Je suis vraiment désolée pour le retard, les autres chapitres devraient normalement arriver plus rapidement.

Une fois de plus, je ne fais qu'emprunter des personnages qui ne m'appartiennent pas.

Merci à Miss Tambora pour la relecture de ce texte.

Chapitre 2

Harry fut éveillé par un mouvement dans la pièce. Il remarqua aussitôt que Sylvie n'était plus dans ses bras. Il ouvrit les yeux, et tendit la main vers la table de nuit pour attraper ses lunettes.

« Désolée, dit sa femme. Je ne voulais pas te réveiller. » Elle s'était changée, et ses cheveux étaient humides. « Comment vas-tu ? demanda- t-elle.

- Bien. Quelle heure est-il ?

- Huit heures et demi. »

Harry sauta à bas du lit et prit ses affaires. « Où est Jamsie ? demanda-t- il soudain.

- Avec ma mère. Elle a gardé le talkie-walkie hier soir. Tu es bien pressé ce matin. Tu avais un rendez-vous?

- Non. Mais il faut que j'aille quelque part. Et je ne sais pas combien de temps ça va me prendre. Je te rejoins en bas. »

Il s'éloigna en direction de la salle de bain. Sylvie commençait à s'énerver des secrets de son mari. Pourquoi ne lui faisait-il pas confiance ? Pendant des années, elle s'était efforcée de respecter son silence, parce que son passé était visiblement douloureux et qu'elle ne souhaitait pas raviver cette douleur. Aujourd'hui, ce passé semblait le rattraper, d'une manière terrible, et elle n'en savait pas plus. Quand elle avait cru comprendre, la veille, que tout s'expliquait par de graves problèmes de santé qu'il aurait eus, elle avait été terrifiée, et en même temps, elle n'avait pas pu s'empêcher d'être soulagée, parce que l'attitude de Harry s'expliquait d'une manière qu'elle pouvait comprendre.

Mais elle l'avait cru quand il avait dit que ce n'était pas cela. Elle savait toujours quand il lui mentait. Il avait admis que cette cicatrice qui avait tant intrigué le médecin ne lui était pas venue dans un accident de voiture. Mais il ne lui avait pas révélé sa provenance.

Et, aujourd'hui, il partait. Elle savait qu'il ne lui dirait pas où. Mais ce n'était pas pour le plaisir. Il avait l'air plus que préoccupé ce matin. Elle descendit dans la salle à manger. Les clients de l'hôtel finissaient de déjeuner, et sa mère parlait à une famille de touristes. James était assis dans un coin et jouait avec son lion en peluche. Elle vint s'asseoir auprès de lui. Il lui tendit ses jouets.

« Merci, chéri. » Elle approcha le petit lui du bébé. « grrr » grogna-t- elle en essayant de prendre un air menaçant.

James éclata de rire et battit des mains. « Grrr, reprit-elle. Explique-moi un peu ce que je dois faire avec ton papa », ajouta-t-elle comme si l'enfant pouvait comprendre ses problèmes. Mais il se contenta de continuer à rire, et reprit la peluche.

« rrr » essaya-t-il à son tour.

« Oh ! J'ai peur ! fit une voix derrière eux. Tu ne vas pas mordre mamie, quand même ! »

Le bébé se remit à rire. Nadine se tourna vers Sylvie.

« Comment va Harry ?

- Il se porte comme un charme. Il ne devrait pas tarder à descendre.

- Qu'a dit le docteur ? Je ne l'ai pas vu partir hier soir.

- Oh, pas grand chose. Il a passé presque tout son temps à admirer la superbe cicatrice que Harry a sur le front. Et il a ordonné des examens complémentaires.

- Bonjour tout le monde », lança Harry en arrivant. Il essayait d'être aussi gai que d'habitude, mais cela ne trompa pas Sylvie. Il était terriblement inquiet.

« Bonjour, répondit sa belle-mère. Tu viens déjeuner ?

- J'arrive, dit Harry. Je suis désolé de vous avoir causé autant de tracas hier soir.

- Aucune importance. Ce qui compte c'est que tu ailles bien. »

Après un rapide petit déjeuner, les Potter prirent leur fils et rentrèrent chez eux. « Tu as toujours l'intention de partir ? demanda Sylvie à son mari.

- Je n'ai pas le choix, répondit Harry. J'aimerais pouvoir t'expliquer. Malheureusement, il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas moi-même.

- Quand rentreras-tu ?

- Je ne sais pas, je te l'ai dit. Probablement ce soir, mais tard. C'est assez compliqué, mais je ne sais pas vraiment où je vais.

- Je ne comprends rien à tes histoires. Tu veux un plan ?

- Non, merci. »

Un plan ne lui serait d'aucune utilité pour se rendre à Poudlard. S'il avait eu sa baguette, il aurait pu transplaner à Pré-au-lard. C'était le seul endroit d'où il savait qu'il pourrait rejoindre le château. Mais le village sorcier ne figurait pas sur les cartes moldues, et Harry ignorait à quel endroit il se trouvait exactement.

« Tu es sûr que tu ne veux rien me dire ? Je pourrais peut-être t'aider ?

- Non. Je suis désolé, mais c'est beaucoup mieux comme ça. »

Puis, soudain, il sut comment faire. Pour entrer à Poudlard, il lui fallait l'aide de sorciers. « Je veux bien un plan, finalement, si tu crois que tu possèdes ça.

- Je dois avoir une carte routière, mais après tu devras te débrouiller. »

Elle disparut quelques instants, et revint avec le plan promis. Harry le prit.

« Merci. Qu'est-ce que tu vas faire, aujourd'hui ?

- Rester à la maison, avec James, je suppose.

- Ferme bien la porte quand je serai parti.

- Ne t'inquiète pas. Ce n'est pourtant pas la première fois que tu t'absentes.

- Je sais. Mais je tiens à vous. »

Sur ce, Harry l'embrassa et monta dans la voiture familiale. Il avait passé le permis de conduire peu après son arrivée dans le monde moldu. Il attacha sa ceinture et démarra. La carte lui permis de se rendre en quelques heures dans la ville la plus proche du village où habitait les Weasley. Heureusement ce n'était pas à l'autre bout de l'Angleterre.

Ensuite, il demanda son chemin aux passants, et il ne tarda pas à en rencontrer un qui connaissait Ottery Ste Chapelle. En début d'après-midi, Harry reconnut enfin le village familier où il avait passé les meilleures vacances de sa vie. Il s'engagea sur le chemin de terre, à la sortie du village. Enfin, la vieille maison se dressa devant lui. Le Terrier n'avait pas changé. La bâtisse donnait toujours l'impression qu'elle allait s'effondrer d'un instant à l'autre, et le jardin ressemblait de plus en plus à une forêt vierge.

Un peu intimidé, ne sachant pas trop à quel accueil s'attendre, Harry sortit lentement de la voiture. Un petit garçon d'environ cinq ans jouait dans le jardin. Ses cheveux roux ne laissaient aucune place au doute : il s'agissait d'un Weasley. Il s'approcha de l'arrivant.

« Bonjour, lui dit Harry.

- Bonjour. Si vous venez voir mamie, elle n'est pas là. Elle fait les courses.

- C'est bien dommage, dit Harry. Et ton papi n'est pas là non plus ?

- Non. Il est au travail. Avec papa.

- Tu es tout seul à la maison ? s'étonna Harry.

- Non. Il y a tatie Mione et Cassie. Mais c'est encore un bébé.

- Et toi, comment t'appelles-tu ?

- Archibald Weasley. Mais on m'appelle Archie. »

A cet instant, la porte s'ouvrit et une voix cria : « Archie, où es-tu ?

- Ici, tatie Mione. Il y a un Monsieur qui voulait parler à mamie.

- Tu aurais pu m'appeler ! »

La porte s'ouvrit et une jeune femme avec d'épais cheveux bruns sortit de la maison en courant. Elle se figea en reconnaissant le visiteur.

« Harry ! »s'écria-t-elle. Puis elle se précipita et le serra dans ses bras. Une bouffée de nostalgie envahit Harry. « C'est bon de te revoir, dit Hermione. Tu nous as tellement manqué ! Viens à l'intérieur. »

Ils s'installèrent dans le salon. Une fillette était assise sur une petite chaise, en train de tourner les pages d'un livre d'images. A chaque page, elle plaçait son doigt sur l'image, et prononçait d'une voix claire le nom de l'objet qui y était représenté.

« Je te présente Cassie, dit Hermione avec une once de fierté dans la voix. Cassie, dis bonjour à Harry.

- Bonjour Harry, dit la fillette en tendant la joue pour qu'il l'embrasse.

- Elle est adorable, dit celui-ci en se relevant. Et déjà la fille de sa mère, à ce que je vois. Tu la mets quand à l'Arithmancie ?

- Ne commence pas à te moquer de moi, fit Hermione d'un ton menaçant, qui ne dura pas. Tu as déjà fait la connaissance d'Archie, je crois. C'est le fils de Percy. Je suis venue le garder pendant que Molly est sortie.

- Je me souviens que Pénélope était enceinte, à l'époque. » Il se fit sérieux.

« Hermione, dit-il. J'ai reçu ta lettre hier.

- C'est pour ça que tu es venu ? »

Elle s'assit sur le canapé. « Je ne voulais pas t'effrayer. Mais il y a réellement eu plusieurs attaques contre des moldus, récemment. Et les journaux ont reçu des lettres de menace anonymes. Contre toi. Je voulais juste que tu t'assures que tu ne risques rien. Les attaques n'ont pas fait de victimes, ils se sont seulement amusés. Peut-être qu'il ne s'agit que d'une bande de mauvais plaisants.

- J'aimerais que ce soit cela. Mais je crains que ce ne soit beaucoup plus sérieux que ça.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ma cicatrice s'est remise à me faire mal, hier soir. »

Hermione pâlit. « Ce n'est pas possible ! Tu es sûr que tu n'as pas confondu. tu aurais pu te faire des idées. je ne sais pas. Il était réellement mort, non ?

- Je ne comprends pas non plus, dit Harry. Mais je suis sûr de ce que je dis. C'est pour cela que je suis venu. Je voulais me rendre à Poudlard. Il faut que je parle à Dumbledore.

- Dumbledore n'est pas à Poudlard. Il s'est rendu à Londres. Au ministère.

- Quand rentrera-t-il ?

- Je l'ignore. C'est les vacances, et je ne suis pas tellement de ce qui se passe à Poudlard pendant cette période. Si tu lui écris, nous pouvons lui envoyer Pig, si tu veux. »

Harry acquiesça. Il sortit de sa poche un stylo, et demanda à Hermione un papier. Celle-ci rit doucement. « Eh, Harry, ça ne fait pas si longtemps que tu es parti ! Tu n'as pas déjà tout oublié ! » Harry rougit, et prit le parchemin, la plume et la bouteille qu'elle avait fait venir d'un sortilège d'attraction.

Il écrivit rapidement quelques lignes à l'intention du directeur, puis roula le parchemin, et le confia à Hermione.

« Harry, demanda celle-ci d'une voix blanche, tu crois qu'ils peuvent te retrouver ?

- Je n'en sais rien, répondit son ami.

- Que feras tu dans ce cas ?

- Je l'ignore. Je ne peux qu'espérer que ça n'arrivera pas.

- Tu sais très bien que ce n'est pas une menace à prendre à la légère.

- Bien sûr que je le sais ! explosa Harry. Je ne pense qu'à ça depuis hier soir ! Je suis malade à l'idée qu'ils pourraient s'en prendre à Sylvie ou James. Mais je ne sais pas quoi faire. Sylvie ne sait rien de moi.

- Peut-être est-il temps de la mettre au courant.

- Je ne veux pas l'inquiéter avec tout cela. Pas maintenant. Pas tant que nous ne sommes pas sûr.

- tu sais, tu seras forcément obligé de lui parler, un jour. James est probablement un sorcier. Dans dix ans il ira à Poudlard. Et il sera presque autant une célébrité que tu l'as été à l'époque.

- Je le sais bien. Mais j'aimerais mieux lui dire tout cela à un moment où nous ne serons pas menacés. »

Elle lui jeta un regard soupçonneux. « Si tu le dis. J'espère que nous nous inquiétons pour rien. Ou que Dumbledore va arriver avec la solution miracle, comme à son habitude. »

- Je suppose que c'est ce qui va se passer. Tant qu'il est là, rien de grave ne peut arriver, n'est-ce pas ?

- C'est ce que nous pouvions penser quand nous étions étudiants, Harry. Mais ce n'est qu'un homme. Même s'il semble extraordinaire, il n'a pas la solution à tout.

- Il n'a pas changé, au moins ? s'inquiéta Harry. Je veux dire, il n'est pas devenu sénile, il n'a pas diminué ?

- Non, sourit Hermione. C'est toujours le même. Et je n'ose pas imaginer ce que Poudlard deviendrait s'il commençait à vieillir et devait céder sa place.

- Ron doit être vert d'être obligé de revenir à Poudlard.

- Tu n'imagines pas à quel point. Surtout que nous habitons là-bas en dehors des vacances.

- Il a réellement accepté ça ?

- Oh, je crois qu'au fond il était plutôt content. Malgré tout ce qu'il a pu dire à l'époque où nous étions étudiants, il aimait le château. Et nous avons un véritable appartement, ce n'est pas comme si nous devions prendre nos repas dans le hall, et tout. la seule chose qui pourrait gêner Ron, c'est qu'on ne peut pas transplaner. Il est obligé de faire le chemin de Pré-au-Lard deux fois par jour.

- Où êtes-vous tous ? demanda quelqu'un depuis l'entrée.

- au salon, Molly. Nous avons un invité surprise. »

Harry se leva pour accueillir Molly, qui poussa un cri en le voyant.

« Harry chéri ! Enfin ! J'ai toujours dit à Artur que tu finirais par revenir. La place de Harry Potter n'est pas chez les moldus. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point nous avons tous été inquiets quand tu es parti, comme ça, sans un mot ! Jusqu'à ce qu'Hermione nous apprenne que tu t'étais marié. Et il paraît que tu es père, maintenant. Laisse moi te regarder, Harry. »

Elle l'examina attentivement. « tu es toujours trop maigre, mais tu as bonne mine. Et tu as bronzé, ça te va plutôt bien. Alors, quand nous présentes tu ta famille ?

- Je suis désolé, Molly, je ne peux pas rester. J'ai été content de vous revoir.

- Tu ne vas pas repartir comme ça ? Tu reviendras au moins ?

- Je ne sais pas. Je suis vraiment désolé.

- Ron sera tellement désolé de t'avoir manqué ! ton départ a été un choc pour lui. »

Harry soupira. Il aurait aimé rester chez les Weasley. Maintenant qu'il était là, il était pris par une terrible nostalgie de tous ceux qu'il avait abandonnés. Lorsqu'il avait décidé de revenir, il n'avait pas pensé que ce serait aussi dur. Pendant cinq ans, il s'était interdit de penser à Ron, à Hermione, et à tous les autres. Il n'avait vu que l'horreur des derniers jours. Maintenant, il avait envie de revoir Poudlard, de remonter sur un balai, et surtout de voir Ron. C'était devenu au fil des aventures bien plus qu'un ami, presque un frère. Mais il savait que plus il attendait, plus ce serait dur de repartir. Et Sylvie attendait.

« Je suis désolé, répéta-t-il. Dites à Ron que je lui écrirai. »

Après qu'il eut embrassé Molly Weasley, qui tentait sans succès de dissimuler sa déception, Harry se dirigea vers sa voiture. Il allait repartir quand Hermione sortit en courant de la maison. Elle tenait à la main un objet volumineux, qui émettait des cris réprobateurs, n'appréciant visiblement pas d'être secoué.

« Hedwidge ! s'écria Harry en reconnaissant sa chouette dans sa cage.

- Nous l'avons gardée depuis ton départ, » dit Hermione. La chouette se mit soudain à hululer frénétiquement.

- On dirait qu'elle reconnaît son vieux maître, fit Harry en ouvrant la porte de la cage pour caresser l'oiseau, qui lui mordilla la main.

- J'aimerais que tu l'emmène avec toi. Au moins, tu pourras nous prévenir en cas de problème. Je n'aime pas te savoir là-bas, tout seul, sans baguette. Tu devrais passer à Londres t'en faire faire une autre.

- J'y penserais. Mais je risque d'être de nouveau l'attraction du Chemin de Traverse.

- Harry, demanda doucement Hermione, tu nous en veux encore ?

- De quoi parles tu ? Je ne vous en ai jamais voulu ! Vous étiez la seule chose qui m'ait fait hésiter à partir.

- Je ne veux pas dire à moi, ou aux Weasley, personnellement. Je parle des sorciers en général.

- Non, répondit Harry d'un ton las. J'ai fini par comprendre pourquoi ils avaient besoin de se réjouir. J'ai même pardonné aux journalistes. Mais je n'ai pas envie de redevenir un héros. Tu ne peux pas savoir à quel point j'apprécie d'être comme tout le monde.

- Tu sais, ta disparition a provoqué un sacré tollé dans le monde de la presse. Beaucoup ignoraient tes liens avec Sirius. Ou la trahison de Cho.

- Je t'ai dit, je leur ai pardonné cela. Mais j'ai refait ma vie ailleurs . - Mais tu fais toujours partie de nos vies. Et ça te coûte de repartir, avoue le.

- Bien sûr. Je ne m'était pas rendu compte à quel point vous m'aviez manqué. J'ai une idée. Tu crois que Ron peut se comporter comme un moldu le temps d'une soirée ?

- Ce sera dur, mais on doit pouvoir y arriver.

- Venez manger à la maison tous les deux demain soir. Vous avez l'adresse.

- C'est loin d'ici. Et nous ne pouvons pas transplaner avec Cassie.

- Je n'y avais pas pensé. Dans ce cas, au revoir.

- Attends ! tu as bien une cheminée, chez toi ?

- Oui. » Le visage de Harry s'éclaira. « Vous pouvez venir par la poudre de Cheminette ! Mais il faut faire très attention pour que Sylvie ne s'aperçoive de rien. Et je ne suis pas sur le réseau.

- Arthur peut nous arranger ça. Et, Harry, nous te laisserons de la poudre. En cas d'attaque, tu auras toujours un moyen de fuite, comme ça.

- Tu as raison ! Un poids sembla tomber des épaules de Harry à cette idée. Je n'y avais pas pensé. Je me sentirais beaucoup plus en sécurité avec un moyen de faire partir Sylvie et Jamsie en cas de besoin. Je t'ai déjà dit que tu étais la personne la plus intelligente que j'ai jamais rencontrée ?

- Il me semble. Mais il doit bien y avoir cinq ans que je ne te l'avais pas entendu dire.

- Tu n'as pas changé. Essayez de venir à sept heures tapantes, et je m'arrangerai pour que Sylvie ne soit pas au salon. A demain.

- A demain, Harry. Ron va être complètement fou de bonheur. »

Après le départ de Harry, Sylvie s'était installée dans un fauteuil, James à côté d'elle. Puis, elle avait repris ses activités habituelles : le ménage avait grand besoin d'être fait, et l'enfant réclamait son attention. Mais ses pensées restaient sur Harry. Où était-il, que faisait-il à ce moment ?

Vers la fin de la matinée, Vincent, le jeune homme qu'ils employaient à temps partiel, sonna à la porte, étonné de ne pas avoir vu son patron. Quand il fut reparti, elle fit manger le bébé et le coucha. Puis elle alla s'étendre sur son propre lit. L'envie de savoir, de comprendre, la tenaillait, plus forte que jamais. D'autant plus forte qu'elle savait où se trouvait la réponse à ses questions. Elle avait remarqué la vieille malle en rangeant le grenier, l'année précédente. Elle était pleine, et Sylvie se doutait que c'était là que son mari avait rangé les vestiges de sa vie d'avant. La malle était fermée, Sylvie n'avait pas insisté et avait presque oublié l'objet. Mais aujourd'hui, ce n'était plus seulement pour satisfaire une curiosité plus ou moins saine, qu'elle voulait savoir. Elle avait l'impression que quelque chose les menaçait, Harry, James et elle. Si elle crochetait la serrure de la malle, qui ne devait pas être bien résistante, Harry ne s'apercevrait jamais de rien.

Elle s'approcha de sa boite à couture, pour y trouver une grosse aiguille. Puis, au dernier moment, elle se retint. Harry ne méritait pas cela. A part les mystères de son passé, il avait toujours été le mari parfait. Et elle savait avant de l'épouser qu'il ne lui révélerait pas ses secrets. Et il s'était toujours montré responsable, un peu trop sérieux même compte tenu de son âge. Il lui dirait tout s'il estimait qu'elle avait besoin de savoir.

Sylvie rangea l'aiguille et redescendit au rez-de-chaussée, où elle se mit à lire le journal en attendant le réveil de son fils.

Harry rentra plus tôt qu'elle ne s'y attendait. Il semblait fatigué, mais content. Il tenait à la main une grosse cage, contenant un volatile particulièrement excité.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda Sylvie.

- Je te présente Hedwidge, ma chouette. Hedwidge, c'est Sylvie, avec qui tu seras bien gentille.

- Harry, je croyais que tu devais parler à des gens, pas acheter des oiseaux ! » Elle eut soudain peur. Etait-il devenu complètement fou pour ramener des oiseaux à la maison, sans même lui demander son avis?

« Je ne l'ai pas achetée. On me l'a offerte pour mon onzième anniversaire, et elle était en pension chez des amis depuis quelques années.

- On te l'a offerte ? C'est un drôle de cadeau à faire à un enfant, tu ne crois pas ? Un chien ou un chat, j'aurais compris mais une chouette.

- La personne qui me l'a offerte était d'un genre assez particulier. Mais il se trouve que c'est un excellent compagnon. Hedwidge est bien plus intelligente que la plupart des chiens et chats, n'est-ce pas ma belle ? »

Elle hulula d'un air digne. Sylvie rit. « D'accord, dit-elle. Hedwidge, tu es adoptée. Harry, qu'est-ce qu'elle mange ?

- N'importe quoi. Et si on la laisse sortir la nuit, elle va chasser pour se nourrir.

- Et elle revient ?

- Bien sûr. C'est un animal apprivoisé. »

Il posa la cage sur la table, l'ouvrit et la chouette vint se placer sur son épaule. Harry la caressa gentiment.

« Impressionnant, dit Sylvie. Elle avança la main. Je peux ?

- Bien sûr, vas-y » Elle caressa la tête soyeuse de la chouette, puis celle- ci s'envola par la fenêtre ouverte.

« Sylvie, dit alors Harry, j'ai invité des amis pour demain soir. Ça ne te dérange pas ?

- Non, bien sûr. J'ai toujours été étonnée que tu ne reçoives personne. Combien de personnes as-tu invitées ?

- Juste Hermione, tu sais, l'auteur des lettres, son mari, Ron, et leur petite fille, Cassandre.

- D'accord. Je suis curieuse de connaître tes amis. C'est bien que tu aies renoué avec eux après tant de temps. Et tu as réglé tes problèmes ?

- Presque. » Mais une ombre passa dans son regard.

Le lendemain matin, Harry partit de bonne heure, il avait des travaux à effectuer, et la journée promettait d'être très chaude.

Quand il rentra, Sylvie était au premier étage avec James. Ils descendirent peu après.

« Alors, tu as avancé ? demanda sa femme.

- Ca peut aller.

- J'ai acheté de quoi faire un barbecue, pour ce soir. J'ai pensé qu'on serait bien mieux dehors. Ça te va ?

- C'est parfait. Juste ce dont j'avais envie.

- Oh ! et tu as du courrier, j'allais oublier. Paul m'a donné ça pour toi. »

Paul était le facteur avec qui elle était allée à l'école. Elle tendit à Harry un paquet allongé. Il l'observa un instant, réellement surpris. Qui pouvait bien lui envoyer cela ?

« Le tampon est de Londres, remarqua-t-il. C'est curieux, je ne connais personne là-bas. »

Pendant que Sylvie était occupée à la cuisine, Harry entreprit de déchirer le papier kraft qui recouvrait le paquet. A l'intérieur, il trouva une boîte en bois. La forme lui était familière. Il comprit aussitôt de quoi il s'agissait. Une lettre accompagnait la boite. Harry la prit et lut :

Harry,

Je ne sais pas si tu es au courant des derniers événements. Hermione m'a dit un jour qu'elle avait parfois de tes nouvelles, et que tu avais refait ta vie dans le monde moldu. Je suis heureux de voir que tu as réussi à t'en sortir, et que tu as tenu la promesse que tu m'as faite le dernier jour.

Malheureusement, la reprise des activités des mages noirs, et les menaces formulées à ton égard, me remplissent de crainte pour toi et ta famille. Je crains que ta tranquillité ne soit dérangée très bientôt. Bien que personne n'ait encore été tué, ces mages noirs, qui se disent mangemorts, ont utilisé à plusieurs reprises des sortilèges impardonnables, c'est pourquoi je n'accorde aucun crédit à la thèse selon laquelle il s'agirait de simples plaisantins.

Quand tu les as laissés tomber à terre, j'ai récupéré les morceaux de ta baguette, que j'ai fait réparer. La plume de fumsek n'était pas lésée, elle devrait marcher comme avant. Garde là avec toi, Harry, on ne sait jamais ce qui peut se produire. Fais bien attention à toi.

Albus Dumbledore.

Harry ouvrit la boite, et reconnut sans peine sa baguette. Il y avait à peine une petite cicatrice sur le bois à l'endroit où la cassure s'était produite. Il la glissa dans sa poche au moment où Sylvie revenait dans le salon.

Elle jeta un coup d'?il curieux à la boite qui était restée sur la table, mais, voyant que Harry n'avait pas l'intention de lui en dire davantage, ne posa pas de questions. Elle attendait impatiemment le repas qui devait avoir lieu le soir, non sans ressentir en même temps une certaine appréhension. A quoi pouvaient bien ressembler les anciens amis de Harry ? Et comment allaient-ils se comporter tous les trois ? Comment allait-elle réussir à s'intégrer à leur groupe, alors qu'elle ne connaissait rien de leur histoire commune, et qu'ils n'avaient visiblement pas envie de la lui faire partager ?

A sept heures moins cinq, Harry attendait dans le salon, impatiemment. Il n'avait pas allumé de feu, celui-ci n'étant nécessaire que pour les départs. Toutes les dix secondes environ, il consultait sa montre, dont les aiguilles lui semblaient avancer trop lentement. Enfin, la grosse horloge du salon sonna sept heures. Quelques secondes plus tard, une tête rousse, pleine de taches de rousseurs, apparaissait dans la cheminée.

D'un même mouvement, les deux amis s'approchèrent l'un de l'autre et s'embrassèrent chaleureusement.

« Harry, s'écria Ron d'une voix chargée d'émotion, ne refais jamais une chose pareille ! Ou je te jure que je te jette un sort dont tu te souviendras longtemps.

- Chut, Ron ! s'écria Hermione, en apparaissant à son tour, sa fille dans les bras. Tu ne peux pas parler de ça ici.

- Je sais, fit Ron d'un ton énervé. Tu me l'as déjà rappelé au moins trente fois.

- Visiblement, ce n'était pas suffisant. »

Elle s'adoucit. « Bonjour, Harry, dit-elle en se tournant vers lui.

- Bonjour toutes les deux.

- Alors, demanda Ron, tu nous présentes ta famille ? Je suis impatient de connaître l'héritier des Potter. »

A ce moment, Sylvie sortit de la cuisine, James dans les bras.

« Il m'avait bien semblé entendre des voix, dit-elle. Désolée, je n'avais pas entendu sonner.

- Sylvie, je te présente Ron, Hermione et Cassandre. Ron, Hermione, voici Sylvie et James.

- Enchantée », dit Sylvie.

Ron lui tendit un pot contenant une superbe orchidée. « Oh, c'est magnifique, s'écria-t-elle en le posant sur un buffet. Merci beaucoup.

- Merci à vous de nous recevoir », dit Hermione.

Harry se mit à rire. « Peut-être pourrions nous arrêter là les civilités. Et vous pourriez vous tutoyer, suggéra-t-il. Nous sommes un peu jeunes pour le vouvoiement systématique, non ? »

Tous allèrent s'installer sur la terrasse. Cassandre se montra très intéressée par James.

« Bébé, dit-elle en le montrant. Bertie.

- Non, chérie, dit Hermione. Ce n'est pas Bertie, c'est James. Tu vois bien que ce n'est pas Bertie.

- Qui est Bertie ? demanda Harry.

- C'est la fille de Fred, répondit Georges. Il l'a nommée d'après les dragées surprises de Bertie Crochue. La pauvre, je n'aimerais pas avoir à porter un tel prénom.

- C'est tout à fait Fred, rit Harry. Alors comme ça il a fini par trouver une femme qui le supporte ?

- Bien sûr. Il a épousé Angelina quelques mois après ton départ. Dommage que tu n'aies pas assisté au mariage. Jamais rien vu d'aussi drôle. Par contre je me demande comment il a fait pour lui faire accepter le prénom de leur fille.

- Qu'est-ce que c'est les Dragées surprises de Bertie Crochue ? demanda alors Sylvie. Hermione lança à Ron un regard incendiaire.

« Ce sont des bonbons, répondit-elle. Pas très répandus, mais nous en étions tous friands à l'époque où nous étions à l'école.

- Et que devient le reste de ta fratrie ? demanda Harry à Ron. Ron a six frères et s?urs, ajouta-t-il à l'intention de Sylvie.

- Voyons, commença le rouquin. Bill travaille toujours à la banque, et sa famille s'est agrandie. Il a deux fils et deux filles, maintenant. »

Bill s'était marié pendant la sixième année de Harry. Quand celui-ci était parti, il avait déjà un fils, et sa femme était de nouveau enceinte.

« Charlie est toujours dans les forêts roumaines, reprit Ron, et il semble bien décidé à rester célibataire. Percy a un fils, Archie que tu as vu hier, et une fille, Rosalind, ou Rosa. Et il est chef de département au ministère, maintenant, et bien décidé à ne pas s'arrêter là.

- Il finira ministre, commenta Harry.

- Probablement. La boutique de Fred et Georges s'est considérablement développée. D'ailleurs ils se désolent tous les jours de ne pas avoir pu te rembourser.

- C'était un don, répondit Harry.

- Tu leur diras quand tu les verras. En tout cas, Fred, comme je te l'ai déjà dit, a épousé Angelina. Georges est encore célibataire, mais plus pour très longtemps. Il compte se marier au prochain Halloween. Encore une idée typique des jumeaux, ça. En tout cas, ça promet d'être une sacrée fête.

- Quelqu'un que je connais ?

- Non. Une moldue. » De nouveau, Hermione lança un regard sévère à son mari. Mais Sylvie ne releva pas le terme, trop occupée à écouter ce que disait Ron. Harry et lui devaient avoir été très proches, cela se voyait à la façon dont ils avaient aussitôt renoué les liens, même après une si longue absence.

« Voilà, reprit Ron. C'est à peu près tout pour les nouvelles de la famille.

- Et Ginny ? demanda Harry. Ron se renferma aussitôt. Harry sentit que quelque chose n'allait pas, et aussitôt une vague d'angoisse monta en lui. Il aimait beaucoup la jeune s?ur de Ron, bien que le béguin qu'elle avait toujours eu pour lui n'ait jamais été réciproque. De plus, depuis qu'il lui avait sauvé la vie, il s'était créé comme un lien entre eux deux, il était en quelque sorte responsable d'elle.

- Ron ! demanda-t-il d'une voix inquiète. Il n'est rien arrivé à Ginny, n'est-ce pas ?

- Ginny ne fait plus partie de la famille, » répondit son ami d'un ton sombre. Voyant qu'il n'avait pas l'intention d'en dire plus, Harry se tourna vers Hermione. Celle-ci soupira.

« Ginny s'est enfuie à la fin de sa septième année, dit-elle doucement. Avec Drago Malefoy. »

Harry en resta sans voix. Comment la petite fille timide qu'il connaissait avait-elle pu faire une chose pareille ? Malefoy n'avait jamais semblé montré le moindre intérêt pour elle quand ils étaient à Poudlard, ni elle pour lui. Pourtant, quelque chose devait déjà couver à cette époque, puisque le blond avait quitté Poudlard en même temps qu'eux.

« Mais personne n'a rien vu ? Personne n'a essayé d'empêcher ça ?

- Quand elle est revenue au terrier pour les vacances de Pâques, pendant sa septième année, elle a annoncé qu'elle l'aimait et qu'elle voulait passer sa vie avec lui. Comme tu peux t'en douter, ça a provoqué une sacrée scène. Finalement, Arthur et ses frères se sont ligués pour lui interdire de le revoir. Et quand nous sommes allés l'attendre à la gare, à la fin du mois de juin, elle n'est jamais descendue du train. Le lendemain, nous avons reçu une lettre d'elle disant qu'elle était désolée, mais que Drago et elle s'aimaient, et qu'ils ne pouvaient pas vivre loin de l'autre. Personne n'a eu de nouvelles depuis. Molly a eu beaucoup de mal à s'en remettre. Déjà ton départ, Harry, l'avait énormément affectée. Et sa seule fille l'année suivante.

- Tu peux dire que cette petite égoïste sans cervelle a failli faire mourir maman de chagrin, oui.

- Elle avait dix-sept ans, elle était amoureuse. Peut-être que si vous aviez manifesté plus de compréhension quand elle a essayé de vous en parler on n'en serait pas arrivé là.

- Parce qu'à l'époque tu as compris, toi ? Je ne me rappelle pas t'avoir entendu beaucoup la soutenir.

- Vraiment ? Je crois me rappeler avoir dit que ça ne servait à rien de la braquer comme vous l'avez fait. Et elle m'a parlé à l'époque, figure-toi. Vous l'avez traitée comme une gamine, alors qu'elle l'aimait vraiment.

- Et tu t'es bien gardée de nous en parler, n'est-ce pas ?

- Je n'avais aucune raison de répéter ce qu'elle me confiait !

- Aucune raison ? Hermione, il s'agissait de Drago Malefoy ! Tu étais peut- être d'accord pour qu'elle se marie avec lui ?

- S'ils s'aimaient vraiment, j'aurais été prête à considérer la question. » Ron sembla s'étrangler avec son verre de whisky.

« Après tout ce qu'il a dit sur nous pendant sept ans ? Et tu te rappelles qui était son père ? Si Harry n'avait pas été là, il aurait tué Ginny sans aucun état d'âme ! »

Sylvie regardait le ton monter, mal à l'aise. Elle fit un geste pour intervenir, mais Harry la retint.

« Laisse, dit-il. Une bonne querelle made in Ronald Weasley&Hermione Granger. Ça m'a manqué.

- Ils sont tout le temps comme ça ?

- Presque.

- Pourquoi est-ce si grave que la s?ur de Ron soit tombée amoureuse de ce Drago Malefoy ?

- Drago était dans la même classe que nous, expliqua Harry. C'était un type vraiment odieux. Et le père de Ron et celui de Drago n'ont jamais pu se sentir. Un jour ils en sont venus aux mains dans une librairie.

- Et le fils et la fille s'enfuient ensemble. On dirait l'histoire de Roméo et Juliette.

- Peut-être un peu », répondit Harry d'un ton songeur. Sauf que le père de Roméo ne supportait pas le seigneur des Ténèbres.

Ron et Hermione semblaient avoir remarqué que leur attitude n'était pas très polie vis à vis de leurs hôtes, et maintenant ils se taisaient, gênés.

« Vous n'avez pas changé, fit remarquer Harry pour changer de sujet et détendre l'atmosphère.

- Désolée, s'excusa Hermione. Chaque fois que quelqu'un parle de Ginny ça finit comme ça.

- Je suis sûr que Harry est d'accord avec moi, affirma Ron, n'est-ce pas Harry ?

- Vous n'allez pas recommencer ! protesta celui-ci, éludant la question.

- Et si nous passions à table ? proposa Sylvie. Les saucisses doivent être presque cuites. »

Tous furent d'accord, et ils s'installèrent. Harry installa James sur sa chaise de bébé, à côté d'eux, et Ron prit sa fille sur ses genoux.

Ils commencèrent à manger. Très vite, James commença à s'agiter et à grogner.

« Je vais le coucher, dit Sylvie.

- Non, attends, je vais y aller, proposa Harry. Tu n'as encore rien mangé !

- Reste avec tes amis. Vous avez sûrement plein de choses à vous dire. » Elle prit le bébé, et rentra avec lui dans la maison. Aussitôt, les autres redevinrent sérieux.

« J'ai envoyé ta lettre à Dumbledore, dit Hermione. Il devrait bientôt te contacter.

- Il l'a déjà fait, répondit Harry. Et avant de recevoir mon mot. J'ai reçu ma baguette ce matin.

- C'est superbe, dit Ron. J'étais sûr que Dumbledore trouverait une solution à tes problèmes. Après tout, tu es le sorcier qui a réussi à vaincre Tu-Sais-Qui. Personne n'osera rien tenter contre toi avec ta baguette.

- Je l'espère, dit Harry. Mais si Dumbledore aussi s'inquiète, c'est que nos craintes étaient fondées.

- Harry, fit Hermione d'un ton sérieux, ne crois-tu pas que tu devrais tout dire à Sylvie avant qu'elle ne le découvre d'une manière plus. » elle hésita. « plus dramatique. Elle t'aime, ça se voit. Elle comprendra.

- Tu as sans doute raison, comme toujours. Je le ferai un jour prochain. Mais j'ai tellement peur de sa réaction.

- Tu ne peux pas retarder indéfiniment. Et tu la mets en danger en ne lui disant rien.

- J'ai dit que je le ferai, d'accord ? Mais pas maintenant. »

Elle lui jeta un regard soupçonneux, comme si elle ne le croyait pas, mais n'insista pas.

« Je me demande qui est derrière tout cela, dit Ron. La purge a été draconienne après la chute de Vous-Savez-Qui. Bien plus que la première fois, vu que presque tous ceux qui avaient été innocentés à l'époque ont de nouveau été convaincus de magie noire.

- Il y en a probablement qui y ont échappé, commenta Hermione. Qui n'ont jamais été soupçonnés. Ou c'est une nouvelle génération.

- Il y a eu beaucoup d'arrestations ? demanda Harry.

- Enormément, répondit Ron. En particulier notre cher ami Lucius Malefoy, qui a fini par se pendre dans sa cellule. Ainsi que Crabbe et Goyle seniors, et bien d'autres.

- Ne repars pas sur ce sujet, Ron, l'avertit Hermione.

- Le ministère a fini par trouver des preuves contre Malefoy ? s'étonna Harry. Je croyais que Fudge le soutenait à fond.

- C'est Narcissa qui a fini par le livrer. Et Fudge n'est plus ministre de la magie. Il a été révoqué quand on a appris qu'il avait essayé de cacher la renaissance de Tu-Sais-Qui. C'est Charles Pierson qui l'a remplacé. Et c'est quelqu'un de bien. Il a assuré un procès équitable à tous les mangemorts.

- Tu l'aimes surtout bien parce qu'il a pris des mesures en faveur des elfes, dit Ron.

- Et après ? Ça prouve que c'est quelqu'un de courageux. Il n'y avait pas grand monde pour le soutenir, au départ. Ce n'est pas Fudge qui aurait fait une chose pareille.

- Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda Harry. Il les a libérés ?

- Non, malheureusement, répondit Hermione. Mais il a interdit les punitions corporelles, et il a imposé un jour de congé par mois. C'est un début.

- Il a donné de l'avancement à papa, ajouta Ron. Enfin. »

Sylvie revint, avec à la main le talkie-walkie qui la reliait à James, qu'elle posa sur la table.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda étourdiment Ron.

- Tu ne connais pas ? s'étonna Sylvie. Vous n'avez pas cela pour Cassie ?

- Nous ne sommes pas très branchés technologie, dit Hermione. Mais tu dois bien connaître, Ron. C'est un simple talkie-walkie. » Bien qu'il n'eut probablement pas la moindre idée de ce que c'était, Ron s'empressa de répondre par l'affirmative. Puis les deux femmes se mirent à parler bébés pendant que les hommes évoquaient, avec plus ou moins de prudence, leurs camarades d'écoles.

« Tu as le bonjour de Seamus et Lavande, dit Ron. Seamus travaille avec moi, et il était inquiet pour toi après les menaces.

- Tu pourras le rassurer. Alors comme ça il est toujours avec Lavande ?

- Plus que jamais. Je me demande comment il réussit à la supporter. Elle s'est installée comme voyante, et s'est spécialisée dans la communication avec les morts. Il paraît que c'est la meilleure, et qu'elle peut entrer en contact avec à peu près n'importe qui. Mais elle est devenue encore plus mystique que Trelawney l'était à l'époque. Chez eux, tout a été disposé de manière à ne pas troubler le troisième ?il de Madame.

- Pauvre Seamus !

- Il a dû finir par s'habituer. Et au moins, Lavande ne réalise pas de prédictions.

- Oh si ! Elle fait cela aussi. Il paraît qu'elle a prédit qu'elle n'atteindrait pas son prochain anniversaire, et elle est en train de tout préparer pour le jour de sa disparition. Il y a des semaines qu'elle n'est plus sortie de chez elle. Même Parvati ne la voit plus. Remarque, elle n'est pas beaucoup en Angleterre.

- Dans le temps, j'aurais cru que c'était Parvati la plus atteinte des deux.

- Parvati s'est calmée. Elle s'est lancée dans l'aide humanitaire. En Afrique. Bien sûr, elle vient régulièrement consulter Lavande ou Trelawney, mais elle a décidé qu'elle voulait faire quelque chose de plus constructif de sa vie. Hermione l'admire beaucoup pour ça.

- Je m'en doute. Mais j'ignorais qu'il y avait des problèmes de ce genre dans le monde de la sorcellerie. Je veux dire, ce n'est pas très difficile de trouver de quoi se nourrir.

- Non. Il n'y en a pas. Elle travaille pour la baguette rouge, une organisation de sorciers qui aident les moldus. C'est subventionné par le ministère, surtout depuis le départ de Fudge.

- Et que deviennent Dean et Neville ?

- Dean s'est lancé dans les affaires. Quant à Neville, il a été embauché dans un atelier de botanique. Ils fournissent des plantes décoratives, et des ingrédients pour les potions. Il a pris énormément d'assurance. »

La nuit commençait à tomber. « Nous devrions rentrer », dit Harry.

Ils se levèrent, Ron portant sa fille qui s'était endormie sur ses genoux. Hermione commença à empiler les assiettes.

« Laisse ça, je le ferai plus tard, dit Sylvie.

- Non, répondit Hermione. Ça ne me dérange pas du tout. » Ensemble, elles débarrassèrent la table et commencèrent à charger le lave-vaisselle.

Sylvie trouvait l'amie de Harry de plus en plus sympathique. Elle n'avait pas prévu de la questionner, mais pendant ce moment d'intimité, elle ne put s'en empêcher.

« Hermione, je sais que ça ne me regarde pas vraiment, mais c'est toi que Harry est allé voir, hier, n'est-ce pas ?

- Je l'ai vu hier, en effet, répondit l'autre, gênée. Mais ce n'est pas moi qu'il venait voir.

- Peu importe. Mais les problèmes qu'il avait avec sa tête. et ce que tu avais pis dans cette lettre, quoi que ce soit, c'était vraiment très grave ?

- Personne ne sait avec certitude ce qui se cache derrière tout cela.

- C'est un terrible secret que me cache Harry, n'est-ce pas ?

- Ce n'est pas à moi de te parler de tout cela si Harry ne l'a pas encore fait. Je comprends que tu te poses énormément de questions. C'est admirable que tu ne lui aies pas encore sauté à la gorge pour qu'il te raconte tout.

- Jamais je ne ferais une chose pareille ! C'est juste que je m'inquiète pour lui. Il avait l'air vraiment perturbé. Et il m'a tenu des propos si définitifs. J'ai peur qu'il ne s'en aille, qu'il reparte là d'où il est venu. ou pire. En même temps, je continue de lui faire confiance, parce que jamais en quatre ans il ne m'a trahie. » La jeune femme était grandement soulagée de pouvoir confier ses craintes à quelqu'un qui semblait comprendre, et dont le visage reflétait la même expression inquiète.

« Je ne peux pas te promettre qu'il n'arrivera rien, dit Hermione, parce que je n'en sais rien. Mais je suis persuadée qu'Harry ne t'abandonnera pas, pas plus qu'il n'abandonnera James. Même pour ceux qui connaissent tout de son passé, Harry n'est pas quelqu'un de facile à comprendre. Mais la droiture a toujours été une caractéristique essentielle de son caractère. Malgré tout ce qu'il a enduré.

- Quand il est arrivé ici, il avait le regard de quelqu'un qui n'attend plus rien de la vie. Quelqu'un qui en a déjà trop vu. Pourtant, il avait à peine dix-huit ans. C'est ça qui m'a émue chez lui au début. J'ai tout fait pour dissiper cette tristesse. Et j'espérais y être arrivée. C'est pour ça que je ne lui ai jamais posé de questions sur son passé. Je savais qu'il était douloureux, et je ne voulais pas le lui rappeler si Harry ne le désirait pas. Pourtant, quand je vous vois, Ron et toi, avec lui, je me dis qu'il a du y avoir aussi de bons moments.

- Il y a eu des bons moments, dit Hermione avec un regard nostalgique. Ce sont les meilleures années de ma vie. Mais Harry. Rien n'a jamais été facile pour lui. A chaque fois qu'il surmontait une épreuve, une autre se présentait. Et un jour, quelqu'un qu'il aimait beaucoup l'a trahi, et il a perdu un autre être qu'il aimait comme un père. A cette époque, nous avions tous des raisons de nous réjouir, et beaucoup ne se sont pas rendus compte qu'il allait mal. Alors il en a eu assez, et il est parti. Il ne nous a même pas dit au revoir. »

Sylvie resta songeuse. Elle ne comprenait pas tout. Mais elle comprenait que ce que son mari lui cachait n'était pas un secret coupable. Non qu'elle en ait jamais douté. Jamais Harry ne serait capable de quelque chose de vraiment mal.

« J'espère qu'il te parlera de tout cela un de ces jours, reprit Hermione. Il m'a promis qu'il le ferait. »

Elles rejoignirent les hommes au salon. Harry et Ron étaient pliés en deux sur le canapé.

« Qu'est-ce qui passe ? demanda Hermione.

- Je donnais à Harry des nouvelles de Lockhart. Depuis qu'il est sorti de Ste Mangouste..."

Hermione rit à son tour. « Lockhart était un de nos profs, expliqua-t-elle. Il a perdu la mémoire à la fin de l'année, et a été envoyé à l'hôpital. Depuis qu'il en est sorti, il n'est pas tout à fait guéri. Avant, il était complètement imbu de lui-même, il passait son temps à se recoiffer et à se faire prendre en photo. Maintenant il ne supporte plus qu'on le regarde, il ne reconnaît plus les photos de lui qui ont été prises avant son accident, et il passe ses journées à s'admirer, sauf qu'il ne sait pas que c'est lui qu'il admire.

La conversation roula sur divers sujets jusqu'à tard dans la soirée. Finalement, Ron et Hermione prirent congé.

« Où êtes-vous garés ? demanda Sylvie en les raccompagnant à la porte. Je ne vois pas de voiture.

- Oh, nous sommes un peu plus loin, répondit Ron. Nous avions envie de marcher.

- Le bois est superbe, ajouta Hermione en calant Cassandre dans sa poussette sans la réveiller.

- Mais il fait nuit, maintenant, remarqua Sylvie. Vous êtes sûrs que vous allez vous y retrouver ?

- Pas de problèmes, dit Ron. Ne t'inquiète pas, j'ai des super dons de détection de voitures garées la nuit.

- Bien sûr, se moqua Harry. Dis plutôt que tu as des super sons pour suivre Hermione pendant qu'elle retrouve votre véhicule. De toutes façons, je vous raccompagne. Avec une lampe de poche."

Il s'empara d'une torche accrochée près de la porte. Ron la regarda d'un air intéressé. Les Weasley saluèrent Sylvie, et partirent dans la nuit avec Harry.

Dès qu'ils furent hors de vue, ils s'arrêtèrent.

« Il faut qu'on retourne chez toi prendre la poudre de Cheminette, dit Hermione.

- Je sais. Je vais rentrer. Suivez-moi dans cinq minutes, on sera en haut.

- Je n'aime pas rentrer comme ça chez toi à l'insu de ta femme. Comme si nous étions des voleurs.

- J'ai dit que je lui dirai, Hermione. Ce n'est pas la peine de revenir sur le sujet.

- Laisse-le tranquille, Mione, intervint Ron. C'est sa famille, et c'est sa vie. Il a le droit de choisir le moment où il va tout leur raconter.

- J'essayais juste d'aider.

- Je vais le faire, répéta Harry. Il faut que j'y aille, maintenant. Ca m'a vraiment fait plaisir de vous revoir, tous les deux. Vous n'avez pas changé.

- Il y a plus de cinq ans que j'attendais ce moment, dit Ron. N'oublie pas que tu as récupéré Hedwidge. Tu n'as aucune excuse pour ne pas donner de nouvelles.

- Ron ! Hedwidge est là pour que Harry puisse communiquer en cas d'urgence !

- C'est toi qui l'as décidé ainsi, Hermione. Et maintenant que Harry a récupéré sa baguette, il n'en a plus besoin.

- Vous n'allez pas commencer à vous disputer à mon sujet, tous les deux ! Et Cassandre va finir par prendre froid, si vous la laissez trop longtemps dormir dehors. J'y vais. N'oubliez pas d'arrêter de vous crier dessus dans cinq minutes. Salut ! » Il tourna les talons.

« A bientôt Harry ! » crièrent Ron et Hermione avant qu'il ne soit hors de portée.

Lorsque Harry arriva chez lui, il trouva Sylvie à moitié endormie sur le canapé.

« Viens, dit-il en lui tendant la main pour l'aider à se lever. Allons nous coucher. »

Elle le suivi au premier étage.

« Je suis contente que tu les aies invités, dit-elle. Tes amis sont très sympathiques. C'est vraiment dommage que vous ayez perdu le contact pendant si longtemps.

- C'est la vie, dit Harry.

- Je ne t'avais jamais vu aussi gai. On aurait dit que tu avais de nouveau quinze ans.

- Ron et Hermione sont associés à mes meilleurs souvenirs. A l'exception bien sûr des années que j'ai passé avec toi. »

Ils restèrent un moment silencieux.

« Sylvie, demanda soudain Harry, tu dors ?

- Non.

- Il y a longtemps que nous n'avons pas fait une promenade en amoureux, rien que tous les deux... demain, nous pourrions laisser James à ta mère, et partir à cheval.

- C'est une super idée, dit Sylvie d'un ton ensommeillé, mais maman a beaucoup à faire en ce moment.

- Nous pouvons mettre Jamsie à la garderie, alors... » Mais Sylvie ne répondit pas. Elle dormait.

Harry attendit quelques minutes pour être sûr de ne pas la réveiller, puis il enleva doucement le bras qu'il avait passé autour de sa femme. Elle murmura quelque chose d'instinct et se retourna vers le mur avant de se rendormir. Le plus silencieusement possible, Harry le releva et redescendit. Un grand feu brûlait dans la cheminée, signe que Ron et Hermione étaient rentrés chez eux. Il l'éteignit, et nettoya les quelques cendres, avant de remonter se coucher.

Le lendemain matin, Harry fut réveillé de bonne heure par les cris de son fils. Il se leva à contrec?ur et alla prendre l'enfant. Il l'emmena au salon, et lui donna son biberon matinal. Après avoir bu, le bébé se mit à jouer avec son petit lion. Il vint le déposer aux pieds de son père, dans l'espoir que celui-ci partagerait ses jeux. Harry prit la peluche, et se mit à gronder, comme pour effrayer l'enfant. Mais alors qu'il grondait gentiment, il eut soudain envie de se transformer. Depuis sa dernière année d'école, Harry était un animagus, il était capable de se changer en lion. Mais après si longtemps sans avoir réalisé sa métamorphose, il se demanda s'il en était encore capable. Bien sûr, ici, devant James, il était hors de question de se transformer.

Le bébé poussa des petits cris. Harry réalisa qu'il avait cessé de jouer et que James attendait. Pris d'un élan soudain, il déposa le lion, empoigna son fils et le fit sauter en l'air. Après un bref instant de stupeur, le bébé poussa des cris de joie. Harry le serra contre lui. Il se demanda dans quel monde James grandirait. Il espérait de tout son c?ur que le destin de son fils serait plus facile que le sien. Mais quand James aurait l'âge d'entrer à Poudlard, il serait aussi célèbre que Harry l'avait été à l'époque. Et, s'il restait des mangemorts, ils seraient prêts à tout pour s'en prendre à lui, ne serait ce que pour atteindre son père.

« Je ne laisserai personne te faire du mal, dit Harry au bébé. Même si je dois renoncer à la tranquillité de cette vie ».

Merci à tous pour avoir lu, et pour avoir reviewé si vous l'avez fait (sinon continuez à lire, je comprends tout à fait ). Comme y a pas trop de questions ( sauf celles pour lesquelles on ne peut que répondre : « attendez les prochains chapitre »), je ne répondrai personnellement à personne, mais tous vos mots ont été appréciés.

A bientôt