Chapitre 9

Harry ne retourna pas se coucher cette nuit là. Il fut soulagé de voir arriver le matin, pour pouvoir s'occuper l'esprit. Il prépara le petit déjeuner en attendant l'arrivée de la gazette du sorcier.

« Professeur ? » demanda soudain une petite voix derrière lui. Il se retourna pour observer la petite silhouette de Méline, habillée de sa robe de Poudlard mais les cheveux encore ébouriffés par la nuit. Harry lui fit un sourire encourageant. Si la fillette avait retrouvé une certaine joie de vivre depuis qu'elle habitait avec eux, il la savait fragile. Les blessures n'étaient pas complètement cicatrisées.

« Qu'y a-t-il, Méline ?

- Est-ce que des gens sont morts, cette nuit ?

Harry soupira. « Tu as entendu, n'est-ce pas ?

- Je ne voulais pas, mais il y avait cet homme qui criait, et ça m'a réveillée. J'avais peur, et je me suis cachée dans l'escalier pour entendre ce qui ce passait. Je suis désolée, je sais que ce n'est pas bien d'espionner les adultes.

- Tu n'as pas à t'excuser, Méline, tu n'as rien fait de mal. Oui, il s'est passé des événements terribles cette nuit, et un homme a disparu. Nous ne savons pas s'il est mort, mais c'était un très bon ami de Ron, l'homme que tu as entendu. C'est pour ça qu'il s'est énervé et qu'il a crié. Tu as compris ce qu'il a dit ?

- Pas tout. » Elle se balançait d'un pied sur l'autre, quelque chose la préoccupait. Harry attendit patiemment, et finalement la fillette se remit à parler. « Monsieur, c'est qui Drago Malefoy ?

- C'est un ancien camarade de classe, avec qui Ron et moi ne nous entendions pas très bien.

- Et il est mauvais ?

- Je ne sais pas. Pourquoi poses-tu toutes ces questions ?

- Parce que. » Elle baissa la tête, n'ayant visiblement pas l'intention d'en dire plus. Harry se demanda ce qui pouvait bien se passer dans la tête de l'enfant. Ils avaient à peine mentionné Drago la veille au soir, pourquoi avait-elle retenu ce nom ?

« Méline, insista-t-il, tu sais que si quelque chose te tracasse, tu peux m'en parler, n'est-ce pas ? Est-ce que ce sont tes camarades qui t'ont parlé de Malefoy ?

- Non. Pourquoi ils en auraient parlé ?

- Parce qu'il a été à une époque l'orgueil des Serpentards, mais je suppose que cette époque est oubliée, maintenant. » Il plaça un bol de porridge en face de l'enfant. « Dépêche toi de manger, tu vas être en retard. Qu'est-ce que tu as comme cours ce matin ?

- Potions, dit-elle d'une voix sombre. Je ne veux pas y aller.

- Tu sais très bien que tu es à Poudlard pour aller en cours. Et puis Rogue est en général assez tolérant avec les élèves de sa maison, non ?

- Non. Il ne nous enlève jamais de points, mais c'est tout.

- Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Pense à ce que doivent endurer les pauvres Griffondors qui sont avec vous pendant ses cours. Et pense que tu as tout un week-end devant toi. » Elle hocha la tête, d'un air peu convaincu. Harry se doutait que les rapports entre Méline et son directeur de maison ne devaient pas être au beau fixe depuis que l'enfant vivait avec lui. Et Rogue ne devait sûrement pas réprimander les élèves qui s'en prenaient à la fillette. Mais il ne pouvait pas la protéger contre ça. Il savait que ses rapports de Méline avec ses camarades s'étaient améliorés depuis qu'elle était retournée en cours. Si certains continuaient à se montrer odieux, d'autres avaient réaliser que ce qu'ils considéraient comme des plaisanteries avait failli conduire à une catastrophe, et ils avaient commencé à se montrer plus amicaux avec elle. Il savait que le professeur Mac Gonagall les avait sermonnés à ce sujet.

Sylvie descendit avec James au moment où un hibou déposait un journal sur les genoux de Harry. L'attaque de la maison des Finnigan faisait la première page, mais apparemment au moment où l'article avait été publié, on ne savait rien de plus que ce que Ron avait dit à Harry. Un moment, celui- ci hésita à aller voir son ami, mais il se décida contre cette idée, au cas où Ron dormirait.

« Que vas-tu faire, aujourd'hui ? demanda-t-il à sa femme, plus pour dire quelque chose que parce qu'il se posait réellement la question.

- Comme d'habitude, je suppose, répondit-elle avec un petit sourire. M'occuper de James. Hermione devait passer tout à l'heure, mais elle restera sans doute rester avec Ron. Il a besoin d'elle.

- Je suppose. J'espère qu'il s'est calmé et qu'il ne va pas s'en prendre à Drago. » Il jeta un coup d'?il à Méline qui semblait suivre la conversation avec intérêt, puis regarda Sylvie qui comprit et s'empressa de changer le sujet.

« Au fait, Méline, dit-elle, il me semble que tu n'as pas cours cet après midi. Qu'est-ce que tu aurais envie de faire ?

- Je ne sais pas, répondit l'enfant. Je peux venir ici jouer avec James ?

- Bien sûr. S'il fait beau, nous pourrions aller promener tous les trois, qu'est-ce que tu en dis ? Nous pourrions passer voir Hagrid, je suis sûre que tu t'entendrais bien avec lui.

- Hagrid ? demanda la fillette. Le géant qui nous a amenés en bateau le premier jour ? » Elle semblait excitée à cette idée.

- Exactement, dit Harry. Tu sais, il est professeur de soin aux créatures magiques, je suis sûr qu'il aura quelque chose d'intéressant à te montrer. » Il se leva.

« Où vas-tu ? demanda Sylvie. Tu as encore le temps.

- Je voudrais passer dans la Grande Salle avant d'aller en cours. Ils ont peut-être eu des nouvelles de Dumbledore. On se voit à midi ?

- Ok. A tout à l'heure, Harry. »

Comme Harry le soupçonnait, le professeur Dumbledore avait contacté son adjointe un peu plus tôt, malheureusement il avait peu de renseignements à fournir. Mac Gonagall fut néanmoins en mesure de certifier à Harry que Seamus n'était pas mort dans l'incendie de sa maison. Aucun corps n'avait été découvert, après une inspection minutieuse par les Aurors, il était impossible qu'un cadavre, même carbonisé, leur ait échappé. Le jeune homme ne s'étant pas manifesté, malgré de nombreux appels de son directeur de mission, l'hypothèse la plus probable était qu'il avait été emmené par les mangemorts. Dans quel but, tout le monde l'ignorait, on n'avait pas retrouvé de message. A Poudlard, si cet événement n'avait pas eu l'impact provoqué par l'enlèvement du ministre et la mort de Lavande, on sentait les élèves nerveux, surtout les plus âgés qui avaient conscience de ce qui se passait. Harry avait le plus grand mal à obtenir leur attention, ce qui n'était pas facilité par le fait que lui même avait d'autres sujets de préoccupation.

Lorsqu'enfin le soir arriva, il n'y avait toujours aucune nouvelle. Ron et Hermione vinrent dîner chez les Potter. Ron n'ouvrit presque pas la bouche de tout le repas, gardant les yeux fixés sur son assiette. Sa femme essayait tant bien que mal de le dérider, mais elle aussi était visiblement inquiète. Harry et Sylvie essayaient tant bien que mal d'établir une conversation, sans parvenir à y inclure les deux Weasley. Ils se séparèrent tôt, tous ressentant le besoin de terminer au plus vite cette journée.

Le lendemain était un samedi, et Harry réussit à convaincre Ron d'aller assister au match de Quidditch qui devait opposer ce jour là l'équipe de Griffondor à celle de Serpentard. C'était pour ces deux équipes le premier match de la saison, les Serdaigle avaient écrasé les Poufsouffle quelques semaines plus tôt. Dans les gradins, un peu à l'écart, Harry distingua Méline. Il préférait ne pas s'afficher en public avec l'enfant, peu d'élèves savaient qu'elle habitait chez lui et il ne voulait pas être ensuite accusé de favoritisme. Ni Hermione ni Sylvie n'avaient désiré assister à ce divertissement.

Bien que Ron se soit fait prier pour se rendre au match, Harry le sentit s'animer dès que la voix de Malik Tarnouf, le présentateur, se fit entendre. L'équipe de Griffondor fut présentée sous les ovations du public, alors que celle de Serpentard n'eut que les applaudissements de sa maison. Les joueurs en rouge, dont la plupart étaient nouveaux, semblaient particulièrement nerveux. Enfin, le sifflet de Madame Bibine retentit. Aussitôt, Griffondor s'empara du Souaffle et fonça vers les buts de Serpentard. Malheureusement, ceux-ci avaient un gardien à la fois grand, large, et extrêmement rapide, ce qui le rendait particulièrement efficace. Celui-ci s'empara sans difficulté de la balle de cuir, et la renvoya à l'un de ses poursuiveurs. Griffondor réussit à reprendre le souaffle, mais un cognard lancé par un batteur de Serpentard redonna la balle aux verts et argent.

Quelques temps plus tard, le score était toujours de zéro partout. Les griffondor avaient d'excellents attrappeurs, malheureusement les batteurs et l'excellent gardien Serpentard les empêchaient de marquer. Ces derniers reprenaient la balle dès que les Rouge et or approchaient de la zone de tir, mais ils manquaient d'esprit d'équipe, les attrapeurs n'étaient pas coordonnés ce qui permettait aux Griffondor de récupérer le Souaffle. Le jeu s'enlisait, et commençait à devenir violents. Les batteurs de Serpentard s'énervèrent et frappèrent violemment une poursuiveuse Griffondor avec une batte, permettant au premier but de la partie d'être marqué sur penalty. Harry reporta son attention sur les attrapeurs, qui décrivaient des cercles au dessus du terrain, cherchant à apercevoir le Vif d'or. Puis, soudain, Hess, l'attrapeur de Griffondor, plongea vers le sol à une vitesse phénoménale. A quelques mètres du sol, il remonta, tenant dans ses mains la petite boule dorée. Harry applaudit avec le reste du stade. Il n'en revenait pas de la vitesse avec laquelle le garçon avait progressé, depuis le jour où il était allé le voir s'entraîner.

« Super ! s'écria Ron. Griffondor prend la deuxième place du championnat ! Viens, on va aller féliciter Torsin. » Harry suivit son ami, un peu gêné : il n'était pas sensé prendre partie dans le championnat de Quidditch. Puis il se dit qu'après tout il avait tout à fait le droit de féliciter l'équipe gagnante. Le capitaine des Griffondor se montra enchanté de les voir. Harry lui demanda comment il avait fait pour faire progresser son attrapeur aussi vite.

« Ca, répondit le jeune homme, c'est le résultat du traitement spécial que je lui ai fait subir. Pas particulièrement agréable.

- Dis plutôt que tu as failli me faire mourir de peur ! interrompit l'attrapeur qui se tenait juste derrière son capitaine.

- . mais efficace, continua Torsin avec un petit sourire cruel. En fait, professeur, je dois vous remercier pour avoir trouver ce qui n'allait pas avec lui. Vous vous souvenez quand vous êtes venu nous voir, vous avez dit que Hess tenait trop à garder le contrôle de son balai, qu'il ne se laissait pas assez aller ?

- Tout à fait, répondit Harry. Mais vous êtes apparemment venus à bout de ça.

- Pendant trois semaines, j'ai obligé ce pauvre garçon à faire tous ses entraînements les yeux bandés. Il s'est écrasé au sol une bonne dizaine de fois, mais à la fin je peux vous jurer qu'il volait à l'instinct.

- Whaou, fit Ron. Celle la même Olivier y aurait pas pensé ! Quoi qu'avec toi il n'en ait jamais eu besoin. » Ils laissèrent les griffondor à leur fête, et entreprirent de regagner le château. Ils allaient en franchir le seuil quand un bolide en sortit et se jeta au cou de Ron.

« Hermione ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Ils se sont évadés ! » La voix d'habitude calme et raisonnée de la jeune femme était suraigue et précipitée. « Ils sont libres et ils vont bien, Ron, je savais qu'il ne fallait pas désespérer. »

L'expression de Ron se fit confuse, puis il sembla comprendre ce que sa femme lui disait, et son visage se fendit d'un large sourire.

« Seamus est vivant et libre ? demanda-t-il en étreignant Hermione.

- Et pas que Seamus ! Nous n'osions pas en espérer tant ! Dumbledore vient d'envoyer un message à Minerva. Je n'ai pas de détails, mais Seamus a réussi à échapper à ses gardiens, il s'est enfui et a même trouvé le moyen de libérer Pierson au passage ! »

Alors que ses deux amis s'étreignaient de plus belle, Harry ressentit un soudain mélange d'émotion. Ce ne fut d'abord que de l'incrédulité, c'était irréel, c'était impossible, personne n'avait même jamais imaginé que ça se terminerait comme ça. Puis un immense soulagement, comme si toute l'inquiétude des derniers jours pouvait enfin se dissiper. Seamus allait bien, et même Pierson était de retour. Ce qui signifiait que le ministère retrouvait sa stabilité, le moral des sorciers allait remonter en flèche. Et la lutte contre Voldemort prenait un nouvel élan. Désireux d'avoir plus d'information sur cette extraordinaire nouvelle, Harry entraîna Ron et Hermione vers le château.

Ils en avaient à peine franchi le seuil que Ron fut appelé, et dut transplaner. Harry et Hermione passèrent un moment en salle des professeurs, mais personne ne semblait avoir d'information. Finalement, à l'heure du repas de midi, ils rentrèrent chez eux.

Jamais après-midi n'avait semblé plus long à Harry. Il était incapable de se concentrer plus d'une demi-heure sur une activité. A plusieurs reprises, il fallut toute la force de persuasion de Sylvie pour l'empêcher de se précipiter à Londres. Il savait que sa présence n'était pas nécessaire, et qu'il ne ferait que tout embrouiller, notamment la vision que la presse avait de l'événement, mais il enrageait d'être une fois de plus consigné à Poudlard. Lorsqu'arriva l'heure de mettre James au lit, il n'y avait toujours rien de nouveau. Sylvie monta avec le bébé. Dans un effort pour s'occuper l'esprit, Harry entreprit d'expliquer à Méline son devoir de métamorphose. La fillette semblait avoir compris quand enfin la situation se débloqua. Ils n'avaient entendu aucun bruit de pas ni de portes quand une voix les fit sursauter.

« Monsieur Potter, Miss, je vous salue. » Harry lâcha le livre qu'il tenait à la main et se retourna brusquement. Une forme était courbée en face de lui.

« Oh, bonjour, Nick. vous m'avez fait peur. Il y a longtemps que nous ne nous sommes pas rencontrés, comment allez vous ?

- Comme d'habitude, répondit le fantôme en se redressant. Vous savez quand on est mort depuis cinq cent onze ans, il n'y a plus grand chose qui change. Je suppose que je n'ai pas à me plaindre. En tout cas j'ai un message pour vous, Harry, de la part de Ronald Weasley.

- Ron est rentré au château ?

- Il demande que vous alliez le retrouver chez lui. Il faut que j'y aille, maintenant, le Moine Gras organise une réunion sur les sanctions à appliquer à Mimi Geignarde.

- Mimi ? Pourquoi ?

- Elle espionne la salle de bain des Préfets depuis des années. Ce n'est pas un comportement acceptable de la part d'un fantôme qui se respecte.

- Très bien. Merci, Nick. Et ne soyez pas trop dur avec cette pauvre Mimi. Elle ne pense pas à mal.

- Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas comme si on pouvait réellement punir un fantôme. Mimi en sera quitte pour un bon sermon. Mais le Moine la sermonne au moins deux fois par ans pour divers motifs, je ne crois pas que ça ait beaucoup d'effet. » Sur ce, le fantôme disparut à travers le mur.

« Tu peux finir toute seule ? » demanda Harry à Méline. La fillette hocha la tête. Harry monta quatre à quatre, résuma en trois mots sa conversation avec Nick pour Sylvie, puis se rua chez les Weasley. L'appartement de ses amis était strictement identique au sien. Ron était assis dans un fauteuil près du feu. Un homme blond était allongé sur le canapé, recouvert d'une couverture.

« Seamus ! s'exclama Harry en s'avançant vers l'homme. Content de te revoir, vieux ! » Seamus se souleva sur un coude.

- Salut, Harry. Ron ne parle que de toi depuis que tu es revenu, j'avoue que je commençais à me demander si je te reverrais un jour.

- Désolé. Il t'aurait suffi de venir ici. Je n'ai pas eu le temps de faire beaucoup de visites. Tu vas rester longtemps à Poudlard ?

- Je ne sais pas encore. » Son visage s'assombrit en prononçant ces paroles, et Harry comprit qu'il avait fait une erreur, sa question avait du rappeler à son ami qu'il n'avait plus ni famille ni maison.

« Désolé, dit-il, précipitamment. Je ne t'ai même pas demandé comment tu allais. » Il regretta ses paroles au moment même où il les prononçait, mais Seamus sourit. Un sourire légèrement amer, et désabusé, mais un sourire tout de même.

- Calme, Harry. Je ne vais pas m'effondrer si tu pousses le mauvais bouton. Je vais bien, aussi bien qu'on peut aller après avoir passé une journée avec le seigneur des Ténèbres.

- Désolé », répéta Harry. Hermione s'avança derrière lui. « Nous allons te laisser dormir, Seamus. N'oublie pas que ce n'est qu'à cette condition que tu as échappé à Mme Pomfresh. »

Il soupira. « Ce n'est pas comme si ça servait à quelque chose de résister contre la préfète en chef. Harry a échappé aux mangemorts des dizaines de fois, il sait bien que ce n'est pas si terrible.

- Si, justement, répondit Harry, je sais que c'est épuisant. Et je n'ai jamais sauvé un ministre au passage. Bonne nuit, Seamus. »

Hermione plaça un sortilège de silence autour du divan, et tous deux montèrent dans la chambre des Weasley.

« Où est Ron ? demanda soudain Harry.

- Il devrait arriver, il explique la situation à Mac Gonagall.

- Qu'est ce qui s'est passé exactement ? Comment ont-ils réussi à s'échapper ?

- Je ne sais pas vraiment. Il semble que les mangemorts aient fait une grossière erreur. A moins que nous n'ayons un allier silencieux. En tout cas ils ont jeté Seamus dans un cachot en oubliant de fermer la porte. »

A ce moment, ils entendirent un pas dans l'escalier, et Ron se laissa tomber sur son lit, à côté d'Hermione.

« Mac Gonagall est d'accord pour que Seamus reste ici quelques temps. Elle va faire préparer une chambre. J'avoue que je suis rassuré. Voldemort ne dois pas apprécier qu'on lui échappe, et de toutes façons il n'a nulle part où aller.

- Comment va Pierson ? demanda Harry.

- Plutôt bien, quand on sait qu'il a passé une semaine aux mains des Mangemorts, il est affaibli et un peu choqué, mais devrait pouvoir reprendre ses fonctions dans les prochains jours.

- Tant mieux. J'espère que sa mésaventure ne l'aura pas trop changé, nous avons vraiment besoin de lui.

- Ne t'inquiète pas. Cette évasion marque le début de la fin pour Voldemort. » L'excitation et la joie se lisaient sur le visage du rouquin. « Est-ce que vous vous rendez compte, il y avait au moins une centaine de mangemorts, et ils n'ont pas réussi à empêcher deux prisonniers qui n'avaient même pas leur baguette de s'échapper. En plus, ils ont pu nous indiquer le lieu où ils étaient séquestrés, quelque part dans l'ouest. Bien sûr, il n'y avait plus personne quand nous sommes arrivés, mais ça leur fait toujours un repère de moins.

- Cela me semble un peu trop facile, fit Hermione d'un ton songeur.

- Ne joue pas les rabat-joie ! La chance est enfin de notre côté !

- On ne sait toujours pas pourquoi Voldemort s'en est pris comme ça à Lavande et Seamus ? demanda Harry avant qu'une nouvelle dispute éclate entre les Weasley.

- Il semble qu'il cherchait quelque chose que Lavande possédait. Mais Seamus ignore de quoi il s'agissait. Lavande était tellement secrète les derniers temps. Si seulement elle avait parlé à quelqu'un de ce qu'elle savait, nous aurions sans doute pu éviter tout ça. »

Tous trois restèrent un moment silencieux. Harry était heureux de ce dénouement, pourtant il n'était pas tranquille. Hermione avait raison : c'était beaucoup trop beau. Il savait de plus que Voldemort n'accepterait pas facilement l'humiliation qu'il venait de subir : de graves représailles étaient à craindre. Aucun moldu n'était en sécurité cette nuit. il porta la main à sa cicatrice. Ses amis s'alarmèrent aussitôt.

« Harry ! Ca va ? Tu n'as pas mal au moins ? »

Il sourit à la démonstration de l'inquiétude qu'ils se faisaient pour lui. Mieux valait ne pas les alarmer en partageant ses craintes.

« Non, répondit-il. Je réfléchissais, c'est tout. Vous savez ce que Dumbledore va faire maintenant ?

- Il est encore à Londres pour l'instant, mais il devrait revenir à Poudlard dès que Pierson ira mieux, et que la situation se sera un peu calmée. Tout va enfin redevenir normal.

- Voldemort est encore là, remarqua Harry. Et nous n'avons toujours aucune idée de ce qu'il compte faire.

- En tout cas, ses plans ont du être sérieusement perturbés, ce qui nous laisse un peu de temps pour nous organiser. »

Leur conversation fut interrompue par des coups violents. Ils mirent un certain temps avant de remarquer le hibou qui frappait au carreau énergiquement. Ron s'empressa d'aller ouvrir la fenêtre. L'oiseau avait un ruban rouge autour du cou, signe qu'il apportait du courrier urgent, et il portait un petit paquet. Il vint lâcher son fardeau sur les genoux d'Hermione, et s'envola sans attendre de réponse. Sous le regard curieux des deux hommes, la jeune femme commença à déballer le paquet, et en tira un mot qu'elle se mit à lire. Un large sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle parcourait la lettre, puis elle sortit du paquet une fiole qu'elle tendit à Harry.

« Potion de stop cancer, annonça-t-elle. Elle est enfin finie, depuis cinq heures ce soir. Tu as donc jusqu'à cinq heures demain pour l'administrer, sinon elle perdra son effet. Il faut que ton cousin boive tout, et en une fois. »

Harry prit la fiole et la contempla quelques instants. Le liquide à l'intérieur était incolore, mais il présentait d'étranges reflets. Si ce mystérieux Mr X était digne de confiance, c'était la survie de Dudley qui se trouvait dans ce flacon. Si son cousin était encore en vie. Lorsque Harry l'avait vu quelques jours plus tôt, il l'avait à peine ouvert les yeux.

« Tout s'arrange, aujourd'hui, s'écria joyeusement Ron. En plus, demain, c'est dimanche, tu auras tout le temps pour aller voir ton cousin et lui apporter ça.

- Sois prudent, quand même. N'oublie pas que Voldemort est toujours là dehors, dit Hermione. Nous ne devons pas baisser la garde sous prétexte que nous avons gagné une bataille.

- Je n'ai pas l'intention de me promener dans l'allée des embrumes, ne t'inquiète pas, répondit Harry.

- Je peux t'accompagner, si tu veux, proposa Ron. En plus, comme ça, je pourrai changer ton oncle en cafard s'il continue de te traiter comme il le fait quand tu auras guéri son fils.

- Je crois que je vais y aller seul, merci. Ce n'est pas que Vernon ne mérite pas un tel traitement, mais je vais dans le monde moldu, tu te souviens ?

- Bien sûr. Franchement, tu crois que je me risquerai à métamorphoser un sorcier ? Mais ça ne doit pas être trop dur de le coincer dans les toilettes.

- N'insiste pas, Ron, c'est non. De toute façon, je n'ai pas besoin de protection. Je suis parfaitement capable de me défendre tout seul, de plus je n'aurai pas besoin de me défendre. Nous avons déjà discuté de ça la première fois que je suis allé là-bas. »

Harry quitta les Weasley peu après, emportant la petite fiole dans sa poche. Le lendemain, il était debout dès l'aube. Après s'être habillé de vêtements moldus, il se rendit à Pré-au-Lard et transplana à Privet Drive.

Un épais brouillard recouvrait tout, rappelant à Harry les matins de son enfance, avant qu'il n'apprenne qu'il était un sorcier. A cette heure matinale du dimanche, le quartier était désert, aucun bruit ne filtrait des petites maisons toutes semblables. Souvent, c'était le moment où il sortait, pour profiter de la tranquillité et de la solitude. Les Dursley ne le retenaient pas, tant qu'il restait à portée de voix de la maison pour qu'ils puissent le rappeler s'ils avaient une corvée pour lui. Depuis quelques temps, il parvenait à penser à son enfance sans éprouver l'amertume et la colère qu'il avait toujours ressenties à la pensée de ce qu'on lui avait volé.

Lorsqu'il avait sympathisé avec Dudley, le dernier été qu'il avait passé ici, il n'avait jamais pu se départir d'une certaine réserve. Son esprit savait que l'adolescent qu'il avait en face de lui n'était plus l'enfant qui l'avait maltraité. Il savait que ses parents avaient tout fait pour que la situation entre les deux cousins soit ce qu'elle avait été pendant quinze ans, et les expériences que le gros garçon avait eues avec la magie pouvaient expliquer sa méfiance, sinon la terreur qu'il avait montré. Mais au fond de lui, il y avait toujours cette part qui n'oubliait pas, une défiance qui remontait parfois en surface, et qu'il lui fallait toute sa volonté pour maîtriser.

Et Vernon et Pétunia n'avaient pas les excuses de leur fils. Ils étaient des adultes quand Harry était venu habiter chez eux. Ils l'avaient délibérément traité comme un parasite. Il s'était souvent demandé pourquoi leur haine envers la magie avait atteint un tel niveau. Pétunia, bien sûr, était jalouse de sa s?ur, elle avait refusé d'admettre que le fait d'être une sorcière puisse être autre chose qu'une tare, tout simplement parce qu'elle ne supportait pas l'idée que Lily ait un don, et pas elle. Vernon. Vernon n'était qu'un homme borné et probablement pas très intelligent. Harry savait que son oncle n'avait jamais envisagé qu'en tant que sorcier, il puisse avoir des sentiments comme tout être humain normal. Même s'il sauvait la vie de son fils, Vernon Dursley continuerait sans doute de le considérer comme appartenant à une espèce détestable, il ne l'avait même jamais remercié de ce qu'il faisait.

Mais cela ne gênait pas Harry En acceptant d'aider Dudley, il avait pardonné aux Dursley. Il n'avait plus aucune arrière-pensée quand il se montrait amical envers son cousin. Dans son désespoir à l'idée de perdre son fils, sa tante lui avait inspiré de la pitié, et il s'était rendu compte que c'était un être humain. Il semblait que le choc éprouvé ait fait surmonté à Pétunia sa peur d'être inférieure, elle avait accepté la magie, et du même coup elle avait accepté Harry. Il était beaucoup trop tard pour que des liens d'affections se nouent, comme ils l'auraient dû bien des années auparavant, mais la haine avait disparu, et c'était déjà beaucoup.

Harry se secoua pour sortir de sa rêverie et alla frapper à la porte du numéro quatre. Quelques minutes plus tard, il était dans la voiture de sa tante, qui fonçait vers l'hôpital.

Un médecin sortait de la chambre de Dudley au moment où ils arrivaient. Ses yeux noirs étaient inquiets derrière ses grosses lunettes.

« Comment va-t-il ? demanda la tante Pétunia.

. C'est difficile à dire, Mme Dursley. Il a eu une drôle de crise, cette nuit. Il délirait, les effets de la morphine sans doute. Mais ce qui est étrange c'est l'état dans lequel il est tombé ensuite. Il a l'air dans le coma, mais tous ses signes vitaux démentent cette hypothèse, il semble simplement plongé dans un sommeil très profond.

- Et on ne peut pas le réveiller ? » Pétunia parla d'une voix aigue, dans laquelle l'angoisse était clairement perceptible.

- Non. J'avoue que je suis perplexe. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Cependant, quoi que ce soit, je crains que ce ne soit pas un bon signe.

- Que s'est il passé exactement ? demanda Harry qui commençait à être inquiet.

- Il a appelé vers trois heures du matin, affirmant qu'il y avait des sorciers dans sa chambre. Naturellement, il n'y avait personne. Puis il a supplié l'infirmière d'empêcher un certain Harry de venir, il disait que c'était un piège, que il allait se faire tuer. en tout cas c'est ce que Lucie a compris. » Harry se sentit pâlir à cette phrase, mais il réussit à s'empêcher de pousser un cri. Le médecin continuait, sans s'apercevoir de son trouble. « Il s'est ensuite interrompu brusquement au milieu d'une phrase, et il est retombé sur son lit, complètement immobile. Pendant un moment, nous avons craint le pire, mais son encéphalogramme est normal, ainsi que sa respiration et son rythme cardiaque. Nous ignorons complètement ce qui a pu se passer. »

Pendant cette longue tirade, Harry avait refermé sa main sur sa baguette, dans la poche de son manteau. Il se mit à jeter des regards anxieux autour de lui. Le visage de la tante Pétunia était devenu d'une pâleur de craie, elle fixait tour à tour son neveu et la porte de la chambre de son fils. Le médecin finit par remarquer le malaise.

« Ca va ? demanda-t-il à personne en particulier.

- Oui, » répondit Harry sans le regarder, en continuant à scruter les alentours. L'étrange malaise de son cousin arrivé tout de suite après qu'il ait vu des sorciers ne pouvait pas être une coïncidence. Il n'avait sûrement pas déliré la veille au soir. Le jeune homme hésita. Devait-il aller chercher du secours ? Il était neuf heures du matin. Il ne disposait que de quelques heures pour administrer la potion. Et il n'avait aucune preuve que les Mangemorts soient toujours là. Si Dudley avait réellement vu des mangemorts. Il tenta de se rappeler à quoi ressemblait la chambre de son cousin. Les docteurs et infirmières moldus y passaient constamment. S'il y avait vraiment des sorciers, ils devaient être bien cachés. On pouvait imaginer que l'un d'eux soit sous le lit, ou dans le placard, mais ils n'étaient probablement pas nombreux. A moins qu'ils ne se soient dissimulés dans la petite salle de bains attenante. Dans tous les cas, ils étaient probablement venus en petit comité, pour essayer de le prendre par surprise. Ils en seraient pour leur frais.

Harry se rendit compte que le docteur lui avait posé une question.

« Excusez moi, fit-il, je n'écoutais pas.

- Je demandais si vous étiez déjà venu ici. Si vous savez à quoi vous attendre.

- Oh, oui. Je suis venu plusieurs fois voir Dudley, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés. » Il mit les vêtements stériles que l'homme avait retiré d'un chariot. Sa tante était plus pâle que jamais quand elle l'imita.

« Je préfère y aller seul, tante Pétunia, dit doucement Harry, en récupérant discrètement sa baguette et la fiole de potion pour les mettre dans la poche de la blouse qu'on lui avait donnée.

- Tu crois qu'ils lui ont fait du mal ? » Harry remarqua le médecin qui était toujours là et avait haussé un sourcil perplexe à cette remarque.

- Non, répondit-il simplement. Je ne le pense pas.

- Harry, sais-tu ce qui se passe ? Y avait-il vraiment.

Harry s'empressa de l'interrompre avant qu'elle n'en dise trop.

« Il ne se passe rien de grave, tante Pétunia, affirma-t-il, tout en étant persuadé du contraire. Dudley ira mieux dans quelques heures. »

Le médecin semblait de plus en plus inquiet, il semblait croire que la mère de Dudley avait fini par perdre l'esprit à force de se faire du souci pour son fils. Puis un mot de ce qu'elle avait dit le frappa.

« Vous êtes Harry ? demanda-t-il au jeune homme. J'espère que vous ne prenez pas le délire de Dudley au sérieux. Vous non plus, Madame, ajouta-t- il en direction de la tante Pétunia.

- Non, bien sûr.

- Je vais y aller, j'ai d'autres patients à voir. N'hésitez pas à appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Le médecin s'éloigna enfin, et Harry se tourna vers sa tante.

« J'aimerais que tu essaie d'empêcher les gens d'entrer quand je serai dans la chambre, demanda-t-il.

- Tu crois qu'il y avait vraiment des sorciers ici ?

- C'est possible. Mais Dudley va bien, ils ne lui ont rien fait de grave. C'est après moi qu'ils sont, ils ne s'amuseront pas à attirer l'attention sur cette chambre tant qu'ils penseront qu'il y a une chance que je vienne. Je te jure que je ferai tout pour protéger Dudley, mais si je dois me battre j'aimerais autant que personne ne rentre. De toute façon, il ne représente pas une menace pour eux, ils n'ont aucune raison de s'en prendre à lui.

- Je peux lui donner ta potion, dans ce cas. Et personne ne se battra.

- S'ils sont ici, c'est qu'ils savent que je dois venir. Ils sont probablement au courant pour la potion, et ils risquent de s'en prendre à toi s'ils te voient donner quelque chose à Dudley.

- Mais s'ils t'empêchent de la lui donner ? Duddy est condamné s'il n'a pas ce remède très rapidement. » Pétunia avait l'air au bord de l'hystérie.

- Je sais cela. C'est pour ça que je vais lui donner la potion.

Harry avait parlé d'une voix à la fois ferme et calme, et son assertion semblait avoir redonné à sa tante un certain contrôle d'elle même. C'est d'une voix étrangement calme, qu'il ne lui connaissait pas, qu'elle reprit la parole.

« Merci, Harry, dit-elle doucement. Tu risques ta vie pour Dudley, et je sais que nous n'avons jamais rien fait pour t'inciter à nous aider. J'espère qu'il n'y a personne dans cette chambre, que Dudley délirait vraiment, mais si ce n'était pas le cas, fais attention à toi. »

Harry hocha la tête, et ouvrit doucement la porte de la chambre. La porte de la salle de bains était ouverte, apparemment il n'y avait personne. Il n'avait pas sorti sa baguette, il n'était pas utile que ses ennemis sachent qu'il était au courant de leur présence. Dudley était allongé sur son lit, complètement immobile à l'exception des faibles mouvements liés à sa respiration. Harry s'approcha du lit, et sortit la petite bouteille de potion. Il tendit l'oreille, mais si des mangemorts étaient là, ils ne faisaient aucun bruit.

« Dudley », appela-t-il en secouant légèrement son cousin. Celui-ci ne réagit pas. D'après ce qu'avait dit le médecin, Harry pensait qu'il avait été stupéfixé la nuit précédente. Il fallait douze heures pour se réveiller d'un tel sort par soi-même. Il avait besoin que Dudley soit réveillé pour qu'il puisse boire le liquide, mais en utilisant le contre sort il montrerait qu'il avait qu'il avait compris que des sorciers s'étaient trouvés dans cette chambre. Il n'hésita pas longtemps, il n'avait pas le choix. Il posa la fiole sur la table de chevet, commençant à croire qu'il n'y avait vraiment personne d'autre dans la chambre, et sortit sa baguette.

« Stupéfix ! » Cria alors quelqu'un. Harry se jeta au sol, et le rayon rouge alla s'écraser contre le mur derrière lui. Il se redressa aussitôt, baguette levée en position de combat. Il semblait que le sort était venu de la fenêtre, mais Harry ne voyait personne de ce côté de la pièce.

« Expelliarmus ! fit une autre voix. S'il entendit l'incantation, Harry ne vit pas le sort, qui venait de sa droite, alors qu'il se tenait à quelques mètres du mur, contre lequel il n'y avait également personne. Il sentit sa baguette lui échapper des mains, et s'envoler. La baguette s'arrêta à quelques centimètres du mur, puis disparut.

« Maintenant tu vas nous suivre bien gentiment, Potter, si tu ne veux pas que nous massacrions tous les occupants de l'hôpital, reprit la première voix. De pauvres moldus malades, ce serait vraiment dommage.

- Je vois mal comment je pourrais vous suivre, je ne vous vois même pas, répliqua Harry.

- Disons que tu vas suivre nos instructions. Le maître est extrêmement impatient de te voir. Commence par sortir de cette chambre. Et ne fais pas le malin, tu sais très bien que nous avons les moyens de te le faire regretter. » Harry fit un pas en direction de la porte, et il y eut un rire sinistre. « Je n'aurais jamais pensé que ce serait si facile de mettre la main sur le célèbre, le puissant Harry Potter. Quand je pense que certains le croient capable de se débarrasser du seigneur des Ténèbres ! »

Harry s'arrêta soudain. S'il sortait de cette chambre, il allait se retrouver au milieu d'une foule de moldus, et s'il tentait quoi que ce soit ce serait l'hécatombe. Ici, il n'y avait que Dudley, qui n'était pas en état de représenter une menace, et que les mangemorts semblaient ignorer. Il ne voyait toujours personne, mais il sentit soudain l'extrémité d'une baguette contre sa tempe.

« Avance, Potter ». Il pouvait presque sentir l'homme près de lui. C'était peut-être sa dernière chance. Mais il devait agir vite, il ne fallait pas leur laisser le temps de se douter de quelque chose. Il espérait en être capable, il y avait des années qu'il ne s'était pas transformé.

Harry se jeta sur l'homme qui le menaçait, tout en se concentrant le plus fort possible sur le lion. La métamorphose fut presque immédiate, c'était aussi naturel pour lui que de se lever le matin. L'homme tomba à terre sous les pattes d'un énorme lion. Harry ne pouvait pas le voir. Avec ses dents, il commença fouiller dans les vêtements de l'homme. Celui-ci gémit quand la gueule de la bête s'approcha de lui, puis il se mit à trembler. Le jeune animagus ne trouvait pas ce qu'il cherchait. Ses ennemis ne portaient pas de cape d'invisibilité. Cela ne le surprit qu'à moitié, ces capes étaient extrêmement rares, et ses ennemis étaient nombreux.

Les autres mangemorts avaient été dans un premier temps trop stupéfaits pour réagir, puis ils avaient hésité à attaquer, eux non plus ne pouvaient pas voir l'homme sur lequel le lion s'acharnait. Il ne leur fallut cependant que quelques secondes pour se reprendre.

« Stupefix ! » cria l'un d'eux. Harry bondit rapidement hors de la trajectoire du sort.

« impédimenta » Une fois de plus, les pattes puissantes du lion lui permirent d'échapper au maléfice. Il revint sur le mangemort au sol, qui ne s'était heureusement pas relevé, probablement frappé par le sortilège de stupéfixion que Harry avait évité, et trouva son bras. Les sorts pleuvaient sur lui, à présent, et il devait rester constamment en mouvement pour ne pas être frappé. Il savait que ses ennemis s'énervaient, les sorts étaient de plus en plus forts, et se rapprochaient de la magie noire, mais ils devaient avoir reçu l'ordre de le prendre vivant.

« Endoloris ! »finit par hurler l'un d'eux. Il y eut une explosion.

« Idiot ! lança une autre voix. Même pas capable de lancer un impardonnable correctement. Endoloris ! » Une deuxième explosion se produit à une petite distance de la première. Profitant de la distraction que ces événements avaient produite, Harry bondit à l'endroit où il savait se trouver le bras du mangemort stupéfixé, trouva sa main. Il sentit avec soulagement la pièce de bois entre les doigts serrés de l'homme, referma ses crocs autour, et bondit alors que les sorts recommençaient à pleuvoir. Puis il se métamorphosa. Il fit passer la baguette de ses dents à ses mains, en se baissant pour éviter un nouvel expéliarmus.

« Protecto circularo ! »cria-t-il. Un bouclier lumineux se forma tout autour de lui, le protégeant des sorts lancés par les mangemorts. Il était en sécurité pour quelques minutes, mais il savait qu'il ne pourrait pas maintenir le bouclier très longtemps. Les mangemorts étaient bien trop nombreux, et le bouclier semblait faible. Probablement parce que ce n'était pas avec sa propre baguette qu'il l'avait lancé. S'il voulait se sortir de cette situation, il fallait qu'il contre-attaque. Il ne pouvait pas continuer à s'épuiser en essayant d'éviter les sorts ou de s'en protéger. Aux voix, il dénombrait trois mangemorts, en plus de celui que ses collègues avaient stupéfixé. Ils étaient en grande supériorité numérique, mais Harry savait qu'il avait une chance. A l'époque où il était encore au collège, il gagnait souvent des duels contre cinq ou six de ses camarades. Il n'avait pas perdu les réflexes. Mais s'il voulait pouvoir attaquer ses opposants, il lui fallait les voir. Il ne pouvait pas lutter contre des ennemis invisibles. Ils n'avaient pas de capes d'invisibilité, sans doute avaient ils utilisé un sortilège. Une potion n'aurait pas duré si longtemps. Un sortilège devait être lancé par une personne qui restait visible sur ses compagnons. A moins qu'ils n'aient perfectionné la technique. Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.

Harry leva brusquement sa baguette, brisant le bouclier.

« Finite totos incantates ! » Il y eut un flash quand l'électricité de la chambre sauta. Cinq hommes vêtus de capes apparurent, dont l'un sur le sol, clignant des yeux d'un air un peu ahuri. Harry s'empressa de le stupéfixer de nouveau.

« Tu te crois intelligent, Potter ? lança celui qui devait être le chef du commando. Nous finirons bien par t'avoir, tu sais. Endoloris ! »

Harry se prépara à sauter en dehors de la trajectoire du sort, mais comme les fois précédentes, la baguette de l'homme ne produisit qu'une grosse explosion lorsqu'il essaya de lancer le sortilège impardonnable. Pendant que tous contemplaient la baguette avec étonnement et colère, Harry en profita pour désarmer le mangemort qui venait de l'attaquer. Le sort atteignit l'homme et sa baguette vola vers le Survivant, mais celui-ci fut surprit de voir que son adversaire n'était pas projeté en arrière. Il y avait dans l'air quelque chose qui empêchait la magie de fonctionner correctement, c'était sans doute pour ça que le doloris produisait cette réaction. Il repensa à l'endroit où ils se trouvaient. Il devait y avoir des tas d'appareils moldus produisant des ondes un peu partout. Il était déjà heureux que certains sortilèges fonctionnent correctement.

Harry évita un nouveau Stupéfix, puis il lança un sortilège d'attraction sur sa baguette, en direction de celui de ses ennemis qui semblait être le chef. A son grand soulagement, le morceau de bois jaillit du manteau de celui-ci, et il l'attrapa adroitement. Les mangemorts eurent alors une réaction particulièrement stupide : comme ils commençaient à craindre Harry, ils se regroupèrent pour se protéger les uns les autres. Jamais le jeune homme n'aurait osé espérer une telle opportunité. Pourvu simplement que le sort soit efficace avec le faible niveau de magie de la pièce.

« Terra de sedate » lança-t-il en pointant la zone où les mangemorts étaient réunis. Tous s'effondrèrent, les uns sur les autres.

Harry respira profondément. « Accio baguette, dit-il dans un souffle, ouvrant la main pour récupérer son bien. »

« Harry, derrière toi ! » Harry entendit à peine le faible cri de Dudley, mais il se retourna brusquement réagissant par réflexe à l'avertissement. Il sentit quelque chose le frôler. Puis il vit le poignard qui semblait s'élever tout seul.

« Stupéfix ! »hurla-t-il. Mais il ne fut pas assez rapide. Il sentit quelque chose de froid s'enfoncer dans son ventre au moment où un corps sans vie s'effondrait sur lui. Il contempla un instant, incrédule, le manche du couteau qui sortait de la mince blouse qu'on lui avait donnée. Puis il sentit la douleur. Une douleur presque aussi forte que le doloris, qui s'amplifiait à chacune de ses respirations. Mais il ne pouvait pas se permettre d'y faire attention, il devait faire vite, avec le bruit qu'ils avaient fait, il était stupéfiant que personne ne soit encore entré dans la chambre.

Grognant, il tira ses jambes de dessous l'homme invisible, essayant de ne pas penser à la lame qui s'enfonçait encore un peu plus à l'intérieur de lui. Il se leva.

« Ne bouge pas, dit Dudley en tendant une main faible vers la tête de lit. Tu es blessé. Je vais sonner les infirmières.

- Non ! s'écria Harry. L'homme était recouvert d'une cape d'invisibilité. bien sûr. Une seule cape, un homme qui lance le sortilège sur tous les autres mangemorts. Il avait été stupide de ne pas y penser. Harry eut alors une idée. Traînant le corps inerte jusqu'à l'endroit où gisaient, quatre de ses compagnons, il lui ôta la cape, et le poussa sur ses camarades, avant d'étendre la cape, heureusement encore plus large que la sienne, sur eux.

Il ne restait plus qu'à s'occuper du dernier homme. Il n'aurait pas le temps de le cacher. Des pas dans le couloir.

« Dudley, dit Harry précipitamment, repensant soudain à la raison de sa visite, bois la potion sur la table de nuit ! »

Son cousin parvint à attraper la fiole de cristal et à avaler son contenu. Il retomba aussitôt sur le lit, juste avant que la porte ne s'ouvre en grand. Le fragile récipient tomba sur le sol où il se brisa. Dans un brouillard, Harry vit arriver une femme vêtue de blanc, suivie de près par la tante Pétunia.

« Qu'est ce que c'est que tout ce bazar ? demanda la femme d'une voix énervée. On vous entend à. » Elle s'interrompit soudain, alors que son cerveau réalisait la scène qu'elle avait sous les yeux.

« Mon dieu, » souffla-t-elle alors que la tante Pétunia poussait de petits cris aigus. L'infirmière se mit à crier pour appeler à l'aide. La pièce se mit à tourner. Harry tomba à genoux. Il luttait pour rester conscient. Les deux femmes restaient dans l'encadrement de la porte, sans savoir quoi faire. Une foule les poussa soudain de côté, et se rua dans la pièce, faisant cercle autour de Harry et de l'homme. Harry sentit des mains l'allonger, et il ne put retenir un gémissement quand le poignard bougea dans la blessure, une fois de plus. Son poing était toujours serré autour de sa baguette. Il ne fallait pas qu'il perde conscience. Il voulait garder au moins l'impression qu'il pouvait contrôler les événements.

Il se força à ouvrir les yeux. Deux femmes étaient agenouillées auprès de lui. Une voix autoritaire se fit alors entendre.

« La police est prévenue. Tous ceux qui n'ont rien à faire ici, dehors. » Harry releva la tête, pour voir les gens refluer vers le couloir. Il porta ensuite son regard vers l'endroit où gisait le Mangemort. Un homme en blouse blanche était agenouillé près de lui, il avait enlevé la cagoule noire et Harry pouvait voir clairement le visage de son agresseur. Il n'eut aucun mal à le reconnaître, bien que plus de huit ans se soient écoulés depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Dubois le lui avait fait observer suffisamment de fois alors qu'ils essayaient d'espionner la technique de jeu des Serpentard. Il n'était pas exagérément surpris de découvrir que Marcus Flint avait rejoint les rangs des mangemorts. Légèrement attristé, peut-être, comme à chaque fois qu'il découvrait que quelqu'un qu'il avait connu, même sans l'apprécier, s'était tourné vers Voldemort. Il détourna les yeux.

« Ne vous inquiétez pas, dit une des femmes en découpant la blouse qui protégeait Harry. Même s'il se réveille, il ne peut plus rien vous faire, maintenant. » Elle pensait visiblement que Harry avait peur de son agresseur. Le visage chevalin de la tante Pétunia apparut soudain dans son champ de vision.

« Ca va aller ? demanda-t-elle.

- On le saura en voyant cette blessure, répondit la femme qui était toujours occupée à découper les vêtements sanguinolents de Harry. Les gens des urgences arrivent. Ils ont bien plus l'habitude que moi de ce genre de cas.

« Dudley ? demanda Harry.

- Toujours pareil. Ils craignent que tout ce remue-ménage ne lui provoque une infection, cependant. En plus du reste. Est-ce qu'il a. ?

- Oui.. » Une nouvelle vague de douleur le traversa quand la femme se mit à palper sa blessure. Il cria et tenta de se débattre, mais des mains le tenaient fermement par les épaules. Puis il sentit qu'on le lâchait. Il remarqua que le mangemort était emporté hors de la pièce. Un médecin supplémentaire se tenait dans le couloir, la femme qui l'examinait se dirigeait vers lui.

« Tante Pétunia, » murmura Harry. Elle se pencha sur lui pour entendre ce qu'il avait à dire. « quelle heure est-il ? »

Un peu surprise de la question, sa tante consulta sa montre.

« Dix heures et quart. » Bien plus tôt qu'il ne l'imaginait. Cela faisait à peine quarante minutes qu'il était rentré dans la chambre de son cousin. Il avait dit à Sylvie de ne pas s'inquiéter, qu'il resterait peut-être tard pour voir si la condition de Dudley s'améliorait. Ils ne se poseraient pas de questions avant encore plusieurs heures. Or il avait besoin l'aide rapidement. Avec le monde qu'il y avait eu dans la pièce, c'était un miracle que personne n'ait encore buté sur les corps des autres mangemorts. Mais comment pouvait-il entrer en contact avec des sorciers ?

Le nouveau médecin s'approchait de lui. Il sourit d'un air encourageant.

« Harry ? Vous comprenez ce que je dis ? » demanda-t-il.

Le jeune homme hocha simplement la tête. Dudley était à son tour emporté hors de la pièce, suivi par sa mère.

« Je suis le docteur Pride, c'est moi qui vais m'occuper de vous. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Je vais vous faire une piqûre pour la douleur, et on va retirer ce couteau. Essayez de vous détendre, ça va aller. » Il sortit de son enveloppe une seringue.

- Non, répondit Harry le plus fermement possible. Ne faites pas ça. »

- Soyez raisonnable, protesta l'homme. Vous n'allez pas me dire que vous avez peur des piqûres ? Vous ne pouvez pas garder ce poignard. »

La solution s'imposa alors à l'esprit de Harry. Pourquoi n'avait-il pas pensé tout de suite que le ministère de la magie s'était relié au réseau téléphonique moldu, justement pour des situations comme celle-ci ?

- Je dois passer un coup de fil, dit-il en réunissant ses force, et en essayant de s'asseoir, mais l'infirmière qui le tenait toujours par les épaules.

- Vous devez surtout vous soigner, » protesta le médecin, en relevant la manche du jeune homme. Il s'interrompit lorsqu'un de ses collègues l'appela de la porte. Après quelques secondes de conversation, les deux médecins revinrent vers Harry.

« Harry, demanda Pride, nous aimerions bien savoir ce que vous avez fait à l'autre homme, celui qui vous a agressé. » Harry fut un instant prit de court, puis il improvisa, débitant la première explication qui lui passa par la tête. Il espérait que son mensonge était crédible.

« C'est une simple clé au cou. Un truc thaïlandais. Il se réveillera de lui même dans quelques heures avec une simple migraine. » Au moins la dernière partie était vraie. Les deux hommes hochèrent la tête.

« Ca correspond à ce que nous avons observé », dit celui qui était arrivé en dernier. Les policiers souhaitent savoir quand ils pourront examiner la pièce et interroger Monsieur, ajouta-t-il en lançant un regard curieux à Harry.

- La chambre sera libérée dans quelques minutes, tu peux m'envoyer les brancardiers, et je les préviendrai quand Harry sera en état d'être interrogé. » Harry savait qu'il ne pouvait pas laisser la police examiner la pièce, pas tant que les Mangemorts s'y trouveraient. Mais qui l'écouterait ? Il jeta un regard à l'endroit où il savait que se trouvaient les quatre hommes inconscients. Si seulement il pouvait entrer en contact avec un autre sorcier, quelqu'un de l'extérieur. Il devait pourtant y avoir un moyen d'empêcher ces moldus de trouver les Mangemorts. N'existait-t-il pas un sortilège qui permettait de devenir également intouchable ? Non, pas à sa connaissance.. Sa main se resserra soudain sur sa baguette. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Un simple sortilège de repousse Moldu devrait faire l'affaire. S'il arrivait à s'approcher suffisamment corps, la zone à protéger était petite, le sortilège était du niveau d'un élève de Poudlard de troisième année. Il étendit le bras, et se représentant précisément la position des corps au moment où il avait jeté la cape, il murmura : « Non moldu comet. »

« Ca va, Monsieur ? demanda une voix douce. Vous avez dit quelque chose ? » Harry avait complètement oublié la petite infirmière timide qui se tenait toujours derrière lui.

« Non, répondit-il. S'il vous plaît, il faut que je téléphone. » une ombre fut soudain au dessus de lui, Harry se sentit soulevé du sol. On le plaça sur un chariot roulant.

« Détendez vous, » dit la voix de Pride, et Harry sentit quelque chose de froid prendre son bras.

« Non, protesta-t-il d'une voix à peine audible. Je dois les prévenir. » Il se débattit faiblement, manquant tomber.

« Très bien, finit par céder le médecin. On va prévenir vos proches, ne vous inquiétez pas. Donnez moi juste le numéro.

- Sept cent soixante dix-sept, sept cent soixante dix-sept, sept. Parler à Dumbledore. » Harry luttait contre le brouillard qui obscurcissait son esprit. Il fallait Qu'il fasse savoir à Dumbledore ce qui se passait. « Dites lui. il y a . d'autres.toujours là. la chambre de Dudley. Cape d'invi. »non, il ne devait pas parler de ça, pas aux moldus. « la cape de mon père. », acheva-t-il au prix d'un énorme effort de volonté.

- Oui, nous lui dirons, détendez vous, maintenant, dit doucement le médecin, pensant visiblement que Harry délirait. Celui-ci sentit à peine l'aiguille s'enfoncer dans son bras avant de finalement sombrer dans les ténèbres.

Assis derrière un immense bureau, le professeur Dumbledore relisait un rapport de Maugrey fol ?il sur ce qu'ils avaient trouvé, ou plutôt ce qu'ils n'avaient pas trouvé, dans le repère de Voldemort. La place avait été complètement désertée, mais cela ne ressemblait pas à un départ précipité. Les mangemorts n'avaient laissé derrière eux aucun indice, rien qui ait une quelconque valeur aux yeux des aurors. Dans toute cette évasion, quelque chose n'allait pas. Pourtant, il ne parvenait pas quel intérêt les mangemorts auraient pu avoir à libérer Pierson. Le vieux sorcier avait rendu dans la matinée une visite au ministre. Celui-ci serait probablement en état de reprendre ses fonctions au cours des prochains jours. Dumbledore en était grandement soulagé : il n'était pas tranquille à l'idée de laisser Poudlard en ce moment. Il espérait seulement que le ministre n'aurait pas été trop affecté par sa mésaventure. Quelque chose en lui semblait éteint. Mais Dumbledore connaissait Pierson depuis trop longtemps pour réellement douter de lui. L'homme était plus fort que la plupart des autres sorciers. Il se remettrait très bien de ses mésaventures.

« Professeur ? » appela soudain une voix. Dumbledore releva la tête et vit que le visage de la réceptionniste du ministère s'était encadré dans sa cheminée.

« Qu'y a-t-il Line ? demanda-t-il, souriant à la jeune femme qui semblait intimidée.

- Je suis désolée de vous déranger, commença-t-elle d'une voix timide, mais j'ai reçu un appel, par la voie moldue. Je suppose que ce n'est probablement qu'un canular, cependant un homme insiste pour vous parler. Il s'est présenté comme s'il était moldu, mais il dit qu'il appelle de la part de Harry Potter.

- De la part de Harry ? Aux dernières nouvelles, Harry est à Poudlard. Vous avez le nom de cet homme ?

- Docteur Pride, de la clinique des Bleuets, à Little Whinging.

- Little Whinging ? »Une ride barra soudain le front du vieux sorciers. Peu de gens connaissaient le nom de la ville où Harry avait grandi. Si c'était un canular, la farce était particulièrement élaborée. « Passez le moi. », demanda-t-il.

Un téléphone apparut immédiatement sur le bureau du sorcier et se mit à sonner. La tête de la réceptionniste disparut de la cheminée et Dumbledore décrocha.

« Docteur Pride ? demanda-t-il. Ici Albus Dumbledore.

- Enfin ! Vous avez une secrétaire sacrément efficace, vous savez ! Vos appels sont mieux filtrés que ceux d'une ministre. J'ai vraiment cru que je n'arriverai pas à vous joindre. »

Pour une fois, Albus Dumbledore n'avait aucune envie de plaisanter. L'homme était visiblement un moldu, et la situation devait être grave pour que Harry lui ait donné le numéro du ministère.

« On m'a dit que vous appeliez de la part de Harry ?

- c'est exact. Je crains de ne pas avoir de très bonnes nouvelles à vous annoncer, Monsieur. Mr Potter a été sauvagement agressé ce matin, dans notre établissement.

- Pardon ? Harry va bien ?

- Il a été poignardé à l'abdomen. Nous avons retiré l'arme mais des dommages internes ont été fait, et il a perdu beaucoup de sang. Cependant, c'est un jeune homme résistant et il devrait s'en tirer.

- Poignardé ? Et vous avez une idée de qui a fait ça ?

- Mr Potter a réussi à neutraliser son agresseur. Nous ignorons son nom, mais c'était un homme d'environ vingt-cinq ans, habillé étrangement d'une robe noire. Un fou, peut-être, ou un membre d'une secte. C'est tout ce que je peux vous dire pour l'instant, mais la police s'en occupe. »

Un mangemort, en d'autres termes. Son interlocuteur reprenait.

« Les enquêteurs voudraient savoir si vous aviez une idée de qui avait fait cela, et pourquoi. Nous n'avons pas eu la possibilité de demander à Mr Potter, et sa tante est restée très vague, je crois qu'elle a été choquée par les événements.

- Je crains de ne pas pouvoir vous aider.

- Tant pis. Si je posais la question, c'est parce que Mr Potter a insisté pour que je vous appelle, nous pensions que, peut-être, vous en sauriez plus que nous. Il semblait vouloir vous dire quelque chose, malheureusement il était très faible, je n'ai pas tout compris. Il a perdu connaissance juste après m'avoir transmis le message.

- Qu'a-t-il dit ?

- Il a dit qu'il y en avait d'autres, je crois. Mais je ne sais pas de quoi il parlait. Puis il a parlé de la chambre de Mr Dursley, son cousin. C'est là que l'agression a eu lieu. J'espère que cela a un sens, pour vous, sinon vous n'aurez qu'à attendre qu'il se réveille.

- Je ne suis pas sûr. Il n'a rien dit d'autre ?

- Si. Après il a parlé de son père, et d'une cape, je crois. Mais, une fois de plus, je ne suis absolument pas sûr d'avoir bien compris. »

Dumbledore resta un instant silencieux, son esprit fonctionnant à toute vitesse. Il y en avait d'autres. D'autres quoi ? D'autres mangemorts, probablement. Il doutait fortement que l'un d'eux s'en soit pris seul à Harry. Ils avaient bien trop peur de lui. Donc il y avait d'autres mangemorts dans la chambre de son cousin. Quand à savoir pourquoi personne ne les avait vus. L'allusion à son père, à une cape. La cape de son père ? bien sûr, ce n'était pas très difficile à comprendre. Mais dans ce cas, il fallait agir vite.

« Je serai là dans quelques minutes, dit-il au médecin.

- Si vous voulez. Je vais demander aux inspecteurs d'attendre, ils veulent vous parler. Une minute, avant que vous ne raccrochiez. Mme Dursley m'a dit que Mr Potter était marié, mais apparemment elle ignore où joindre sa femme. Auriez-vous un numéro de téléphone à me donner ?

- Je vais la contacter moi-même, ne vous inquiétez pas pour ça. » Sur ce, le professeur raccrocha le combiné et le téléphone disparut. Puis il prit une pincée de poudre et la jeta dans la cheminée, avant de crier le nom de l'école de sorcellerie.

Dès que Ron et Hermione étaient venus la chercher en lui disant que Dumbledore voulait les voir, Sylvie avait eu un mauvais pressentiment. Les Weasley étaient plus intrigués par le fait qu'on leur avait demandé de mettre des vêtements moldus. Ses craintes avaient été confirmées par le discours du directeur. Non ! Pas Harry ! Pas encore Harry ! Il avait à peine eu le temps de se remettre de la crise provoquée par Voldemort le soir de Haloween, et maintenant ça ! Dumbledore avait voulu se rendre sur place le plus rapidement possible, et ils avaient pris la direction de Pré- au-Lard.

« Ca va aller, lui murmura Hermione. Harry va se remettre, le médecin l'a dit.

- Mais ça ne peut pas continuer comme ça ! ca fait deux fois en deux semaines qu'il frôle la mort ! Combien de temps pensez vous qu'il va pouvoir tenir ? Harry n'est qu'un homme, il est peut-être votre Survivant mais il n'est pas immortel ! » La jeune femme se mettait rarement en colère, et les trois sorciers se regardèrent un instant avec une expression de tristesse. Ils savaient qu'elle avait raison, mais ils savaient aussi qu'il n'y avait aucun moyen de protéger Harry plus qu'il ne l'était déjà. Et le jeune homme ne pouvait pas échapper au rôle qu'il avait à jouer dans la lutte contre les forces du mal.

- Nous sommes tous conscients de cela, dit doucement Dumbledore. Malheureusement, le seul moyen de mettre fin à tout cela est d'éliminer Voldemort. Et pour cela, nous avons besoin de Harry. De plus, il refuse d'être tenu à l'écart.

- Mais s'il ne survit pas la prochaine fois ? Vous n'êtes pas prêts à détruire Voldemort, n'est-ce pas ? Vous n'avez pas trouvé le sort qui l'empêcherait de revenir.

- Je finirai par trouver, affirma Hermione.

- Mais Harry n'a pas le temps d'attendre.

- Il est en sécurité à Poudlard, dit Hermione. N'oublions pas qu'il en était parti ce matin. Harry sera furieux si nous essayons de l'y confiner, mais il finira probablement par comprendre.

- Non. » La lassitude perçait dans la voix du vieux sorcier. « Sylvie a raison. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre Harry. Poudlard est sûr, surtout depuis que les défenses ont été réactivées, mais je crains que cela n'empêche pas Voldemort d'agir. Il semble déterminé, et je suis persuadé qu'il a un plan. Toutes ces attaques ne sont peut-être qu'un moyen d'essayer de détourner notre attention de ce qu'il prépare réellement. Peut- être n'a-t-il laissé s'enfuir ses prisonniers que pour nous donner un faux sentiment de sécurité. Je ne vois qu'un moyen de protéger Harry, mais c'est extrêmement risqué. Nous risquons de déstabiliser toute la magie blanche de Grande Bretagne. Et Harry lui-même sera probablement furieux.

- Si ça peut le protéger, alors ça vaut le coup. Professeur, dit Ron. A quoi pensez-vous ?

- A votre avis, quand Voldemort cessera-t-il de s'intéresser à Harry ?

- Quand il sera mort, cracha le rouquin. Ou quand il l'aura tué.

- Exactement. Dans ce cas, Harry doit mourir. C'est extrêmement simple.

- Mais je croyais que c'était justement ce que vous vouliez éviter ! s'exclama Sylvie. Je ne vous laisserai pas tuer Harry pour apaiser votre mage noir ! » La jeune femme était stupéfaite par ce qu'elle venait d'entendre, mais à sa grande surprise, Dumbledore sourit.

- Je n'ai aucune intention de le tuer. Un mangemort l'a déjà fait pour moi. Harry ne survivra pas à ses blessures. Ou du moins, s'empressa-t-il de corriger en voyant l'expression horrifiée de Sylvie, c'est ce que nous pouvons leur faire croire.

- Mais n'est-il pas un peu tard pour ça ? demanda Hermione d'un ton pensif. De nombreuses personnes doivent savoir qu'il est vivant. De plus, il est possible que l'un des hommes de Voldemort n'ait pas été neutralisé par Harry, et soit resté suffisamment longtemps pour rapporter à son maître que Harry vivait.

- Si des mangemorts avaient été dans la pièce à l'insu de Harry, ils auraient simplement vu qu'il était grièvement blessé. Ils ne sont pas restés : si l'un d'eux avait été là ensuite, il n'aurait eu aucun mal à finir le travail pendant que Harry était inconscient. Quand aux moldus, je m'en occupe. En attendant, il est urgent que nous nous rendions sur les lieux, des fois que certains d'entre eux reviennent. Et que nous récupérions ceux dont Harry m'a parlé. » Ils étaient arrivés à la barrière anti-transplanage. Les trois sorciers sortirent leurs baguettes.

« Attendez ! protesta Sylvie. Je ne peux pas transplaner.

- Je sais, mais nous n'avons pas de temps pour un portauloin. Ron, Hermione, je pense qu'à nous trois nous pouvons l'apparaître. » Les deux autres sorciers hochèrent la tête, et tous trois placèrent une main sur les épaules de la jeune femme, tenant leur baguette dans l'autre main. Puis, sur un signe de Dumbledore, ils murmurèrent une formule. Sylvie n'eut pas l'impression de voyager, pourtant elle se retrouva soudain sur un parking, en face d'un immeuble typique de la technologie moldue de la fin du vingtième siècle.

« Wouah ! s'écria Ron. J'ai toujours rêvé de monter dans un de ces trucs ! Dommage que mon père ne soit pas là !

- Ron, répliqua Hermione, modère tes ardeurs. Ne commence pas à nous ridiculiser. » Ils pénétrèrent dans un hall d'entrée immaculé. Ils s'aperçurent rapidement que l'unique sujet de conversation dans l'établissement était les événements qui avaient eu lieu le matin même. Cependant, personne ne semblait savoir ce qui était advenu de Harry. Ce qui devait leur faciliter la tâche. Une secrétaire leur indiqua que le sorcier avait été transféré dans une chambre au troisième étage.

Désolée si ce chapitre était un peu décousu, merci de l'avoir lu. Visiblement, l'hypothèse de Lunenoire a trouvé un certain écho chez ceux qui lisent les réponses aux reviews, que vous soyez d'accord avec lui ou pas.

Solar : Thanks.

Csame : En effet, tes deux hypothèses sont envisageables. Et je vais ligoter mes doigts et ne rien écrire de plus. Oh, si : encore merci d'être là.

Phénix20 : Sinon quoi ? Tu ne peux rien me faire, sinon je serai dans l'impossibilité de publier la suite. ( ceci dit avec un grand sourire triomphant et terminé d'un petit rire cruel).

Alana Chantelune : Ca me fait vraiment plaisir de savoir que je ne suis pas si prévisible. Et merci pour ta review.

Lilou : en effet, tu verras. Contente en tous cas que cette fic te plaise. Elle tue ? Elle a déjà tué Sirius et Lavande, en effet, mais j'espère bien que ça se limite là.

Pimousse fraise : Comment rester insensible à de telles supplications ? Malheureusement, tu devras attendre quelques chapitre avant de savoir si tes v?ux seront exaucés ou pas.

Xaxa : Je compatis pour tes examens. Si j'ai pu t'apporter un moment de détente, tant mieux. Bonne chance s'ils ne sont pas encore finis (sinon j'espère que ça s'est bien passé).

Lunenoire : Pourquoi, en effet ?

Hermione2005 : bien sûr que je suis contente de l'avoir, ta review. Au total, je pense qu'il y aura 13 ou 14 chapitres, ce qui signifie qu'on se rapproche de la fin.