Titre : La nouvelle épopée

Auteur : Chris

Genre : dans le futur, angst

Source : Saint Seya

La nouvelle épopée

Chapitre 2

D'un claquement de doigts, les dix torches délimitant la pièce ronde s'enflammèrent en même temps. A la suite l'un de l'autre, quatre personnages à la noire allure y pénétrèrent.

Le plus petit s'installa au centre sur un siège au dossier effilé.

Ce dernier était d'un ébène rare, son vernis reflétant plus encore la lumière des flambeaux. Les autres restèrent debout à côté du trône.

" Allons, mes amis… Souriez, " invita le petit homme.

Le massif de la troupe se rembrunit un peu plus pendant que la jeune femme à sa droite esquissait un vague sourire. Le troisième, un homme robuste à la barbe aussi sombre que son armure, essayait tant bien que mal de cacher son inquiétude.

" Qu'y a-t-il donc Moëvius ? " demanda le nabot.

" Rien, voyons… " dit l'armoire à glace avant de serrer les dents derrière un sourire crispé.

" Vous me foutez le cafard… Bande d'imbéciles, que croyez-vous qu'il puisse nous arriver en ces murs ? " tempêta-t-il en se levant.

Les intéressés restèrent sans mot.

En effet, qu'avaient-ils à craindre ? Le Grand Pope avait été écarté et les derniers chevaliers trop curieux seraient bientôt un vieux souvenir.

" Fou Noir… Calme-toi et essaie de nous comprendre… " intervint sa fiancée, la Reine Noire.

" Vacilia, c'est ce que je fais ! " ajouta-t-il plus nerveusement. " Galémont, explique-lui je t'en prie, " finit-il par dire avant de se détourner d'eux pour regarder une mer obscure et calme.

Il venait ainsi de s'adresser au chevalier à la barbe noire mais celui-ci partageait les sentiments de ses compagnons.

" Artyrion, je dois t'avouer que je ne suis pas tout à fait tranquille… Notre position est assez incertaine et dépend de beaucoup trop d'inconnues, " exposa-t-il d'un ton direct.

Le nouveau maître de l'Echiquier affronta avec férocité les incertitudes de ses amis.

" Qu'est-ce que tu dis ? " As-tu déjà oublié le chemin parcouru ? " cria-t-il.

Le Roi Noir sentit des sueurs froides couler dans le dos, réalisant qu'il venait de contrarier leur chef.

" Galémont… " insista leur nouveau maître.

Le Roi ne savait pas quoi argumenter. Un silence tomba alors sur les quatre guerriers qu'Artyrion brisa soudainement.

" Je vois… Alors, selon vous, le fait de sortir de cette foutue dimension était une erreur… Selon vous, démettre la personne responsable de notre déchéance en était une aussi… Selon vous encore, reprendre notre juste place dans l'organisation de cet Ordre l'était tout autant… "

Il laissa quelques secondes aux autres pour observer l'effet que ses paroles allaient avoir sur eux.

" Si c'est la réplique d'Athéna et de ses prétendus protecteurs qui vous fait peur, n'ayez aucune crainte. Elle est trop préoccupée par d'autres soucis plus divins… " assura le Fou Noir.

" Nous ne connaissons pas ses gardiens… Et cette ignorance peut porter préjudice à nos plans, " répliqua un Moëvius soudain sorti de sa torpeur.

" Ne t'inquiète pas mon gros. Ils ne seront pas un obstacle pour bien longtemps, " intervint une voix.

Le chevalier de la Tour Noire se retourna et découvrit un jeune homme à l'armure aussi éclatante qu'une étoile à son firmament.

" Stella ? Que fais-tu ici ? " s'insurgea l'imposant guerrier.

" Je vous annonce que le Cavalier Blanc n'est plus, vive le Cavalier Blanc, " annonça-t-il triomphalement.

" Comment un minus de ton genre est-il venu à bout d'un des plus puissants représentants de l'Ordre ? " fit Galémont.

" C'est tout simple… Les dignes défenseurs d'Athéna ne sont plus du tout ce qu'ils étaient, " ironisa-t-il.

" Ne te moque pas de nous. Yrtarion n'avait rien perdu de sa superbe, " renchérit Vacilia.

" Allons, ma belle… c'était le prima de l'Echiquier… Il ne pouvait pas se permettre de perdre la main. Ce ne fut pas le cas de son subalterne. Il s'est laissé glisser sur la mauvaise pente, pensant les mauvais jours derrière lui. Votre prise de pouvoir n'en sera que plus aisée, faites-moi confiance. "

" Mais les autres ? " s'inquiéta Moëvius.

" Ces gamins de bronze ? Ne me dis pas que tu te tracasses de ces punaises ? Nous aurons vite fait de nous en débarrasser, " se moqua-t-il.

" Ta trop grande confiance causera ta perte. Mais je l'apprécie, " trancha Artyrion.

Le jeune homme fixa son interlocuteur, un large sourire lui fendant le visage.

" Ecoute, grand frère… Je croyais que toi et tes amis aviez un vif ressentiment envers cette bande de courtisans avachis. "

" Et c'est bien pour cette raison que je suis de retour ! Pour leur faire payer l'affront qu'ils m'ont fait subir ! Je veux les voir ramper et me lécher les bottes ! " avoua ledit grand frère.

" Tu pourras bientôt savourer ta victoire à l'occasion de la nouvelle séance, " assura le chevalier de l'Etoile.

" Oui ! " conclut le Fou Noir avant de partir dans un fou rire machiavélique.

***

" Bjorg ? Qu'y a-t-il ? " demanda Yasmine.

" Rien, ma chérie… " répondit ce dernier.

L'expression de son visage trahissait ses paroles. Il était clair que depuis le départ des quatre chevaliers d'or le jeune homme vivait mal la situation.

" Je vois bien que quelque chose te tracasse… " fit-elle avant de se rapprocher de ce corps.

Son torse nu et imberbe était sculpté de la manière la plus fine. Elle glissa ses mains expertes sur les larges épaules et y appliqua ses paumes avec lenteur. Bjorg appréciait que ces doigts frôlent sa peau. Le contact l'électrisait tout entier. Progressivement, les muscles autrefois tendus se dénouèrent et il se laissa filer le long de cette sensualité toute naturelle.

" Vas-y… raconte-moi… " souffla-t-elle.

Le Cygne sentit les mots couler en dehors de sa bouche comme du miel.

" J'ai peur de ce qui va nous arriver. J'ai eu l'impression que la tâche qu'on nous a confié était irréalisable. "

" Ôte-toi ces idées de la tête. Nous sommes des chevaliers, des surhumains… Rien ne peut nous battre, Athéna y veillera. "

" Peut-être mais nous n'avons pas la moitié des pouvoirs de nos adversaires. Comment allons-nous rivaliser s'ils nous attaquent ? " s'inquiéta-t-il.

" Pourquoi le feraient-ils ? Ils ne savent pas que nous avons quitté la région de Jamir. Ils devront faire beaucoup d'efforts pour nous retrouver et nous aurons ainsi le temps de nous préparer, " ajouta la charmante maghrébine.

Pendant ce temps, les mains de Yasmine se perdaient sur ce buste, ses lèvres s'abandonnant aussi par endroit. Bjorg, assis sur le rebord du lit, se retourna et la prit dans ses bras après l'avoir renversée sur les draps de satin blanc.

" Comment ferais-je sans toi ? " questionna-t-il avant de lier sa langue à la sienne au fond de sa gorge.

Andromède portait un petit gilet de soie rouge sous lequel un ravissant string recouvrait son intimité. Ces artifices furent rapidement enlevés par la technique experte de son amant. Les deux corps fusionnèrent ensuite dans des éclats de voix.

Au fil de leurs ébats, un voisin de chambre tambourina sèchement contre la paroi.

" EH OH ! Ca va aller, oui ? Y a des gens qui essaient de dormir ! " vociféra Yoshitaka.

" T'inquiète pas mon mignon ! Un jour ça t'arrivera certainement. " dit une Malicia en rajoutant un clin d'œil complice.

Le petit japonais n'osa pas répliquer et se recoucha aussi vite. Le corps musclé du Phoenix n'était pas contre ses goûts, mais c'était… une femme !

Il rêvait de s'allonger tout contre la personne qu'il aimait mais celle-ci était déjà étendue entre les jambes d'une autre.

Aux premières lueurs de l'aube, les quatre amis se séparèrent. Chacun devait retourner sur leurs lieux d'entraînement afin de se perfectionner et de pouvoir affronter leurs supérieurs.

***

Au cœur des montagnes chinoises, le calme règnait en maître…

Soudain, la terre se mit étrangement à trembler, un geyser immense défigura le paysage et un bruit assourdissant remplit les vallées.

Au pied d'une falaise, des tonnes d'eau tombaient en fines gouttes. Un jeune homme quittait les lieux avant de voir le torrent reprendre sa place. Il rejoignit les bords de la rivière et s'essuya.

" Je vois que tu t'entraînes vachement sérieusement, " déclara une petite fille au chevalier de bronze.

" Oui ! La Colère du Dragon est une arme terrible mais il me faut la parfaire ! "

" Tiens ! " offrit la Chinoise.

Elle lui tendit un sandwich et une tasse de thé fumant. Fong-Li les récupéra avec un large sourire que la fillette lui rendit.

Elle s'appelait Yumé. Elle avait sept ans à peine. Elle était jolie avec ses nattes et ses joues rougies par le soleil. Elle était la cousine de Fong-Li.

Le jour où il avait du partir pour suivre sa formation, il en avait hérité. Elle l'avait alors accompagné et le maître l'avait acceptée pour s'occuper de la maison. Excepté son âge, la petite faisait très garçon manqué et n'hésitait pas à participer à l'entraînement de son cousin. Ils se dirigeaient maintenant vers la maison de leur professeur.

" Fu-Lang ! On est là ! " cria Fong-Li.

N'obtenant pas de réponse, les deux enfants entrèrent dans la salle commune. Personne…

" Mais où est encore passé le furoncle ? " demanda le Dragon.

" Ah oui… il m'a demandé de te dire qu'il serait absent durant plusieurs jours, " intervint-elle.

" ais pourquoi ? "

" l m'a expliqué qu'il devait se recueillir au cœur des forêts de bambous… ou quelque chose dans le genre, "fut l réponse énigmatique de sa cousine.

" on, c'est pas tout ça, je vais chercher du bois… "prévint-il.

Alors qu'il allait franchir le pas de la porte, des inconnus aux vêtements bigarrés encerclèrent la bâtisse. Celui qui semblait être leur chef s'adressa au chevalier du Dragon.

" 'est toi Fong-Li ? "ouffla-t-il d'une haleine pestilentielle.

L'odeur fit reculer l'intéressé qui se couvrit tant bien que mal le visage tellement l'odeur était pénétrante.

" Oui… " fit-il le nez pincé.

" Nous avons ordre de te tuer. Allons-y ! " invita l'homme.

Alors qu'ils se lançaient tous à l'assaut de la maison, Fong-li fit appel à sa moto.

" Dragoon125, transforme-toi et viens à moi. "

La machine se décomposa et vint recouvrir le corps de son propriétaire. Un premier adversaire l'attaquait déjà mais sa tentative fut avortée grâce au fameux bouclier du Dragon.

Le bras de Fong-Li, lui, ne trembla pas et envoya son vis-à-vis rejoindre ses ancêtres.

Les autres soldats dévastaient déjà l'intérieur de la demeure quand il décida de les emporter loin de là. Il sortit précipitamment leur criant qu'il les attendait.

Les quatre hommes rejoignirent alors le toit de l'immeuble, Yumé dans les bras de leur leader.

" Viens la chercher, sinon c'est son cœur qu'on prendra comme trophée ! " prévint le chef.

" Lâches ! Laissez-la partir, elle n'a rien à voir dans cette histoire ! "

" Bien, puisque tu t'obstines à ne pas te rendre… On y va les gars. "

Les agresseurs firent mine de partir mais Fong-Li fit appel au pouvoir de la Colère du Dragon et en descendit un deuxième.

Leur chef ordonna aux deux restant de protéger ses arrières, ce qu'ils essayèrent. Celui-ci fonçait déjà à travers les fourrés quand le chevalier de bronze anéantit sans autre formule ces deux malheureux.

Malgré la vivacité du fuyard, Fong-Li n'eut aucun mal à le rattraper. Arrivés tous les trois à l'orée du bois ils s'arrêtèrent et le kidnappeur se décida à affronter son poursuivant.

Il déposa son butin au pied d'un arbre et fit face.

" Alors comme ça, on ne veut pas lâcher prise… " testa-t-il.

" Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ? " interrogea le chevalier du Dragon.

" On me nomme Kartas de l'As de Cœur, Soldat de l'Echiquier. "

" Pourquoi m'avoir attaqué ? " poursuivit le guerrier d'Athéna.

L'autre se mit à rire.

" Crois-tu que c'est toi que nous chassons ? " précisa-t-il.

Il se lança alors sur son adversaire, bien décidé à l'envoyer en enfer.

Il est fort ! Très fort ! Plus fort que ses comparses ! songea Fong-Li.

Au profit d'une faille, le Dragon put s'esquiver et ainsi ne plus souffrir des assauts du Soldat de l'Echiquier.

" Bien, je vois que ton bouclier n'a pas perdu de son efficacité ! " réalisa Kartas avant de jauger une nouvelle fois son opposant.

" Et je vais te montrer que son point non plus… Par la Colère du Dragon ! "

L'attaque fusa mais la personne visée l'esquiva avec une facilité déconcertante, comme s'il en connaissait les secrets.

" Quoi ? Mais comment est-ce possible ? " fit un Fong-Li médusé.

" Ton coup est trop lent pour un chevalier d'Argent ! " simplifia son rival.

" Un quoi… " interpella l'autre.

" Je ne suis pas là pour te faire un cours sur les niveaux de chevalerie mais pour accomplir une mission, " répliqua l'intéressé. " Et je vais en finir avec toi rapidement… Par la Flèche de Cupidon ! "

Une nuée de traits rosés frappèrent successivement le pauvre chevalier de bronze. Ceux-ci le propulsèrent quelques mètres plus loin, lui faisant brouter l'herbe grasse.

Il se releva péniblement mais était toujours vivant.

" Je vois… Tu n'abandonneras pas si vite… C'est mieux ainsi, je ne voulais pas d'une victoire trop aisée. On n'en retire jamais de gloire. "

" Par la Colère du Dragon ! "

Sans rien de plus, Fong-Li avait de nouveau tenté sa chance. Cette fois, quelque chose en lui s'était éveillé, une pâleur verte avait commencé à l'auréoler.

Par la même occasion, son assaut avait porté plus de fruits que tout à l'heure. Il venait de heurter le plastron de son ennemi.

Ce dernier, à part une légère douleur aux côtes, ne ressentit rien de particulier et son intégrité physique avait été sauvegardée par son armure.

" Vos pouvoirs évoluent d'une manière inquiétante… Il va falloir vous surveiller d'une façon plus appropriée si on veut que notre plan fonctionne ! " ajouta le soldat.

Il se mit à fixer le Dragon et à rassembler ses forces. Le chevalier d'Athéna fit de même, comme si quelqu'un ou quelque chose l'invitait à se concentrer.

La lueur de tout à l'heure réapparut, plus vive encore. Celle-ci s'amplifiait au fur et à mesure que ses pensées se regroupaient toutes sur le représentant de l'Echiquier.

Lorsque les deux énergies atteignirent leur plus haut niveau, ils se lancèrent une fois de plus l'un sur l'autre.

Au moment où Fong-Li allait déclencher la Colère du Dragon, un surplus de détermination, venu du plus profond de son être, submergea son corps et celui de son adversaire

Ce dernier s'écroula ensuite dans une immense gerbe de sang et l'armure en miette et fumante.

Jamais ils n'auraient cru possible que cette technique soit si puissante.

Peu après, le jeune homme, remis de ces émotions, rejoignit sa cousine encore inconsciente.

" Hého ! Réveille-toi ! " lui dit-il tout en lui tapotant sur la joue.

La fillette entrouvrit difficilement les yeux.

" Que s'est-il passé ? Où sommes-nous ? " lui demanda-t-elle.

" Nous avons été victimes des nouveaux maîtres du Sanctuaire. Je savais que j'aurais du suivre le conseil de Fu-Lang et te renvoyer chez ma mère. "

" Qui nous a attaqués ? " persévéra-t-elle.

" Je n'ai pas tous les éléments mais il est temps que nous nous chargions de cette affaire, " fit-il cérémonieusement.

" Je crois aussi… " soupira une petite voix derrière eux.

" Qui va là ? " intervint Fong-Li après s'être retourné et mis en garde.

" Ce n'est que moi, modère donc tes ardeurs… " invita un nain aux habits verts et crasseux.

Son corps ramassé paraissait jeune, seule son intonation cassée lui donnait plus que son âge réel.

" Oh ! Veuillez excuser ma tempétueuse attitude ! " implora le chevalier de bronze avant d'effectuer une révérence.

" Elle est toute naturelle et de ton âge… " admit son maître. " Si mes rhumatismes avaient pris jour plus tard, j'en aurais fait tout autant ! " fit-il songeur au temps béni de son adolescence.

Il se revit alors gambader comme à ses treize ans, moment qu'il choisit pour traverser une barrière de sécurité le long d'un chemin escarpé. Il s'était ensuite écrasé au fond du ravin où on l'avait retrouvé mal au point et inconscient quelques heures plus tard.

Depuis, il souffrait d'arthrose dans les jambes et avait cessé de grandir.

Voilà donc prêt de trente ans qu'il traînait ces vilaines blessures du passé et ses occasions de sourire étaient rares.

" Ca va, maître ? " tenta son disciple.

Yumé s'était approchée et lui passa la main devant les orbites gonflées.

" Laisse tomber Fong… Il est encore parti dans ses rêves… " railla-t-elle.

" Oui, j'en ai bien peur, " finit-il par remarquer. " On rentre ? " ajouta-t-il.

Un simple hochement de la tête de la petite fille l'assura sur l'issue des retrouvailles.

Le soleil se coucha et le hululement d'une chouette perçait maintenant la nuit d'encre alors que les deux jeunes gens n'avaient toujours aucune nouvelle de leur maître.

***

A des centaines de lieux de là, un autre jeune homme s'afférait à s'améliorer.

" Concentre-toi d'avantage ! " s'énerva Camus. " Je ne suis pas Mû, moi. Je ne te lâcherai pas tant que tu n'arriveras pas à maîtriser ce maudit septième sens ! "

L'incriminé s'époumonait à réaliser chaque exercice imposé par ses enseignants. Mais il se posait parfois la question de l'utilité de l'un ou l'autre.

En effet, qu'apprenait-il en faisant la plonge après que les deux anciens chevaliers d'or l'aient abandonné dans un restaurant sans avoir payé, Mu poussé dehors par le français ?

Ou encore, pourquoi était-ce lui qui était chargé de faire toutes les tâches ingrates à la maison ?

Il commençait à se rendre compte qu'ils se jouaient de lui. Malgré tout, il fallait admettre que sa puissance et son cosmos avaient atteint des niveaux jamais égalés.

" Si tu veux ridiculiser ton rival, investis-toi un peu plus… C'est mou tout ça ! " cria l'homme aux cheveux bleus.

Le Cavalier Blanc persévéra à frapper les vagues comme un fou. Alors qu'il y a une semaine il les perçait à peine, il les explosait aisément maintenant.

" Alors ? Comment va notre ami ? " demanda Mû au Verseau.

" Ca avance péniblement mais sûrement. A ce rythme, il sera quand même prêt… " développa ce dernier.

" Au fait, on te demande au visiophone, " ajouta le Bélier.

" Qui ça ? " fit Camus laconiquement.

" Ta fiancée, " siffla son ami.

" Encore ? " s'insurgea l'homme. " Je l'ai quittée hier soir, c'est-à-dire il y a moins de vingt-quatre heures. "

" Je n'y suis pour rien… Je t'ai toujours dit qu'elle était possessive, mais tu n'as pas voulu m'écouter. "

Le Verseau quitta son compagnon en maugréant.

L'autre chevalier porta son attention sur la position des jambes d'Ashkar. Il allait lui conseiller de porter tout son poids sur celle de gauche avant de porter son coup lorsqu'une voix lui brûla la politesse.

" Eh ! Qu'est-ce que vous foutez ? Vous faites fuir les poissons ! "

Mû leva la tête et découvrit un jeune corps glabre et noirci par le soleil.

Les cheveux aux reflets bleutés coupés plus court que ceux de son colocataire rehaussaient la profondeur abyssale de ses yeux.

Death Mask ne portait qu'une petite chemise beige aux manches coupées aux épaules. Un simple pantalon de toile de la même couleur recouvrait des membres fins.

Il sourit largement à la vue de l'homme aux cheveux mauves.

Ce dernier sentit ses joues rosir et la température monter subitement. Il tenta de masquer son trouble mais il ne put le cacher très longtemps, l'ancien chevalier d'or du Cancer s'étant anormalement rapproché de lui.

" Eh bien ! On se cache des copains maintenant ? " questionna-t-il en se penchant un peu plus vers lui.

" Non, voyons… " répondit l'autre toujours autant dérangé par l'attitude envahissante de DM.

" Je t'avais invité à un tête-à-tête et tu as décliné. Que dois-je en penser Mû ? " fit-il après s'être étrangement désintéressé de sa proie.

Le Bélier ne donna pas suite à la question, encore perturbé par tout ce qui venait de suivre.

Il le scruta néanmoins, se rendant compte que son camarade portait toute son attention sur Ashkar.

" Qu'êtes-vous en train de faire ? " demanda le Cancer.

" Quoi ? Lui ? On essaie de lui rendre ses pouvoirs… "

" Je croyais que nous n'avions plus le droit d'intervenir. C'est ce que Charron nous avait expliqué, non ? " interrompit l'ancien chevalier d'or.

" Nous ne faisons rien de mal, DM. Je me suis dit que… "

" Que quoi ? Imbécile, tu veux nous renvoyer d'où on vient ? En tout cas, ne compte pas sur moi pour vous porter assistance si les Dieux décident d'empêcher ce que vous êtes en train de manigancer dans leur dos, " éclata-t-il.

" Oh ! Couché le Crabe. Nous contrôlons la situation… " intervint Camus.

" Tiens, cela m'étonnait de ne pas trouver le cochon de Saint Antoine à ses côtés… " riposta DM.

" Tu as laissé tes moutons tout seuls ? Tu n'as pas peur qu'ils s'enfuient ? " s'inquiéta sarcastiquement le Verseau.

" Aldébaran est assez grand pour s'en occuper tout seul ! " répondit-il.

" DM ! " s'offusqua Mû. " Pourquoi as-tu donné le nom d'un de nos amis à ton chien de troupeau ? "

" Ne fais pas ta bêcheuse, veux-tu… " le reclappa-t-il.

L'intéressé ne reprit pas, vexé par la réplique cinglante de son "ami". Juste au moment où il s'autorisait à…

" Qu'est-ce qu'il se passe ? "

Ashkar vint perturber les retrouvailles entre les trois anciens chevaliers. Le guerrier de l'Echiquier se présenta et fit ainsi la connaissance du Cancer.

Il remontèrent ensuite en direction de la maison des Bélier et Verseau.

" Ah ! Alors vous aussi vous faisiez partie de la garde rapprochée de notre déesse… " admira-t-il.

" Eh oui, gamin! J'étais l'un des plus redoutés de la bande… " précisa DM.

" Oui… par les fantômes qu'il croisait prêt du Puits des Ames… " ricana l'autre aux cheveux bleus.

La dernière réplique de Camus avait éveillé un certain agacement chez son compagnon. Mais il réussit à se contenir car il se tracassait de savoir où était passé Mû.

" Il a préféré ne pas rester à tes côtés, voilà tout ! " cingla le Verseau.

Masque de Mort ignora une dernière fois les remarques de ce dernier et sortit rejoindre le jeune homme resté près de la falaise.

" Joli couché de soleil, tu ne trouves pas ? " tenta-t-il.

L'ancien chevalier du Bélier lui tournait le dos, les jambes relevées sur le caillou. Il fixait l'astre du jour plonger lentement au fin fond de cette immensité. Son regard était in habituellement vide et égaré.

" A quoi penses-tu ? " demanda le Cancer.

" A quoi veux-tu que je songe ? " répondit sèchement l'intéressé.

" A eux, n'est-ce pas ? "

Mû resta silencieux, certainement envahi par ses souvenirs.

Comment avait-il pu oublier les jours bénis où, les douze chevaliers enfin rassemblés, coulaient ensemble des jours paradisiaques sur cette île.

Et puis, un jour, un être bizarre était arrivé dont on ne sait où. Il avait commencé à les amadouer en leur racontant mille et une histoires.

Ensuite, il s'était mis à tuer les chevaliers les uns après les autres.

Mû, Camus et DM avaient été les seuls à s'échapper en empruntant un chemin interdit et débouchant sur le Styx.

Là, Charon les avait pris sur sa barque et leur avait ouvert les portes, leur offrant la liberté par la même occasion.

Les trois guerriers n'avaient alors pas demandé leur reste et étaient passés de l'autre côté.

Une fois en sûreté, ils s'étaient retrouvés devant la Maison du Bélier, la mémoire vide des évènements précédents.

Ils avaient repris une vie normale jusqu'au jour où ces hommes étaient venus essayer de leur reprendre la vie à laquelle il vouait la plus grande importance.

Depuis, le passé ressurgissait à chaque tournant, au moindre grain de poussière qui se soulevait.

" Tu ne devrais plus t'en tracasser Mû… C'est déjà loin… " expliqua DM.

" Je sais mais je suis sûr que, quelque part, ils sont toujours vivants. Rappelle-toi, Hadès et Athéna nous avaient assuré l'immortalité. Jua doit les avoir endormis et cachés dans un endroit que nous n'avions pas exploré… Je suis certain qu'un jour nous serons une nouvelle fois réunis, " dit-il avec une conviction inébranlable.

" Je veux bien concevoir que tu en rêves mais tu sais comme moi que nous avons découvert les corps de Shura et d'Ayolos en sang. Les autres avaient déjà disparu et Jua était sur nos traces lorsqu'on a franchi la barrière. Nous n'avons pas eu la chance de poursuivre nos recherches sinon nous y passions tout autant ! " rappela le Cancer.

" Mais… " répliqua le Bélier.

" Mais quoi? Tu crois peut-être pouvoir y retourner un jour ? "

La question venait de prendre forme dans l'esprit de son propriétaire et ce dernier venait d'entrevoir les raisons pour lesquelles Mû et Camus aidaient ce Chevalier de l'Echiquier.

" Non ? Ne me dis pas que… " fit-il terrifié par l'image.

" Si… il pourrait créer une percée dimensionnelle assez grande que pour s'y infiltrer et il pourrait nous y télé porter… " insinua Mû.

" Tu es fou ? Vous n'y arriverez pas et puis qui te dit que cela servira à quelque chose. Ils sont morts ! "

Le Cancer avait insisté sur la dernière phrase espérant qu'elle ramènerait son ami sur terre. Mais celle-ci n'eut aucun effet. Il baissa alors les bras devant la foi dont son ami faisait preuve en son projet. Il allait quitter le promontoire lorsque le Bélier l'interpella.

" Tu pourrais venir avec… nous… " lança ce dernier.

DM se retourna et plongea ses yeux dans ceux de son compère avant de se détourner de lui sans rien ajouter. Il salua les deux autres et reprit la direction des pâturages.

Mû le regarda une dernière fois s'éloigner, sachant pertinemment bien qu'il reviendrait.

A suivre