Disclaimer : Comme d'habitude : je n'ai pas inventé Harry Potter et ses amis, et nous sommes tous redevables à Mrs JK Rowling.

Merci à Miss Tambora pour la relecture.

Chapitre 8

Lorsqu'il se réveilla, le jour n'était pas encore levé. La pièce était baignée dans l'obscurité, et il se demanda un moment ce qui l'avait tiré du sommeil. Mais après tout, peut-être avait-il simplement assez dormi. Mais le silence fut soudain brisé par un petit bruit, comme une violente respiration.

Puis, il comprit de quoi il s'agissait. Quelqu'un pleurait.

« Méline ? » appela-t-il. Il n'y eut pas de réponse. La fréquence des sanglots augmentait, on sentait que la petite fille essayait de s'arrêter mais qu'elle n'y parvenait pas.

- Méline ? appela-t-il de nouveau. Ça va ? » De nouveau, son appel resta sans réponse. Il alluma sa lampe de chevet, chaussa ses lunettes. Un rideau avait été placé autour de son lit pour l'isoler des élèves trop curieux, et il ne pouvait pas voir la fillette. Harry bascula ses jambes sur le côté du lit, puis il se leva. Il attendit quelques minutes que la pièce s'arrête de tourner, et se dirigea doucement vers le lit de Méline.

Elle était roulée en boule, secouée de violents sanglots. Ses bras étaient serrés autour de ses genoux, et des bandages entouraient ses poignets. Il hésita un instant, mal à l'aise. Dans sa vie, il avait connu beaucoup d'épreuves et de peines, mais parce que c'était presque toujours lui que le destin accablait, il n'avait jamais eu à jouer le rôle de celui qui console, qui réconforte. Un moment, il songea à appeler Mme Pomfresh, mais il se décida contre cette idée. L'enfant semblait ne pas avoir conscience de sa présence, s'il criait il risquait de l'effrayer. Il sentait qu'à cet instant les barrières qui séparaient la fillette du monde extérieur étaient prêtes à tomber.

Il s'assit sur le lit. L'enfant continua de sangloter comme si elle ne le remarquait pas.

« Méline ? appela-t-il doucement. Elle leva la tête. Ses yeux bleu pâle se posèrent sur lui, et elle cligna plusieurs fois de ses paupières rouges et gonflées, confuse. Puis elle le reconnut, et eut un mouvement de recul

« Tu n'as pas à avoir peur de moi, tu sais ? » dit-il doucement. Mais cela ne sembla pas la rassurer, et elle manqua tomber de son lit en essayant de reculer encore.

« Je sais que tu es malheureuse, mais tu n'arriveras à rien en t'isolant ainsi du reste du monde. » Il la regarda dans les yeux. Elle hocha la tête, et parut sur le point de dire quelque chose, mais un nouveau flot de larmes l'en empêcha, et elle enfouit son visage dans ses mains. Harry la laissa pleurer, et elle se calma au bout de quelques instants, mais sans relever la tête, espérant sans doute qu'il finirait par s'en aller.

« Tu sais, dit-il, je crois que n'ai jamais entendu le son de ta voix. Je me demande si ce n'est pas ça, ton problème. Est-ce que tu serais muette, par hasard ? » Il savait que ce n'était pas le cas, mais sa suggestion eut l'effet escompté : la fillette réagit, ne s'attendant pas à cette question, posée sans sarcasme apparent. Elle le regarda et fit non de la tête.

« Dans ce cas, reprit Harry, ne crois-tu pas que tu ferais mieux de me dire ce qui ne va pas ? »

Elle baissa de nouveau les yeux, et il commença à désespérer. Mais soudain, il entendit un murmure à peine audible. « Pourquoi ne m'ont-ils pas laissée ? »

- Pourquoi ne t'ont-ils pas laissée quoi, Méline, demanda-t-il doucement. Tu penses à ce que tu as fais hier soir ? »

Elle hocha la tête. Et Harry n'avait jamais senti une telle détresse. Cette enfant, qui avait à peine onze ans, ne souhaitait rien d'autre que la mort.

« Parce que tu as ta vie à vivre, dit-il. Parce que la mort est un échec, pas une solution. Quels que soient tes problèmes.

- Mais qui s'en soucie ? Qui cela aurait-il gêné que je ne sois plus là ce matin ?

- Tout le monde. Nous sommes tous malheureux de te voir souffrir.

- Ce n'est pas vrai. » Maintenant qu'elle avait commencé à parler, les mots semblaient venir plus facilement, comme si las premières paroles avaient ouvert dans les murs dont elle s'était entourée une brèche par laquelle s'enfuyait maintenant tout ce qu'elle avait retenu tant de semaines. « Tout le monde s'en moque. Ici, parce que je ne suis qu'une sang-de-bourbe, et que je ne pourrai jamais être une vraie sorcière. Parce qu'en plus je suis une bâtarde, que je n'ai pas de père, et que même les moldus ne veuillent pas de moi. Alors si je disparais, vous serez seulement débarrassés.

- Ceux qui disent des choses comme ça sur toi ne sont que des imbéciles. Personne n'a envie que tu disparaisses. Et surtout pas parce que ta mère est moldue, ou que tu n'as pas de père.

- Ils disent que je ferai mieux de rentrer chez les moldus. Qu'aucun sorcier ne veut de moi.

- Qui a dit ça ? Tes camarades ? » Elle hocha doucement la tête. « Il ne faut pas les écouter. Tu as reçu une lettre, n'est-ce pas ? C'est nous qui t'avons demandé de venir, parce que tu es une sorcière. Tu as ta place ici.

- Mais je ne veux pas être ici. Ni au foyer. Je voudrais retourner vivre avec maman.

- Tu la verras sans doute pendant les vacances de Noël.

- Elle est morte.

- Elle te manque ? »

De nouveau, des larmes coulaient sur les joues de la fillette, mais elle ne sanglotait plus. Quand Harry l'entoura de ses bras, elle ne protesta pas.

« Elle comprenait toujours tout. Elle disait que j'étais son rayon de soleil, et que jamais on ne se séparerait. Et puis, l'hiver dernier, je savais bien qu'elle était malade, mais elle disait que ce n'était rien. Que ça passerait. Et un jour je suis rentrée de l'école, et elle n'était pas là. Et Myriam est arrivée, et elle a dit que maman était très malade et que je devais venir chez elle pendant qu'elle était à l'hôpital. Mais elle n'est jamais sortie de l'hôpital. Elle ne s'est jamais réveillée. »

Elle se tut, perdue dans de noires pensées. Puis elle se tourna de nouveau vers Harry. « Vous ne pouvez pas comprendre à quel point tout a été horrible, depuis. Au foyer, et ici, après. Je voudrais qu'elle revienne, mais je sais que ce n'est pas possible. Elle n'aurait pas laissé tout ça arriver !

- Je comprends peut-être mieux que tu ne crois. Tu sais, je crois que ta maman, là-haut, te voit, et elle est triste que tu sois malheureuse. Et si elle était là, elle te dirait que tu as toute la vie devant toi, et que si parfois c'est difficile, tu ne dois jamais abandonner. Même si les autres sont durs avec toi, même si tu as l'impression que tout va mal et que personne ne se soucie de toi.

- Professeur ? demanda-t-elle après un moment.

- Oui, répondit Harry.

- J'ai entendu parler les professeurs Rogue et McGonagall hier soir. Je veux dire, je n'ai pas bu la potion, et je ne dormais pas. » Elle rougit, comme si elle s'attendait à être réprimandée pour ça. Harry sourit.

« Je ne le répéterai pas, dit-il. Continue.

- Je vais être renvoyée, n'est-ce pas ? Je ne veux pas retourner là- bas. C'était horrible là-bas.

- Si tu ne le veux pas, alors tu peux rester ici. Je vais parler au professeur McGonagall. Elle voulait te garder de toutes façons. Mais il faut que tu me promettes quelque chose. »

- Quoi ?

- Ne refais jamais ce que tu as fait hier soir. » Elle sembla hésiter un moment, puis hocha la tête. Harry sourit.

« Je suis sûr qu'un jour tu seras contente d'avoir fait cette promesse, dit-il. Et quand ça ne va pas, tu peux toujours venir me parler, tu sais. »

La petite fille hocha de nouveau la tête. Un instant, elle parut plongée dans ses réflexions, puis elle demanda d'une voix timide :

« Monsieur ?

- Oui.

- Est-ce que les objets magiques ont une conscience ?

- Ça dépend. A quoi fais-tu allusion ?

- Au Choixpeau Magique. Le jour de la rentrée, il m'a parlé, et c'était bizarre.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Qu'il était désolé. Il a dit que c'était une erreur mais qu'il était obligé de m'envoyer à Serpentard. Je n'ai pas compris pourquoi il disait ça. Je veux dire, c'est lui qui décide, n'est-ce pas ?

- Je suppose. J'avoue que j'ai toujours pensé que c'était étrange qu'il t'aie envoyée là. Je ne veux pas dire de mal de ta maison, c'est juste que ça ne te correspondait pas vraiment. Tu devrais essayer de te reposer, maintenant. On dirait que tu n'as pas beaucoup dormi cette nuit. En plus, Mme Pomfresh ne devrait pas tarder à venir voir ce qui se passe ici, et je crois qu'elle ne sera pas du tout contente de me trouver là. Je ne sais pas si tu l'as déjà vue en colère, mais c'est un vrai démon.

- Elle a l'air gentille.

- L'air, peut-être. Mais moi qui ai passé énormément de temps ici, je peux t'assurer qu'elle est pire qu'un dragon à qui on vient de voler un ?uf.»

La petite fille rit doucement, et Harry en ressentit un profond soulagement. Sa visite semblait lui avoir fait du bien. Il se leva, et fit un pas en direction de son lit. Mais un cri le fit sursauter.

« HARRY JAMES POTTER ! Que faites-vous debout ? » Harry se retourna pour faire face à l'infirmière, plantée sur ses pieds, les mains sur les hanches. Il jeta un coup d'?il à Méline, comme pour dire : « C'est bien ce que je craignais. », et la fillette esquissa un demi-sourire.

Il retourna se coucher, et après l'avoir examiné en le menaçant de l'attacher si elle le reprenait en dehors de son lit, Mme Pomfresh le laissa. A peine quelques secondes plus tard, le rideau s'ouvrit, et il sourit à la personne qui entrait.

« Salut, Hermione.

- Harry ! Comment vas-tu ?

- Bien, ne t'inquiète pas.

- J'ai cru comprendre que tu avais déjà réussi à mettre Mme Pomfresh hors d'elle ? Harry, il n'est pas huit heures du matin ! Comment tu t'y es pris ?

- Oh, juste une petite promenade. Elle n'avait pas l'air très contente, mais elle survivra. McGonagall m'a dit que tu avais vu Seamus, hier ? Comment va-t-il ?

- Mal. Il ne comprend rien à ce qui se passe. Il se sent coupable de ne pas avoir été là pour elle, ces derniers temps.

- Pourquoi s'en sont-ils pris à Lavande ? Qu'avait-elle à voir là-dedans ? Elle a toujours semblé tellement détachée de tout cela !

- Je ne sais pas. Peut-être qu'elle se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment.

- Vu l'état dans lequel elle était quand je l'ai vue, le seul endroit où elle pouvait se trouver, à n'importe quel moment, c'est chez elle. Et de plus, je ne crois pas que les Mangemorts auraient tué n'importe qui ce soir- là. Ils avaient autre chose à faire.

- C'est possible. Mais les voisins ont dit qu'ils la voyaient souvent sortir le soir, seule, quand son mari n'était pas là. Elle avait perdu la tête, ses actions n'étaient pas rationnelles.

- N'empêche que personne n'avait de raison de la tuer.

- Non. Mais depuis quand les Mangemorts ont-ils besoin d'une raison ?

- Pas cette nuit-là !

- Je suppose qu'il faudra bien que quelqu'un te le dise un jour. On pense que le corps de Lavande ne servait qu'à renforcer le contenu du message qui était placé dessus.

- Quel message ?

- Des menaces, Harry. Ils affirment qu'ils ont ramené leur maître, et que ceux qui ne se soumettront pas subiront le même sort que Lavande. Ils disent également qu'ils tiennent Pierson, mais qu'il est encore en vie.

- Et pourquoi ne l'ont-ils pas tué pour mettre son corps sur les marches du ministère ? L'impact aurait été bien plus grand.

Hermione baissa les yeux. « Ils veulent procéder à un échange, dit-elle à voix basse.

- Contre moi, c'est ça ? » C'était à peine une question. Il aurait dû s'attendre à quelque chose comme ça, il était impossible que les Mangemorts l'oublient, ne serait-ce que quelques semaines.

« Je suppose que dans ce cas je n'ai pas le choix, soupira-t-il. Dumbledore a suffisamment insisté sur l'importance d'avoir un ministre actif en ce moment.

- Harry ! Tu sais très bien que personne n'a l'intention de procéder à l'échange ! Il est plus que probable que Pierson ne sera pas libéré si tu te rends, nous ne sommes même pas sûrs qu'il soit vivant !

- Et qu'est-ce que je suis censé faire ? Attendre qu'ils déposent son corps sur les marches du ministère ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais on ne peut pas leur faire confiance. Et d'après ce que tu as raconté à Dumbledore l'autre jour, il y a de grandes chances pour qu'il soit déjà mort.

- Je n'appellerais pas ça des chances ! Et je n'ai rien vu de certain, l'autre jour. J'avais juste l'impression qu'ils avaient tué Pierson, parce que ça en plus de la renaissance de Voldemort, ça aurait pu expliquer pourquoi le lien s'est activé aussi fort. Et parce que j'imaginais qu'ils allaient le faire.

- T'es-tu demandé pourquoi Voldemort avait insisté pour stopper ta vision ?

- Il ne voulait pas que j'assiste au meeting. Cela semble évident.

- Je ne crois pas. Il a toujours aimé avoir du public pour ce qu'il estimait être des triomphes des Mangemorts.

- Il avait sans doute peur que je reconnaisse des Mangemorts.

- Ou il ne voulait pas que tu le voies tuer le ministre, parce qu'il savait que son petit mot perdrait toute sa crédibilité. Tu ne peux pas aller te jeter ainsi sans raison dans la gueule du loup. Nous avons besoin de toi. Si tu devais mourir et si le ministre ne devait pas revenir, l'effet sur le moral de tous les sorciers serait tel que Voldemort pourrait faire ce qu'il veut ! »

Harry s'adossa contre la tête de lit. Il savait que Hermione avait raison. Mais il détestait être paré de cette valeur symbolique. Il était censé être un des sorciers les plus puissants de la planète, alors pourquoi devait-il sans cesse être protégé ? Que faisait-il dans l'enceinte de Poudlard alors que d'autres risquaient leur vie au dehors ?

« Tu n'as pas à te sentir coupable, dit Hermione, comme si elle lisait dans ses pensées.

- Tout le monde compte sur moi pour les sauver, mais je reste caché dans l'endroit le plus sûr, comment veux-tu que je ne me sente pas coupable ?

- En ce moment, cet endroit ne serait sûrement pas le mieux protégé du pays si tu n'y étais pas. Dumbledore n'est pas là. Et les Aurors ne peuvent pas faire grand-chose, tu sais. Depuis hier, ils essaient en vain de localiser les Mangemorts, et Voldemort. Mais c'est presque impossible, et il ne leur reste qu'à attendre une nouvelle attaque. »

Harry hocha la tête en soupirant, et il se laissa retomber sur ses oreillers. Une soudaine vague de déprime l'envahit.

« Je me demande si tout cela finira un jour. Je veux dire, arriverons-nous à nous débarrasser de Voldemort pour de bon ?

- Il y a forcément un moyen. L'impossible n'est pas magique. J'ai déjà commencé à chercher.

- A chercher ? Mais qu'est-ce que tu cherches ? On peut le tuer, mais il revient quand même ! Qu'est qu'on pourrait faire de plus ?

- Je ne sais pas. Mais j'ai été chercher dans la réserve quelques livres sur d'anciens sortilèges. Ma théorie, c'est que les maléfices mortels comme Avada Kedavra tuent le corps. C'est le propre de la mort : la destruction du corps, sa séparation d'avec l'âme. Avec Voldemort, c'est l'âme que nous devons détruire. Il ne faut pas lui permettre de s'échapper. Le problème, c'est que je n'ai aucune idée d'où trouver ce genre de sorts.

- J'espère que tu trouveras. Je n'ai pas envie de passer ma vie à le tuer régulièrement pour qu'il trouve le moyen de revenir. » Il grimaça un sourire, mais son humeur n'était pas vraiment encline à la plaisanterie. Il baissa les yeux, jouant machinalement avec le bord de son drap. Puis il fit un effort pour se reprendre. Comme l'avait dit Hagrid, des années auparavant, « il arriverait ce qui arriverait et il faudrait se préparer à l'affronter. »

- Qu'arrive-t-il à mes cours d'aujourd'hui ? demanda-t-il pour ramener la conversation à un sujet moins dramatique. Je ne crois pas avoir la permission de les assurer.

- Rogue a accepté de te remplacer.

- Oh non ! Il va passer son temps à critiquer ce que j'ai fait !

- Peut-être. Mais il y a des bons côtés. Au moins tu es sûr d'être bien accueilli à ton retour. Il faut que j'y aille, Harry. Sylvie ne devrait plus tarder.

- Je commençais à me demander si elle ne m'évitait pas.

- Oh non. Elle est restée avec toi pendant presque tout le temps où tu as été inconscient. Je crois qu'elle voulait préparer James avant de venir te voir, ce matin. Ils ont une petite surprise pour toi.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Tu le sauras bien assez tôt. Salut !

- Bonne journée, Hermione. »

La jeune femme avait à peine quitté la pièce que des bruits de voix informaient Harry de l'approche de se famille. Puis le rideau qu'il entourait se mit à onduler à se froisser d'une manière étrange, alors qu'une petite voix chantonnait des sons inintelligibles. Et enfin le rideau se souleva et une petite tête recouverte de cheveux noirs en désordre apparut en dessous, riant en se faufilant sous l'étoffe.

« Je ne suis pas sûr que les gens entrent comme ça, d'habitude, James, » dit Harry en riant, heureux de voir son fils, trop jeune encore pour comprendre les événements terribles qui se déroulaient. L'enfant releva brusquement la tête, surpris. Il remarqua alors la présence de son père, se releva et courut vers le lit en tendant les bras. Harry le souleva et le déposa sur le lit à côté de lui. Cela ne sembla pas satisfaire le bébé qui entreprit aussitôt l'escalade de son père. Celui-ci l'attrapa alors et le tint serré contre lui.

L'enfant le regarda et, pour une raison connue de lui seul, éclata de rire. Puis il tendit un doigt vers Harry.

« Pa-pa. » articula-t-il. Harry sentit son c?ur fondre. Toutes les angoisses des dernières semaines étaient comme balayées par ce simple appel. Papa. Lui. Il regarda le petit bonhomme dans ses bras, inconscient des menaces qui pesaient sur eux et sur tout le château. Et il s'imagina, au même âge, blotti dans les bras de son père. Avait-il eu le temps d'apprendre à appeler ses parents avant qu'on ne les lui enlève ?

Des cris angoissés le tirèrent de ses pensées. Il reconnut sans peine la voix de Sylvie.

« James ! appelait-elle. Où es-tu encore passé ?

- Il est avec moi, » cria Harry. La jeune femme se précipita sur lui. « Harry ! » s'écria-t-elle. Puis son regard se posa sur James, confortablement installé contre sa poitrine.

« Petit démon ! gronda-t-elle. Partir comme ça ! » Puis elle sourit doucement au bébé. « Tu savait que Mme Pomfresh ne voulait pas te laisser venir voir papa, n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu es venu en douce ! »

L'enfant se mit prononcer des syllabes sans suite, comme il le faisait souvent ces derniers temps.

« Il répond oui, dit Harry. C'est mon digne héritier. Dès qu'il saura lire je lui transmettrai la Carte du Maraudeur. Pour qu'il la connaissent par c?ur avant même son entrée à Poudlard.

- La carte du Maraudeur ? Qu'est-ce que c'est que cela ?

- Euh, répondit Harry en rougissant soudain. Je ne crois pas que tu aies très envie de le savoir.

- Harry. » Sylvie avait pris un air faussement menaçant.

Harry mit les bras devant son visage, comme pour se protéger. Puis il fit semblant de capituler. « Très bien. Les Maraudeurs, c'étaient mon père et ses amis, quand ils étaient à Poudlard.

- Je sais cela. Ils paraît qu'ils étaient plutôt terribles.

- C'est ce qu'on dit. En tout cas, ils ont créé cette carte du château, sur laquelle figurent tous les passages secrets qu'ils connaissaient, et il y en avait beaucoup. Ce sont les jumeaux Weasley qui l'ont récupérée et me l'ont transmise.

- Je vois. Une carte possédée par tous les pires causeurs de troubles que cette école ait connus pendant deux générations, et tu veux la donner à James ! J'admire tes ambitions pour lui, Harry.

- C'est parce qu'il montre déjà les même dispositions que les Maraudeurs, c'est tout. Il s'est débrouillé comme un chef pour venir ici. » Il ébouriffa les cheveux déjà désordonnés du petit garçon.

Sylvie s'assit sur le lit à côté de lui. Elle ferma les yeux un court instant.

« Tu as l'air épuisé, remarqua Harry. Tu vas bien ?

- Ça va, répondit-elle en étouffant un bâillement. Je n'ai pas beaucoup dormi depuis samedi.

- Je croyais que les Weasley t'avaient envoyée au lit hier soir, et que tu y étais restée jusqu'à ce matin ?

- C'est ce que je voulais faire. Mais il y a eu un petit changement de programme.

- Changement de programme ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien de grave. J'ai passé la nuit à Londres. Au ministère.

- Au ministère ? Sylvie, pourrais-tu s'il te plaît m'expliquer ce que tu as fait ? Je suppose que ce n'était pas pour faire du tourisme que tu as été à Londres ? Et te rends-tu compte que tu es en danger si tu quittes les limites du château ?

- C'est le professeur Dumbledore qui m'a fait venir. Il a passé la journée à réunir des gens pour discuter de la suite à donner au combat contre Voldemort. Et ils en sont arrivés à la conclusion que le meilleur moyen de le surprendre était d'utiliser des technologies moldues. Il m'a fait venir hier soir pour en discuter.

- Ils veulent armer les Aurors avec des pistolets ? J'imagine que n'importe quel Mangemort s'en débarrassera facilement d'un Expelliarmus. C'est une surprise qui ne les gênera pas beaucoup.

- C'est ce qu'ils m'ont dit. Ils pensent plutôt à des armes chimiques, et ils aimeraient essayer d'utiliser des radars, ou d'autres moyens pour localiser les Mangemorts. »

Harry la regarda d'un air étonné. C'était étrange, parler de chimie ou de radars à Poudlard. D'un autre côté, Dumbledore avait peut-être raison. Non, Dumbledore avait sûrement raison. Il ne l'avait jamais vu se tromper. Les sorciers avaient tendance à mépriser et à sous-estimer la technologie moldue. Et les Mangemorts, bien sûr, étaient fiers de ne rien avoir à faire avec la communauté non magique, sauf lorsqu'il s'agissait d'en torturer quelques membres. Jamais ils ne penseraient à se protéger contre une telle attaque. A condition bien sûr que cela ne leur revienne pas aux oreilles.

« Vous avez décidé quelque chose ? demanda-t-il.

- Rien de définitif. Je crois que le directeur voulait surtout savoir ce qui était disponible, au cas où. Mais il avait l'air de vraiment aimer cette idée. Bien sûr, cela ne peut marcher que si le minimum de personne sont au courant.

- J'avais compris. Mais tu n'avais pas à être impliquée là-dedans. Et Dumbledore n'a pas l'air de réaliser que tu es en danger quand tu quittes Poudlard.

- Eh ! je n'ai fait que prendre la poudre de cheminette pour atterrir dans son bureau ! Personne ne savait que j'avais quitté le château, et je ne suis passée par aucun lieu non protégé. Quand à être impliquée là-dedans, comme tu dis. Je te rappelle que je suis ta femme, donc je suis impliquée, que tu le veuilles ou non. »

Harry soupira. Il aurait aimé que Sylvie reste à l'écart de tout cela. Malgré ce qu'elle disait, ce n'était pas sa guerre. Ce ne serait jamais sa guerre. Même si une conversation au ministère, avec Dumbledore, semblait inoffensive, il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur, rétrospectivement, à l'idée qu'elle avait quitté Poudlard. Même s'ils n'en avaient jamais vraiment parlé, ils savaient qu'elle était une cible de Voldemort. Comme tous ceux qui avaient un jour compté pour Harry. Comme Sirius l'avait été, Comme Ron et Hermione l'étaient, comme les Dursley le seraient sans doute si le mage noir pensait que Harry se souciait d'eux. Et comme le petit James, qui avait commencé à s'endormir sur sa poitrine.

« Harry, murmura Sylvie, je te promets que je ne me mets pas en danger. Après tout, tu dis toi-même que la présence de Dumbledore suffit à sécuriser un bâtiment.

- Je sais. Et il ne t'aurait pas demandé de venir dans le cas contraire, il serait passé à Poudlard. Mais j'ai terriblement peur, Sylvie. S'il devait t'arriver quelque chose, ou à James. Il y a déjà eu tellement de morts à cause de moi.

- Tu n'as jamais cessé de te sentir coupable, n'est-ce pas ? Pour la mort de ton parrain, pour Cédric, tes parents, même.

- Comment sais-tu pour Cédric ? coupa Harry, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Je ne crois pas t'en avoir parlé.

- Tu parlais beaucoup, les premières années. Quand tu faisais ces affreux cauchemars. Tu ne peux pas savoir le nombre de fois où tu as crié le nom de Sirius, de Cédric, ou de Cho. Et certaines fois, tu murmurais que ce n'était pas de ta faute. Je crois que si tu t'es ainsi exilé, c'était en grande partie parce que tu ne te sentais plus le droit de vivre ta vie au milieu de gens qui t'aimaient. Je n'étais pas là à l'époque, mais rien de tout cela n'a jamais été de ta faute. »

Harry ne répondit pas. Bien sûr qu'elle avait raison. Après la mort de Sirius, il s'était dit que plus jamais il ne pourrait regarder dans les yeux quelqu'un qui savait. Il avait caché sa honte derrière le deuil, et c'était cette honte qui avait rendu les éloges si durs à accepter. Il avait appris à vivre avec, mais n'avait jamais pu se défaire de cette culpabilité. Tout comme il ne pouvait toujours pas penser à Sirius sans ressentir la profonde injustice de ce qui avait été sa vie. Et il savait que s'il devait revivre la même épreuve avec la famille qu'il s'était construite, il deviendrait probablement fou.

« Promets-moi simplement que tu ne quitteras pas Poudlard sans m'avertir, d'accord ?

- Oui, Monsieur. Sauf si un ministre par intérim m'appelle d'urgence à un moment où tu es inconscient sur un lit d'hôpital, je promets que je ne quitterais plus Poudlard sans ton autorisation. Ça va ?

- Je suppose que je ferai avec. » Peu après, James commença à grogner et Sylvie l'emporta hors de la pièce en promettant de revenir. Le soir, Harry insista tellement auprès de l'infirmière qu'elle finit par le laisser sortir, après lui avoir fait promettre de rentrer directement chez lui et de ne pas reprendre le travail trop rapidement. En passant, il s'arrêta un instant devant le lit de Méline. La petite fille était assise contre ses oreillers, et semblait plongée dans la lecture d'un livre.

« Comment va-t-elle ? demanda-t-il doucement à Mme Pomfresh, pour ne pas être entendu de l'enfant.

- Bien. Mais je n'ose pas la renvoyer à son dortoir. Je ne comprendrai jamais ces gosses qui s'amusent à se faire du mal les uns les autres. Et Minerva n'a pas encore décidé de ce qu'on allait en faire. Elle est débordée.

- J'imagine, dit Harry en se rappelant soudain la promesse qu'il avait faite le matin. Il irait voir la directrice le lendemain. Après avoir échangé encore deux ou trois phrase avec l'infirmière, il s'approcha du lit pendant que celle-ci rentrait dans son bureau. Méline leva la tête et sourit en le voyant. Son visage avait repris des couleurs.

« Vous allez encore vous faire gronder, dit-elle.

- Non. Cette fois j'ai la permission. Je voulais juste te rappeler que, si jamais ça ne va pas, ou si tu as juste envie de parler, tu sais où est mon bureau, n'est-ce pas ? Et, si je n'y suis pas, tu peux venir chez moi. Ça ne me dérangera pas. »

Elle hocha la tête.

« Les autres disent que vous n'aimez pas les Serpentard, parce que vous étiez à Griffondor. Pourquoi vous faites cela ?

- Juger les gens uniquement sur leur appartenance à une maison est un peu réducteur, tu ne crois pas ? Et, tu sais, le Choixpeau a failli m'envoyer à Serpentard, nous ne sommes pas si différents. »

Le lendemain, il convainquit sans trop de mal le professeur McGonagall de garder l'enfant à Poudlard.

« Ce qui m'inquiète le plus, dit la directrice, c'est de la remettre entre les mains de Severus. Il manque de la psychologie la plus élémentaire. Et les Serpentard ne sont pas mieux, c'est le moins qu'on puisse dire.

- Je pensais. Peut-être serait-il bon de la changer de maison, pour l'instant du moins.

- Nous ne pouvons pas aller contre la décision du Chapeau magique. Il l'a placée là-bas pour une raison.

- Et elle a failli en mourir ! Ailleurs, les choses n'en seraient pas arrivées là. Les Serpentard n'ont aucune pitié envers ceux qui sont plus faibles, et particulièrement s'ils sont nés de parents moldus. Elle est probablement leur cible privilégiée. Vous rappelez-vous Neville Londubat ?

- Bien sûr. Un gentil garçon, mais plutôt désespérant. C'est heureux pour lui d'avoir obtenu cet emploi dans le domaine qui le passionnait.

- Neville était une cible pour les Serpentard. Nous étions sans cesse obligés de le défendre, de lui redonner confiance en lui quand il croisait Drago Malefoy ou un de ses acolytes. Professeurs, si Neville avait été placé chez les Serpentard, il n'aurait sûrement pas survécu aux sept années d'école, il n'aurait jamais exploité son don pour la botanique. Et je crois que Méline est dans le même cas.

- Le chapeau n'a jamais envoyé Londubat à Serpentard. La situation est totalement différente.

- Le chapeau voulait m'envoyer là-bas, moi aussi. C'est parce que je le lui ai demandé que j'ai fini à Gryffondor. Si je n'avais pas rencontré Ron, dans le train, je n'aurais rien su au sujet des maisons, j'aurais peut-être été à Serpentard, et je ne sais pas comment j'aurais réussi à survivre. Nous devrions offrir à cette enfant la chance d'être répartie de nouveau.

- Nous ne pouvons pas faire ça, Potter. Ce serait remettre en cause l'autorité du chapeau, et il risquerait de mal le prendre. De plus, tous les élèves qui ne sont pas contents de leur sort demanderaient à bénéficier de la même faveur.

- Professeur, il y a des années que vous travaillez à Poudlard, n'est-ce pas ? Et vous y avez été élève, avant, je suppose. Dites moi, combien avez- vous rencontré de gens qui n'étaient pas satisfaits de la maison dans laquelle ils avaient été placés ? »

La vieille sorcière le fixa d'un air interrogateur, se demandant où il voulait en venir. Puis elle réfléchit un long moment et finit par répondre.

« Aucun, je crois. Certains sont déçus au début, mais en général au bout de quelques semaines ils sont parfaitement heureux là où ils sont. C'est à cela que sert le Choixpeau.

- Aucun ne demanderait à bénéficier du même traitement si nous faisions repasser le test à Méline.

- Mais cela prouve ce que je dis, Potter. Le chapeau magique ne fait pas d'erreur. Il envoie les enfants dans la maison qui leur correspond le mieux. Peut-être cette petite est-elle simplement trop jeune pour s'adapter. Nous devrions peut-être écouter Rogue et la renvoyer chez elle en attendant qu'elle ait l'âge normal.

- Que voulez-vous dire ?

- Je pensais que tous les professeurs étaient au courant, Potter. Méline a été admise à Poudlard avec deux ans d'avance. Elle a eu neuf ans au printemps dernier. Il est très rare que de telles mesures soient prises, et peut-être avons nous fait une erreur.

- Mais pourquoi l'avez-vous fait venir ici si tôt ?

- Parce qu'après la mort de sa mère, elle a été terriblement perturbée. Et sa magie en a été affectée. Elle s'est mise à pratiquer la magie accidentelle de façon extrêmement fréquente et puissante. J'imagine qu'elle sera extrêmement puissante plus tard. En tout cas, après avoir été obligé d'intervenir plusieurs fois dans le foyer moldu où elle vivait, le ministère nous a demandé de la prendre à Poudlard. Le problème, c'est que si nous la renvoyons chez les moldus, les incidents vont probablement continuer, de plus elle y était probablement malheureuse, sinon la magie n'aurait pas été aussi forte. C'est pourquoi il est préférable que nous la gardions pour l'instant. »

Harry hocha la tête. Il ignorait ce que venait de lui dire McGonagall, mais la fillette avait toujours semblé terriblement petite et frêle, elle ne faisait pas onze ans. Et sur un plan émotionnel, il comprenait également mieux son manque de maturité. D'un autre côté, cela rendait son geste encore plus terrible : on ne s'ouvre pas les veines à neuf ans. C'était tout simplement inimaginable.

« J'ai demandé à Mme Pomfresh de la garder à l'infirmerie jusqu'à ce nous ayons pris une décision, reprit le professeur de Métamorphose. Si la situation se calme un peu à l'extérieur dans les jours qui viennent, j'imagine que nous pourrons parler d'elle à Albus. C'est lui qui a pris la décision de l'admettre ici, et il aura sûrement une idée. » Sur ce, la sorcière renvoya Harry chez lui. Le jeune homme rejoignit son appartement, songeur. Il aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour Méline. La fillette éveillait chez lui un très fort instinct de protection. Peut-être parce que sa propre enfance n'avait pas été heureuse, parce qu'il savait ce que c'était de se sentir rejeté. Mais lui avait trouvé presque une famille en arrivant à Poudlard, elle n'avait pas eu cette chance. On aurait pu penser que c'était entièrement de sa faute, qu'elle n'était pas assez forte. Mais pour une enfant issue du monde moldu, plus jeune que les autres, était-ce réellement possible de se faire une place à Serpentard ?

Harry rejoignit son appartement, et fut accueilli par les cris joyeux de James. Le bébé avait installé un nombre impressionnant de peluches sur le sol, et allait de l'une à l'autre en babillant dans son langage incompréhensible. Il avait dans une main le petit lion, et de temps en temps son charabia se changeait en grognements censés sans doute impressionner l'animal qui lui faisait face. Sur le canapé, près de lui, Sylvie était plongée dans un livre, jetant de temps en temps un coup d'?il amusé à son fils. Dès qu'il aperçut son père l'enfant abandonna son jeu et se précipita sur lui. Harry l'embrassa distraitement, et le reposa au sol. Puis il se pencha et déposa un baiser sur les cheveux de sa femme. Elle lui demanda comment s'était passé son entretien avec McGonagall. Harry lui avait parlé de Méline, et la jeune femme avait été très touchée par ce que Harry lui avait dit de la petite fille. Fille de la campagne, Sylvie avait gardé de son enfance des souvenirs merveilleux. Elle n'oublierait jamais la petite école du village où elle avait appris à lire, les bancs de bois qui semblaient avoir toujours été là, les longues courses qu'elle faisait dans les bois, seule ou avec d'autres enfants. Et la certitude que, lorsqu'elle rentrerait, sa mère l'attendrait avec des tartines beurrées et un bol de chocolat chaud. L'idée que certains enfants étaient privés de tout cela la rendait malade.

« Cette enfant a besoin d'une famille. Pas d'un dortoir où tous les autres se moqueront d'elle et où Rogue est le seul adulte responsable.

- Tu prêche un convaincu, mais il n'y pas de solution.

- Faisons-la venir ici.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

- On ne peut pas la renvoyer dans ce foyer. Elle ne peut pas rester à Serpentard, et franchement ça m'étonnerait que passer tout son temps à l'infirmerie soit enthousiasmant. Elle a besoin d'une famille, nous sommes une famille. Et nous sommes à Poudlard, ce qui lui permettra de continuer ses études.

- Sylvie, est-ce que tu es consciente de la responsabilité que ça représente ? Et nous ne pouvons pas nous mettre à adopter tous les enfants malheureux de Poudlard.

- Qui te parle d'adoption ? Je te propose simplement de la prendre avec nous jusqu'à ce qu'elle aille mieux, jusqu'à ce qu'elle soit prête à affronter les autres. »

Harry s'assit auprès de sa femme, et l'entoura de ses bras. Il reconnaissait bien là Sylvie, incapable de résister à la souffrance d'autrui. Il savait aussi qu'elle mourait d'envie de faire quelque chose d'utile. La jeune femme se pelotonna dans les bras forts de son mari.

« Je ne connais rien à la magie, murmura-t-elle, mais je suis sûre que je peux aider cette enfant. Et toi aussi. C'est à toi qu'elle s'est confiée, elle te fait confiance, Harry.

- D'accord, dit-il. Je vais en parler à McGonagall une fois de plus.

- Non. C'est mon idée, j'y vais. Reste ici un moment, après tout tu reprends les cours demain, et tu es censé te reposer. »

Harry n'insista pas. Il savait qu'il était important pour Sylvie de se faire sa place à Poudlard sans son aide, et il préférait que ce soit en aidant des élèves malheureux plutôt qu'en aidant Dumbledore à lutter contre Voldemort. Il s'installa par terre à côté de James.

« Grr ! fit l'enfant en tournant le lion vers son père.

- Désolé, James, rit Harry. Je ne crois pas que tu puisses m'impressionner avec un lion.

- Grr, insista l'enfant. Papa Grr.

- Ok, là je crois que tu as gagné ! » admit Harry en reculant, les mains devant le visage et en poussant un cri de frayeur. James éclata de rire et bondit sur son père. Un léger coup fut frappé à la porte.

« Entrez ! » dit Harry en se relevant. Il défroissa rapidement sa robe. La porte s'ouvrit lentement, et une figure pâle fit son apparition.

« Ginny ! s'exclama Harry. Viens t'asseoir. » La jeune femme s'avança d'un pas incertain, elle semblait prête à s'effondrer. Harry la soutint jusqu'au canapé.

« Ginny, qu'est-ce qui se passe ? demanda Harry. Est-ce que ça a un rapport avec Drago ? »

Elle hocha la tête, luttant contre les larmes. Harry la regarda un instant, impuissant.

« Tu veux que j'aille chercher Hermione ? » proposa-t-il en se levant. Elle posa une main sur son bras pour le retenir.

« Elle n'est pas chez elle. Je ne sais pas pourquoi je suis venue ici, Harry. Je suis désolée. Je vais te laisser.

- Non. Tu ne peux pas partir comme ça. Dis-moi ce qui te tracasse, Ginny. Tu sais que tu peux me faire confiance, n'est-ce pas ?

Elle baissa la tête d'un air désespéré.

- Je te jure que je ne dirai rien à Ron. Ginny, je suis inquiet pour toi. Depuis que je t'ai croisée dans le couloir, tu te rappelles ? Et au mariage, on voyait bien que quelque chose n'allait pas. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, la manière dont Ron te traite.

- Toi non plus, tu ne fais pas confiance à Drago.

- Mais j'ai confiance en toi. Je sais que tu ne te serais tournée pour rien au monde vers la magie noire. Et si Malefoy est resté avec toi depuis si longtemps, c'est qu'il t'aime, je suppose. » Jamais Harry n'aurait pensé qu'il dirait une chose pareille.

- Justement, je se sais plus, murmura Ginny. Il a tellement changé depuis que nous sommes rentrés en Angleterre ! J'ai l'impression de ne plus exister.

- Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

- Il rentre au manoir à des heures impossibles, il refuse de me dire ce qui se passe.

- Ginny, tenta Harry, est-ce que tu as pensé qu'il pourrait être.

- NON ! cria la jeune femme. Je savais que tu penserais ça. Parce que c'est un Malefoy, tout le monde pensera toujours que c'est un Mangemort. Mais je sais que ce n'est pas cela. Drago n'est pas un mauvais sorcier, je le sais.

- Tu sais, l'amour peut rendre aveugle parfois.

- Harry, pourquoi crois-tu que Lucius Malefoy a été envoyé à Azkaban ?

- Parce qu'il a été dénoncé, que quelqu'un a envoyé une lettre anonyme.

- Et à ton avis, qui a envoyé cette lettre ? » Elle le regardait dans les yeux, et Harry comprit qu'elle disait la vérité. « C'est pour moi qu'il l'a fait, reprit Ginny, les larmes aux yeux. Tu ne peux pas imaginer ce que ça lui a coûté, envoyer son propre père à Azkaban.

- Mais je croyais que Narcissa.

- Narcissa n'aurait jamais trahi Lucius. Même par lettre anonyme. Je ne crois pas qu'elle ait vraiment soutenu ses activités, mais elle estimait que ce n'était pas à une femme de son niveau de se mêler de ce genre de questions. En tout cas, maintenant, si Drago s'amusait à essayer de recontacter ses anciens amis, il serait tué avant même d'avoir eu le temps d'embrasser les robes de Tu-Sais-Qui.

- Les Mangemorts pensaient que c'était Narcissa, ils ne l'auraient pas tuée autrement.

- Ils savaient que c'était Drago. Sa mère ne savait rien des activités de son mari, et seul Drago était dans les secrets de son père. Il aurait pu signer sa lettre, ça n'aurait rien changé.

- Alors pourquoi ont-ils tué Narcissa ?

- Je l'ignore. Mais ils ont fouillé la maison. Drago se sent terriblement coupable de la mort de sa mère. Il a passé des heures au grenier à essayer de découvrir ce qu'ils cherchaient, et c'est depuis qu'il a changé. J'ai peur qu'il ait trouvé quelque chose de terrible. Il dit que ce n'est rien mais je sais qu'il me ment. Certains jours. Harry, j'ai peur qu'il ait une maîtresse.

- S'il t'aime autant que tu le dis, il y a forcément une autre explication. Ce n'est pas facile de perdre sa mère, tu sais. Surtout comme ça.

- Mais Drago est fort. Ce n'est pas cela. J'aimerais tellement savoir s'il a trouvé quelque chose dans ce grenier, qui expliquerait son comportement. J'ai tellement besoin d'être sûre qu'il m'aime et qu'il est là pour moi. Surtout en ce moment.

- Je croyais que ça allait mieux avec ta famille. Si quelque chose devait casser entre Malefoy et toi, ils seraient là pour toi. Et je serais là pour toi.

- Je sais. Mais moi c'est de lui dont j'ai besoin. Je suis enceinte, Harry.

- Enceinte ? Et il le sait, et il continue de se comporter comme ça ?

- Non, il ne le sait pas. » Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Ginny. « Je ne l'ai découvert que ce matin. C'est pour ça que je voulais voir Hermione. J'ai peur de le lui dire, Harry. Il est tellement bizarre en ce moment, j'ignore comment il va réagir. S'il ne voulait pas de cet enfant.

- Tu sais, je n'ai jamais aimé Malefoy. Mais il serait pire que tout ce que je peux imaginer s'il ne voulait pas de cet enfant. Tu devrais lui dire à lui tout ce que tu viens de me dire, tu sais. Peut-être que tout cela n'est qu'un terrible malentendu.

- Je l'espère. » Elle sortit un mouchoir de sa poche, et s'essuya les yeux, puis se leva. « Merci, Harry, dit-elle d'une voix plus forte. Je suis désolée de t'avoir embêté comme ça avec mes problèmes quand je suis tellement sûre que tu as les tiens. Et, s'il te plaît.

- Ne t'inquiète pas, coupa Harry. Tout ceci reste entre nous. Ron n'en saura rien.

- Merci. Tu peux en parler à Hermione ou Sylvie, je sais qu'elles ne diront rien.

- De rien Ginny. Il était temps que tu te rappelles de ton septième grand frère, après tout. Ça peut toujours être utile. Au fait, c'est pour quand l'heureux événement ?

- Fin mai. » Elle sourit. « Je suppose que je vais aller retrouver Drago, maintenant. Il devait être à Poudlard, ce matin.

- A Poudlard ? Qu'est ce qu'il fait à Poudlard ?

- Il est venu voir Rogue. Tu sais, ils sont plutôt proches. Et Drago travaille dans la recherche en potions, en collaboration avec le ministère. Il vient assez souvent consulter son vieux maître. A bientôt Harry. »

Harry la regarda partir, perdu dans ses pensées. Ginny avait-elle raison, Drago Malefoy avait-il réellement changé de camp, au point de dénoncer son père ? Ou ses absences et ses silences cachaient-elles le fait qu'il était revenu à ses anciens amis ? Son amitié avec Rogue faisait plutôt pencher vers la première supposition, d'un autre côté le professeur de Potions jouissait d'une confiance totale de la part de Dumbledore, il devait connaître bien des secrets qui pourraient être utiles à un Mangemort. Dans tous les cas, aucun des frères Weasley, pas plus que Harry, ne lui pardonnerait s'il faisait souffrir Ginny.

James le tirait par le bas de sa robe, apparemment il désirait jouer. Harry le prit sur ses genoux. Quel genre d'homme serait Drago Malefoy pour ne pas désirer être père ? Pouvait-il réellement ne pas prendre l'enfant que portait sa femme comme un cadeau du ciel ?

Une voix le tira de ses pensées. « Bonjour, Harry Potter. » Harry sursauta. Devant lui se tenait Dobby, un large sourire aux lèvres. James se précipita aussitôt sur l'elfe de maison.

« Bonjour, Dobby. Tu m'a fait peur, je ne t'ai pas entendu arriver.

- Dobby est désolé, Monsieur. Le professeur McGonagall m'a demandé d'amener ça ici. » Il désigna une grosse malle. « Où dois-je mettre ceci, Monsieur ? Et dois-je installer un lit pour la demoiselle ?

- Méline ? Décidément, Sylvie n'aura pas perdu de temps. Tu peux laisser ça ici pour l'instant, Dobby. Je ne sais pas encore comment nous allons nous organiser. Et nous nous débrouillerons pour le lit, merci.

- Vous pouvez appelez Dobby si vous le voulez, Monsieur. Dobby est toujours heureux d'aider Harry Potter.

- Merci. Nous ferons appel à toi en cas de besoin. » L'elfe disparut, avec un léger pop, au moment où Sylvie revenait. « McGonagall est d'accord, dit- elle. Je crois que ça lui enlève une épine du pied.

- Je sais, » dit Harry. Il lui raconta la visite de Dobby. Nous n'avons pas réfléchit à ça, ajouta-t-il. Où va-t-elle dormir ? Nous n'avons que deux chambres.

- J'avais pensé la mettre avec James. Après tout, il fait ses nuits, et il faudrait qu'elle soit plutôt bruyante pour le réveiller en allant se coucher le soir.

- Si tu as déjà tout prévu. Tu ne l'as pas ramenée avec toi ?

- Elle ne me connaît pas. Ce serait probablement mieux si tu y allais, non ? En plus, Mme Pomfresh voulait te revoir aujourd'hui, tu te souviens ?

- Ok, j'y vais, » dit Harry. L'infirmière ne put que constater que Harry était en parfaite santé. Elle avait déjà appris l'arrangement qui avait été trouvé pour Méline, et en était soulagée. L'enfant était assise sur une chaise, habillée. Elle semblait inquiète.

« Bonjour, la salua Harry. Alors, prête à partir d'ici ?

- Oui, Monsieur. Je peux retourner au dortoir ?

- Non. J'ai parlé avec les autres professeurs, et nous avons pensé qu'il était mieux que tu ne retournes pas dans ton dortoir pour l'instant. » Le visage de la petite fille tomba, et elle se mit à trembler.

- Vous avez promis que je ne retournerais pas là-bas, Monsieur ! s'écria-t- elle. Elle se leva brusquement et regarda vers la porte, comme pour s'enfuir.

- Eh ! du calme, dit Harry en posant une main sur l'épaule frêle de l'enfant. Tu restes à Poudlard, pour l'instant.

- C'est vrai ? Ses yeux bleu clairs semblaient intrigués. Mais vous avez dit que.

- Si tu es d'accord, tu vas venir habiter avec moi et ma famille quelque temps. Comme ça, tu pourras aller en cours, sans avoir besoin de retourner au dortoir.

- Avec vous ? » Elle semblait complètement abasourdie. Harry lui sourit. Tu sais, je ne mords pas, et je ne t'obligerai pas à travailler la Défense toute la journée. Si tu veux vraiment retourner dans ton dortoir, on peut s'arranger, bien sûr.

Elle secoua la tête. « Mais votre femme n'a sûrement pas envie de me voir !

- Ne t'inquiète pas pour ça. Elle a insisté pour que je vienne te chercher. Elle a très envie de te connaître. Et je suis sûr que James, c'est mon petit garçon, sera très content d'avoir une grande s?ur pendant quelques mois. Alors, c'est d'accord ?

- Oui. Merci, monsieur.

- Tu peux m'appeler Harry quand nous ne sommes pas en cours. Allez viens, je vais te montrer ton nouveau foyer. » Il plaça une main dans le dos de la fillette pour l'encourager à monter.

« Professeur ? demanda Méline.

- Oui.

- Est-ce que je vais retourner en cours demain ?

- Tu as envie d'y aller ?

- Tout le monde va poser des questions. Et ils vont encore se moquer de moi.

- Tu ne veux toujours pas me dire qui se moque de toi, n'est-ce pas ? » Elle haussa les épaules. « Aucun professeur ne te posera de questions, j'en suis sûr. Et sais-tu pourquoi tu es venue aussi jeune à Poudlard ?

- Parce qu'ils ne voulaient pas de moi au foyer. Ils me l'ont dit.

- N'écoute pas ce que ces « ils » te disent. Si tu es venue en avance, c'est parce qu'il se produisait beaucoup trop de choses bizarres autour de toi, et que les moldus avec qui tu vivais auraient fini par soupçonner quelque chose.

- Je sais. Au foyer, ils disaient que j'étais anormale, qu'il fallait me faire enfermer.

- Ils avaient tort. Ces événements se produisent autour de tous les enfants sorciers, mais toi, tu avais un taux extrêmement élevé. Il est probable que c'est le choc provoqué par la mort de ta mère qui t'a amenée à développer cette magie. Mais cela n'aurait pas atteint un niveau aussi élevé si tu n'avais pas eu en toi la magie nécessaire.

- Je ne comprends pas.

- Ce que j'essaie de te dire, Méline, c'est que tu seras un jour une sorcière très puissante. Et il est probable que tous ceux qui se moquent de toi aujourd'hui le savent. Peut-être sont-ils tout simplement jaloux. Sois fière de ce que tu es, tu as de grandes capacités. Et quand tu retourneras en classe, ne baisse pas la tête. Montre leur que tu peux faire aussi bien qu'eux, mieux qu'eux, même, et même si tu es née de parents moldus, et même si tu es plus jeune. Il n'y a que comme ça qu'ils t'accepteront.

- Mais je ne suis pas forte. Je ne peux pas lutter contre eux.

- Bien sûr que tu le peux. Il suffit que tu en sois persuadée toi-même. Et si quelqu'un te cause des problèmes, tu peux toujours me l'envoyer, d'accord ?

- D'accord. »

Sylvie accueillit l'enfant avec empressement. Au début, Méline semblait un peu perdue, et intimidée, mais au bout de quelques heures elle jouait avec James comme n'importe quel enfant. Lorsque le soir arriva, elle semblait parfaitement bien intégrée à la famille Potter, et eut l'air particulièrement joyeuse quand Sylvie l'autorisa à aider à donner son bain au bébé. Il était impressionnant de voir à quel point le fait de se retrouver dans un environnement familial avait changé la fillette.

Lorsque les enfants eurent été mis au lit, Harry et Sylvie s'assirent côte à côte sur le canapé.

« Je n'arrive pas à croire que c'est la même enfant à qui j'ai parlé à l'infirmerie il y a quelques jours, remarqua Harry.

- Je me demande comment ça va se passer en cours demain. Elle ne peut pas s'isoler complètement de ses camarades.

- C'est à elle de faire face. Mais à part Rogue, nous sommes tous disposer à l'aider. Et il y a quelques premières années de Gryffondor à qui je pourrais peut-être parler. Ils sont ensembles dans plusieurs cours.

- Non. Si tu fais ça, elle perdra toutes ses chances avec les Serpentards. D'après ce que tu m'as raconté, ce serait comme pactiser avec l'ennemi.

- Tu as raison, sans doute. Je me demande quand même si c'est une bonne idée que tu as eue. Elle risque de s'attacher à nous, à James. Mais nous ne sommes pas ses parents. Cet été, elle retournera dans ce foyer moldu, il n'y a rien que nous puissions faire pour l'empêcher.

- Nous aurons tout le temps d'y penser. »

Il y eut un silence, chacun étant plongé dans ses propres pensées. Puis, Harry se rappela soudain qu'il n'avait pas parlé à sa femme de la visite de Ginny. Il lui raconta ce que la jeune femme lui avait confiée, et Sylvie se montra tout à la fois inquiète, et heureuse pour eux.

« J'aimerais rencontrer ce Drago Malefoy, un jour. J'ai entendu dire tant de choses sur lui, et je ne l'ai même jamais vu !

- Crois-moi, c'est aussi bien ainsi. A moins qu'il n'ait réellement beaucoup changé, il ne sera probablement pas particulièrement aimable avec toi. Tu es une moldue, et en plus tu es ma femme. Et même s'il a changé, il est resté ami avec Rogue, au mieux il se conduira comme lui.

- Tu sais, je crois qu'au fond Rogue ne te déteste pas autant qu'il aimerait te le faire croire. L'autre nuit, il avait l'air drôlement anxieux.

- Probablement parce que sa marque le brûlait. Il avait peur du retour de Voldemort, il n'avait pas peur pour moi. Ou peut-être que si. Après tout, qui peut dire ce qui se dissimule derrière la façade de Severus Rogue ? Mais pour en revenir à Malefoy, lui, au moins, il se lave les cheveux.

- Harry ! Pourrais-tu mettre de côté tes blagues de collégien, s'il te plaît ? J'essayais d'avoir une conversation sérieuse.

- Moi aussi. Tu sais, je ne sais vraiment plus quoi penser de Drago. J'avais fini par croire ce que Ginny disait de lui, qu'il avait changé, après tout je n'étais pas là la dernière année. Quand elle m'a parlé de son comportement bizarre, au début, j'ai pensé que c'était facile à expliquer.

- Mais ?

- Mais je crois que s'il était réellement redevenu un Mangemort, il l'aurait fait avec bien plus de tact. Il n'aurait pas eu autant de trous dans son emploi du temps, il n'aurait pas changé aussi ouvertement. Je crois que j'aimerais lui parler, mettre tout ça au clair. Mon dieu, je n'aurais jamais imaginé souhaiter ça un jour. Parler à Drago Malefoy, quelle idée !

- Espérons que Ginny aura réussi à tout arranger avec lui. Je me demande ce que Ron penserait de tout cela.

- Je ne me pose même pas la question. C'est évident. Mais j'ai promis à sa s?ur qu'il n'en saurait rien. Tu sais, je commence vraiment à me perdre dans tout ça. Trop de choses arrivent en même temps. Voldemort, Malefoy, les problèmes de Méline. J'ai sept heures de cours à assumer demain, et aucune idée de ce que je vais bien pouvoir raconter. Il y a une semaine que je ne suis pas passé prendre de nouvelles de Dudley, je ne sais même pas s'il est encore en vie. Et par dessus le marché tout le monde semble compter sur moi pour assurer la sécurité de Poudlard en l'absence de Dumbledore. Tu ne peux pas savoir à quel point je regrette l'époque où nous vivions tranquilles tous les deux.

- Tu t'en tires très bien, Harry, et tu continueras. Je suis sûre que tu arriveras parfaitement à assurer tes cours de demain. Et tout le monde à confiance en tes capacités pour protéger le château, simplement parce que tu en es capable, j'en suis sûre. Quant à ton cousin, la potion ne sera pas prête avant la semaine prochaine, ils le savent aussi bien que toi. Le fait que tu ailles le voir ou pas ne change plus grand chose, maintenant. Ils ne te laisseraient probablement même pas entrer dans la chambre.

- Je sais. Je me demande ce que Voldemort a fait depuis samedi. Dumbledore craignait une attaque rapide, il n'aurait pas quitté Poudlard autrement. Depuis la mort de Lavande, il ne s'est rien passé. J'ai peur que nous n'entrions dans une nouvelle période d'attente. Et ça ne me dit rien de bon. On dirait qu'il essaie une nouvelle fois de faire croire qu'il n'est pas réellement revenu. Comme quand Fudge niait qu'il soit vraiment de retour, à l'époque les Mangemorts avaient essayé de lui donner raison. Mais aujourd'hui, la mort de Lavande est là pour proclamer le retour du seigneur des Ténèbres, et je ne comprends pas pourquoi il sont si calmes.

- Je ne sais pas. Peut-être que quelque chose s'est mal passé, peut-être qu'ils ont des problèmes. Tu devrais aller dormir, tu as une longue journée demain. »

Ce n'est que plusieurs jours plus tard qu'ils eurent des nouvelles des Mangemorts. Une nuit, Harry fut réveillé par des coups violents frappés à sa porte. Il se leva et se dépêcha de descendre avant que toute la famille ne soit réveillée. Ron se tenait dans le couloir, complètement habillé, le visage livide dans la semi-obscurité.

« Que se passe-t-il ? demanda Harry.

- La maison de Seamus vient d'être attaquée par un commando de Mangemorts. Elle a entièrement brûlé. Je viens d'être appelé là-bas, c'est affreux, Harry. Il n'en reste qu'un tas de ruine, et la marque des Ténèbres flotte dessus. »

La poitrine de Harry se serra. Il respira profondément, et regarda le visage défait de son ami.

« Ron, murmura-t-il, est-ce que Seamus.

- On ne sait pas, répondit le rouquin. Seamus est introuvable, mais aucun corps n'a été retrouvé dans la maison non plus. Mais ils l'ont appelé plusieurs fois, et il ne s'est pas manifesté. »

Ron semblait prêt à craquer. Si la disparition de Seamus, avec qui il avait partagé un dortoir pendant sept ans, était un choc pour Harry, il n'osait pas imaginé ce que cela pouvait être pour le jeune Auror, qui avait été son équipier et son ami depuis qu'ils avaient quitté l'école. Il fit asseoir son ami sur le canapé, et prépara rapidement du thé fort. Lorsqu'il revint dans le salon, Ron s'était calmé.

« Si Seamus est mort là dedans, je jure que je les retrouverai, et que je les tuerai. Harry, pourquoi n'avons pas pensé qu'ils pourraient s'en prendre à lui, après la mort de Lavande ?

- Nous ne pouvions pas prévoir. Un jour, ils paieront pour tout ça, Ron, il faudra qu'ils paient. Mais ne fait rien d'inconsidéré, d'accord ? Ils ne te feront pas de cadeaux. » Le visage du rouquin se crispa, et il se leva.

« Ne rien faire d'inconsidéré ? cria-t-il. On dirait Hermione ! Est-ce que nous devons les laisser nous frapper tous les uns après les autres, sans réagir ? Je pensais que tu m'aiderais, Harry. Nous savons très bien qui est derrière tout ça, et personne ne fait rien. Ça suffit, maintenant !

- Calme toi, Ron, tu vas réveiller tout le château, s'écria Harry, mais déjà Sylvie descendait les rejoindre.

- Je ne me calmerai pas. Sais-tu ce que mes collègues font en ce moment pour retrouver Seamus ? Rien. Ils continuent exactement la même chose que depuis Halloween. Et ils viennent de m'annoncer que je ne pouvais plus travailler jusqu'à ce qu'on m'ait trouvé un nouvel équipier ! Comme si on n'avait pas besoin de toutes les bonnes volontés en ce moment.

- Aurais-tu oublié que c'est Dumbledore qui a pris le contrôle du ministère, et par conséquent des Aurors ? Il sait ce qu'il fait, crois-moi, et si vous ne faites rien de plus, c'est peut-être qu'il n'y a rien de plus à faire. Nous savons qui est derrière tout ça, mais nous ignorons où se cachent Voldemort et les Mangemorts.

- Nous savons où se cache Drago Malefoy. Ça me semble un bon point de départ.

- Ron ! Pourrais-tu oublier cinq minutes ta rancune d'adolescent ? Nous n'avons rien contre Drago, rien qui l'implique dans une quelconque activité de magie noire.

- Je suis sûr qu'on trouverait si on se donnait la peine de chercher un peu.

- Il y a dans le monde moldu une loi qui dit : « innocent jusqu'à preuve du contraire. » Certains sorciers feraient bien d'y penser un peu de temps en temps.

- Nous sommes en guerre. Ce principe est très bien en temps de paix, mais pour l'instant nous ne pouvons pas laisser la moindre personne qui pourrait avoir des liens avec Voldemort en liberté.

- Et Sirius a passé douze ans à Azkaban, dit Harry d'une voix douce. Ron, c'est parce que nous respectons ce genre de principes que nous sommes différents d'eux. »

La colère de Ron sembla tomber d'un coup, et il se laissa retomber sur le canapé. « Je suis désolé, Harry, dit-il. Bien sûr que tu as raison. Mais je reste tellement persuadé qu'il est mouillé là-dedans, et savoir qu'il est avec Ginny. Et ça me rend malade de n'avoir rien pu faire pour Seamus.

- L'attente est dure pour tout le monde, crois-moi. Penses-tu que ça m'amuse de rester à Poudlard quand je sais que Voldemort est dehors, et que beaucoup comptent sur moi pour les en protéger ? Mais nous ne pouvons pas nous emporter comme ça. Il ne nous fera pas de cadeaux, il profitera de la moindre erreur. Et ne parle pas de Seamus au passé, Ron. D'après ce que nous savons, il est peut-être encore en vie. Tu devrais rentrer chez toi, maintenant. Je te raccompagne.

- Merci, Harry. Harry ? Tu crois vraiment qu'il n'y est pour rien ?

- Ginny en est persuadée. Et j'ai tendance à la croire, oui. Même si je n'irai pas confier tous mes secrets à Malefoy. Tu sais, tu devrais vraiment avoir une longue conversation avec ta s?ur. Vous souffrez tous les deux de cette situation.

- S'il te plaît ! Hermione me répète ça tous les jours. Et j'en ai assez d'entendre dire qu'elle a raison.

- Si tu le sais déjà, je ne te le répéterai pas. Mais c'est dans les périodes difficiles que l'on a le plus besoin de sa famille. Tu as la chance d'en avoir une. »

Ils étaient arrivés devant l'appartement de Ron. « Va dormir, dit Harry. On aura peut-être des nouvelles demain matin. Hermione sait ?

- Oui. Elle est partie informer McGonagall de ce qui se passe, mais elle ne devrait pas tarder. Bonne nuit, Harry.

- Bonne nuit, Ron. Ou plutôt bonne matinée. Il est plus de cinq heures du matin. Et profite de ta journée de congé, tu as l'air d'en avoir grand besoin. »

Merci à tous ceux qui lisent. Lunenoire : Personne ( en tous cas pas moi ) n'a dit que Méline était une descendante de Serpentard. Mais c'est une idée intéressante et je ne dis pas que ce n'est pas le cas ( ce chapitre te confirmerait-il dans cette hypothèse ?). Quant à demander au choixpeau. J'imagine qu'il ne doit pas répéter ce qu'il voit dans la tête des gens, ce serait vraiment une violation de leur intimité.

Pour le reste, continuez à lire ( même si beaucoup ont déjà tout compris et que je ne sais pas doser le suspense).

Et merci pour vos reviews.