Titre : Memento.
Auteur : Nagisa Moon.
Base : Harry Potter. Spoilers : PS (1), CoS (2), PoA (3).
Genre : Général, mais un début de romance slash qui se profile.
Couple(s) : JP/LE (évoqué), SB/RL. On peut aussi voir du RW/HG, mais bon seulement si vous êtes fan, sinon vous ne le verrez même pas passer.
Rating : PG-13.
Notes : Ici, on passe au moment important n°2 : la découverte de la lycanthropie de Remus. C'est un peu comme ça que je l'imagine, mais j'avoue que j'aurais pu passer plusieurs chapitres dessus pour explorer un peu plus les réactions ! Enfin, cette histoire a été écrite de telle sorte que 1 chapitre = 1 étape dans la relation Sirius/Remus, donc je n'ai pas pu m'appesantir dessus… J'espère que ça vous plaira tout de même, mais n'hésitez pas à me le dire si vous pensez que je suis allée trop vite !
Pour le nom du professeur de DCFM, j'ai choisi l'un des prénoms que je préfère -) Les Morgan (ou Mari Morgan) appartiennent aussi aux légendes bretonnes, ce sont des sortes de sirènes qui vivent non loin des côtes quant aux Korrigans, il s'agit des lutins qui hantent les côtes bretonnes ^o^ Voilà pour la petite histoire !
Feedback : MoonyNagisa@hotmail.com.
Remerciements : Merci à tous ceux qui ont reviewé le premier chapitre, ça me fait vraiment plaisir ! Et dans l'ordre :
Lunard 666 : Merci beaucoup ! Je suis ravie que mon style d'écriture te plaise, c'est un très beau compliment ! Il devrait y avoir 6 chapitres, en tout cas si je m'en tiens au scénario de départ !
Bibi : Heureuse que cela t'ait plu ! Et comme je l'ai dit à Lunard 666, il devrait y avoir 6 chapitres en tout ^-^
Tchi : Puisque c'est demandé avec tant de ferveur, hop là, voilà la suite !
Alana Chantelune : Je suis vraiment contente que ça t'ait plu ! Moi aussi j'adore ce qui est fleur-bleue, mais j'espère que j'ai pas plongé dans le nuage en marshmallow tout de même ^-^ lol J'ai voulu construire ça comme un retour en arrière, et puis j'avais envie d'exploiter la situation de l'après-Voldemort.
Ma lupin : Super de rencontrer une personne qui voit les choses comme moi ! J'espère que le reste correspondra à l'idée que tu t'en est faite ^o^
Jess HDH : *toute rouge* wha je suis trop heureuse que tu sois venue lire ma fanfic ! J'ai sauté jusqu'au plafond lorsque j'ai reçu ta review (cela dit, ma sœur envisage maintenant sérieusement de m'envoyer en hôpital psychiatrique -_-°) ! Ca me fait tellement plaisir !! *insérer ici fleurs de cerisiers et pétales de roses, ainsi qu'un bel arc-en-ciel qui luit sous les rayons dorés du soleil levant* Je suis ravie que tu apprécies mon style d'écriture, et la remarque sur la « plénitude » m'a totalement soufflée parce que c'est justement ça que j'ai essayé de faire passer ! J'ai tenté de faire ressentir l'épanouissement nouveau de Sirius et de Harry… Bref je ne vais pas me lancer dans une dissertation sur ma propre fanfic lol ! Encore merci, j'espère que la suite te plaira ! Et surtout, n'arrête pas tes superbes traduction (« Pensées Inconcevables » me subjugue depuis le début !) ^o^ Bisous !
Katia 990 : Face à tant d'enthousiasme, je me sentirais vraiment coupable de ne pas publier la suite ! Alors voilà, j'espère que tu l'aimera autant que le premier chapitre !
Losgann : Je crois qu'il n'y a rien de mieux que de conquérir quelqu'un qui n'est pas spécialement fan de slash ! Espérons que la suite te convaincra aussi !
MEMENTO par Nagisa Moon
Chapitre 2 : To Remember
« J'y vais ! » dit Harry en dévalant les escaliers.
Une fois arrivé dans l'entrée, il passa machinalement – et inutilement – une main dans ses cheveux, puis ouvrit la porte. Sur le perron se tenaient ses deux meilleurs amis : Ron Weasley, un rouquin au sourire engageant, et Hermione Granger, une fille plutôt mignonne aux yeux noisette pétillants et aux longs cheveux châtains bouclés.
« Salut !
- Salut Harry », répondirent les deux adolescents en entrant dans la maison.
Harry les aida à se débarrasser de leurs vestes, puis les invita à monter à l'étage, là où il déballait les cartons avec son parrain. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce, les deux nouveaux venus marquèrent un arrêt. Harry devina aussitôt qu'ils étaient surpris de la vision pour le moins agréable de Sirius penché au-dessus d'un carton, eux qui ne l'avaient vu que maigre, effrayé et animé de ce désir de vengeance, fuyant les Détraqueurs que le Ministère avait envoyé à ses trousses.
« Bonjour Mr Black, fit Hermione d'une voix un peu timide – cela rappela à Harry la voix qu'elle employait pour parler à Lockhart en deuxième année et il étouffa un rire.
- Oh, bonjour Hermione ! Ron! »
Il releva le visage vers eux et quelques mèches noires et légères volèrent devant ses yeux. Il les remit machinalement en arrière et leur offrit son plus beau sourire, ses yeux bleus brillants de plaisir. Il ne remarqua pas la rougeur naissante sur les joues d'Hermione, ni le regard soupçonneux qu'envoya Ron à la jeune fille.
« Au fait, appelez-moi Sirius. Il n'y a que les gens du Ministère qui m'appellent « Mr Black » ! Même ton père, Ron, malgré le fait que je lui demande sans cesse de ne pas le faire, ajouta Sirius en lui serrant la main et en déposant une bise sur le front d'Hermione qui eut une expression rêveuse. Alors, vous êtes venus nous donner un coup de main ?
- Oui, dit Ron en sortant un gros dossier de feuilles de son sac. Tenez, mon père a récupéré les papiers que le Ministère avait réquisitionné, avec quelques photos je crois. Ce sont surtout des lettres, des factures, ce genre de choses…
- Ah, tu le remercieras bien de ma part ! Ca me touche qu'il se soit donné du mal pour ça.
- Ne vous en faites pas, c'est le moins que l'on puisse faire après… enfin, vous savez quoi. »
Il y eut un petit silence gêné, durant lequel Hermione sortit un paquet de sa poche et le posa sur le bureau. Sous l'œil attentif de la gente masculine qui l'entourait, elle prit sa baguette, la leva au-dessus de la minuscule boîte, et prononça « Amplificatum ! ». L'objet se mua soudainement en un carton un peu poussiéreux, avec quelques marques de brûlures ça et là.
« C'est de la part de Hagrid, expliqua-t-elle. Il m'a dit qu'il s'agit de livres que vous lui aviez prêté et que vous n'aviez pas eu l'occasion de récupérer. »
Harry se tourna vers son parrain, et il eut l'impression que le souffle de Sirius se coupait un court instant. Il ne savait pas pourquoi, mais visiblement, ces ouvrages devaient compter pour lui peut-être parce qu'ils lui rappelaient ses années à Poudlard, ou quelque chose comme ça. Et puis il repensa à la conduite de Hagrid et comprit qu'il voulait se faire pardonner pour avoir été convaincu de la culpabilité d'un innocent. C'était bien Hagrid, lui qui ne savait pas faire d'adroites excuses, il avait décidé de lui montrer sa sympathie ainsi – et probablement sur le conseil d'Hermione.
« Oh, par Merlin ! Il s'est souvenu de tout ça, et il les a gardé ! s'exclama Sirius en se précipitant vers le carton.
- Qu'est-ce que c'est ? » demanda Ron.
Il n'obtint aucune réponse. Sirius ouvrit le carton d'une main nerveuse et y plongea le regard comme un petit garçon devant sa boîte aux trésors. Sauf qu'il n'y avait pas de tickets pour un match de Quidditch vu avec son père, de figurine de Mage ou d'images trouvées parmi les Chocogrenouilles, mais des livres. Il les sortit l'un après l'autre, lentement, comme s'il redoutait de les voir tomber en poussière sous ses doigts il passait une main dessus, lisait la couverture, puis les posait doucement sur le bureau.
Soudain, le téléphone sonna. Sirius cessa son activité et sortit de la pièce pour aller répondre – il ne fallait pas oublier qu'après tout, bien qu'il fût née dans une famille composée uniquement de sorciers, il savait bien se débrouiller dans le monde moldu, ce qui lui avait sauvé la vie plus d'une fois durant sa fuite.
D'un commun accord, les trois adolescents s'approchèrent du bureau. D'après ce qu'ils avaient perçu de la conversation téléphonique en tendant l'oreille, c'était Remus Lupin qui appelait, et ils en conclurent qu'ils avaient bien quelques minutes devant eux. Hermione prit l'un des livres et lut à voix haute :
« De la Vie des Canidés. » Elle l'écarta de la pile, et continua son inspection : « Étude des Mœurs Lupines Les Loups-garous : du Moyen-Age à nos Jours Guide des Canidés… et j'en passe ! Dis-donc Harry, ton parrain a une vraie passion pour les loups.
- Ca doit être à cause de Remus, répondit-il. Il a dû se renseigner sur sa situation à l'époque…
- Pour avoir potassé tout ça, Sirius doit vraiment être un chic type, commenta Ron en soulignant la taille imposante du second livre.
- Oui, il l'est… soupira Harry. Dommage que le Ministère n'ait pas pensé la même chose. »
Cette remarque fut accueilli par un silence quelque peu gêné. Les adolescents reposèrent les ouvrages, puis se mirent à déballer un autre carton qui contenait des affaires destinées au travail, comme des plumes, de l'encre, des rouleaux de parchemin… Ce qui était certes moins passionnant que les livres qu'ils venaient d'étudier.
Sirius rentra dans la pièce au moment où Hermione se dirigeait vers l'une des encyclopédies, prête à succomber à la tentation d'en tourner les pages. Elle s'arrêta dans son geste et leva vers l'homme un regard timide, pareil à celui d'un enfant pris en train de fouiller le placard à gâteaux.
« Ah, je vois que mes livres t'intéressent, fit Sirius en la rejoignant. Je te préviens d'avance, ce sont tous des ouvrages zoologiques.
- Je vois ça… Dites-moi, je peux vous poser une question ?
- Bien sûr. Harry l'a déjà fait tout à l'heure, je commence à m'y habituer, répondit-il avec un sourire chaleureux.
- C'est à cause du professeur Lupin que vous avez lu tout ça ?
- Effectivement, admit-il. Ca m'a bien aidé à comprendre sa condition.
- De quelle manière avez-vous découvert qu'il est un loup-garou ?
- Les jeunes d'aujourd'hui, quelle curiosité ! s'exclama Sirius en riant. A croire que vous voulez un compte-rendu de ma vie avec Remus ! »
Hermione lui sourit et rougit, gênée.
« Désolée, je ne voulais pas être indiscrète, et je…
- Du calme, Hermione, l'interrompit Sirius en posant une main sur son épaule. Ca ne me dérange pas du tout, au contraire. Si tu veux vraiment savoir, voilà comment tout cela s'est passé… Et à vrai dire, c'est surtout le fruit du hasard. »
Ces mots à peine prononcés, les adolescents s'accrochèrent à ses lèvres, laissant de côté le rangement initialement prévu.
*****
18 mars 1978 (2e année)
A travers l'une des fenêtres de la classe, Sirius contemplait le ciel d'azur constellé de petits nuages irisés. « Le temps idéal pour jouer au Quidditch » songea-t-il, désespéré de ne pas pouvoir prendre son balai et s'élancer à toute vitesse, loin du sol et des livres poussiéreux.
En temps normal, il rêvassait moins en classe. Il se trouvait plutôt tourné vers son voisin de table, Remus Lupin, avec lequel il partageait la plupart des cours pour la seconde année consécutive. Au départ, Remus s'était montré un peu réticent face à l'insouciance de son ami, notamment à cause de son calme naturel et de application, mais aussi de sa timidité face à un garçon qu'il n'avait rencontré qu'à la rentrée, sur le quai 9 ¾. Et puis le charme inné de Sirius avait agi, et il s'était peu à peu ouvert à lui, pour finalement partager maints fous rires et discussions. Par ailleurs, le garçon aux cheveux d'ébène avait découvert le plaisir de partager ses opinions et ses plaisanteries avec lui, et il réussissait mieux lorsqu'il assistait aux cours en sa compagnie. En clair, c'était parfait.
Sauf que cette fois, Remus était absent. Ca arrivait de temps à autre, environ une fois par mois : Remus partait dans la journée, voire la soirée, pour ne revenir que le lendemain, l'air épuisé à chaque fois. D'habitude, c'était à cause d'une affaire de famille, de sa mère qui était malade, des choses du genre. James, Peter et Sirius avaient décidé de ne pas pousser les investigations plus loin, ne désirant pas que Remus se replie sur lui-même.
Il leva à peine la tête la tête lorsque le professeur Morgan, enseignant en Défense contre les forces du Mal, annonça qu'après avoir vu les Korrigans de l'île d'Ouessant ils allaient étudier les bases du chapitre sur les loups-garous, qu'ils approfondiraient à la fin de leur troisième année.
Sirius soupira et parcourut le texte à contre-cœur. Après l'avoir lu, il tourna à nouveau le regard vers la fenêtre. Il se demanda si Remus était déjà rentré et s'il les attendait dans la salle commune des Gryffondors, ou s'il allait rester auprès de sa mère un peu plus longtemps que d'habitude. Il espérait que non, car même si James demeurait et demeurerait toujours son meilleur ami, il devait avouer que son amitié avec Remus surpassait l'idée qu'il s'en était faite au début. Il pensait au schéma banal du garçon timide et studieux tiré par son ami expansif et insouciant mais en vérité, leur relation se trouvait très équilibrée, l'énergie débordante de Sirius contrebalancée par le calme apaisant de Remus, l'esprit réfléchi de ce dernier motivé par la perspective de machinations contre les Serpentards en compagnie de James et Peter. Il y avait encore de nombreux points sur lesquels ils se complétaient, et à présent, Sirius se sentait quelque peu délaissé : il manquait vraiment quelque chose lorsque Remus n'était pas là.
« Mr Black ? appela Morgan.
- Pardon ? demanda Sirius, sortant soudain de sa rêverie.
- Vous m'avez l'air bien distrait, lui fit-il remarquer. Au lieu de songer à je ne sais quel problème existentiel, voudriez-vous nous faire le plaisir de nous expliquer comment différencier un loup d'un loup-garou ?
- A cause de la taille : celle du loup-garou est plus importante, selon la masse humaine de l'individu », répondit Sirius. Sa mémoire ne faillait jamais – enfin, sauf lorsque McGonagall lui demandait s'il n'avait pas une idée de ceux qui avaient joué le dernier mauvais tour en date aux Serpentards, dans ce cas-là, il ne savait absolument rien… Tout comme James, Peter ou Remus, et tous les autres Gryffondors.
« Bien, cinq points pour Gryffondors. Maintenant, quelqu'un peut-il me dire de quelle manière l'on peut savoir qu'un être humain est un loup-garou ? »
Plusieurs mains se levèrent aussitôt, surtout du côté des Serdaigles. Sirius sortit juste un rouleau de parchemin afin de prendre des notes à l'intention de Remus, pour éviter un retard dans les cours.
« Mr Crivey ?
- Ils sont toujours absents au moment de la pleine lune, répondit un petit blond du deuxième rang.
- Pourquoi cela ?
- Ils doivent s'isoler des humains, sinon ils risqueraient de s'attaquer à eux.
- Très bien, encore cinq points pour Gryffondor. Qui peut me donner un autre indice ? Miss Wicket ?
- Leur comportement change en fonction des phases lunaires. (Cette fois, il s'agissait d'une rouquine constellée de taches de rousseur qui lui conféraient un petit air espiègle.) Entre la pleine lune et la nouvelle lune, lorsqu'elle décroît, les loup-garous conserve leur comportement normal, même s'ils sont fatigués durant quelques jours après la pleine lune, à cause de leur transformation. Par contre, après la nouvelle lune, dès qu'elle croît, ils accumulent de l'énergie : ils sont plus actif que d'habitude, parfois plus nerveux, et leurs sens sont de plus en plus exacerbés.
- Parfait, parfait. Dix points pour Serdaigle. »
Évidemment, une Serdaigle, sa réponse ne pouvait qu'être parfaite, songea Sirius. Il se désintéressa un peu du cours et laissa ses pensées vagabonder à nouveau. Tout cela lui faisait énormément penser à Remus, et il ne manquerait pas de le lui dire à son retour.
D'abord, les absences répétées. Environ une fois par mois, cela correspondait plus ou moins à une phase lunaire tiens, il faudrait vérifier les dates. Ensuite, les troubles comportementaux. Remus était naturellement calme, mais il fallait avouer qu'il connaissait des regains d'énergie qui duraient au moins une dizaine de jours et qu'il consacrait aux plans du petit groupe, ce qui avait plus d'une fois donné lieu à des farces mémorables auxquelles il participaient activement. D'ailleurs, dans ces moments-là, il était rare que l'un des quatre amis se fasse attraper malgré la cape d'invisibilité de James : Remus percevait toujours la présence de Rusard ou d'un autre élève il entendait les bruits de pas que les autres ne parvenait pas à saisir, il voyait la silhouette dans l'ombre que les autres n'arrivaient pas à discerner, et il semblait même sentir les infimes changements dans l'air. Ils en avaient tous été – agréablement – surpris, mais Remus se contentait de rougir et de murmurer qu'il s'exerçait souvent à ce genre de jeu lorsqu'il était enfant.
Soudain, une image revint à l'esprit de Sirius. Une chose à laquelle il n'avait pas prêté attention, et pourtant… Quelques mois auparavant, il était entré dans le dortoir alors que Remus n'avait pas encore enfilé son sweat, ni sa robe de sorcier (d'habitude, il se changeait à l'abri des rideaux de son lit, et ils avaient tous pris ça pour une pudeur plus prononcée que la leur) et là, sur la peau pâle de son abdomen, Sirius avait remarqué une marque en forme de croissant de lune. Remus avait sursauté, et s'était empressé de la recouvrir d'un pull, l'air incroyablement gêné, mais il n'avait pu l'empêcher de voir qu'il s'agissait de la cicatrice d'une morsure. Morsure qui aurait pu avoir été infligée par un animal quelconque, probablement un chien, un loup ou…
Un loup.
Ou plutôt un loup-garou.
*
Plus tard dans la soirée, Sirius avait réuni James et Peter. Le dîner venait d'être servi, mais il n'y avait toujours aucun signe de Remus. Ils s'étaient donc installés à table, Sirius face à ses deux amis en vérité, avec tout le bruit que faisaient les autres, pris dans leurs diverses conversations, ils ne pouvaient pas être plus en privé pour discuter. Personne ne risquait de tendre l'oreille pour les écouter, ce qui serait difficile étant donné le brouhaha perpétuel des couverts et des discutions.
« Sirius, arrête de t'agiter, lui intima James. Qu'est-ce qui se passe ?
- Par Merlin, vous n'allez pas croire si je vous le dit.
- Vas-y, on verra après si on doit te faire interner ou pas.
- Très drôle… Mais soyons sérieux un moment, d'accord ?
- Oh, c'est Sirius Black qui nous dit ça ? C'est la fin du monde ! s'exclama James, puis il se ravisa devant le regard noir qu'il lui lança. D'accord, on t'écoute sérieusement.
- Voilà, je crois que Remus… que Remus est un loup-garou », murmura Sirius en articulant soigneusement chaque syllabe.
Peter et James éclatèrent de rire. Évidemment, il aurait dû prévoir cette réaction, il aurait probablement fait de même à leur place : Remus, un loup-garou ? La bonne blague ! Enfin, il attendit patiemment qu'ils se calment, ce qu'ils ne tardèrent pas à faire en voyant son air grave et préoccupé.
« Attends… tu ne plaisantes pas ? demanda Peter.
- Bien sûr que non ! Je ne rigolerais pas sur un sujet aussi important !
- Très bien, alors qu'est-ce qui te fait penser que Remus est un… loup-garou ? s'enquit James en entamant son potage.
- Vous avez suivi le cours de Défense contre les forces du Mal ? Les absences mensuelles, le changement de comportement, ça ne vous rappelle rien ? »
Peter commença à changer d'expression en voyant où il voulait en venir. Comme James n'avait pas l'air si convaincu que ça, Sirius repris point par point le raisonnement qu'il avait eu durant le cours, attendant à chaque argument l'acquiescement de ses compagnons. Lorsqu'il les eut convaincu de la troublante ressemblance des troubles comportementaux, il sortit un bout de parchemin de sa poche et le leur tendit :
« Regardez, je suis allé vérifier sur un calendrier lunaire les nuits où Remus était absent. A chaque fois, sans aucune exception, ça tombe durant la pleine lune.
- Par Merlin… souffla Peter.
- Et puis, quel élève quitte Poudlard comme ça, juste pour une nuit ? Je suis persuadé que ce n'est pas simplement pour des raisons familiales d'ailleurs, quelles raisons familiales ? On n'en sait quasiment rien. Et puis lorsqu'il revient, on lui a toujours dit qu'il avait l'air épuisé, et il mettait toujours ça sur le compte du voyage. Mais à part en transplanant, en utilisant un Portoloin ou la poudre de cheminette, comment pourrait-il aller et revenir aussi vite, quand on sait qu'il habite à Newcastle ? En plus, ces modes de déplacement sont impossibles dans l'enceinte de Poudlard, on nous l'a assez répété. »
Peter étouffa une exclamation : il était à présent sûr et certain que Sirius avait raison. Quant à James, il ôta ses lunettes et se frotta l'arrête du nez, signe d'une intense réflexion au sujet d'une décision importante. Durant plusieurs minutes, il resta là, le coude sur la table et les doigts pressés entre ses sourcils ni Sirius, ni Peter n'osa prononcer quoi que ce soit, au risque de l'interrompre.
Sans avoir jamais été désigné officiellement comme tel, James était le chef de leur petit groupe. Dès leurs premières réunions, cela avait paru évident : si naturel, même, qu'il était tout simplement inconcevable de le contester. Grâce à son tempérament de meneur, sa force de caractère, son assurance et l'amitié qu'il inspirait, cette place lui avait été assignée sans que personne n'ait eu besoin de le préciser clairement. Pour l'exécution d'une farce qui les concernait tous les quatre, la prise d'une grande décision ou simplement l'alibi qu'ils allaient fournir à McGonagall le lendemain, ils discutaient avec James et ils attendaient son avis, qui jusqu'à présent avait toujours été clair et juste.
Alors, lorsqu'il remit ses lunettes devant ses yeux d'onyx, passa une main dans ses cheveux de jais éternellement en bataille et ouvrit les lèvres pour parler, Sirius se sentit tout à coup fébrile : James allait-il le croire ou le prendre pour un fou ?
« Bien. Je ne peux dénier aucune de tes paroles, annonça-t-il. Dans ce cas, je dois avouer que tu as très probablement raison : Remus est un loup-garou.
- Tu vois bien, soupira Sirius. Jamais je ne vous mentirais à propos d'un truc comme ça.
- Mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Peter.
- Il vaut mieux se taire et attendre que Remus nous l'avoue de lui-même, dit James, et il but une gorgée de jus de citrouille.
- Quoi ? s'exclama Sirius. Tu rigoles ?
- Non, pas du tout.
- Mais c'est trop important ! Tu veux vraiment qu'on reste là, bien sagement, à jouer les ignorants jusqu'à ce qu'il se décide ?
- Précisément.
- James, tu ne comprends pas ? C'est quelque chose qu'on ne peut pas garder pour nous-même ! Je ne pourrais jamais le regarder dans les yeux en ayant ce doute !
- C'est vrai, si Remus est un loup-garou, il vaudrait mieux ne pas le pousser à bout, souffla Peter, l'air effrayé.
- Ce n'est pas ça que je voulais dire ! Simplement, je dois être sûr de la situation si je veux savoir comment agir face à ça. Je saurai mieux quoi dire et quoi faire lorsqu'il m'aura dit en face s'il est un loup-garou ou non, et… »
Une voix, reconnaissable entre toutes, l'interrompit :
« Oh mon Dieu ! »
Elle venait de la gauche de Sirius. Ce n'était guère plus qu'un souffle, qu'une exclamation étouffée par l'émotion, mais il la perçut aussi nettement qu'une lame tranchant les ténèbres. Il entendit alors le bruit de verre qui se brise et de pas précipités vers la sortie. Il sortit de sa paralysie juste à temps pour apercevoir la silhouette mince d'un garçon au cheveux châtains clairs qui disparaissait derrière les grandes portes de chêne.
« Remus ! » s'écria-t-il, mais il était trop tard. Il se tourna vers James et Peter, l'air désemparé. « Par Merlin, il a tout entendu ! Je dois aller lui dire que je… tout lui expliquer et… oh seigneur… »
Il passa une main dans ses cheveux, puis jeta un coup d'œil à James qui acquiesça doucement de la tête, l'air grave. Alors, sans plus attendre, il se leva, enjamba les débris du verre que Remus avait laissé s'échapper, et courut à sa suite.
*
Après avoir demandé son chemin à plusieurs tableaux, dont celui de la Grosse Dame à laquelle il dut faire maints compliments, il apprit que Remus était remonté directement dans les dortoirs.
Il monta doucement les escaliers, vers la porte de leur dortoir qui était restée entrouverte. Il entra silencieusement, mais il lui semblait que les battements de son cœur faisaient un vacarme de tous les diables.
Il ne savait pas à quoi s'attendre, il n'avait jamais été confronté à une situation aussi critique. Lui, Sirius Black, ressentait à présent la fameuse peur qui vous nouait l'estomac, vous rendait la bouche sèche et empêchait toute pensée cohérente d'effleurer votre esprit. Devant lui, il n'y avait que trois possibilités : Remus n'était pas un loup-garou, donc il pourrait faire passer ça pour une blague – mais c'était peu probable Remus était bien un loup-garou et prendrait tout ça à la rigolade – non, ce serait plutôt le cas de Sirius Remus était bien un loup-garou et il commencerait à se replier sur lui-même, par crainte de ce qu'ils allaient en penser. Voilà qui paraissait réaliste, mais comment s'en sortir sans dommages ?
Il referma la porte derrière lui et se tourna vers le lit de Remus, le souffle en suspens. Il était assis là, le dos appuyé contre le dossier de bois, à peine rendu confortable par un oreiller écrasé. Il avait replié les jambes contre son torse, passé les bras autour de ses genoux et y avait enfoui son visage. Ses cheveux aux reflets dorés scintillaient sur le tissu noir de sa robe de sorcier.
Sirius s'approcha lentement et il remarqua que le garçon tremblait légèrement. Il ne dit pas un mot, s'agenouilla avec précaution sur le lit, juste en face de lui sous leurs poids conjugués, le matelas forma un creux qui semblait vouloir les envelopper tous les deux.
Il n'y avait personne d'autre. Seulement les fenêtres à petits carreaux derrière lesquelles la nuit se dessinait à l'encre de Chine, les quatre autres lits vides aux rideaux ouverts, le plancher recouvert d'une imposante moquette bordeaux et ce secret qui planait comme un voile au-dessus d'eux.
« Remus » souffla Sirius de la voix la plus douce qui fût.
Alors Remus releva la tête, comme s'il venait tout juste de s'apercevoir que quelqu'un était avec lui. Sirius vit d'abord les yeux dorés, puis la courbe délicate du nez, et enfin les lèvres pâles. Les cheveux clairs glissèrent en mèches lisses et soyeux autour de l'ovale diaphane de son visage, lui donnant l'air d'une créature surnaturelle – ce qu'il était en vérité, songea Sirius. Il sembla vouloir dire quelque chose, mais les mots ne franchissaient pas sa bouche légèrement entrouverte.
« Remus… je… je suppose que tu nous a entendu, tout à l'heure. »
Il obtint un hochement de tête silencieux.
« Écoute, surtout ne commence pas à penser que nous ne sommes plus tes amis parce que tu es… tu es un peu différent. Ca n'a rien à voir. Nous voulons seulement pouvoir être là pour t'aider quand tu en as besoin, et savoir quoi faire quant à ta situation, parce que nous devons l'avouer, nous ne savons pas trop comment nous comporter face à ça. »
Nouvel acquiescement muet.
« Remus, je veux que tu saches que James, Peter et moi sommes tes amis, et nous le resterons toujours. Ce n'est pas parce que nous avons découvert ça que ça va changer, ou si ça change, ce ne sera pas pour te faire du mal ou t'écarter de nous. »
Sirius frissonna. Il avança sa main et la posa doucement sur celle de Remus sa peau était chaude et il tremblait. Il plongea son regard dans celui aux pupilles en amandes et à l'iris doré et ne le quitta plus. Il lui semblait qu'il se perdait dans les profondeurs ambrées, dans la désillusion et l'espoir mêlés, dans leur expression si intense qu'elle nouait quelque chose au fond de lui.
« Fais-moi confiance, dit Sirius d'une voix vibrante. Es-tu, oui ou non, un loup-garou ? »
La question en elle-même n'était pas nécessaire. Mais tout ce qui se dissimulait derrière elle et la réponse qu'allait lui donner Remus était vital.
Sirius appuya doucement les mains sur les poignets de Remus et laissa ses doigts caresser la peau de soie pâle. Ils se fixaient l'un et l'autre comme s'ils ne s'étaient jamais vus avant, comme s'ils venaient juste de découvrir les lignes de leurs visages, les courbes de leurs silhouettes, les émotions qui les enveloppaient en retenant leur souffle dans l'attente de la réponse. Puis, Remus dégagea lentement ses poignets de l'étreinte légère.
Et il glissa ses mains dans celles de Sirius.
« Oui. »
Ce mot n'avait été guère plus qu'un souffle, qu'une minuscule distorsion de l'air entre eux. Et pourtant, il leur semblait qu'aucun autre mot n'avait jamais été plus important, plus porteur de sens que ce simple mot de trois lettres. Sirius se pencha un peu vers Remus, les yeux brillants de quelque chose d'indéfini et de profond, quelque chose qui se traduit par un sourire comme il n'en avait jamais fait avant et que seuls eux deux pouvaient comprendre. Un sourire qui parlait de peur et d'amitié, d'inconnu et de savoir, de secrets et de compréhension, un sourire qui parlait d'eux.
« Ravi de te compter parmi nous, Remus, murmura-t-il. Si tu as envie d'aller te balader dans les bois, dis-le nous, on t'accompagnera. »
C'était tout ce qu'il fallait dire. Remus se jeta dans ses bras, passa les mains derrière sa nuque et glissa le bout de ses doigts dans la masse éthérées des cheveux d'ébène si familiers. Il posa son visage au creux de son épaule, respirant l'odeur chaude et épicée de Sirius, une odeur qui lui rappelait les nuits d'été. Sirius enlaça sa taille et agrippa le tissu sombre de sa robe, écartant les genoux pour le tenir encore plus près et sentir la fraîcheur de ses cheveux, semblable aux feuilles dorées de l'automne. Les feuilles d'automne qui s'envolaient dans la nuit d'été, l'ébène mêlée au bois de rose…
« Sirius ? Remus ? »
Ils reconnurent tous deux la voix de James, et Peter se trouvait sans aucun doute derrière lui. Ils se détachèrent lentement et Sirius leva des yeux où la couleur bleue n'avaient jamais été plus prononcée.
« On n'attendait plus que vous, dit-il. Notre ami, que nous croyions si sage et calme, est en réalité un jeune loup fougueux. »
James accueillit la plaisanterie par un sourire immense, teinté de soulagement et d'amitié chaleureuse. Mais avant qu'il n'ait pu répondre, Remus releva le visage et lança, avec un petit sourire :
« Ce qui n'est pas pire que le chien fou à la fourrure noire que nous essayons désespérément de dresser depuis notre entrée à Poudlard. »
Après un silence étonné, les quatre adolescents éclatèrent de rire. Décidément, il faudrait bien plus que le fait d'être une créature magique pour briser les liens du petit groupe.
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- A suivre -
Et voilà, déjà deux chapitres sur six ! Actuellement, je suis en train de rédiger le chapitre quatre, et ça fait deux jours que je me casse les dents sur une certaine scène ! Je pensais n'envoyer le chapitre deux qu'après la fin de la rédaction du chapitre trois, mais étant donné qu'il me faudra encore quelques jours pour le terminer, je n'ai pas voulu vous faire trop attendre. Par contre, le chapitre trois n'arrivera pas avant que je n'aie vaincu le chapitre quatre ! Allez, je prends mon courage à deux mains et j'y retourne…
Bisous à tous ceux qui sont arrivés là et qui écoutent mes petits problèmes ! Et surtout, qui ont réussi à suivre mon petit discours… Lol !
