Disclaimer ( malencontreusement oublié la dernière fois) : rien à moi, tout à Joanne Rowling.

Merci Miss Tambora pour le temps consacré à la relecture.

Chapitre 10 :

Froid. « Non ! Pas Harry ! Prenez moi, pas Harry, je vous en supplie.

- Pousse toi, idiote. »

Harry releva la tête et ne fut pas surpris de voir les formes grises qui s'avançaient vers lui. Où était-il ? Et comment des Détraqueurs étaient-ils arrivés là ? Il referma sa main sur sa baguette, mais, étrangement, il était incapable de lancer le sortilège du Patronus. La plus grande des créatures s'avança vers lui. Harry recula, sachant ce qui allait arriver. Mais il entendit soudain une voix rauque, qui semblait venir de la cagoule. Il avait toujours cru que les Détraqueurs étaient muets.

« Je suis venu pour toi, humain. » Il étendit une main décomposée vers Harry. « Je possède la clé de tes problèmes. » Le jeune homme tenta de se soustraire au contact de la main, mais il ressentit soudain une vive douleur.

« Harry, calme-toi. » Sylvie ? Pourquoi était-elle si calme ? Bien sûr, elle ne pouvait pas voir les Détraqueurs. Il devait la prévenir.

« Ça va. Harry réveille-toi. » Il réalisa alors qu'il était allongé sur quelque chose de doux. La main fraîche de sa femme était posée sur son front. Harry ouvrit lentement les yeux.

« Sylvie, murmura-t-il en essayant de s'asseoir.

- Ne bouge pas, dit-elle en lui tendant ses lunettes. Il les chaussa et contempla la pièce dans laquelle il se trouvait. Il était dans une petite chambre, semblable à celle de Dudley. Il se souvint de tout ce qui s'était passé dans la chambre de Dudley.

« Les Mangemorts. articula-t-il à travers ses lèvres desséchées. Ils sont dans la chambre.

- Ron s'en occupe. » Sylvie aida Harry à avaler un verre d'eau. Il put ensuite parler plus facilement.

- Comment va Dudley ? demanda-t-il.

- Il s'est réveillé, il va bien. Mais on ne sait pas si la potion a fait effet ou pas. Etant donné qu'aucun des médecins, ici, ne s'attend à un tel effet. Ils ne l'ont pas cherché, tu comprends ?

- Oui. Qui sont les Mangemorts que j'ai stupéfixé tout à l'heure ?

- D'après Ron, un certain Crabbe, Goyle, et il ne connaissait pas le troisième. »

Harry hocha la tête. Après tout, voir les deux anciens serpentard finir comme cela était triste, mais pas surprenant. Ils n'avaient jamais eu l'intelligence de réfléchir à leurs actions. Si leurs pères avaient voulu qu'ils prennent la marque à leur sortie de Poudlard, ils avaient du le faire sans se poser de questions. Il préféra changer de sujet.

« Il y a eu des problèmes avec les moldus ?

- Je ne crois pas. Dumbledore dit que tu t'en es admirablement bien sorti, mais qu'il n'en attendait pas moins de toi. »

Harry tenta de se redresser et fit une grimace de douleur.

« C'est un point de vue, commenta-t-il. Personnellement, j'estime que j'aurais pu m'en sortir un peu mieux. Sans trou dans le ventre, par exemple. Je me suis fait avoir.

- Tu ne pouvais pas prévoir qu'ils t'attaqueraient. Ils voulaient te tuer. Non seulement tu es vivant, mais aucun moldu ne s'est aperçu de rien. Ne crois-tu pas que c'est déjà beaucoup ?

- Sans doute. »

L'infirmière que Harry avait vue le matin était entrée dans la pièce.

« Oh, vous êtes réveillé, remarqua-t-elle en souriant à Harry. Comment vous sentez-vous ? » Sa voix était professionnelle, mais le regard qu'elle posait sur les époux Potter était curieux.

- Ça peut aller , répondit le jeune homme.

- Finalement, vous avez eu de la chance qu'ils vous aient trouvé ici. Nous avons pu vous soigner tout de suite. Vous serez comme avant d'ici quelques semaines. » L'infirmière s'approcha de Harry pour prendre sa tension. Un étrange silence s'installa, meublé uniquement par les bruits de l'appareil.

« Parfait. » dit la femme au moment où elle retirait le brassard. Elle fit quelques pas en direction de la porte, puis se ravisa et se retourna vers le lit.

« Excusez-moi, dit-elle d'une voix mal assurée. Je ne voudrais pas avoir l'air de m'immiscer dans une conversation privée, mais j'ai cru vous entendre dire quelque chose au moment où je suis entrée dans la chambre. Il m'a semblé reconnaître le mot moldu.

- Moldus ? » Harry essaya de prendre un air étonné et perplexe. « Vous avez du mal comprendre. Moldu ? Qu'est-ce que ça voudrait dire ?

- J'ai dû mal entendre. Ce mot. Oubliez ça. »

La femme rougit et voulut quitter la pièce. Cette fois-ci, c'était au tour de Harry d'être intrigué.

« Attendez ! appela-t-il. Qu'est-ce qui vous trouble avec ce mot ?

- Rien. Juste une vieille obsession. Reposez-vous, monsieur Potter. A plus tard, madame. » Mais elle hésita en voyant les visages du couple. Et s'ils savaient quelque chose ? Elle était presque sûre de ce qu'elle avait entendu, après tout. Harry sentit son hésitation. Et si elle était au courant pour l'existence des sorciers, après tout ? Dans les circonstances présentes, ce pourrait être une alliée utile.

« Que signifie ce mot, moldu ? demanda-t-il.

- J'espérais que vous pourriez me l'expliquer. Une de mes amie était hantée par ce mot. Je suppose que ce n'était qu'un produit de son imagination, mais j'ai passé des jours à en chercher la signification avec elle.

- Une telle fixation sur un mot. C'est étrange, remarqua Sylvie.

- La première fois qu'elle m'en a parlé, j'ai rit. Mais Adélaïde était terrifiée par ce mot. Elle en rêvait toute les nuits. Il devait y avoir une raison.

- Sans doute. C'est étrange d'avoir peur d'un mot dont on ignore la signification.

- Adélaïde était étrange.

- Vous parlez d'elle au passé, remarqua Harry.

- Elle est décédée l'année dernière. Une horrible maladie qui l'a emportée en quelques jours. D'autant plus tragique qu'elle avait une petite fille de huit ans. Une enfant adorable, dont elle était la seule famille. J'aurais aimé l'adopter, mais comme je suis célibataire, on ne m'a pas laissée.

- Oh, c'est affreux ! Qu'est devenue l'enfant ?

- La DDAS s'en est occupée. Je lui ai rendu visite quelques fois au début. Elle était malheureuse. Puis ils l'ont transférée dans une école en Ecosse. »

Ils l'ont transférée en Ecosse ? Harry fronça les sourcils. Se pourrait-il que. Il jeta un regard à Sylvie, et vit qu'elle pensait comme lui. Elle avait pâli, et serrait plus fort la main de son mari. Ce fut elle qui reprit la parole la première.

« Quel était le prénom de cette enfant ? demanda-t-elle doucement.

- Méline, répondit l'infirmière. Tout va bien ? »

Sylvie hocha la tête. « Vous êtes Myriam, n'est-ce pas ? »

Ce fut au tour de l'autre femme d'avoir l'air surpris. Elle vint s'asseoir près du lit.

« Vous connaissez Méline ? Comment va-t-elle ?

- Elle a eu une période difficile, mais ça va mieux. Elle sera contente d'avoir de vos nouvelles.

- Je croyais qu'elle était en Ecosse. Pourtant vous n'êtes pas de là-bas, n'est-ce pas ? Or vous l'avez vue récemment.

- Oh, je travaille en Ecosse, expliqua Harry. Dans l'établissement où se trouve Méline. J'ai fait le voyage exprès pour rendre visite à Dudley. Si vous lui écrivez un mot, nous lui transmettrons quand nous rentrerons.

- Merci. C'est ce que je vais faire. Ou peut-être, si vous me donniez le numéro du foyer, je pourrais l'appeler.

- Peut-être plus tard.

- Et pour ce qui est de ce mot, moldu ? C'est Méline qui vous en a parlé ? Adélaïde n'a jamais voulu la mêler à son étrange passé, et je croyais qu'elle ignorait tout de cette fable.»

Harry fut dispensé de répondre à cette question par l'arrivée du professeur Dumbledore, accompagné de Ron. Rapidement, Myriam s'apprêta à les laisser seuls.

« Attendez un peu, la retint le directeur de Poudlard. Nous devons parler. » Pendant ce temps, Ron avait sorti sa baguette. Le regard de l'infirmière se posa sur l'objet, intriguée.

« Oh, s'écria-t-elle. C'est le même bâton étrange que Mr Potter avait à la main quand nous l'avons trouvé !

- Exact, sourit Dumbledore. Détendez-vous Mademoiselle. »

Ron pointa sa baguette dans la direction de la jeune femme et murmura : « Confuso maxis. »

- Eh ! » Harry regarda son ami comme s'il avait perdu la tête. Ça va pas ? Qu'est-ce qui te prend ?

- Je t'expliquerai. Laisse-moi finir. » Il reporta son attention sur la femme dont les yeux s'étaient vidés.

« Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il doucement.

- Myriam Mate, » répondit-elle d'une voix morne. Harry voulut protester mais le professeur Dumbledore lui posa une main sur l'épaule. « Cela doit être fait, dit doucement le vieux sorcier.

« Que s'est-il passé ce matin ? continuait Ron..

- Un homme s'est fait agresser dans une chambre de l'hôpital. Il a réussi à maîtriser son agresseur, mais celui-ci a eu le temps de lui porter un coup de couteau dans l'estomac. Heureusement aucun organe vital n'a été touché, et l'homme a été soigné à temps. Il vient de se réveiller et.

- Non, dit l'auror. Ce n'est pas ce qui s'est passé.

- Ce n'est pas ce qui s'est passé, répéta docilement la femme.

- Après que le docteur ait passé son coup de téléphone, l'homme a perdu connaissance, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Bien. Vous l'avez immédiatement transporté en salle d'opération pour retirer le couteau. Malheureusement, il avait perdu trop de sang. Vous n'avez rien pu faire. Il est décédé peu de temps après. C'est ce qui s'est passé.

- Oui, c'est ce qui s'est passé. C'était horrible.

- Oui. » Ron la prit par le bras pour la faire sortir de la chambre. Dès que la porte se fut refermée, Harry explosa.

« Pourriez-vous m'expliquer ce qui se passe, maintenant ?

- Cette femme était la dernière personne, en dehors de nous trois, Ron, et Hermione, à savoir que tu avais survécu à l'attaque. Aujourd'hui, Harry, le monde de la sorcellerie est en deuil.

- Quoi ? Mais, c'est ridicule ! Pourquoi endeuiller inutilement les gens ? Pourquoi donner aux Mangemorts une occasion de se réjouir ?

- D'abord parce que comme c'est le meilleur moyen de te protéger.

- Je ne VEUX pas être protégé ! interrompit Harry. Je suis un grand garçon.

- Calme-toi, tu vas rouvrir ta blessure. C'est le meilleur moyen de te protéger, mais aussi de protéger tes proches. tous ceux qu'ils auraient pu essayer de prendre pour t'atteindre. Et ça nous donne un avantage sur les Mangemorts. Avec Voldemort au courant de ton don, tu ne pouvais plus rien voir. S'ils te croient mort, il n'y a plus aucune raison pour qu'ils se méfient, avec un peu de chance tu pourras glaner des informations utiles. Enfin, et bien qu'il ne l'admettrait pour rien au monde, Voldemort a peur de toi. S'il te croit définitivement éliminé, il est possible qu'il commette des imprudences.

- Il n'a pas peur de moi. Mais si je ne suis plus là, pour lui servir de cible, il risque d'amplifier ses massacres au sein de la communauté magique. C'est vous-même qui me ressassez depuis des mois à quel point je suis important pour le moral des sorciers, à quel point il est important que je reste en vie. Je suis en vie, mais maintenant vous voulez leur faire croire le contraire ! Je ne comprends pas, professeur. Cette attaque ne change rien au fait que Pierson et Seamus se sont libérés, Voldemort a échoué pour la deuxième fois en à peine vingt-quatre heures. Nous sommes en bonne position pour le battre.

- Non. Comme je le disais aux autres tout à l'heure, je suis persuadé qu'il a un plan, et que la libération de ses prisonniers en faisait partie. J'avoue que je ne n'ai pas une grande confiance en eux pour l'instant. Il y a des sortilèges d'écoute qui peuvent être facilement lancés sur les gens, ou peut-être les a-t-il tout simplement soumis à l'impérius. Nous avons effectué toutes les vérifications possibles, mais il y a toujours certains sorts qui sont indétectables quand ils sont bien lancés.

- Seamus semblait semblable à lui-même, hier soir.

- Maugrey aussi était semblable à lui-même à l'époque. Mais nous nous éloignons du sujet, Harry. Il est en train de planifier quelque chose, dont nous n'avons aucune idée, et je n'aime pas ça du tout. Peut-être ses plans ont été empêchés par le fait que les Mangemorts n'ont pas pu te prendre ce matin, peut-être pas. Je crois qu'il a en main des cartes qu'il ne nous a pas montrées. Et si nous jouons franc-jeu, nous lui laissons l'avantage. Ce que j'espère, c'est qu'il fera un faux pas qui nous permettra de le prendre par surprise. Ce n'est que pour quelques semaines, Harry.

- Professeur. Quand il a essayé de me tuer, alors que j'avais un an, c'était parce que j'étais l'héritier de Gryffondor. Le dernier des Gryffondor. Mais aujourd'hui je ne le suis plus. La lignée ne s'éteint pas avec moi. Il aura une nouvelle cible s'il pense que je suis mort.

Sylvie frissonna en réalisant ce que signifiaient les paroles de son mari. « Il ne va pas s'en prendre à James, n'est-ce pas ? murmura-t-elle.

- Nous allons tout faire pour assurer la protection de votre fils. Je vous promets qu'il ne lui arrivera rien.

- Où est-il en ce moment ? demanda Harry.

- A Poudlard. Hermione est rentrée. Tous les autres professeurs sont là aussi. Il ne risque rien pour l'instant.

- Et après ? Si j'étais réellement mort, Sylvie n'aurait eu aucune raison de rester à Poudlard. C'est moi qui travaillait là-bas. La logique voudrait qu'elle retourne chez ses parents, où ils seront une proie facile.

- On peut placer chez les Grass le même type de protection que chez les Dursley à l'époque où tu y habitais. Ou, si tu préfères, James et Sylvie peuvent rester à Poudlard. Si tu n'avais pas survécu ce matin, mon premier souci aurait été d'assurer la sécurité de ton fils. Et Voldemort le sait. C'est si on ne s'en préoccupait pas qu'il se poserait des questions. »

Le regard de Harry passait de Dumbledore, dont le visage était grave et dont les yeux ne riaient pas derrière ses lunettes en demi-lune, à Sylvie, qui fixait le vide avec une expression indéchiffrable. Même si la sécurité de sa famille était assurée, il n'aimait pas l'idée de se faire passer pour mort. Cela signifiait qu'il ne pourrait plus assurer ses cours, qu'il ne pourrait plus sortir, ni voir du monde. Et que son rôle dans la lutte contre les ténèbres serait plus limité que jamais. Pour un temps, en tout cas. Tôt ou tard il se retrouverait face à Voldemort, il n'y avait rien que Dumbledore ou qui que ce soit puisse faire pour empêcher ça, c'était son destin. Mais si cet affrontement était retardé, des innocents pouvaient mourir.

Une folle pensée le frappa soudain : s'il n'avait pas neutralisé les Mangemorts, ce matin-là, ils l'auraient probablement mené à leur maître. Peut-être aurait-il eu une chance de détruire le mage noir. Bien sûr, Voldemort aurait été entouré de nombreux partisans, et Harry n'aurait eu raisonnablement aucune chance, mais était-ce réellement plus invraisemblable que ce qu'il avait accompli au cours de ses années de collège ?

« Harry, fit Dumbledore comme s'il lisait dans ses pensées, je sais ce que tu penses mais il ne faut jamais forcer la chance. Tu ne peux pas te jeter dans les bras de Voldemort sous prétexte que tu t'en es toujours tiré jusqu'ici. Et j'ai de bonnes raisons de souhaiter que tu ne l'affrontes pas pour l'instant.

- Plus le temps passe, plus il fait de victimes.

- Réfléchis : Deux fois tu l'as fais disparaître, et les deux fois en détournant sur lui son propre sortilège mortel. Je ne crois pas qu'il se risque à réutiliser Avada Kedavra contre toi. Je suis au courant des recherches menées par ton amie Hermione, et j'avoue avoir regardé moi-même quelques livres sur le sujet. Quand nous aurons trouvé le sort capable de détruire son âme, alors nous pourrons passer à l'offensive.

- Je veux bien l'admettre, mais je ne suis toujours pas persuadé qu'il soit utile de me faire passer pour mort.

- S'il te plaît, Harry, intervint Sylvie. Tant qu'ils se croiront débarrassés de toi, tu auras la paix. Tu en as besoin. Ça fait deux fois en une semaine que tu frôles la mort.Fais-le pour nous, nous ne voulons pas te perdre. »

Harry soupira, et grimaça une fois de plus, au moment où Ron revenait.

« Ok, dit-il. Je vais le faire. Au moins quelques temps. Mais je suppose que vous ne vous attendiez pas à ce que j'élise domicile au cimetière ?

- Non. » Un léger sourire éclaira le visage du directeur. « Il y a à Poudlard quantité de pièces qui ne sont pas utilisées et pourront parfaitement te servir. »

Harry fit un signe d'acceptation et s'étendit plus confortablement. Il était tout à coup épuisé. Et tout cela n'avait plus d'importance.

Un hurlement de bête blessée..Sirius ! Harry se précipita. Une centaine de Détraqueurs avançaient vers eux.

« Hermione ! cria Harry en sortant sa baguette. Pense à un souvenir heureux et crie « Expecto Patronum ! » »

Mais les créatures étaient trop nombreuses. Hermione gisait maintenant à ses côtés, inconsciente. Des mains putrides s'avançaient vers lui, et le Détraqueur le plus proche retirait sa cagoule.

Harry s'éveilla en sursaut, ruisselant de sueur. Il se trouvait dans une petite pièce qu'il ne connaissait pas. Ron, Hermione et Sylvie discutaient à voix basse non loin de lui. Il les appela doucement.

« Où sommes-nous ? demanda-t-il.

- Au-dessus du bureau de Dumbledore. Il faut franchir la gargouille et traverser le bureau pour arriver jusqu'ici, autant dire que personne ne te trouvera par hasard.

- Quelle heure est-il ?

- Il est vingt et une heure, répondit Hermione. Nous avons annoncé ton décès en fin d'après-midi. »

Nous avons annoncé ton décès. C'était étrange de s'entendre dire ça. « J'ai refermé ta blessure, ajouta la jeune femme, mais je ne suis pas Mme Pomfresh, ça risque de rester sensible quelques jours.

- Merci, dit Harry. C'est déjà beaucoup mieux. » Il se redressa et fit face aux visages qui l'entouraient. « Il y a quelque chose dont il faut que nous parlions. Les Mangemorts n'étaient pas ce matin à l'hôpital par hasard.

- Bien sûr que non ils n'étaient pas là par hasard, s'écria Ron. Ils n'avaient pas décidé de se rendre invisibles et d'investir la chambre d'un moldu simplement pour s'amuser.

« Ce que Harry veut dire, expliqua Hermione, c'est qu'ils savaient qu'il rendrait visite à son cousin aujourd'hui.

- Or nous étions les seuls à savoir que la potion serait administrée aujourd'hui.

- Serais-tu en train d'accuser l'un d'entre nous d'être un traître ? s'indigna Ron.

- Non, bien sûr. Je dis simplement qu'il est possible qu'ils aient des moyens d'espionner tout ce que nous disons. Rappelez-vous Rita Skeeter en quatrième année.

- Tu crois qu'il y a un animagus non déclaré dans cette pièce en ce moment ?

- Non, pas exactement. Ce n'est qu'une possibilité parmi d'autres. Imaginez par exemple quelqu'un sous une cape d'invisibilité, ou quelqu'un qui aurait pris du Polynectar. Et si on nous espionne, ma prétendue disparition ne servira à rien.

- Attends un moment, intervint Sylvie. Il y a quelqu'un d'autre qui savait que tu allais aller voir ton cousin ce matin. En dehors de nous quatre.

- Je n'ai rien dit aux Dursley.

- Mais le mystérieux Mr X, lui, savait que la potion était prête, et il savait aussi qu'elle n'était efficace que vingt quatre heures. »

Tous les regards se tournèrent vers elle, puis vers Hermione qui était devenue cramoisie.

« Elle a parfaitement raison, déclara Ron. La fuite ne peut venir que de là. On comprend mieux maintenant pourquoi il ne voulait pas que son nom soit connu. Hermione, ne crois-tu pas qu'il est temps de cesser ces cachotteries ? »

La jeune femme se raidit dans son fauteuil, de plus en plus nerveuse. Ses joues étaient de la même couleur que les cheveux de son mari.

« J'ai promis, dit-elle d'une voix atone. Je suis désolée.

- Hermione ! explosa Ron. Nous aimerions bien savoir qui a tenté de faire tuer Harry. Il y a certaines personnes envers qui une promesse ne tient pas.

- Je ne crois pas que ce soit lui. En plus, il a rempli sa part du marché, non ? Dudley va guérir !

- Le marché n'incluait pas un raid de Mangemorts, remarqua Harry. Je suis d'accord avec Ron. Tant que nous ne savons pas qui c'est, il reste notre suspect numéro un.

- Il a droit au bénéfice du doute.

- Bien sûr. C'est juste que j'aimerais savoir qui c'est. Ne serait-ce que parce que j'aimerais bien savoir si les murs ont des oreilles dans ce château. Ou peut-être qu'il a parlé à quelqu'un, sans penser à mal. Dans ce cas il pourra nous donner des informations. N'importe quel sorcier serait heureux d'aider. »

La jeune femme soupira, les paroles de Harry étaient sensées. Il fallait qu'ils sachent d'où venait la fuite.

« Très bien, admit-elle. Je vais lui exposer la situation. Lui demander s'il a parlé à quelqu'un.

- Hermione, protesta Ron, si c'est lui le traître, tu crois qu'il va l'admettre bien gentiment ? Dis-nous qui c'est.

- Non. Vous ne seriez pas juste avec lui. Et après ce qu'il a fait, il mérite le respect.

- Très bien. Alors donne-nous au moins une bonne raison pour laquelle il ne veut pas que nous sachions son nom.

- Je ne dirai rien de plus. Ce n'est pas la peine que vous insistiez. » Elle croisa les bras d'un air buté. Harry repensa à ce qu'elle venait de dire. C'était forcément quelqu'un qu'il connaissait, mais quelqu'un dont il n'était pas particulièrement proche. Pourtant, il ne croyait pas qu'aucune de ses relations avait la possibilité de puiser dans les réserves d'ingrédients du ministère. Sauf peut-être. Qu'avait dit Ginny l'autre jour ? Non, Hermione n'aurait pas osé. Pourtant, cela expliquait beaucoup de choses.

« Hermione, dit-il en regardant son amie dans les yeux, si c'est moi qui dit son nom, tu n'auras pas trahi ta promesse, n'est-ce pas ? »

Elle lut dans ses yeux qu'il avait compris. « Vas-y, soupira-t-elle. Je suppose que ça devait se finir comme ça. » Elle se tourna vers Ron. « S'il te plaît, garde ton calme. Réfléchis avant de faire quelque chose que tu regretteras.

- Je ne comprends pas ce que tu veux dire. Je n'ai aucunement l'intention de faire le moindre mal à ton petit protégé pas pour l'instant, du moins.

- Promets-moi que tu resteras calme, Ron, insista-t-elle.

- Je resterai calme. Harry, Qui est Mr X ? »

Harry regarda tour à tour les différentes personnes dans la pièce. Hermione avait les yeux fixés sur son mari, elle le regardait avec inquiétude, craignant visiblement sa réaction. Ron jouait nerveusement avec sa baguette. Une main fraîche se posa soudain sur la sienne. Sylvie n'avait pas parlé depuis un moment, les autres avaient presque oublié sa présence. « Tu ferais mieux de lui dire, murmura-t-elle. De toutes façons, il n'est pas stupide, il comprendra vite. »

Harry hocha la tête.

« Alors, qui est-ce ? reprit le rouquin.

- Drago Malefoy. » répondit Harry doucement. Il y eut un court silence, puis :

« Quoi ? Malefoy ? Hermione, comment as-tu pu lui faire confiance, ne serait-ce qu'une seconde ? Comment as-tu pu simplement faire appel à lui ? C'était évident que ça finirait comme ça.

- Premièrement, nous n'avons aucune preuve que Drago ait fait quoique ce soit dans ce qui est arrivé ce matin. Deuxièmement, si je ne l'avais pas fait, le cousin de Harry était condamné. Troisièmement, il me semble que tu as promis de garder ton calme, Ron. » La voix d'Hermione était glaciale.

- Et je suis calme ! s'exclama le rouquin en se levant. Je suis même particulièrement tranquille quand on pense que ma propre femme protège Malefoy, correspond avec lui, et l'appelle Drago. Comme si ce n'était pas assez qu'il ait pris Ginny ! Si tu veux fuir avec lui, Hermione, tu es parfaitement libre. Je ne te retiens pas.

- Si c'est vraiment ce que tu veux ! De toutes façons il ne peut pas être plus borné et plus stupide que toi.» La jeune femme s'était levée à son tour. Harry tenta de s'interposer.

« Ça suffit comme ça, tous les deux. Ron, excuse-toi envers Hermione, elle a fait ça pour m'aider. Hermione, retire ce que tu viens de dire tu sais parfaitement que tu ne le pensais pas. »

Les deux époux se regardèrent en chiens de faïence un moment, puis Ron explosa de nouveau.

« Enfin, Harry, comment peux-tu rester aussi calme ? Tu aurais pu être tué !

- Harry, lui se sert de sa tête ! Contrairement à d'autres.

- J'ai dit ÇA SUFFIT ! rugit Harry. Maintenant ou vous vous comportez comme des gens civilisés ou vous sortez de ma chambre. Tous les deux. Et vous allez commencer par vous asseoir. » Les deux Weasley prirent place dans des fauteuils situés aux deux extrémités de la pièce, en se jetant des regards furibonds.

« Bien. Maintenant nous allons peut-être pouvoir tirer les choses au clair. Hermione, tu dois admettre qu'il y a des coïncidences troublantes.

- Quoi ? Le fait que Drago soit le fils de son père et qu'il se trouve être celui qui t'a confectionné cette potion ?

- Pas seulement. Je ne sais pas si tu es au courant, mais dans les Mangemorts qui m'ont attaqué ce matin, il y avait Crabbe et Goyle.

- Il a envoyé ses deux acolytes faire le sale boulot à sa place, ricana Ron. Pourquoi ne peux-tu pas admettre que, pour une fois, tu t'es trompée ? »

La colère d'Hermione semblait être retombée d'un coup. Ses lèvres se mirent à trembler.

« Je ne savais pas cela, dit-elle. Mais ça ne peut pas être lui. Et il n'était plus en contact avec Crabbe et Goyle. Ginny m'a dit que pas une seule fois en quatre ans elle ne les avait vus.

- Mione, dit Harry d'une voix douce. Tu sais que tout est contre lui. Même Ginny commence à soupçonner quelque chose. Elle m'en a parlé l'autre jour. Il est de plus en plus distant, il ne lui dit pas toujours où il va.

- Non ! gémit Hermione. J'étais tellement persuadée qu'il avait changé ! Je croyais que c'était possible, que ce n'était pas parce que son père. que. » Sa voix se brisa, et des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. « Oh, Harry, je te jure que je ne savais pas.

- Moi aussi je lui faisais presque confiance, dit Harry d'une voix douce. Et il a sauvé Dudley. Ne pleure pas, Hermione.

- Non, renchérit Ron qui s'était rapproché. Ne pleure pas, s'il te plaît. Il prit sa femme dans ses bras. Je suis désolé de ce que je t'ai dit, Hermione.

- C'est moi qui suis désolée de t'avoir insulté. De ne pas t'avoir écouté. Excuse-moi, Ron. »

Harry regarda ses deux amis, soulagé. Comment Ron et Hermione pouvaient se dire des horreurs et être aussi tendres l'un avec l'autre l'instant d'après restait un mystère pour lui, mais il y était habitué. Il serra plus fort la main de Sylvie, et ils se sourirent.

« Nous devrions peut-être nous essayer à la dispute conjugale plus souvent, dit la jeune femme. Ça m'a l'air d'avoir un certain charme.

- Peut-être. Tu vas demander à Hermione de te donner des cours, et je vais me faire aider par Ron. Si tout va bien, d'ici quelques mois nous serons des champions de la dispute. » Il redevint sérieux. « Tu as vu James ?

- Il va très bien, ne t'en fais pas. Je te l'amènerai demain. Dumbledore a posé de nombreux sorts de protection sur lui, tout à l'heure. Mais je suis inquiète pour Méline. Elle a très mal pris l'annonce de ta mort. J'aurais aimé pouvoir lui dire la vérité, mais elle est si jeune, j'ai peur qu'elle ne soit pas capable de porter un secret comme celui-ci.

- Si elle va vraiment mal, il faudra le lui dire. Il y a tellement peu de temps qu'elle a tenté de se tuer, elle est encore très fragile. Où est-elle en ce moment ?

- Elle dort.

- Cette infirmière, à l'hôpital, semblait lui être très attachée. Peut-être pourrions-nous nous arranger pour qu'elle aille passer quelques temps avec elle.

- Il y a encore plus d'un mois avant les vacances.

- Ce n'est pas important. Elle est jeune, même si elle devait redoubler sa première année, ça ne serait pas un drame. Au contraire, ça lui permettrait d'être avec des gens de son âge. Et, vu ses notes, je ne pense pas qu'elle redouble.

- Ce serait probablement une solution. J'essaierai de lui en parler demain matin. Que penses-tu de ce que Myriam nous a dit à propos de sa mère ? »

Harry se posait la question depuis que le sujet avait été abordé. Le fait qu'elle connaisse le mot moldu, associé aux pouvoirs de sa fille, suggérait qu'Adélaïde Smith avait été en contact avec le monde de la sorcellerie. Il n'avait jamais réellement imaginé que Méline puisse être entièrement de sang moldu, le chapeau ne l'aurait probablement pas envoyé à Serpentard dans ce cas, mais pensait plutôt que ses pouvoirs lui venaient de son père, sa mère n'en savait rien. Mais d'après Myriam, son amie était troublée par le mot « moldu » depuis l'enfance. Mais si elle avait été issue d'une famille de sorciers, ce mot ne l'aurait pas hantée. elle en aurait connu la signification.

Harry réalisa soudain qu'il ne savait rien de la mère de Méline. Leur conversation avec l'infirmière avait été interrompue par l'arrivée de Ron et du professeur Dumbledore.

« Peut-être devrions-nous essayer de lui parler de sa mère. Mais je crois que ça peut attendre que la situation ait un peu progressé avec Voldemort. » Il jeta un regard aux Weasley.

Hermione ne pleurait plus, et discutait calmement avec Ron.

« Il faut faire quelque chose, dit ce dernier quand il remarqua que l'attention de Harry était fixée sur lui. Nous avons désormais la preuve qui manquait. Drago Malefoy est impliqué dans tout cela. Et j'ai bien envie de faire un petit tour à Malefoy Manor.

- Ne crois-tu pas que tu va un peu vite en besogne, Ron ? remarqua Harry. Nous n'avons aucune preuve qui tiendrait devant un jury. Et nous ne pouvons pas attaquer Malefoy comme ça. Il pourrait s'en prendre à Ginny. Et elle n'est pas en état de le supporter. » Alors qu'il prononçait ces paroles, la main de Sylvie exerça une légère pression sur son épaule, lui rappelant que Ron n'était pas au courant de la condition de sa s?ur. Heureusement le rouquin était bien trop énervé pour relever l'allusion.

- Elle l'aura bien cherché, répliqua-t-il sèchement.

- Je refuse de croire que Ginny soit impliquée là-dedans.

- Ginny n'a pas basculé du côté des forces du mal, dit fermement Hermione. Jamais elle n'aurait fait une chose pareille.

- En admettant que vous ayez raison, maugréa Ron, elle savait de toutes façons ce qu'elle faisait quand elle a fui avec lui. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre que Malefoy lance une nouvelle attaque ! Nous devrions au moins prévenir Dumbledore. »

Harry soupira. Il ne voulait pas que des Aurors frappent en force à Malefoy Manor. Pas encore. Il avait une totale confiance dans Albus Dumbledore, mais il ne pouvait pas se résoudre à faire porter officiellement les soupçons sur Drago. Il avait autre chose à faire avant.

« Avant toute chose, il faut parler à Ginny.

- Elle est plus têtue qu'une mule ! Elle ne nous écoutera pas. Et elle préviendra son cher mari. Combien de fois crois-tu que nous ayons tenté de la mettre en garde contre Malefoy ?

- Elle ne T'écoutera pas, Ron. Elle fait confiance à Hermione, et je crois qu'elle écoutera également ce que j'ai à dire, rétorqua Harry. Et elle se doute de quelque chose. De plus, si nous parvenons à la convaincre, elle pourra peut-être nous fournir des renseignements utiles.

- Elle n'écoutera pas ce que tu as à lui dire, parce que tu ne lui parleras pas. Je te rappelle que tu es censé être mort, Harry. »

Le jeune homme soupira. « C'est gentil de me le rappeler, Ron. Ok, je n'existe plus, je ne peux plus rien faire, mais ça n'empêche pas que Ginny écoutera Hermione si elle lui parle. Et qu'elle t'écouterait aussi si tu te montrais un peu plus compréhensif.

- D'accord, admit Ron de mauvaise grâce. Je vous laisse prévenir ma chère s?ur avant de faire quoi que ce soit. Mais vous avez intérêt à le faire demain matin, parce que je n'ai pas l'intention de laisser ce meurtrier de Malefoy s'en tirer comme ça.

- J'ai toujours du mal à croire que ce soit lui », murmura Hermione.

Un silence gêné s'installa, et Harry s'empressa de changer le sujet de la conversation.

« Hermione, où en es-tu de tes recherches ? Au sujet du sort ?

- Je n'ai rien trouvé. Je ne comprends pas. Je suis sûr que c'est possible de détruire l'âme d'une personne. A chaque fois que j'ouvre un livre sur le sujet, j'ai cette curieuse impression. tu sais, comme un souvenir qui chercherait à percer. Un lien. J'ai déjà entendu parler de ce genre de choses. Mais je n'arrive pas à me rappeler où.

- Tu sais, dit Sylvie, dans ces cas-là, le mieux est souvent d'arrêter de chercher, et la solution vient quand on ne s'y attend pas.

- Mais il y a une semaine que j'ai commencé cette recherche, et je n'y ai pas passé tout mon temps. Rien ne m'est revenu, je n'ai pas eu d'illumination et la solution ne m'est pas apparue en rêve. Je crois que je vais bientôt aller demander de l'aide à Trelawney. Et après je deviendrai aussi folle qu'elle. »

Ce n'était pas dans les habitudes d'Hermione de s'énerver ainsi, ni de perdre confiance en elle au bout d'une seule semaine de recherches. Mais la journée avait été dure pour tout le monde. Ron sourit.

« Tu finiras bien par trouver, dit-il. Mais en t'en tenant à tes bonnes vieilles méthodes. après tout, rappelle-toi que tu n'as pas d'aura. »

Harry écoutait distraitement. Les paroles d'Hermione avaient réveillé en lui un vide curieux. A son tour, il avait l'impression de passer à côté de quelque chose d'important. Mais quoi ? Son amie n'avait rien dit de particulier. Détruire l'âme d'une personne. Comment détruire l'âme, le fondement même d'un être humain ? Même Voldemort n'en était probablement pas capable. Il se demanda soudain ce que devenait le corps si l'âme était détruite. Après tout l'âme pouvait exister sans le corps. Ces réflexions lui ramenèrent en mémoire une vieille conversation. Quelque lui avait dit un jour : « Le corps peut continuer à exister sans âme. Mais. » Il lui semblait encore entendre la voix du professeur Lupin, comme si cette conversation avait eu lieu la veille. Et le sujet de la conversation ne fut pas long à lui revenir. Bien sûr. Hermione n'avait pas eu d'illumination. Mais lui avait eu un rêve. Deux fois. Et il avait été trop stupide pour faire le lien avec leur problème. Il fut pris d'une soudaine excitation.

« Hermione, que deviennent les âmes dont se nourrissent les Détraqueurs ?

- Les Détraqueurs ? » Elle eut l'air perplexe quelques instants puis. « Harry, tu es un génie ! Bien sûr, mais comment ai-je pu être aussi stupide ? Bien sûr, les Détraqueurs détruisent les âmes si on leur laisse suffisamment de temps. C'est la preuve que c'est possible.

- Ok, intervint Ron, ça ne te fait pas de mal de te sentir stupide de temps en temps, mais l'un de vous pourrait-il m'expliquer comment vous comptez pousser les Détraqueurs à donner un baiser au Seigneur des Ténèbres ? Nous les avons bannis, ça m'étonnerait qu'ils soient tellement désireux de nous aider.

- Là, je dois admettre que tu marques un point, dit Harry. Ils embrasseraient plutôt la personne qui ira leur demander.

- Bien sûr que nous n'allons pas envoyer des Détraqueurs à Voldemort ! » Hermione n'avait rien perdu de son enthousiasme. « Mais c'est la preuve que c'est faisable.

- Pourrais-tu être un peu plus claire ?

- Les Détraqueurs se nourrissent des âmes. Ils les aspirent puis les détruisent dans le processus de digestion. Il nous suffit de trouver comment.

- Digestion ? intervint Sylvie, repensant à ses cours de lycée. Tu penses qu'il existe des substances chimiques qui détruiraient les âmes ? » Elle frémit à cette pensée.

« J'ignore ce qui se passe exactement. Mais j'ai bien l'intention de chercher. Toutes les créatures magiques ont été disséquées et décrites depuis le dix-huitième siècle. Ils connaissaient déjà le Patronus, il n'y a donc aucune raison pour qu'ils n'aient pas mené quelques investigations sur nos amis. Je suis sûr que les comptes-rendus de ces études sont à la bibliothèque. J'irai voir demain. »

Peu après, les Weasley rentrèrent chez eux. Sylvie resta un peu plus longtemps, mais Harry insista pour qu'elle retourne dans leur appartements. La journée avait été dure pour tout le monde, elle avait besoin de repos. De plus, il préférait ne pas laisser James et Méline seuls avec Dobby. L'elfe devait être au désespoir, et il avait tendance à très mal maîtriser ses sentiments.

Lorsque Sylvie arriva chez elle, elle trouva Dobby en train de sangloter bruyamment sur le tapis du salon, comme elle s'y attendait après ce que lui avait dit Harry. Mais l'elfe n'était pas seul. Une silhouette était agenouillée auprès de lui. Sylvie reconnut immédiatement la chevelure rousse. L'elfe, constatant le retour de la maîtresse des lieux, disparut instantanément.

« Ginny ? s'étonna-t-elle. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je suis venue te voir. Oh, Sylvie, je suis tellement désolée ! On ne se connaissait pas bien, mais Harry. Il a passé tellement de temps à la maison, et il s'est toujours montré si gentil ! Je ne peux pas croire que ce soit fini. Ce doit être tellement horrible pour toi !

- C'est affreux », murmura Sylvie en se sentant vaguement coupable. Elle savait qu'elle aurait de nombreuses condoléances à accepter dans les prochains jours, et cela lui semblait tellement malhonnête, alors qu'elle avait vu son mari quelques secondes auparavant ! La sorcière prit son trouble pour une marque de désespoir et ne s'en étonna pas. Les deux femmes s'assirent à côté de la cheminée. Pendant un moment, aucune ne parla. Sylvie fixait les flammes en silence. Ginny jouait nerveusement avec une de ses mèches de cheveux. Ce fut elle qui, finalement, rompit le silence.

« Je ne sais pas si quelqu'un te l'a déjà dit, mais Harry m'a sauvé la vie, un jour. » Ginny serra les lèvres un moment, comme pour s'empêcher de fondre de nouveau en larmes, et prit une grande inspiration avant de continuer. « Lorsqu'un sorcier sauve la vie d'un autre, il se crée un lien particulier entre eux. J'avais une dette envers Harry, et maintenant je ne pourrais plus jamais le rembourser, alors si un jour je pouvais faire quelque chose pour toi, ou pour James.

- Ne t'inquiète pas. Je suis sûre que Harry n'a jamais considéré que tu lui devais quoi que ce soit.

- Il n'avait pas à le considérer. C'était un lien. J'ai toujours pensé qu'à cause de ce lien, s'il un jour il devait. mourir - Elle avait prononcé ce mot avec difficulté - Je le saurais, d'une manière ou d'une autre. A cause de ce lien. Mais je n'ai rien ressenti ce matin. C'est pour ça que je crois que ma dette existe encore, et qu'elle se reporte sur vous. »

Sylvie hocha la tête. Elle se mordit la langue pour ne pas révéler à son interlocutrice qu'elle aurait peut-être un jour l'occasion de rembourser Harry en personne. Elle se demanda combien d'autres personnes avaient été affectées aussi profondément que Ginny. Probablement des dizaines. Dumbledore était il conscient de la vague de désespoir qu'il avait créée ?

A présent, la rousse ne parvenait plus à retenir ses larmes.

« Je suis désolée, sanglota-t-elle. C'est moi qui pleure, pourtant c'est toi qui.

- Je ne peux pas croire que Harry m'ai vraiment quittée. Tu comprends, c'est comme s'il allait pousser la porte et entrer en s'excusant pour son retard. Sauf qu'il. sauf. »

Elle ne put pas terminer sa phrase. Mais, une fois de plus, Ginny se méprit sur les raisons de son interruption. Elle s'essuya les yeux et hocha la tête.

« On dit que les gens ne meurent vraiment que quand il n'y a plus personne pour se souvenir d'eux. Et Harry vivra encore longtemps pour tous les sorciers de Grande-Bretagne et du monde entier. »

Une chope de tristesse descendait sur le c?ur de Sylvie. Cette conversation était malsaine, l'atmosphère de la pièce était morbide, et elle se sentait de plus en plus en deuil. Le chagrin et la compassion de le s?ur de Ron lui donnaient envie de pleurer. Mais elle refusa de se laisser aller. Elle aurait eu l'impression d'extorquer un réconfort auquel elle n'avait pas droit.

« Comment vont Ron et Hermione ? demanda Ginny, qui avait perçu son malaise.

- Ils vont. pas trop mal, je suppose. Ils sont là l'un pour l'autre. Je suis restée avec eux tout l'après-midi.

- Ils sont forts. Il fallait qu'ils le soient pour être les amis de Harry. » Elle s'interrompit un moment avant de reprendre : « Ce n'est pas entièrement une visite de convenance que je suis venue te rendre, ce soir. Etant données les circonstances, je sais que c'est incorrect, et normalement je serais allée voir Hermione, mais elle doit être avec Ron ce soir, et je sais qu'il ne m'écoutera pas.

- Je t'écoute, Ginny. Ça ne me dérange pas du tout.

- C'est à propos de Drago. Tu n'es peut-être pas au courant, mais c'est lui qui a envoyé la potion à Harry, pour son cousin.

- Je sais déjà cela.

- Je me doutais que Hermione ne pourrait pas garder cela secret avec les événements du jour. Drago est persuadé que vous allez penser que c'est lui qui a mis sur pied ce guet-apens.

- Et il t'a demandé de venir me voir ?

- Non ! Il ne sait pas que je suis là. C'est ce que pense Ron, n'est-ce pas ? Et Hermione aussi, sinon elle n'aurait jamais donné son nom comme ça. » Ginny s'était recroquevillée dans son fauteuil, et elle gardait le regard fixé sur ses chaussures.

- Hermione n'a jamais trahi Drago. Mais Harry a fini par deviner que c'était lui.

- Harry ? Tu veux dire qu'il savait, lui aussi ? » Sylvie rougit, comprenant qu'elle n'aurait pas dû dire ça.

« Seulement depuis hier, répondit-elle.

- Et vous pensez que c'est lui ? Vous pensez qu'il a confectionné cette potion dans l'unique but de piéger Harry ?

- Ron le croit. Hermione n'en est pas sûre. Et. » Elle s'interrompit brusquement avant de mentionner de nouveau Harry. Puis elle reprit. « Hermione voulait te parler de tout cela demain.

- Et toi, tu penses qu'il l'a fait ?

Le ton de la jeune femme était neutre, mais sa voix enrouée et ses yeux toujours baissés prouvaient qu'elle attachait une importance capitale à la question.

« Je ne sais pas, répondit Sylvie le plus franchement possible. Mais tout l'accuse. A part Ron, Hermione, Harry et moi, personne ne savait que Harry quitterait Poudlard.

- Ni Drago ni moi n'en avons parlé, mais peut-être que quelqu'un a réussi à nous espionner, ou peut-être que le hibou a été intercepté, pour une raison ou une autre. Ce n'est pas une preuve.

- Tu disais toi-même que tu le trouvais étrange depuis que vous étiez rentrés en Angleterre, qu'il ne te disais pas ce qu'il faisait, et que tu avais peur.

- Ça n'avait rien à voir avec ce genre d'histoires, coupa Ginny. Je l'ai dit à Harry à l'époque, et depuis j'ai parlé à Drago et nous avons mis les choses au clair. Mon mari n'est pas un Mangemort ! Tous les jours, je vois son bras, et il n'a pas de marque !

- Ginny, s'il te plaît ne crie pas, je ne veux pas que Méline se réveille. Je sais que tu aimes Drago, et je suppose qu'il t'aime aussi, mais pour juger plus avant. Je suis encore nouvelle dans ce monde, et je n'ai jamais vu ton mari.

- Je suis désolée. Je ne voulais pas m'énerver ainsi après toi. Mais je ne sais pas ce qui m'arrive en ce moment. C'est tous ces événements, sans doute.

- Peut-être. Mais cela m'arrivait aussi quand j'attendais James. Et il n'arrivait rien d'inhabituel.

- Merci. C'est rassurant de savoir que je ne suis pas complètement en train de devenir folle. » Elle passa une main sur son ventre. « J'aimerais que ce bébé puisse un jour être fier de son père. Qu'on arrête de juger toute la famille Malefoy sur les actes de Lucius. Il menait sa famille d'une manière pire que tout ce que tu peux imaginer. Drago a été manipulé toute son enfance, et ces manipulations ont failli s'étendre à notre enfant. Heureusement il s'en est aperçu à temps.

- Manipulé ? Comment cela ?

- J'aimerais que tu ne répètes à personne ce que je vais te dire.

- Promis.

- Quand nous avons repris possession du manoir, Drago a été obligé de se plonger dans les papiers de ses parents. Il a trouvé de vieux carnets de notes de son père, où se trouvaient consignés tous les sorts dont il avait entouré son fils à la naissance. Il y avait plus d'une cinquantaine. Certains étaient plutôt inoffensifs, de simples défenses. Mais d'autres. Il l'a magiquement rendu incapable de pleurer, pour être sûr que l'héritier des Malefoy ne descendrait jamais aussi bas. Il l'a ensorcelé pour que lui et toute sa descendance sur trois générations passe par la maison de Serpentard. Il l'a entouré de protections contre les moldus pour être sûr qu'il ne se rapproche jamais d'eux. et la liste est encore longue. Et il lui a ensuite appris à se comporter comme un noble dans son manoir. »

Sylvie resta bouche bée devant cette énumération. Comment pouvait-on ainsi décider de la vie de son enfant à sa naissance ?

« Je suis désolée, finit-elle par dire. Ce n'est pas étonnant qu'après avoir appris tout cela, Drago ait eu besoin d'un peu de temps seul, et qu'il se soit comporté bizarrement.

- Je crois qu'il s'était toujours douté que Lucius avait placé sa marque sur lui d'une manière ou d'une autre. Quand il a découvert ça, il s'est mis en colère, mais ça n'a pas duré, et il a ensuite passé la nuit à lever tous les sorts. En fait, c'est un autre papier qui explique ses absences. Une lettre de sa mère. C'est une histoire de famille, uniquement. Je te jure que ça n'a rien à voir avec Tu-Sais-Qui ou la magie noire. Mais il ne voudrait pas que je te parle de cela. Il a beaucoup de mal à accepter.

- Je comprends que tu ne veuilles rien dire. Et je crois que Hermione comprendra aussi. Elle n'était pas très disposée à croire à la culpabilité de Drago. - Et Harry non plus, faillit une fois de plus ajouter Sylvie. - Moi, en tout cas, je te crois. Ça va s'arranger.

- Je suppose. Merci. » Ginny consulta sa montre. « Oh ! s'écria-t-elle. Il est plus d'une heure du matin. Je vais te laisser dormir. Ça va aller ?

- Oui. Ne t'inquiète pas pour moi, et rentre chez toi.

- Vous avez décidé une date, pour l'enterrement ? »

Sylvie n'avait absolument pas pensé à cela, ni aucun de ceux qui savaient. Mais ils allaient devoir enterrer Harry. « Non, répondit-elle. Nous n'avons pas encore décidé.

- Je suppose qu'il va y avoir un monde fou. Ça ne m'étonnerait pas que ce jour là soit déclaré deuil national.

- Non. Harry ne l'aurait pas voulu et je m'y opposerai. Il aurait voulu que tous les sorciers continuent la lutte, pas qu'ils se lamentent sur son sort. Et Voldemort serait trop content.

- On comprend pourquoi il t'a épousée. Tu es aussi courageuse que lui. Bonne nuit, Sylvie.

- Bonne, nuit. »

Merci aux lecteurs et reviewers. Comme beaucoup d'entre vous l'avaient compris, c'était Malefoy Mr X. Et visiblement, Hermione n'est pas la seule à avoir eu des soupçons sur cette évasion miraculeuse ( bon, d'un autre côté, les soupçons, c'est contagieux, donc puisqu'elle elle en avait...). Je le redis, vous êtes tous adorables, et continuez à me dire ce que vous pensez ( si vous tenez vraiment à savoir ce qu'il en est de vos hypothèses, précisez le). Enfin, quand je dit « tous » adorable, c'est à une exception près...

Très vilaine et méchante Rose Potter : * Lunettes descendues sur le bout du nez et voix sévère * Mademoiselle, je crois effectivement que votre comportement mérite une sévère punition et... Non, attends, Rose ! Ne pars pas, continue à lire, je plaisante ! Je comprends tout à fait que tu n'aies pas eu le temps, ou l'envie, ou je ne sais quoi, de reviewer cette fic comme tu l'avais fait avec la précédente ( après tout, si tu la lis et si tu y prends du plaisir, c'est le principal, non ? Et la plupart des gens qui reviewaient régulièrement Un enfant si particulier n'ont pas continué avec cette fic ). N'empêche que je suis contente de te revoir, j'adorais tes review sur l'autre fic,et.... * se rappelle tout à coup qu'elle est une horrible prof en train de sermonner la pauvre petite Rose, et pas de lui dire des choses gentilles pour la rassurer et reprend sa voix sévère. * D'autre part, Mademoiselle, je vous trouve bien présomptueuse, et bien imprudente, de me proposer de faire de vous ce que je veux. Vous qui avez lu mes écrits, vous devez maintenant savoir que je suis sadique, vous vous êtes même permis de m'en faire la remarque, et surtout en période d'examens, et que les conséquences de vos paroles pourraient être terribles. * commence à sortir d'un grand sac ses instruments de torture : une plume à plante des pieds et un oreiller, cauchemar de son petit frère. Malheureusement, à cet instant une énorme sonnerie retentit et une voix perçante se met à crier « Vous avez épuisé la place autorisée pour une réponse à une review », et la vilaine prof part en fumée.