Lune de sang

Par Maria Ferrari

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Les personnages de Harry Potter appartiennent à J., je ne tire aucun profit financier de leur utilisation.

Cette histoire très courte, qui s'intitule finalement "Lune de sang", a failli s'appeler "Pleine Lune", "Lune Rouge" ou "Lune sanglante"…

Bonne lecture… et JOYEUX ANNIVERSAIRE LILITH !!!! (27 ans, c'est ça ? Dieu que tu es vieille !! ^_^), j'espère que ce tout ch'tit cadeau te fera plaisir…

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Cette odeur, c'est l'odeur de son sang, ce sang sorti de sa peau déchirée par mes griffes, imbibant ses vêtements, maculant mes pattes. Et il n'y a pas que le sang, c'est l'odeur de sa peau même qui perturbe mes sens. Les animaux ont l'odorat bien plus aiguisé que n'importe quel humain ; nous percevons toutes les nuances.

Cet humain… cet humain au regard terrifié et au corps sanguinolent… cet humain qui grimace de douleur et de peur… cet humain qui me trouble… je le connais.

Où l'ai-je vu ? Où l'ai-je connu ? Pourquoi ne l'ai-je pas déjà dévoré si je l'ai déjà vu auparavant ?… Et qu'est-ce qui me retient de le dévorer à présent ?

Son souffle se fait moins court. Il tente de contrôler sa peur. Il a perçu mon trouble. Il a senti mon hésitation. Il doit penser qu'il a une chance de s'en sortir.

« Lupin ? »

Lupin. Quel est ce mot ? Que signifie-t-il ? Ce mot m'évoque quelque chose de lointain, quelque chose d'enfoui à l'intérieur du fauve que je suis.

« Lupin, c'est toi ? »

Il a du mal à parler. Car il souffre ! Mes pattes griffues enfoncées dans ses épaules n'y sont sûrement pas pour rien. Je suis sur lui, je suis plus gros, plus lourd, plus fort que lui, il n'a aucune chance contre moi, il le sait, il n'y a que la force du désespoir qui peut le pousser à tenter de me parler, à essayer de m'amadouer.

Amadouer un loup-garou.

Qu'il est amusant cet humain.

La pleine lune éclaire son visage terrorisé où se reflète encore une mince lueur d'espoir.

Qu'attends-tu donc pour le manger ?

Je l'ignore. Cet humain m'énerve et me trouble au plus profond de moi. Je suis un loup-garou, tout ce qui m'intéresse est d'assouvir ma faim, ma soif de sang, de carnage, déchirer des corps en lambeaux, me repaître de leur viande chaude et fraîche. Mais une autre faim m'envahit fasse à cet humain. Cette petite chose faiblarde et gémissante me trouble.

« C'est… moi… Rogue… »

Rogue. Encore un mot inconnu mais familier.

Mon instinct de loup-garou aurait dû me pousser à déchirer sa gorge, au lieu de ça, je me mis à la lécher. En même temps que son sang, je goûte sa peau. C'est bon. Non pas bon comme de la viande. Meilleur que de la viande. Cela réveille tous mes sens. Quel humain étrange… particulier.

Le ciel s'assombrit et je relève les yeux vers la lune, ma créatrice, ma mère, ma source d'énergie. Les nuages commencent à la cacher. Mes forces m'abandonnent jusqu'à s'évanouir totalement au moment où l'écran nuageux opaque recouvre entièrement l'astre. Mon corps se désagrège, non, il se transforme plutôt, je le sais depuis le temps. Et mon esprit quitte mon corps et s'évapore pour laisser place à un esprit inconnu logé dans un corps tout aussi inconnu.

Où suis-je ? Oh, Merlin, mes mains, pitié… ce n'est pas du sang ? C'en est ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Il n'y a pas de corps autour de moi, ce sang est tout frais. Cette silhouette au loin… elle s'enfuit. Est-ce cette personne que j'ai attaquée ? Elle est tombée !… Elle se relève. Elle tangue dangereusement. Elle reprend sa course. Godric ! Elle est au bord de s'évanouir. Le sang qui couvre mes mains lui appartient, j'en suis sûr. Au moins cette personne est-elle vivante.

La lune se découvre. Je regarde la silhouette titubante. Elle est presque arrivée aux portes du château, mais elle est trop lente à présent. Elle a perdu trop de sang. Il ne faut pas qu'elle s'évanouisse avant…

« DEPECHE-TOI ! »

—Fin—