. C'est la bague de mon amant. Défunt, il n'y a pas si longtemps. »
Une larme perle sur sa joue, je lui tend un mouchoir qu'il accepte avec joie, il continue : il dit qu'il sait ce que c'est que de perdre un être cher et qu'il tient à ce que Duo se rétablisse pour que je puisse vivre heureux avec lui. Je le regarde et souris.
« Je sais qu'il s'en sortiras... Il m'a promis de revenir. »
----- A SUIVRE.
