Disclaimer : Le monde de Harry Potter appartient à Mme JK Rowling.

Merci à Miss Tambora pour la relecture.

Chapitre 5

Les derniers jours d'août passèrent à une vitesse folle. Il y avait tant à faire ! Harry préparait tant bien que mal ses leçons. Plus le temps passait, plus il se persuadait qu'il ne serait pas à la hauteur. Fascinée, Sylvie regardait les leçons, les cours théoriques qu'il écrivait à propos de telle ou telle créature ou de tel ou tel maléfice.

" J'ai du mal à croire que tout cela existe, lui avoua-t-elle un jour. Ces épouvantards, par exemple, on les croirait tout droit sortis d'un livre pour enfant... à moins que ce ne soit d'un film d'horreur.

- Et pourtant, je peux t'assurer qu'ils existent réellement. J'en ai affronté plusieurs, et j'espère bien en trouver un pour les travaux pratiques.

- Ici ? Au château ?

- Tu serais étonnée par tout ce qu'on peut trouver à Poudlard.

- C'est effrayant.

- Ne t'inquiète pas. Rien de dangereux ne t'attaquera par surprise ici. Dumbledore tolère ce genre de créatures à condition qu'elles ne fassent de mal à personne. Le seul qui soit vraiment nuisible, c'est Peeves. Mais il cherche à créer des problèmes, pas à faire du mal.

- N'empêche, j'aimerais qu'il ne s'attaque pas à James. Le pauvre était complètement trempé hier. Il aurait pu attraper froid."

La veille, en effet, l'esprit frappeur s'était amusé à jeter des bombes à eau sur l'enfant que Sylvie ramenait d'une promenade dans le parc. Au début, celui-ci avait ri de la plaisanterie, mais lorsque que de l'eau froide avait commencé à lui dégouliner dans les cheveux et sur le visage, il s'était mis à pleurer bruyamment.

Maintenant qu'il était capable de se déplacer tout seul, James devenait de plus en plus turbulent. Plus d'une fois, ses parents l'avaient rattrapé juste à temps avant qu'il ne dégringole dans les escaliers. Ses petites mains s'emparaient de tout ce qui pouvait se trouver à sa hauteur. Il était particulièrement attiré par les affaires de son père, qu'il essayait d'imiter. Rien ne lui faisait plus plaisir que de prendre une plume et de faire semblant d'écrire. Un matin, Harry s'était absenté quelques secondes et l'avait retrouvé complètement couvert d'encre, avec une grande flaque noire à ses pieds : apparemment, il avait saisi la bouteille mais elle lui avait échappé des mains. Heureusement, ce petit incident avait été rapidement réglé par un sort de nettoyage.

Le soir du premier septembre, Harry avait insisté pour que Sylvie vienne à la cérémonie de la répartition.

" Tu ne peux pas manquer cela, avait-il dit. Le festin de début d'année est légendaire. Et puis, autant que les élèves te voient ce soir, puisque de toute façon il faudra bien que tu les croises dans les couloirs de temps en temps."

Elle avait accepté, curieuse de voir le fameux chapeau dont Harry lui avait parlé, et parce qu'il semblait tellement désireux qu'elle l'accompagne. James avait une fois de plus été confié à Dobby, en qui la jeune femme avait maintenant une totale confiance. Alors qu'ils descendaient vers la grande salle, une voix glaciale les interpella par derrière.

" Alors, Potter, comme ça vous voilà professeur ? Qui l'aurait cru ? J'imagine que c'est votre nom, plus que vos capacités, qui vous a permis d'obtenir ce poste ?"

Sylvie se retourna. L'homme qui se tenait en face d'eux avait des cheveux noirs et gras. Il les fixait tous les deux d'un air de dégoût.

" Bonsoir, Professeur Rogue," dit Harry d'un ton neutre, en soutenant son regard.

Il y eut un moment de silence. Les deux hommes se fixaient. Dans le regard de Rogue, elle lisait du dégoût, mais quelque chose démentait cette impression. On sentait que le mépris n'était qu'une façade. Les yeux verts de Harry exprimaient un certain amusement, en même temps qu'une farouche détermination. Puis, L'homme aux cheveux gras se détourna d'un air digne, passa devant eux la tâte haute, et s'éloigna à grands pas.

" Qui c'était ? demanda Sylvie.

- Rogue, le professeur de Potions, répondit Harry.

- Ça n'a pas l'air d'être le grand amour entre vous deux.

- C'est compliqué. Il était à l'école avec mon père, et ils se détestaient. Il a toujours eu ce regard de dégoût en s'adressant à moi. En plus, il a toujours brigué le poste de professeur de Défense contre les forces du mal, et il doit m'en vouloir de l'avoir obtenu.

- Tu devais t'amuser en cours avec lui.

- Le pire moment de la semaine. En plus, c'était en commun avec les Serpentard, dont il est le directeur, et il les favorisait, alors qu'il était toujours près à enlever des points aux Gryffondor, ou à nous envoyer en retenue. Moi en particulier. Mais je ne vais plus me laisser faire. Après tout, je suis son égal maintenant, et il n'a plus aucun droit sur moi.

- Il me donnait envie de rentrer sous terre. Je n'aimerais pas me retrouver seule avec lui.

- Rogue est désagréable au possible, mais au fond c'est quelqu'un de bien. Il a pris de grands risques pour nous aider dans la lutte contre Voldemort, en tant qu'espion. Et il m'a sauvé la vie plusieurs fois. Je crois qu'il aime se donner des airs de grand méchant et se faire craindre. Et vis-à-vis de ses élèves, il fait aussi cela pour leur forger le caractère."

Ils arrivèrent dans la grande salle et s'assirent à un bout de la table, à côté de Ron et Hermione. Au milieu des professeurs, Dumbledore présidait, assis droit sur son siège. Deux places restaient inoccupées : l'une en face de Harry, l'autre à côté du directeur.

" Juste à temps, commenta Ron en les voyant. Un peu plus et vous arriviez après les élèves.

- On a rencontré Rogue en venant. De toutes façons on n'est pas les derniers. Il reste deux places libres. se défendit Harry.

- Hagrid est sur le lac et McGonagall dans le hall d'entrée."

A ce moment, un brouhaha se fit entendre, de plus en plus fort, et des adolescents commencèrent à se déverser dans la pièce. Ils s'installèrent autour des quatre grandes tables, parlant et riant bruyamment. Certains montraient Harry et Sylvie, et échangeaient des commentaires, et le couple était plutôt mal à l'aise. Puis Hagrid arriva, et se laissa tomber sur le siège en face de Harry. Enfin, le silence se fit dans la salle quand McGonagall précéda une trentaine d'enfants. Tous semblaient intimidés, certains même terrorisés. Sylvie devina sans mal qu'il s'agissait des nouveaux.

Sur un ordre du directeur, Argus Rusard amena un vieux chapeau tout râpé et un tabouret.

" C'est le Choixpeau magique, murmura Harry à l'oreille de sa femme. Il n'a pas rajeuni depuis la dernière fois que je l'ai vu.

- Qu'est-ce qu'il a de magique ?"

Mais avant que Harry n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, le chapeau répondit lui-même à la question de Sylvie : il se mit à chanter d'une voix éraillée.

Lorsqu'il se tut, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. McGonagall plaça une paire de lunettes sur le bout de son nez. Puis elle sortit un parchemin de sa poche, et commença à appeler les nouveaux.

" Aaliar, Stephen" L'interpellé se leva et vint s'asseoir sur le tabouret, et le professeur Mac Gonagall posa le chapeau sur sa tête. Au bout de quelques instants, le couvre chef cria : " Serdaigle ! "

Une des tables éclata en applaudissements, le garçon sourit et vint s'y placer. Puis le nom suivant fut appelé. La cérémonie de la répartition ramenait Harry loin en arrière. Lorsque, petit garçon de onze ans, il s'était assis sur ce tabouret. Pour certains enfants, le chapeau prenait le temps de la réflexion, et il savait qu'ils devaient entendre la réflexion du Choixpeau. La réflexion la plus longue de la soirée fut réservée à une fillette pâle, avec des cheveux d'un blond presque blanc, et un air timide.

" Serpentard ! " cria finalement le Choixpeau. Et la petite fille, sans manifester ni joie ni déplaisir, rejoignit la maison de Rogue. Harry en ressentit une certaine surprise : la fillette ne correspondait pas à l'image qu'il se faisait des Serpentard. Mais il ne s'attarda pas sur cette pensée, et suivit le reste de la cérémonie. Enfin, le dernier des nouveaux fut réparti, et les plats en argent se remplirent de victuailles. Lorsque tout le monde eut mangé à sa faim, Dumbledore se leva. Le silence se fit dans la salle.

" Soyez les bienvenus à Poudlard pour cette nouvelle année, annonça-t- il. J'espère que vos têtes se sont bien vidées pendant les vacances et prêtes à être de nouveau remplies. Avant de vous rappeler quelques points de règlements, j'aimerais accueillir notre nouveau professeur de Défense contre les forces du Mal : Mr Harry Potter."

Il y eut un silence dans la salle, puis des murmures commencèrent à se répandre parmi les quatre tables des élèves. Tous avaient le regard fixé sur Harry, certains, oubliant toute politesse, le montraient carrément du doigt.

" Harry Potter ! entendait-on de partout. C'est impossible...

- Avec lui et Dumbledore, on ne risque vraiment rien à Poudlard...

- J'étais presque sûr que c'était lui, mais on ne voit pas sa cicatrice !

- C'est normal, à cause des cheveux..."

Puis, au bout de quelques minutes, quelques élèves se levèrent, à la table des Gryffondors, et se mirent à applaudir. Rapidement, d'autres adolescents les imitèrent, et bientôt tout le grand hall fut debout, en une formidable ovation. Harry se sentit rougir, et il baissa la tête.

" Lève-toi et dit quelque chose, murmura Ron.

- Je ne pourrais jamais ! Et qu'est-ce que tu veux que je dise, de toute façon ?

- N'importe quoi ! Ils veulent t'entendre !"

Le directeur fit également un signe en direction de Harry. Résistant à l'envie d'aller se cacher derrière Hagrid celui-ci se leva et regarda la salle. De nouveau, le silence se fit.

- Merci, dit-il. Je suis flatté d'être ainsi accueilli. J'avoue que ça fait plaisir d'être de retour à Poudlard. J'espère que nous ferons du bon travail ensemble cette année. "

Harry se rassit, et la grande salle explosa de nouveau. Mais cette fois-ci, ce fut Dumbledore qui s'avança. Et un simple geste du directeur suffit à calmer les élèves.

" Bien, sourit-il. Content de voir que mon choix semble vous satisfaire. Passons maintenant à des sujets plus déplaisants. J'ai quelques rappels à vous faire de la part de Mr Rusard." Le directeur discourut pendant plusieurs minutes avant de clore le banquet. Sous la direction des préfets, les élèves furent emmenés dans leurs salles communes.

" Tu avais raison, murmura Sylvie à Harry. Je n'aurais voulu manquer ça pour rien au monde.

- La cérémonie de la répartition est splendide, n'est-ce pas ?

- C'est pas mal. Mais je parlais surtout de ta tête quand Dumbledore t'a présenté aux élèves."

Le lendemain, en quittant ses appartements, après avoir pris le petit déjeuner avec sa famille, Harry croisa Ron. Celui arborait un air buté, et son visage était fermé, et il avançait à grandes enjambées.

" Salut ! dit Harry. Qu'est-ce qui t'arrive ? Ne me dis pas que tu t'es encore disputé avec Hermione !

- Comment t'as deviné ? maugréa Ron. Elle peut dire ce qu'elle veut, cette fois ils dépassent les bornes !

- Que se passe-t-il ?

- Tu n'as pas lu le journal ce matin ? " Harry fit signe que non. " Malefoy a hérité du manoir de ses parents avec la mort de sa mère. Et rentre en possession de son héritage aujourd'hui. Il parait qu'il a l'intention de venir s'y installer avec Ginny. "

- Ca paraît logique. C'est chez lui. C'est là qu'il a grandi, et en général, quand tu possèdes un manoir, tu ne vas pas vivre en appartement !

- Malefoy n'est pas le bienvenu en Angleterre ! En plus, je suis sûr qu'il est complice des assassins de sa mère. Et c'est probablement lui qui t'a envoyé ses sbires. Il n'a aucun droit de revenir. Et le pire, c'est que Hermione a osé prétendre qu'on pourrait profiter de l'occasion pour se réconcilier avec Ginny ! Tant qu'elle restera avec lui, elle n'a pas sa place dans la famille.

- Ron ! Calme-toi. Tu n'as aucune preuve contre Malefoy. Il a parfaitement le droit de revenir. Et je suis sûr que Ginny ne cautionnera rien de mauvais.

- Tu ne vas pas t'y mettre aussi, Harry. D'Hermione, je veux bien, elle est beaucoup trop indulgente. Mais pas toi !

- Je ne défends pas Malefoy. Je dis simplement qu'il a le droit de venir prendre possession de son héritage. En plus, j'ai mon premier cours dans exactement deux minutes, et j'aurais bien aimé ne pas être en retard.

- Désolé. Mais tu ne peux pas t'imaginer à quel point Hermione m'énerve, parfois. En tout cas, bonne chance pour aujourd'hui.

- Merci."

Harry rejoignit sa salle de cours. Il commençait par les septième années de Gryffondor et Serdaigle. C'était mieux que des Serpentard, mais il ne se sentait pas à l'aise avec les septième années de Gryffondor, qui était déjà là à l'époque où il était étudiant. Mais après tout, quand il était en septième année, il n'avait accordé que peu d'attention à ces élèves, qui n'étaient alors que des nouveaux. Il arriva devant sa salle avec une minute de retard. Tous les élèves étaient déjà là, dans un silence impeccable.

" Bonjour à tous, dit-il en rentrant. Désolé de vous avoir fait attendre. " Les jeunes gens se dirigèrent vers les chaises, attendant un signal pour s'asseoir.

" Non, pas aujourd'hui, dit Harry. Poussez donc les tables contre le mur. On va faire un peu de travaux pratiques pour voir où vous en êtes au point de vue des sortilèges. Mettez vous par deux, et on va faire des duels." Des murmures d'excitation se firent entendre. Harry s'aperçut rapidement qu'il en savait beaucoup plus qu'eux en matière de sorts et de contre-sorts, bien que sa scolarité se soit arrêtée à la sortie de Poudlard. Les entraînements auxquels il s'était soumis en compagnie de Ron et Hermione à partir de la quatrième année avaient porté leurs fruits. Tous parurent beaucoup s'amuser pendant l'heure, et rapidement la gêne qu'ils avaient manifestée initialement en face de Harry disparut. Lorsque la cloche sonna, il y eut des protestation. Les Gryffondors, en particulier, auraient de beaucoup préféré rester là plutôt que d'aller rejoindre le professeur Rogue dans les donjons.

A peine quelques minutes après que les septième années aient quitté la pièce, les élèves de l'heure suivante commencèrent à s'entasser devant la porte. Harry passait d'un extrême à l'autre : il s'agissait maintenant des première années de Serpentard et Poufsouffle. Ils se rangèrent et Harry, après avoir remis le mobilier en place, les fit entrer. Ils s'installèrent et sortirent leurs livres. Les Poufsouffle osaient à peine lever les yeux vers Harry, et même les Serpentard semblaient pour une fois peu sûrs d'eux.

A midi, Harry remonta déjeuner avec Sylvie. Ils allaient finir quand on frappa à la porte. C'était Hermione, qui tenait Cassie par la main.

" C'est gentil de ta part de proposer de me la garder, dit-elle à Sylvie. J'ai une totale confiance en Dobby, mais je la lui ai tellement laissée les années précédentes que j'ai peur que Cassie ne finisse par croire qu'elle est un elfe de maison.

- Ce n'est rien. Elle est tellement mignonne ! Et elle ne donne pas du tout de travail.

- Alors, comment s'est passée ta matinée, Harry ?

- Bien, merci. Je n'arrive pas à croire j'impose un tel respect. Finalement, je crois que je devrais y arriver.

- Bien sur que tu vas y arriver. J'ai vu ce que tu avais préparé, et c'est parfait. " Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. " Il faut que j'y aille, dit-elle, j'aime être là en avance. Oh ! j'allais oublier : Ron et moi allons dîner chez les Weasley, samedi. C'est mon anniversaire, et j'aimerais que vous soyez là. Il y aura les jumeaux, Percy et sa famille, et peut-être Bill avec la sienne.

- Bien sûr que nous serons là, répondit chaleureusement Sylvie. J'avoue que je suis curieuse de faire enfin la connaissance du reste des Weasley, en particulier de ces jumeaux dont on m'a beaucoup parlé.

- Méfie-toi d'eux, rit Hermione. Ils sont insupportables, vraiment. Bon, à tout à l'heure. Sois bien sage avec Sylvie, Cassandre, et je reviens très vite."

Elle embrassa sa fille avant de les laisser. Harry se tourna vers Sylvie.

" Si on fait une petite virée hors de Poudlard samedi, ça te dirais qu'on aille voir tes parents ? On pourrait y passer la journée."

Le visage de la jeune femme s'éclaira. " Ce serait merveilleux ! Ça fait deux mois qu'on ne les a pas vu, et je ne m'étais jamais éloignée d'eux comme ça. Je suis sûre qu'ils doivent être à moitié fous d'angoisse ! "

Le mercredi en fin de matinée, Harry avait un cours avec des troisièmes années de Gryffondor et de Serdaigle. Lorsqu'il entra dans la pièce, le silence se fit immédiatement, comme il commençait à en avoir l'habitude. Mais ce matin là, les élèves ne montrèrent aucun enthousiasme. Lorsque Harry les salua chaleureusement, seules quelques voix étouffées lui répondirent. Et lorsqu'il annonça qu'ils allaient faire une séance de travaux pratiques, contre des verriastres, des petits vers qui cherchent à s'enrouler autour du cou des gens pour les étouffer, ils pâlirent.

" Que se passe-t-il ? demanda Harry. Vous avez peur ? Le verriastres ne sont pas vraiment dangereux. La formule pour s'en débarrasser est Denoualis. Ils deviennent alors aussi inoffensifs que des lombrics.

- Ce n'est pas pour nous qu'on a peur, Monsieur, répondit une fille de Gryffondor.

- Pas pour vous ? Ces vers ne vont pas détruire l'école ! Et ils sont ensorcelés, ils ne peuvent pas sortir de cette pièce.

- Monsieur, je crois que vous ne devriez pas faire de travaux pratiques dans vos cours, dit la fille d'une voix basse.

- Pourquoi ? Vous n'avez pas confiance en moi, Miss Limay ?

- Oh non, Monsieur, s'empressa-t-elle de répondre. Mais on a eu notre premier cours de Divination ce matin, et... elle hésita et prit une grande inspiration : le professeur Trelawney a dit que vous alliez bientôt disparaître. Elle a vu votre mort."

Harry éclata de rire. " C'est sérieux, Monsieur, protesta un garçon. Elle a dit que l'ombre de la mort était attachée à vos pas, et qu'elle l'avait vue dès l'instant où vous aviez franchi la porte de l'école. Je vous jure que c'est vrai " ajouta-t-il en voyant grandir le sourire du professeur.

- Je ne mets absolument pas votre parole en doute, Plaspen. Mme Trelawney a très certainement prédit ma mort dans un avenir proche. Mais il se trouve qu'elle annonce cet événement depuis le premier jour où je suis entré dans sa salle de classe, lorsque j'avais votre âge. Or je suis toujours là, et je ne crois pas avoir l'air d'un fantôme. Il semble que son troisième oeil se dérègle dès qu'on prononce mon nom. De toute façon, je suis tout à fait capable de me défendre contre des verriastres, je vous demanderai donc de bien vouloir vous approcher du bureau." Rassurés, les élèves obéirent en souriant, et ne reparlèrent plus de leurs cours de divination.

Le samedi matin de bonne heure, Harry fabriqua un portoloin et ils rejoignirent le bois bordant la propriété des parents de Sylvie. Ils n'avaient pas prévenu de leur visite, et espéraient que les Grass seraient chez eux. Il était encore tôt quand ils sonnèrent à la porte de l'hôtel. Quelques instants plus tard, Nadine leur ouvrit. Avant d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, ils se trouvèrent pris dans une étreinte serrée.

« Marc ! » cria la mère de Sylvie d'une voix chargée d'émotion. « Marc, viens vite voir qui est là ! ». Des larmes coulaient sur les joues de la petite femme. « Enfin, vous êtes revenus ! Nous nous sommes fait tant de soucis pour vous ! » Son mari la rejoignit peu après et manifesta lui aussi une grande émotion en voyant sa file, son gendre, et son petit-fils.

Lorsqu'ils se furent un peu calmés, ils s'installèrent au salon.

« Nous avons vu de drôles de gens, après votre visite de l'autre jour, dit Marc. Certains étaient vêtus de robes.

- C'étaient des sorciers, confirma Sylvie.

- Nous ne leur avons rien dit sur vous. Mais ils avaient l'air surtout curieux et excités à ton sujet, Harry. Lorsque ton ami et toi avez parlé de mages noirs, je les aurais imaginés plus effrayants.

- Ils peuvent simuler. Harry soupira. Mais je ne crois pas que ce soient des mangemorts que vous ayez vus. Le ministère était déjà sur les lieux et les environs grouillaient d'Aurors, quand Ron et moi sommes venus. Je pense plutôt que c'étaient des journalistes. Quoi qu'il en soit, je vous remercie de ne pas leur avoir parlé de moi. Et je suis désolé de tous les tracas que j'ai pu vous causer.

- Nous avons déjà parlé de cela, Harry, intervint Nadine. Tu n'as pas à t'excuser. Parlons plutôt de ce que vous devenez, tous les trois. Je veux tout savoir sur le monde des sorciers. Ce doit être fascinant.

- Tu n'imagine pas à quel point », répondit Sylvie en riant, et elle se mit à raconter Poudlard, la grande salle, les fantômes, et leurs promenades dans les airs. De temps en temps, Harry l'aidait à expliquer certains points. A la demande de ses beaux-parents, et après s'être assuré qu'aucun client ne s'apprêtait à faire irruption dans le salon, il leur fit une petite démonstration de ce qu'était la magie. Il changea un journal en une rose qu'il tendit galamment à Nadine.

- Et James sera un sorcier lui aussi ? demanda Marc.

- C'est probable. Mais nous ne pouvons cependant pas être sûrs à cent pour- cent. Sa mère est moldue, donc il pourrait n'avoir hérité d'aucun pouvoir magique. D'autre part, il arrive que des enfants dont les deux parents sont sorciers soient également incapables de jeter le moindre sort. Nous les appelons des cracmol.

- Que ferez-vous si James n'a pas de pouvoir magique ? Vous l'élèverez comme un moldu ?

- Je suppose, dit Harry. Il aura besoin d'aller dans un collège moldu, de faire des études. Nous aurons le temps d'y réfléchir le moment venu. On ne peut pas déterminer si un enfant est magique avant qu'il atteigne l'âge de deux ans. Le test de Naarstrod ne marche pas avec des enfants plus jeunes, leur énergie est bien trop diffuse.

- Le test de quoi ? demanda Sylvie. Tu ne m'en as jamais parlé !

- Il y a encore beaucoup de choses que tu ignores au sujet de notre monde. Même moi, je n'y ai passé que sept ans, et je commets encore beaucoup de bourdes, alors en quelques semaines tu ne pouvais pas espérer tout découvrir. Le test de Naarstrod est basé sur un globe ensorcelé, qui émet une lumière blanche si on le met entre les mains d'un sorcier, et devient noir si c'est un moldu qui le tient. Je crois que la quantité de lumière émise est proportionnelle à la puissance de celui qui l'a dans les mains.

- Cela signifie que l'on sait dès l'âge de deux ans si un sorcier sera puissant ou non ? Donc on sait comment il réussira à Poudlard, puis dans la vie ? interrogea Sylvie. Quelque part, c'est effrayant, vous pourriez faire une horrible répartition des enfants avec ce genre de résultat.

- Non. La puissance varie énormément avec le temps, elle apparaît plus ou moins rapidement selon les individus. Mais si le globe de Naarstrod devient noir, alors il n'y a aucune chance pour que la personne qui le tient développe jamais le moindre pouvoir magique. »

Pendant plusieurs heures, ils parlèrent ainsi de choses et d'autres. Vers cinq heures du soir, Harry et sa famille se préparèrent à prendre congé. Soudain, Nadine sembla se rappeler quelque chose.

« Tenez, dit-elle en leur tendant une liasse de papiers. J'ai relevé votre courrier pendant ces derniers mois. Nous nous sommes permis d'ouvrir toutes les lettres qui ne semblaient pas personnelles. » Elle tendit une demi- douzaine d'enveloppes à Sylvie, qui reconnut l'écriture de ses amis de lycée.

« Celle-ci est adressée à Harry, dit-elle en tendant la dernière lettre au jeune homme. Je ne l'ai trouvée que hier dans votre boite.

- Merci, » dit Harry en prenant l'enveloppe. C'était probablement une relation d'affaire qui avait, pour une raison quelconque, écrit l'adresse à la main. Pourtant, l'écriture lui semblait familière, même s'il ne parvenait pas à la situer. Il mit la lettre dans sa poche le temps d'embrasser les Grass. Il ne craignait pas la curiosité de ses beaux- parents, pas plus qu'il ne cherchait à faire des mystères, mais il savait qu'ils les avaient retenus presque toute la journée, et que septembre était encore un gros mois pour l'hôtel.

Harry jucha James sur son épaule et ils sortirent en direction de la forêt. Lorsqu'ils furent sûrs d'être suffisamment éloignés, les Potter saisirent le portoloin et se retrouvèrent dans leurs appartements à Poudlard. Il leur restait un peu de temps avant le dîner chez les Weasley.

Sylvie s'assit dans un fauteuil près de la cheminée pour lire son courrier, et Harry sortit l'enveloppe de sa poche. Il l'ouvrit et sortit une feuille de papier pliée en quatre. Le texte était très court.

Harry, viens à Privet Drive le plus vite possible, nous devons te parler.

Et c'était signé : Vernon et Pétunia Dursley. Harry relut plusieurs fois le message. Sylvie observa son expression passer de la surprise à la curiosité, puis se muer en une sorte d'hésitation.

« Tout va bien, Harry ? demanda-t-elle. De qui est cette lettre ?

- Mon oncle et ma tante. Ceux qui m'ont élevé. » La mère de James ressentit un certain soulagement en l'entendant répondre. Un moment, elle avait craint qu'il ne se remette à lui cacher des choses, comme il l'avait fait pendant si longtemps. S'il ne lui avait jamais parlé des derniers membres vivants de sa famille, au moins elle savaient qu'ils existaient.

« Je croyais que vous étiez brouillés, remarqua-t-elle. Ce ne sont pas des mauvaises nouvelles, au moins ?

- Nous sommes brouillés, confirma Harry. Pas officiellement, mais ils détestent tout ce qui a trait à la magie, et je n'ai jamais été le bienvenu chez eux. Et il n'y a apparemment pas de mauvaises nouvelles. » Il lui tendit la lettre.

« Je me demande ce qu'ils me veulent , ajouta-t-il d'un ton perplexe.

- Tu vas y aller ? demanda Sylvie.

- Je ne sais pas. Lorsque j'en suis parti au début de ma septième année d'école, je me suis juré de ne jamais retourner là-bas. En même temps, je sais que ce n'est pas une visite de courtoisie qu'ils me demandent de leur rendre.

- Je crois que tu devrais au moins aller voir ce qu'ils veulent. Ça ne te coûtera pas grand-chose, et tu te sentiras mal si tu les ignores. C'est ta famille, après tout. Ils t'ont élevé, ce n'est pas possible qu'ils te soient complètement indifférents.

- J'ai dormi dans un placard pendant dix ans, remarqua Harry d'un ton amer. Mais je crois que tu as raison, j'irai. Ne serait-ce que pour savoir pourquoi ils m'ont écrit. »

Après avoir fait manger James, ils le mirent dans sa poussette et prirent la poudre de Cheminette pour se rendre au Terrier. La plupart des Weasley étaient déjà là, et une joyeuse pagaille régnait dans la maison. Dès qu'ils émergèrent de la cheminée, tout le monde se précipita sur eux. Ce fut une longue suite d'accolades et d'embrassades. Ils étaient arrivés depuis environ une demi-heure quand la première explosion retentit.

Rapidement, elle fut suivie d'une deuxième, puis d'autres se firent entendre. La pièce s'emplit de fumée. Des enfants se mirent à crier. Sylvie agrippa le bras de Harry. Puis la voix de Molly poussa un cri de colère :

« Fred, Georges, Qu'est-ce que vous avez encore fait ?

- Ca ne peut pas être eux, ils ne sont même pas là, remarqua Ron. » La fumée commença alors à se dissiper. Au bout de quelques secondes, la pièce était semblable à ce qu'elle était avant les explosions, mais des lettres de feu flottaient au dessus de la cheminée. On lisait : Bon anniversaire Hermione.

Après un instant de silence, les jumeaux sortirent de la cheminée en criant et en tapant des mains. Harry se mit lui aussi à applaudir, imité bientôt par toute la salle. Puis Angélina apparut à son tour, portant dans ses bras une petite fille qui devait avoir à peu près l'âge de James, et qui devait être Bertie. Puis une petite femme avec de courts cheveux noirs et un visage espiègle apparut à son tour. Probablement la fiancée de Georges.

« Hé ! Salut Cap'tain ! lança Fred, en faisant référence à l'époque où Harry et lui jouaient dans la même équipe de Quidditch.

- Il faut qu'on se parle un instant, dit Georges. Ah, j'allais oublier . Il fit signe à la petite femme aux cheveux noirs. Claire, je te présente Harry, l'attrapeur vedette de Gryffondor, Harry, c'est Claire, la nouvelle associée de Weasley, farces pour sorciers facétieux. Et accessoirement ma fiancée. Maintenant, chérie, si tu veux bien nous excuser. »

Harry suivit les jumeaux jusque dans leur ancienne chambre. « Tu sais, commença Georges, notre boutique marche plutôt bien.

- Et c'est grâce à toi qu'on a pu la commencer. Si tu ne nous avais pas prêté cet argent, nous aurions été réduits à entrer au ministère.

- Si vous avez l'intention de me rendre ces mille gallions, je refuse. C'était un cadeau, pas un prêt.

- Harry, non seulement nous voulons te le rendre, mais avec des intérêts. C'est à toi, tu étais le champion du Tournoi des Trois Sorciers, pas nous.

- Je n'aurais jamais dû remporter ce tournoi, dit Harry, le visage soudain sombre. C'est Cedric qui aurait dû gagner. J'étais blessé, il aurait pu atteindre le trophée bien avant moi. C'est argent, c'est le sien, pas le mien. Vous ne pouvez pas imaginer combien j'ai été heureux de m'en débarrasser, à l'époque, et je suis heureux qu'il vous ait été utile.

- Très bien, dit Fred, en voyant l'expression déterminée de son ami. Nous garderons cet argent. Je ne pensais pas que tu étais encore tellement marqué par la mort de Cédric. Je veux dire, avec tout ce qui s'est passé après, j'imaginais que tu avais oublié cette histoire.

- Je n'oublierai jamais Cedric. Ce qui s'est passé depuis a été horrible, mais ça ne relativise pas pour autant l'horreur de cette nuit là. J'en ai encore des cauchemars de temps en temps.

- Je suis désolé. Georges se dirigea vers la porte. Nous ne voulions pas gâcher ta soirée. Allez, viens rejoindre les autres et oublie ce que nous t'avons dit. »

Ils redescendirent dans la pièce principale. Sylvie était en grande conversation avec Claire. Etant les deux seules moldues de l'assemblée, il était probablement normal qu'elles se rapprochent. Harry remarqua James accroché à la jupe de sa mère. Parcourant des yeux les personnes présentes, il remarqua Hermione, assise seule près de la porte, l'air nerveux. Il vint vers elle.

« Ça va ? demanda-t-il. Tu n'as pas l'air de beaucoup t'amuser. Pourtant, tu es l'héroïne de la fête, après tout.

- Ça va, répondit-elle. Ou du moins ça ira bien dans quelques heures, je l'espère. » Elle n'en dit pas plus, et le regarda droit dans les yeux. « Toi, par contre, tu as l'air inquiet. Ce n'est pas ta cicatrice, au moins ?

- Non, la rassura Harry. J'ai juste eu une conversation avec Fred et Georges qui m'a rappelé de mauvais souvenirs. » Elle hocha la tête, comprenant à quoi il faisait allusion. « Et j'ai reçu une lettre des Dursley, tout à l'heure. » Il raconta la fin de leur visite aux parents de Sylvie, et sortit le court message. Le visage d'Hermione s'assombrit soudain.

« C'est peut-être un piège, dit-elle. Fais attention si tu décides d'y aller.

- C'est bien l'écriture de ma tante. Et qui irait se servir des Dursley pour me tendre un piège ? Les sorciers ignorent tout de leur existence. Je vais aller là-bas demain, puisque c'est dimanche.

- Mais comment ont-ils eu ton adresse ? Je veux dire, il y a bien eu cette annonce dans le journal quand tu t'es marié, mais ça fait quatre ans maintenant, et tu n'as jamais eu la moindre nouvelle d'eux, n'est-ce pas ?

- Non. Mais je n'en attendais pas.

- Je sais ça. Mais pourquoi auraient-ils découpé cette annonce, ou recopié l'adresse, puis conservé précieusement pendant quatre ans, s'ils se souciaient si peu de toi, au point de ne jamais t'envoyer un mot ? »

Harry réfléchit un instant.

« Les Dursley ont toujours eu mon adresse. Quand j'ai acheté ma propriété, aux yeux de la loi moldue, j'étais mineur et j'avais besoin de leur accord. Ça n'a pas été trop difficile à obtenir, c'était ça ou je revenais à Privet Drive. Ils ont signé l'acte de vente, ainsi que quelques autres papiers. Je suppose qu'ils ont dû ranger des doubles dans un tiroir et les y oublier.

- D'accord. N'empêche que ce mot est suspect. N'importe qui aurait pu l'écrire.

- Je ne crois pas. C'est tout à fait leur style. De toute façon, je n'avais pas l'intention d'y aller sans baguette, donc s'il arrive quoi que ce soit je transplanerai immédiatement.

- Demande à Ron de venir avec toi, au moins.

- Hermione ! Je suis parfaitement capable de me défendre tout seul. Je suis même censé être professeur de Défense contre les forces du mal. Et connaissant les Dursley, je crois qu'ils préféreraient que je n'amène pas d'autre sorcier dans leur maison.

- Désolée, Harry, ne t'énerve pas comme ça, on dirait Ron. » Elle regarda dans la direction de son mari, qui s'amusait avec les enfants de la famille, sourit à demi, puis regarda de nouveau la porte, nerveusement.

« Tout le monde à table ! appela Molly Weasley. Ils s'installèrent autour de la table de la cuisine, magiquement agrandie pour l'occasion. Ils commencèrent à dîner en parlant du championnat de Quidditch. Alors que la maîtresse de maison se levait pour changer les assiettes avant d'amener le dessert, la sonnette de la porte d'entrée retentit.

« Qui ça peut être ? demanda Molly étonnée.

- J'y vais, » dit précipitamment Hermione. Ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir, puis se refermer. Quelques mots furent échangés, puis Hermione revint dans la pièce, suivie d'une jeune femme rousse au visage constellé de taches de rousseur. Un silence de mort se fit dans la pièce, puis il eut un bruit de vaisselle brisée. Molly Weasley venait de laisser tomber la pile d'assiettes qu'elle portait. Elle vacilla et s'appuya contre une chaise. Tous les regards se tournèrent vers elle. Puis elle se reprit, se redressa et ouvrit grand les bras.

« Ginny, dit-elle d'une voix rauque. Enfin !

- Maman ! » cria la jeune femme en se précipitant dans les bras qu'on lui tendait. Elles restèrent longtemps enlacées. Hermione sourit nerveusement. Les hommes de la famille regardaient la scène avec incrédulité. Puis Ginny se sépara de sa mère et regarda les autres. Ron se leva.

« Je suppose que tu as fini par revenir à la raison et par quitter ton petit Serpentard, siffla-t-il. C'était évident que ça finirait comme ça. Et maintenant tu espères que nous allons te pardonner tes folies, c'est ça ?

Ginny pâlit légèrement, mais soutint le regard de son frère.

« Je ne quitterai jamais Drago, répliqua-t-elle. Et je ne suis pas venue ici pour entendre vos opinion à son sujet. En particulier les tiens, Ron.

- Alors pourquoi es-tu venue ? Tu as renoncé à cette famille le jour où tu es partie avec lui. La petite amie d'un Malefoy ne peut plus être une Weasley.

- Elle est ici parce que je l'y ai invitée, intervint Hermione. Et que c'est mon anniversaire.

- Hermione ! Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Je croyais que nous avions suffisamment parlé de ce sujet.

- Apparemment pas assez. Tu étais toujours aussi bouché. » Elle se tourna vers le reste de la famille. « Je sais que je ne suis qu'une pièce rapportée et que je n'aurais pas du me mêler de vos affaires, mais ne trouvez-vous pas qu'il y a déjà eu assez de temps perdu ?

- Ce n'est pas de notre faute.

- Cette maison te sera ouverte, Ginny, le jour où tu auras tué ton mari et où tu chercheras une protection, dit cyniquement Fred.

- Où peut-être quand lui t'auras férocement battu, ajouta Georges.

- Ca suffit, les garçons, intervint Molly. Je refuse de perdre de nouveau ma fille à cause de vos sottises. Et c'est encore chez moi ici.

- Et chez moi. » Arthur passa un bras autour des épaules de sa fille. « Je suis désolé, Ginny. Pour ne pas t'avoir écoutée quand tu as voulu nous parler, pour t'avoir prise pour une enfant. Tu n'es plus une enfant, mais tu restes ma fille. Drago n'a jamais rien fait de mal, il méritait le bénéfice du doute. »

Ginny enfouit sa tête dans l'épaule de son père et éclata en sanglots. Molly vint les serrer tous les deux, elle aussi pleurait. Ron lançait des regards incendiaires à Hermione, qui souriait à la vue du tableau formé par les trois Weasley enlacés. Fred et Georges semblaient partagés entre l'envie de faire la fête pour célébrer le retour de leur s?ur, et celle de la chasser de la maison. Percy était assis droit sur sa chaise. Il n'avait pas pris partie ni dans un sens ni dans l'autre, mais on voyait qu'il était heureux de la tournure prise par les événements. A côté de lui, Pénélope essayait d'expliquer à Archie ce qui venait de se passer, qui était cette femme et pourquoi sa grand-mère pleurait. Harry et Sylvie s'étaient écartés du groupe des Weasley, ils ne faisaient pas vraiment partie de la famille et se sentaient légèrement de trop. Claire les avait imités, mais son visage arborait une expression perplexe. Apparemment, elle ignorait jusqu'à l'existence de Ginny. Finalement, une voix claire rompit le silence.

« Ne croyez-vous pas que ce serait le bon moment pour ouvrir les cadeaux ? » demanda Angelina en déposant un tas de paquets devant Hermione. D'un mouvement de sa baguette magique, les morceaux de verre sur le sol furent envoyés à la poubelle. Une chaise supplémentaire fut approchée. Tous se forcèrent à reprendre une conversation normale, comme si rien ne s'était passé. Hermione ouvrit ses cadeaux. Mais lorsqu'elle découvrit le bracelet en argent que lui avait offert Ron, et qu'elle s'approcha de lui pour l'embrasser, il détourna la tête. Elle haussa les épaules et vint se rasseoir à sa place.

Pénélope coupa l'énorme gâteau et commença à distribuer les tranches. Ron refusa d'en prendre.

« Ne fais pas l'enfant, gronda Hermione. Il y a une heure tu bavais déjà par avance. » Il se leva brusquement, envoyant valser sa chaise.

« J'en ai assez, cria-t-il. Vous êtes tous aveugles, ou quoi ? C'est une Malefoy que vous accueillez parmi vous ! Vous ne vous demandez pas pourquoi elle est revenue après tant de temps ? Simplement parce que Hermione a eu la sottise de lui demander ? Vous ne comprenez pas que revenir parmi nous, c'est le moyen idéal pour espionner Harry ? Hein, Ginny, avoue, tu vas tout rapporter à ton petit Drago ? Je vous jure que vous ne mettrez pas la main sur Harry si facilement. Pas si je peux l'empêcher ! » Il sortit en claquant la porte.

« Ron, attends ! » cria Ginny en se précipitant à sa suite, mais il semblait avoir déjà transplané. Elle resta là à regarder le vide, jusqu'à ce que sa mère vienne la prendre par les épaules pour la ramener à la cuisine. Des larmes roulaient sur ses joues. Elle regarda Harry, comme si elle le voyait pour la première fois.

« Toi aussi, tu penses que je te veux du mal ? demanda-t-elle.

- Bien sur que non, répondit Harry. Je sais très bien que tu n'as aucune mauvaise intention. Et Ron ne pensait pas ce qu'il a dit, il était juste un peu énervé. Laisse lui le temps. »

Quelques instants plus tard, Ginny embrassa ses parents en leur promettant de revenir les voir. Percy lui dit de ne pas s'inquiéter pour Ron, qu'il finirait par revenir à une attitude plus raisonnable. Les jumeaux, pour une fois, semblaient divisés : Fred était renfrogné et ne disait rien, alors que Georges, donna une bourrade à sa s?ur en lui promettant de jeter un sort à Ron la prochaine fois qu'il le verrait. Et la seule fille de la fratrie Weasley transplana à son tour. Peu après, Harry et Sylvie récupérèrent James qui dormait sur la canapé, inconscient des événements qui venaient de se dérouler, reprirent la poudre de Cheminette pour rentrer à Poudlard. Hermione les accompagna. Elle n'avait pas dit un mot depuis le départ de Ron, mais son visage reflétait un mélange d'inquiétude et de colère.

« Ne t'inquiète pas, dit Harry. Ça va s'arranger. Ce n'est pas la première fois que vous vous disputez.

- A ce point là, si. C'est la première fois depuis que nous sortons ensemble. Ca va faire sept ans. C'était sûr qu'il réagirait comme ça, je n'aurais jamais dû le provoquer !

- Tu as eu raison de faire ce que tu as fait, dit Sylvie en lui prenant la main. Tu as vu le regard de Molly et d'Arthur ? C'est évident qu'ils souffraient de cette situation, et ils sont heureux ce soir.

- Mais pourquoi faut-il que Ron soit aussi borné ? Jamais je n'aurais cru qu'il irait proférer de telles insultes à l'égard de Ginny ! Qu'il ne fasse pas confiance à Malefoy, c'est une chose, mais sa propre s?ur ! Je n'arrive pas à croire que j'ai pu épouser un être aussi stupide !

- Tu sais très bien qu'il ne le pensait pas, dit doucement Harry en posant une main calmante sur l'épaule de son amie. Tu l'as pris par surprise, tu as essayé de lui imposer une situation qu'il voulait éviter. Et Ron n'aime pas du tout qu'on l'oblige à faire certaines choses, ou à voir des gens qu'il ne veux pas voir. Je suis sûr qu'il regrette son éclat. Tu devrais aller le retrouver.

- Il va bien falloir, de toutes façons, puisque nous dormons dans le même lit. J'espère seulement qu'il est bien rentré.

- Bonne nuit, Hermione.

- Bonne nuit à tous les trois. Au fait, Harry, bonne chance si tu vas chez les Dursley demain. Et fais attention à toi. »

Harry et Sylvie regagnèrent la quiétude de leurs appartements, et déposèrent James dans son lit. L'enfant n'émit pas un bruit. Puis ils se déshabillèrent et se couchèrent. Mais ni l'un ni l'autre n'avait envie de dormir.

« Alors tu es décidé à aller voir ta famille demain ? demanda Sylvie. Tu veux que je vienne avec toi ?

- Non, » répondit Harry en repensant aux inquiétudes d'Hermione. Si c'était un piège, il ne voulait pas y impliquer Sylvie. Elle était en sécurité à Poudlard. « Il faut mieux que j'y aille seul. Je vois ce qu'ils veulent, et je repars tout de suite après. Je suis presque sûr que c'est une histoire d'argent, ou quelque chose comme ça. Je me suis toujours demandé pourquoi oncle Vernon ne m'avait jamais demandé de lui rembourser mes années chez eux, depuis qu'il sait que j'ai de l'argent.

- C'est ta famille, quand même.

- Non. Harry l'attira contre lui. Ma famille, c'est toi. Et James. Pas les Dursley. »

Le lendemain matin de bonne heure, Harry s'habilla à la manière moldue et transplana en face du 4, Privet Drive. Rien n'avait changé : le jardin, fierté de sa tante, était toujours aussi impeccable. La voiture de l'oncle Vernon était rangée devant la porte, seul le modèle avait changé pendant l'absence de Harry. Le jeune homme sonna à la porte. La tante Pétunia lui ouvrit. Harry mit un certain temps à la reconnaître. Elle avait terriblement vieilli. Ses cheveux avaient blanchi, et son visage chevalin s'était ridé, la faisant paraître soixante ans alors qu'elle n'en avait pas encore cinquante. Chose stupéfiante, elle parut soulagée de voir Harry et lui sourit. Il ne se souvenait pas que sa tante lui ait sourit une seule fois dans toutes les années qu'il avait passées chez eux. Puis elle le fit entrer.

« Vernon ! cria-t-elle. Il est là ! » Un pas précipité dans l'escalier, et l'oncle Vernon se tenait en face de Harry. Un peu plus gros, un peu plus rouge, un peu plus chauve peut-être, mais toujours le même.

« Eh bien, mon garçon, j'avoue que je suis surpris de te voir. Tu es finalement moins ingrat que je ne l'aurais cru.

- Vernon ! protesta la tante Pétunia. Je sais que tu étais contre cette idée, mais s'il peut le sauver. Et il était d'accord. » L'oncle de Harry se renfrogna mais ne dit rien. Pétunia regarda Harry. « Voilà, si nous t'avons demandé de venir c'est parce Dudley. » elle se mordit la lèvre, mais ne parvint pas à retenir ses larmes. « Dudley est malade, reprit-elle entre deux sanglots. Les médecins ont dit qu'ils ne pouvaient plus rien faire pour lui, qu'il ne lui restait plus que quelques mois à vivre. » La fin de sa phrase fut emportée par une nouvelle vague de sanglots. Vernon lui passa une main dans le dos.

« Je suis désolé », dit Harry. Il avait beau ne pas être particulièrement proche de son cousin, cette nouvelle était un choc pour lui : après tout, ils avaient grandi ensemble, ils avaient le même âge, et si Dudley, enfant, avait été une horrible peste, il était, les dernières années où Harry était venu à Privet Drive, devenu presque supportable. Plus que supportable, même. Le dernier été, les deux garçons avaient commencé à s'entendre assez bien, même si Dudley passait la plus grande partie de ses journées avec ses amis, et que Harry ne se joignait pas à eux. Son cousin avait surmonté sa terreur de la magie, et aimait entendre Harry parler de Poudlard et de ses cours.

« Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-il.

- Une leucémie », répondit Vernon.

La tante Pétunia se moucha et regarda Harry d'un air presque suppliant. « Nous avions pensé que tu pourrais faire quelque chose. Avec ta . magie. Elle avait buté sur le mot comme s'il lui était difficile de le prononcer. Je sais que nous n'avons pas toujours été très tolérants vis-à-vis de ça, et que nous avons souvent été durs avec toi, mais si tu peux sauver Dudley, je t'en supplie !

- Tu nous dois bien ça, pour t'avoir nourri et habillé pendant toutes ces années », ajouta Vernon d'un ton sec.

Harry réfléchit un instant. Il ne connaissait rien à la médecine, qu'elle soit sorcière ou moldue. Il savait qu'il ne devait rien aux Dursley, contrairement à ce que prétendait son oncle, mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser mourir son cousin. D'un autre côté, Dudley était un moldu. Les sorciers ne se préoccupaient pas de résoudre les problèmes des moldus. C'était à cause de ça qu'ils avaient instauré toutes ces mesures de secret.

« Je vais voir si je peux faire quelque chose, dit-il enfin. Mais je ne peux rien vous promettre. Je peux voir Dudley ?

- Il est à l'hôpital, répondit Pétunia. J'allais aller le voir, le pauvre chéri. Viens si tu veux.

- Non, pas aujourd'hui, dit Harry. J'ai promis que je ne rentrerai vite. Et il n'y a rien que je puisse faire immédiatement. Je ne suis pas un médicomage. Je reviendrai, promit-il.

- Merci, dit sa tante. L'oncle Vernon renifla en guise de salut, Harry sortit dans la rue déserte et transplana. En arrivant chez lui, il trouva Sylvie occupée à jouer avec James, pendant que la fille des Weasley regardait un livre d'images.

« Harry, s'écria sa femme. Ron n'est pas rentré chez lui hier soir, Hermione est inquiète, elle est allée demander conseil à Dumbledore.

- Mais où a-t-il pu aller ?

- Nous espérions que tu pourrais nous le dire.

- Papa tavaille, gazouilla Cassie. Y tavaille tès dur.

- Oui, chérie, répondit distraitement Sylvie. Ton papa a beaucoup de travail.

- Après tout, dit Harry, peut-être qu'il est allé chez Seamus. Ils semblent s'être beaucoup rapprochés depuis qu'ils travaillent ensemble.

- Hermione a essayé de les appeler tout à l'heure, mais personne n'a répondu. » Harry prit une poudre posée sur la cheminée et en jeta une pincée dans le feu.

« Seamus Finnigan ! » appela-t-il. Aussitôt, il sentit sa tête aspirée par la cheminée, et se retrouva finalement dans une cuisine inconnue.

« Ohé ! appela-t-il. Il y a quelqu'un ? » N'obtenant pas de réponse, il appela à nouveau, plus fort.

Alors qu'il allait abandonner, une femme pénétra dans la cuisine. Elle était vêtue d'une chemise de nuit d'une propreté douteuse, et portait une paire de pantoufles trouées. Ses longs cheveux blond foncés pendaient mollement sur ses épaules, sales et emmêlés.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle d'une voix lasse, en s'approchant de la cheminée. Harry observa son visage : ses traits étaient tirés et d'affreux cernes noirs étaient creusés sous ses yeux. Il avait de la peine à reconnaître Lavande, toujours si soignée, si soucieuse de son apparence.

« Harry ? s'étonna-t-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je me demandais si tu n'avais pas vu Ron, cette nuit.

- Ron ? Non, je ne crois pas. Personne n'est venu cette nuit. Et Ron ne vient plus ici depuis longtemps. » Elle vacilla.

« Lavande ! Tu vas bien ? s'inquiéta Harry.

- Ça va aller, répondit-elle. Tu devrais partir, maintenant.

- Mais tu es sûr que.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Il n'y a rien que tu puisses faire. Je ne serai bientôt plus là, il est trop tard pour combattre le destin. » Elle se redressa et commença à quitter la cuisine. « Lavande, attends ! cria Harry. Tu ne peux pas penser des choses pareilles ! » Mais elle ne se retourna pas. Harry l'entendit murmurer quelque chose, et il se sentit tiré en arrière.

Quelque secondes plus tard, il était de nouveau chez lui, Sylvie le regardait d'un air inquiet. Mais avant qu'ils n'aient eu le temps de dire quoi que ce soit on frappa à la porte.

« Entrez ! » dit Harry. La porte s'ouvrit pour laisser entrer Ron. Cassandre se précipita sur lui.

« Papa ! » criait-elle. Il la prit dans ses bras, visiblement soulagé. « Où est Hermione ? demanda-t-il en se laissant tomber sur le canapé.

- Elle est partie voir Dumbledore. Elle est extrêmement inquiète à ton sujet, répondit Sylvie.

- Nous l'étions tous, renchérit Harry. Peut-on savoir où tu as passé la nuit ? » Il regarda plus attentivement son ami. Ron semblait prêt à s'effondrer d'une minute à l'autre. « On dirait que tu n'as pas fermé l'oeil, ajouta-t-il d'un ton moins sévère. Mais qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça ? »

A ce moment, une Hermione folle d'angoisse se précipita dans la pièce. « Dumbledore n'a rien pu me dire, s'écria-t-elle. Il prétend qu'il va revenir. » son regard se posa sur le canapé. « Ron ! » s'exclama-t-elle. Puis, sans que personne ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle s'avança vers lui, la main tendue, et l'abattit sur la joue de son mari.

Le bruit de la gifle retentit dans la pièce. Ron resta un instant stupéfait, et, sur ses genoux, sa fille se mit à pleurer.

« Hermione, murmura-t-il, tu ne comprend pas. » Mais jamais Harry n'avait vu Hermione dans une telle fureur. Refusant d'écouter les explications, elle se mit à hurler.

« Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Que tu découches ? Que tu ne dis à personne où tu vas ? On était tous inquiets à ton sujet, j'ai même été prévenir le directeur et Monsieur arrive, comme une fleur, et s'attend à ce qu'on lui fasse un bon accueil ? »

Harry se rapprocha du couple et plaça une main sur l'épaule d'Hermione. « Attends avant de t'énerver, murmura-t-il. Tu pourrait peut-être le laisser s'expliquer ?

Elle s'arrêta un instant et se tourna vers Harry. « Toujours à essayer de le justifier, hein ? Très bien. Ron, je t'écoute.

- Je n'ai pas eu le choix, répondit Ron en essayant de calmer Cassie, terrorisée par l'éclat de sa mère. Enfin, je veux dire, au début, j'était vraiment en colère. Quand je suis parti de chez mes parents, j'étais prêt à tuer quelqu'un. J'ai transplané à Pré-au-Lard, sans vraiment réfléchir, pour rentrer ici. Mais je venais à peine de prendre la direction de Poudlard quand j'ai été appelé. De grosses attaques de Moldus. Je n'avais pas le temps de revenir, et aucun moyen de prévenir quiconque. Et puis quand je suis revenu ici pour trouver l'appartement vide, j'ai vraiment eu peur. Je suis désolé de vous avoir inquiétés. »

Quand il eut fini de parler, Hermione se laissa tomber à côté de lui, toute sa fureur envolée. « Oh, Ron, c'est moi qui suis désolée de t'avoir giflé. J'aurais du te faire confiance. Tu ne pouvais pas faire autrement !

- Ça va, répondit le rouquin en se frottant la joue. Mais la prochaine fois, laisse moi m'expliquer avant de frapper. » Il bailla. « Je crois que je vais aller me coucher. J'ai travaillé toute la nuit. »

- Ron, attends fit Harry d'un ton plus sérieux, comme tu avais disparu, j'ai voulu vérifier si tu n'étais pas chez Seamus. En contactant sa maison.

- Il n'y était pas, répondit Ron en s'étirant. Nous sommes restés ensemble toute la nuit.

- Je sais, mais c'est Lavande qui m'a répondu. Est-ce que tu l'as vue récemment ?

- Non. Il y a des mois que personne ne l'a vue. Elle est devenue complètement folle, à ce qu'il paraît. D'après Seamus, elle ne l'est pas. C'est juste la perspective de sa soi-disant mort prochaine qui la perturbe un peu, et elle est un peu déprimée.

- Elle est bien plus que déprimée. Il était bien midi quand j'ai appelé, et on aurait dit qu'elle sortait du lit. Et son regard était éteint. je l'ai à peine reconnue ! Il doit y avoir quelque chose à faire pour elle.

- Les médecins ont dit que ça passerait. Je crois qu'elle en a vu plusieurs, aucun n'a été capable de la soigner. Il ont simplement dit que c'était une affection passagère. » Il bailla de nouveau. « J'ai vraiment besoin d'aller me coucher. A plus tard.»

Il sortit, Hermione s'apprêtait à le suivre quand une pensée la frappa. Elle se retourna vers Harry.

« Comment ça s'est passé avec les Dursley ? demanda-t-elle.

- Qu'est-ce que tu sais sur les leucémies ? répliqua-t-il avant de raconter sa visite à Privet Drive.

- C'est terrible, commenta Sylvie. Tu vas les aider, n'est-ce pas ?

- Si je peux faire quelque chose, je le ferai, répondit Harry. Mais je ne suis pas sûr que ce soit possible, ni même que j'en ai le droit.

- Tu en as le droit, dit Hermione, parce qu'ils sont de ta famille et qu'ils connaissent déjà l'existence de la magie. Quant à savoir si c'est possible. j'ai lu un ou deux livre sur la médecine. Je crois qu'il existe une potion pour soigner les cancers.

- Hermione, c'est une leucémie qu'il a. Pas un cancer !

- Ça ne t'arrive jamais d'ouvrir un livre ? Une leucémie, c'est un cancer. Un cancer de la moelle osseuse.

- D'accord, et cette potion, où peut-on s'en procurer ?

- Laisse moi deux minutes, je vais voir ce que j'ai là-dessus. » Quelques moments plus tard, elle revint, un énorme grimoire dans les mains. Harry regarda le titre : cures magiques des affections moldues. Hermione feuilleta le livre jusqu'à ce qu'elle trouve la page qui l'intéressait, puis le tendit à Harry.

« Ils disent que c'est une potion qui ne se conserve pas plus de vingt- quatre heures. Tu ne peux pas en acheter chez un quelconque apothicaire. Il faut la faire soi-même.

- Mais je ne pourrai jamais faire une potion comme ça, s'exclama Harry en regardant la liste des ingrédients. Il y a au moins cinquante ingrédients, et la moitié d'entre eux je n'en ai même jamais entendu parler.

- Je sais, dit sombrement Hermione. Je ne m'y risquerai pas non plus.

- Mais il doit bien y avoir un autre moyen ?

- D'après ce livre, c'est l'unique méthode pour guérir ce genre de maladies. Il faut que tu fasses entrer ton cousin à Ste Mangouste. Ils sauront préparer cette potion, là-bas.

- Je ne peux pas faire ça ! Jamais les Dursley n'accepteront. Et ça doit prendre des semaines, de faire cette potion ! Il ne peut pas passer des semaines à Ste Mangouste !

- Pourquoi tu ne demandes pas à ce professeur de t'aider ? proposa Sylvie.

- Rogue ? » Harry eut un petit rire. « Tu l'as vu l'autre jour. Jamais Rogue ne prendrait des heures pour me faire une potion.

- Tu ne risques rien à demander, remarqua Hermione. A force de travailler avec lui, j'ai fini par assez bien le connaître, notre cher professeur de potions. Il est désagréable au possible, mais on peut compter sur lui pour les choses vraiment importantes. De toutes façons, on dirait que tu n'as pas d'autre option.

- Mais il me déteste ! Et je ne veux pas lui devoir ça. » Les deux femmes lui lancèrent un regard réprobateur. « D'accord, admit Harry. Je vais lui demander. »

Le lundi midi, après sa matinée de cours, Harry se dirigea vers les cachots. Si le professeur Rogue se montra surpris de le voir, il n'en laissa rien paraître.

« Qu'y a-t-il, Potter ? demanda-t-il d'un ton méprisant. Vous venez me demander conseil ?

- Pas vraiment, répondit Harry. En fait, j'aurais besoin de cette potion. » Il montra à Rogue le livre que Hermione lui avait prêté.

- La potion de détransformation ? Intéressant. Une des potions les plus compliquées auxquelles j'ai jamais eu affaire. Seriez-vous malade, Potter ?

- Ce n'est pas pour moi. Alors, est-ce que vous accepteriez de me préparer cette potion ?

- Même si j'étais prêt à sacrifier une partie de mon temps pour vous venir en aide, Potter, ceci serait impossible. Il se trouve que, même dans mes réserves personnelles, je ne possède pas de sang de dragon doré des Andes. C'est une denrée sévèrement contrôlée par le ministère. Si vous aviez un peu suivi mes cours, Monsieur Potter, vous sauriez cela. Je crois que le seul endroit où on peut en trouver en Grande Bretagne, c'est le département de Potions expérimentales de l'université magique. Et peut-être également Ste Mangouste. Maintenant, si vous le permettez, j'ai du travail. »

Harry remonta chez lui pour déjeuner. Si Rogue ne pouvait pas faire cette potion, il savait qu'il ne lui restait plus qu'à retourner dire aux Dursley qu'il ne pouvait rien pour eux. Et cette perspective était loin de lui sourire. Et Dudley allait mourir. C'était un enfant gâté et un imbécile, mais il ne méritait pas cela. Il savait que la tante Pétunia ne se remettrait pas de la mort de son fils. C'était toute la famille Dursley qui allait être détruite.

C'est avec un poids sur la poitrine que Harry poussa la porte de chez lui. Sylvie remarqua tout de suite son expression, et en compris la raison.

« Il a refusé ? demanda-t-elle alors qu'il se laissait tomber sur une chaise.

- Il ne peut pas. Du moins c'est ce qu'il m'a dit. Je me demande comment je vais pouvoir annoncer ça à ma tante.

- Tu as fait ce que tu pouvais pour eux. Ce sont des choses qui arrivent.

- Je sais. En plus, ce n'est pas comme si je les aimais, j'ai passé toute mon enfance à espérer être loin d'eux. Je les détestais, et ils me le rendaient bien. Pourtant ça me fait quelque chose.

- C'est compréhensible. » Elle passa un bras autour de lui. « Je te connais, Harry, murmura-t-elle. La mort de ton pire ennemi te ferait mal. Mais tu ne peux rien contre la maladie. Tout ce que tu peux pour eux, maintenant, c'est être là, s'ils ont besoin de ta présence.

- Ça m'étonnerait. » Harry eut un rire amer. « Ma présence est une torture pour eux. Ils s'en sortiront mieux si je ne suis pas là. » Il se servit en carottes râpées et Sylvie revint s'asseoir en face de lui. Ils ne reparlèrent plus des Dursley pendant le repas. Aussitôt la dernière bouchée avalée, Harry redescendit dans sa salle de cours, où il avait laissé des créatures pour le cours suivant. Sylvie sentait bien que ce n'était qu'une excuse pour éviter de parler de ce qui le préoccupait, mais elle ne protesta pas. S'il y avait une chose qu'elle avait appris en vivant avec lui, c'était que jamais Harry ne dévoilait ouvertement ce qui le préoccupait. Il gardait pour lui ses sentiments, ses émotions, et il n'aimait pas que l'on se fasse du soucis pour lui.

C'est sans aucun entrain que, cet après-midi là, Harry enseigna la Défense contre les forces du mal. La pensée qu'il allait devoir annoncer aux Dursley qu'il ne pouvait rien pour Dudley l'obsédait. Finalement, il décida que le mieux était de se débarrasser de cette corvée le plus tôt possible, et d'oublier tout cela. Il finissait ses cours à quatre heures, il avait largement le temps de se rendre à Privet Drive avant le dîner. Lorsque la cloche sonna, il empocha sa baguette, prêt à partir immédiatement. Malheureusement, il fut retenu par deux Serdaigle de quatrième année, qui avaient de nombreuses questions à lui poser sur la manière dont il fallait s'y prendre pour résister au sortilège de l'impérium. Finalement, il leur promit d'aborder le sujet au prochain cours, et ils partirent. Il était plus de quatre heure et quart. Il devait se dépêcher pour éviter que Sylvie ne s'inquiète. Aussi, lorsque la porte de la salle de classe s'ouvrit brutalement, il se prépara à s'énerver sur l'intrus.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-il d'un ton peu engageant. Il leva la tête. « Hermione ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Sylvie m'a dit pour Rogue. Je voulais juste savoir ce que tu comptais faire.

- A moins de m'introduire clandestinement dans les réserves du ministère, il n'y a pas grand chose que je puisse faire. Et c'est ce que je vais leur dire. D'ailleurs, j'aurais voulu y aller maintenant, si ça ne te dérange pas. » Il passa devant elle.

« Harry ! Attends ! Je crois qu'il y a encore un espoir.

- Comment ça ? » Harry sentit le poids sur sa poitrine s'alléger un peu.

« Il y a peut-être un autre moyen d'obtenir cette potion.

- Explique-toi ! Comment pourrait-on obtenir cette potion dont il n'existe pas de réserves, qui est trop compliquée pour que nous la fabriquions et dont un ingrédient est impossible à obtenir ?

Hermione parut soudain gênée. « Je préfère ne rien te dire pour l'instant. Tu ne serais probablement pas d'accord.

- Pourquoi ? Tu ne vas rien faire d'illégal, au moins ?

- Harry ! Pour qui me prends tu ? Bien sûr que je ne vais rien faire d'illégal. Mais je préfère ne rien dire tant que ce n'est pas sûr. Ça ne marchera peut-être pas. Tout ce que je te demande, c'est d'attendre quelques jours avant de parler aux Dursley. Juste le temps de savoir si c'est possible. Il sera toujours temps d'aller leur annoncer que tu ne peux rien faire dans quelques jours, si ce à quoi je pensais ne marche pas.

- D'accord, admit-il. Je n'irai pas ce soir. » Bien qu'il refusa de l'admettre, c'était un soulagement d'avoir une bonne raison de remettre à plus tard la visite à son oncle et sa tante.
Merci aux lecteurs et aux reviewers.

Angharrad : Pour Sylvie, j'ai beaucoup de mal à lui trouver un rôle, dans ce monde qui n'est pas le sien. Mais ça devrait s'arranger vers la fin (enfin j'espère.) Ca veut dire quoi que je te coupe l'herbe sous le pied ? avais-tu l'intention d'écrire une fic sur le sujet ? (si oui ne t'arrête surtout pas à ça).

Mangafana : je ne sais pas si tu as considéré la réaction de Rogue comme drôle ( le personnage n'est pas particulièrement drôle lui-même.)

Mystikal : Lucius Malefoy n'est plus en liberté ( il a été emprisonné à la suite d'une dénonciation attribuée à Narcissa).

Les autres, merci beaucoup, c'est vraiment trop.