Plongée dans un état de somnolence, trois coups à la porte vinrent l'en tirer.

Allongée sur le lit d'Harry, dos à celle-ci, Hermione ne bougea pas. La position fœtale dans laquelle elle se trouvait depuis plus d'une heure était tout ce qui la soulageait, et pour rien au monde elle ne l'abandonnerait.

Autour d'elle, l'air était épais, humide.

La porte s'ouvrit et la voix suave et enivrée de Pansy se fit entendre.

"Hermione, il faut que tu redescendes."

La maison était pleine, mais il fallait que ce soit elle qui franchisse cette porte. Évidemment.

"Je ne peux pas." lui souffla Hermione, le visage à demi enfoui dans l'oreiller.

Merlin, qu'elle devait faire peine à voir, ainsi recroquevillée sur le lit d'Harry.

"Et pourquoi ?"

Hermione entrouvrit la bouche pour lui répondre, mais la crampe lui tiraillant le bas du ventre se réveilla, empêchant les mots de passer ses lèvres.

Pansy continua. "Non, parce que s'il existe une excuse un tant soit peu crédible pour éviter d'assister à un énième anniversaire me rappelant que moi aussi , je vieillis, merci de m'en faire part."

Enserrant ses doigts autour des draps, Hermione lui répondit d'une voix étranglée, étouffée par l'oreiller, "Dis-leur que je suis désolée, à Harry surtout. Il comprendra."

"Potter en est à son septième mimosa et ne comprend plus rien depuis le quatrième. Apparemment, il a pour projet de passer l'année de ses vingt-six ans la langue enfoncée dans la gorge de Drago."

D'un rire lui-même empreint de plusieurs mimosas, elle se laissa tomber au bout du matelas.

Hermione inclina son visage afin de l'apercevoir. Pansy garda le sien rivé sur le ciel de lit.

Son carré était décoiffé et son rouge-à-lèvres légèrement estompé. Pansy portait toujours des rouges vibrants, osés et extravagants. Cela lui allait divinement bien ; mais nettement moins à toutes ses conquêtes, toutes ces filles qu'elle embrassait à chaque soirée passée au Delirium.

Cela ne leur allait jamais.

"Blaise et Weaslette ont disparu depuis plus d'une demi-heure." reprit Pansy. "Son cher frère vient d'ingérer le poids de leur mère et végète sur le canapé. Quant à Lovegood et Théo, ils parlent joncheruines depuis un siècle, mais cet abruti est bien trop piqué pour lui dire à quel point elle délire."

Pansy tourna la tête, plongeant ses yeux verts dans ceux d'Hermione.

"Je ne pensais pas te dire ça un jour, Hermione, mais ce brunch d'anniversaire est à chier et j'ai vraiment besoin de toi pour le rendre supportable."

Tentant vainement de contrôler cette douleur lui irradiant le bas du ventre, et peut-être un peu les battements de son cœur, Hermione inspira par le nez. "Pansy, je— je suis désolée." Avant d'expirer par la bouche. "Je ne peux pas me lever."

"Mais pourquoi ?" soupira Pansy en se tournant vers elle. Une main soutenant sa tête, elle insista d'un, "Qu'est-ce que t'as ?"

Hermione détourna les yeux avant qu'ils ne soient attirés par ce que cette nouvelle position lui dévoilait. Ainsi allongée sur le côté, la poitrine de Pansy fuyait le décolleté de sa robe d'été.

"Je— j'ai mes règles." répondit-elle, la mâchoire serrée par la douleur.

Un silence s'installa.

Un silence qu'Hermione ne put s'empêcher de combler. La présence de Pansy était une épreuve qu'elle redoutait toujours — sûrement autant qu'elle l'attendait.

"Et j'ai déjà tout essayé. Potions, sort chauffant, comprimés moldus… Rien ne fonctionne. J'ai toujours aussi mal."

Face à ce silence ne cessant de s'étirer, Hermione baissa à nouveau les yeux vers Pansy.

Cette dernière continuait de la fixer, mais là où Hermione s'attendait à trouver une moue compatissante, elle ne trouva qu'un sourire mutin.

"T'as essayé de te masturber ?"

Hermione manqua de s'étouffer.

"Pardon ?"

Pansy haussa les épaules, désinvolte. "Il n'y a que ça qui fonctionne pour moi. Un orgasme, et adieu les crampes."

Hermione secoua la tête, plus gênée que jamais. "Euh… non." Elle sentit le rouge lui monter aux joues. "Je ne peux pas, je–" Et l'aveu lui brûler les lèvres. "Je n'ai jamais–

"Eu d'orgasme ?" la coupa Pansy, un sourcil dressé.

"Si." rectifia Hermione. "Si, mais… Pas seule. Je veux dire, je ne me suis jamais… touchée."

Pansy poussa un cri mêlant horreur et surprise, et se redressa pour s'accroupir au bout du lit. "Tu n'es pas sérieuse ? Tu te fous de moi ?" Et sans attendre la moindre réponse, elle ajouta, "Hermione, tu as ce que l'Univers a fait de plus beau entre les jambes, et tu n'y as jamais touché ?"

Pour toute réponse, Hermione secoua la tête. Ginny avait plusieurs fois tenter de la convaincre d'essayer. Selon elle, il n'y avait pas meilleur moyen pour apprendre à connaître son propre corps. Ginny avait probablement raison, seulement Hermione ne ressentait pas le besoin d'explorer le sien.

Elle désirait autre chose. La chaleur d'un second.

Pansy l'observa, un sourire au bord des lèvres ; et juste avant qu'Hermione ne détourne le regard, comme à chaque fois que celui de Pansy devenait trop dur à supporter, cette dernière lança, "Laisse-moi t'aider."

Elle s'approcha d'Hermione et se laissa tomber sur le second oreiller, son visage à quelques centimètres du sien.

"Je n'ai vraiment pas envie d'y retourner. Je préfère rester ici, et t'aider."

Hermione sentit son cœur s'emballer. "… M'aider." répéta-t-elle comme un disque rayé. "Mais, m'aider à quoi ?"

"À soulager ta douleur." répliqua Pansy, de la façon la plus évidente qui soit. "Je ne te toucherai pas." précisa-t-elle, comme pour la rassurer. "Je vais juste… te guider."

Vulgaire mensonge que de ne pas reconnaître la déception qu'Hermione ressentit à ces quelques mots. Être touchée par Pansy, était-ce comme elle l'avait toujours imaginé ?

Des bribes de souvenirs vinrent envahir son esprit.

Toutes ces fois où Hermione l'avait aperçue dans l'obscurité des couloirs de Poudlard, profitant de son statut de Préfète et de son absence de couvre-feu dans les bras d'une camarade — jamais la même, se rappelait Hermione.

Toutes ces soirées au Delirium où, depuis qu'Harry et Drago ne faisaient plus qu'un, Hermione l'avait observée danser, flirter, embrasser, puis s'en aller avec une autre, lui laissant tout le loisir d'imaginer ce qui allait ensuite arriver.

Tout ce qu'elle-même aurait aimé découvrir.

Avec elle.

La gorge d'Hermione se serra. Elle ignorait depuis quand cette simple curiosité qui était sienne à Poudlard s'était transformée en une réelle attirance. Depuis quand ce béguin adolescent qu'elle n'avait jamais été capable d'admettre, était devenu plus que ça.

Hermione n'avait toujours été qu'avec des hommes. Et à vrai dire, seule Pansy éveillait en elle ce genre de pensées.

"Te guider." répéta cette dernière, arrachant Hermione à ses souvenirs. "Ou bien… te montrer."

Pansy roula sur le dos. Effleurant la peau de ses cuisses, ses doigts vinrent jouer avec l'ourlet de sa robe. "Te montrer… comment je fais."

Les mots de Pansy restèrent en suspens, coincés dans le maigre espace les séparant ; comme s'ils savaient qu'Hermione avait besoin d'un instant pour les comprendre.

Elle rêvait.

Il n'y avait pas d'autre explication.

Hermione était endormie dans le lit d'Harry — ou pleinement éveillée, mais la chaleur étouffante du Square Grimmaurd, couplée à tous ces comprimés qu'elle avait passé la matinée à avaler la faisaient halluciner.

Et pourtant, Hermione se vit hocher la tête, et de leur propre accord, ces mots passèrent la barrière de ses lèvres. "Oui. Montre-moi."

Pansy esquissa un nouveau sourire et Hermione en oublia déjà la douleur.

"Allonge-toi sur le dos, et fais exactement comme moi."

Sans attendre, Hermione lui obéit. Elle s'allongea, dépliant ses jambes qu'elle tenait encore contre sa poitrine — ses yeux toujours plongés dans ceux de Pansy.

Les prémices d'août avait couvert sa peau d'une fine pellicule de sueur. Celle-là même qui finissait toujours par l'habiller après plusieurs heures à danser au bras d'une inconnue — jamais la même, songea de nouveau Hermione.

Blonde, brune, rousse. Grande, petite. Fine, ronde. Pansy les aimait toutes. Chaque femme rencontrée semblait être son genre.

Chaque femme, sauf Hermione.

"Hermione ?" l'appela-t-elle. "Arrête de réfléchir."

Pansy remonta sa robe le long de ses cuisses, dévoilant un simple morceau de dentelle noir.

Si Hermione était perdue ; Pansy, elle, savait ce qu'elle voulait. Elle savait qui elle était, et ne fréquentait que des femmes le sachant également.

Pas celles se contentant d'observer de loin une vie qui pourrait être la leur.

D'une main tremblante mais résolue, Hermione remonta sa propre jupe ; seulement à la dentelle de Pansy, elle préférait le confort du coton.

"Je n'avais pas vraiment prévu de—

Pansy la coupa d'un claquement de langue. "Arrête. Ça te va très bien."

Un mince sourire déroba les lèvres d'Hermione, mais aussitôt une nouvelle crampe crispa ses traits et ramena Pansy à sa mission.

"Si tu dois faire vite, tu n'as besoin que d'un doigt. Tu peux l'humidifier…" Laissant sa phrase en suspens, elle amena son index entre ses lèvres. Hermione en mordit les siennes.

Il était fascinant de voir avec quelle facilité Pansy transpirait la séduction. Dans tout ce qu'elle faisait. À sa façon d'attraper le verre que vous lui tendiez. À sa manière d'y tremper les lèvres tout en continuant de vous regarder. À celle d'essuyer une goutte au coin de sa bouche lorsque vous envisagiez de vous en détourner.

Et là, à sa façon de sucer son doigt tout en y enroulant sa langue.

À sa façon de l'en sortir tout aussi délicatement.

"… Mais toi tu n'en as pas besoin." reprit-elle. "Le sang est un excellent lubrifiant."

La main de Pansy et son doigt humide disparurent sous la dentelle, et un premier soupir passa ses lèvres.

"Ensuite… Tu dois juste caresser tes petites lèvres, c'est elles qui déclenchent l'humidité… Mais encore une fois, utilise ton sang."

Il y avait quelque chose d'extrêmement déroutant à l'entendre parler aussi simplement d'un sujet si personnel. Déroutant, mais libérateur.

Hermione amena l'une de ses mains jusqu'à son propre sous-vêtement. Elle la laissa s'y glisser, les yeux rivés sur Pansy.

"Bien." lui souffla cette dernière. "Quand tu es assez humide, remonte ton doigt vers ton clitoris et… caresse-le— " Un premier gémissement passa ses lèvres. "— doucement, d'abord… De bas en haut."

Hermione l'imita, effleura ses lèvres, caressa son clitoris, et laissa son esprit imaginer un instant les doigts de Pansy à la place des siens.

Elle sentit le sang fuyant son entrejambe se mêler à son excitation.

"Écarte les jambes, Hermione. Écarte-les. C'est—" La voix de Pansy se coinça dans sa gorge alors qu'un second gémissement s'en échappait. "—encore mieux." termina-t-elle dans un murmure.

Hermione s'y appliqua, écartant les jambes jusqu'à ce que son genou ne frôle le sien. Le spectre d'une caresse qui n'en était pas une, et pourtant, un frisson la parcourut de toutes parts.

La douleur dans son bas-ventre s'estompa et laissa place à une toute autre tension.

"P—Pansy, je vais—"

"M—moi aussi. Continue ." lui intima-t-elle. "Ajoute-s'en un deuxième… Et change de rythme." Sur ces quelques mots, Hermione sentit la seconde main de Pansy se poser sur sa cuisse. Du bout des doigts, elle dessina sur sa peau des petits arcs de cercle. "Juste… comme ça."

Hermione mima son geste. Leurs doigts dansèrent, s'accordant les uns aux autres comme le faisaient leurs soupirs et gémissements.

Hermione sentit l'orgasme s'emparer d'elle. Au même instant, Pansy se cambra et, préférant retenir les cris naissant en elle, se mordit les lèvres. A cette vision, la vague de plaisir menaçant de submerger Hermione s'éloigna.

Pansy mordillait toujours les lèvres de celles qu'elle embrassait. C'était l'une de ces choses qu'Hermione avait fini par remarquer. L'une de celles qui lui serraient la gorge et crispaient les poings.

Juste une légère pression de ses dents sur leur lèvre inférieure, tandis qu'elle saisissait leur nuque et agrippait leur taille.

Hermione ferma les yeux, cherchant à chasser l'image de toutes ces femmes qu'elle ne serait jamais.

"Non, Hermione, regarde-moi."

Un ordre presque autant qu'une prière.

"Regarde-moi."

Hermione rouvrit les yeux ; ceux de Pansy brillaient d'une lueur indicible.

Les arcs de cercle sur sa peau cessèrent et elle sentit la main de Pansy glisser jusqu'à la sienne.

Hermione suffoqua.

Pansy emmêla ses doigts aux siens et suivit la danse que ceux d'Hermione avaient entamée. Mais à son contact, chaque caresse contre son clitoris devint explosive.

Toujours plongé dans le sien, le regard de Pansy la consuma. Il y avait quelque chose de sauvage dans ses yeux. Quelque chose qu'Hermione n'avait jamais vu avant. Un désir brûlant. Animal et primitif.

Pansy n'avait jamais regardé aucune de ces filles comme elle était en train de la regarder. Jamais.

Hermione sentit l'orgasme s'emparer d'elle. Le plaisir inonda chaque parcelle de sa peau, chaque os, nerf et atome la composant.

Les caresses de Pansy devinrent plus irrégulières. Ses pupilles se dilatèrent, le plaisir l'emportant également.

Elles jouirent à l'unisson, perdues dans le regard de l'autre.

Lorsque la dernière vague de plaisir vint balayer les quelques restes d'elles, les lèvres d'Hermione s'abattirent sur les siennes.

Elle embrassa Pansy comme elle avait tant imaginé le faire. Avec tout le désir, l'envie et la rage l'habitant depuis des années.

Pansy l'embrassa avec la même dévotion, emmêlant leurs langues comme l'étaient encore leurs doigts.

À bout de souffle, leurs lèvres se séparèrent.

Elles se fixèrent, le bruit de leurs respirations le seul emplissant la pièce.

À mesure que les secondes s'égrènèrent, l'inquiétude s'empara d'Hermione.

Tout ceci n'était qu'un rêve. Ou l'histoire d'une seule fois.

"Est-ce que tu as encore mal ?"

La question de Pansy la ramena à la réalité, ayant presque oublié la raison derrière ces caresses.

Hermione entrouvrit les lèvres pour lui répondre que la douleur s'était envolée, que celle-ci l'était sûrement pour de bon, mais le regard de Pansy la fit taire.

Elle semblait appréhender sa réponse, mais pas celle qu'elle aurait dû.

Les doigts d'Hermione tremblèrent et aussitôt Pansy resserra les siens. Instinctivement, peut-être. Ou par peur de les voir s'éloigner.

"Si je te réponds oui, lui murmura Hermione. Est-ce qu'on peut recommencer ?"

Pansy fronça légèrement les sourcils. Le doute inonda ses yeux, tout comme la peur d'être déçue. "C'est ce que tu voudrais ?"

Enlaçant leurs jambes au bout du lit, Hermione resserra elle aussi ses doigts autour des siens.

Elle hocha la tête. Pas machinalement cette fois, mais avec toute l'intention qu'il était possible d'avoir.

Les lèvres de Pansy se retroussèrent et de sa seconde main, elle vint effleurer son cou, sa mâchoire, sa joue. Du pouce, elle caressa le contour de ses lèvres. "Tu as du rouge-à-lèvres plein la bouche."

Hermione esquissa un sourire. "Et est-ce que ça me va bien ?"

Pansy sembla réfléchir un instant, et juste avant de s'approcher pour reprendre possession de ses lèvres, elle murmura, "Encore mieux que je ne l'avais imaginé."

Autour d'elles, l'air était épais, humide, et plein de promesses.