Chapitre 2 :

Eris savait que rêver du monde magique pouvait arriver sans que cela fasse d'elle une folle, mais elle était à peu près persuadé qu'elle ne rêvait pas. La fausse baguette de Lupin toujours dans sa main lui semblait bien trop réelle.

Ce n'est pas possible, se dit-elle, reprends toi Eris tu nages en plein délire !

- Hey Sirius, joues donc un peu de tes charmes pour nous en débarrasser tu veux ? Tu es doué avec ces trucs là, dit le premier garçon, alors qu'elle arrivait enfin à les distinguer dans la pénombre.

Ces trucs là ! s'offensa Eris en envisageant de lui en coller une. La silhouette d'une personne se profila devant elle et un rayon de lune découvrit son visage. C'était un garçon grand, des cheveux noirs lui tombaient sur les épaules et des yeux bleu-gris se fixèrent dans les siens tandis qu'il lui esquissait un sourire charmeur. Sourire qui la laissa perplexe. Le jeune homme, qu'elle se refusait à appeler Sirius, s'approcha encore d'elle. Il allait dire quelque chose, qu'Eris aurait juré pouvoir qualifier d'embarrassant, quand elle leva son poing tenant fermement la baguette pour en enfoncer le bout dans son plexus.

Celui qu'elle imaginait être James Potter s'exclama en riant.

- Et bien il semblerait que l'on soit tombé sur la seule demoiselle de Poudlard à être imperméable à ton pouvoir de séduction.

Sirius lui saisit le poignet et l'attira brusquement vers lui.

- Serpentard ? demanda t'il d'un ton rauque

Eris, surprise par la torsion de son poignet, fit la seule chose qui lui passa par la tête, la baguette toujours pointée sur Sirius.

- Petrificus totalus !

Le jeune homme lâcha immédiatement son poignet, se raidit, et bascula en arrière pour atterrir dans un bruit sourd. Eris avait fait plusieurs pas en arrière et avait elle aussi trébuché. Tandis que les trois garçons se précipitaient pour aider leur ami, elle récupéra ses affaires éparpillés au sol et les remit dans sa malle qu'elle referma.

- Tu vas me le payer espèce de…

- Attends Sirius, intervint le quatrième garçon qui devait donc être Remus, tu n'es pas de Poudlard n'est-ce pas ?

Incapable de répondre de manière cohérente, ne sachant même pas si elle était bel et bien réveillée, elle resta quelques secondes sans parler, les fixant tour à tour maintenant que ses yeux s'étaient habitués à l'obscurité du couloir.

James Potter était exactement comme elle l'avait imaginé, pas très grand, des lunettes ovales cerclant ses yeux marrons, il aurait eu un charme certain s'il n'avait pas cet air arrogant sur le visage. Il avait encore sa baguette dans la main après avoir libéré Sirius d'un enervatum, et la gardait discrètement pointée sur elle. Peter lui, était presque caché derrière Remus qui la fixait de ses yeux mordorés.

- Ecoutez, finit-elle par dire, je ne dirais rien de votre sortie si vous ne dites rien de la mienne. Ça vous convient ?

Les Maraudeurs se consultèrent du regard et finirent par accepter.

- Très bien, lâcha Potter. Venez.

Ses compagnons le suivirent mais Remus se retourna une dernière fois avant de disparaître dans la nuit.

Eris n'en menait pas large. Elle s'approcha de la fenêtre et posa son front sur la fenêtre froide, elle ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. La baguette qu'elle avait achetée quelques heures plus tôt, en tout cas à ce qui lui semblait, lui avait permis de jeter un sort et cela la rendait dingue.

- Ça n'a aucun sens ! cria-t-elle dans le couloir désert.

- Qu'est-ce qui n'a aucun sens ? déclara une voix amusée derrière elle.

Eris sursauta en poussant un hurlement, avant de découvrir un vieil homme la dévisageant de ses yeux pétillants derrière ses lunettes en demie-lune.

- Dum, Dumbledore ?

- C'est exact, en revanche je suis étonnée de ne pouvoir vous reconnaître alors que vous vous trouvez entre les murs de mon école Miss.

- Je m'appelle Eris Greenfield, je ne sais pas comment je suis arrivée ici professeur.

- Et si nous allions dans mon bureau Miss Greenfield. Je pense que cette conversation mérite une tasse de thé et des biscuits au citron, qu'en dites-vous ?

Le trajet lui parut durer des heures, et le silence du professeur était loin de la mettre à l'aise, ce qui lui donnait envie de charcuter sa barbe à coup de ciseaux jusqu'à ce qu'il finisse par dire quelque chose. Pourtant, ils furent bientôt installés de part et d'autre du bureau imposant du directeur.

Des biscuits et un thé chaud les attendaient déjà et Dumbledore les servit en silence. Eris ne tenait pas en place, elle savait qu'en prenant la tasse que lui tendait le vieil homme, ses tremblements la renverseraient. Voyant son état, Dumbledore posa la tasse sur une coupe.

- Dites moi Miss Greenfield, commença t-il d'une voix calme, peut-être savez vous qu'en tant que directeur de Poudlard, certaines choses me parviennent très rapidement sur ce qui se produit dans l'enceinte du château et il semblerait que vous soyez arrivée soudainement ici entourée d'une lumière argentée. Hors aucun moyen de déplacement magique n'est possible ici, si ce n'est la poudre de cheminette et le balai. Pourriez vous m'expliquer cela?

Eris regarda les tableaux des anciens directeurs, se doutant que la nouvelle lui était parvenue par ce moyen.

- Je ne sais pas professeur, j'étais dans ma chambre à Londres et je me suis retrouvée ici, commença Eris de façon précipitée et se demandant si la suite n'allait pas la mener directement à St Mangouste section Psychiatrie. Je ne comprends pas comment une telle chose a pu se produire. Vous êtes un personnage de livre ! Je ne viens pas d'ici, Poudlard n'existe pas là d'où je viens ! Et j'ai lancé un sort ! Ça n'a pas de sens ! Ce n'est même pas une…

- Doucement Miss Greenfield, nous allons démêler tout cela. Prenez donc un biscuit.

Eris prit brusquement un biscuit, comme si toutes les réponses à ses questions se trouvaient à l'intérieur et le fourra dans sa bouche. Le goût sucré et acidulé la revigora immédiatement et elle prit une grande inspiration pour tenter de se calmer.

- Bien, reprenons. Il existe une théorie émise par le département des mystères il y a une vingtaine d'années. Cette théorie traite des univers parallèles. Apparemment il se pourrait qu'il y ait une infinité d'univers et que la plupart des histoires que nous ayons écrites et lues depuis la nuit des temps, existent quelque part.

- Vous êtes en train de me dire que Superman et Ironman existent vraiment dans d'autres univers ? Que Sauron a provoqué une guerre en terre du milieu et que Godzilla a détruit Tokyo ?

- J'ai bien peur de ne pas connaître toutes ces références mais oui. Ce qui est intéressant c'est qu'il s'agit, il me semble, de la première fois qu'une personne parvient à faire un trajet interdimensionnel de la sorte. De plus je pense que vous venez d'ici, de ce monde, ce qui expliquerait le fait que vous soyez une sorcière.

- Non c'est, c'est ridicule, balbutia Eris. Je ne suis pas une sorcière. C'est peut-être à cause du changement de monde, il y avait peut-être encore de la magie autour de moi ?

- La magie des sorciers ne fonctionne pas de cette façon. Voulez vous réessayer de lancer un sort ? Lequel avez-vous jeté ?

- Le sortilège du saucisson… répondit-elle, honteuse.

- Je vois, fit-il avec un pétillement dans les yeux qui l'agaça prodigieusement. Il existe différents cas où la magie ne se développe pas correctement. Un obscurial par exemple va lutter contre la magie en lui. Dans votre cas, votre magie pourrait tout simplement avoir veillé. Elle s'est cachée d'elle-même. Reprenez votre baguette.

- Ce n'est pas une vraie, ce n'est qu'un bout de résine…

- Je sais, vous avez lancé votre sort avec la magie sans baguette, mais elle pourrait vous aider à vous concentrer. Essayons le sortilège d'attraction.

- D'attraction ? s'écria Eris. C'est un sort de quatrième année qui peut-être difficile à apprendre, je ne pense pas pouvoir réussir !

- Tout comme c'est le cas pour un obscurial, les sorciers dont la magie se révèle très tard et non dans l'enfance, ont tendance à avoir des aptitudes plus importantes. Ayez confiance et essayez avec un biscuit.

Eris tendit la main et grignota un second biscuit.

- Je voulais dire essayez de l'attirer vers vous avec un sortilège Miss Greenfield, intervint Dumbledore en souriant.

-Ho pardon, répondit-elle la bouche pleine en riant nerveusement devant le ridicule de la situation.

Elle se leva, sortit la baguette de sa poche et jeta un regard en coin à Dumbledore.

- Je, je connais l'incantation mais y a t-il un mouvement de baguette spécifique?

- Non, tout se passe dans votre esprit. Visualisez bien cet objet en particulier, sentez le venir vers vous avant même de lancer le sortilège. Voir l'objet en question est un avantage, c'est la première étape dans l'apprentissage. La deuxième est de pouvoir attirer un objet caché et la dernière, un objet loin et hors de vue.

- Très bien je vais essayer.

Eris s'éloigna de quelques pas du bureau. Elle se sentait ridicule à pointer cette fausse baguette mais elle se prêta au jeu.

Bien, visualiser, visualiser, visualiser, se répéta t-elle.

- Accio !

Le biscuit fendit l'air et atterrit dans sa main. L'assiette contenant les autres gâteaux n'avait pas bougée d'un pouce.

Eris regarda Dumbledore à la fois ravie et surprise. Le vieil homme la fixait, les mains croisées sous son menton. Eris sentait qu'il l'analysait. Le cinquième livre de J. s'était déjà montré assez clair sur les manipulations de Dumbledore, mais ce n'était rien comparé à leur ampleur révélée dans le septième. À cette époque, Dumbledore n'avait pas de plan pour détruire Voldemort, en tout cas pas celui qui avait une chance de réussir. La prophétie n'avait pas encore été dictée, le survivant, l'élu, n'existant pas, il cherchait sûrement tout atout pouvant l'aider, et pour rien au monde elle ne voulait faire partie de ses manigances.

- Miss Greenfield, il est quatre heures du matin, des appartements ont été préparés pour vous. Nous nous reverrons demain matin. Un petit déjeuner vous sera servi dans votre appartement et je vous ferai appeler pour continuer cette conversation.

- Mais enfin je, j'ai lancé un sort sans baguette et vous allez me laisser sans explications ?

- J'ai bien peur de devoir réfléchir à votre situation Miss Greenfield, il se trouve que vous avez un grand potentiel et je ne sais pas si nous pourrons vous ramener chez vous. Une sorcière comme vous doit être éduquée si elle reste dans notre monde. J'ai donc beaucoup de décisions à prendre.

Et vous ne pensez pas que j'ai mon mot à dire sur ces décisions ? enragea intérieurement Eris.

- Je comprends, dit-elle néanmoins.

Quelques minutes plus tard, elle entrait dans un studio aux murs de pierre. Un grand canapé et une table basse sur laquelle étaient posés des sandwichs, occupaient le centre de la pièce. Dans un coin, un grand lit à baldaquin lui tendait les bras. Une porte à côté d'un bureau ancien donnait sur une petite salle de bain. Eris prit une douche brûlante qui l'a rendit groguie. Elle s'étala sur le lit et s'endormit aussitôt.