Rien n'est à moi, tout appartient à la déesse de Harry Potter : J K
Rowling.
Merci à Miss Tambora pour la relecture de ce texte.
Chapitre 6
La semaine passa lentement. On fêta tranquillement le premier anniversaire de James, qui devenait chaque jour un peu plus turbulent, et qui fournissait à sa mère une occupation à temps complet. Le vendredi soir, Harry eut la surprise d'être appelé dans le bureau du directeur à l'heure du dîner. Aussitôt, une vague d'inquiétude monta en lui. Il ne pouvait imaginer qu'une seule raison pour laquelle Dumbledore voulait le voir. Et cela ne lui plaisait pas du tout. Il devait être arrivé quelque chose de grave.
Mais il avait tort. Lorsqu'après avoir donné le mot de passe à la gargouille il pénétra dans le bureau du directeur, celui-ci n'était pas seul. En face de lui se tenait un homme brun que Harry connaissait pour l'avoir déjà rencontré, lorsqu'il était revenu chez lui chercher ses affaires après l'attaque des mangemorts. Il s'agissait de Charles Pierson, le ministre de la magie.
« Bonjour, Mr Potter, salua Pierson en se levant et en tendant une main ferme à Harry. J'ai demandé à Albus de vous faire venir parce que j'estime qu'il y a plusieurs sujets dont il serait bon que nous discutions.
- Assieds-toi, Harry, invita le directeur de Poudlard en désignant une chaise en face du bureau. Sur son bureau, Fumseck le ph?nix siffla doucement.
« Bien, commença le ministre. Tout d'abord, je veux que vous sachiez, Mr Potter, qu'il y a toujours une grande menace au dessus de votre tête. Je ne peux que vous conseiller d'être très prudents quand vous quittez le château. Le gang qui vous a attaqué il y a quelques semaines est toujours actif, malheureusement.
- Je sais, dit Harry. Il paraît qu'ils ont torturé des moldus d'une manière ignoble la semaine passée.
- C'est exact. Et trois attaques ont eu lieu en même temps à trois moments différents, ce qui signifie qu'ils sont plus nombreux que nous ne l'avions d'abord imaginé. Et bien organisés. Ce n'est pas une bande de gosses qui s'amuse.
- Je sais. J'ai un ami Auror qui m'a un peu parlé de tout cela.
- Il me semblait que les Aurors étaient tenus au secret professionnel., remarqua Pierson en souriant à demi. Enfin, si ce n'est que vis-à-vis de vous je suppose que nous pouvons tolérer quelques fuites. Il me semble que, de plus, vous avez vos propres moyens d'information.
- Pardon ? » Harry se demandait à quels moyens d'information le ministre pouvait bien faire allusion.
- Je parle de votre cicatrice, Mr Potter. Albus m'a parlé de vos douleurs, et de vos visions.
- Je croyais que le ministère ne croyait pas à une cicatrice qui se comporterait comme un signal d'alarme.
- Harry, intervint doucement Dumbledore, ce que Fudge pensait n'est pas ce que tout le ministère pensait. Il y a eu quelques bouleversements politiques pendant ton absence.
- Si mon prédécesseur a commis des erreurs, ajouta Pierson, j'en suis désolé. Mais si je suis ici, c'est justement pour essayer de ne pas les refaire. Nous sommes extrêmement inquiets, inutile de vous le cacher. Il est possible que Vous-Savez-Qui soit de retour. Qu'il soit revenu à la vie, d'une manière ou d'une autre. Et les douleurs que vous avez ressenties ces derniers temps sont un des indices qui font pencher la balance dans cette direction.
- Je ne suis pas si sûr qu'il soit revenu, dit pensivement Harry. Je ne comprend rien à ce qui se passe.
- J'aimerais que vous nous expliquiez ce que vous voyez, et ce que vous pensez, Mr Potter. Nous n'avons presque aucun autre moyen de savoir ce qui se passe. Albus m'a déjà raconté ce qu'il savait, mais j'aimerais l'entendre de votre bouche, et savoir si vous avez eu une nouvelle crise, si je peux l'appeler ainsi, ou de nouvelles visions.
- Eh bien depuis le mois de juillet j'ai eu plusieurs fois des douleurs à ma cicatrice. Certaines fois, il y avait des visions associées, mais la plupart du temps c'était juste des flash de douleur, qui partaient aussi vite qu'ils étaient venus. » Il raconta rapidement la vision qu'il avait eue le soir de la rentrée des professeurs, ainsi que deux autres similaires qu'il avait eues. Ce qui est étrange, conclut-il, c'est que je n'ai jamais vu ni entendu Voldemort. Pourtant, il y avait des mangemorts, qui parlait à quelqu'un en l'appelant Maître, mais c'était toujours une voix de femme qui leur répondait. Et elle se comportait comme lui. A chaque fois, je l'ai vue jeter Doloris à au moins un mangemort.
- A quoi ressemblait-elle, cette femme ?
- Je l'ignore. La pièce dans laquelle ils se trouvent est toujours pleine de fumée, et dans une semi-pénombre. La femme porte des foulards, et on ne voit pas son visage. Par contre, je crois qu'ils préparent quelque chose. Mais je ne saurais pas dire quoi exactement. A part le premier, le jour où je suis arrivé ici, ces rêves ont toujours eu lieu quand je dormais, et j'ai beaucoup de mal à m'en souvenir.
- Et vous n'avez aucune idée de ce que ça peut signifier ? »
Harry soupira. Cette question, cela faisait des semaines qu'il se la posait. Et à son avis, tous ces avertissements n'avaient aucun sens.
« Avant, dit-il enfin, je n'ai jamais ressenti ces douleurs qu'à deux occasions : quand Voldemort était particulièrement meurtrier, ou quand il était proche. Aujourd'hui, je ne crois pas qu'il soit proche. Plusieurs fois, j'était seul quand j'ai ressenti les douleurs. Mais s'il a des envies criminelles, alors pourquoi est-ce que je ne l'ai jamais vu ?
- Qu'en pensez-vous, Albus ?
- Je suis assez d'accord avec Harry. Rien ne prouve que Voldemort soit de retour. Par contre, il y a visiblement de très forts groupes qui sont déterminer à le faire revenir. Le problème, c'est qu'il n'a jamais existé aucune cicatrice semblable à celle de Harry, donc nous naviguons dans le flou.
- Mais vous avez bien une petite idée ?
- Bien sûr. Le problème, c'est que j'ai des tas d'idées, toutes aussi folles et aussi incertaines les unes que les autres. Par exemple, peut-être que le lien qui unit Harry à Voldemort est héréditaire, et que cette femme qu'il voit est sa fille.
- Mais si Voldemort a une fille, demanda Harry qui avait déjà examiné cette hypothèse dans tous les sens, pourquoi n'en a-t-on jamais entendu parler ?
- Je ne sais pas. Comme je le disais, ce n'est qu'une hypothèse, et une hypothèse peu vraisemblable. Même s'il s'était soucié d'obtenir les faveurs d'une femme, je vois mal Voldemort se préoccuper de sa progéniture. Par contre, j'ai une autre explication qui sera peut-être plus satisfaisante. Si ta cicatrice te fait mal et que tu as des visions où Voldemort n'est pas, c'est qu'il est revenu, mais pas avec son corps.
- Comme la première fois qu'il avait disparu, et où il revenait en s'appropriant le corps des autres ?
- C'est impossible, Albus. Nous nous sommes assurés qu'il était bien mort, rappelez-vous. Vous avez vous-même contrôlé son corps.
- C'est pourquoi je ne pensais pas à ce type de présence. Mais il existe de moyens pour les morts de revenir parmi nous, au moins pour de courts instants. » Harry détourna son regard des yeux bleu profond du directeur, et regarda le ministre qui semblait aussi perplexe que lui. Puis l'évidence le frappa.
« Un médium ! s'écria-t-il. C'est ce que serait cette femme. Et Voldemort parlerait par sa bouche. C'est pour ça que j'entendait ses intonations, mais pas sa voix.
- Exactement. Car si la possession d'un corps par un esprit change la voix, il est impossible de transformer une voix de femme en voix d'homme. La gorge n'est tout simplement pas adaptée, n'importe quel imitateur moldu vous le dira. Il existe des sorts pour cela, mais ils ne se sont sûrement pas préoccupés d'en lancer.
- Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi mes douleurs sont tellement plus fréquentes que quand Voldemort était vivant. A moins que les séances de spiritisme se déroulent ici même, à Poudlard. » Harry frissonna légèrement. Cette idée ne lui plaisait pas du tout.
« Non, je ne crois pas que des dizaines de Mangemorts se réunissent à Poudlard pour y écouter la parole de leur maître, rit doucement Dumbledore. Ou alors c'est qu'il est vraiment temps que je prenne ma retraite. Mais pendant la plus grande partie du temps, si j'ose m'exprimer ainsi, ta cicatrice « croit » que Voldemort a disparu de la surface de la terre. Qu'il n'existe plus. Peut-être que le simple fait de le rappeler pendant quelques minutes suffit à lui donner l'impression qu'il est proche. Lorsque tu as rencontré Voldemort, après tout, la douleur a toujours cessé au bout de quelques minutes, n'est-ce pas ? Peut-être que c'est le rapprochement de Voldemort, et non sa proximité, qui les provoquait.
- Dans ce cas, dit Pierson, il n'y a pas trop de raisons de s'inquiéter pour l'instant. Voldemort est toujours mort, et si ses fidèles entrent en contact avec lui, ils n'ont pas encore trouvé le moyen de le ramener. Il n'empêche qu'il serait bon de faire cesser ces attaques avant que d'autres moldus ne soient tués.
- Je suis entièrement d'accord avec vous, Charles. Ne paniquons pas, mais restons très vigilants. Ces mangemorts sont à mon avis loin d'être à prendre à la légère.
- Et nous sommes loin de les prendre à la légère, croyez-moi. » Le ministre se leva. « Merci, messieurs. Au fait, Mr Potter, j'avais une autre raison de vouloir vous parler. Le ministère possède encore quelque chose qui cous appartient, et que je voulais vous remettre. » Il sortit de sa robe une petite boite qu'il tendit à Harry. Celui-ci l'ouvrit et découvrit une médaille. En or, elle représentait un chapeau pointu devant lequel était placé une baguette magique.
« Votre Ordre de Merlin, Monsieur Potter. Première classe, bien sûr. Le monde ne vous a jamais fait savoir à quel point il était votre débitaire. Faites très attention à vous, ce serait un coup très dur au moral de tous les sorciers si nous devions vous perdre.
- Merci, dit Harry d'une voix étranglée, et il serra la main du ministre avant que celui-ci ne parte. Il ne savait pas trop quoi penser. Pierson lui paraissait presque trop beau pour être vrai. Son attitude était tellement différente de celle de Fudge. et son propre éloge. Bien sûr, Harry avait conscience d'être celui qui avait vaincu Voldemort, mais jamais il n'en avait tiré la moindre gloire. Ça c'était fait comme ça. Ce n'était pas un acte tellement courageux : s'il avait pu savoir avant ce qui 'attendait ce soir là, jamais il n'aurait quitté Poudlard. Il contempla sa médaille d'un air incrédule. Dumbledore lui sourit.
« Tu l'as largement méritée, Harry, dit-il.
- Vous ne trouvez pas que Pierson en fait un peu trop ?
- Peut-être, répondit pensivement Dumbledore. Mais cela ne veut pas dire qu'il soit dangereux. A sa manière, il n'est pas tellement différent de Fudge. Son principal but est de satisfaire l'opinion publique. Et il sait que les sorciers ont été choqué d'apprendre à quel point leur ministre avait nié l'évidence, et les avait mis en danger en refusant de combattre un ennemi sous prétexte qu'il ne croyait pas à son existence. Pierson sait qu'il faut à tout prix qu'il évite de refaire les mêmes erreurs. Et pour cela, il doit combattre avec nous, contre les mangemorts et contre Voldemort si celui-ci devait revenir. Mais c'est également un homme bien plus fort que son prédécesseur. Je le connais depuis de nombreuses années. Il fallait du courage pour améliorer les conditions des elfes. Il ne nous trahira pas.
- Tant mieux, dit Harry. Ça nous changera d'avoir le ministère avec nous. » Il se leva pour partir. « Bonsoir, Professeur.
- Bonsoir Harry, répondit le professeur Dumbledore en lui jetant un de ses regards pénétrant. Et ne fais rien d'inconscient. » Harry hocha la tête avant de refermer la porte du bureau. Ne rien faire de fou, faire attention à lui. Il en avait assez de tous ses gens qui se faisaient du soucis pour lui. Il n'était plus un enfant. Il était capable de se défendre. Et même s'il savait que ceux qui s'inquiétaient à son sujet n'avaient que de bonnes intentions, il ne pouvait s'empêcher de leur en vouloir. D'un autre côté, ils avaient raison. Les mangemorts cherchaient sans aucun doute à le tuer, et il ne devait pas mourir. Même s'il détestait reconnaître sa propre importance, il savait ce qu'il représentait pour les sorciers de grande Bretagne. Sans compter sa famille qu'il n'avait pas le droit d'abandonner.
Harry était encore pensif en rentrant chez lui. Il montra à Sylvie la médaille qu'il venait de recevoir.
« Tu sais, commenta-t-elle, j'ai encore du mal à me faire à tout ça. Je veux dire, le monde de la sorcellerie, je vis dedans, je suis obligée de faire avec. Mais le fait que tu sois célèbre, que tu sois le héros de tout un peuple, et ces gens qui essaient de te tuer. ça me paraît tellement irréel ! Je veux dire, quand je te regarde, je vois mon mari, le père de mon fils, celui à qui j'ai appris à monter à cheval et qui me faisait rire. Je peux aussi revoir l'adolescent un peu perdu et déprimé qui est arrivé pour vivre tout seul dans cette grande propriété. Je n'arrive pas à m'imaginer que tu es un des sorciers les plus puissants de la planète, que tu as résisté plusieurs fois à un horrible mage noir, que tu l'as détruit.
- Et c'est tant mieux, répondit Harry en se penchant pour l'embrasser. J'en ai plus qu'assez des gens qui m'idolâtrent. Ici, je sais que je peux être Harry, simplement. Pas le survivant. Et c'est pour ça que je me sens bien avec toi. Et avec James. »
Le lendemain matin, les Potter prenaient leur petit déjeuner en pyjama quand après quelques coups vifs la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et Hermione, la robe mal boutonnée, les cheveux ébouriffés, entra en coup de vent, un large sourire aux lèvres.
« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Harry en avalant une gorgée de thé. Il est à peine huit heures et on est samedi ! Nous aurions très bien pu être en train de dormir !
- Personne ne dort, ici, c'est l'essentiel, répliqua-t-elle sans cesser de sourire. Et vous n'allez pas prétendre qu'avec un bébé de un an ça vous arrive souvent d'être au lit à huit heures passées !
- C'était presque le cas ce matin, répondit Sylvie avec un petit sourire. Notre réveil vivant ne s'est déclenché qu'il y a quelques minutes.
- Vous avez bien de la chance. Avec Cassie, c'est dès sept heures tous les jours. On peut dire qu'elle est bien réglée.
Tous se mirent à rire. « Je suppose que tu n'es pas venue à cette heure matinale pour nous parler de réveils, reprit Harry en reprenant son sérieux. Alors quelle est la grande nouvelle ? »
Le sourire d'Hermione s'élargit encore, si possible. « Ça a marché ! s'écria-t-elle. La potion pour ton cousin, elle sera prête à la fin du mois de novembre. »
Harry la regarda d'un air incrédule. Puis il sentit s'envoler le poids qui avait pesé sur sa poitrine toute la semaine. « C'est vrai ? s'exclama-t-il, un grand sourire aux lèvres. C'est fantastique ! Comment as-tu fais ? Qui as-tu été corrompre ? »
Le visage ouvert de la jeune femme se renferma quelque peu. « J'ai juré de ne pas le dire, expliqua-t-elle. C'est la condition pour que la personne que j'ai contactée me la fasse.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Je ne peux pas te le dire. Ecoute, sois juste heureux de pouvoir sauver ton cousin, et ne pose pas de question.
- Mais je te promets de ne pas le répéter. La personne à qui tu as fais cette promesse n'en saura jamais rien.
- Harry ! Le secret est la seule chose que l'on m'ai demandé en échange d'une potion qui prend des heures à fabriquer ! Comment veux tu que je le trahisse ?
- Mais ça n'a pas de sens ! Pourquoi cette personne ne veut-elle pas être remerciée pour son aide ? » Une bouffée d'angoisse le saisit soudain. « Elle ne se met pas en danger, au moins ?
- Non, ne t'inquiète pas. C'est quelqu'un qui a parfaitement accès aux ingrédients nécessaire, qui a les compétences et la possibilité de fabriquer la potion, mais ne désire tout simplement pas que l'on sache qu'il l'a fait. Fais-moi confiance, il n'y a rien de louche là-dedans.
- Rien de louche. c'est un point de vue. Je ne peux pas imaginer de bonnes raison pour vouloir taire son nom.
- Et si tu faisais simplement confiance à Hermione ? intervint Sylvie. Après tout, j'en connais d'autres qui ont gardé des secrets, et pendant des années, sans que ce soit pour de mauvaises raisons. »
Harry rougit à ce rappel de son passé, et finit par admettre que les deux femmes avaient raison. « Je vais m'habiller, dit-il en remontant les escaliers. Je ferais bien d'aller annoncer ça aux Dursley ce matin. » Après quelques minutes, il réapparut, vêtu d'un jean et d'un pull, comme n'importe quel moldu en week-end. Puis il sortit, et une fois de plus, laissa Sylvie seule avec James.
La jeune femme soupira. Certes, elle aimait son fils, et aurait souffert d'être séparée de lui, mais depuis que les cours avaient repris et que Harry avait repris son travail, il était sa seule compagnie pendant la plus grande partie de la journée. Et elle n'avait rien d'autre à faire que de s'occuper de lui, avec occasionnellement la fille des Weasley quand sa mère travaillait. Elle savait que bien des femmes auraient envié son mode de vie, mère au foyer avec des elfes de maison pour s'occuper du ménage et de la cuisine. Mais elle s'ennuyait. Ni James ni Cassie n'étaient assez âgés pour soutenir une conversation, et bien que ce soient deux adorables bambins, il lui manquait la présence d'un adulte. Même si elle avait vécu isolée toute son existence, il y avait toujours ses parents, leurs clients, ses amies de lycées qu'elle retrouvait parfois à la ville pour de folles parties de shopping. La campagne lui manquait, aussi. Elle avait fait de longues promenades dans le parc, mais ce n'était pas comme les bois qui entouraient le village où elle avait grandi.
Et elle se sentait terriblement inutile, comme retombée elle-même en enfance. Elle ressentait le besoin d'une occupation extérieure, quelque chose qui la sorte un peu de son appartement, où elle s'enfermait de plus en plus avec la venue de l'automne.
De tout cela, elle ne pouvait pas parler à Harry. Elle savait qu'il se sentirait coupable de l'avoir fait venir à Poudlard. Et ce n'était pas de sa faute. Il n'aurait rien pu prévoir de ce qui était arrivé. Pour Harry, il fallait qu'elle donne l'impression que tout allait bien.
Elle prit une douche rapide pour ne pas laisser James seul trop longtemps, et s'habilla. puis elle prépara le bébé pour la journée. Lorsqu'elle redescendit, James dans les bras, elle eut la surprise de recevoir une nouvelle visite d'Hermione.
« Ron a décidé qu'il fallait qu'il supervise l'entraînement du nouveau gardien de l'équipe de Quidditch des Gryffondor, dit-elle d'un ton sarcastique. Il est parti toute la matinée. Je me disais qu'on pourrait peut-être confier les enfants à Dobby et s'organiser une virée à Pré-au- Lard. Entre filles.
- Ce serait super ! » s'écria Sylvie. Immédiatement, son humeur remonta en flèche. Elle avait vraiment besoin de sortir du château.
Une demi-heure plus tard, elles arrivaient au village. Une petite bruine tombait, mais leur enthousiasme n'en était pas entravé pour autant. Sylvie visitait pour la première fois le village. Harry lui en avait beaucoup parlé, mais au mois d'août, quand ils auraient eu le temps d'y aller, toutes les boutiques étaient fermées. Elles visitèrent la volière, la boutique de farces et attrapes, et la cabane hurlante.
« C'est cette cabane que tout le monde croyait hantée et qui était en fait habitée par un loup garou, n'est-ce pas ? demanda Sylvie.
- C'est cette cabane que tout le monde croit hantée, rectifia Hermione. Peu de personnes connaissent la vérité. » Elle contempla la frêle architecture de bois. « Ce devait être terrifiant de se trouver là dehors, la nuit, et d'entendre hurler le professeur Lupin.
- Lupin était un ami du parrain de Harry, n'est-ce pas ?
- Oui, soupira Hermione. Le quatrième maraudeur, avec James, premier du nom, et Peter Pettigrew, qui les a tous trahis. C'est le seul qui reste, maintenant. Lui aussi a très mal vécu la mort de Sirius et le départ de Harry. Ça lui a bien pris deux ans pour recommencer à vivre normalement. Heureusement pour lui, le nouveau ministère est bien plus ouvert que l'ancien avec les loups-garous, et ils lui ont offert un travail. Ça lui a permis de s'en sortir. Maintenant, il s'occupe de débarrasser les forêts de toutes les créatures dangereuses.
C'est assez étrange, sachant qu'il se transforme lui même en cette créature tous les mois.
- Les loups-garous ne sont pas considérés comme des créatures dangereuses, remarqua Hermione. Surtout depuis l'invention de la potion tue-loup, ils ne sont plus dangereux. Et Rémus est l'un des hommes les plus posés et les plus doux que je connaisse. » Elle frissonna alors que la bruine commençait à se transformer en pluie. Et si on allait boire une bièraubeurre avant de rentrer ?
- Je n'aime pas beaucoup la bière.
- Crois-moi, ça n'a rien à voir. » Elles prirent place à une table au fond du pub des Trois-Balais. Pendant qu'elles sirotaient leurs boissons, la conversation prit un tour plus personnel, et Sylvie se retrouva à avouer à Hermione qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter d'être inactive. L'autre hocha la tête.
« C'est compréhensible, dit-elle. N'importe qui a besoin de sortir, de voir du monde. Même les mères au foyer trouvent toujours le moyen de s'évader, ne serait-ce que quelques heures par semaine. Le poste que j'occupe est l'idéal pour ça : l'aritmancie ne s'étudie qu'à partir de la troisième année, et comme peu d'élèves choisissent de l'étudier, il n'y a qu'une classe par niveau. J'ai peu d'heures de cours et il me reste du temps pour être avec Cassie, mais j'ai quand même l'occasion de faire autre chose.
- Malheureusement, même si je décidais de m'évader, comme tu dis, il n'y a pas tellement d'endroits où je pourrais aller.
- Tu peux toujours venir nous voir, en tout cas, si tu as envie de parler. Ou si tu veux un livre. J'en possède un certain nombre, sorciers et moldus.
- C'est vrai ? Il y a une éternité que je n'ai pas lu un bon roman.
- Rentrons à Poudlard. Je vais te montrer le cauchemar de Ron. »
Et en parlant gaiement, elles regagnèrent le château.
Lorsque Harry avait annoncé aux Dursley qu'il était possible de soigner Dudley, il s'était produit des choses qu'il avait renoncé depuis longtemps à voir arriver. D'abord, l'oncle Vernon était resté sans voix, et pendant tout le reste de sa visite il n'avait pas tenté de critiquer Harry. Et la tante Pétunia l'avait serré contre elle. Cette étreinte avait eu pour Harry un goût amer. C'était des années auparavant, lorsqu'il était un enfant en mal désespéré d'affection, qu'il aurait eu besoin qu'on l'embrasse. A présent, il était adulte, et il avait su se créer une famille aimante. Il ne cherchait pas à s'intégrer chez les Dursley. C'était bien trop tard pour cela. Et si ce qu'il faisait pour Dudley pouvait diminuer la haine de son oncle et de sa tante à son égard, alors tant mieux. Mais jamais il ne pourrait se rapprocher d'eux, et il ne le désirait sûrement pas.
« Dudley aimerait te voir, dit Pétunia, après avoir essuyé les larmes de bonheur qui lui étaient venues après avoir appris qu'il restait un espoir pour son fils chéri. »
Harry redoutait une rencontre avec son cousin. Il n'aimait pas les hôpitaux, peut-être parce qu'il avait passé tant de temps à l'infirmerie, et il n'aimait pas voir les gens diminués. Il ne voulait pas non plus d'un Dudley éperdu de reconnaissance, comme l'était sa mère. Il n'avait pas fait grand-chose, finalement.
« Je n'ai pas le temps, finit-il par dire. Dites-lui que je passerait un autre jour.
- C'est déjà ce que tu as dis la dernière fois. Ça ne prendra pas longtemps, tu sais. C'est à cinq minutes en voiture, et tu n'est pas obligé de rester. Les longues visites le fatiguent, de toute façon. Mais il veut probablement te remercier lui-même.
- Ok, céda Harry de mauvaise grâce. Je viens. » Il monta dans à l'arrière de la voiture, et son oncle s'installa au volant, sa tante à côté de lui. Personne ne dit rien pendant le court trajet de la maison à l'hôpital, à l'exception des habituels jurons de Vernon à l'attention des autres usagers. En se retrouvant à cette place, Harry avait l'impression de retomber en enfance. Mais il devait garder ses genoux de côté pour les empêcher de rentrer dans le siège devant lui. Et il sentait la bosse formée par sa baguette magique, dans la poche de sa robe.
Au bout d'à peine cinq minutes, l'auto stoppa sur un grand parking en face d'un bâtiment en verre, d'aspect moderne. Harry suivit son oncle et sa tante à travers les couloirs, jusqu'à une porte.
« Attends un instant, dit Pétunia, en se dirigeant vers une porte ouverte un peu plus loin. On ne peut pas entrer comme ça.
- Pourquoi ?
- Parce que pour tenter de se débarrasser des cellules cancéreuses, ils lui ont fait subir des irradiations. Qui ont détruit en même temps toutes les cellules immunitaires saines. Le moindre microbe peut lui être fatal. » Harry hocha la tête. Vernon grogna quelque chose qui ressemblait à « Ces gens là ne savent rien sur rien », mais se retint de le dire distinctement. Pétunia revint en compagnie d'une infirmière, une femme d'une trentaine d'année avec un visage avenant. Elle équipa Harry d'un masque, d'une combinaison, et de chaussons stériles, et l'aspergea d'une poudre à l'odeur bizarre avant de lui dire qu'il pouvait rentrer. Il jeta un coup d'?il surpris à son oncle et sa tante, qui s'étaient éloignés en direction de la cafétéria.
« Ils ne viennent pas ? s'étonna-t-il.
- C'est mieux qu'il n'y ait pas trop de monde à la fois. Et puis Dudley voit ses parents tous les jours, un peu de jeunesse en leur absence ne lui fera pas de mal, » répondit l'infirmière. Elle frappa un coup léger à la porte, et Harry entra. La chambre était assez grande, avec une grande fenêtre. En pénétrant dans la pièce, il se dit que Dudley n'était peut-être pas si malade que ça. Au moins, le grand lit au centre de la chambre était vide, et son cousin, vêtu d'une affreuse robe de chambre rouge, sans aucun doute achetée par sa mère, était assis dans un fauteuil. Mais cette pensée disparut rapidement. Dudley était méconnaissable. Certes, il avait maigri à l'adolescence, mais il était resté plutôt fort. A présent, il était squelettique. Ses joues creuses étaient pâles, et ses cheveux blonds aplatis sur son front. Un moment, Harry se demanda s'il tiendrait jusqu'à la fin du mois de novembre.
« Salut ! salua le sorcier en tirant à lui une chaise. Ça va ? » Il regretta d'avoir posé cette question dès qu'elle eut franchi ses lèvres. La réponse n'en était que trop évidente.
« Bof, répondit Dudley. Ca pourrait aller mieux. Mais je suis content que tu sois venu. A vrai dire, j'ai cherché à te contacter au cours des dernières années, mais je n'ai jamais trouvé ton adresse.
- Il t'aurait suffi de demander à tes parents.
- Tu sais, mes parents n'ont jamais vraiment apprécié qu'on leur parle de toi. Je suppose que je ne t'apprend rien. Ils ont dit qu'ils l'avaient perdue.
- En tout cas, ils l'ont facilement retrouvée quand ils ont eu besoin de moi.
- Je m'en doute. Papa a toujours eu une mémoire sélective, et ça ne s'améliore pas avec l'âge. » Il eut un petit rire rauque. Ils m'ont parlé de ce qu'ils voulaient te demander. Et je voulais te dire.
- Ne t'inquiète pas, c'est arrangé. On va me préparer une potion pour toi. Il faut juste que tu tiennes le coups encore quelques semaines.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu n'es pas obligé de faire ça, Harry. Je ne fais pas partie de ton monde, après tout. » Harry le regarda avec des yeux ronds. Il ne pouvait pas croire que Dudley ait changé à ce point, même s'il en avait eu un aperçu lors des derniers mois qu'il avait passé à Privet Drive.
« Je sais que je ne suis pas obligé, répondit-il. De toute façon, je n'ai pas à faire grand-chose là-dedans. Remercie plutôt Mr X.
- Mr. X ? qui est-ce ?
- Justement. C'est bien là le problème. » Il raconta à son cousin le mystère de l'expert en potions anonyme. Dudley fronça les sourcils. « J'enverrai un mot de remerciement à Mr X, alors, conclut-il finalement. Mais si c'est un sorcier, je me demande si je peux le joindre par la poste.
- Tu ne risques rien à essayer, rit Harry. Je vois bien l'enveloppe : Mr X, expert ès potions, ministère de la magie, Londres. Imagine la tête du facteur ! »
Tous deux rirent à cette idée. « Au fait, demanda Harry, pourquoi voulais- tu me voir ?
- Pour te dire à quel point j'étais désolé. Quand je suis rentré de Smeltings, la dernière année, j'ai failli rentrer dans un hibou. Il y avait une lettre attaché à sa patte. C'était destiné à mes parents, mais comme je savais qu'ils se contenteraient probablement de la mettre au feu, je l'ai volée et je l'ai lue. » Il rougit. « Je sais que ce n'était pas très correct, mais j'étais vraiment curieux à ton sujet. C'était du directeur de ton école. Il expliquait tout ce qui était arrivé au mois de juin, et pourquoi, par conséquent, tu restais sous leur tutelle jusqu'à ta majorité. Il disait aussi que tu avais cassé ta baguette, et que tu les avais tous quittés. Et je savais que si tu te retrouvais seul, c'était en grande partie à cause de la façon dont nous t'avions traité toutes ces années. Je suis vraiment désolé, Harry. Je ne réfléchissait pas.
- Tu suivais tes parents, après tout, soupira Harry. Et pour ce qui s'est passé à Poudlard. Ça m'a fait du bien de me retrouver seul un moment.
- Et qu'est-ce que tu deviens, maintenant ? Je suppose que tu as fini par revenir vers ton monde, puisque tu as pu entrer en contact avec Mr X. » Harry raconta à son cousin tout ce qui lui était arrivé depuis cinq ans, en omettant la partie sur les mangemorts, et sur Voldemort. Il n'arrivait pas à associer un Dursley, même s'il avait beaucoup changé, à ce genre de problèmes. Puis l'infirmière vint mettre fin à la visite. Harry sortit soulagé. Cette rencontre s'était bien mieux passée qu'il n'osait l'espérer. S'il était resté plus longtemps avec les Dursley, Dudley et lui auraient pu devenir amis. Il dit au revoir à ses oncle et tante dans le couloir, gagna les toilettes de l'hôpital et transplana.
Lorsqu'il regagna Poudlard, il eut la surprise de trouver son appartement vide, bien qu'il soit près de midi. Un mot l'attendait sur la table. Il reconnut le l'écriture désordonnée de Ron : « Les femmes sont à Pré-au- Lard, elles avaient laissé les enfants à Dobby, ton fils est chez moi. » Harry enfila une robe par dessus ses vêtements moldus, et se rendit chez ses voisins.
« Salut Ron ! Comment vas-tu ?
- Ça va, répondit le rouquin. Mais on a énormément de travail.
- Je m'en doute.
- En tout cas, je suis allé voir l'équipe de Gryffondor ce matin. Ils ont un nouveau gardien, que j'ai aidé à entraîner.
- Et il est bon ?
- Plutôt. Mais le problème, c'est le reste de l'équipe. Ils n'ont pas gagné une seule fois depuis que nous sommes partis. On peut dire que tu leur as manqué.
- Pourtant, Dennis semblait destiné à devenir un très bon attrapeur. Il était petit, léger, et lorsqu'on l'a vu voler avec son frère, il se débrouillait bien.
- Dennis n'est jamais devenu attrapeur. Le problème, c'est qu'il était complètement terrorisé par les cognards. Il a fini par refuser de jouer. Ce n'est pas que les joueurs soient mauvais. Ils sont même plutôt bon, mais il leur manque quelque chose. Surtout à l'attrapeur. C'est une équipe un peu comme celle de Serdaigle quand nous étions à l'école. Pas facile à battre, mais il lui manque cette étincelle qui fait gagner. Ils n'ont pas ton génie. » Harry rougit.
« Je n'était pas si bon que ça, dit-il. Nous avions de très bons poursuiveurs, des excellents batteurs, et un merveilleux gardien. C'était un travail d'équipe.
- Mais tu en étais le capitaine, et c'est en partie pour ça que nous étions bons. Et avant toi, il y avait Dubois, qui a fini par passer professionnel.
- J'irai voir l'équipe, un de ses jours, dit Harry. Je sais que je suis censé être impartial, en tant que professeur, mais si je peux donner un petit coup de pouce à Gryffondor... » Le visage de Ron se fendit d'un large sourire.
- J'espérais bien que tu dirais ça, s'exclama-t-il. Je suis sûr qu'il ne leur manque pas grand-chose pour devenir vraiment excellent. Et battre les Serpentard. »
Alors que les jours s'écoulaient, et que l'automne s'installait lentement, Harry rendit visite à l'équipe de Gryffondor. Son capitaine, Stephen Torsin, était un septième année qui jouait en tant que batteur. Harry se souvenait vaguement de lui : à l'époque où il était en première année, il passait son temps à regarder les entraînement de l'équipe de Quidditch, alors entraînée par Harry. Apparemment, il n'avait pas oublié cette époque, et pleura presque de bonheur en voyant arriver son professeur de Défense contre les forces du mal. L'attrapeur était un quatrième année du nom de Hess. Comme l'avait dit Ron, il n'était pas mauvais, mais pas non plus excellent. Il était loin de tirer le meilleur parti de son balai.
Après quelques minutes seulement, Harry comprit ce qui n'allait pas chez lui : il se tenait beaucoup trop raide, il cherchait à garder le contrôle des événements. Il ne faisait pas corps avec son balai, il essayait de le diriger. Mais malgré les efforts du professeur et les encouragement du capitaine, le problème n'était pas réglé à la fin de l'entraînement.
Les derniers jours de septembre s'écoulèrent rapidement, ainsi que le début du mois d'octobre. S'il n'avait pas été aussi inquiet au sujet des mangemorts, Harry aurait pu être heureux. Ses cours se passaient bien mieux qu'il ne l'avait espéré. Les élèves semblaient beaucoup l'apprécier, ils avaient surmonté leur timidité des premiers jour et étaient maintenant parfaitement à l'aise avec lui, tout en lui témoignant un certain respect. Il savait que certains ne l'aimaient pas, notamment des Serpentard, mais personne n'osait exprimer ouvertement ce sentiment.
Au fil des semaines, il avait eu l'occasion d'étudier la maison de Serpentard, dont il avait toujours éviter les membres à l'époque où il était étudiant. Il se rendait compte qu'elle ne fonctionnait pas comme les trois autres. Les Serpentard étaient des battants. Ils semblaient prêts à tout pour remporter la coupe des quatre maisons, ou la coupe de Quidditch, ce à quoi ils parvenaient plus souvent qu'à leur tour. Ils ne supportaient pas l'échec. Et cela les amenait à présenter une façade unie face aux membres des autres maisons. Mais lorsqu'ils ne se croyaient pas observés, ils pouvaient être très durs entre eux. Les erreurs n'étaient pas facilement pardonnées, ceux qui faisaient perdre des points à la maison ou qui, pour une raison quelconque, déplaisaient à leur camarades, étaient mis à l'écart jusqu'à ce que l'on estime qu'ils se soient rachetés. On ne tolérait pas la moindre faiblesse à Serpentard.
Harry s'était presque pris d'affection pour une élève de la maison jadis rivale de la sienne. Il s'agissait de la petite fille blonde de première année, que le Choixpeau avait mis si longtemps à placer. Méline Smith. Enfin, dire qu'il s'était pris d'affection était peut-être exagéré, puisqu'il la connaissait à peine, mais il se faisait du souci pour elle. Depuis le début de l'année, il ne se rappelait pas avoir entendu le son de sa voix. Lorsqu'il essayait de l'interroger nommément, elle le regardait d'un air terrorisé, prenait parfois une inspiration, comme si elle allait parler, mais finissait toujours par secouer la tête. Au fur et à mesure que les semaines passaient, elle devenait chaque jour plus pâle et plus maigre. Et plus triste. Au début, elle semblait intéressée par les leçons, mais de plus en plus souvent elle se contentait de fixer ses livres d'un air absent. Jamais il ne l'avait vue parler à ses camarades, et les autres serpentards de première année l'ignoraient, dans le meilleur des cas, mais certains ne se gênaient pas pour rire d'elle.
Harry ne pouvait s'empêcher de se dire que le Choixpeau magique avait fait une erreur avec cette enfant. Il était évident qu'elle était malheureuse là où elle était. Et en y repensant, il se demandait si lui- même n'aurait pas subi le même sort s'il n'avait pas supplié le vieux chapeau.
Plusieurs fois, après un de ces cours avec les première années, Harry avait voulu retenir la petite fille après le cours, pour lui parler, mais elle était toujours la première sortie, et il n'avait pas vraiment de bonne raison de lui demander de rester. En plus, il avait d'autres soucis. La santé de Dudley se dégradait rapidement. Il avait développé un cancer généralisé, et une semaine avant Halloween les médecins avaient décidé de le placer en soins palliatifs, estimant que la seule chose qu'ils pouvaient faire pour lui désormais était d'essayer de diminuer la souffrance occasionnée par la maladie. La tante Pétunia était désespérée, persuadée qu'il ne survivrait pas jusqu'à ce que la potion soit prête. Il restait encore près d'un mois.
Le soir du jour où il avait appris cette nouvelle, Harry rentrait chez lui, en passant devant l'appartement des Weasley. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la personne qui venait en face de lui. Ce n'est qu'en sentant le choc qu'il leva soudainement les yeux.
« Désolé, bredouilla-t-il, je ne faisais pas attention. Ginny ? s'exclama-t- il en reconnaissant la personne en face de lui. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Elle recula légèrement et rougit. « Je venais voir Hermione, dit- elle. Et c'est ma faute, je ne regardais pas où j'allais.
- Dans ce cas disons que les torts sont partagés. Je crois qu'Hermione n'est pas là, ajouta Harry. Elle voulait profiter de ce que Ron est de garde ce soir pour emmener Cassandre faire des courses.
- Je sais que Ron n'est pas là. » Elle baissa ses yeux sombres. Pour éviter de nouvelles disputes, les Weasley n'abordaient plus jamais le sujet, mais Harry savait que c'était uniquement parce que Ron adorait sa femme, et qu'il ne voulait pas perturber sa fille par des éclats de voix, qu'il avait fait l'effort de pardonner ce qui c'était passé le jour de l'anniversaire d'Hermione. Il n'était pas prêt à revoir sa s?ur, et s'il apprenait que Ginny était chez lui cela provoquerait sans aucun doute un nouvel éclat.
« Toi aussi tu penses que je ne devrais pas être ici, n'est-ce pas ? demanda Ginny, devant le silence de Harry. Tu penses que je suis là pour t'espionner ?
- Non, répondit le jeune homme. Je sais que ce n'est pas cela. J'avoue que cet été j'ai douté, mais quand je t'ai vue chez tes parents, je me suis dit que si tu étais vraiment impliquée dans la magie noire, tu aurais changé. Même si je n'aime pas Drago Malefoy. Il y a quelque chose que tu voulais dire à Hermione, tu veux que je lui transmette un message ?
- Non, merci. Je reviendrai une autre fois. Je suppose que ça peut attendre. » Elle se mordit la lèvre, et essaya de contenir la fêlure dans sa voix. « Je suppose que je vais rentrer au manoir, maintenant. Et, Harry, s'il te plaît, ne dit pas à Ron que tu m'as vue.
- Bien sûr. » Elle sourit légèrement.
- Ce n'est pas facile pour toi, en ce moment, n'est-ce pas ? Je veux dire avec l'attitude de tes frères et tout.
- Oh, ce n'est pas si mal. Je veux dire, il n'y a que Ron qui soit vraiment un problème. Il a toujours été une vraie tête de mule. Mes parents se sont montrés géniaux, et Percy s'est rangé à leurs côtés, comme toujours. Bill est tolérant par nature, quant à Charlie je ne l'ai pas encore revu. Et les jumeaux se sont montrés plutôt cools une fois qu'ils ont eu le temps de s'habituer. Je crois qu'ils considèrent ça comme une bonne blague. Ce sont les seuls qui ne soupçonnent pas Drago d'activités douteuses, et ils ont l'intention d'en faire leur nouveau cobaye, je crois. En tout cas, nous sommes tous les deux invités au mariage de Georges.
- On se verra là-bas, alors.
- Je ne suis pas sûre d'y aller. » Son visage s'assombrit à nouveau.
- A cause de Ron ?
- Entre autres. Pourtant, je sais que ce serait le comble du bonheur pour maman, si nous pouvions être réunis tous les sept à cette occasion. Et avec toi en plus.
- Je suppose que Ron saura se tenir, s'il a été prévenu suffisamment longtemps à l'avance. Il a bien été capable d'arrêter de se quereller avec Hermione à ton sujet. Tu devrais venir.
- Je vais réfléchir. Merci de ne pas t'être retourné contre moi, Harry. A bientôt. »
Il la regarda s'éloigner. Même si elle avait prétendu que la situation avec sa famille n'était pas si terrible, il avait l'impression que quelque chose lui pesait. Ginny avait l'air préoccupé, et elle avait vraiment paru déçue en apprenant qu'Hermione n'était pas là. D'un autre côté, c'était peut-être uniquement parce qu'il avait mentionné Ron à ce moment là.
La dernière semaine d'octobre fut remplie de préparatifs du mariage. Les deux réceptions devaient avoir lieu le trente et un octobre, jour de Halloween, avec les moldus, et le lendemain pour les sorciers. Si les femmes pouvaient se permettre de porter la même robe, les hommes devaient se procurer deux tenues, un costume et une robe de soirée. Harry avait été flatté que sa famille constitue les seuls sorciers invités aux deux réceptions, en dehors des Weasley ( ce qui faisait quand même une proportion non négligeable de sorciers pour les deux mariages).
Le jour de Halloween était un samedi. La cérémonie était prévue à trois heures de l'après-midi. A Poudlard se préparait l'habituelle fête. La grande salle avait été décorée de citrouilles, et de délicieuses odeurs montaient des cuisines, dès huit heures du matin. Ron s'était proposé pour aller aider ses frères avec la boutique de farce et attrapes. Celle-ci restait en effet ouverte toute la matinée en dépit de l'événement, parce que c'était une des plus grosses journée de l'année pour les Farces pour Sorciers Facétieux. Harry avait également offert son aide, mais les jumeaux avaient refusé. Ils avaient affirmé que la présence de Harry provoquerait une émeute dans le magasin. Il accompagnait néanmoins son ami dans sa promenade matinale à Pré-au-Lard.
« Hum ! dit Ron en descendant passant devant la grande salle. Ils auraient quand même pu choisir un autre jour pour se marier. Quand je pense à ce qu'ils vont manger ici ce soir, alors que nous sommes condamnés à la cuisine moldue !
- Les moldus mangent très bien, répondit Harry. Ça leur prend un peu plus de temps que nous pour le préparer, c'est tout.
- Je suppose que tu as plus d'expérience que moi sur le sujet. Au moins ce soir, on ne risquera pas de se changer en oiseau à chaque instant. Ça c'est pour demain.
- Tu ne te fais plus avoir par les crèmes canari, quand même !
- Non, bien sûr, c'est devenu un vieux truc qui ne marche plus avec personne, en tout cas dans la famille. Mais le jour du mariage de Fred, ils avaient piégé l'entrée, et tous les convives ont été changés en rouge- gorges. Pendant dix minutes ! Même Angelina n'avait pas été prévenue. J'ai cru qu'elle allait être la première femme à tuer son mari avant même la nuit de noces. »
Les deux amis rirent à cette idée. « Tu as de la chance, en tout cas, d'avoir été dispensé de boutique aujourd'hui. Je déteste travailler le samedi matin.
- Je ne crois pas avoir beaucoup l'occasion de chômer. Je te rappelle que nous passons la matinée au Terrier. Sylvie et James doivent être partis, ou sur le point de partir, et je vais les rejoindre tout de suite. Nous avons été nommés conseillers officiels en habillement et autres arts moldus. Tes parents veulent tout repasser en revue pour être sûr de se comporter comme des parfaits moldus. Et ça risque d'être difficile.
- J'imagine ! Quand j'ai épousé Hermione, on avait hésité à faire une réception pour les moldus, mais finalement on y avait renoncé. Elle était persuadée que ça tournerait mal. Mais Hermione n'avait que ça famille de moldus, tous ses amis sont des sorciers, contrairement à Claire qui a passé toute sa vie comme une moldue.
- Si jamais quelque chose tournait mal, dit Harry, je suppose que, étant membres du ministère, ton père et Percy sont habilités à s'en occuper.
- Bien sûr. Mais tout le monde préférerait éviter d'en arriver là. »
Ils étaient arrivés à la sortie de Poudlard, à la limite de la zone où il était impossible de transplaner. Après s'être mutuellement souhaité bonne chance, ils levèrent tous deux leurs baguettes.
Lorsque Harry arriva au Terrier, il n'y régnait pas l'agitation qu'il avait redoutée. Seuls Molly et Arthur Weasley étaient là.
« Où sont-ils tous ? demanda-t-il au père de Ron qui s'était précipité pour lui poser des questions.
- Bill et Charlie sont chez eux, ils viendront directement. Penny est également chez elle, elle devait venir nous aider mais Rosa est malade. Angelina devrait arriver d'une minute à l'autre, elle cherche partout les alliances que Fred a perdues. Percy est au ministère. Il travaille toujours le samedi matin. Il a amené son costume pour pouvoir se changer là-bas. Ron est avec Fred à la boutique. Georges vient de partir les rejoindre, il a dit qu'il avait besoin de se changer les idées parce qu'il était trop nerveux. Ils devraient tous revenir à midi, ce qui leur laissera le temps de se préparer.
- Vous avez trouvé un endroit sûr pour apparaître près de l'église ?
- J'ai des portoloins qui devraient nous amener dans un bois, à quelques centaines de mètres. En tout cas ceux qui ne peuvent pas transplaner. » A ce moment, Sylvie et James furent projetés en dehors de la cheminée. Ils furent suivis peu après par Angelina, l'air furieux, qui portait Bertie sur un bras et tenait dans l'autre main une petite boite, contenant probablement les alliances.
« Je les ai trouvées dans le réservoir des toilettes, explosa-t-elle. Non mais franchement, Fred a de ces idées, parfois ! »
Tous éclatèrent de rire et même Angelina ne put s'empêcher de sourire malgré son énervement. Ils passèrent une fois de plus en revue les différents points de la cérémonie, pour calmer les angoisses des parents Weasley, en regrettant que ceux qui en avaient le plus besoin soient à la boutique de farces et attrapes. Vers onze heures, ils furent rejoints par Hermione, et les femmes commencèrent à se préparer. Finalement, à midi et demi, Fred et Georges transplanèrent, la robe sale et les cheveux en désordre, mais contents de leur matinée.
« Georges ! s'exclama Molly Weasley. Tu te maries dans à peine plus de deux heures et regarde dans quel état tu es ! Pour une fois dans ta vie, pourrais-tu essayer de faire honneur à ta famille ?
- T'inquiète pas, maman, une bonne douche et il n'y paraîtra plus, répondit sans se troubler le futur marié. Et j'ai passé ma vie à faire honneur à la famille. »
Il s'éclipsa en direction de la salle de bains.
« Un idiot de gamin a fait explosé notre stock de pétards à crasse au moment où nous allions fermer, expliqua Fred. La boutique est dans un état ! Où est Angelina ?
- Elle essaie de coiffer Hermione, répondit Harry. Ça fait une demi-heure que des hurlements de douleurs s'échappent régulièrement de la chambre.
- Elle a retrouvé les alliances ?
- Oui. Ron n'est pas avec vous ?
- Non. Il a été appelé pour une urgence il y a environ deux heures. Je n'aimerais pas faire son travail, on dirait qu'ils ont le dont de faire appel à lui aux plus mauvais moments. Il a dit qu'il essaierait d'être là à temps pour la cérémonie. » Un peu plus tard, Harry monta à son tour pour habiller James et se préparer. A deux heures, il était prêt, et redescendit dans le salon. Il fut rejoint peu après par Mr Weasley, enchanté de porter son costume moldu. Harry eut du mal à réprimer un éclat de rire.
« Qu'y a-t-il ? demanda Arthur. Ce costume ne me va pas ?
- Si, répondit Harry. Mais le n?ud papillon se met autour du cou, pas sur le front. »
Mr Weasley s'empressa de rectifier sa tenue, alors que Fred descendait.
« Pauvre Georges, soupira-t-il. Maman refuse de le laisser se préparer seul. C'est tout juste si elle ne l'a pas accompagné sous la douche pour s'assurer qu'il se lavait correctement. »
Cinq minutes avant le départ du portoloin, les femmes étaient enfin toutes satisfaites par leur apparence, et par celle du marié, et elles finirent par venir au salon. Quelques instants plus tard, ils étaient tous à la lisière d'un bois. Ils n'avaient que cent mètres à faire à pieds. Mr Weasley accompagna Georges de l'autre côté de l'église, où ils devaient voir le prêtre qui allait officier, pendant que les autres pénétraient dans le bâtiment qui était déjà presque plein. Tout le monde se tourna vers eux quand ils entrèrent, ils formaient un groupe nombreux et plutôt bruyant. Ils allèrent s'asseoir aux places qui leurs avaient été réservées. Ils y retrouvèrent Charlie, Bill et sa famille, Pénélope, accompagnée de ses enfants, et Ginny.
« Comment va Rosa ? demanda Molly.
- Elle est complètement guérie, répondit Pénélope. Mais j'ai cru que nous n'allions pas pouvoir venir, ses oreilles n'arrêtaient plus de fumer. Les moldus auraient trouvé ça suspect.
- Ses oreilles fumaient ? s'étonna Sylvie. Pourquoi ?
- Effets secondaires d'une potion contre le rhume, expliqua Harry. Puis il se tourna vers le reste de la famille. Nous ferions bien d'arrêter de parler de cela, dit-il. Même si personne ne semble pouvoir nous entendre. »
Tout le monde eut l'air d'accord avec lui. Il ne restait plus que quelques minutes avant la cérémonie quand Mr Weasley les rejoignit. La tension commençait à monter dans la salle.
« Je me demande ce que fait Percy, murmura Pénélope. Il devait être là de bonne heure, et ça ne lui ressemble pas du tout d'être en retard. »
Jusque là, Harry n'avait pas remarqué l'absence de l'ancien préfet en chef.
« J'aimerais bien que Ron arrive, aussi, renchérit Hermione. Je croyais pourtant qu'il avait demandé à ce qu'on ne l'appelle pas aujourd'hui. J'espère qu'il n'est rien arrivé de grave.
- D'habitude, les attaques se produisent la nuit, dit Harry. Avec un peu de chance, ce n'est pas pour cela qu'ils avaient besoin de lui. »
La marche nuptiale commença alors à retentir, et ils se turent. Georges s'avança. Son visage était sérieux, et on voyait à sa démarche qu'il était nerveux. En face de lui, au bras d'un gros homme chauve qui devait être son père, avançait Claire, dans une robe blanche qui la faisait ressembler à une poupée de porcelaine, avec sa petite taille, son teint pâle et ses cheveux noirs. On avait peine à la croire capable de rivaliser de malice avec les jumeaux. Alors que la musique baissait et que le sermon allait commencer, deux personnes se glissèrent sans bruit dans l'église. Harry, qui s'était retourné pour guetter l'arrivée de Ron, reconnut les deux frères Weasley manquant, et sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Percy marchait en s'appuyant sur Ron. Il semblait prêt à s'effondrer. Ils s'assirent dans le fond pour ne pas perturber la cérémonie, et Harry reporta son attention sur le mariage.
Dès que les mariés se furent embrassés, et un peu plus vite que ne le veut la bienséance, Harry se leva de son banc et se précipita vers le fond de l'église. Quelques personnes lui jetèrent des regards étonnés, mais ne dirent rien, pensant sans doute qu'il avait un malaise. Vu de près, Percy avait le teint verdâtre, et Ron était aussi très pâle.
« Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il. Vous allez bien ?
- Il y a encore eu une attaque, répondit Ron d'une voix faible. Mais pas des moldus. » Harry savait ce qui allait suivre. Il l'avait redouté dès qu'il avait vu les deux frère arriver ensemble, avec Percy qui semblait blessé. « Ce matin, reprit Ron, les mangemorts ont attaqué le ministère. »
Harry fut incapable de parler pendant plusieurs secondes. C'était un acte extrêmement grave. Presque un acte de guerre. Il contempla tour à tour les visages livides de Ron et de Percy.
« Il y a des victimes ? demanda-t-il enfin. Percy, tu as l'air malade, ça va aller ?
- Je vais bien, répondit Percy, d'une voix qui avait perdu sa fierté habituelle. J'ai juste été stupéfixé, comme la plupart de ceux qui était là, et je me suis cogné la tête en tombant. Et il n'y a pas de victimes parmi les employés. Ils savaient ce qu'ils voulaient.
- Qu'est-ce qu'ils voulaient ?insista Harry. Qu'est-ce que vous ne voulez pas me dire ? »
Les deux frères se regardèrent d'un air sombre, puis Ron se retourna vers Harry.
« Ils ont enlevé le ministre », dit-il enfin.
Encore merci pour toutes vos reviews. Je n'ai pas le temps d'y répondre maintenant, et j'en suis désolée, mais au prochain chapitre, promis. Juste : Mamoru Kusanaguy : merci pour tes propositions ( je ne vais pas pouvoir en tenir compte parce que la suite est, glabalement, déjà prête, mais c'était de très bonnes idées.
La semaine passa lentement. On fêta tranquillement le premier anniversaire de James, qui devenait chaque jour un peu plus turbulent, et qui fournissait à sa mère une occupation à temps complet. Le vendredi soir, Harry eut la surprise d'être appelé dans le bureau du directeur à l'heure du dîner. Aussitôt, une vague d'inquiétude monta en lui. Il ne pouvait imaginer qu'une seule raison pour laquelle Dumbledore voulait le voir. Et cela ne lui plaisait pas du tout. Il devait être arrivé quelque chose de grave.
Mais il avait tort. Lorsqu'après avoir donné le mot de passe à la gargouille il pénétra dans le bureau du directeur, celui-ci n'était pas seul. En face de lui se tenait un homme brun que Harry connaissait pour l'avoir déjà rencontré, lorsqu'il était revenu chez lui chercher ses affaires après l'attaque des mangemorts. Il s'agissait de Charles Pierson, le ministre de la magie.
« Bonjour, Mr Potter, salua Pierson en se levant et en tendant une main ferme à Harry. J'ai demandé à Albus de vous faire venir parce que j'estime qu'il y a plusieurs sujets dont il serait bon que nous discutions.
- Assieds-toi, Harry, invita le directeur de Poudlard en désignant une chaise en face du bureau. Sur son bureau, Fumseck le ph?nix siffla doucement.
« Bien, commença le ministre. Tout d'abord, je veux que vous sachiez, Mr Potter, qu'il y a toujours une grande menace au dessus de votre tête. Je ne peux que vous conseiller d'être très prudents quand vous quittez le château. Le gang qui vous a attaqué il y a quelques semaines est toujours actif, malheureusement.
- Je sais, dit Harry. Il paraît qu'ils ont torturé des moldus d'une manière ignoble la semaine passée.
- C'est exact. Et trois attaques ont eu lieu en même temps à trois moments différents, ce qui signifie qu'ils sont plus nombreux que nous ne l'avions d'abord imaginé. Et bien organisés. Ce n'est pas une bande de gosses qui s'amuse.
- Je sais. J'ai un ami Auror qui m'a un peu parlé de tout cela.
- Il me semblait que les Aurors étaient tenus au secret professionnel., remarqua Pierson en souriant à demi. Enfin, si ce n'est que vis-à-vis de vous je suppose que nous pouvons tolérer quelques fuites. Il me semble que, de plus, vous avez vos propres moyens d'information.
- Pardon ? » Harry se demandait à quels moyens d'information le ministre pouvait bien faire allusion.
- Je parle de votre cicatrice, Mr Potter. Albus m'a parlé de vos douleurs, et de vos visions.
- Je croyais que le ministère ne croyait pas à une cicatrice qui se comporterait comme un signal d'alarme.
- Harry, intervint doucement Dumbledore, ce que Fudge pensait n'est pas ce que tout le ministère pensait. Il y a eu quelques bouleversements politiques pendant ton absence.
- Si mon prédécesseur a commis des erreurs, ajouta Pierson, j'en suis désolé. Mais si je suis ici, c'est justement pour essayer de ne pas les refaire. Nous sommes extrêmement inquiets, inutile de vous le cacher. Il est possible que Vous-Savez-Qui soit de retour. Qu'il soit revenu à la vie, d'une manière ou d'une autre. Et les douleurs que vous avez ressenties ces derniers temps sont un des indices qui font pencher la balance dans cette direction.
- Je ne suis pas si sûr qu'il soit revenu, dit pensivement Harry. Je ne comprend rien à ce qui se passe.
- J'aimerais que vous nous expliquiez ce que vous voyez, et ce que vous pensez, Mr Potter. Nous n'avons presque aucun autre moyen de savoir ce qui se passe. Albus m'a déjà raconté ce qu'il savait, mais j'aimerais l'entendre de votre bouche, et savoir si vous avez eu une nouvelle crise, si je peux l'appeler ainsi, ou de nouvelles visions.
- Eh bien depuis le mois de juillet j'ai eu plusieurs fois des douleurs à ma cicatrice. Certaines fois, il y avait des visions associées, mais la plupart du temps c'était juste des flash de douleur, qui partaient aussi vite qu'ils étaient venus. » Il raconta rapidement la vision qu'il avait eue le soir de la rentrée des professeurs, ainsi que deux autres similaires qu'il avait eues. Ce qui est étrange, conclut-il, c'est que je n'ai jamais vu ni entendu Voldemort. Pourtant, il y avait des mangemorts, qui parlait à quelqu'un en l'appelant Maître, mais c'était toujours une voix de femme qui leur répondait. Et elle se comportait comme lui. A chaque fois, je l'ai vue jeter Doloris à au moins un mangemort.
- A quoi ressemblait-elle, cette femme ?
- Je l'ignore. La pièce dans laquelle ils se trouvent est toujours pleine de fumée, et dans une semi-pénombre. La femme porte des foulards, et on ne voit pas son visage. Par contre, je crois qu'ils préparent quelque chose. Mais je ne saurais pas dire quoi exactement. A part le premier, le jour où je suis arrivé ici, ces rêves ont toujours eu lieu quand je dormais, et j'ai beaucoup de mal à m'en souvenir.
- Et vous n'avez aucune idée de ce que ça peut signifier ? »
Harry soupira. Cette question, cela faisait des semaines qu'il se la posait. Et à son avis, tous ces avertissements n'avaient aucun sens.
« Avant, dit-il enfin, je n'ai jamais ressenti ces douleurs qu'à deux occasions : quand Voldemort était particulièrement meurtrier, ou quand il était proche. Aujourd'hui, je ne crois pas qu'il soit proche. Plusieurs fois, j'était seul quand j'ai ressenti les douleurs. Mais s'il a des envies criminelles, alors pourquoi est-ce que je ne l'ai jamais vu ?
- Qu'en pensez-vous, Albus ?
- Je suis assez d'accord avec Harry. Rien ne prouve que Voldemort soit de retour. Par contre, il y a visiblement de très forts groupes qui sont déterminer à le faire revenir. Le problème, c'est qu'il n'a jamais existé aucune cicatrice semblable à celle de Harry, donc nous naviguons dans le flou.
- Mais vous avez bien une petite idée ?
- Bien sûr. Le problème, c'est que j'ai des tas d'idées, toutes aussi folles et aussi incertaines les unes que les autres. Par exemple, peut-être que le lien qui unit Harry à Voldemort est héréditaire, et que cette femme qu'il voit est sa fille.
- Mais si Voldemort a une fille, demanda Harry qui avait déjà examiné cette hypothèse dans tous les sens, pourquoi n'en a-t-on jamais entendu parler ?
- Je ne sais pas. Comme je le disais, ce n'est qu'une hypothèse, et une hypothèse peu vraisemblable. Même s'il s'était soucié d'obtenir les faveurs d'une femme, je vois mal Voldemort se préoccuper de sa progéniture. Par contre, j'ai une autre explication qui sera peut-être plus satisfaisante. Si ta cicatrice te fait mal et que tu as des visions où Voldemort n'est pas, c'est qu'il est revenu, mais pas avec son corps.
- Comme la première fois qu'il avait disparu, et où il revenait en s'appropriant le corps des autres ?
- C'est impossible, Albus. Nous nous sommes assurés qu'il était bien mort, rappelez-vous. Vous avez vous-même contrôlé son corps.
- C'est pourquoi je ne pensais pas à ce type de présence. Mais il existe de moyens pour les morts de revenir parmi nous, au moins pour de courts instants. » Harry détourna son regard des yeux bleu profond du directeur, et regarda le ministre qui semblait aussi perplexe que lui. Puis l'évidence le frappa.
« Un médium ! s'écria-t-il. C'est ce que serait cette femme. Et Voldemort parlerait par sa bouche. C'est pour ça que j'entendait ses intonations, mais pas sa voix.
- Exactement. Car si la possession d'un corps par un esprit change la voix, il est impossible de transformer une voix de femme en voix d'homme. La gorge n'est tout simplement pas adaptée, n'importe quel imitateur moldu vous le dira. Il existe des sorts pour cela, mais ils ne se sont sûrement pas préoccupés d'en lancer.
- Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi mes douleurs sont tellement plus fréquentes que quand Voldemort était vivant. A moins que les séances de spiritisme se déroulent ici même, à Poudlard. » Harry frissonna légèrement. Cette idée ne lui plaisait pas du tout.
« Non, je ne crois pas que des dizaines de Mangemorts se réunissent à Poudlard pour y écouter la parole de leur maître, rit doucement Dumbledore. Ou alors c'est qu'il est vraiment temps que je prenne ma retraite. Mais pendant la plus grande partie du temps, si j'ose m'exprimer ainsi, ta cicatrice « croit » que Voldemort a disparu de la surface de la terre. Qu'il n'existe plus. Peut-être que le simple fait de le rappeler pendant quelques minutes suffit à lui donner l'impression qu'il est proche. Lorsque tu as rencontré Voldemort, après tout, la douleur a toujours cessé au bout de quelques minutes, n'est-ce pas ? Peut-être que c'est le rapprochement de Voldemort, et non sa proximité, qui les provoquait.
- Dans ce cas, dit Pierson, il n'y a pas trop de raisons de s'inquiéter pour l'instant. Voldemort est toujours mort, et si ses fidèles entrent en contact avec lui, ils n'ont pas encore trouvé le moyen de le ramener. Il n'empêche qu'il serait bon de faire cesser ces attaques avant que d'autres moldus ne soient tués.
- Je suis entièrement d'accord avec vous, Charles. Ne paniquons pas, mais restons très vigilants. Ces mangemorts sont à mon avis loin d'être à prendre à la légère.
- Et nous sommes loin de les prendre à la légère, croyez-moi. » Le ministre se leva. « Merci, messieurs. Au fait, Mr Potter, j'avais une autre raison de vouloir vous parler. Le ministère possède encore quelque chose qui cous appartient, et que je voulais vous remettre. » Il sortit de sa robe une petite boite qu'il tendit à Harry. Celui-ci l'ouvrit et découvrit une médaille. En or, elle représentait un chapeau pointu devant lequel était placé une baguette magique.
« Votre Ordre de Merlin, Monsieur Potter. Première classe, bien sûr. Le monde ne vous a jamais fait savoir à quel point il était votre débitaire. Faites très attention à vous, ce serait un coup très dur au moral de tous les sorciers si nous devions vous perdre.
- Merci, dit Harry d'une voix étranglée, et il serra la main du ministre avant que celui-ci ne parte. Il ne savait pas trop quoi penser. Pierson lui paraissait presque trop beau pour être vrai. Son attitude était tellement différente de celle de Fudge. et son propre éloge. Bien sûr, Harry avait conscience d'être celui qui avait vaincu Voldemort, mais jamais il n'en avait tiré la moindre gloire. Ça c'était fait comme ça. Ce n'était pas un acte tellement courageux : s'il avait pu savoir avant ce qui 'attendait ce soir là, jamais il n'aurait quitté Poudlard. Il contempla sa médaille d'un air incrédule. Dumbledore lui sourit.
« Tu l'as largement méritée, Harry, dit-il.
- Vous ne trouvez pas que Pierson en fait un peu trop ?
- Peut-être, répondit pensivement Dumbledore. Mais cela ne veut pas dire qu'il soit dangereux. A sa manière, il n'est pas tellement différent de Fudge. Son principal but est de satisfaire l'opinion publique. Et il sait que les sorciers ont été choqué d'apprendre à quel point leur ministre avait nié l'évidence, et les avait mis en danger en refusant de combattre un ennemi sous prétexte qu'il ne croyait pas à son existence. Pierson sait qu'il faut à tout prix qu'il évite de refaire les mêmes erreurs. Et pour cela, il doit combattre avec nous, contre les mangemorts et contre Voldemort si celui-ci devait revenir. Mais c'est également un homme bien plus fort que son prédécesseur. Je le connais depuis de nombreuses années. Il fallait du courage pour améliorer les conditions des elfes. Il ne nous trahira pas.
- Tant mieux, dit Harry. Ça nous changera d'avoir le ministère avec nous. » Il se leva pour partir. « Bonsoir, Professeur.
- Bonsoir Harry, répondit le professeur Dumbledore en lui jetant un de ses regards pénétrant. Et ne fais rien d'inconscient. » Harry hocha la tête avant de refermer la porte du bureau. Ne rien faire de fou, faire attention à lui. Il en avait assez de tous ses gens qui se faisaient du soucis pour lui. Il n'était plus un enfant. Il était capable de se défendre. Et même s'il savait que ceux qui s'inquiétaient à son sujet n'avaient que de bonnes intentions, il ne pouvait s'empêcher de leur en vouloir. D'un autre côté, ils avaient raison. Les mangemorts cherchaient sans aucun doute à le tuer, et il ne devait pas mourir. Même s'il détestait reconnaître sa propre importance, il savait ce qu'il représentait pour les sorciers de grande Bretagne. Sans compter sa famille qu'il n'avait pas le droit d'abandonner.
Harry était encore pensif en rentrant chez lui. Il montra à Sylvie la médaille qu'il venait de recevoir.
« Tu sais, commenta-t-elle, j'ai encore du mal à me faire à tout ça. Je veux dire, le monde de la sorcellerie, je vis dedans, je suis obligée de faire avec. Mais le fait que tu sois célèbre, que tu sois le héros de tout un peuple, et ces gens qui essaient de te tuer. ça me paraît tellement irréel ! Je veux dire, quand je te regarde, je vois mon mari, le père de mon fils, celui à qui j'ai appris à monter à cheval et qui me faisait rire. Je peux aussi revoir l'adolescent un peu perdu et déprimé qui est arrivé pour vivre tout seul dans cette grande propriété. Je n'arrive pas à m'imaginer que tu es un des sorciers les plus puissants de la planète, que tu as résisté plusieurs fois à un horrible mage noir, que tu l'as détruit.
- Et c'est tant mieux, répondit Harry en se penchant pour l'embrasser. J'en ai plus qu'assez des gens qui m'idolâtrent. Ici, je sais que je peux être Harry, simplement. Pas le survivant. Et c'est pour ça que je me sens bien avec toi. Et avec James. »
Le lendemain matin, les Potter prenaient leur petit déjeuner en pyjama quand après quelques coups vifs la porte d'entrée s'ouvrit brusquement et Hermione, la robe mal boutonnée, les cheveux ébouriffés, entra en coup de vent, un large sourire aux lèvres.
« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Harry en avalant une gorgée de thé. Il est à peine huit heures et on est samedi ! Nous aurions très bien pu être en train de dormir !
- Personne ne dort, ici, c'est l'essentiel, répliqua-t-elle sans cesser de sourire. Et vous n'allez pas prétendre qu'avec un bébé de un an ça vous arrive souvent d'être au lit à huit heures passées !
- C'était presque le cas ce matin, répondit Sylvie avec un petit sourire. Notre réveil vivant ne s'est déclenché qu'il y a quelques minutes.
- Vous avez bien de la chance. Avec Cassie, c'est dès sept heures tous les jours. On peut dire qu'elle est bien réglée.
Tous se mirent à rire. « Je suppose que tu n'es pas venue à cette heure matinale pour nous parler de réveils, reprit Harry en reprenant son sérieux. Alors quelle est la grande nouvelle ? »
Le sourire d'Hermione s'élargit encore, si possible. « Ça a marché ! s'écria-t-elle. La potion pour ton cousin, elle sera prête à la fin du mois de novembre. »
Harry la regarda d'un air incrédule. Puis il sentit s'envoler le poids qui avait pesé sur sa poitrine toute la semaine. « C'est vrai ? s'exclama-t-il, un grand sourire aux lèvres. C'est fantastique ! Comment as-tu fais ? Qui as-tu été corrompre ? »
Le visage ouvert de la jeune femme se renferma quelque peu. « J'ai juré de ne pas le dire, expliqua-t-elle. C'est la condition pour que la personne que j'ai contactée me la fasse.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Je ne peux pas te le dire. Ecoute, sois juste heureux de pouvoir sauver ton cousin, et ne pose pas de question.
- Mais je te promets de ne pas le répéter. La personne à qui tu as fais cette promesse n'en saura jamais rien.
- Harry ! Le secret est la seule chose que l'on m'ai demandé en échange d'une potion qui prend des heures à fabriquer ! Comment veux tu que je le trahisse ?
- Mais ça n'a pas de sens ! Pourquoi cette personne ne veut-elle pas être remerciée pour son aide ? » Une bouffée d'angoisse le saisit soudain. « Elle ne se met pas en danger, au moins ?
- Non, ne t'inquiète pas. C'est quelqu'un qui a parfaitement accès aux ingrédients nécessaire, qui a les compétences et la possibilité de fabriquer la potion, mais ne désire tout simplement pas que l'on sache qu'il l'a fait. Fais-moi confiance, il n'y a rien de louche là-dedans.
- Rien de louche. c'est un point de vue. Je ne peux pas imaginer de bonnes raison pour vouloir taire son nom.
- Et si tu faisais simplement confiance à Hermione ? intervint Sylvie. Après tout, j'en connais d'autres qui ont gardé des secrets, et pendant des années, sans que ce soit pour de mauvaises raisons. »
Harry rougit à ce rappel de son passé, et finit par admettre que les deux femmes avaient raison. « Je vais m'habiller, dit-il en remontant les escaliers. Je ferais bien d'aller annoncer ça aux Dursley ce matin. » Après quelques minutes, il réapparut, vêtu d'un jean et d'un pull, comme n'importe quel moldu en week-end. Puis il sortit, et une fois de plus, laissa Sylvie seule avec James.
La jeune femme soupira. Certes, elle aimait son fils, et aurait souffert d'être séparée de lui, mais depuis que les cours avaient repris et que Harry avait repris son travail, il était sa seule compagnie pendant la plus grande partie de la journée. Et elle n'avait rien d'autre à faire que de s'occuper de lui, avec occasionnellement la fille des Weasley quand sa mère travaillait. Elle savait que bien des femmes auraient envié son mode de vie, mère au foyer avec des elfes de maison pour s'occuper du ménage et de la cuisine. Mais elle s'ennuyait. Ni James ni Cassie n'étaient assez âgés pour soutenir une conversation, et bien que ce soient deux adorables bambins, il lui manquait la présence d'un adulte. Même si elle avait vécu isolée toute son existence, il y avait toujours ses parents, leurs clients, ses amies de lycées qu'elle retrouvait parfois à la ville pour de folles parties de shopping. La campagne lui manquait, aussi. Elle avait fait de longues promenades dans le parc, mais ce n'était pas comme les bois qui entouraient le village où elle avait grandi.
Et elle se sentait terriblement inutile, comme retombée elle-même en enfance. Elle ressentait le besoin d'une occupation extérieure, quelque chose qui la sorte un peu de son appartement, où elle s'enfermait de plus en plus avec la venue de l'automne.
De tout cela, elle ne pouvait pas parler à Harry. Elle savait qu'il se sentirait coupable de l'avoir fait venir à Poudlard. Et ce n'était pas de sa faute. Il n'aurait rien pu prévoir de ce qui était arrivé. Pour Harry, il fallait qu'elle donne l'impression que tout allait bien.
Elle prit une douche rapide pour ne pas laisser James seul trop longtemps, et s'habilla. puis elle prépara le bébé pour la journée. Lorsqu'elle redescendit, James dans les bras, elle eut la surprise de recevoir une nouvelle visite d'Hermione.
« Ron a décidé qu'il fallait qu'il supervise l'entraînement du nouveau gardien de l'équipe de Quidditch des Gryffondor, dit-elle d'un ton sarcastique. Il est parti toute la matinée. Je me disais qu'on pourrait peut-être confier les enfants à Dobby et s'organiser une virée à Pré-au- Lard. Entre filles.
- Ce serait super ! » s'écria Sylvie. Immédiatement, son humeur remonta en flèche. Elle avait vraiment besoin de sortir du château.
Une demi-heure plus tard, elles arrivaient au village. Une petite bruine tombait, mais leur enthousiasme n'en était pas entravé pour autant. Sylvie visitait pour la première fois le village. Harry lui en avait beaucoup parlé, mais au mois d'août, quand ils auraient eu le temps d'y aller, toutes les boutiques étaient fermées. Elles visitèrent la volière, la boutique de farces et attrapes, et la cabane hurlante.
« C'est cette cabane que tout le monde croyait hantée et qui était en fait habitée par un loup garou, n'est-ce pas ? demanda Sylvie.
- C'est cette cabane que tout le monde croit hantée, rectifia Hermione. Peu de personnes connaissent la vérité. » Elle contempla la frêle architecture de bois. « Ce devait être terrifiant de se trouver là dehors, la nuit, et d'entendre hurler le professeur Lupin.
- Lupin était un ami du parrain de Harry, n'est-ce pas ?
- Oui, soupira Hermione. Le quatrième maraudeur, avec James, premier du nom, et Peter Pettigrew, qui les a tous trahis. C'est le seul qui reste, maintenant. Lui aussi a très mal vécu la mort de Sirius et le départ de Harry. Ça lui a bien pris deux ans pour recommencer à vivre normalement. Heureusement pour lui, le nouveau ministère est bien plus ouvert que l'ancien avec les loups-garous, et ils lui ont offert un travail. Ça lui a permis de s'en sortir. Maintenant, il s'occupe de débarrasser les forêts de toutes les créatures dangereuses.
C'est assez étrange, sachant qu'il se transforme lui même en cette créature tous les mois.
- Les loups-garous ne sont pas considérés comme des créatures dangereuses, remarqua Hermione. Surtout depuis l'invention de la potion tue-loup, ils ne sont plus dangereux. Et Rémus est l'un des hommes les plus posés et les plus doux que je connaisse. » Elle frissonna alors que la bruine commençait à se transformer en pluie. Et si on allait boire une bièraubeurre avant de rentrer ?
- Je n'aime pas beaucoup la bière.
- Crois-moi, ça n'a rien à voir. » Elles prirent place à une table au fond du pub des Trois-Balais. Pendant qu'elles sirotaient leurs boissons, la conversation prit un tour plus personnel, et Sylvie se retrouva à avouer à Hermione qu'elle avait de plus en plus de mal à supporter d'être inactive. L'autre hocha la tête.
« C'est compréhensible, dit-elle. N'importe qui a besoin de sortir, de voir du monde. Même les mères au foyer trouvent toujours le moyen de s'évader, ne serait-ce que quelques heures par semaine. Le poste que j'occupe est l'idéal pour ça : l'aritmancie ne s'étudie qu'à partir de la troisième année, et comme peu d'élèves choisissent de l'étudier, il n'y a qu'une classe par niveau. J'ai peu d'heures de cours et il me reste du temps pour être avec Cassie, mais j'ai quand même l'occasion de faire autre chose.
- Malheureusement, même si je décidais de m'évader, comme tu dis, il n'y a pas tellement d'endroits où je pourrais aller.
- Tu peux toujours venir nous voir, en tout cas, si tu as envie de parler. Ou si tu veux un livre. J'en possède un certain nombre, sorciers et moldus.
- C'est vrai ? Il y a une éternité que je n'ai pas lu un bon roman.
- Rentrons à Poudlard. Je vais te montrer le cauchemar de Ron. »
Et en parlant gaiement, elles regagnèrent le château.
Lorsque Harry avait annoncé aux Dursley qu'il était possible de soigner Dudley, il s'était produit des choses qu'il avait renoncé depuis longtemps à voir arriver. D'abord, l'oncle Vernon était resté sans voix, et pendant tout le reste de sa visite il n'avait pas tenté de critiquer Harry. Et la tante Pétunia l'avait serré contre elle. Cette étreinte avait eu pour Harry un goût amer. C'était des années auparavant, lorsqu'il était un enfant en mal désespéré d'affection, qu'il aurait eu besoin qu'on l'embrasse. A présent, il était adulte, et il avait su se créer une famille aimante. Il ne cherchait pas à s'intégrer chez les Dursley. C'était bien trop tard pour cela. Et si ce qu'il faisait pour Dudley pouvait diminuer la haine de son oncle et de sa tante à son égard, alors tant mieux. Mais jamais il ne pourrait se rapprocher d'eux, et il ne le désirait sûrement pas.
« Dudley aimerait te voir, dit Pétunia, après avoir essuyé les larmes de bonheur qui lui étaient venues après avoir appris qu'il restait un espoir pour son fils chéri. »
Harry redoutait une rencontre avec son cousin. Il n'aimait pas les hôpitaux, peut-être parce qu'il avait passé tant de temps à l'infirmerie, et il n'aimait pas voir les gens diminués. Il ne voulait pas non plus d'un Dudley éperdu de reconnaissance, comme l'était sa mère. Il n'avait pas fait grand-chose, finalement.
« Je n'ai pas le temps, finit-il par dire. Dites-lui que je passerait un autre jour.
- C'est déjà ce que tu as dis la dernière fois. Ça ne prendra pas longtemps, tu sais. C'est à cinq minutes en voiture, et tu n'est pas obligé de rester. Les longues visites le fatiguent, de toute façon. Mais il veut probablement te remercier lui-même.
- Ok, céda Harry de mauvaise grâce. Je viens. » Il monta dans à l'arrière de la voiture, et son oncle s'installa au volant, sa tante à côté de lui. Personne ne dit rien pendant le court trajet de la maison à l'hôpital, à l'exception des habituels jurons de Vernon à l'attention des autres usagers. En se retrouvant à cette place, Harry avait l'impression de retomber en enfance. Mais il devait garder ses genoux de côté pour les empêcher de rentrer dans le siège devant lui. Et il sentait la bosse formée par sa baguette magique, dans la poche de sa robe.
Au bout d'à peine cinq minutes, l'auto stoppa sur un grand parking en face d'un bâtiment en verre, d'aspect moderne. Harry suivit son oncle et sa tante à travers les couloirs, jusqu'à une porte.
« Attends un instant, dit Pétunia, en se dirigeant vers une porte ouverte un peu plus loin. On ne peut pas entrer comme ça.
- Pourquoi ?
- Parce que pour tenter de se débarrasser des cellules cancéreuses, ils lui ont fait subir des irradiations. Qui ont détruit en même temps toutes les cellules immunitaires saines. Le moindre microbe peut lui être fatal. » Harry hocha la tête. Vernon grogna quelque chose qui ressemblait à « Ces gens là ne savent rien sur rien », mais se retint de le dire distinctement. Pétunia revint en compagnie d'une infirmière, une femme d'une trentaine d'année avec un visage avenant. Elle équipa Harry d'un masque, d'une combinaison, et de chaussons stériles, et l'aspergea d'une poudre à l'odeur bizarre avant de lui dire qu'il pouvait rentrer. Il jeta un coup d'?il surpris à son oncle et sa tante, qui s'étaient éloignés en direction de la cafétéria.
« Ils ne viennent pas ? s'étonna-t-il.
- C'est mieux qu'il n'y ait pas trop de monde à la fois. Et puis Dudley voit ses parents tous les jours, un peu de jeunesse en leur absence ne lui fera pas de mal, » répondit l'infirmière. Elle frappa un coup léger à la porte, et Harry entra. La chambre était assez grande, avec une grande fenêtre. En pénétrant dans la pièce, il se dit que Dudley n'était peut-être pas si malade que ça. Au moins, le grand lit au centre de la chambre était vide, et son cousin, vêtu d'une affreuse robe de chambre rouge, sans aucun doute achetée par sa mère, était assis dans un fauteuil. Mais cette pensée disparut rapidement. Dudley était méconnaissable. Certes, il avait maigri à l'adolescence, mais il était resté plutôt fort. A présent, il était squelettique. Ses joues creuses étaient pâles, et ses cheveux blonds aplatis sur son front. Un moment, Harry se demanda s'il tiendrait jusqu'à la fin du mois de novembre.
« Salut ! salua le sorcier en tirant à lui une chaise. Ça va ? » Il regretta d'avoir posé cette question dès qu'elle eut franchi ses lèvres. La réponse n'en était que trop évidente.
« Bof, répondit Dudley. Ca pourrait aller mieux. Mais je suis content que tu sois venu. A vrai dire, j'ai cherché à te contacter au cours des dernières années, mais je n'ai jamais trouvé ton adresse.
- Il t'aurait suffi de demander à tes parents.
- Tu sais, mes parents n'ont jamais vraiment apprécié qu'on leur parle de toi. Je suppose que je ne t'apprend rien. Ils ont dit qu'ils l'avaient perdue.
- En tout cas, ils l'ont facilement retrouvée quand ils ont eu besoin de moi.
- Je m'en doute. Papa a toujours eu une mémoire sélective, et ça ne s'améliore pas avec l'âge. » Il eut un petit rire rauque. Ils m'ont parlé de ce qu'ils voulaient te demander. Et je voulais te dire.
- Ne t'inquiète pas, c'est arrangé. On va me préparer une potion pour toi. Il faut juste que tu tiennes le coups encore quelques semaines.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu n'es pas obligé de faire ça, Harry. Je ne fais pas partie de ton monde, après tout. » Harry le regarda avec des yeux ronds. Il ne pouvait pas croire que Dudley ait changé à ce point, même s'il en avait eu un aperçu lors des derniers mois qu'il avait passé à Privet Drive.
« Je sais que je ne suis pas obligé, répondit-il. De toute façon, je n'ai pas à faire grand-chose là-dedans. Remercie plutôt Mr X.
- Mr. X ? qui est-ce ?
- Justement. C'est bien là le problème. » Il raconta à son cousin le mystère de l'expert en potions anonyme. Dudley fronça les sourcils. « J'enverrai un mot de remerciement à Mr X, alors, conclut-il finalement. Mais si c'est un sorcier, je me demande si je peux le joindre par la poste.
- Tu ne risques rien à essayer, rit Harry. Je vois bien l'enveloppe : Mr X, expert ès potions, ministère de la magie, Londres. Imagine la tête du facteur ! »
Tous deux rirent à cette idée. « Au fait, demanda Harry, pourquoi voulais- tu me voir ?
- Pour te dire à quel point j'étais désolé. Quand je suis rentré de Smeltings, la dernière année, j'ai failli rentrer dans un hibou. Il y avait une lettre attaché à sa patte. C'était destiné à mes parents, mais comme je savais qu'ils se contenteraient probablement de la mettre au feu, je l'ai volée et je l'ai lue. » Il rougit. « Je sais que ce n'était pas très correct, mais j'étais vraiment curieux à ton sujet. C'était du directeur de ton école. Il expliquait tout ce qui était arrivé au mois de juin, et pourquoi, par conséquent, tu restais sous leur tutelle jusqu'à ta majorité. Il disait aussi que tu avais cassé ta baguette, et que tu les avais tous quittés. Et je savais que si tu te retrouvais seul, c'était en grande partie à cause de la façon dont nous t'avions traité toutes ces années. Je suis vraiment désolé, Harry. Je ne réfléchissait pas.
- Tu suivais tes parents, après tout, soupira Harry. Et pour ce qui s'est passé à Poudlard. Ça m'a fait du bien de me retrouver seul un moment.
- Et qu'est-ce que tu deviens, maintenant ? Je suppose que tu as fini par revenir vers ton monde, puisque tu as pu entrer en contact avec Mr X. » Harry raconta à son cousin tout ce qui lui était arrivé depuis cinq ans, en omettant la partie sur les mangemorts, et sur Voldemort. Il n'arrivait pas à associer un Dursley, même s'il avait beaucoup changé, à ce genre de problèmes. Puis l'infirmière vint mettre fin à la visite. Harry sortit soulagé. Cette rencontre s'était bien mieux passée qu'il n'osait l'espérer. S'il était resté plus longtemps avec les Dursley, Dudley et lui auraient pu devenir amis. Il dit au revoir à ses oncle et tante dans le couloir, gagna les toilettes de l'hôpital et transplana.
Lorsqu'il regagna Poudlard, il eut la surprise de trouver son appartement vide, bien qu'il soit près de midi. Un mot l'attendait sur la table. Il reconnut le l'écriture désordonnée de Ron : « Les femmes sont à Pré-au- Lard, elles avaient laissé les enfants à Dobby, ton fils est chez moi. » Harry enfila une robe par dessus ses vêtements moldus, et se rendit chez ses voisins.
« Salut Ron ! Comment vas-tu ?
- Ça va, répondit le rouquin. Mais on a énormément de travail.
- Je m'en doute.
- En tout cas, je suis allé voir l'équipe de Gryffondor ce matin. Ils ont un nouveau gardien, que j'ai aidé à entraîner.
- Et il est bon ?
- Plutôt. Mais le problème, c'est le reste de l'équipe. Ils n'ont pas gagné une seule fois depuis que nous sommes partis. On peut dire que tu leur as manqué.
- Pourtant, Dennis semblait destiné à devenir un très bon attrapeur. Il était petit, léger, et lorsqu'on l'a vu voler avec son frère, il se débrouillait bien.
- Dennis n'est jamais devenu attrapeur. Le problème, c'est qu'il était complètement terrorisé par les cognards. Il a fini par refuser de jouer. Ce n'est pas que les joueurs soient mauvais. Ils sont même plutôt bon, mais il leur manque quelque chose. Surtout à l'attrapeur. C'est une équipe un peu comme celle de Serdaigle quand nous étions à l'école. Pas facile à battre, mais il lui manque cette étincelle qui fait gagner. Ils n'ont pas ton génie. » Harry rougit.
« Je n'était pas si bon que ça, dit-il. Nous avions de très bons poursuiveurs, des excellents batteurs, et un merveilleux gardien. C'était un travail d'équipe.
- Mais tu en étais le capitaine, et c'est en partie pour ça que nous étions bons. Et avant toi, il y avait Dubois, qui a fini par passer professionnel.
- J'irai voir l'équipe, un de ses jours, dit Harry. Je sais que je suis censé être impartial, en tant que professeur, mais si je peux donner un petit coup de pouce à Gryffondor... » Le visage de Ron se fendit d'un large sourire.
- J'espérais bien que tu dirais ça, s'exclama-t-il. Je suis sûr qu'il ne leur manque pas grand-chose pour devenir vraiment excellent. Et battre les Serpentard. »
Alors que les jours s'écoulaient, et que l'automne s'installait lentement, Harry rendit visite à l'équipe de Gryffondor. Son capitaine, Stephen Torsin, était un septième année qui jouait en tant que batteur. Harry se souvenait vaguement de lui : à l'époque où il était en première année, il passait son temps à regarder les entraînement de l'équipe de Quidditch, alors entraînée par Harry. Apparemment, il n'avait pas oublié cette époque, et pleura presque de bonheur en voyant arriver son professeur de Défense contre les forces du mal. L'attrapeur était un quatrième année du nom de Hess. Comme l'avait dit Ron, il n'était pas mauvais, mais pas non plus excellent. Il était loin de tirer le meilleur parti de son balai.
Après quelques minutes seulement, Harry comprit ce qui n'allait pas chez lui : il se tenait beaucoup trop raide, il cherchait à garder le contrôle des événements. Il ne faisait pas corps avec son balai, il essayait de le diriger. Mais malgré les efforts du professeur et les encouragement du capitaine, le problème n'était pas réglé à la fin de l'entraînement.
Les derniers jours de septembre s'écoulèrent rapidement, ainsi que le début du mois d'octobre. S'il n'avait pas été aussi inquiet au sujet des mangemorts, Harry aurait pu être heureux. Ses cours se passaient bien mieux qu'il ne l'avait espéré. Les élèves semblaient beaucoup l'apprécier, ils avaient surmonté leur timidité des premiers jour et étaient maintenant parfaitement à l'aise avec lui, tout en lui témoignant un certain respect. Il savait que certains ne l'aimaient pas, notamment des Serpentard, mais personne n'osait exprimer ouvertement ce sentiment.
Au fil des semaines, il avait eu l'occasion d'étudier la maison de Serpentard, dont il avait toujours éviter les membres à l'époque où il était étudiant. Il se rendait compte qu'elle ne fonctionnait pas comme les trois autres. Les Serpentard étaient des battants. Ils semblaient prêts à tout pour remporter la coupe des quatre maisons, ou la coupe de Quidditch, ce à quoi ils parvenaient plus souvent qu'à leur tour. Ils ne supportaient pas l'échec. Et cela les amenait à présenter une façade unie face aux membres des autres maisons. Mais lorsqu'ils ne se croyaient pas observés, ils pouvaient être très durs entre eux. Les erreurs n'étaient pas facilement pardonnées, ceux qui faisaient perdre des points à la maison ou qui, pour une raison quelconque, déplaisaient à leur camarades, étaient mis à l'écart jusqu'à ce que l'on estime qu'ils se soient rachetés. On ne tolérait pas la moindre faiblesse à Serpentard.
Harry s'était presque pris d'affection pour une élève de la maison jadis rivale de la sienne. Il s'agissait de la petite fille blonde de première année, que le Choixpeau avait mis si longtemps à placer. Méline Smith. Enfin, dire qu'il s'était pris d'affection était peut-être exagéré, puisqu'il la connaissait à peine, mais il se faisait du souci pour elle. Depuis le début de l'année, il ne se rappelait pas avoir entendu le son de sa voix. Lorsqu'il essayait de l'interroger nommément, elle le regardait d'un air terrorisé, prenait parfois une inspiration, comme si elle allait parler, mais finissait toujours par secouer la tête. Au fur et à mesure que les semaines passaient, elle devenait chaque jour plus pâle et plus maigre. Et plus triste. Au début, elle semblait intéressée par les leçons, mais de plus en plus souvent elle se contentait de fixer ses livres d'un air absent. Jamais il ne l'avait vue parler à ses camarades, et les autres serpentards de première année l'ignoraient, dans le meilleur des cas, mais certains ne se gênaient pas pour rire d'elle.
Harry ne pouvait s'empêcher de se dire que le Choixpeau magique avait fait une erreur avec cette enfant. Il était évident qu'elle était malheureuse là où elle était. Et en y repensant, il se demandait si lui- même n'aurait pas subi le même sort s'il n'avait pas supplié le vieux chapeau.
Plusieurs fois, après un de ces cours avec les première années, Harry avait voulu retenir la petite fille après le cours, pour lui parler, mais elle était toujours la première sortie, et il n'avait pas vraiment de bonne raison de lui demander de rester. En plus, il avait d'autres soucis. La santé de Dudley se dégradait rapidement. Il avait développé un cancer généralisé, et une semaine avant Halloween les médecins avaient décidé de le placer en soins palliatifs, estimant que la seule chose qu'ils pouvaient faire pour lui désormais était d'essayer de diminuer la souffrance occasionnée par la maladie. La tante Pétunia était désespérée, persuadée qu'il ne survivrait pas jusqu'à ce que la potion soit prête. Il restait encore près d'un mois.
Le soir du jour où il avait appris cette nouvelle, Harry rentrait chez lui, en passant devant l'appartement des Weasley. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la personne qui venait en face de lui. Ce n'est qu'en sentant le choc qu'il leva soudainement les yeux.
« Désolé, bredouilla-t-il, je ne faisais pas attention. Ginny ? s'exclama-t- il en reconnaissant la personne en face de lui. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Elle recula légèrement et rougit. « Je venais voir Hermione, dit- elle. Et c'est ma faute, je ne regardais pas où j'allais.
- Dans ce cas disons que les torts sont partagés. Je crois qu'Hermione n'est pas là, ajouta Harry. Elle voulait profiter de ce que Ron est de garde ce soir pour emmener Cassandre faire des courses.
- Je sais que Ron n'est pas là. » Elle baissa ses yeux sombres. Pour éviter de nouvelles disputes, les Weasley n'abordaient plus jamais le sujet, mais Harry savait que c'était uniquement parce que Ron adorait sa femme, et qu'il ne voulait pas perturber sa fille par des éclats de voix, qu'il avait fait l'effort de pardonner ce qui c'était passé le jour de l'anniversaire d'Hermione. Il n'était pas prêt à revoir sa s?ur, et s'il apprenait que Ginny était chez lui cela provoquerait sans aucun doute un nouvel éclat.
« Toi aussi tu penses que je ne devrais pas être ici, n'est-ce pas ? demanda Ginny, devant le silence de Harry. Tu penses que je suis là pour t'espionner ?
- Non, répondit le jeune homme. Je sais que ce n'est pas cela. J'avoue que cet été j'ai douté, mais quand je t'ai vue chez tes parents, je me suis dit que si tu étais vraiment impliquée dans la magie noire, tu aurais changé. Même si je n'aime pas Drago Malefoy. Il y a quelque chose que tu voulais dire à Hermione, tu veux que je lui transmette un message ?
- Non, merci. Je reviendrai une autre fois. Je suppose que ça peut attendre. » Elle se mordit la lèvre, et essaya de contenir la fêlure dans sa voix. « Je suppose que je vais rentrer au manoir, maintenant. Et, Harry, s'il te plaît, ne dit pas à Ron que tu m'as vue.
- Bien sûr. » Elle sourit légèrement.
- Ce n'est pas facile pour toi, en ce moment, n'est-ce pas ? Je veux dire avec l'attitude de tes frères et tout.
- Oh, ce n'est pas si mal. Je veux dire, il n'y a que Ron qui soit vraiment un problème. Il a toujours été une vraie tête de mule. Mes parents se sont montrés géniaux, et Percy s'est rangé à leurs côtés, comme toujours. Bill est tolérant par nature, quant à Charlie je ne l'ai pas encore revu. Et les jumeaux se sont montrés plutôt cools une fois qu'ils ont eu le temps de s'habituer. Je crois qu'ils considèrent ça comme une bonne blague. Ce sont les seuls qui ne soupçonnent pas Drago d'activités douteuses, et ils ont l'intention d'en faire leur nouveau cobaye, je crois. En tout cas, nous sommes tous les deux invités au mariage de Georges.
- On se verra là-bas, alors.
- Je ne suis pas sûre d'y aller. » Son visage s'assombrit à nouveau.
- A cause de Ron ?
- Entre autres. Pourtant, je sais que ce serait le comble du bonheur pour maman, si nous pouvions être réunis tous les sept à cette occasion. Et avec toi en plus.
- Je suppose que Ron saura se tenir, s'il a été prévenu suffisamment longtemps à l'avance. Il a bien été capable d'arrêter de se quereller avec Hermione à ton sujet. Tu devrais venir.
- Je vais réfléchir. Merci de ne pas t'être retourné contre moi, Harry. A bientôt. »
Il la regarda s'éloigner. Même si elle avait prétendu que la situation avec sa famille n'était pas si terrible, il avait l'impression que quelque chose lui pesait. Ginny avait l'air préoccupé, et elle avait vraiment paru déçue en apprenant qu'Hermione n'était pas là. D'un autre côté, c'était peut-être uniquement parce qu'il avait mentionné Ron à ce moment là.
La dernière semaine d'octobre fut remplie de préparatifs du mariage. Les deux réceptions devaient avoir lieu le trente et un octobre, jour de Halloween, avec les moldus, et le lendemain pour les sorciers. Si les femmes pouvaient se permettre de porter la même robe, les hommes devaient se procurer deux tenues, un costume et une robe de soirée. Harry avait été flatté que sa famille constitue les seuls sorciers invités aux deux réceptions, en dehors des Weasley ( ce qui faisait quand même une proportion non négligeable de sorciers pour les deux mariages).
Le jour de Halloween était un samedi. La cérémonie était prévue à trois heures de l'après-midi. A Poudlard se préparait l'habituelle fête. La grande salle avait été décorée de citrouilles, et de délicieuses odeurs montaient des cuisines, dès huit heures du matin. Ron s'était proposé pour aller aider ses frères avec la boutique de farce et attrapes. Celle-ci restait en effet ouverte toute la matinée en dépit de l'événement, parce que c'était une des plus grosses journée de l'année pour les Farces pour Sorciers Facétieux. Harry avait également offert son aide, mais les jumeaux avaient refusé. Ils avaient affirmé que la présence de Harry provoquerait une émeute dans le magasin. Il accompagnait néanmoins son ami dans sa promenade matinale à Pré-au-Lard.
« Hum ! dit Ron en descendant passant devant la grande salle. Ils auraient quand même pu choisir un autre jour pour se marier. Quand je pense à ce qu'ils vont manger ici ce soir, alors que nous sommes condamnés à la cuisine moldue !
- Les moldus mangent très bien, répondit Harry. Ça leur prend un peu plus de temps que nous pour le préparer, c'est tout.
- Je suppose que tu as plus d'expérience que moi sur le sujet. Au moins ce soir, on ne risquera pas de se changer en oiseau à chaque instant. Ça c'est pour demain.
- Tu ne te fais plus avoir par les crèmes canari, quand même !
- Non, bien sûr, c'est devenu un vieux truc qui ne marche plus avec personne, en tout cas dans la famille. Mais le jour du mariage de Fred, ils avaient piégé l'entrée, et tous les convives ont été changés en rouge- gorges. Pendant dix minutes ! Même Angelina n'avait pas été prévenue. J'ai cru qu'elle allait être la première femme à tuer son mari avant même la nuit de noces. »
Les deux amis rirent à cette idée. « Tu as de la chance, en tout cas, d'avoir été dispensé de boutique aujourd'hui. Je déteste travailler le samedi matin.
- Je ne crois pas avoir beaucoup l'occasion de chômer. Je te rappelle que nous passons la matinée au Terrier. Sylvie et James doivent être partis, ou sur le point de partir, et je vais les rejoindre tout de suite. Nous avons été nommés conseillers officiels en habillement et autres arts moldus. Tes parents veulent tout repasser en revue pour être sûr de se comporter comme des parfaits moldus. Et ça risque d'être difficile.
- J'imagine ! Quand j'ai épousé Hermione, on avait hésité à faire une réception pour les moldus, mais finalement on y avait renoncé. Elle était persuadée que ça tournerait mal. Mais Hermione n'avait que ça famille de moldus, tous ses amis sont des sorciers, contrairement à Claire qui a passé toute sa vie comme une moldue.
- Si jamais quelque chose tournait mal, dit Harry, je suppose que, étant membres du ministère, ton père et Percy sont habilités à s'en occuper.
- Bien sûr. Mais tout le monde préférerait éviter d'en arriver là. »
Ils étaient arrivés à la sortie de Poudlard, à la limite de la zone où il était impossible de transplaner. Après s'être mutuellement souhaité bonne chance, ils levèrent tous deux leurs baguettes.
Lorsque Harry arriva au Terrier, il n'y régnait pas l'agitation qu'il avait redoutée. Seuls Molly et Arthur Weasley étaient là.
« Où sont-ils tous ? demanda-t-il au père de Ron qui s'était précipité pour lui poser des questions.
- Bill et Charlie sont chez eux, ils viendront directement. Penny est également chez elle, elle devait venir nous aider mais Rosa est malade. Angelina devrait arriver d'une minute à l'autre, elle cherche partout les alliances que Fred a perdues. Percy est au ministère. Il travaille toujours le samedi matin. Il a amené son costume pour pouvoir se changer là-bas. Ron est avec Fred à la boutique. Georges vient de partir les rejoindre, il a dit qu'il avait besoin de se changer les idées parce qu'il était trop nerveux. Ils devraient tous revenir à midi, ce qui leur laissera le temps de se préparer.
- Vous avez trouvé un endroit sûr pour apparaître près de l'église ?
- J'ai des portoloins qui devraient nous amener dans un bois, à quelques centaines de mètres. En tout cas ceux qui ne peuvent pas transplaner. » A ce moment, Sylvie et James furent projetés en dehors de la cheminée. Ils furent suivis peu après par Angelina, l'air furieux, qui portait Bertie sur un bras et tenait dans l'autre main une petite boite, contenant probablement les alliances.
« Je les ai trouvées dans le réservoir des toilettes, explosa-t-elle. Non mais franchement, Fred a de ces idées, parfois ! »
Tous éclatèrent de rire et même Angelina ne put s'empêcher de sourire malgré son énervement. Ils passèrent une fois de plus en revue les différents points de la cérémonie, pour calmer les angoisses des parents Weasley, en regrettant que ceux qui en avaient le plus besoin soient à la boutique de farces et attrapes. Vers onze heures, ils furent rejoints par Hermione, et les femmes commencèrent à se préparer. Finalement, à midi et demi, Fred et Georges transplanèrent, la robe sale et les cheveux en désordre, mais contents de leur matinée.
« Georges ! s'exclama Molly Weasley. Tu te maries dans à peine plus de deux heures et regarde dans quel état tu es ! Pour une fois dans ta vie, pourrais-tu essayer de faire honneur à ta famille ?
- T'inquiète pas, maman, une bonne douche et il n'y paraîtra plus, répondit sans se troubler le futur marié. Et j'ai passé ma vie à faire honneur à la famille. »
Il s'éclipsa en direction de la salle de bains.
« Un idiot de gamin a fait explosé notre stock de pétards à crasse au moment où nous allions fermer, expliqua Fred. La boutique est dans un état ! Où est Angelina ?
- Elle essaie de coiffer Hermione, répondit Harry. Ça fait une demi-heure que des hurlements de douleurs s'échappent régulièrement de la chambre.
- Elle a retrouvé les alliances ?
- Oui. Ron n'est pas avec vous ?
- Non. Il a été appelé pour une urgence il y a environ deux heures. Je n'aimerais pas faire son travail, on dirait qu'ils ont le dont de faire appel à lui aux plus mauvais moments. Il a dit qu'il essaierait d'être là à temps pour la cérémonie. » Un peu plus tard, Harry monta à son tour pour habiller James et se préparer. A deux heures, il était prêt, et redescendit dans le salon. Il fut rejoint peu après par Mr Weasley, enchanté de porter son costume moldu. Harry eut du mal à réprimer un éclat de rire.
« Qu'y a-t-il ? demanda Arthur. Ce costume ne me va pas ?
- Si, répondit Harry. Mais le n?ud papillon se met autour du cou, pas sur le front. »
Mr Weasley s'empressa de rectifier sa tenue, alors que Fred descendait.
« Pauvre Georges, soupira-t-il. Maman refuse de le laisser se préparer seul. C'est tout juste si elle ne l'a pas accompagné sous la douche pour s'assurer qu'il se lavait correctement. »
Cinq minutes avant le départ du portoloin, les femmes étaient enfin toutes satisfaites par leur apparence, et par celle du marié, et elles finirent par venir au salon. Quelques instants plus tard, ils étaient tous à la lisière d'un bois. Ils n'avaient que cent mètres à faire à pieds. Mr Weasley accompagna Georges de l'autre côté de l'église, où ils devaient voir le prêtre qui allait officier, pendant que les autres pénétraient dans le bâtiment qui était déjà presque plein. Tout le monde se tourna vers eux quand ils entrèrent, ils formaient un groupe nombreux et plutôt bruyant. Ils allèrent s'asseoir aux places qui leurs avaient été réservées. Ils y retrouvèrent Charlie, Bill et sa famille, Pénélope, accompagnée de ses enfants, et Ginny.
« Comment va Rosa ? demanda Molly.
- Elle est complètement guérie, répondit Pénélope. Mais j'ai cru que nous n'allions pas pouvoir venir, ses oreilles n'arrêtaient plus de fumer. Les moldus auraient trouvé ça suspect.
- Ses oreilles fumaient ? s'étonna Sylvie. Pourquoi ?
- Effets secondaires d'une potion contre le rhume, expliqua Harry. Puis il se tourna vers le reste de la famille. Nous ferions bien d'arrêter de parler de cela, dit-il. Même si personne ne semble pouvoir nous entendre. »
Tout le monde eut l'air d'accord avec lui. Il ne restait plus que quelques minutes avant la cérémonie quand Mr Weasley les rejoignit. La tension commençait à monter dans la salle.
« Je me demande ce que fait Percy, murmura Pénélope. Il devait être là de bonne heure, et ça ne lui ressemble pas du tout d'être en retard. »
Jusque là, Harry n'avait pas remarqué l'absence de l'ancien préfet en chef.
« J'aimerais bien que Ron arrive, aussi, renchérit Hermione. Je croyais pourtant qu'il avait demandé à ce qu'on ne l'appelle pas aujourd'hui. J'espère qu'il n'est rien arrivé de grave.
- D'habitude, les attaques se produisent la nuit, dit Harry. Avec un peu de chance, ce n'est pas pour cela qu'ils avaient besoin de lui. »
La marche nuptiale commença alors à retentir, et ils se turent. Georges s'avança. Son visage était sérieux, et on voyait à sa démarche qu'il était nerveux. En face de lui, au bras d'un gros homme chauve qui devait être son père, avançait Claire, dans une robe blanche qui la faisait ressembler à une poupée de porcelaine, avec sa petite taille, son teint pâle et ses cheveux noirs. On avait peine à la croire capable de rivaliser de malice avec les jumeaux. Alors que la musique baissait et que le sermon allait commencer, deux personnes se glissèrent sans bruit dans l'église. Harry, qui s'était retourné pour guetter l'arrivée de Ron, reconnut les deux frères Weasley manquant, et sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Percy marchait en s'appuyant sur Ron. Il semblait prêt à s'effondrer. Ils s'assirent dans le fond pour ne pas perturber la cérémonie, et Harry reporta son attention sur le mariage.
Dès que les mariés se furent embrassés, et un peu plus vite que ne le veut la bienséance, Harry se leva de son banc et se précipita vers le fond de l'église. Quelques personnes lui jetèrent des regards étonnés, mais ne dirent rien, pensant sans doute qu'il avait un malaise. Vu de près, Percy avait le teint verdâtre, et Ron était aussi très pâle.
« Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il. Vous allez bien ?
- Il y a encore eu une attaque, répondit Ron d'une voix faible. Mais pas des moldus. » Harry savait ce qui allait suivre. Il l'avait redouté dès qu'il avait vu les deux frère arriver ensemble, avec Percy qui semblait blessé. « Ce matin, reprit Ron, les mangemorts ont attaqué le ministère. »
Harry fut incapable de parler pendant plusieurs secondes. C'était un acte extrêmement grave. Presque un acte de guerre. Il contempla tour à tour les visages livides de Ron et de Percy.
« Il y a des victimes ? demanda-t-il enfin. Percy, tu as l'air malade, ça va aller ?
- Je vais bien, répondit Percy, d'une voix qui avait perdu sa fierté habituelle. J'ai juste été stupéfixé, comme la plupart de ceux qui était là, et je me suis cogné la tête en tombant. Et il n'y a pas de victimes parmi les employés. Ils savaient ce qu'ils voulaient.
- Qu'est-ce qu'ils voulaient ?insista Harry. Qu'est-ce que vous ne voulez pas me dire ? »
Les deux frères se regardèrent d'un air sombre, puis Ron se retourna vers Harry.
« Ils ont enlevé le ministre », dit-il enfin.
Encore merci pour toutes vos reviews. Je n'ai pas le temps d'y répondre maintenant, et j'en suis désolée, mais au prochain chapitre, promis. Juste : Mamoru Kusanaguy : merci pour tes propositions ( je ne vais pas pouvoir en tenir compte parce que la suite est, glabalement, déjà prête, mais c'était de très bonnes idées.
