Qu'on se le dise, le monde de Harry Potter est à Mrs JKR. Je ne fais que
l'emprunter.
Merci à Miss Tambora pour la relecture.
Chapitre 7
Les gens commençaient à sortir de l'église. Harry inspira profondément. L'effet sur tous les sorciers allait être désastreux. Jamais Voldemort ne s'en était pris au plus haut représentant de l'état, peut-être parce qu'il n'avait jamais considéré Fudge comme une menace. Les Weasley commençaient à se regrouper autour d'eux. Ils furent rapidement au courant. Même Georges avait compris que quelque chose n'allait pas, et avait rejoint sa famille. Personne ne parlait. Tous savaient que la situation était extrêmement grave. Si le ministre n'était pas retrouvé rapidement, ou si le pire arrivait, ils devraient se préparer à affronter des ennemis qui avaient montré leur puissance, et ce en période de crise gouvernementale. Ils sursautèrent quand un groupe de moldus entra joyeusement.
« C'est là que vous êtes tous cachés ! s'écria une jeune femme. Venez, on va faire les photos.
- On arrive, Moira, dit Georges. Donne-nous quelques minutes, on a un problème. » Le groupe leur jeta un regard curieux, mais la dénommée Moira les entraîna à l'extérieur. Georges se secoua.
« Il faut qu'on y aille, dit-il.
- Nous devons faire comme si de rien n'était, dit Hermione d'une voix sombre. Les moldus ne doivent se rendre compte de rien. » Elle essaya de se forcer à sourire, mais ne réussit à faire qu'une grimace peu convaincante, puis tendit la main à Ron pour l'aider à se lever.
Harry serra James contre lui et passa son bras autour des épaules de Sylvie. Il la sentait trembler. Autour de lui, il vit les Weasley se serrer eux aussi, comme pour puiser les uns dans les autres la force de paraître gais. Ils descendirent les marches de l'église, et furent accueillis par des cris de joie, la plupart des moldus étant là à les attendre. Puisqu'ils ne faisaient pas officiellement partie de la famille, Harry et Sylvie n'étaient pas obligés de prendre part à la séance de photos. Ils s'empressèrent d'aller se fondre dans la foule.
Le photographe qui avait été embauché pour le mariage était relativement âgé, mais Harry était sûr que jamais de sa vie il n'avait eu autant de problèmes. D'abord, il avait fallu attendre le marié et sa famille. Ensuite, le marié et son témoin étaient jumeaux, ce qui avait semblé beaucoup le perturber. Il avait également fait changer tout le monde place un nombre incalculable de fois, sans doute pour essayer d'obtenir une répartition à peu près harmonieuse des différentes chevelures rouges. S'il n'y avait eu que ça, il y serait sans doute arrivé, après tout c'était son métier. Mais le pire était qu'il avait beau crier à tout le monde de sourire, il y avait toujours une majorité de gens qui n'avait pas l'air heureux. Harry aurait probablement trouvé ça drôle s'il n'avait pas été lui- même aussi inquiet. Molly n'arrivait pas à retenir ses larmes, et elle avait beau essayer de prétendre que c'était l'émotion, ce n'était pas très convaincant. Les autres se tenaient droits comme à un enterrement, grimaçant des sourires qui n'en étaient pas. Même le marié, au premier plan, un bras passé autour de l'épaule de sa femme, manquait complètement d'entrain.
Des murmures commencèrent à se faire entendre autour d'eux :
« Claire m'avait dit que son Georges était un marrant, et sa famille aussi, franchement on ne dirait pas.
- Je me demande d'où sortent ces gens.
- Je les ai vus une fois, intervint une troisième voix. Les deux jumeaux. Et c'est vrai qu'ils étaient marrants. Peut-être simplement qu'ils n'aiment pas les photos. »
La séance continua comme ça pendant un certain temps, puis, brusquement, quelque chose sembla se débloquer. De vrais sourires apparurent sur toutes les lèvres. Harry regarda d'un air incrédule alors que Molly Weasley séchait brusquement ses larmes et se mettait à rire à une plaisanterie de Fred. Dans le public, il y eut simplement quelques remarques étonnées. Les photos furent rapidement prises, et la foule commença à se disperser. La réception n'était prévue qu'à huit heures du soir, et il n'était que quatre heures et demi. Harry rejoignit les Weasley, et fut surpris de les trouver joyeux. Il aurait aimé profiter de ce temps pour avoir avec eux une conversation sérieuse.
« Qu'est-ce qui leur arrive ? demanda Sylvie. Tu crois qu'ils ont appris quelque chose que nous ignorons ? On a peut-être retrouvé le ministre ?
- Je ne vois pas comment ils auraient appris quoi que ce soit, répondit Harry, alors qu'ils étaient en train de poser pour cette fichue photo. » Après des dernières félicitations, même la famille de Claire s'éloigna, laissant la jeune femme avec les Weasley. Ron leva sa baguette.
« Finite Incantatem », murmura-t-il. Aussitôt, les sourires s'effacèrent, les visages redevinrent graves et les yeux perdirent leur étincelle.
« Ron ! s'écria Hermione. Comment as-tu osé lancer un sort au milieu de tant de moldus ? Et s'ils avaient remarqué quelque chose ?
- Ils étaient en train de remarquer que quelque chose n'allait pas, de toute façon. Et on avait besoin que tout ça se termine, n'est-ce pas ? Faire des photos à un moment pareil, c'était vraiment ridicule.
- De toutes façons, dit Harry, ils n'avaient aucun moyen de se douter de quoi que ce soit.
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda Sylvie à voix basse.
- Sortilège d'allégresse, répondit Harry sur le même ton.
- Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe ? demanda alors Claire. On résuma pour elle les événements de la matinée.
« C'est terrible, murmura-t-elle. Dois-je aller dire que le fête de ce soir est annulée ?
- Je crois que ce serait mieux répondit Georges. Ou en tout cas que nous ne viendrons pas. Je suis désolé, mais nous ne pourrons. » Il ne finit pas sa phrase, son frère l'interrompit d'une bourrade.
« Je ne suis pas d'accord. Nous n'allons pas rester là à nous morfondre pendant des heures ! C'est un coup dur mais ce n'est pas la fin du monde.
- Il a raison, approuva son père. De toute façon, je doute qu'il y ait grand chose que nous puissions faire, donc autant nous amuser. Nous n'en aurons pas tellement l'occasion dans les prochaines semaines. En attendant, je retourne au ministère. Voir ce qui se passe.
- Je t'accompagne, dit Ron. J'ai dit à ma section que je reviendrais.
- Moi aussi, fit Percy. Ils auront besoin de toutes les bonnes volontés.
- Toi tu ne vas nul part, s'interposa sa femme, tant que tu n'as pas vu un médecin. Tu tiens à peine debout ! » Pour une fois, il n'insista pas. Ron et son père transplanèrent.
Harry eut un moment envie de les accompagner pour se rendre utile, mais il savait que ce n'était pas son rôle. « Je rentre à Poudlard, dit-il. Ce doit être le chaos complet là-bas. Je crois que je ne reviendrai pas à la fête ce soir.
- Harry ! protesta Fred. Tu ne peux pas faire ça ! Ce sera une super fête ! Nous avons tout préparé depuis des semaines. Et je ne sais pas quand nous aurons l'occasion d'en refaire une.
- Je sais, mais ils ont besoin de moi là-bas.
- Pourquoi auraient-ils besoin de toi ? Poudlard n'a pas été attaqué ! Il ne s'y est rien passé ! Dis tout de suite que tu n'as pas envie de manquer le festin de Halloween, même pour le mariage de Georges.
- Non, ce n'est pas ça, répondit Harry. Je ne pense pas aller au festin de Halloween. Disons que je ne pense pas avoir le c?ur à ça.
- Harry, dit Georges qui semblait avoir récupéré et suivait son frère. Tu te rappelles ce que tu nous as dit dans le train, après la renaissance de Voldemort ? Ça fait des années, mais je ne l'ai pas oublié, quand nous montions la boutique alors que tous les autres se battaient contre Voldemort, je me disais que ce que nous faisions était utile. Ce que tu nous as dis ce soir là s'applique encore aujourd'hui. On a tous besoin de rire, et plus encore dans les moments difficiles. Et ce soir, nous allons rire. Et sans sortilège d'allégresse.
- Je sais, soupira Harry. Et je te jure que j'ai vraiment envie de venir, malgré ce qui s'est passé ce matin. » Il eut un petit rire. « On m'a tellement parlé du mariage de Fred que je ne voulais surtout pas manquer le tien. Mais c'est mieux que je ne vienne pas. Et j'ai de très bonnes raisons pour ça.
- Nous aimerions bien les entendre, dans ce cas, remarqua Fred.
- Non. Je suis désolé. Je vais rentrer maintenant.
- Attends ! » Sylvie avait saisi le bras de son mari. « Je crois que je sais pourquoi tu ne veux pas rester. Et ce n'est pas une bonne raison.
- Comment ça ? » Elle l'entraîna à l'écart.
- Tu as peur qu'il n'arrive la même chose que le jour de ton anniversaire, n'est-ce pas ?
- Oui. Ça gâcherait la soirée de tout le monde. Et je ne peux pas laisser cela arriver.
- Tu ne peux pas t'arrêter de vivre parce que tu as peur que ta cicatrice ne se mette à brûler.
- Je suis presque sûr que ça va arriver ce soir. Après leur grand succès de toute à l'heure, les Mangemorts vont chercher à contacter leur maître.
- Tu n'es même pas sûr que ce soit le fait de le contacter qui déclenche ces crises ! Et après tout, les dernières fois ce n'était pas si terrible ! Juste un petit flash de quelques secondes à peine.
- Je sais. Mais au cas où je préfère être à Poudlard. Et si jamais j'avais une vision, je dois contacter Dumbledore ou quelqu'un du ministère immédiatement. Ce qui sera difficile à faire au milieu d'un mariage moldu.
- Dans ce cas, je rentre avec toi.
- Tu n'as aucune raison de faire ça ! Ça fait des semaines que tu es coincée dans le château ! Pour une fois que tu as l'occasion de t'amuser un peu !
- Je ne veux pas te laisser seul alors que nous serons tous au mariage. De toutes façons, ce ne sera pas drôle sans toi.
- D'accord, céda Harry. Je viendrai ce soir. Mais d'ici là, je retourne à Poudlard. Je veux voir le professeur Dumbledore. Savoir ce qui se passe, et si je peux être utile. Je suppose que Hermione voudra venir aussi. »
Toute la famille Weasley fut enchantée d'apprendre que Harry avait finalement changé d'avis. Comme il s'y attendait, Hermione était également désireuse de savoir ce qui se passait à Poudlard, et les deux professeurs transplanèrent presque immédiatement.
Alors qu'ils regagnaient à pieds le château, la jeune femme interrogea son ami sur la conversation qu'il avait eue avec Sylvie.
« Je me doutais que c'était pour ça que tu ne voulais pas venir, dit- elle pensivement. Et ta femme a raison : ce n'est pas une raison suffisante.
- Je m'inquiète seulement de la réaction que pourraient avoir les gens, si je ne parvenais pas à m'empêcher de crier. Ou si j'avais une vision. En plus, si j'avais la chance de voir quelque chose d'utile, il faudrait que je contacte le ministère.
- Ron devrait pouvoir s'occuper de ça. En tant qu'Auror, sa baguette est équipée d'un dispositif spécial qui le met en relation télépathique avec un standard du ministère. Un peu comme une radio moldue, mais en pensée. C'est comme ça qu'ils l'appellent, d'ailleurs. Quand aux autres invités ils penseront sans doute que tu es malade. C'est la réaction qu'ont eue Sylvie et ses parents, non ?
- Oui. Mais j'aimerais autant éviter qu'ils aient la même réaction que les parents de Sylvie.
- Ils n'ont pas les mêmes liens avec toi, ne t'inquiète pas. Au pire nous seront là pour inventer quelque chose. L'avantage de la soirée de ce soir, c'est qu'il n'y a que des moldus, à part la famille. Ils n'ont donc aucune raison de soupçonner quelque chose d'anormal.
- Tu as raison, je suppose. »
Ils poussèrent enfin la lourde porte du château, et avaient à peine fait quelques pas que Nick-Quasi-Sans-Tête se précipitait vers eux.
« Il y a une réunion de tous les professeurs dans le bureau du directeur, annonça-t-il. Il y a une demi-heure que c'est commencé. »
Ils pressèrent encore le pas. « Heureusement que nous sommes rentrés, » dit Hermione.
La gargouille s'ouvrit quand Harry donna le mot de passe. Des bruits de voix se faisaient entendre en provenance du bureau. Ils frappèrent et entrèrent.
« Ah, remarqua Rogue d'une voix doucereuse. Il semble que notre cher professeur de Défense Contre les Forces du Mal ait enfin décidé de se joindre à nous. Il me semblait bien que nous en avions besoin dans les circonstances présentes.
- Allons, Severus ! le réprimanda Dumbledore. Vous savez très bien que Harry avait d'autres obligations ce matin. Gardez pour vous ce genre de remarques dénuées de tout fondement. » Il se tourna vers les nouveaux arrivants. « Content que vous ayez pu venir tous les deux, et je suis désolé que vos réjouissances aient été ainsi interrompues. Asseyez-vous.
- Que se passe-t-il exactement ? demanda Harry. En dehors du fait que des Mangemorts ont attaqué le ministère et enlevé le ministre ?
- C'est malheureusement à peu près tout ce dont nous sommes sûrs, répondit Dumbledore en fronçant les sourcils. Et c'est ça qui est étrange. Si la marque flottait ce matin, il n'y avait ni message de bravade, ni menace. Rien.
- Et au ministère, comment cela se passe-t-il ?
- C'est justement ce que j'étais en train d'expliquer à vos collègues. Des situations comme celles-ci exigent que l'on prenne certaines décisions. C'est pourquoi j'ai décidé de faire une chose que je m'étais promis de ne jamais faire de mon plein gré. Je vais quitter Poudlard.
- Vous ne pouvez pas faire ça ! protesta Hagrid, d'un ton qui laissait penser que ce n'était pas la première fois qu'il émettait une telle opinion.
- Aucune menace, ni aucune attaque n'a été portée contre l'école. Et Minerva est parfaitement capable d'assurer la sécurité de Poudlard. Avec l'aide de Harry et de tous les autres. A Londres, par contre, la crise est majeure. On m'a demandé de devenir ministre par intérim, jusqu'à ce que Pierson soit retrouvé, ou, s'il ne devait jamais revenir, jusqu'à ce qu'un nouveau ministre ait été désigné. Il est de mon devoir d'accepter. »
Les visages des personnes présentes étaient graves, mais tout le monde savait que, comme toujours, le directeur avait raison. Après les événements de la matinée, le ministère avait besoin d'un homme qui reprenne la situation en main. Et les sorciers avaient besoin d'être rassurés, ils avaient besoin de savoir, malgré la disparition du ministre, que leur monde n'allait pas sombrer dans le chaos. Ils avaient besoin d'Albus Dumbledore. Mais Poudlard allait paraître bien fragile sans sa protection.
« Il faut que je vous laisse, dit alors le vieux sorcier en se levant. J'ai un rendez-vous avec le premier ministre moldu dans peu de temps. Minerva, je vous laisse la direction de l'école. Poudlard doit continuer de fonctionner. Avec un peu de chance, ce n'est que pour quelques jours, et tout rentrera très vite dans l'ordre. En attendant, je suggère de supprimer les sorties à Pré-au-Lard, par mesure de précaution, mais il ne me semble pas nécessaire d'instaurer des mesures plus draconiennes pour l'instant. Tous, ici, vous avez déjà une certaine expérience de la lutte contre les forces du Mal. Et vous êtes plus que capable de maintenir la sécurité ici. Bonne chance.
- Merci, répondirent-ils. Bonne chance à vous. » Le directeur se leva, regarda les membres de son personnel, son regard se posant plus particulièrement sur Harry. Puis, il fit demi-tour et quitta le bureau.
« Bien, dit le professeur McGonagall. Je suppose qu'il n'y pas grand-chose à ajouter. Harry, pouvez-vous rester un moment ? » Le reste de l'équipe se dispersa, et Harry resta seul avec le professeur de métamorphose.
« J'ai un service à vous demander, expliqua la sorcière. Juste avant la réunion, le professeur Dumbledore m'a fait remarquer qu'il était plus que temps de revitaliser les défenses de l'école. D'habitude, c'était le directeur qui s'en occupait, une fois par an, mais puisqu'il n'est pas là, il serait bon que vous vous en chargiez. » Elle tira du bureau une liasse de parchemins. « La liste des sortilèges utilisés se trouve ici, je suppose que vous les connaissez déjà. »
Harry feuilleta rapidement les pages qu'il avait sous les yeux. Il y avait des boucliers anti-apparition, des sorts d'incartabilité et des détecteurs de magie noire. S'ils ne les avaient pas tous testés, il avait au moins lu sur le sujet, et se savait capable de les lancer.
« Ça ne devrait pas poser de problèmes, dit-il.
- C'est bien ce que je pensais, dit le professeur McGonagall. Je me sentirais bien plus en sécurité si vous pouviez le faire dès ce soir. Vous le savez probablement, la puissance de ces sorts dépend de la puissance du lanceur. Les vôtres devraient être au moins aussi puissants, sinon plus, que ceux d'Albus, et puisque ni lui ni vous ne serez là ce soir.
- Bien sûr, dit Harry. Je vais m'y mettre tout de suite. » Il était à la fois surpris et flatté de la confiance qui lui était faite. Il se savait puissant, bien sûr, après tout il était l'héritier de Gryffondor par son père. Mais il n'aurait jamais imaginé que la sécurité de Poudlard pouvait être mise entre ses mains. Mais après tout, c'était normal. Le professeur de Défense Contre les Forces du Mal n'était pas seulement chargé de donner des cours, c'était également son rôle de protéger l'école. Tout comme Rogue apportait les Potions nécessaires au bon fonctionnement, notamment de l'infirmerie, et Chourave les plantes. Il sortit du bureau, retrouva Hermione, qui l'attendait, et lui expliqua la situation.
« Je comprends, dit celle-ci. Pour ma part, je retourne au terrier. Il n'y a plus grand-chose que je puisse faire ici. Et tu as du travail devant toi.
- Je sais, dit Harry. Peux-tu leur dire que je vous rejoindrai directement à la soirée, et que je serai peut-être un peu en retard ?
- Bien sûr. C'est une lourde responsabilité qui t'a été confiée.
- Je sais. J'espère juste ne pas trop faire de bêtises.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Tu connais ces sortilèges, n'est-ce pas ? Ils sont faciles à lancer. Si Poudlard est tellement bien protégé, c'est parce qu'ils ont toujours été lancés par des sorciers extrêmement puissants, ce que tu es. Et aussi à cause de la protection spéciale donnée au château par les quatre fondateurs. Personne ne sait ce que sait, d'ailleurs. Tu ne peux pas te tromper.
- Merci de ta confiance. Je ferais bien de m'y mettre. A ce soir. »
Harry rejoignit son bureau. Il passa plus de deux heures à raviver ou à relancer les différents sortilèges. En faisant ça, il s'efforça de ne pas penser aux événements de la matinée, ni à ce qui allait se passer au cours de la soirée. Il savait que la puissance d'un sort dépend de la puissance du lanceur, mais aussi de sa concentration. Et, pour le moment, seule comptait sa tâche.
Finalement, après avoir relancé cinq fois le dernier des sorts, une ceinture anti-magie noire, il s'estima satisfait. Il rapporta les parchemins à McGonagall. Celle-ci prit un petit globe de verre sur son bureau, que Harry reconnut comme un détecteur de sort. Après l'avoir examiné pendant plusieurs minutes, elle émit un sifflement qui lui ressemblait fort peu.
« Je suis impressionnée, Harry, s'écria-t-elle. Albus ne s'était pas trompé en me recommandant de vous faire lancer ces sorts. Ils sont encore plus puissants que les siens. Merci, cela fait déjà un souci de moins. » Harry consulta rapidement sa montre. La soirée devait commencer dans quelques minutes.
« Je dois y aller, dit-il.
- Désolée de vous avoir mis en retard. Amusez-vous bien, Harry. »
Il quitta le bureau. Lancer ces sorts l'avait épuisé, et il avait légèrement mal à la tête. Pourtant, étrangement, il se sentait bien mieux que quelques heures plus tôt. Il avait eu l'impression de faire quelque chose pour aider à lutter contre les mages noirs, et cela avait aidé à chasser l'impression d'irréalité et d'horreur qui avait suivi l'annonce de l'attaque du ministère. Il était prêt à combattre, s'il le fallait. Ils viendraient à bout des mangemorts, et s'il le fallait de Voldemort, comme ils l'avaient toujours fait auparavant.
La soirée devait se dérouler dans un grand restaurant moldu. Harry apparut à une centaine de mètres. En s'approchant, il entendit des bruits de voix et des rires en provenance de la salle. Georges et Claire attendaient à l'entrée. Tous deux semblaient très heureux.
« Désolé pour le retard, dit-il.
- C'est pas grave, dit Georges. Tu n'es pas le dernier. Et Hermione nous a expliqué. En tout cas, tu ne regretteras pas d'avoir décidé de venir. On va bien rire.
- J'aimerais quand même sortir d'ici entier.
- T'inquiète pas, dit Claire avec un sourire malicieux. C'est moi qui ai décidé de l'animation, et je me suis limitée à dix pour cent de pertes. Avec un peu de chance, ça ne tombera pas sur toi. » Elle se tourna vers un jeune couple qui arrivait, et les salua gaiement. Harry pénétra dans la pièce. Une dizaine de tables avaient été préparées, mais les invités étaient tous debout dans un espace qui devait être la piste de danse. Des serveurs passaient des plateaux couverts de coupes de champagnes et de petits gâteaux salés. La décoration de la pièce donnait une impression étrange : les tables étaient couvertes de nappes blanches, et des bouquets de fleurs étaient posés dessus. Cela ressemblait à n'importe quel mariage. Mais un peu partout avaient été rajoutées des toiles d'araignées qui tombaient du plafond, et des insectes et des serpents en caoutchouc, comme pour marquer Halloween. Harry se dit que la salle avait du être préparée par le personnel du restaurant, mais que les mariés avaient du rajouter leur contribution ensuite.
En parcourant les groupes, Harry finit par repérer Sylvie qui parlait avec Ron et Hermione. Il les rejoignit. Tous semblaient de très bonne humeur.
« Alors, demanda Ron, comment s'est passée ta séance de protection ?
- Très bien, répondit Harry. J'ai les compliments de McGonagall, tu te rends compte ?
- Waouh ! Ca a dû m'arriver une fois en sept ans.
- Et toi, comment ça s'est passé ?
- Il n'y a rien de neuf. Je ne suis pas resté longtemps. Mais si Dumbledore prend les choses en main, ça risque de bouger bientôt.
- On a dit qu'on ne parlait pas de ça ce soir, » rappela Hermione.
Ils prirent des coupes de champagne qu'un serveur leur offrait. Ron observa la sienne d'un air intrigué, puis en prit une gorgée, prudemment.
« C'est pas mauvais, marmonna-t-il. Mais ça ne vaut pas un bon nectar Royal.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Sylvie.
- Ce que nous buvons dans les grandes occasions. Je ne connais rien de meilleur.
- Il me semble d'ailleurs que la dernière fois tu as vidé la bouteille d'une manière grossière.
- Hermione ! Personne sauf toi ne s'est aperçu que j'en avais pris trois fois !
- Et alors ! Ça ne se fait pas, c'est tout.
- Qu'est-ce que vous avez fait des enfants ? s'inquiéta soudain Harry.
- Une salle de jeux avec une baby-sitter a été installée à côté, » expliqua Sylvie.
A cet instant, il y eut une série d'explosions en provenance de l'entrée. Harry sursauta. Il regarda autour de lui, soulagé de ne pas voir de fumée, et personne ne semblait blessé. Puis, il comprit qu'il ne devait s'agir que de quelques pétards. La voix de Claire se fit entendre, amplifiée par un haut-parleur.
« Bienvenue tout le monde ! Vous êtes tous là, vous pouvez vous asseoir. Votre place est munie d'une étiquette à votre nom. »
Il y eut un moment de confusion. Les groupes qui s'étaient formés par affinités se défaisaient et les gens cherchaient leurs noms autour des tables. Les familles avaient été mélangées, mais Harry remarqua rapidement que les couples n'étaient pas séparés. Il en fut grandement soulagé, il avait craint un instant de se retrouver seul au milieu d'inconnus.
« Harry ! entendit-il soudain appeler. Vous êtes là ! » Il se retourna et vit Ginny qui faisait de grands signes dans sa direction.. Il s'empressa de se frayer un chemin vers elle, gesticulant à son tour en direction de Sylvie pour lui indiquer la table.
« Contente que vous soyez là, tous les deux, s'écria Ginny. J'avais peur de ne connaître personne à ma table jusqu'à ce que je voie vos étiquettes.
- Drago n'est pas venu ?
- Il a senti qu'il serait de trop. Et franchement, j'avais un peu peur qu'il ne se retrouve en face de Ron. Tel que je connais Georges, il n'aurait pas trouvé sa fête gâchée par une bonne bagarre, mais maman aurait été furieuse.
- C'est heureux que tu puisse prendre la situation avec cette philosophie », remarqua Sylvie. Ginny se contenta de hausser les épaules, et sourit d'un air résigné. Ils prirent place autour de la table. Harry était assis entre Sylvie et Ginny. D'autres convives vinrent les rejoindre, tout le monde semblait avoir maintenant trouvé sa place, et il ne restait plus que quelques personnes debout. Mais avant qu'ils n'aient eu le temps de faire connaissance, Claire vint au centre de la pièce, avec à la main le micro qu'elle avait déjà dû utiliser pour leur dire de venir s'asseoir.
« Avant que nous ne commencions à manger, commença-t-elle, et particulièrement pour ma nouvelle belle-famille, un magicien a accepté de bien vouloir nous faire bénéficier de ses talents. Je vous demande d'accueillir Mr Mystillusion ! »
Tout le monde se mit à applaudir. L'orchestre dans un coin se mit à jouer une musique entraînante, et un homme vêtu d'une cape noire fit son apparition. Il portait un chapeau haut-de-forme qu'il enleva pour saluer son public. Puis il regarda le fond du chapeau d'un air intrigué, et commença à en sortir des foulards multicolores. Harry avait déjà vu de tels numéros, et savait que ça n'avait rien à voir avec la magie, mais le visage de Ginny, à ses côtés était sans prix.
« Ce genre de spectacles paraît beaucoup moins impressionnants quand on sait ce sont vous êtes capables, et sans trucages.
- Peut-être, mais ce qui est impressionnant, c'est la réaction des Weasley. Je me demande s'il y en a un qui va vendre la mèche à l'illusionniste avant la fin de la soirée, genre « Eh, salut, tu as fait tes études à Poudlard toi aussi ? Quelle maison ? »
Ils étouffèrent un rire. Le magicien avait sorti un jeu de carte et avait commencé à exécuter des tours. Puis il fit disparaître le jeu, sortit de son chapeau un bouquet de fleurs qu'il offrit à Claire avant de s'incliner sous les applaudissements du public.
Lorsqu'il quitta la pièce, les serveurs se mirent à passer les entrées, et les conversations s'engagèrent. Ginny paraissait encore sous le choc du passage du magicien.
« Je ne comprends toujours pas comment il a fait ça, dit-elle à voix basse à Harry. Il a créé de la matière à partir de rien dans son chapeau. C'est extrêmement puissant. surtout tout un bouquet de fleurs, en à peine quelques secondes ! Mais je croyais que les gens ici ignoraient l'existence de la magie ! Ils ne vont pas se poser des questions ?
Harry éclata de rire. « Si, sans doute, répondit-il. S'ils t'entendent dire des choses comme ça. Le magicien que nous venons de voir te rirait au nez si tu lui annonçais que tu es une sorcière.
- Tu veux dire qu'il n'y a pas de magie là-dedans ?
- Bien sûr que non. Tout est truqué. Et il est fort, n'est-ce pas ? »
Pendant que Ginny assimilait ce que Harry venait de lui dire, celui-ci se tourna vers le reste de ses compagnons, pour se présenter. A leur table se trouvaient un couple assez âgé, les grands parents de Claire, plusieurs de ses amis et cousins. Il y avait également le frère de la mariée, un jeune homme au visage angélique, aux cheveux noirs, et aux yeux bleu pâle. Celui- ci avait été placé étrangement de l'autre côté de Ginny. Harry ne put s'empêcher de penser que ce n'était pas un hasard, et que quelqu'un cherchait à évincer Drago. Le jeune homme avait déjà engagé la conversation avec sa voisine.
« Je me demande ce qu'ils ont préparé d'autre, remarqua Harry.
- Connaissant Claire, il devrait y avoir encore beaucoup de surprises. Le show n'était pas mal, mais c'est presque trop classique pour elle, répondit une femme prénommée Violet en face de lui. Je me demande quand même pourquoi elle l'a dédicacé aux Weasley. » Elle jeta un regard interrogateur à Ginny qui manqua de s'étouffer.
- Certains membres de la famille ont tendance à se prendre pour des sorciers, répondit Sylvie en retenant un éclat de rire. C'est une vielle blague entre eux.
- Complètement stupide, d'ailleurs, ajouta Harry en tapant légèrement dans le dos de Ginny. Et qu'y a-t-il à craindre de Claire ?
- Oh, répondit la femme âgée, si elle ne fait pas exploser la salle, je suppose que nous pourrons nous estimer heureux. Elle a une passion pour les pétards et autres feux d'artifices. Et il paraît que son Georges est pareil. Vous le connaissez bien, non ?
- Avec Fred, ils se sont toujours arrangés pour se rendre insupportables, toussa Ginny.
- Lors de leur dernière année d'école, renchérit Harry, ils ont réussi à faire exploser les toilettes pour pouvoir ramener un siège en cadeau.
- Heureusement que Claire n'avait pas de jumelle. Le problème, c'est que Richie, elle fit un signe de tête en direction du voisin de Ginny, est toujours prêt à la seconder.
- Moi ? s'insurgea le jeune homme. Je n'ai jamais rien fait ! Toutes les toilettes de mon ancienne école étaient intactes quand j'en suis parti.
- Mais pas la maison de tes parents, rétorqua l'une de ses cousines. Rappelle-moi, combien de vitres avez-vous cassées le jour des treize ans de Claire ?
- C'était une expérience scientifique. On n'avait juste pas pensé qu'il fallait suivre le mode d'emploi pour utiliser la boite de chimie qu'ils lui avaient offerte. »
La conversation continua pendant quelques temps, puis, vers onze heures, l'orchestre se mit à jouer.
« Venez danser ! » cria Claire. Plusieurs couples commencèrent à se lever. Harry se dit que c'était étrange que les mariés n'ouvrent pas le bal, mais n'approfondit pas la question. Il s'inclina devant Sylvie.
« Madame Potter, m'accorderez-vous cette danse ? demanda-t-il.
- Hum. » Elle fit mine de l'étudier attentivement. « Je crois que oui. Malgré l'horrible balafre et les cheveux décoiffés, vous pouvez prendre mon bras . » Il lui donna un coup de coude, et ils se dirigèrent vers la piste. Ils y avait déjà quelques personnes qui dansaient. Mais malgré l'excellence de la musique, il semblait qu'aucune des personnes présentes n'ait de talent pour la danse : tous ceux qui s'y étaient risqués exécutaient des mouvements bizarres en se tenant à leurs partenaires. Aucun ne parvenait à suivre le rythme rapide imposé par les musiciens.
« On dirait que quelque chose ne va pas, remarqua Sylvie en riant. Nous devrions peut-être attendre un peu avant d'y aller.
- Je suis d'accord. Déjà qu'en temps normal je suis un piètre danseur. »
Ils rirent en observant Ron et Hermione, l'air furieux, tenter de regagner le bord de la piste. Mais une femme tomba à terre et glissa jusque devant eux, et ils s'effondrèrent sur elle. Heureusement, personne ne semblait blessé.
Tout le monde quittait à présent la piste de danse, et retournait à sa table.
« Bien, fit un homme dans le micro. Puisque personne ne semble finalement très chaud pour danser, je propose que nous amenions le dessert. »
Pendant que des serveurs amenaient une immense pièce montée sur une table roulante, d'autres arrivaient avec des serpillières, et commençaient à nettoyer la piste de danse
« Ils ont dû la savonner pendant qu'on mangeait, s'exclama Harry en comprenant ce qui s'était passé. Les rats !
- Au moins personne ne peut prétendre que nous n'étions pas prévenus. »
George, à sa table, s'était levé.
« Avant que nous n'entamions cette splendide montagne de crème et de sucre, j'aimerais dire quelques mots. Il y a ici beaucoup d'amis ou de parents de Claire, qui ne me connaissent pas. On dit beaucoup de choses sur moi. Ma mère, il fit un signe en direction de Molly, a longtemps prétendu que j'étais un bon à rien. Je ne compte plus les fois où mes frères ou ma s?ur m'ont jeté leurs paires de chaussettes à la figure d'exaspération. Une fois, quelqu'un a même osé prétendre que je ressemblais à Fred, mais là je crois qu'il exagérait. »
Son jumeau se leva d'un air indigné. « Eh ! là c'est moi qui ai été insulté !
- Tu veux bien me laisser finir ? » Mais il dut attendre pour continuer que les rires arrêtent de résonner dans la grande salle. « Bien, reprit-il, ce que je voulais vous dire c'est que malgré tout cela, et pour une fois je suis sérieux, je promets de prendre grand soin de ma femme. De ne pas la casser, de la faire réviser régulièrement, de l'emmener au nettoyage, et de ne pas la prêter à mon frère. »
Il se rassit sous les applaudissements, et Claire se leva à son tour. « Merci, dit-elle. D'abord je voudrais rassurer Angelina, je n'ai aucune intention de me laisser prêter à Georges. Je ne vais pas faire de discours, juste rappeler que c'est Halloween ce soir, et que minuit approche. »
Les serveurs allumèrent des petites mèches et des étincelles se mirent à crépiter tout autour du gâteau. Puis l'orchestre se mit à jouer une musique macabre, la porte du restaurant s'ouvrit, et des « zombies » firent leur apparition. Ils commencèrent à circuler entre les tables, murmurant des choses que Harry ne pouvait pas entendre aux oreilles des convives, en particulier des femmes. L'un d'eux arrivait à proximité de Harry quand celui-ci ressentit soudain une intense douleur au niveau de sa cicatrice. « Non, pensa-t-il, pas maintenant. »
« Ça va, monsieur ? » demanda l'homme d'une voix qui n'avait plus rien de macabre.
Harry ne répondit pas. La douleur augmentait encore d'intensité. Ne pas hurler. Il essaya d'ouvrir les yeux, mais sentit qu'il n'en avait pas las force. Il tombait dans un trou noir.
Harry ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une grande pièce, la même que la dernière fois. Des Mangemorts vêtus de capes noires et le visage caché par des cagoules, se tenaient en cercle autour de deux chaises. Sur l'une d'elle se tenait la femme voilée qu'il avait déjà vue. Sur l'autre retenu par des cordes, le visage las et les yeux mornes, était assis le ministre de la magie. La femme releva la tête.
« Mes cher fidèles, annonça-t-elle, de sa voix froide, je tiens à vous féliciter pour votre action de ce matin. Ce soir, mes amis, une fois de plus, Lord Voldemort va revenir. Je n'aurai plus à emprunter cette voix de femme, ce corps que je cache pour ne pas le reconnaître comme le mien. Mais en attendant, je vous propose une petit séance divertissante, et instructive je l'espère, avec notre invité.
- Je ne vous dirai rien. » Le ministre parlait d'une voix déterminée. « Vous êtes mort, Lord Voldemort.
- J'ai déjà refait surface une fois, et j'ai bien l'intention de recommencer. Même la mort ne peut pas arrêter le seigneur des Ténèbres. Et sachez que je n'ai pas besoin de vous faire parler. Il y a certains avantages à être mort, comme vous dites. »
Une épaisse fumée blanche sortit de la tête de la femme qui cria et s'affaissa, et se dirigea vers le ministre. Les yeux de Pierson s'agrandirent d'horreur, alors qu'il essayait vainement de se débattre pour échapper à la fumée, mais le nuage s'insinuait par ses narines, et il hurla de douleur, tout son corps agité de sursauts, malgré les cordes qui le retenaient. Harry avait l'impression que sa tête allait s'ouvrir en deux tant sa cicatrice était douloureuse. Il savait qu'il criait lui aussi, ses poumons et sa gorge lui en donnaient l'impression, mais il ne s'entendait pas.
Pendant de longues minutes, le ministre se débattit contre ce qui s'était insinué en lui, puis il se mit à tousser violemment, et expulsa le nuage de fumée blanche, qui réintégra le corps de la femme. Celle-ci releva la tête.
« Très intéressant, vraiment, dit-elle avec un petit rire cruel. Alors comme ça votre père était un loup-garou ? Je me demande si vous auriez obtenu ce poste si ça s'était su, Mr le ministre. Non que ça ait une quelconque importance, aujourd'hui. » La femme se leva et s'avança cers les Mangemorts, avant de reprendre d'un ton solennel. « Messieurs, j'ai été heureux d'apprendre qu'il n'y a pas de traître parmi vous. Notre ministre détenait également une autre information intéressante : il paraît que Potter a des douleurs à sa cicatrice quand je m'incarne dans ce corps, et parfois même des visions. Potter, si tu m'entends ce soir, ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas oublié, loin de là. Nous nous reverrons très bientôt, lorsque je serai de nouveau vivant. Mais je ne crois pas qu'il soit très bon que tu voies ce qui va se passer ce soir. »
Harry tressaillit en entendant prononcer son nom. C'était tellement étrange. Il était là, mais personne ne pouvait le voir ni l'entendre. Et pourtant Voldemort savait qu'il était là. Il parla à ses mangemorts, puis l'un d'eux leva sa baguette.
« Au revoir, Potter, dit Voldemort. J'espère cependant que ceci ne t'empêchera pas de ressentir la douleur. Si ce que pense le ministre est exact, tu devrais passer une nuit intéressante. » Le mangemort prononça une formule, et Harry se sentit soudain tiré en dehors de la pièce. Il se prépara à se réveiller. Mais en ouvrant les yeux, il ne vit que l'obscurité. Il n'entendait rien non plus. Et il sentait toujours la brûlure sur son front.
Il tenta de se lever. Mais il ne sentit pas le sol en dessous de lui. C'était comme s'il flottait au milieu de nulle part. La douleur de sa cicatrice, augmenta encore, devenant insupportable. Harry se mit à crier, ses hurlements résonnant dans le silence absolu qui l'entourait. Jamais il n'avait eu aussi mal. Il n'arrivait plus à respirer. Il fallait qu'il sorte de cet univers, il fallait qu'il se réveille. Puis, alors qu'il pensait ne pas pouvoir en supporter plus, la douleur s'atténua. Il avala de grandes bouffées d'air, et entrouvrit les yeux. Mais de nouveau, ses yeux ne rencontrèrent que l'obscurité. Combien de temps allait-il rester là ? Voldemort n'avait pas semblé le menacer de le piéger à tout jamais. Comment sortait-on d'ici ? Il tenta d'appeler à l'aide, mais il avait tellement crié que sa voix était enrouée, et faible. Non que ça ait une quelconque importance, il était évident que personne ne pouvait l'entendre.
Puis, sans prévenir, la douleur dans sa cicatrice augmenta de nouveau, redevenant insupportable. Harry sentit qu'il se mettait à trembler, de nouveau, l'air n'arrivait plus à ses poumons. Puis, l'obscurité qui l'entourait s'empara de lui, et il sentit qu'il tombait.
On versait un liquide brûlant dans sa bouche. C'était désagréable. Il tenta de le recracher, de fermer la bouche mais des mains maintenaient un récipient contre son visage.
« Harry, dit une voix, à la fois douce et ferme. Il faut que tu boives ça. » La pression contre ses lèvres se fit plus forte, et Harry avala une gorgée du liquide. C'est bien, dit la voix en en reposant sa tête sur quelque chose de doux. Tu dois te réveiller, maintenant. Il faut que tu ouvres les yeux. »
Harry voulait obéir, mais l'effort était trop important. Il avait trop mal à la tête. Que lui était-il arrivé ? Il était allé au mariage de Georges. Il ne se rappelait pas la fin de la soirée. Avait-il trop bu ? Etait-il sous l'emprise d'une monumentale gueule de bois ?
Une autre voix parlait à la première.
« Je continue de croire que ce n'est pas une bonne idée de le réveiller maintenant, Mr le directeur. Il a besoin de repos, la crise a bien failli le tuer. Il étouffait il y a encore quelques minutes.
- S'il ne se réveille pas rapidement, il ne se rappellera jamais de ce qu'il a vu. J'espère seulement qu'il n'est pas déjà trop tard. Sinon il aura enduré tout cela pour rien. »
Une main qui se pose sur son épaule, doucement, puis plus pressante. Ses idées s'éclaircissaient. Il se souvenait avoir eu une vision, au sujet de Voldemort. Il avait quelque chose d'important, qu'il devait leur dire, mais quoi ? Il tenta une nouvelle fois de soulever ses paupières de plomb, et y parvint au prix d'un énorme effort.
« Harry ? » Le directeur de Poudlard était penché sur lui.
- Professeur. murmura-t-il.
- Harry, j'ai besoin de savoir ce qui s'est passé cette nuit. » Harry fit un effort pour se rappeler. des bribes lui revenaient. La femme voilée, le ministre, la fumée. Il ferma les yeux. Dumbledore le secoua énergiquement, et il grogna quand sa migraine se fit plus pressante.
« Ne te rendors pas, Harry, dit Dumbledore.
- Non. » Tous les événements de son rêve se remettaient en place, maintenant.
« Il sait, dit-il d'une voix faible.
- Voldemort ? Harry, je dois savoir tout ce qui s'est passé, après tu pourras te reposer. Tu oublieras si tu te rendors avant d'en avoir parlé. Et j'ai besoin de savoir maintenant. »
Harry tenta de s'asseoir, mais il y renonça, il pesait bien trop lourd pour ça. Il commença à raconter tout ce qu'il avait vu. Quand il en arriva au moment où Voldemort s'était adressé à lui, Dumbledore leva les sourcils d'un air contrarié, et réagit pour la première fois.
« C'est particulièrement ennuyeux, dit-il. Il va se méfier, dorénavant. Mais continue, » ajouta-t-il. Son expression s'assombrit encore plus alors que Harry expliquait comment il avait été éjecté hors de la vision, mais incapable de se réveiller vraiment.
« Pierson est probablement mort », conclut Harry d'une voix si basse qu'il ne savait pas si Dumbledore l'avait entendu. Le vieux sorcier se leva. Harry crut l'entendre dire quelque chose avant de partir, mais il ne fit pas l'effort de comprendre. L'effort qu'il venait de fournir le laissait épuisé, et il sombra à nouveau dans l'inconscience.
Il y avait maintenant près d'une demi-heure que Dumbledore les avait fait sortir de l'infirmerie, et Sylvie était plus inquiète que jamais. La nuit avait été horrible. Lorsque Harry s'était effondré en hurlant, les autres fois, c'était déjà suffisamment effrayant. Mais cette fois ci, il n'avait pas repris conscience au bout de quelques minutes. Les frères Weasley avaient du s'y mettre tous les six pour l'immobiliser et le sortir du restaurant, avant de le ramener à Poudlard. Les invités du mariage avaient essayé de les aider. Elle ne savait pas ce qu'ils avaient dû leur dire pour ne pas que la moitié de la salle ne les suive dehors. Ils étaient à peine sortis du restaurant que les hurlements de Harry avaient encore amplifiés. Sa cicatrice s'était mise à saigner. Cela avait duré des heures. L'infirmière de l'école n'avait rien pu faire. Deux fois, la douleur avait été tellement intense qu'il avait cessé de respirer. Elle avait eu tellement peur de le perdre ! Puis, il avait cessé de se débattre. Il était retombé sur son lit, blanc comme un linge, et elle avait hurlé, pensant qu'il était mort. Mais sa poitrine se soulevait faiblement. La crise était passée.
Dumbledore avait alors demandé à Mme Pomfresh la potion d'éveil la plus puissante qu'elle possédait, et avait demandé à tout le monde de sortir pendant qu'il parlait à Harry. Ils attendaient maintenant dans le couloir. Sylvie était assise sur une chaise, à côté de Ron et Hermione. La fatigue et l'inquiétude se lisaient sur leurs visages.
« Ne t'inquiète pas, dit Hermione en passant un bras autour des épaules de Sylvie. Harry va bien, maintenant. Et Dumbledore ne ferait pas ce qu'il fait s'il pensait qu'il y avait le moindre danger.
- Mme Pomfresh n'était pas d'accord. Et il avait l'air si faible.
- Mme Pomfresh est légèrement surprotectrice vis-à-vis de ses patients. » Ron se força à sourire. Et Harry est résistant. Le plus dur est passé, il ira bien maintenant. Je suppose que c'est important que nous sachions ce qui se passe. »
Sylvie acquiesça, mais elle savait que les Weasley, eux aussi, étaient inquiets pour leur ami. Et pour ce qu'il avait vu. Un peu en retrait, adossée à un mur, le professeur McGonagall fixait la porte d'un air absent, tandis que Rogue faisait les cent pas en étreignant son bras de temps à autre. La marque était réapparue dans la nuit, et bien que Sylvie n'ait pas bien compris le rôle du professeur aux cheveux gras, ni ce qu'était exactement l'étrange tatouage sur son bras, elle savait que c'était mauvais signe.
Enfin, la porte s'ouvrit. Dumbledore jeta un dernier regard dans la chambre, puis il referma doucement derrière lui. Sylvie fut aussitôt sur ses pieds, et remarqua que Ron et Hermione s'étaient levés, eux aussi.
« Comment va-t-il ? demanda-t-elle. Je peux le voir ?
- Tout à l'heure, répondit le vieux sorcier. Il est extrêmement faible, et l'effet de la Potion s'est rapidement dissipé. Il dort, et Mme Pomfresh est avec lui pour l'instant, mais je suis sûr qu'elle vous laissera entrer dans quelques minutes. Ne vous inquiétez pas, il a seulement besoin de repos.
- Qu'a-t-il dit ? » demanda Rogue.
Le vieux sorcier soupira. « La situation est pire que nous ne l'imaginions. Nous pouvons tenir pour acquis que Voldemort a trouvé le moyen de renaître cette nuit. Ce qu'il a dit à Harry confirme ce que montre votre marque, Severus. Et il est au courant de tout ce que nous avons planifié ces derniers mois. Il a sondé l'esprit de Pierson. Le ministre avait mon entière confiance, il était au courant de tout ce que nous avions prévu pour protéger les moldus, et pour tenter de l'arrêter. Ainsi que des visions de Harry. Voldemort a immédiatement trouvé le moyen de l'empêcher de voir quoi que ce soit.
- Ce qui signifie ?
- Que nous allons devoir construire une stratégie totalement nouvelle, et rapidement. Il a toutes les cartes en main, et nous devons trouver un moyen de le surprendre. Tous ceux qui ont été impliqués dans la lutte contre Voldemort, à un moment ou a un autre, doivent se réunir immédiatement. Ron, contactez Mondugus Flechter de ma part, et expliquez lui ce qui s'est passé, qu'il rappelle tous les Aurors actuellement en mission. Ainsi que tous les anciens qu'il peut joindre. Minerva, Severus, Hermione, soyez plus vigilants que jamais. Pierson connaissait la plupart des sorts qui protègent le château, ce qui signifie que maintenant Voldemort est également au courant. Par contre, il croit que c'est moi qui les ai lancés, ce qui devrait le ralentir s'il essaie de les désactiver. Je ne pense pas qu'il lance une attaque massive contre Poudlard, pas dans les prochains mois, en tout cas, mais mieux vaut être prudents.
- Et pour le ministre ?
- Harry pense qu'il est mort, mais il a été projeté hors de la vision avant d'en avoir confirmation. De toutes façons, les recherches doivent continuer. Même s'il est mort, nous avons besoin de trouver un corps le plus vite possible, pour pouvoir nommer quelqu'un d'autre.
- Albus, demanda McGonagall, que pensez-vous qu'il faille dire aux élèves ?
- La vérité, bien sûr. Expliquez leur pourquoi des mesures de précaution sont nécessaires. Ils ont le droit de savoir. Laissez simplement de côté ce qui est lié à Harry et à sa cicatrice. Je suis sur que vous vous en tirerez très bien. Je retourne à Londres, maintenant. Essayez de prendre un peu de repos, vous tous. Les prochains jours risquent d'être difficiles. »
Il s'en fut, laissant les autres un peu abasourdis. Où un homme de cet âge puisait-il une telle énergie, aucun n'en avait la moindre idée. Ron fut le premier à réagir.
« Je suppose que je ferais bien d'y aller aussi, dit-il. Mondugus n'aime pas être réveillé avant l'aube, ça ne va pas être facile. Et je suppose que nous aurons une réunion à la première heure, j'aimerais dormir un peu. Tu viens Hermione ?
- Je suppose que c'est le mieux que nous puissions faire. Sylvie ?
- J'aurais aimé voir Harry. Dumbledore a dit que c'était possible, pour quelques minutes. Je monterai plus tard.
- D'accord. Tu ne veux pas que nous t'attendions ?
- Non, merci. Ca ira. La journée a été longue, et celle de demain risque de l'être aussi. Bonne nuit.
- Bonne nuit à toi aussi. Essaie de ne pas trop t'inquiéter. Ca va aller. »
Sylvie acquiesça, et ils se séparèrent. Mais lorsqu'après quelques trop courts instants l'infirmière la chassa, et qu'elle regagna son appartement solitaire, elle eut bien du mal à trouver le sommeil.
Harry flottait dans une brume épaisse. Il se sentait confortablement installé dans un cocon douillet. Aussi, quand des bruits de voix arrivèrent jusqu'à lui, il fut tenté de les ignorer, de retomber dans l'inconscience. Mais quelque chose en lui refusait de se laisser entraîner, quelque chose en lui poussait pour qu'il se réveille. Les voix devenaient plus distinctes, il percevait confusément une conversation, sans faire l'effort de la comprendre. Mais soudain une phrase pénétra son esprit, et ce fut comme une douche froide intérieure, qui le tira brusquement de sa léthargie.
« Ça va aller. Je lui ai donné une potion de Sommeil pour cette nuit, mais elle devrait se sentir tout à fait bien demain. Physiquement au moins.» Cela ressemblait à Mme Pomfresh. « Heureusement, vous l'avez trouvée à temps, professeur. Quelques minutes de plus et je n'aurais rien pu faire. »
« Oh non ! pensa Harry. Pourvu qu'il n'y ait pas eu une attaque à l'intérieur de l'école ! » Ses yeux s'ouvrirent lentement. Il faisait nuit. Il avait dû dormir toute la journée. Trois silhouettes étaient penchées sur un lit proche.
« Comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? Elle est si jeune !
- Dire qu'elle est perturbée est un euphémisme, Minerva. Il m'a fallu moins d'une semaine pour m'en rendre compte Et je crains que nous ne pouvions pas la garder à Poudlard plus longtemps. Nous n'avons pas le temps de nous occuper de ce genre d'enfant. Et surtout pas en ce moment.
- Nous ne pouvons pas la renvoyer, Severus ! » McGonagall semblait horrifiée par cette perspective.
- Les moldus ont des structures parfaitement adaptées pour prendre soin d'elle. Je ne suggère pas de casser sa baguette ou quoi que ce soit. Simplement de la renvoyer à ses parents en attendant qu'elle aille mieux. Mettons jusqu'à ce qu'elle ait l'âge normal.
- Si vous connaissiez mieux les élèves de votre propre maison, vous sauriez que des parents, elle n'en a pas. Et je ne suis pas sûre que la renvoyer dans ce foyer soit réellement une bonne idée.
- Quoi qu'il en soit, nous avons d'autres problèmes en ce moment, ne croyez-vous pas ?
- Pourriez-vous baisser d'un ton s'il vous plaît ? demanda Mme Pomfresh. Je vous rappelle que nous sommes dans une infirmerie.
- Désolée, répondit McGonagall. Mais je suis sûre que Dumbledore ne mettrait pas une élève dehors alors qu'elle a besoin d'aide. Nous avons juste besoin de trouver ce qui ne va pas.
- Dumbledore a toujours été bien trop tolérant. Je dois vous laisser, j'ai du travail à faire. »
Harry releva la tête, ignorant la douleur qui était encore vive, et tendit la main pour prendre ses lunettes sur la table de nuit. Malheureusement il calcula mal son geste, et les verres atterrirent sur le sol.
« Harry ! » Pomfresh et McGonagall accoururent, en voyant qu'il était réveillé.
« Comment te sens-tu ? demanda l'infirmière alors que la directrice adjointe se penchait pour ramasser les lunettes et les tendait au jeune homme.
- Mieux, répondit-il. Merci , » ajouta-t-il en direction de McGonagall.
Mme Pomfresh lui jeta un regard appréciateur, et parut sur le point de dire quelque chose, mais Harry ne lui en laissa pas le temps.
« Que s'est-il passé ? demanda-t-il en lançant un coup d'?il en direction du lit autour duquel elles étaient précédemment
- Une élève a tenté de se suicider, répondit le professeur de Métamorphose, d'un ton sombre. Méline Smith. Elle s'est ouvert les veines pendant le dîner. Heureusement une de ses camarades de chambre est remontée chercher un pull, et nous avons été prévenus à temps. Elle va bien.»
Harry hocha la tête. Ce n'était pas vraiment une nouvelle, il avait compris en entendant la conversation quelques minutes plus tôt. Comment avaient-ils pu laisser les choses en arriver là ?
« C'était évident qu'elle allait mal, dit-il simplement.
- Je sais, soupira le professeur de Métamorphose. Et je voulais parler à Severus, à son sujet. Après tout, c'est lui son directeur de maison. Malheureusement elle ne m'en a pas laissé le temps. Et je ne crois pas que notre maître des Potions soit la personne la plus indiquée avec ce genre d'enfant.
- Nous sommes tous responsables. Mais ce qui m'intrigue, c'est pourquoi le Choixpeau Magique l'a envoyée à Serpentard. C'était probablement le pire endroit où elle pouvait atterrir. J'ai pu voir une ou deux fois que ses camarades étaient loin d'être tendres avec elle.
- Il avait sûrement ses raisons, intervint Mme Pomfresh. Mais ne t'inquiète pas de ça pour l'instant, Harry. Tu as besoin de repos. Tu nous as fait extrêmement peur cette nuit. Minerva, je suppose que vous avez bien d'autres tâches qui vous attendent.
- Plus que nécessaire, malheureusement. Potter, dépêchez-vous de guérir nous avons besoin de tous les sorciers disponibles à Poudlard. » Elle se dirigea vers la porte, mais Harry l'arrêta.
« Attendez ! Professeur ! Que s'est il passé aujourd'hui ? Je veux dire, est-ce que les mangemorts se sont manifestés ? Est-ce que les Aurors ont trouvé quelque chose ?
- Plus tard, Potter. Mme Pomfresh a raison, vous avez besoin de repos. » A la manière dont elle évitait son regard, il comprit que quelque chose n'allait pas, sur ce plan là non plus.
« Je dois savoir ce qui se passe ! protesta-t-il, en essayant de s'asseoir, mais Mme Pomfresh l'en empêcha. Quelles que soient les nouvelles, je suis capable de les entendre.
- Très bien. Si vous y tenez. Mais préparez-vous à avoir un choc. Une personne est morte cette nuit. »
- Ils ont tué le ministre, n'est-ce pas ?
- Nous ignorons si Pierson est encore en vie. Par contre, le corps de Lavande Finnigan a été retrouvé ce matin, sur les marches du ministère.
- Lavande ? » Harry cria presque. Mme Pomfresh lui jeta un regard désapprobateur, ainsi qu'à McGonagall. Mais il le remarqua à peine. Lavande. Pourquoi s'en prendre à elle ? Elle ne s'était jamais préoccupée de ces histoires, et dans l'état de dépression dans lequel elle était tombée, pour qui représentait-elle une menace ? A moins qu'elle n'ait su quelque chose tout ce temps. Lorsqu'elle avait prétendu avoir prédit sa propre mort, était-ce parce qu'on l'avait menacée ? Mais, dans ce cas, pourquoi n'en avait-elle parlé à personne ? Elle était mariée à un Auror, après tout, il aurait pu la protéger.
« Comment va Seamus ? demanda-t-il.
- Les Weasley sont avec lui, de même que sa famille, et son ami Dean Thomas. Mais ce doit être terriblement difficile pour lui. »
Harry reposa sa tête sur l'oreiller. Il n'avait jamais été particulièrement ami avec Lavande, mais ils s'étaient vus quotidiennement pendant sept ans. Et si elle l'énervait souvent avec ses gloussements et ses airs à la Trelawney, elle était toujours prête à rendre service, à aider ceux qui en avaient besoin. Et Seamus devait être dévasté.
« Ça va, Harry ? demanda McGonagall.
- Oui. C'est juste. tellement irréel. Lavande est probablement la dernière personne que j'aurais imaginée. Pourquoi elle ?
- C'est ce que nous aimerions tous savoir, Potter. Maintenant bonne nuit.
Elle s'en fut d'un pas vif. Harry sentit qu'on ne lui avait pas encore tout dit, mais n'insista pas. Il avait de quoi se tenir l'esprit occupé pendant un bon moment. La porte était à peine refermée que Mme Pomfresh se mit à l'examiner.
« Mme Pomfresh, demanda-t-il soudain, avez-vous vu Sylvie ?
- Elle a passé la plus grande partie de la journée à ton chevet. Les Weasley sont passés il y a une heure, et l'ont emmenée.
- Elle allait bien ?
- Tu n'as pas changé, n'est-ce pas ? » Mme Pomfresh avait son habituel ton réprobateur, mais elle souriait d'un air amusé, ce que Harry n'avait pas souvent eu l'occasion de voir. « Je te rappelle que c'est toi qui est censé être malade. Et nous avons frôlé la catastrophe la nuit dernière. » Elle se rembrunit immédiatement à cette pensée. « Par deux fois, tu as cessé de respiré et il n'y avait rien que nous pouvions faire. Je n'ose même pas imaginé ce qui se serait produit si la crise n'avait pas cessé après la deuxième fois. Sylvie a failli mourir de peur, mais sinon je pense qu'elle va bien, surtout depuis qu'elle sait que tu es hors de danger.
- Je ne pensais pas que ça avait été jusque là, » murmura Harry. Il n'imaginait pas non plus que sa vision avait duré aussi longtemps. « Je suppose que je ne dois pas m'étonner d'avoir une migraine épouvantable.
- Non. Mais si tu m'en avais parlé plus tôt j'aurais probablement pu la soulager. » Elle sortit quelques instants et revint avec quelques fioles et un gobelet.
« Je suppose que tu n'as pas d'autres désagréments de ce genre dont tu aimerais me faire part ?
- Non, répondit Harry. Mais ça ne fait pas beaucoup de Potions pour un simple mal de tête ?
- Celle-ci, fit l'infirmière en versant un liquide incolore dans le verre, et contre le mal de tête. » Elle l'autorisa à s'asseoir dans le lit le temps d'avaler la potion. L'effet fut immédiat, Harry éprouva une délicieuse sensation de soulagement alors que la douleur refluait, le laissant seulement avec une légère lourdeur. En même temps, il lui semblait que la douleur avait été comme un aiguillon qui le maintenait éveillé. Il rendit le gobelet à l'infirmière.
« Je suppose que ça a été efficace ?
- Oui, répondit Harry. » Il se recoucha avec soulagement, et se rendormit.
Merci aux lecteurs et reviewers. J'avais dit que je répondrai, mais encore une fois je n'ai pas vraiment le temps, alors ça va être très rapide et synthétique. Si vous vous posez des questions, c'est bien, continuez, niark, niark. ( je ne crois pas qu'il y ait de gros mystères insolubles, je sème beaucoup trop d'indices donc je ne dirai rien de plus). Vous ne tarderez pas à connaître le sort du ministre ( même s'il y a déjà quelques indications dans ce chapitre). Harry à la chasse au dragon (idée d'Angharrad), ça n'est vraiment pas prévu pour cette fic ( qui risque de ne pas beaucoup se déplacer géographiquement). Sinon, je ne peux que répéter une fois de plus que vous êtes tous beaucoup trop gentils.
Merci à Miss Tambora pour la relecture.
Chapitre 7
Les gens commençaient à sortir de l'église. Harry inspira profondément. L'effet sur tous les sorciers allait être désastreux. Jamais Voldemort ne s'en était pris au plus haut représentant de l'état, peut-être parce qu'il n'avait jamais considéré Fudge comme une menace. Les Weasley commençaient à se regrouper autour d'eux. Ils furent rapidement au courant. Même Georges avait compris que quelque chose n'allait pas, et avait rejoint sa famille. Personne ne parlait. Tous savaient que la situation était extrêmement grave. Si le ministre n'était pas retrouvé rapidement, ou si le pire arrivait, ils devraient se préparer à affronter des ennemis qui avaient montré leur puissance, et ce en période de crise gouvernementale. Ils sursautèrent quand un groupe de moldus entra joyeusement.
« C'est là que vous êtes tous cachés ! s'écria une jeune femme. Venez, on va faire les photos.
- On arrive, Moira, dit Georges. Donne-nous quelques minutes, on a un problème. » Le groupe leur jeta un regard curieux, mais la dénommée Moira les entraîna à l'extérieur. Georges se secoua.
« Il faut qu'on y aille, dit-il.
- Nous devons faire comme si de rien n'était, dit Hermione d'une voix sombre. Les moldus ne doivent se rendre compte de rien. » Elle essaya de se forcer à sourire, mais ne réussit à faire qu'une grimace peu convaincante, puis tendit la main à Ron pour l'aider à se lever.
Harry serra James contre lui et passa son bras autour des épaules de Sylvie. Il la sentait trembler. Autour de lui, il vit les Weasley se serrer eux aussi, comme pour puiser les uns dans les autres la force de paraître gais. Ils descendirent les marches de l'église, et furent accueillis par des cris de joie, la plupart des moldus étant là à les attendre. Puisqu'ils ne faisaient pas officiellement partie de la famille, Harry et Sylvie n'étaient pas obligés de prendre part à la séance de photos. Ils s'empressèrent d'aller se fondre dans la foule.
Le photographe qui avait été embauché pour le mariage était relativement âgé, mais Harry était sûr que jamais de sa vie il n'avait eu autant de problèmes. D'abord, il avait fallu attendre le marié et sa famille. Ensuite, le marié et son témoin étaient jumeaux, ce qui avait semblé beaucoup le perturber. Il avait également fait changer tout le monde place un nombre incalculable de fois, sans doute pour essayer d'obtenir une répartition à peu près harmonieuse des différentes chevelures rouges. S'il n'y avait eu que ça, il y serait sans doute arrivé, après tout c'était son métier. Mais le pire était qu'il avait beau crier à tout le monde de sourire, il y avait toujours une majorité de gens qui n'avait pas l'air heureux. Harry aurait probablement trouvé ça drôle s'il n'avait pas été lui- même aussi inquiet. Molly n'arrivait pas à retenir ses larmes, et elle avait beau essayer de prétendre que c'était l'émotion, ce n'était pas très convaincant. Les autres se tenaient droits comme à un enterrement, grimaçant des sourires qui n'en étaient pas. Même le marié, au premier plan, un bras passé autour de l'épaule de sa femme, manquait complètement d'entrain.
Des murmures commencèrent à se faire entendre autour d'eux :
« Claire m'avait dit que son Georges était un marrant, et sa famille aussi, franchement on ne dirait pas.
- Je me demande d'où sortent ces gens.
- Je les ai vus une fois, intervint une troisième voix. Les deux jumeaux. Et c'est vrai qu'ils étaient marrants. Peut-être simplement qu'ils n'aiment pas les photos. »
La séance continua comme ça pendant un certain temps, puis, brusquement, quelque chose sembla se débloquer. De vrais sourires apparurent sur toutes les lèvres. Harry regarda d'un air incrédule alors que Molly Weasley séchait brusquement ses larmes et se mettait à rire à une plaisanterie de Fred. Dans le public, il y eut simplement quelques remarques étonnées. Les photos furent rapidement prises, et la foule commença à se disperser. La réception n'était prévue qu'à huit heures du soir, et il n'était que quatre heures et demi. Harry rejoignit les Weasley, et fut surpris de les trouver joyeux. Il aurait aimé profiter de ce temps pour avoir avec eux une conversation sérieuse.
« Qu'est-ce qui leur arrive ? demanda Sylvie. Tu crois qu'ils ont appris quelque chose que nous ignorons ? On a peut-être retrouvé le ministre ?
- Je ne vois pas comment ils auraient appris quoi que ce soit, répondit Harry, alors qu'ils étaient en train de poser pour cette fichue photo. » Après des dernières félicitations, même la famille de Claire s'éloigna, laissant la jeune femme avec les Weasley. Ron leva sa baguette.
« Finite Incantatem », murmura-t-il. Aussitôt, les sourires s'effacèrent, les visages redevinrent graves et les yeux perdirent leur étincelle.
« Ron ! s'écria Hermione. Comment as-tu osé lancer un sort au milieu de tant de moldus ? Et s'ils avaient remarqué quelque chose ?
- Ils étaient en train de remarquer que quelque chose n'allait pas, de toute façon. Et on avait besoin que tout ça se termine, n'est-ce pas ? Faire des photos à un moment pareil, c'était vraiment ridicule.
- De toutes façons, dit Harry, ils n'avaient aucun moyen de se douter de quoi que ce soit.
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda Sylvie à voix basse.
- Sortilège d'allégresse, répondit Harry sur le même ton.
- Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe ? demanda alors Claire. On résuma pour elle les événements de la matinée.
« C'est terrible, murmura-t-elle. Dois-je aller dire que le fête de ce soir est annulée ?
- Je crois que ce serait mieux répondit Georges. Ou en tout cas que nous ne viendrons pas. Je suis désolé, mais nous ne pourrons. » Il ne finit pas sa phrase, son frère l'interrompit d'une bourrade.
« Je ne suis pas d'accord. Nous n'allons pas rester là à nous morfondre pendant des heures ! C'est un coup dur mais ce n'est pas la fin du monde.
- Il a raison, approuva son père. De toute façon, je doute qu'il y ait grand chose que nous puissions faire, donc autant nous amuser. Nous n'en aurons pas tellement l'occasion dans les prochaines semaines. En attendant, je retourne au ministère. Voir ce qui se passe.
- Je t'accompagne, dit Ron. J'ai dit à ma section que je reviendrais.
- Moi aussi, fit Percy. Ils auront besoin de toutes les bonnes volontés.
- Toi tu ne vas nul part, s'interposa sa femme, tant que tu n'as pas vu un médecin. Tu tiens à peine debout ! » Pour une fois, il n'insista pas. Ron et son père transplanèrent.
Harry eut un moment envie de les accompagner pour se rendre utile, mais il savait que ce n'était pas son rôle. « Je rentre à Poudlard, dit-il. Ce doit être le chaos complet là-bas. Je crois que je ne reviendrai pas à la fête ce soir.
- Harry ! protesta Fred. Tu ne peux pas faire ça ! Ce sera une super fête ! Nous avons tout préparé depuis des semaines. Et je ne sais pas quand nous aurons l'occasion d'en refaire une.
- Je sais, mais ils ont besoin de moi là-bas.
- Pourquoi auraient-ils besoin de toi ? Poudlard n'a pas été attaqué ! Il ne s'y est rien passé ! Dis tout de suite que tu n'as pas envie de manquer le festin de Halloween, même pour le mariage de Georges.
- Non, ce n'est pas ça, répondit Harry. Je ne pense pas aller au festin de Halloween. Disons que je ne pense pas avoir le c?ur à ça.
- Harry, dit Georges qui semblait avoir récupéré et suivait son frère. Tu te rappelles ce que tu nous as dit dans le train, après la renaissance de Voldemort ? Ça fait des années, mais je ne l'ai pas oublié, quand nous montions la boutique alors que tous les autres se battaient contre Voldemort, je me disais que ce que nous faisions était utile. Ce que tu nous as dis ce soir là s'applique encore aujourd'hui. On a tous besoin de rire, et plus encore dans les moments difficiles. Et ce soir, nous allons rire. Et sans sortilège d'allégresse.
- Je sais, soupira Harry. Et je te jure que j'ai vraiment envie de venir, malgré ce qui s'est passé ce matin. » Il eut un petit rire. « On m'a tellement parlé du mariage de Fred que je ne voulais surtout pas manquer le tien. Mais c'est mieux que je ne vienne pas. Et j'ai de très bonnes raisons pour ça.
- Nous aimerions bien les entendre, dans ce cas, remarqua Fred.
- Non. Je suis désolé. Je vais rentrer maintenant.
- Attends ! » Sylvie avait saisi le bras de son mari. « Je crois que je sais pourquoi tu ne veux pas rester. Et ce n'est pas une bonne raison.
- Comment ça ? » Elle l'entraîna à l'écart.
- Tu as peur qu'il n'arrive la même chose que le jour de ton anniversaire, n'est-ce pas ?
- Oui. Ça gâcherait la soirée de tout le monde. Et je ne peux pas laisser cela arriver.
- Tu ne peux pas t'arrêter de vivre parce que tu as peur que ta cicatrice ne se mette à brûler.
- Je suis presque sûr que ça va arriver ce soir. Après leur grand succès de toute à l'heure, les Mangemorts vont chercher à contacter leur maître.
- Tu n'es même pas sûr que ce soit le fait de le contacter qui déclenche ces crises ! Et après tout, les dernières fois ce n'était pas si terrible ! Juste un petit flash de quelques secondes à peine.
- Je sais. Mais au cas où je préfère être à Poudlard. Et si jamais j'avais une vision, je dois contacter Dumbledore ou quelqu'un du ministère immédiatement. Ce qui sera difficile à faire au milieu d'un mariage moldu.
- Dans ce cas, je rentre avec toi.
- Tu n'as aucune raison de faire ça ! Ça fait des semaines que tu es coincée dans le château ! Pour une fois que tu as l'occasion de t'amuser un peu !
- Je ne veux pas te laisser seul alors que nous serons tous au mariage. De toutes façons, ce ne sera pas drôle sans toi.
- D'accord, céda Harry. Je viendrai ce soir. Mais d'ici là, je retourne à Poudlard. Je veux voir le professeur Dumbledore. Savoir ce qui se passe, et si je peux être utile. Je suppose que Hermione voudra venir aussi. »
Toute la famille Weasley fut enchantée d'apprendre que Harry avait finalement changé d'avis. Comme il s'y attendait, Hermione était également désireuse de savoir ce qui se passait à Poudlard, et les deux professeurs transplanèrent presque immédiatement.
Alors qu'ils regagnaient à pieds le château, la jeune femme interrogea son ami sur la conversation qu'il avait eue avec Sylvie.
« Je me doutais que c'était pour ça que tu ne voulais pas venir, dit- elle pensivement. Et ta femme a raison : ce n'est pas une raison suffisante.
- Je m'inquiète seulement de la réaction que pourraient avoir les gens, si je ne parvenais pas à m'empêcher de crier. Ou si j'avais une vision. En plus, si j'avais la chance de voir quelque chose d'utile, il faudrait que je contacte le ministère.
- Ron devrait pouvoir s'occuper de ça. En tant qu'Auror, sa baguette est équipée d'un dispositif spécial qui le met en relation télépathique avec un standard du ministère. Un peu comme une radio moldue, mais en pensée. C'est comme ça qu'ils l'appellent, d'ailleurs. Quand aux autres invités ils penseront sans doute que tu es malade. C'est la réaction qu'ont eue Sylvie et ses parents, non ?
- Oui. Mais j'aimerais autant éviter qu'ils aient la même réaction que les parents de Sylvie.
- Ils n'ont pas les mêmes liens avec toi, ne t'inquiète pas. Au pire nous seront là pour inventer quelque chose. L'avantage de la soirée de ce soir, c'est qu'il n'y a que des moldus, à part la famille. Ils n'ont donc aucune raison de soupçonner quelque chose d'anormal.
- Tu as raison, je suppose. »
Ils poussèrent enfin la lourde porte du château, et avaient à peine fait quelques pas que Nick-Quasi-Sans-Tête se précipitait vers eux.
« Il y a une réunion de tous les professeurs dans le bureau du directeur, annonça-t-il. Il y a une demi-heure que c'est commencé. »
Ils pressèrent encore le pas. « Heureusement que nous sommes rentrés, » dit Hermione.
La gargouille s'ouvrit quand Harry donna le mot de passe. Des bruits de voix se faisaient entendre en provenance du bureau. Ils frappèrent et entrèrent.
« Ah, remarqua Rogue d'une voix doucereuse. Il semble que notre cher professeur de Défense Contre les Forces du Mal ait enfin décidé de se joindre à nous. Il me semblait bien que nous en avions besoin dans les circonstances présentes.
- Allons, Severus ! le réprimanda Dumbledore. Vous savez très bien que Harry avait d'autres obligations ce matin. Gardez pour vous ce genre de remarques dénuées de tout fondement. » Il se tourna vers les nouveaux arrivants. « Content que vous ayez pu venir tous les deux, et je suis désolé que vos réjouissances aient été ainsi interrompues. Asseyez-vous.
- Que se passe-t-il exactement ? demanda Harry. En dehors du fait que des Mangemorts ont attaqué le ministère et enlevé le ministre ?
- C'est malheureusement à peu près tout ce dont nous sommes sûrs, répondit Dumbledore en fronçant les sourcils. Et c'est ça qui est étrange. Si la marque flottait ce matin, il n'y avait ni message de bravade, ni menace. Rien.
- Et au ministère, comment cela se passe-t-il ?
- C'est justement ce que j'étais en train d'expliquer à vos collègues. Des situations comme celles-ci exigent que l'on prenne certaines décisions. C'est pourquoi j'ai décidé de faire une chose que je m'étais promis de ne jamais faire de mon plein gré. Je vais quitter Poudlard.
- Vous ne pouvez pas faire ça ! protesta Hagrid, d'un ton qui laissait penser que ce n'était pas la première fois qu'il émettait une telle opinion.
- Aucune menace, ni aucune attaque n'a été portée contre l'école. Et Minerva est parfaitement capable d'assurer la sécurité de Poudlard. Avec l'aide de Harry et de tous les autres. A Londres, par contre, la crise est majeure. On m'a demandé de devenir ministre par intérim, jusqu'à ce que Pierson soit retrouvé, ou, s'il ne devait jamais revenir, jusqu'à ce qu'un nouveau ministre ait été désigné. Il est de mon devoir d'accepter. »
Les visages des personnes présentes étaient graves, mais tout le monde savait que, comme toujours, le directeur avait raison. Après les événements de la matinée, le ministère avait besoin d'un homme qui reprenne la situation en main. Et les sorciers avaient besoin d'être rassurés, ils avaient besoin de savoir, malgré la disparition du ministre, que leur monde n'allait pas sombrer dans le chaos. Ils avaient besoin d'Albus Dumbledore. Mais Poudlard allait paraître bien fragile sans sa protection.
« Il faut que je vous laisse, dit alors le vieux sorcier en se levant. J'ai un rendez-vous avec le premier ministre moldu dans peu de temps. Minerva, je vous laisse la direction de l'école. Poudlard doit continuer de fonctionner. Avec un peu de chance, ce n'est que pour quelques jours, et tout rentrera très vite dans l'ordre. En attendant, je suggère de supprimer les sorties à Pré-au-Lard, par mesure de précaution, mais il ne me semble pas nécessaire d'instaurer des mesures plus draconiennes pour l'instant. Tous, ici, vous avez déjà une certaine expérience de la lutte contre les forces du Mal. Et vous êtes plus que capable de maintenir la sécurité ici. Bonne chance.
- Merci, répondirent-ils. Bonne chance à vous. » Le directeur se leva, regarda les membres de son personnel, son regard se posant plus particulièrement sur Harry. Puis, il fit demi-tour et quitta le bureau.
« Bien, dit le professeur McGonagall. Je suppose qu'il n'y pas grand-chose à ajouter. Harry, pouvez-vous rester un moment ? » Le reste de l'équipe se dispersa, et Harry resta seul avec le professeur de métamorphose.
« J'ai un service à vous demander, expliqua la sorcière. Juste avant la réunion, le professeur Dumbledore m'a fait remarquer qu'il était plus que temps de revitaliser les défenses de l'école. D'habitude, c'était le directeur qui s'en occupait, une fois par an, mais puisqu'il n'est pas là, il serait bon que vous vous en chargiez. » Elle tira du bureau une liasse de parchemins. « La liste des sortilèges utilisés se trouve ici, je suppose que vous les connaissez déjà. »
Harry feuilleta rapidement les pages qu'il avait sous les yeux. Il y avait des boucliers anti-apparition, des sorts d'incartabilité et des détecteurs de magie noire. S'ils ne les avaient pas tous testés, il avait au moins lu sur le sujet, et se savait capable de les lancer.
« Ça ne devrait pas poser de problèmes, dit-il.
- C'est bien ce que je pensais, dit le professeur McGonagall. Je me sentirais bien plus en sécurité si vous pouviez le faire dès ce soir. Vous le savez probablement, la puissance de ces sorts dépend de la puissance du lanceur. Les vôtres devraient être au moins aussi puissants, sinon plus, que ceux d'Albus, et puisque ni lui ni vous ne serez là ce soir.
- Bien sûr, dit Harry. Je vais m'y mettre tout de suite. » Il était à la fois surpris et flatté de la confiance qui lui était faite. Il se savait puissant, bien sûr, après tout il était l'héritier de Gryffondor par son père. Mais il n'aurait jamais imaginé que la sécurité de Poudlard pouvait être mise entre ses mains. Mais après tout, c'était normal. Le professeur de Défense Contre les Forces du Mal n'était pas seulement chargé de donner des cours, c'était également son rôle de protéger l'école. Tout comme Rogue apportait les Potions nécessaires au bon fonctionnement, notamment de l'infirmerie, et Chourave les plantes. Il sortit du bureau, retrouva Hermione, qui l'attendait, et lui expliqua la situation.
« Je comprends, dit celle-ci. Pour ma part, je retourne au terrier. Il n'y a plus grand-chose que je puisse faire ici. Et tu as du travail devant toi.
- Je sais, dit Harry. Peux-tu leur dire que je vous rejoindrai directement à la soirée, et que je serai peut-être un peu en retard ?
- Bien sûr. C'est une lourde responsabilité qui t'a été confiée.
- Je sais. J'espère juste ne pas trop faire de bêtises.
- Ne t'inquiète pas pour ça. Tu connais ces sortilèges, n'est-ce pas ? Ils sont faciles à lancer. Si Poudlard est tellement bien protégé, c'est parce qu'ils ont toujours été lancés par des sorciers extrêmement puissants, ce que tu es. Et aussi à cause de la protection spéciale donnée au château par les quatre fondateurs. Personne ne sait ce que sait, d'ailleurs. Tu ne peux pas te tromper.
- Merci de ta confiance. Je ferais bien de m'y mettre. A ce soir. »
Harry rejoignit son bureau. Il passa plus de deux heures à raviver ou à relancer les différents sortilèges. En faisant ça, il s'efforça de ne pas penser aux événements de la matinée, ni à ce qui allait se passer au cours de la soirée. Il savait que la puissance d'un sort dépend de la puissance du lanceur, mais aussi de sa concentration. Et, pour le moment, seule comptait sa tâche.
Finalement, après avoir relancé cinq fois le dernier des sorts, une ceinture anti-magie noire, il s'estima satisfait. Il rapporta les parchemins à McGonagall. Celle-ci prit un petit globe de verre sur son bureau, que Harry reconnut comme un détecteur de sort. Après l'avoir examiné pendant plusieurs minutes, elle émit un sifflement qui lui ressemblait fort peu.
« Je suis impressionnée, Harry, s'écria-t-elle. Albus ne s'était pas trompé en me recommandant de vous faire lancer ces sorts. Ils sont encore plus puissants que les siens. Merci, cela fait déjà un souci de moins. » Harry consulta rapidement sa montre. La soirée devait commencer dans quelques minutes.
« Je dois y aller, dit-il.
- Désolée de vous avoir mis en retard. Amusez-vous bien, Harry. »
Il quitta le bureau. Lancer ces sorts l'avait épuisé, et il avait légèrement mal à la tête. Pourtant, étrangement, il se sentait bien mieux que quelques heures plus tôt. Il avait eu l'impression de faire quelque chose pour aider à lutter contre les mages noirs, et cela avait aidé à chasser l'impression d'irréalité et d'horreur qui avait suivi l'annonce de l'attaque du ministère. Il était prêt à combattre, s'il le fallait. Ils viendraient à bout des mangemorts, et s'il le fallait de Voldemort, comme ils l'avaient toujours fait auparavant.
La soirée devait se dérouler dans un grand restaurant moldu. Harry apparut à une centaine de mètres. En s'approchant, il entendit des bruits de voix et des rires en provenance de la salle. Georges et Claire attendaient à l'entrée. Tous deux semblaient très heureux.
« Désolé pour le retard, dit-il.
- C'est pas grave, dit Georges. Tu n'es pas le dernier. Et Hermione nous a expliqué. En tout cas, tu ne regretteras pas d'avoir décidé de venir. On va bien rire.
- J'aimerais quand même sortir d'ici entier.
- T'inquiète pas, dit Claire avec un sourire malicieux. C'est moi qui ai décidé de l'animation, et je me suis limitée à dix pour cent de pertes. Avec un peu de chance, ça ne tombera pas sur toi. » Elle se tourna vers un jeune couple qui arrivait, et les salua gaiement. Harry pénétra dans la pièce. Une dizaine de tables avaient été préparées, mais les invités étaient tous debout dans un espace qui devait être la piste de danse. Des serveurs passaient des plateaux couverts de coupes de champagnes et de petits gâteaux salés. La décoration de la pièce donnait une impression étrange : les tables étaient couvertes de nappes blanches, et des bouquets de fleurs étaient posés dessus. Cela ressemblait à n'importe quel mariage. Mais un peu partout avaient été rajoutées des toiles d'araignées qui tombaient du plafond, et des insectes et des serpents en caoutchouc, comme pour marquer Halloween. Harry se dit que la salle avait du être préparée par le personnel du restaurant, mais que les mariés avaient du rajouter leur contribution ensuite.
En parcourant les groupes, Harry finit par repérer Sylvie qui parlait avec Ron et Hermione. Il les rejoignit. Tous semblaient de très bonne humeur.
« Alors, demanda Ron, comment s'est passée ta séance de protection ?
- Très bien, répondit Harry. J'ai les compliments de McGonagall, tu te rends compte ?
- Waouh ! Ca a dû m'arriver une fois en sept ans.
- Et toi, comment ça s'est passé ?
- Il n'y a rien de neuf. Je ne suis pas resté longtemps. Mais si Dumbledore prend les choses en main, ça risque de bouger bientôt.
- On a dit qu'on ne parlait pas de ça ce soir, » rappela Hermione.
Ils prirent des coupes de champagne qu'un serveur leur offrait. Ron observa la sienne d'un air intrigué, puis en prit une gorgée, prudemment.
« C'est pas mauvais, marmonna-t-il. Mais ça ne vaut pas un bon nectar Royal.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Sylvie.
- Ce que nous buvons dans les grandes occasions. Je ne connais rien de meilleur.
- Il me semble d'ailleurs que la dernière fois tu as vidé la bouteille d'une manière grossière.
- Hermione ! Personne sauf toi ne s'est aperçu que j'en avais pris trois fois !
- Et alors ! Ça ne se fait pas, c'est tout.
- Qu'est-ce que vous avez fait des enfants ? s'inquiéta soudain Harry.
- Une salle de jeux avec une baby-sitter a été installée à côté, » expliqua Sylvie.
A cet instant, il y eut une série d'explosions en provenance de l'entrée. Harry sursauta. Il regarda autour de lui, soulagé de ne pas voir de fumée, et personne ne semblait blessé. Puis, il comprit qu'il ne devait s'agir que de quelques pétards. La voix de Claire se fit entendre, amplifiée par un haut-parleur.
« Bienvenue tout le monde ! Vous êtes tous là, vous pouvez vous asseoir. Votre place est munie d'une étiquette à votre nom. »
Il y eut un moment de confusion. Les groupes qui s'étaient formés par affinités se défaisaient et les gens cherchaient leurs noms autour des tables. Les familles avaient été mélangées, mais Harry remarqua rapidement que les couples n'étaient pas séparés. Il en fut grandement soulagé, il avait craint un instant de se retrouver seul au milieu d'inconnus.
« Harry ! entendit-il soudain appeler. Vous êtes là ! » Il se retourna et vit Ginny qui faisait de grands signes dans sa direction.. Il s'empressa de se frayer un chemin vers elle, gesticulant à son tour en direction de Sylvie pour lui indiquer la table.
« Contente que vous soyez là, tous les deux, s'écria Ginny. J'avais peur de ne connaître personne à ma table jusqu'à ce que je voie vos étiquettes.
- Drago n'est pas venu ?
- Il a senti qu'il serait de trop. Et franchement, j'avais un peu peur qu'il ne se retrouve en face de Ron. Tel que je connais Georges, il n'aurait pas trouvé sa fête gâchée par une bonne bagarre, mais maman aurait été furieuse.
- C'est heureux que tu puisse prendre la situation avec cette philosophie », remarqua Sylvie. Ginny se contenta de hausser les épaules, et sourit d'un air résigné. Ils prirent place autour de la table. Harry était assis entre Sylvie et Ginny. D'autres convives vinrent les rejoindre, tout le monde semblait avoir maintenant trouvé sa place, et il ne restait plus que quelques personnes debout. Mais avant qu'ils n'aient eu le temps de faire connaissance, Claire vint au centre de la pièce, avec à la main le micro qu'elle avait déjà dû utiliser pour leur dire de venir s'asseoir.
« Avant que nous ne commencions à manger, commença-t-elle, et particulièrement pour ma nouvelle belle-famille, un magicien a accepté de bien vouloir nous faire bénéficier de ses talents. Je vous demande d'accueillir Mr Mystillusion ! »
Tout le monde se mit à applaudir. L'orchestre dans un coin se mit à jouer une musique entraînante, et un homme vêtu d'une cape noire fit son apparition. Il portait un chapeau haut-de-forme qu'il enleva pour saluer son public. Puis il regarda le fond du chapeau d'un air intrigué, et commença à en sortir des foulards multicolores. Harry avait déjà vu de tels numéros, et savait que ça n'avait rien à voir avec la magie, mais le visage de Ginny, à ses côtés était sans prix.
« Ce genre de spectacles paraît beaucoup moins impressionnants quand on sait ce sont vous êtes capables, et sans trucages.
- Peut-être, mais ce qui est impressionnant, c'est la réaction des Weasley. Je me demande s'il y en a un qui va vendre la mèche à l'illusionniste avant la fin de la soirée, genre « Eh, salut, tu as fait tes études à Poudlard toi aussi ? Quelle maison ? »
Ils étouffèrent un rire. Le magicien avait sorti un jeu de carte et avait commencé à exécuter des tours. Puis il fit disparaître le jeu, sortit de son chapeau un bouquet de fleurs qu'il offrit à Claire avant de s'incliner sous les applaudissements du public.
Lorsqu'il quitta la pièce, les serveurs se mirent à passer les entrées, et les conversations s'engagèrent. Ginny paraissait encore sous le choc du passage du magicien.
« Je ne comprends toujours pas comment il a fait ça, dit-elle à voix basse à Harry. Il a créé de la matière à partir de rien dans son chapeau. C'est extrêmement puissant. surtout tout un bouquet de fleurs, en à peine quelques secondes ! Mais je croyais que les gens ici ignoraient l'existence de la magie ! Ils ne vont pas se poser des questions ?
Harry éclata de rire. « Si, sans doute, répondit-il. S'ils t'entendent dire des choses comme ça. Le magicien que nous venons de voir te rirait au nez si tu lui annonçais que tu es une sorcière.
- Tu veux dire qu'il n'y a pas de magie là-dedans ?
- Bien sûr que non. Tout est truqué. Et il est fort, n'est-ce pas ? »
Pendant que Ginny assimilait ce que Harry venait de lui dire, celui-ci se tourna vers le reste de ses compagnons, pour se présenter. A leur table se trouvaient un couple assez âgé, les grands parents de Claire, plusieurs de ses amis et cousins. Il y avait également le frère de la mariée, un jeune homme au visage angélique, aux cheveux noirs, et aux yeux bleu pâle. Celui- ci avait été placé étrangement de l'autre côté de Ginny. Harry ne put s'empêcher de penser que ce n'était pas un hasard, et que quelqu'un cherchait à évincer Drago. Le jeune homme avait déjà engagé la conversation avec sa voisine.
« Je me demande ce qu'ils ont préparé d'autre, remarqua Harry.
- Connaissant Claire, il devrait y avoir encore beaucoup de surprises. Le show n'était pas mal, mais c'est presque trop classique pour elle, répondit une femme prénommée Violet en face de lui. Je me demande quand même pourquoi elle l'a dédicacé aux Weasley. » Elle jeta un regard interrogateur à Ginny qui manqua de s'étouffer.
- Certains membres de la famille ont tendance à se prendre pour des sorciers, répondit Sylvie en retenant un éclat de rire. C'est une vielle blague entre eux.
- Complètement stupide, d'ailleurs, ajouta Harry en tapant légèrement dans le dos de Ginny. Et qu'y a-t-il à craindre de Claire ?
- Oh, répondit la femme âgée, si elle ne fait pas exploser la salle, je suppose que nous pourrons nous estimer heureux. Elle a une passion pour les pétards et autres feux d'artifices. Et il paraît que son Georges est pareil. Vous le connaissez bien, non ?
- Avec Fred, ils se sont toujours arrangés pour se rendre insupportables, toussa Ginny.
- Lors de leur dernière année d'école, renchérit Harry, ils ont réussi à faire exploser les toilettes pour pouvoir ramener un siège en cadeau.
- Heureusement que Claire n'avait pas de jumelle. Le problème, c'est que Richie, elle fit un signe de tête en direction du voisin de Ginny, est toujours prêt à la seconder.
- Moi ? s'insurgea le jeune homme. Je n'ai jamais rien fait ! Toutes les toilettes de mon ancienne école étaient intactes quand j'en suis parti.
- Mais pas la maison de tes parents, rétorqua l'une de ses cousines. Rappelle-moi, combien de vitres avez-vous cassées le jour des treize ans de Claire ?
- C'était une expérience scientifique. On n'avait juste pas pensé qu'il fallait suivre le mode d'emploi pour utiliser la boite de chimie qu'ils lui avaient offerte. »
La conversation continua pendant quelques temps, puis, vers onze heures, l'orchestre se mit à jouer.
« Venez danser ! » cria Claire. Plusieurs couples commencèrent à se lever. Harry se dit que c'était étrange que les mariés n'ouvrent pas le bal, mais n'approfondit pas la question. Il s'inclina devant Sylvie.
« Madame Potter, m'accorderez-vous cette danse ? demanda-t-il.
- Hum. » Elle fit mine de l'étudier attentivement. « Je crois que oui. Malgré l'horrible balafre et les cheveux décoiffés, vous pouvez prendre mon bras . » Il lui donna un coup de coude, et ils se dirigèrent vers la piste. Ils y avait déjà quelques personnes qui dansaient. Mais malgré l'excellence de la musique, il semblait qu'aucune des personnes présentes n'ait de talent pour la danse : tous ceux qui s'y étaient risqués exécutaient des mouvements bizarres en se tenant à leurs partenaires. Aucun ne parvenait à suivre le rythme rapide imposé par les musiciens.
« On dirait que quelque chose ne va pas, remarqua Sylvie en riant. Nous devrions peut-être attendre un peu avant d'y aller.
- Je suis d'accord. Déjà qu'en temps normal je suis un piètre danseur. »
Ils rirent en observant Ron et Hermione, l'air furieux, tenter de regagner le bord de la piste. Mais une femme tomba à terre et glissa jusque devant eux, et ils s'effondrèrent sur elle. Heureusement, personne ne semblait blessé.
Tout le monde quittait à présent la piste de danse, et retournait à sa table.
« Bien, fit un homme dans le micro. Puisque personne ne semble finalement très chaud pour danser, je propose que nous amenions le dessert. »
Pendant que des serveurs amenaient une immense pièce montée sur une table roulante, d'autres arrivaient avec des serpillières, et commençaient à nettoyer la piste de danse
« Ils ont dû la savonner pendant qu'on mangeait, s'exclama Harry en comprenant ce qui s'était passé. Les rats !
- Au moins personne ne peut prétendre que nous n'étions pas prévenus. »
George, à sa table, s'était levé.
« Avant que nous n'entamions cette splendide montagne de crème et de sucre, j'aimerais dire quelques mots. Il y a ici beaucoup d'amis ou de parents de Claire, qui ne me connaissent pas. On dit beaucoup de choses sur moi. Ma mère, il fit un signe en direction de Molly, a longtemps prétendu que j'étais un bon à rien. Je ne compte plus les fois où mes frères ou ma s?ur m'ont jeté leurs paires de chaussettes à la figure d'exaspération. Une fois, quelqu'un a même osé prétendre que je ressemblais à Fred, mais là je crois qu'il exagérait. »
Son jumeau se leva d'un air indigné. « Eh ! là c'est moi qui ai été insulté !
- Tu veux bien me laisser finir ? » Mais il dut attendre pour continuer que les rires arrêtent de résonner dans la grande salle. « Bien, reprit-il, ce que je voulais vous dire c'est que malgré tout cela, et pour une fois je suis sérieux, je promets de prendre grand soin de ma femme. De ne pas la casser, de la faire réviser régulièrement, de l'emmener au nettoyage, et de ne pas la prêter à mon frère. »
Il se rassit sous les applaudissements, et Claire se leva à son tour. « Merci, dit-elle. D'abord je voudrais rassurer Angelina, je n'ai aucune intention de me laisser prêter à Georges. Je ne vais pas faire de discours, juste rappeler que c'est Halloween ce soir, et que minuit approche. »
Les serveurs allumèrent des petites mèches et des étincelles se mirent à crépiter tout autour du gâteau. Puis l'orchestre se mit à jouer une musique macabre, la porte du restaurant s'ouvrit, et des « zombies » firent leur apparition. Ils commencèrent à circuler entre les tables, murmurant des choses que Harry ne pouvait pas entendre aux oreilles des convives, en particulier des femmes. L'un d'eux arrivait à proximité de Harry quand celui-ci ressentit soudain une intense douleur au niveau de sa cicatrice. « Non, pensa-t-il, pas maintenant. »
« Ça va, monsieur ? » demanda l'homme d'une voix qui n'avait plus rien de macabre.
Harry ne répondit pas. La douleur augmentait encore d'intensité. Ne pas hurler. Il essaya d'ouvrir les yeux, mais sentit qu'il n'en avait pas las force. Il tombait dans un trou noir.
Harry ouvrit les yeux. Il se trouvait dans une grande pièce, la même que la dernière fois. Des Mangemorts vêtus de capes noires et le visage caché par des cagoules, se tenaient en cercle autour de deux chaises. Sur l'une d'elle se tenait la femme voilée qu'il avait déjà vue. Sur l'autre retenu par des cordes, le visage las et les yeux mornes, était assis le ministre de la magie. La femme releva la tête.
« Mes cher fidèles, annonça-t-elle, de sa voix froide, je tiens à vous féliciter pour votre action de ce matin. Ce soir, mes amis, une fois de plus, Lord Voldemort va revenir. Je n'aurai plus à emprunter cette voix de femme, ce corps que je cache pour ne pas le reconnaître comme le mien. Mais en attendant, je vous propose une petit séance divertissante, et instructive je l'espère, avec notre invité.
- Je ne vous dirai rien. » Le ministre parlait d'une voix déterminée. « Vous êtes mort, Lord Voldemort.
- J'ai déjà refait surface une fois, et j'ai bien l'intention de recommencer. Même la mort ne peut pas arrêter le seigneur des Ténèbres. Et sachez que je n'ai pas besoin de vous faire parler. Il y a certains avantages à être mort, comme vous dites. »
Une épaisse fumée blanche sortit de la tête de la femme qui cria et s'affaissa, et se dirigea vers le ministre. Les yeux de Pierson s'agrandirent d'horreur, alors qu'il essayait vainement de se débattre pour échapper à la fumée, mais le nuage s'insinuait par ses narines, et il hurla de douleur, tout son corps agité de sursauts, malgré les cordes qui le retenaient. Harry avait l'impression que sa tête allait s'ouvrir en deux tant sa cicatrice était douloureuse. Il savait qu'il criait lui aussi, ses poumons et sa gorge lui en donnaient l'impression, mais il ne s'entendait pas.
Pendant de longues minutes, le ministre se débattit contre ce qui s'était insinué en lui, puis il se mit à tousser violemment, et expulsa le nuage de fumée blanche, qui réintégra le corps de la femme. Celle-ci releva la tête.
« Très intéressant, vraiment, dit-elle avec un petit rire cruel. Alors comme ça votre père était un loup-garou ? Je me demande si vous auriez obtenu ce poste si ça s'était su, Mr le ministre. Non que ça ait une quelconque importance, aujourd'hui. » La femme se leva et s'avança cers les Mangemorts, avant de reprendre d'un ton solennel. « Messieurs, j'ai été heureux d'apprendre qu'il n'y a pas de traître parmi vous. Notre ministre détenait également une autre information intéressante : il paraît que Potter a des douleurs à sa cicatrice quand je m'incarne dans ce corps, et parfois même des visions. Potter, si tu m'entends ce soir, ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas oublié, loin de là. Nous nous reverrons très bientôt, lorsque je serai de nouveau vivant. Mais je ne crois pas qu'il soit très bon que tu voies ce qui va se passer ce soir. »
Harry tressaillit en entendant prononcer son nom. C'était tellement étrange. Il était là, mais personne ne pouvait le voir ni l'entendre. Et pourtant Voldemort savait qu'il était là. Il parla à ses mangemorts, puis l'un d'eux leva sa baguette.
« Au revoir, Potter, dit Voldemort. J'espère cependant que ceci ne t'empêchera pas de ressentir la douleur. Si ce que pense le ministre est exact, tu devrais passer une nuit intéressante. » Le mangemort prononça une formule, et Harry se sentit soudain tiré en dehors de la pièce. Il se prépara à se réveiller. Mais en ouvrant les yeux, il ne vit que l'obscurité. Il n'entendait rien non plus. Et il sentait toujours la brûlure sur son front.
Il tenta de se lever. Mais il ne sentit pas le sol en dessous de lui. C'était comme s'il flottait au milieu de nulle part. La douleur de sa cicatrice, augmenta encore, devenant insupportable. Harry se mit à crier, ses hurlements résonnant dans le silence absolu qui l'entourait. Jamais il n'avait eu aussi mal. Il n'arrivait plus à respirer. Il fallait qu'il sorte de cet univers, il fallait qu'il se réveille. Puis, alors qu'il pensait ne pas pouvoir en supporter plus, la douleur s'atténua. Il avala de grandes bouffées d'air, et entrouvrit les yeux. Mais de nouveau, ses yeux ne rencontrèrent que l'obscurité. Combien de temps allait-il rester là ? Voldemort n'avait pas semblé le menacer de le piéger à tout jamais. Comment sortait-on d'ici ? Il tenta d'appeler à l'aide, mais il avait tellement crié que sa voix était enrouée, et faible. Non que ça ait une quelconque importance, il était évident que personne ne pouvait l'entendre.
Puis, sans prévenir, la douleur dans sa cicatrice augmenta de nouveau, redevenant insupportable. Harry sentit qu'il se mettait à trembler, de nouveau, l'air n'arrivait plus à ses poumons. Puis, l'obscurité qui l'entourait s'empara de lui, et il sentit qu'il tombait.
On versait un liquide brûlant dans sa bouche. C'était désagréable. Il tenta de le recracher, de fermer la bouche mais des mains maintenaient un récipient contre son visage.
« Harry, dit une voix, à la fois douce et ferme. Il faut que tu boives ça. » La pression contre ses lèvres se fit plus forte, et Harry avala une gorgée du liquide. C'est bien, dit la voix en en reposant sa tête sur quelque chose de doux. Tu dois te réveiller, maintenant. Il faut que tu ouvres les yeux. »
Harry voulait obéir, mais l'effort était trop important. Il avait trop mal à la tête. Que lui était-il arrivé ? Il était allé au mariage de Georges. Il ne se rappelait pas la fin de la soirée. Avait-il trop bu ? Etait-il sous l'emprise d'une monumentale gueule de bois ?
Une autre voix parlait à la première.
« Je continue de croire que ce n'est pas une bonne idée de le réveiller maintenant, Mr le directeur. Il a besoin de repos, la crise a bien failli le tuer. Il étouffait il y a encore quelques minutes.
- S'il ne se réveille pas rapidement, il ne se rappellera jamais de ce qu'il a vu. J'espère seulement qu'il n'est pas déjà trop tard. Sinon il aura enduré tout cela pour rien. »
Une main qui se pose sur son épaule, doucement, puis plus pressante. Ses idées s'éclaircissaient. Il se souvenait avoir eu une vision, au sujet de Voldemort. Il avait quelque chose d'important, qu'il devait leur dire, mais quoi ? Il tenta une nouvelle fois de soulever ses paupières de plomb, et y parvint au prix d'un énorme effort.
« Harry ? » Le directeur de Poudlard était penché sur lui.
- Professeur. murmura-t-il.
- Harry, j'ai besoin de savoir ce qui s'est passé cette nuit. » Harry fit un effort pour se rappeler. des bribes lui revenaient. La femme voilée, le ministre, la fumée. Il ferma les yeux. Dumbledore le secoua énergiquement, et il grogna quand sa migraine se fit plus pressante.
« Ne te rendors pas, Harry, dit Dumbledore.
- Non. » Tous les événements de son rêve se remettaient en place, maintenant.
« Il sait, dit-il d'une voix faible.
- Voldemort ? Harry, je dois savoir tout ce qui s'est passé, après tu pourras te reposer. Tu oublieras si tu te rendors avant d'en avoir parlé. Et j'ai besoin de savoir maintenant. »
Harry tenta de s'asseoir, mais il y renonça, il pesait bien trop lourd pour ça. Il commença à raconter tout ce qu'il avait vu. Quand il en arriva au moment où Voldemort s'était adressé à lui, Dumbledore leva les sourcils d'un air contrarié, et réagit pour la première fois.
« C'est particulièrement ennuyeux, dit-il. Il va se méfier, dorénavant. Mais continue, » ajouta-t-il. Son expression s'assombrit encore plus alors que Harry expliquait comment il avait été éjecté hors de la vision, mais incapable de se réveiller vraiment.
« Pierson est probablement mort », conclut Harry d'une voix si basse qu'il ne savait pas si Dumbledore l'avait entendu. Le vieux sorcier se leva. Harry crut l'entendre dire quelque chose avant de partir, mais il ne fit pas l'effort de comprendre. L'effort qu'il venait de fournir le laissait épuisé, et il sombra à nouveau dans l'inconscience.
Il y avait maintenant près d'une demi-heure que Dumbledore les avait fait sortir de l'infirmerie, et Sylvie était plus inquiète que jamais. La nuit avait été horrible. Lorsque Harry s'était effondré en hurlant, les autres fois, c'était déjà suffisamment effrayant. Mais cette fois ci, il n'avait pas repris conscience au bout de quelques minutes. Les frères Weasley avaient du s'y mettre tous les six pour l'immobiliser et le sortir du restaurant, avant de le ramener à Poudlard. Les invités du mariage avaient essayé de les aider. Elle ne savait pas ce qu'ils avaient dû leur dire pour ne pas que la moitié de la salle ne les suive dehors. Ils étaient à peine sortis du restaurant que les hurlements de Harry avaient encore amplifiés. Sa cicatrice s'était mise à saigner. Cela avait duré des heures. L'infirmière de l'école n'avait rien pu faire. Deux fois, la douleur avait été tellement intense qu'il avait cessé de respirer. Elle avait eu tellement peur de le perdre ! Puis, il avait cessé de se débattre. Il était retombé sur son lit, blanc comme un linge, et elle avait hurlé, pensant qu'il était mort. Mais sa poitrine se soulevait faiblement. La crise était passée.
Dumbledore avait alors demandé à Mme Pomfresh la potion d'éveil la plus puissante qu'elle possédait, et avait demandé à tout le monde de sortir pendant qu'il parlait à Harry. Ils attendaient maintenant dans le couloir. Sylvie était assise sur une chaise, à côté de Ron et Hermione. La fatigue et l'inquiétude se lisaient sur leurs visages.
« Ne t'inquiète pas, dit Hermione en passant un bras autour des épaules de Sylvie. Harry va bien, maintenant. Et Dumbledore ne ferait pas ce qu'il fait s'il pensait qu'il y avait le moindre danger.
- Mme Pomfresh n'était pas d'accord. Et il avait l'air si faible.
- Mme Pomfresh est légèrement surprotectrice vis-à-vis de ses patients. » Ron se força à sourire. Et Harry est résistant. Le plus dur est passé, il ira bien maintenant. Je suppose que c'est important que nous sachions ce qui se passe. »
Sylvie acquiesça, mais elle savait que les Weasley, eux aussi, étaient inquiets pour leur ami. Et pour ce qu'il avait vu. Un peu en retrait, adossée à un mur, le professeur McGonagall fixait la porte d'un air absent, tandis que Rogue faisait les cent pas en étreignant son bras de temps à autre. La marque était réapparue dans la nuit, et bien que Sylvie n'ait pas bien compris le rôle du professeur aux cheveux gras, ni ce qu'était exactement l'étrange tatouage sur son bras, elle savait que c'était mauvais signe.
Enfin, la porte s'ouvrit. Dumbledore jeta un dernier regard dans la chambre, puis il referma doucement derrière lui. Sylvie fut aussitôt sur ses pieds, et remarqua que Ron et Hermione s'étaient levés, eux aussi.
« Comment va-t-il ? demanda-t-elle. Je peux le voir ?
- Tout à l'heure, répondit le vieux sorcier. Il est extrêmement faible, et l'effet de la Potion s'est rapidement dissipé. Il dort, et Mme Pomfresh est avec lui pour l'instant, mais je suis sûr qu'elle vous laissera entrer dans quelques minutes. Ne vous inquiétez pas, il a seulement besoin de repos.
- Qu'a-t-il dit ? » demanda Rogue.
Le vieux sorcier soupira. « La situation est pire que nous ne l'imaginions. Nous pouvons tenir pour acquis que Voldemort a trouvé le moyen de renaître cette nuit. Ce qu'il a dit à Harry confirme ce que montre votre marque, Severus. Et il est au courant de tout ce que nous avons planifié ces derniers mois. Il a sondé l'esprit de Pierson. Le ministre avait mon entière confiance, il était au courant de tout ce que nous avions prévu pour protéger les moldus, et pour tenter de l'arrêter. Ainsi que des visions de Harry. Voldemort a immédiatement trouvé le moyen de l'empêcher de voir quoi que ce soit.
- Ce qui signifie ?
- Que nous allons devoir construire une stratégie totalement nouvelle, et rapidement. Il a toutes les cartes en main, et nous devons trouver un moyen de le surprendre. Tous ceux qui ont été impliqués dans la lutte contre Voldemort, à un moment ou a un autre, doivent se réunir immédiatement. Ron, contactez Mondugus Flechter de ma part, et expliquez lui ce qui s'est passé, qu'il rappelle tous les Aurors actuellement en mission. Ainsi que tous les anciens qu'il peut joindre. Minerva, Severus, Hermione, soyez plus vigilants que jamais. Pierson connaissait la plupart des sorts qui protègent le château, ce qui signifie que maintenant Voldemort est également au courant. Par contre, il croit que c'est moi qui les ai lancés, ce qui devrait le ralentir s'il essaie de les désactiver. Je ne pense pas qu'il lance une attaque massive contre Poudlard, pas dans les prochains mois, en tout cas, mais mieux vaut être prudents.
- Et pour le ministre ?
- Harry pense qu'il est mort, mais il a été projeté hors de la vision avant d'en avoir confirmation. De toutes façons, les recherches doivent continuer. Même s'il est mort, nous avons besoin de trouver un corps le plus vite possible, pour pouvoir nommer quelqu'un d'autre.
- Albus, demanda McGonagall, que pensez-vous qu'il faille dire aux élèves ?
- La vérité, bien sûr. Expliquez leur pourquoi des mesures de précaution sont nécessaires. Ils ont le droit de savoir. Laissez simplement de côté ce qui est lié à Harry et à sa cicatrice. Je suis sur que vous vous en tirerez très bien. Je retourne à Londres, maintenant. Essayez de prendre un peu de repos, vous tous. Les prochains jours risquent d'être difficiles. »
Il s'en fut, laissant les autres un peu abasourdis. Où un homme de cet âge puisait-il une telle énergie, aucun n'en avait la moindre idée. Ron fut le premier à réagir.
« Je suppose que je ferais bien d'y aller aussi, dit-il. Mondugus n'aime pas être réveillé avant l'aube, ça ne va pas être facile. Et je suppose que nous aurons une réunion à la première heure, j'aimerais dormir un peu. Tu viens Hermione ?
- Je suppose que c'est le mieux que nous puissions faire. Sylvie ?
- J'aurais aimé voir Harry. Dumbledore a dit que c'était possible, pour quelques minutes. Je monterai plus tard.
- D'accord. Tu ne veux pas que nous t'attendions ?
- Non, merci. Ca ira. La journée a été longue, et celle de demain risque de l'être aussi. Bonne nuit.
- Bonne nuit à toi aussi. Essaie de ne pas trop t'inquiéter. Ca va aller. »
Sylvie acquiesça, et ils se séparèrent. Mais lorsqu'après quelques trop courts instants l'infirmière la chassa, et qu'elle regagna son appartement solitaire, elle eut bien du mal à trouver le sommeil.
Harry flottait dans une brume épaisse. Il se sentait confortablement installé dans un cocon douillet. Aussi, quand des bruits de voix arrivèrent jusqu'à lui, il fut tenté de les ignorer, de retomber dans l'inconscience. Mais quelque chose en lui refusait de se laisser entraîner, quelque chose en lui poussait pour qu'il se réveille. Les voix devenaient plus distinctes, il percevait confusément une conversation, sans faire l'effort de la comprendre. Mais soudain une phrase pénétra son esprit, et ce fut comme une douche froide intérieure, qui le tira brusquement de sa léthargie.
« Ça va aller. Je lui ai donné une potion de Sommeil pour cette nuit, mais elle devrait se sentir tout à fait bien demain. Physiquement au moins.» Cela ressemblait à Mme Pomfresh. « Heureusement, vous l'avez trouvée à temps, professeur. Quelques minutes de plus et je n'aurais rien pu faire. »
« Oh non ! pensa Harry. Pourvu qu'il n'y ait pas eu une attaque à l'intérieur de l'école ! » Ses yeux s'ouvrirent lentement. Il faisait nuit. Il avait dû dormir toute la journée. Trois silhouettes étaient penchées sur un lit proche.
« Comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? Elle est si jeune !
- Dire qu'elle est perturbée est un euphémisme, Minerva. Il m'a fallu moins d'une semaine pour m'en rendre compte Et je crains que nous ne pouvions pas la garder à Poudlard plus longtemps. Nous n'avons pas le temps de nous occuper de ce genre d'enfant. Et surtout pas en ce moment.
- Nous ne pouvons pas la renvoyer, Severus ! » McGonagall semblait horrifiée par cette perspective.
- Les moldus ont des structures parfaitement adaptées pour prendre soin d'elle. Je ne suggère pas de casser sa baguette ou quoi que ce soit. Simplement de la renvoyer à ses parents en attendant qu'elle aille mieux. Mettons jusqu'à ce qu'elle ait l'âge normal.
- Si vous connaissiez mieux les élèves de votre propre maison, vous sauriez que des parents, elle n'en a pas. Et je ne suis pas sûre que la renvoyer dans ce foyer soit réellement une bonne idée.
- Quoi qu'il en soit, nous avons d'autres problèmes en ce moment, ne croyez-vous pas ?
- Pourriez-vous baisser d'un ton s'il vous plaît ? demanda Mme Pomfresh. Je vous rappelle que nous sommes dans une infirmerie.
- Désolée, répondit McGonagall. Mais je suis sûre que Dumbledore ne mettrait pas une élève dehors alors qu'elle a besoin d'aide. Nous avons juste besoin de trouver ce qui ne va pas.
- Dumbledore a toujours été bien trop tolérant. Je dois vous laisser, j'ai du travail à faire. »
Harry releva la tête, ignorant la douleur qui était encore vive, et tendit la main pour prendre ses lunettes sur la table de nuit. Malheureusement il calcula mal son geste, et les verres atterrirent sur le sol.
« Harry ! » Pomfresh et McGonagall accoururent, en voyant qu'il était réveillé.
« Comment te sens-tu ? demanda l'infirmière alors que la directrice adjointe se penchait pour ramasser les lunettes et les tendait au jeune homme.
- Mieux, répondit-il. Merci , » ajouta-t-il en direction de McGonagall.
Mme Pomfresh lui jeta un regard appréciateur, et parut sur le point de dire quelque chose, mais Harry ne lui en laissa pas le temps.
« Que s'est-il passé ? demanda-t-il en lançant un coup d'?il en direction du lit autour duquel elles étaient précédemment
- Une élève a tenté de se suicider, répondit le professeur de Métamorphose, d'un ton sombre. Méline Smith. Elle s'est ouvert les veines pendant le dîner. Heureusement une de ses camarades de chambre est remontée chercher un pull, et nous avons été prévenus à temps. Elle va bien.»
Harry hocha la tête. Ce n'était pas vraiment une nouvelle, il avait compris en entendant la conversation quelques minutes plus tôt. Comment avaient-ils pu laisser les choses en arriver là ?
« C'était évident qu'elle allait mal, dit-il simplement.
- Je sais, soupira le professeur de Métamorphose. Et je voulais parler à Severus, à son sujet. Après tout, c'est lui son directeur de maison. Malheureusement elle ne m'en a pas laissé le temps. Et je ne crois pas que notre maître des Potions soit la personne la plus indiquée avec ce genre d'enfant.
- Nous sommes tous responsables. Mais ce qui m'intrigue, c'est pourquoi le Choixpeau Magique l'a envoyée à Serpentard. C'était probablement le pire endroit où elle pouvait atterrir. J'ai pu voir une ou deux fois que ses camarades étaient loin d'être tendres avec elle.
- Il avait sûrement ses raisons, intervint Mme Pomfresh. Mais ne t'inquiète pas de ça pour l'instant, Harry. Tu as besoin de repos. Tu nous as fait extrêmement peur cette nuit. Minerva, je suppose que vous avez bien d'autres tâches qui vous attendent.
- Plus que nécessaire, malheureusement. Potter, dépêchez-vous de guérir nous avons besoin de tous les sorciers disponibles à Poudlard. » Elle se dirigea vers la porte, mais Harry l'arrêta.
« Attendez ! Professeur ! Que s'est il passé aujourd'hui ? Je veux dire, est-ce que les mangemorts se sont manifestés ? Est-ce que les Aurors ont trouvé quelque chose ?
- Plus tard, Potter. Mme Pomfresh a raison, vous avez besoin de repos. » A la manière dont elle évitait son regard, il comprit que quelque chose n'allait pas, sur ce plan là non plus.
« Je dois savoir ce qui se passe ! protesta-t-il, en essayant de s'asseoir, mais Mme Pomfresh l'en empêcha. Quelles que soient les nouvelles, je suis capable de les entendre.
- Très bien. Si vous y tenez. Mais préparez-vous à avoir un choc. Une personne est morte cette nuit. »
- Ils ont tué le ministre, n'est-ce pas ?
- Nous ignorons si Pierson est encore en vie. Par contre, le corps de Lavande Finnigan a été retrouvé ce matin, sur les marches du ministère.
- Lavande ? » Harry cria presque. Mme Pomfresh lui jeta un regard désapprobateur, ainsi qu'à McGonagall. Mais il le remarqua à peine. Lavande. Pourquoi s'en prendre à elle ? Elle ne s'était jamais préoccupée de ces histoires, et dans l'état de dépression dans lequel elle était tombée, pour qui représentait-elle une menace ? A moins qu'elle n'ait su quelque chose tout ce temps. Lorsqu'elle avait prétendu avoir prédit sa propre mort, était-ce parce qu'on l'avait menacée ? Mais, dans ce cas, pourquoi n'en avait-elle parlé à personne ? Elle était mariée à un Auror, après tout, il aurait pu la protéger.
« Comment va Seamus ? demanda-t-il.
- Les Weasley sont avec lui, de même que sa famille, et son ami Dean Thomas. Mais ce doit être terriblement difficile pour lui. »
Harry reposa sa tête sur l'oreiller. Il n'avait jamais été particulièrement ami avec Lavande, mais ils s'étaient vus quotidiennement pendant sept ans. Et si elle l'énervait souvent avec ses gloussements et ses airs à la Trelawney, elle était toujours prête à rendre service, à aider ceux qui en avaient besoin. Et Seamus devait être dévasté.
« Ça va, Harry ? demanda McGonagall.
- Oui. C'est juste. tellement irréel. Lavande est probablement la dernière personne que j'aurais imaginée. Pourquoi elle ?
- C'est ce que nous aimerions tous savoir, Potter. Maintenant bonne nuit.
Elle s'en fut d'un pas vif. Harry sentit qu'on ne lui avait pas encore tout dit, mais n'insista pas. Il avait de quoi se tenir l'esprit occupé pendant un bon moment. La porte était à peine refermée que Mme Pomfresh se mit à l'examiner.
« Mme Pomfresh, demanda-t-il soudain, avez-vous vu Sylvie ?
- Elle a passé la plus grande partie de la journée à ton chevet. Les Weasley sont passés il y a une heure, et l'ont emmenée.
- Elle allait bien ?
- Tu n'as pas changé, n'est-ce pas ? » Mme Pomfresh avait son habituel ton réprobateur, mais elle souriait d'un air amusé, ce que Harry n'avait pas souvent eu l'occasion de voir. « Je te rappelle que c'est toi qui est censé être malade. Et nous avons frôlé la catastrophe la nuit dernière. » Elle se rembrunit immédiatement à cette pensée. « Par deux fois, tu as cessé de respiré et il n'y avait rien que nous pouvions faire. Je n'ose même pas imaginé ce qui se serait produit si la crise n'avait pas cessé après la deuxième fois. Sylvie a failli mourir de peur, mais sinon je pense qu'elle va bien, surtout depuis qu'elle sait que tu es hors de danger.
- Je ne pensais pas que ça avait été jusque là, » murmura Harry. Il n'imaginait pas non plus que sa vision avait duré aussi longtemps. « Je suppose que je ne dois pas m'étonner d'avoir une migraine épouvantable.
- Non. Mais si tu m'en avais parlé plus tôt j'aurais probablement pu la soulager. » Elle sortit quelques instants et revint avec quelques fioles et un gobelet.
« Je suppose que tu n'as pas d'autres désagréments de ce genre dont tu aimerais me faire part ?
- Non, répondit Harry. Mais ça ne fait pas beaucoup de Potions pour un simple mal de tête ?
- Celle-ci, fit l'infirmière en versant un liquide incolore dans le verre, et contre le mal de tête. » Elle l'autorisa à s'asseoir dans le lit le temps d'avaler la potion. L'effet fut immédiat, Harry éprouva une délicieuse sensation de soulagement alors que la douleur refluait, le laissant seulement avec une légère lourdeur. En même temps, il lui semblait que la douleur avait été comme un aiguillon qui le maintenait éveillé. Il rendit le gobelet à l'infirmière.
« Je suppose que ça a été efficace ?
- Oui, répondit Harry. » Il se recoucha avec soulagement, et se rendormit.
Merci aux lecteurs et reviewers. J'avais dit que je répondrai, mais encore une fois je n'ai pas vraiment le temps, alors ça va être très rapide et synthétique. Si vous vous posez des questions, c'est bien, continuez, niark, niark. ( je ne crois pas qu'il y ait de gros mystères insolubles, je sème beaucoup trop d'indices donc je ne dirai rien de plus). Vous ne tarderez pas à connaître le sort du ministre ( même s'il y a déjà quelques indications dans ce chapitre). Harry à la chasse au dragon (idée d'Angharrad), ça n'est vraiment pas prévu pour cette fic ( qui risque de ne pas beaucoup se déplacer géographiquement). Sinon, je ne peux que répéter une fois de plus que vous êtes tous beaucoup trop gentils.
