Disclaimer : Rien à moi, tout à JKR.

Merci à Miss Tambora pour la relecture.

Chapitre 13

Ils étaient arrivés devant la porte de la chambre de Seamus. Prenant la tête du groupe, Sylvie appuya doucement sur la poignée.

« C'est fermé, constata-t-elle.

- C'était à prévoir. » L'un des jeunes sorciers tira sa baguette. « Alohomora » dit-il. Mais rien ne se produisit.

« On devrait peut-être essayer la manière moldue, proposa Dudley. Un bon coup de pied. » Quelques sorciers se lancèrent contre la porte à un compte de trois. Il y eut un énorme bruit, mais la porte resta close. Un rire sonore se fit entendre de l'intérieur.

« Ça ne sert à rien d'essayer, vous n'entrerez pas. Qui que vous soyez.

- Seamus, laissez-moi entrer, demanda Sylvie. Laissez-moi voir James.

- Ça ne vous ferait que du mal. Dès que mon maître en aura fini avec ces idiots qui enterrent Potter, ce qui ne saurait tarder, il activera un portoloin pour que nous arrivions tous deux près de lui. Et vous ne reverrez jamais votre fils.

- Votre maître ne gagnera pas. Harry n'est pas mort. Ne faites pas de bêtises, rendez-moi mon fils.

- Ce n'est pas de raconter n'importe quoi qui vous le rendra.

- Dites moi au moins s'il va bien ! Je sais qu'il est avec vous. Jamsie, tu m'entends ?

- J'ignore comment vous savez cela, mais en effet, il est là. Et il va bien. Il était juste un peu trop remuant et bruyant à mon goût. Connaissez- vous la malédiction du saucisson ?

- Libérez-le, dit le préfet en chef. Il ne vous a rien fait. »

- Si ça peut vous amuser. » Seamus murmura une incantation. Il y eut alors un cri que Sylvie reconnut immédiatement.

« James, appela-t-elle. James, chéri, tu vas bien ? » Le cri s'arrêta et on entendit de petits pas précipités.

« Maman ! appela l'enfant, qui devait maintenant se tenir tout contre la porte. Maman !

- Oui, chéri, je suis là. » L'enfant se remit à pleurer et à appeler de toute la force de ses jeunes poumons. Il frappait des poings contre la porte. Mais il ne couvrait pas totalement le rire de Seamus derrière lui. Sylvie était agenouillée tout contre la porte, à l'endroit où devait se trouver la tête de son fils. Elle plaça les mains à plat sur la surface lisse.

« James, appela-t-elle. On va venir te chercher, chéri. Elle ne savait pas s'il la comprenait, ni même s'il l'entendait, mais elle avait besoin de lui parler. Il était là, si près. A peine quelques centimètres de bois les séparaient, et pourtant elle ne le reverrait peut-être plus. Même si Harry revenait, si son maître ne rappelait jamais le Mangemort, parviendraient- ils à sauver l'enfant ? Comment pouvait-on être assez cruel pour s'en prendre à un bébé ?

Et soudain, elle ressentit une sensation étrange. On aurait dit que les mains de James étaient là, contre les siennes, à travers le bois. Elle reconnaissait le contact de la peau fine et fragile. Etait-elle en train de perdre la tête ? Le bébé criait toujours plus forts, elle avait l'impression que les petits poings de son fils frappaient ses mains, elle sentait les coups, mais sans ressentir de douleur.

Au prix d'un effort de volonté, elle retira une main. Tous les autres poussèrent une exclamation. Le petit poing du bébé passait à travers la porte et venait frapper dans le vide, de leur côté. Sylvie attrapa les poignets qui semblaient surgir de nulle part et elle tira. Les bras suivirent, puis tout le corps de son fils. Elle saisit l'enfant et le serra contre elle sans réaliser vraiment ce qui venait de se passer. Tout ce qui comptait, c'était qu'il était là, à portée de sa main.

« Oh, Jamsie, murmura-t-elle. Chut, c'est fini. Maman est là, chéri, et je ne te laisserai plus. »

Il y eut un cri de rage dans la pièce. La porte s'ouvrit violemment.

« Stupéfix ! cria Seamus. Le sort frappa l'un des étudiants. Deux autres renvoyèrent alors le sort sur le Mangemort qui le contra sans difficulté. Il maîtrisa de nouveau deux élèves. Sylvie serrait James de toutes ses forces, se tournant pour lui faire un rempart de son corps. Personne ne prêtait attention à Dudley qui s'était avancé silencieusement dans la pièce. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques mètres de Seamus, il plongea, brandissant la bombe fournie par Dumbledore, et en aspergea le visage de sa cible, qui s'effondra.

« Je crois que j'arrive après la bataille, fit alors une voix amusée. Baguette en main, le directeur de Poudlard se tenait derrière eux.

- Professeur Dumbledore ! s'écrièrent d'une même voix Sylvie et les étudiants encore debout. » Le vieux sorcier s'avança et fit apparaître des cordes qui ligotèrent solidement le corps de Seamus, sans paraître le moins du monde étonné de ce qu'il voyait, puis il pointa sa baguette vers ses élèves tombés.

« Enervatum. » dit-il. Quand tous furent sur leurs pieds, visiblement en bonne santé, il annonça à ses étudiants qu'ils faisaient gagner chacun vingt cinq points à leur maison.

- Professeur, demanda alors Sylvie d'une voix pressante, qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? Est-ce que Harry. ?? »

Le vieux sorcier perdit son sourire, son regard se fit grave, il s'avança et lui mit une main sur l'épaule.

« Harry nous a sauvés une fois de plus. Il a réussi. Cette fois, c'est définitif, Voldemort ne reviendra plus. Tout ce qu'il pouvait avoir d'immortel a été détruit. »

Les étudiants poussèrent des cris de joie, puis des exclamations : « Alors c'était vrai qu'il n'était pas mort !

- Il ne pouvait pas nous laisser tomber ! »

Mais Dumbledore les fit taire d'un mouvement de la main. Ses yeux ne riaient pas derrière ses lunettes en demi-lune. « Harry est actuellement dans un état extrêmement préoccupant, dit-il. Voldemort lui a causé de grave dommages en tentant de s'emparer de son corps, et il s'est brûlé très sévèrement en inhalant de l'obsidienne bouillant. Mais ne vous inquiétez pas trop pour lui. Ca va aller.

- Non ! s'écria Sylvie. Pas encore ! Pas maintenant ! » Et, son fils toujours dans ses bras, elle se mit à courir en direction de l'infirmerie. Alors qu'elle allait en franchir le seuil, elle faillit rentrer dans Hermione, qui en sortait, suivie de près par Ron. Ils étaient couverts de boue, et du sang maculait le visage de Ron.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda la jeune femme ? » Son regard se posa sur l'enfant, qui ne criait plus. « Oh, James va bien ? Mme Pomfresh vient de me dire comment Mrs Figgs avait été amenée ! Tu as vu Cassie ? » Sylvie essaya de répondre à ce discours incohérent, mais elle ne put que dire : « James va bien, Cassie aussi. Mais Harry.

- Harry ira bien, dit Ron. Il ne peut pas abandonner, pas maintenant qu'il est enfin tranquille ! » Elle hocha la tête, peu convaincue, et pénétra dans l'infirmerie, qu'elle commençait à bien connaître. Mme Pomfresh semblait l'attendre, elle aussi avait le visage grave.

« J'ai fait tout ce que j'ai pu, dit l'infirmière d'une voix amère. Mais je crains que, cette fois ci, il ne soit trop profondément parti. Je suis désolée. » L'infirmière ne fit ce jour-là aucune objection à la voir entrer avec James, et mena Sylvie jusqu'à un lit dans le fond, entouré par un paravent. En passant, elle remarqua que Mrs Figgs était réveillée, la sorcière lui fit un petit signe de tête, mais ne dit rien.

Harry était allongé sur un lit, complètement immobile. Des tuyaux lui entraient dans le nez et la bouche, dont l'un semblait n'être relié à rien mais se remplissait régulièrement d'air. Elle serra plus fort le bébé qui tourna la tête.

« Papa, dit-il d'une voix cassée en tendant les bras.

- Non, chéri. Tu ne peux pas aller avec Papa. » Elle s'assit au chevet de Harry, et lui prit la main. Il ne bougea pas, ne faisant aucun signe de se réveiller, ou même de respirer par lui-même. Peu de temps après son arrivée, Dumbledore arriva, avec Seamus, toujours inconscient et ligoté, les étudiants qui l'avaient aidée à retrouver James, et les Dursley. Il se fit rapidement expliquer les événements, qu'il devait déjà avoir devinés, renvoya chez elle la famille de Harry, et les élèves retournèrent à leurs dortoirs. Puis le directeur disparut avec Seamus. Quand James s'endormit dans ses bras, elle le réinstalla plus confortablement sur ses genoux, mais ne le lâcha pas. Mme Pomfresh venait régulièrement vérifier l'état de son patient, mais à chaque fois elle hochait les épaules, signifiant qu'il n'y avait pas de changement. Elle essaya de pousser Sylvie à aller prendre du repos, ou d'installer le bébé endormi sur un lit proche, mais la jeune femme refusa. Les Weasley revinrent aussi rapidement, eux aussi s'installèrent au chevet de Harry. Puis ils partirent avec le directeur quand les autres professeurs arrivèrent à leur tour. Il y avait tant à faire. Sylvie enviait leur courage, elle savait à quel point ils étaient attachés à leur ami. Elle ne pouvait pas se résigner à lâcher sa main.

Le soir tombait quand Hermione revint dans la pièce. Elle jeta un regard désolé à leur ami.

« Tu ne peux pas rester comme ça, dit-elle doucement à Sylvie. Harry peut rester des jours dans cet état. Viens au moins manger quelque chose. Je suis sûre que James a besoin d'être changé, et que lui aussi aura faim quand il se réveillera.

- Je ne veux pas les laisser. Pas maintenant. Et s'il leur arrivait encore quelque chose ?

- Il n'arrivera rien. Tout est fini. Et Harry va se remettre. Je le sais. Mais tu ne peux pas t'arrêter de vivre en attendant. » Comme pour lui donner raison, James se mit à remuer et commença à pleurer. Soupirant, Sylvie permit à Hermione de l'aider à se lever. Une vague d'angoisse l'envahit quand ils arrivèrent à l'entrée de son appartement, en se rappelant les circonstances dans lesquelles elle y était entrée la dernière fois, mais le corps chaud de l'enfant contre elle l'aida à surmonter ce sentiment. Pendant que Hermione se rendait dans la cuisine, elle lava et changea le bébé, avant de le mettre dans son lit où il se rendormit instantanément. Puis elle se laissa tomber sur le canapé. Hermione la rejoignit peut après, en déposant sur la table basse une assiette de sandwichs, deux tasses, et, quelques instants plus tard, une théière chaude, avant de s'asseoir à son tour dans un fauteuil près de la cheminée. Ses traits étaient tirés, et ses yeux trahissaient son inquiétude et sa lassitude.

Sylvie réalisa soudain que pour elle comme pour tous les autres sorciers, la journée avait été particulièrement longue. Ils avaient eu à se battre, peut-être certains d'entre eux étaient morts... Il n'y avait pas que Harry. Sylvie réalisa soudain à quel point elle s'était montrée égoïste au cours des dernières heures.

" Tu as l'air épuisé, dit-elle à Hermione. Si tu veux rentrer chez toi, je m'en sortirai très bien toute seule, tu sais. Tu as eu une rude journée.

- Il n'est pas tard. Et je ne pourrais pas dormir. Pas après tout ça... Je me fais tant de soucis pour Harry. Et Seamus, je le connaissais depuis plus de dix ans, et je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse tourner ainsi. J'ignore depuis combien de temps il nous mentait, mais aucun de nous n'a rien soupçonné. Sauf peut-être Dumbledore, après son évasion providentielle.

- Comment Ron prend-il tout cela ? Ils étaient très proches, n'est-ce pas ?

- Du moins c'est ce que Ron pensait. Nous n'en avons pas parlé. Il est au ministère, avec Dumbledore. Ils ont réveillé Seamus et l'ont emmené pour l'interroger, et Ron tenait à être présent. Je crois que ça lui fera du bien. Il a besoin de comprendre, il a besoin d'admettre la vérité.

- Tu n'as pas voulu y aller ?

- Non. Je n'aurais pas pu en supporter plus aujourd'hui. J'ai déjà l'impression que ma tête va exploser... Il y a tant d'images, tous ces combats, et Harry... et dire que nous ne sommes revenus à Poudlard que pour apprendre que nous avions également perdu Seamus !"

Sylvie hocha la tête et pressa doucement l'épaule de son amie, en un geste muet de réconfort. Puis elle demanda d'une voix sourde :

" Que s'est-il passé après mon départ ? Y a-t-il eu d'autres victimes ?

- Assez peu, en y repensant. Cela aurait pu être bien pire."

Un léger coup frappé à la porte l'empêcha d'aller plus loin. "Entrez !" lança Sylvie.

Un bolide roux se précipita sur elle et la serra dans ses bras, la lâchant pour faire de même avec Hermione.

"J'étais sûr de vous trouver ici, dit Ginny. Et que vous ne dormiez pas.

- Et moi j'étais sûr que je serais de trop." Les regards des trois femmes se tournèrent en direction de l'entrée. Un homme mince aux cheveux très blonds les contemplait avec une lueur ironique dans ses yeux gris, et un sourire amusé sur les lèvres. Bien qu'elle ne l'eût jamais rencontré, Sylvie n'eut pas besoin des présentations, dont Ginny se chargea néanmoins, pour comprendre de qui il s'agissait. Elle s'avança, la main tendue.

"Enchantée, dit-elle." L'homme serra brièvement sa main, en la dévisageant avec une expression indéchiffrable. Un moment, elle crut qu'il allait répondre à son salut par un acte violent, mais il sourit de nouveau, et dit : " J'aurais cru le goût de Potter pire que ça. Finalement il n'a pas fini avec une certaine Eloïse Midgen.

- Drago ! protesta Ginny.

Son mari ne répondit pas. Il se tourna vers Hermione et fit un petit signe de tête. " On s'est vus tout à l'heure, Granger, mais je n'ai pas eu le temps de te dire que tu n'avais pas changé et tout ce qui va avec.

- C'est Hermione, maintenant, répondit celle-ci. Ou Weasley, si tu tiens vraiment à continuer les vieilles traditions.

- Il y a assez de Weasley comme ça, merci bien. D'ailleurs, à propos, je ne vois pas ton mari.

- Il est à Londres avec Dumbledore. Et Seamus.

- Bel exemple de civisme. Ou d'insensibilité. Je n'aurais jamais cru qu'il t'abandonnerait dans de telles circonstances.

- Ça ne te regarde pas, Malefoy." A son tour, Ron venait d'apparaître au seuil de l'appartement. Il jeta un regard gêné à sa soeur. " J'ai fait aussi vite que possible, ajouta-t-il en s'adressant à sa femme. Ça va ?

- Oui, répondit celle-ci. Enfin aussi bien que possible, compte tenu des circonstances.

- Harry ?

- Aucun changement.

- Comment ça se passe à Londres ? demanda Ginny. Je veux dire, après la bataille et tout ça...

- C'est l'effervescence. Beaucoup de Mangemorts ont parlé, et de nombreux raids sont en cours pour arrêter ceux qui se sont enfuis. Une fois de plus, des fêtes commencent à s'organiser un peu partout. Mais quelque chose ne va pas. Dumbledore ne semble pas considérer que la guerre est finie. Tout le temps que nous avons passé à Londres, son regard était plus déterminé que jamais, et j'ai vraiment eu l'impression qu'il expédiait les interrogatoires pour rentrer au plus vite à Poudlard. Il s'est précipité à l'infirmerie dès que nous sommes rentrés, et a demandé que je vous prévienne de ne pas tenter de voir Harry avant demain matin.

- S'il y a quoi que ce soit à faire pour lui, Dumbledore le fera.

- Mme Pomfresh a dit qu'il n'y avait rien à faire pour lui, murmura Sylvie, en sentant revenir la boule d'angoisse au fond de sa gorge. A part prier.

- Il y a toujours un espoir, protesta Hermione. Dans notre monde, il y a toujours le facteur magique qui rentre en ligne de compte. Et même les moldus le disent. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

- Harry était tellement lié à cette lutte... Et si l'unique but de sa vie avait été de détruire ce Mangemort, définitivement ? Il n'a jamais eu le choix, comme si le destin l'avait poussé dans ce sens. Et, aujourd'hui, le destin n'a plus besoin de lui. » Un long silence s'installa après que la jeune femme eut prononcé ces mots. Bien qu'aucun d'eux n'eût exprimé ce sentiment, tous ressentaient violemment la crainte, irrationnelle peut- être, que ce qu'elle venait de dire ait un sens. Finalement, Ginny, qui semblait ne pas pouvoir supporter plus longtemps de parler de cela, détourna la conversation.

- Quelles sont les autres nouvelles de Londres ? demanda elle. Y a-t-il eu beaucoup de victimes ? Et qu'ont dit les mangemorts, s'ils ont parlé ?

- Les pertes sont moindres que ce que l'on aurait pu craindre, répondit Ron. Les Médicomages ont fait un travail formidable. Neville va s'en sortir.

- Tant mieux. Il est beaucoup trop doux et gentil pour finir comme ça.

- Enfin une bonne nouvelle", soupira Hermione. Elle se tut un instant puis posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis le retour de son mari. "Et Seamus ? Est-ce qu'il a parlé ? Est-ce qu'il a expliqué ?

- Oui. Sous Véritasérum, mais cela n'aurait même pas été nécessaire. Il a compris que c'était fini. Nous étions encore à Poudlard quand il a changé de camp. Quand je pense que je l'ai à peine quitté depuis et que je n'ai rien vu ! Jamais je n'ai eu le moindre soupçon !" Il y eut un long silence. Hermione se leva et vint s'asseoir auprès de son mari. "Personne n'a rien vu, murmura-t-elle. Nous avions tous une confiance absolue en Seamus et Lavande."

Ron plaça sa main devant ses yeux à cette évocation. "C'est peut-être le pire de ses crimes, dit-il, d'une voix enrouée. Lavande. Elle n'a jamais... Il la manipulait depuis des mois. Lavande n'a jamais été une Mangemorte" De nouveau, il s'interrompit. Puis, il prit une profonde inspiration et reprit : "Depuis la chute de son maître, il ne pensait qu'à le faire revenir. Et lorsque Lavande a commencé à avoir un certain succès, en tant que voyante et médium, un nouveau plan a germé dans son esprit. Il a entrepris de la séduire. Lavande a toujours été romantique, et elle a toujours eu un petit faible pour lui, alors ça n'a pas été trop difficile. Elle l'a épousé. Et il a pu commencer tranquillement à la manipuler, à coup d'impérium et en utilisant d'autres moyens du même genre. Elle n'a pas eu la force de résister, et elle est tombée malade. Et puis, quand il a été sûr qu'elle était suffisamment déconnectée pour ne plus se rendre compte de ce qu'elle faisait, ou pour ne plus avoir la force de le dénoncer, il a commencé à organiser les séances de spiritisme, d'abord seul, puis quand il est parvenu à contacter son maître, celui-ci lui a dit quels Mangemorts contacter. Ils ont ramené Vous-Savez-Qui, et comme ils n'avaient plus besoin de Lavande, ils l'ont tuée. Et personne n'a rien vu, personne n'a rien fait pour tenter de la sauver."

Il se tut et le silence se réinstalla dans la pièce. Des larmes roulaient silencieusement sur les joues d'Hermione, et même Malefoy ne semblait pas avoir envie de lancer des sarcasmes à qui que ce soit. Et, finalement, ce fut Ron qui reprit : " Pendant cinq ans, il a ruminé sa vengeance. C'était sa deuxième obsession. Il voulait Harry. Et il s'est servi de moi. Il n'est devenu Auror que pour être avec moi ; depuis le début il pensait que je pourrais le mener à Harry. Et j'ai marché... J'ai couru, même.

- Tu n'as jamais révélé à Seamus où se trouvait Harry, protesta Sylvie. Et même si tu l'avais fait, tu ne pouvais pas deviner.

- Pourquoi crois-tu que les Mangemorts ont attaqué votre ferme le lendemain du jour où Hermione et moi sommes venus chez vous ? Seamus savait que nous étions en contact avec Harry. J'avais dû lui dire un jour qu'il allait bien et qu'il s'était marié. Je pensais qu'il était vraiment inquiet à son sujet... Et les menaces, c'était aussi pour nous inciter à aller le voir. Il avait placé un sort de traçage sur moi, sans que je m'en rende compte. Quand nous sommes venus chez vous, nous lui avons révélé où se trouvait Harry, et il n'a eu qu'à appelé ses petits copains Mangemorts... C'est aussi lui qui a indiqué à son maître que Harry serait à l'hôpital, le fameux jour où il est allé voir son cousin. Nous pensions qu'il dormait en bas, en fait il a écouté toute notre conversation de derrière la porte. Il a su pour la potion, et les vingt-quatre heures. Trouver Dudley n'a pas dû être bien difficile.

- Mais pourquoi ? explosa Hermione. Pourquoi a-t-il fait cela ? Pourquoi a- t-il basculé de ce côté ?

- Par amour.

- Par amour ?

- Cho. C'est pour elle qu'il a basculé, et c'est pour elle qu'il a continué à se battre, bien après la chute de son maître. C'est aussi à cause d'elle qu'il en voulait tant à Harry.

- Finnigan avec Cho Chang ? s'étonna Drago. Je ne savais même pas qu'ils se connaissaient.

- Je me demande si elle l'aimait aussi, murmura Ginny, ou si elle aussi s'est servie de lui. Après tout, quand vous étiez en septième année, c'était normal que les Mangemorts cherchent à avoir quelqu'un dans l'entourage de Harry.

- Seamus est persuadé qu'elle l'aimait. Mais je ne crois pas qu'ils se soient vus très souvent, dit Ron. Et ça n'a pas d'importance." Les autres semblèrent d'accord avec lui, et pendant un long moment chacun sembla plongé dans ses propres pensées. Puis Drago regarda Ron, sans aucune animosité, et c'est d'une voix presque timide qu'il demanda :

"Est-ce que Finnigan a avoué pour ma mère ?" Ron soutint son regard, et lui aussi, regarda le mari de sa soeur d'un air presque compatissant. Il eut un petit geste en direction de son ancien ennemi, puis se retint et répondit :

"Oui. C'est Seamus, avec deux autres Mangemorts, qui a tué ta mère.

- Pourquoi ?

- Ils cherchaient des papiers de ton père. C'était un des plus fidèles lieutenants du Seigneur des Ténèbres, et il lui avait confié un exemplaire du manuscrit sur lequel il avait écrit la formule d'une potion d'invisibilité. Il semble que ta mère les ait surpris au milieu de leur recherche. Et ils te voulaient, aussi. Lorsqu'elle leur a dit que tout avait été détruit il y a des années, et qu'ils feraient mieux de partir, ça ne leur a pas plu. Ils ont essayé de leur faire dire où tu étais, mais elle a refusé. Alors ils se sont énervés, et, finalement, ils l'ont tuée. Tu sais, certains Mangemorts sont très portés sur la baguette.

Drago eut un petit rire sans joie. " Je sais cela. Je n'ai pas besoin de te rappeler que j'en ai fait partie, des Mangemorts. Ils l'ont tuée parce qu'elle ne m'a pas livré, n'est-ce pas ?

- Je crois, admit Ron.

- Finalement, Potter et moi avons quelque chose en commun, maintenant, ricana Drago. Ma mère ne méritait pas cela. Elle a fermé les yeux sur les activités de mon père, mais elle ne les a jamais soutenues. Et elle n'aurait jamais pu s'opposer à lui. Elle n'était pas assez forte, il l'aurait tuée.

- Personne n'a dit qu'elle méritait un tel sort, dit Hermione. Mais ce n'est pas de ta faute. Pas plus que la mort de sa mère n'est la faute de Harry.

- J'aurais dû être là... Lorsque nous nous sommes enfuis, Ginny et moi, je n'ai pas eu une seule pensée pour ma mère que je laissais derrière. Pour moi, elle faisait partie du décor... Mon père lui accordait à peine plus d'importance qu'à nos elfes de maison, il la sortait pour faire bien devant le monde, il était toujours courtois... mais ça n'allait pas plus loin. Et j'ai fait pareil. Je ne l'ai jamais considérée comme une femme. Et pourtant... si j'avais essayé plus tôt... si je m'étais intéressé à elle... J'aurais pu comprendre, j'aurais pu l'aider.

- Tu n'es pas obligé de le leur dire, Drago, intervint Ginny.

- J'en ai assez de tous ces mensonges. Je ne suis pas mon père, ils peuvent penser ce qu'ils veulent. Et puis, Weasley m'a pris pour un Mangemort pendant si longtemps, autant lui donner une autre occasion de m'en vouloir. Il pourrait autrement souffrir d'un déséquilibre de sentiments préjudiciable à sa bonne santé mentale." Ron rougit fortement, et sembla rapetisser dans son fauteuil. Il hésita un instant puis dit :

"Ok, Drago, Ginny, je m'excuse. Sincèrement. J'ai été un idiot. Je me suis trompé sur toute la ligne, sur Seamus comme sur vous. Hermione, je suis aussi désolé de ne pas t'avoir fait confiance. Et je sais que tu n'es pas responsable de ce qu'a fait ta famille, Drago.

- Bien sûr que tu as été bête, répondit Ginny. Pire que ça. Et borné, avec ça. Mais du moment que tu regrettes... Quand on était petits, maman disait toujours que les Weasley étaient plus têtus et plus fiers que des hypogriffes, tu te rappelles ?

- Et après, continua Ron, elle ajoutait que nous deux, nous étions plus têtus que tous nos ancêtres réunis. Elle avait probablement raison." Il sourit. "Mais c'est fini, ça, maintenant. Drago, je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais bienvenue dans la famille.

- Merci, répondit le blond. Mais je n'aime pas du tout être coupé par de touchantes réunions familiales quand je m'apprête à faire des révélations, Ron. Je croyais que tu avais au moins retenu ça de nos années d'écoles : quand je parle, j'aime qu'on me laisse la parole. Donc, pour en revenir à ma mère... Lorsque nous sommes revenus au manoir, j'ai fouillé dans les affaires de mes parents. Pour faire le tri, je ne voulais pas retomber sur toutes leurs sales histoires plus tard. C'est comme ça que je suis tombé sur la liste de tous les sorts que mon père avait jetés sur moi. Mais j'ai aussi trouvé une lettre que ma mère m'avait adressée. Peu de gens savent qu'elle était malade. S'ils ne l'avaient pas tuée cette nuit là, elle serait morte de toute façon, peu de temps après. Je n'aurais jamais rien soupçonné, autrement, je ne me doutais de rien, mais mes parents..." Drago s'interrompit et sortit son portefeuille, d'où il tira plusieurs morceaux de parchemin, qu'il tendit aux Weasley et à Sylvie. "Lisez, c'est plus simple.

- Tu es sûr que tu veux que nous lisions ça ? demanda Hermione. C'est personnel, nous comprendrions si...

- Puisque je vous le demande, coupa Drago. Et puis, peut-être que vous pourrez m'aider à ... lisez, vous comprendrez."

Les trois autres se rapprochèrent pour pouvoir lire en même temps, et déchiffrèrent l'écriture haute et anguleuse de la mère de Drago.

Drago,

Il y a aujourd'hui trois ans que je ne t'ai plus vu, mon fils, et tu me manques. Ma vie est devenue bien solitaire depuis que tu es parti et que ton père a été emprisonné. Je suppose que tu ne reviendras jamais ici, pas tant que j'y serai, en tous cas, et je peux te comprendre. Tu as fait tes choix, et j'espère que tu es heureux dans ton exil. Tu possèdes un courage que je n'ai jamais eu, tu as eu la force de refuser ce qui te semblait injuste. Je ne crois pas avoir eu l'occasion de te le dire, mais je ne t'en veux pas de ce que tu as fait à ton père. Au contraire, je te respecte pour cela, je t'admire, même. Ce sont les choix de Lucius qui ont amené la situation actuelle, non les tiens. J'aurais sûrement dû le freiner, mais j'ai préféré ignorer ses activités, j'étais heureuse d'évoluer dans les meilleurs cercles de la société, fière de porter de belles robes et des bijoux de prix. Lucius m'a apporté tout cela, et je l'ai laissé diriger ma vie. Il t'a éduqué à sa manière, et ce depuis ton plus jeune âge. J'ai été une mère bien distante, je le sais et je m'en excuse aujourd'hui. Je ne t'ai pas entouré de l'affection à laquelle tu avais droit. Pourtant, tu as grandi en courage et en droiture, et aujourd'hui, s'il t'a désavoué, moi je suis fière de toi, mon fils. Et comme je n'ai pas beaucoup de raisons d'être fière de moi, c'est une maigre consolation que j'emporterai avec moi.

Maintenant que je me retrouve seule, je réalise à quel point ma vie n'a été qu'une suite de lâchetés. J'ai accepté au nom de la bienséance toutes les horreurs qui plaisaient à ton père. Dans mon milieu le rôle d'une femme n'était pas de s'opposer à son mari. Et si je t'écris aujourd'hui, c'est parce qu'avec la solitude, l'âge qui vient, et la maladie, le pire de ces crimes revient me hanter. J'ai besoin de me confesser, et l'espoir que, peut-être, tu réaliseras ce que je n'ai jamais eu le courage de faire.

Tu m'as un jour demandé, il y a des années, pourquoi il s'était écoulé tant de temps entre notre mariage et ta naissance. Je t'avais dit à l'époque que nous avions eu du mal à t'avoir. C'était un mensonge. Un de plus. Lucius et moi n'étions mariés que depuis quelques semaines lorsque j'ai appris que j'étais enceinte. Neuf mois plus tard est née une petite fille. Ta s?ur. Lucius n'était pas très content, ce n'était pas l'héritier qu'il désirait tant, mais le sortilège qui permet de choisir le sexe de son enfant n'avait pas encore été inventé. Et, même pour ton père, l'idée d'avoir une fille ne constituait pas un déshonneur. Pas si elle est jolie, obéissante, et fait un bon mariage. Moi, je me moquais de ces considérations. Je n'ai jamais aimé personne comme j'ai aimé cet enfant. Nous l'avons appelée Adélaïde. Nous avons décidé d'attendre un peu avant d'avoir un autre enfant. Lucius avait entendu parler de la potion qu'un de ses camarades Mangemorts avait entrepris de fabriquer, et qui assurait, lorsqu'on la faisait prendre à une femme avant qu'un enfant soit conçu, qu'elle aurait un garçon. Je n'ai pas protesté : j'avais mon petit ange et cela me suffisait largement, je n'avais pas besoin d'un autre enfant, pas tout de suite.

Pendant deux ans, j'ai vécu un bonheur parfait. Elle était tout pour moi, je lui aurais tout donné. Et puis, le jour de ses deux ans, ton père l'a soumise au test de Naarstrod. Et lorsqu'elle a saisi le globe dans ses adorables petites mains, celui-ci n'a pas brillé. Pas même un petit scintillement... rien. Je crois que je me souviendrai toujours de ce moment. Celui où elle a pris la boule, et ou rien ne s'était passé. Lucius est entré dans une colère folle. Il l'a traitée de tous les noms, a hurlé qu'elle allait jeter le déshonneur sur la famille... Bien sûr, Adi n'a rien compris, mais elle s'est mise à hurler de terreur. Pendant quelques jours, nous avons vécu un enfer. Dès que Lucius apercevait ta soeur, il la traitait de cracmol ou de moldue. Et elle se mettait à pleurer dès qu'elle le voyait, ce qui amplifiait sa colère. J'ai tout fait pour la protéger, pour l'éloigner de lui. Je me disais que peut-être il y avait eu une erreur... Qu'elle allait se révéler magique, finalement... Mais je savais que c'était impossible. Le test de Naarstrod ne ment jamais, pas dans ce sens-là. Mais c'était mon bébé, ma petite princesse, et elle ne pouvait pas être un cracmol. Et puis, un jour, alors que je la berçais avant de la coucher, Lucius est arrivé. Contrairement à son habitude, il n'a pas crié, il est resté hors de vue jusqu'à ce que l'enfant soit endormie.

Puis, alors que je quittais la chambre, il m'a abordée, avec cette douceur qu'il avait parfois à mon égard. Cette douceur un peu condescendante, qui disait "Je sais que tu n'es qu'une faible femme impressionnable, ne t'inquiète pas, fais moi confiance je m'occupe de tout." Il m'a emmenée dans notre chambre. Les paroles qu'il a prononcées cette nuit là hantent encore et hanteront toujours mes cauchemars : "Narcissa, il faut que tu oublies cette enfant. Tu te fais du mal en t'accrochant ainsi à elle. Mes amis ne doivent pas savoir que nous avons eu une fille moldue. Il n'y a jamais eu de cracmol chez les Malefoy et il n'y en aura jamais. Tu sais ce que nos familles font dans ces cas-là."

Je ne le savais pas. Jamais on ne m'avait parlé de ce genre de situations. Alors il a continué. "L'enfant doit disparaître, a-t-il dit, sans manifester aucune émotion. Dès que nous aurons laissé passer suffisamment de temps après ses deux ans pour que les gens ne soupçonnent rien. Des tas d'accidents peuvent arriver à cet âge, Narcissa." La signification de ces mots ne m'est apparue qu'après quelques secondes. Ce fut un tel choc que j'en ai eu le souffle coupé. Il voulait tuer notre enfant... Mon enfant, mon bébé, mon petit ange. Je crois qu'il a pris mon silence pour un accord tacite, parce qu'il a passé son bras autour de mes épaules, et il m'a embrassée. "Je savais que tu comprendrais, tu es une femme intelligente, a- t-il dit. Ne t'inquiète pas, elle ne se rendra compte de rien, je ne lui ferai pas mal. Nous aurons d'autres enfants." Il m'a de nouveau embrassée, puis il est parti. C'est ce jour là, je crois, que j'ai pour la première fois réalisé ce qu'il était vraiment. Un monstre. Non. Pire que cela. Un monstre est un être vivant, un être capable, je crois, d'éprouver des émotions. Pas lui. C'est pour cela qu'il n'a pas réalisé l'ampleur de ses paroles pour moi. Je n'ai jamais compris pourquoi il m'avait parlé à l'avance de ses projets concernant ta soeur. S'il m'avait fait croire, comme à tout les autres, qu'elle était décédée des suites d'un tragique accident, je crois que j'aurais pu recommencer à vivre. Je n'aurais jamais soupçonné la vérité.

A partir de ce jour là, il a laissé ta soeur tranquille. Mais moi, je ne pouvais plus la quitter. J'avais trop peur qu'il profite de mon absence pour passer à l'acte. Et plus les jours passaient, plus je savais que je devais agir, et vite. Chaque fois que je prenais ta soeur sur mes genoux, chaque fois qu'elle mettait ses petits bras autour de mon cou, chaque fois qu'elle pleurait la nuit, parce qu'elle avait rêvé de Lucius, et qu'elle se blottissait contre moi en toute confiance, je savais que je ne pouvais pas le laisser faire.

J'ai pensé à fuir, bien sûr, et à l'emmener loin d'ici. Nous aurions vécu toutes les deux, dans un autre pays, comme des moldues, si c'était ce qu'elle était destinée à devenir, j'aurai accepté n'importe quoi si cela pouvait me permettre de la voir grandir. Mais je savais que c'était impossible. Où que nous allions, Lucius nous suivrait. Le jour de notre mariage, j'étais devenu sa propriété, et il avait placé sur moi un sort lui permettant de savoir à tout instant où je me trouvais. Il l'aurait tuée, et peut-être moi avec. Je sais, à l'époque, j'aurais dû aller voir les autorités, Dumbledore peut-être nous aurait protégées. Je n'ai pas osé. Les jours ont passé, dans une horrible incertitude. A tout moment, il pouvait agir. Et puis, finalement, j'ai pris ma décision. Un soir, pendant qu'il était à une réunion de Mangemorts, j'ai réveillé ta soeur, je l'ai habillée, et emmenée dans le Londres moldu. Là, j'ai cherché une de ces maisons qu'ils appelaient à l'époque orphelinats, j'ai sonné à la porte, et, quand j'ai entendu que quelqu'un allait répondre, j'ai transplané. Je l'ai abandonnée, seule dans ce monde cruel, avec pour seule arme un petit morceau de parchemin indiquant son prénom et sa date de naissance. Qu'elle conserve au moins cela de sa véritable personnalité. Tu ne pourras jamais savoir à quel point, en agissant ainsi, j'ai déchiré mon coeur. Savoir que je ne la verrais plus, qu'elle grandirait loin de moi, qu'elle allait souffrir, orpheline, sans savoir que quelque part elle avait une mère qui l'aimait... A deux ans, on oublie ce genre de choses, elle savait à peine parler... Mais j'agissais ainsi pour lui sauver la vie. Lucius n'a jamais mis de sortilège lui permettant de suivre ses enfants. Le lendemain, il est venu me demander où était Adélaïde. Je lui ai répondu que le problème était déjà réglé. Et pour la seule fois de ma vie, je n'ai pas cédé face à lui. Il n'a jamais su ce qui était advenu de notre fille. Je lui ai juré qu'il ne la reverrait plus et que personne ne ferait le lien avec nous. Un moment, j'ai cru qu'il allait me frapper. Me tuer, peut-être. Ça ne m'aurait pas dérangée. Mais il a fini par se calmer. Deux jours plus tard, nous avons organisé les funérailles de notre fille. Et son nom n'a plus jamais été prononcé dans notre manoir.

Ce n'est que trois ans plus tard que la potion a enfin été prête. Neuf mois après que je l'ai prise, tu es né. Ton père était fou de joie. Mais moi, lorsque je t'ai eu dans mes bras, je ne pouvais penser qu'à ta soeur... Je ne voulais plus jamais connaître pareille douleur. Pendant tes deux premières années, je vivais dans la crainte que, toi aussi, tu me sois enlevé. Et je n'ai pas osé m'attacher à toi. J'ai tout fait pour garder mes distances. Mais tu étais, toi aussi, un adorable bébé, et je n'ai pas pu. Le jour de ton deuxième anniversaire, lorsque tu as pris le globe de Naarstrod, il s'est aussitôt illuminé violemment. Je crois que, malgré tous mes efforts, je ne l'aurais pas supporté si cela n'avait pas été le cas. Mais tu m'as quand même été enlevé. Ton père a pris ton éducation en main, dès qu'il a su que tu serais un sorcier. Probablement un grand sorcier. Peut-être, si je n'avais pas essayé de t'éloigner de moi pendant tes deux premières années, un peu de cet amour serait resté, il n'aurait pas mis la main sur toi aussi facilement. Toujours est-il que, très tôt, tu as cessé d'être un enfant pour devenir comme lui. En apparence. Je me suis toujours doutée que ce n'était qu'une façade, parce que tu ne savais pas te comporter autrement. Ou peut-être que je voulais le croire, parce que je ne pouvais pas imaginer que tu sois réellement comme lui. J'étais heureuse de te voir grandir, de te voir devenir un beau jeune homme, mais, en même temps, j'avais mal. Parce que tu étais son fils, pas le mien. J'ai tenté de tout oublier en jouant à la dame, comme je le faisais dans ma jeunesse, avant la naissance de ta soeur.

Je n'ai jamais été aussi fière que le jour où tu nous as lâchés. Tu as prouvé que tu valais mieux que moi, mieux que lui, et ce malgré l'éducation que nous t'avions donnée. Je crois que je ne t'ai jamais dit que je t'aimais, Drago, j'ai passé trop de temps à essayer d'être indifférente, à essayer de ne pas souffrir de tes absences. Mais je t'aime, moins peut-être que j'ai aimé ta soeur, ou de manière plus mesurée, plus rationnelle... Elle était une enfant du bonheur, tu as été un enfant du doute et du désespoir. Je n'ai jamais retrouvé avec toi la fusion passionnelle que j'ai eue avec toi. J'avais bien trop peur d'aimer. Depuis que ton père n'est plus là, j'ai la tentation de retrouver Adélaïde. Je ne le ferai pas : je ne veux pas me retrouver face à tout ce que j'ai perdu, je ne veux pas savoir quelle misérable enfance je lui ai donnée. Et j'ai enfin trouvé une paix relative, dans la solitude de cette maison. Il ne me reste plus longtemps à vivre, le médecin me l'a annoncé tout à l'heure, avec l'air tragique de circonstance. J'espère que, lorsque je ne serai plus là, tu reviendras ici et tu trouveras cette lettre. Je ne l'enverrai pas, je ne voudrais pas que tu te sentes la moindre obligation envers moi. Je ne le mérite pas. Je ne cherche pas non plus ta pitié, ni même ta compréhension. Mais je voudrais que toi, tu fasses ce que je n'ai pas eu le courage de faire. Retrouve ta soeur. J'espère qu'elle vit quelque part, et qu'elle est heureuse. Dis-lui qui elle est, dis-lui que sa mère n'a jamais cessé de l'aimer. Fais cela pour moi, Drago. Dis à Adélaïde à quel point je regrette. Dis-lui que mes dernières pensées auront été pour elle. Et pour toi. Adieu, Drago. Sois heureux.

Ta mère qui t'aime,

Narcissa.

Des larmes coulaient sur les joues d'Hermione et de Sylvie lorsqu'elles arrivèrent à la fin de la lettre. Elles regardèrent Drago, sans trop savoir quoi dire. Le jeune homme, quant à lui, gardait un air inexpressif.

« Ne me regardez pas comme ça, dit-il enfin. Je ne suis pas une victime dans cette histoire. Mais tu vois, Ron, tu n'est pas le seul à te tromper sur les gens. Je n'ai jamais rien soupçonné. A vrai dire, je n'ai jamais accordé trop d'attention à ma mère.

- Tu sais que tu n'aurais pas pu deviner, dit Ginny.

- Je suppose que tu as essayé retrouver ta s?ur, n'est-ce pas ? remarqua Hermione. C'est cela les activités dont tu ne parlais pas à Ginny et qui l'inquiétaient tant.

- Oui. J'avais peur qu'elle me rejette en apprenant une horreur de plus sur ma famille. J'aurais du me rappeler que rien n'est plus obstiné qu'un Weasley. Je crois qu'il n'y a vraiment rien que je puisse faire pour me débarrasser de Ginny.

- Rien, répéta-t-elle en entourant le cou de son mari de ses bras. Et si tu essaies, tu en subiras les conséquences. » Quelques instants s'écoulèrent avant que Hermione ne demande à Drago :

« As-tu fini par la retrouver ?

- Ma s?ur ? Non. Depuis que nous sommes revenus en Angleterre, j'ai tout fait pour. Mais je ne comprends rien à tous ces systèmes de classement moldus. Je ne sais ni où ma mère l'a laissée, ni le nom qu'ils lui ont donné. C'est pour cela que je pensais que, peut-être, vous pourriez m'aider.

- Comment ? demanda Ron.

- Sylvie et moi pouvons étudier les dossiers de la DDAS, dit pensivement Hermione. Adélaïde n'est pas un prénom courant. L'ennui, c'est que nous n'avons pas la date exacte à laquelle elle a été abandonnée, et l'accès à ces dossiers est généralement très bien contrôlé. Et puis, une affaire qui date des années soixante-dix. Je ne sais pas où ils mettent leurs archives. Harry saurait peut-être, après tout lui aussi est orphelin, et doit avoir un dossier chez eux. » Elle s'interrompit brusquement, en réalisant l'inconfort qui s'était affiché sur tous les visages à la mention du nom de leur ami. La terrible histoire de la mère de Drago avait réussi à leur faire oublier momentanément les incertitudes qui pesaient sur son sort. Un instant, tous se regardèrent avec gène, puis Ron rompit le silence.

« Je me demande si papa ne pourrait pas faire quelque chose pour ta s?ur, dit-il à Drago. Le ministère doit pouvoir avoir accès aux dossiers moldus. Si tu acceptes de lui en parler.

- J'ai déjà essayé de passer par le ministère. N'oublie pas que moi aussi j'y travaille. Ils ne peuvent pas m'aider avec un problème comme ça. Non. Il faut passer par la voie moldue. »

Sylvie, qui n'avait pas parlé depuis la lecture de la lettre, prit alors la parole. Elle n'osait pas formuler son hypothèse tellement celle-ci lui paraissait tirée par les cheveux. Ce serait une telle coïncidence. et pourtant, Adélaïde n'était pas un prénom si répandu.

« Si ta s?ur n'avait pas de pouvoirs magiques, demanda-t-elle prudemment à Drago, serait-ce possible que son enfant en ait ? Est-ce qu'un cracmol a plus de chances d'avoir un enfant sorcier qu'un moldu normal ?

- Oui, bien sûr, répondit le garçon. Il arrive très fréquemment que des pouvoirs magiques sautent une génération. Eh, c'est pas totalement stupide, ça, nous pourrions vérifier les listes d'enfants issus de parents moldus inscrits à Poudlard dans les années à venir. A condition qu'Adélaïde ait eu des enfants.

- Ça fait quand même une grande quantité de noms, remarqua Hermione. Son regard se posa sur Sylvie, et elle comprit à son expression que la jeune femme en savait plus que ce qu'elle avait dit. « A quoi penses-tu ? demanda-t-elle. »

- La mère de Méline s'appelait Adélaïde, révéla la femme de Harry. Je suis presque sûre qu'il s'agissait de ta s?ur, Drago. »

Malefoy pâlit légèrement, et il regarda Sylvie d'un air incrédule, et respira profondément. Tous les yeux s'étaient fixés sur la jeune femme, et un air de compréhension se peignit peu à peu sur les visages. Drago fut le premier à reprendre la parole. Il ne mit pas en doute l'affirmation de Sylvie, mais remarqua simplement : « Tu en parles au passé.

- Elle est décédée l'année dernière. Je suis désolée. »

Drago hocha simplement la tête. Il récupéra la lettre de sa mère, et la caressa doucement du bout des doigts, comme pour essayer d'entrer en contact avec celle qui l'avait écrite. Puis, il la replia doucement et la remit dans sa poche.

« Dans ce cas, il était déjà trop tard quand ma mère est morte, remarqua-t- il enfin. Je n'aurais rien pu faire pour elle. ma s?ur. C'est vraiment un concept étrange, et je n'aurai jamais l'occasion de la connaître.

- Nous pouvons faire beaucoup, protesta Ginny. Adélaïde est morte, mais Méline, elle, est bien vivante. Et elle a besoin de ton aide. De notre aide.

- Tu as raison, bien sûr. Mais Adélaïde n'aura jamais su qui elle était vraiment. C'est un tel gâchis...

- Elle aurait voulu que sa fille soit heureuse, dit Hermione. Et c'est aussi ce que ta mère voulait. Et Harry aussi.

- C'est ce que Harry veut, corrigea Ron. Je me moque de ce que dit Mme Pomfresh. Il va s'en sortir. Même Dumbledore l'a dit.

Loin, très loin de là, Harry revenait lentement à la surface. Il n'avait pas mal, il n'avait pas froid. Tout n'était que douceur. Il entrouvrit les yeux. Un paysage merveilleux s'offrait à lui. On aurait dit une prairie entourée d'arbres, mais tout était dans des tons pastels, toutes les couleurs étaient représentées et l'ensemble donnait une impression de parfaite harmonie. L'herbe sur laquelle il était allongée était plus douce que du coton.

Comment était-il arrivé là ? Il se rappelait avoir affronté Voldemort. L'âme de son ennemi avait pénétré son corps. Dans la sérénité de cet endroit tout cela lui apparaissait comme un cauchemar. Avait-il entièrement rêvé sa vie ? Ou était-il. mort ?

Il se leva sans difficulté. L'herbe massait doucement ses pieds nus à chacun de ses pas. Il s'avança en direction des arbres. L'intérieur de la forêt n'était ni sombre, ni inquiétant. Tout y était aussi lumineux que dans la prairie. Harry continua d'avancer, à la fois subjugué par le calme et la sérénité de ce paysage, et en même temps de plus en plus inquiet. Etait-il seul dans ce paradis ? Il tenta d'appeler, mais seule sa voix lui revint, étrangement sonore dans ce monde où tout était si calme et mesuré.

Harry marcha longtemps, sans rencontrer âme qui vive. Il ne ressentait aucune fatigue liée, l'effort ne lui pesait pas. Après ce qui lui parut des heures, il finit par arriver au bord d'un lac. Une petite barque était amarrée au bord de l'eau, et Harry se dirigea vers elle. L'homme, qui l'occupait avait sur la tête un capuchon relevé qui ne laissait pas deviner grand-chose de son visage.

"Qui êtes-vous ? demanda Harry. Et où sommes-nous ?" L'homme eut un petit rire froid.

"L'ignores-tu vraiment ? rétorqua-t-il. Ou préfères-tu faire semblant de ne rien remarquer ?

- Est-ce le monde des morts ?

- L'endroit où tu te trouves est un monde tampon... Une passerelle entre le monde des vivants et celui des morts. Malheureusement, il semble que tu sois sorti du mauvais côté.

- Du mauvais côté ?

- Du côté des morts. Monte, je vais t'emmener.

- Eh! Attendez une minute ! Est-ce que je suis mort ou est-ce que je ne le suis pas ?

- Théoriquement, tant que tu te trouves sur ce territoire, tu es encore en vie, répondit l'homme de sa voix froide et monocorde. Mais dès que tu monteras dans ma barque, tu appartiendra au monde des morts.

- Pourquoi monterai-je dans cette barque ? Je ne veux pas mourir. Comment dois-je faire pour retourner dans le monde des vivants ?

- Tu ne le peux plus. C'est trop tard. Tes pas t'ont mené jusqu'ici, c'est que ton destin était de mourir. Si tu avais dû vivre, tu aurais trouvé l'autre sortie.

- Je la trouverai, répondit Harry. Il se retourna et fit quelques pas en direction de la forêt.

" Tu ne trouveras rien, répondit l'homme. Presque tout le monde, en arrivant ici, a la même réaction que toi. Certains cherchent l'autre sortie pendant des années. J'en ai connu qui l'ont cherchée pendant ce qui, selon vos unités terrestres, équivaudrait à des siècles. Mais ils ne la trouvent jamais. Une fois que tu es arrivé une fois sur ce rivage, tu reviens toujours à cet endroit. Dès que tu rentres dans la forêt, tu reviens ici. Et tous finissent, un jour ou l'autre, par accepter leur destin

- C'est absurde. Il n'y personne dans cette forêt. Si les gens cherchaient aussi longtemps, ils devraient s'y trouver, non ?

- Qu'est-ce que le temps ? Crois-tu que, si tu cherches ici pendant cent ans, ton corps met cent ans à mourir ? J'ai reçu des gens qui avaient été frappés par des coups mortels. Ils refusaient, pour une raison ou une autre de quitter la terre. Ils sont restés ici très longtemps, cent ans se seraient écoulés si le temps avait filé comme sur votre terre. Mais finalement, ils ont abandonnés. Et pour les témoins, c'est comme s'ils étaient morts sur le coup. Tu comprends ?

- Je ne sais pas. Mais moi je n'abandonnerai pas, répondit Harry. Et je trouverai la sortie." Il sortit sa baguette et murmura : " Pointe au Nord ". De nouveau, l'homme en noir éclata de rire. " La magie est totalement inutile, ici. Tu dois te débrouiller seul."

De nouveau, Harry pénétra dans la forêt, mais celle-ci ne lui semblait plus du tout accueillante. Il décida de marcher droit devant lui, pour éviter de revenir à cet endroit. Le paysage était monotone, chaque arbre ressemblait au suivant, et, sans montre, le jeune homme n'aurait pas su dire combien de temps il avait ainsi progressé. Petit à petit, une immense lassitude s'installait en lui, et il ne parvenait pas à chasser de son esprit les paroles de l'homme en noir. Sa quête était-elle vraiment sans espoir ?

" Non, décida-t-il. S'ils donnent aux gens la possibilité de revenir dans cette forêt, il doit bien y avoir une raison." Il marchait toujours. Si son esprit ressentait les effets de la répétition du paysage, et réclamait du changement, physiquement, il n'était pas fatigué. Il marchait, encore et toujours. Petit à petit, son espoir d'apercevoir un autre rivage, une clairière, ou quoi que ce soit qui marque la fin de cette forêt s'amenuisait. Mais il continuait : qu'aurait-il pu faire d'autre ?

Puis, alors qu'il commençait à envisager de faire demi-tour pour repartir dans une autre direction, il aperçut au loin ce qui ressemblait à une trouée dans les arbres. Harry pressa le pas, dans cette direction. Une surface plane, brillante... Non, ce n'était pas possible... Il était allé droit devant lui, comment pouvait-il se retrouver à l'endroit d'où il était parti ? Et pourtant, c'était bien le même homme en noir, la cagoule relevée, qui l'accueillit d'un rire moqueur.

" Je savais que vous reviendriez, dit-il. Il n'y a pas moyen d'échapper à son destin. Maintenant, êtes-vous prêt à m'accompagner ?

- Ce n'est pas possible, murmura Harry. Il y a forcément un moyen.

- Libre à vous de continuer de chercher. Après tout, on ne peut pas perdre son temps quand le temps n'existe plus.

- A quoi ressemble le passage vers le monde des vivants ?

- Comment veux-tu que je réponde à cette question ? Mon rôle est d'emmener les gens vers le monde des morts. Mon monde à moi s'est toujours limité à ce lac, et s'y limitera toujours. Mais quelle que soit la forme de l'entrée du monde des vivants, tu ne la trouveras pas.

- Depuis combien de temps êtes-vous ici ?

- J'ai toujours été là. Depuis que le monde existe.

- Et vous n'en avez jamais eu assez ? demanda Harry. L'idée de passer l'éternité sur un lac à attendre que les gens se décident enfin à mourir lui paraissait insupportable.

- Assez de quoi ? Mon rôle est de transporter les gens d'une rive à l'autre. S'il ne veulent pas se décider à passer, je les attends. Si certains veulent parler, comme toi, je leur fais la conversation. C'est comme cela que ça doit être et c'est comme cela que c'est.

- Avez-vous déjà vu des gens qui ne sont finalement jamais revenus prendre le bateau ?

- Une fois ou deux, peut-être.

- Dans ce cas, il est possible de revenir, n'est-ce pas ?

- Peut-être. Mais peut-être s'agit-il simplement de gens qui ont décidé de passer leur éternité à chercher la sortie. De gens qui n'abandonneront jamais. Malheureusement, vous autres mortels le savez bien : la mort est un processus irréversible.

- J'ai vu des morts revenir.

- Peut-être. Il y a quelques personnes que j'ai fait passer plusieurs fois. Mais pour pouvoir revenir d'entre les morts, il faut d'abord être mort. Il existe de nombreux moyens pour les âmes des morts de revenir parmi les vivants, et certains peuvent y rester. Mais d'ici, quand tes pas t'ont mené jusqu'à moi, il n'y a pas d'autre issue que ce lac. Tu n'y échapperas pas."

Harry regarda la barque, et la forêt derrière lui. Il n'avait pas envie d'y retourner. Il serait si facile de céder... S'il était vraiment mort, après tout... Peut-être retrouverait-il ses parents... Mais il repensa à tout ce qu'il laissait sur la terre. A Sylvie. A James. Il ne pouvait pas les laisser. Il n'en avait pas le droit.

"Je trouverai un moyen", siffla-t-il. Et il retourna vers les arbres, sous l'oeil narquois du passeur. Cette fois, au lieu d'aller en ligne droite, il essaya de zigzaguer entre les arbres, pour couvrir une plus grande surface. Mais il n'y avait rien, rien que cette végétation aux tons pastels, qui semblait le narguer. Il chercha ainsi pendant un temps interminable. Combien, c'était impossible à dire : dans ce monde il n'y avait ni jours ni nuit, et il ne ressentait jamais ni fatigue, ni faim, ni soif. Plusieurs fois, il se retrouva au bord du lac. A chaque fois, la tentation d'abandonner revenait, plus forte, plus vivace, mais à chaque fois Harry faisait demi-tour. Il finit par se laisser tomber au pied d'un arbre, découragé. Il lui semblait que cette forêt était enchantée pour qu'il retombe toujours sur cet endroit, quelle que soit la direction qu'il prenait. D'ailleurs, c'était probablement le cas. Lui-même connaissait plusieurs sortilèges qui lui auraient permis d'obtenir un tel résultat. Mais la magie ne marchait pas dans la forêt. Il avait essayé à plusieurs reprises.

" Si tu ne peux pas compter sur ta baguette, sers-toi de ta tête. " Qui lui avait dit cela ? Il n'arrivait pas à s'en souvenir. Mais c'était le moment ou jamais pour appliquer cet axiome. Le problème, c'est que même en retournant le problème dans tous les sens, il n'arrivait pas à trouver la solution. Si cette forêt était enchantée par une magie plus puissante que la sienne, il n'avait aucun moyen d'en sortir. Peut-être ferait-il alors mieux d'abandonner, et d'aller voir ce qu'il pouvait faire pour les siens à partir du monde des morts, là où il pourrait entrer en interaction avec les vivants... Il imaginait déjà le sourire narquois du passeur en le voyant capituler... L'homme se moquait de lui... Et, lui, il devait bien avoir des réponses aux questions que se posait Harry, même s'il jouait à l'innocent. Oui, il fallait faire parler cet homme.

Harry se releva d'un bond et repartit d'un pas décidé. Peu importait la direction, il était sûr de retomber sur le lac, tôt ou tard. Et le temps n'avait pas non plus d'importance. Et, en effet, la trouée parmi les arbres apparut bientôt devant lui. Ainsi que l'homme en noir, toujours assis dans sa barque, immobile. Il tourna le visage vers Harry.

" Feriez-vous partie des obstinés, Mr Potter ? demanda-t-il. Vous finirez par céder et par m'accompagner, vous savez.

- Comment le savez-vous ? Et si je faisais partie de ceux qui ne renoncent jamais ?

- Dans ce cas je ne vous aurais pas attendu.

- Mais comment pouvez-vous...

- Peu importe. Les choses ici n'obéissent pas aux règles que vous connaissez. Vous l'avez probablement déjà remarqué.

- Dites-moi comment je sors d'ici. Je sais que vous le savez.

- Je le sais. Vous sortez d'ici au moment où vous acceptez de monter dans ma barque. Qu'avez-vous à redouter ?

- J'ai tout à perdre. Il y a forcément un autre moyen. Sinon, pourquoi donner aux gens la possibilité de d'explorer cette forêt avant de vous suivre ? A quoi sert cet endroit si la seule issue possible en est votre barque ?

- Ce n'est pas mon rôle de réfléchir à ce genre de choses. Mais je pense que cet endroit fournit aux morts le temps nécessaire pour admettre que, justement, ils sont morts. Et c'est seulement à partir du moment où ils ont accepté ce fait qu'ils peuvent passer de l'autre côté.

- Je ne vous crois pas. Il y a forcément un autre moyen. Et j'en ai assez de votre petit jeu !"

Harry s'avança, le poing levé, empli d'une colère née de la frustration d'heures et d'heures de recherches infructueuses, et du désespoir qui s'installait. Cependant, sa main retomba et il sursauta quand une voix se fit entendre derrière lui.

" Allons, Harry, je ne t'ai jamais su ainsi porté à la violence... »

Euh... Je crois qu'on va s'arrêter là pour ce chapitre. Désolée si vous n'aimez pas ce genre de fin. Merci pour toutes vos reviews sur le précédent. Je ne crois pas en avoir déjà reçu autant pour un chapitre ( Mais Janus double face, tu es sûr que tu ne t'es pas trompé de fic ?). Ca ma vraiment fait plaisir que vous ayez aimé le dernier chapitre. Tous ceux qui s'étaient posé des questions sur Méline en savent plus. Je travaille actuellement sur un projet de suite pour cette histoire, mais je ne sais pas du tout quand je pourrai le mettre sur le site, et ce ne sera pas l'histoire de James élève à Poudlard.

Le prochain chapitre sera le dernier de cette fic. Et il arrivera plus vite que celui-ci. Promis.