Chapitre 3 :
Elle se réveilla le lendemain avec le son de quelqu'un frappant à la fenêtre. Elle se leva et y trouva une magnifique chouette hulotte cognant à la vitre, un mot attaché à la patte. Elle ouvrit la fenêtre et l'oiseau entra d'un petit bon risible. C'était la première fois qu'elle voyait ce genre de rapace d'aussi près, et elle prit une minute pour l'observer. Ses yeux noirs la fixaient intensément tandis qu'elle ébouriffait ses plumes couleur fauve. Ses serres de trois bons centimètres semblaient aiguisés et elle retira vivement sa main de l'allège quand l'animal tendit sa patte. Voyant que la chouette attendait patiemment, elle saisit délicatement la cordelette qui tenait le message et la dénoua. Elle reçut un petit coup de bec en retour, et l'oiseau s'envola sous ses yeux ébahis. Il faisait froid et humide dehors et la chouette fut bientôt hors de vue au travers du brouillard.
Eris ferma la fenêtre et déroula le mot.
Miss Greenfield, j'espère que vous avez passé une bonne matinée, je vous attends à mon bureau avec vos affaires. APWBD
Eris s'habilla rapidement et prit un des nouveaux sandwichs qui lui avaient été apportés pendant son sommeil et sortit. Elle avait dû dormir jusque tard car le soleil était déjà presque à son zénith quand elle entra dans le bureau du directeur. Elle s'arrêta à peine entré. Fumseck était là, sur son perchoir. Sa tête, haute et fière, était recouverte du même plumage rouge et orangé que le reste de son corps. Il l'a regarda et Eris plongea dans ses yeux dorés. C'était comme entrer dans un lac chaud au couché de soleil.
- Je vois que vous avez fait la connaissance de Fumseck, il peut avoir un effet quelque peu troublant sur certains sorciers.
La connexion entre elle et la formidable créature s'interrompit soudainement, et Eris regarda Dumbledore sortir de derrière des bibliothèques et s'asseoir à son bureau.
- Vous avez pu y voir plus clair ? demanda Eris de but en blanc en s'asseyant face à lui.
- Premièrement, soupira Dumbledore, je suis certain que vous êtes née ici et que quelqu'un vous a envoyé dans cet autre monde où vous avez grandi. Qui, je l'ignore, mais cela a provoqué le sommeil de votre magie. Deuxièmement, la seule personne capable de nous aider, la langue de plomb qui a avancé cette hypothèse sur les mondes multiples, a disparue il y a plus de quinze ans et même en ayant lu ses travaux, je n'ai trouvé aucun moyen de vous ramener dans votre monde, si tel était votre souhait.
- Et un message ? l'interrompit Eris. Pourrait-on envoyer un message ?
Eris n'avait plus qu'une idée en tête depuis qu'elle s'était réveillée. Ses parents, si le temps s'écoulait de la même façon dans leur monde, devaient avoir remarqué sa disparition et cela la détruisait de les savoir dans une telle détresse. Elle ne supportait pas de savoir que ces parents étaient quelque part, sans nouvelles d'elle, à se demander où elle était passée et ce qui avait bien pu lui arriver.
- J'ai bien peur que ce ne soit impossible, en tout cas pour le moment, lui répondit Dumbledore. Je comprends quelle terrible épreuve vous devez vivre, mais en attendant de pouvoir contacter votre famille, il faut que l'on s'occupe de votre intégration dans notre société. Vous êtes en âge d'entrer en quelle année?
- Je vais avoir 17 ans en décembre, dit-elle d'une voix absente en regardant par la fenêtre le brouillard qui ne s'était toujours pas levé. Quand sommes-nous exactement ?
- Nous sommes le 28 mars 1976.
- Mars, continua-t-elle. J'imagine que s'il y a un décalage dans les mois et les années, cela correspond au décalage qui s'est produit lors de mon premier déplacement ?
- Je le pense également, ce n'est pas aléatoire. Vous êtes très probablement née il y a un peu plus de 16 ans. Je regarderai les avis de disparition à cette époque.
Après une pause, il continua.
- Nous allons tenter de vous faire entrer en septième année d'ici quelques mois, et pour cela vous allez devoir rattraper votre retard et penser rapidement à votre futur. Evidemment si vous souhaitez vivre dans le monde moldu je comprendrais…
- Non, l'interrompit une seconde fois Eris. Maintenant que je suis ici, je veux rester dans le monde des sorciers. Je sais déjà quelques choses, même si ce n'est que superficiel et pour répondre à votre question, je pense qu'une carrière en médicomagie me plairait.
- Médicomage, ce n'est pas la carrière la plus simple et cela signifie qu'il vous faudra passer les ASPIC de potion, défense contre les forces du mal, métamorphose, sortilèges, botanique et soin aux créatures magiques. C'est un des programmes les plus complets. Vous devrez rattraper six années de retard dans ces matières.
- Je n'ai pas peur de la quantité de travail professeur, je ferai de mon mieux.
- Très bien, je demanderai à mes professeurs de vous réaliser un programme adapté afin que vous puissiez passer vos examens fin août. il va également falloir légaliser votre existence auprès du ministère le plus rapidement et discrètement possible, ainsi que vous trouver un tuteur légal jusqu'à votre majorité.
Eris n'apprécia pas le regard que lui lança Dumbledore. Elle ne voulait, sous aucun prétexte, se retrouver sous sa coupe. Pourtant aucune autre alternative ne semblait possible.
- La première chose à faire est de vous acheter une vraie baguette, et de vous installer aux trois balais à Pré-au-Lard, vous ne pouvez rester ici tant que les élèves y sont. Une fois enregistrée auprès du ministère, je vous montrerai un endroit discret où vous entraîner dans l'enceinte de Poudlard car la Trace sera sur vous. Avez-vous des questions ?
- Oui, il se trouve que je n'ai pas d'argent, encore moins d'argent sorcier. Comment vais-je faire pour payer la chambre aux trois balais, me nourrir, m'acheter des habits propres. Je peux peut-être me trouver un travail partiel mais je ne pense pas que ce soit suffisant.
Dumbledore ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit une petite bourse.
- Voici quelques gallions et la chambre aux trois balais est payée jusqu'en juin. Ne soyez pas gênée, voyez cela comme un emprunt sans limite de temps.
Eris prit l'argent, hésitante. Elle détestait devoir tant à ce grand manipulateur.
- Rosmerta la gérante des trois balais vous attend et voici… Dumbledore se dirigea vers une petite table de bois et de verre où étaient empilés des livres et en saisit plusieurs. voici les livres avec lesquels vous pourrez commencer. Nous nous reverrons dans quelques jours, vous savez où vous trouver une baguette ?
- Oui, au chemin de traverse chez Ollivander's ? Mais je ne sais pas comment ouvrir le passage au Chaudron baveur sans baguette.
Dumbledore sourit.
- Je vois que vous en connaissez déjà un rayon sur notre monde. Tant mieux. Vous pourrez demander à Tom, ou n'importe quel sorcier de vous ouvrir, ajouta t-il.
Il lui montra d'un geste de la main la cheminée de son bureau.
- Savez-vous quoi faire ? demanda t-il à une Eris grimaçante.
Pour toute réponse, Eris se dirigea vers l'âtre et prit une pincée de la poudre qui se trouvait à côté. Elle entra, lança la poudre à ses pieds en annonçant sa destination. Elle se sentie tourner sur elle-même à une vitesse inquiétante, voyant défiler des salons et autres pièces inconnues. Elle commençait à avoir la nausée et serrait sa malle contre elle quand ses pieds touchèrent le sol brusquement. Elle se sentit tomber dans une pièce bruyante et s'étala de tout son long sur le sol de pierre de la salle principale des trois balais. Eris sentait de la cendre dans sa bouche et dans ses yeux, mais le spectacle qu'elle offrait ne sembla inquiéter personne. Elle tenta tant bien que mal de se débarrasser de la poussière collante, essayant de trouver Rosmerta dans l'auberge bondée.
- Oh ma chérie, te voilà dans un état ! dit une jolie blonde aux cheveux bouclés à sa droite. Elle posa les assiettes qu'elle tenait sur le comptoir pour s'approcher d'elle. Tu dois être Eris, la protégé de Dumbledore, fit-elle tandis qu'Eris acquiesçait sans enthousiasme. Je suis Rosmerta, vient avec moi je vais te montrer ta chambre pour te décrasser et je te prêterai des vêtements.
Eris la suivit dans les escaliers et entra dans la chambre qui lui était réservée.
- Voilà, Dumbledore m'a dit qu'il faudrait que tu ailles au chaudron baveur après. La poudre de cheminette est à côté de la cheminée. Si tu veux manger quelque chose avant de partir, viens me voir.
La jeune femme la laissa seule et Eris alla directement sous la douche. Elle ressortit revigorée et ravie de ne plus ressembler à un mineur. Les vêtements que lui avait prêté Rosmerta étaient des vêtements sorciers et il lui fallut un moment avant de s'y sentir à l'aise.
Elle descendit donc prudemment les escaliers jusqu'à la salle principale, fit un geste amicale à Rosmerta et alla dans l'âtre de la cheminée.
- Chaudron Baveur !
La sensation d'être prise dans une tornade ne tarda pas à se faire sentir et Eris fit tout pour se préparer à la chute qui allait s'en suivre. Ce qu'elle ne prévit pas, c'était que sa cape s'enroulerait autour d'elle, à tel point qu'à son arrivée, elle ne put utiliser ses bras qui étaient coincés contre son buste. Son visage heurta le sol avec violence. Elle cria de douleur en sentant son nez se briser contre le sol. Des larmes de douleurs coulant sur ses joues, Eris essaya de s'extirper de sa cape en poussant un grognement féroce. Une personne s'approcha d'elle et lui découvrit le visage.
- Attendez je suis médicomage ne bougez plus. C'est votre nez n'est-ce pas?.
Eris, de plus en plus énervée, jeta un regard noir au viel homme qui la fixait.
- Non ! J'ai un ongle incarné, ça ne se voit pas !
Goguenard, il éclata de rire et Eris eut envie de lui arracher les poils d'oreille pour qu'il arrête.
- Savez-vous à qui vous parlez ainsi Miss ? dit un homme grand et mince aux cheveux noirs coupés courts avec une moue hautaine, placé juste derrière le vieux médicomage.
- Non je n'en sais rien ! répondit-elle d'une voix nasillarde. Que ce soit Merlin ou Frankenstein je m'en fiche, la seule chose que je sais c'est que j'ai l'impression d'avoir un marteau enfoncé au milieu de la figure ! Je pourrais me faire soigner par un gobelin ou un veracrasse je n'en aurais rien à faire !
L'homme prit un air outré pendant que le médicomage éclatait de rire de plus belle. Il lui demanda finalement de se calmer et de regarder le plafond pendant qu'il enlevait ses mains pleines de sang de son visage. Un sort, un claquement sec et un juron plus tard, Eris était de nouveau sur pied.
- Voilà mademoiselle, vous êtes comme neuve.
- Merci beaucoup, dit-elle en se relevant, et désolée pour l'histoire du véracrasse…
- Ho ce n'est rien, ça change de "vieille chouette", répondit-il en riant.
- Je suis Eris, enchantée.
- Harold Potter.
Eris eut le plus grand mal à rester impassible, et voyant que Mr Hautain derrière lui avait repris son air supérieur elle s'exclama.
- Ah, jamais entendu parlé !
Elle fit un clin d'oeil malicieux au médicomage qui lui répondit par un grand sourire.
- Ce sera un plaisir de vous revoir Eris, mais je dois partir.
- De même Harold, passez une bonne après midi.
Ils se séparèrent et Eris se dirigea vers le comptoir où un homme l'accueillit avec un grand sourire. Elle demanda des informations sur les marchands du chemin de traverse afin de trouver un emploi et Tom lui répondit que Mme Guipure, Florian Fortarôme et le magasin de créatures magiques avaient potentiellement besoin d'aide. Avant de partir et de remercier Tom, elle lui demanda qui était l'odieux personnage qui se trouvait avec Harold Potter.
- Theophilius Nott bien sûr, sous secrétaire du Ministre de la magie. Il était très satisfaisant de vous voir lui répondre de la sorte ! C'est un sang-pur et fier de l'être, chuchota le tavernier, mais il est encore jeune, il essaie toujours de se mettre des gens importants dans la poche.
Eris acquiesça, se disant qu'il aurait sûrement du mal à embobiner Harold Potter, et suivit un groupe de sorciers qui se dirigeait vers l'arrière de l'auberge.
Ils ouvrirent le passage vers le chemin de traverse et Eris les suivit. La rue n'était pas aussi bondée que ce à quoi elle s'attendait, ce qui lui permit d'observer la rue facilement. Bâties sûrement plusieurs centaines d'années plus tôt, les maisons étaient principalement faites en pierre, certaines, ornée de colombages, étaient tordues et ne semblaient tenir que grâce à la magie. Magie qui imprégnait les lieux.
Première étape, une baguette ! Se dit-elle en essayant de rester concentrée sur son objectif. Lorsqu'elle entra dans la boutique, une odeur de renfermé et de poussière la saisit. Il faisait sombre, de fin rayons de soleil arrivaient à passer au travers de la vitrine obstruée par des centaines de boîtes. Elle appuya sur la petite sonnette sur le bureau et attendit, regardant autour d'elle. Les baguettes ne semblaient rangées dans aucun ordre spécifique, sans aucune organisation.
- Vous désirez ?
Ollivander sortit d'entre deux rayonnages et la fixa de ses yeux pâles.
- J'aurais besoin d'une baguette, la mienne est cassée, je ne l'avais pas achetée chez vous.
Il pointa sa baguette d'un geste vif sur un mètre ruban qui fondit sur Eris et commença à prendre ses mesures. Lorsqu'elle releva les yeux sur le marchand de baguette, il avait à nouveau disparu. Elle resta quelques minutes debout, sans bouger, pendant que le mètre ruban analysait chaque centimètre de sa peau et finit par le saisir brusquement lorsqu'il essaya de calculer la taille de ses oreilles.
- ça suffit maintenant ! Lança t'elle.
C'est à ce moment qu' Ollivander revint avec une pile de baguettes, et renvoya le mètre ruban sur un bureau.
- Voyons cela !
Après trois quart d'heure, la salle était dans un état monstrueux. Les boites de baguettes devant la devanture étaient toutes renversées, des feuilles glissaient sur le sol et l'atmosphère était remplie de poussière. Finalement, Ollivander alla chercher une dernière baguette et la lui tendis.
- Bois de bouleau enchanteur et crin de licorne des monts, une association subtile et puissante. Idéale pour les sortilèges de précision.
- De précision ? elle demanda.
- Oui, métamorphoses, duels, soins… tous ces domaines nécessitent une grande précision.
Ses yeux gris fixaient encore Eris avec une profondeur qu'elle trouva rapidement insoutenable et elle sortit de la boutique, son achat rangée dans sa robe de sorcière.
Et bien j'espère ne jamais avoir à revenir ! Se dit-elle en remontant le chemin de traverse.
Une petite review pour savoir ce que vous pensez de ce début ? ;)
