Cette période de l'année m'inspire toujours énormément. J'espère que cette petite histoire vous plaira. J'hésite à écrire d'autres chapitres dans ce même thème. Je vais y réfléchir encore.
Bonne lecture !
Lac Forêt Cimetière
Halloween 2005
La pluie bat violement sur les fenêtres de l'orphelinat de Chicago. Caleb et moi jouons aux cartes ensemble sur son lit en attendant que l'orage ne passe pour aller à la récolte des bonbons. On nous a forcés à mettre ces stupides costumes de fantômes. Si on peut appeler ça un costume. Un vieux drap avec deux trous pour les yeux ne peut pas s'appeler un costume. Mais d'après Jeanine, la directrice, des jeunes enfants de 8 ans ne peuvent pas se déguiser en zombies décapités. Pourtant, c'était une très bonne idée selon nous. Et nous ne voyons pas où été le problème, notre ancienne famille d'accueil nous laisser regarder ces films. De toute façon, ça se voyait que ce n'était pas du vrai sang, le rouge était trop clair.
Maintenant, nous attendons juste d'être adoptés à nouveau. Ensemble. Cela a toujours été comme ça. Ensemble ou rien. Le premier couple qui a essayé de nous séparer a vite compris son erreur.
J'abats mes cartes sur le tas avec force pour appuyer ma victoire.
« J'ai gagné ! »
Il jette son tas sur le mien avant de croiser les bras en signe de défaite.
« C'est pas juste !
-On refait ? »
Je redistribue les cartes avant que Jeanine n'arrive avec deux personnes derrière elle.
« Béatrice, prends ton sac.
-Pourquoi ?, dis-je avec un air méfiant.
-Tu as été adoptée. »
Et avec ses mots, les deux personnes m'attrapent chacune un bras et me traînent hors de la pièce malgré mes hurlements pour qu'on ne me sépare pas de mon frère. Après tout, nous avons été abandonnées ensemble dans la caserne de pompier, le jour même de notre naissance. Et il a besoin de moi.
Mes cris ne sont pas suffisants pour les convaincre car après avoir pris trois coups de bâtons dans le couloir, je suis amenée dans le bureau de Jeanine où un couple m'attend. Ils se lèvent en me voyant. Je les fusille du regard.
« C'est la petite Béatrice ? », demande la femme avec un sourire.
Jeanine me pousse en avant tout en me pinçant discrètement le bras pour que je me tienne à carreaux. Pour le moment en tout cas.
« C'est elle. Un peu timide mais vous verrez, un petit ange. Pas vrai, Béatrice ?»
Ils m'ont renvoyée à l'orphelinat aussi vite qu'il ne faut pour le dire. Caleb m'attendait bien entendu.
Et c'est ainsi que passait les années, un après l'autre, nous nous faisions adoptés mais le retour à la case départ était d'une rapidité alarmante.
Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que nous nous émancipions à nos 16 ans. Fini l'orphelinat. Bienvenue à la liberté.
A 18 ans, nous avons été embauchés dans un bar et depuis, je suis barmaid alors qu'il s'occupe de la sécurité. Ça paie les factures et ça nous évite de vivre sous les ponts. Nous l'avons fait mais c'est dans le passé maintenant.
Halloween 2022
Le lundi soir est notre journée de repos et même si on travaillait, on n'y serait pas allé. C'est une tradition pour nous.
Je finis de préparer mon maquillage pour la tournée de ce soir. C'est un soir un peu spécial qui nous tient à cœur. Le jour de notre anniversaire. Nos 25 ans.
Avant de sortir, je récupère ma batte de baseball pour compléter mon costume de cheerleader zombifiés. C'est plus un moyen de défense qu'un véritable accessoire. Mon short est relativement court mais il le faut bien si je veux obtenir toutes les sucreries. Caleb enfile son masque de clown et nous sommes partis.
Des bonbons ou un sort.
Les onze premières maisons se passent sans encombre, les familles nous félicitent pour nos costumes et nous donnent une poignée de bonbons. L'âge n'importe pas, l'esprit d'Halloween est pour tout le monde.
Cependant, la douzième maison change la donne. Nous sonnons à la porte et deux pimbêches dans la vingtaine nous ouvre.
« Non mais je rêve. Vous êtes pas un peu vieux pour ça ?
-Des bonbons ou un sort. Annoncé-je.
-Halloween, c''est pour les enfants. Dégagez. »
Elles nous claquent la porte au nez et je tourne ma tête vers Caleb, un sourire victorieux sur le visage.
« Ça sera un sort il semblerait. »
Nous rentrons à la maison pour déposer nos sacs et récupérer tout ce qui nous semble nécessaire pour notre sort.
A minuit, la rue est vide et les lampadaires éteints. Nous nous approchons de la maison où seule la lumière du salon est allumée. Je parierai ma vie qu'elles regardent un film d'horreur. Nous faisons le tour de la maison et Caleb crochète la porte de derrière.
Sans un bruit, nous nous déployons dans la maison pour nous assurées qu'elles sont bien toutes les deux. Bingo. A part le poisson rouge, elles sont seules.
Une pour toi. Une pour moi, Caleb.
Les deux pimbêches sont recroquevillées sur le canapé sans remarquer ma présence derrière elle.
Trois… Deux… Un…
Les plombs sautent, elles hurlent. La maison est plongée dans le noir et dans le silence. Je reste plaquée contre un mur où elles ne passeront pas.
« Putain, la peur de ma vie. Attends, je vais rallumer les plombs. Mon père m'a montré comment faire. »
Elle sort son téléphone pour allumer la fonction lampe torche et se rend vers la boîte de fusibles où Caleb l'attend. La deuxième se rassied et fait défiler ses yeux sur le fil d'actualité des réseaux sociaux sur son téléphone en attendant son amie. Je n'attends que le cri de la deuxième pour lancer le jeu. Ce qui ne se fait pas attendre.
Au premier son que j'entends, ma batte vole vers la tempe de l'écervelée. Elle s'écroule sur le sol, pas totalement évanouit mais pas loin. Après avoir rallumé les lumières, Caleb arrive en tirant la deuxième par le pied. La bosse sur son front montre qu'elle n'est pas près de se lever mais elle est plus consciente que la seconde.
« Qu'est-ce que… »
Ses sanglots prennent le dessus. Elle ne doit pas être si débile si elle a compris ce qui allait se passer.
« Des bonbons ou un sort. » Répété-je doucement.
Alors qu'elle s'apprête à hurler, j'abas ma batte sur elle encore une fois.
« Le jeu est simple, tu fais du bruit, je te tue. »
Son corps tremblant, elle me répond :
« Et… et…et si j-je ne fais pas de bruit ?
-Tu meurs aussi mais beaucoup moins douloureusement. On est d'accord ? »
Ses larmes redoublent. Elle a compris que ça n'allait pas bien finir pour elle.
« Pour…. Pourquoi ? »
Je m'accroupis à côté d'elle en étudiant ma batte.
« Eh bien… chaque personne a le droit de faire ce qu'elle veut pour être heureuse, et c'est à cause de personnes comme vous que ce n'est pas toujours le cas. »
Elle tente de se défendre, en vain. Mais elle a suivi les règles et pour la cause, Caleb lui tranche la gorge d'un coup rapide. Maintenant, la deuxième.
Une demi-heure plus tard, Caleb a rempli leur voiture alors que je m'occupe de l'emballage. Je détache les corps en trois parts. La tête, le torse et les jambes. C'est pas plus compliqué que ça. Une fois tout chargés, nous nous mettons en route pour le lac.
Lac. Forêt. Cimetière.
C'est cet ordre. C'est toujours cet ordre.
Lac. Forêt. Cimetière.
La route nous prendra une bonne demi-heure. Alors qu'il roule, j'inspecte les deux têtes posées sur mes genoux.
« Elle était belle la première. Tu ne trouves pas ?
-Mmhmm.
-Attends, je vais la rendre plus jolie. »
Je commence à tresser les cheveux de notre première victime alors que je plonge mes yeux dans le regard éteint de notre deuxième victime.
« C'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas suivi les règles. »
Son visage crispé en une expression de terreur restera à jamais gravé ainsi.
« C'est dommage, elle a les cheveux doux. »
La route en pleine nuit est relativement rapide et nous arrivons sur les rives du lac rapidement. Cependant, de loin, je peux voir qu'un groupe de trois hommes à l'air de s'amuser sur la berge avec leur feu de camp.
« Et merde. Souffle Caleb.
-T'inquiète, je m'en occupe. Plan C ?
-D'accord. J'arrive dans 5 minutes. »
Quand nous nous approchons, je saute de la voiture en route alors qu'il ralenti et me rue vers le trio en faisant sembler de boîter. Le sang des deux Barbies sur moi sera très convaincant.
« Aidez-moi. Au secours. » Crie-je.
Les hommes se lèvent et s'approchent de moi.
« Mon dieu, que vous est-il arrivé ?
-J'ai fait du stop et le gars a essaye de m'attaquer. S'il vous plaît. »
Il m'aide à m'asseoir près du feu pour me réchauffer. Cependant, ils n'essaient pas d'appeler la police car je sais que le réseau est très mauvais ici.
« Vous voulez qu'on vous amène au poste de police ?
-Oui, il pourrait revenir. »
Ils se regardent comme pour décider de quoi faire.
« Peter, on doit l'emmener. T'as vu dans quel état elle est ?
-Et on laisse toutes nos affaires ici ? T'es fou ? ça m'a coûté une blinde.
-Le psychopathe pourrait venir je te rappelle.
-Et alors, 3 contre 1, il oserait pas. T'as pas de couilles, Al ?
-Non mais t'es malade ?
-On va y aller, on range juste nos affaires avant. Ok ? »
Celui qui voulait m'emmener me regarde pour s'assurer que ça me va.
« Allez-y, c'est déjà gentil de votre part de m'emmener.
-On en aura pas pour longtemps. » Promet ce dernier.
Ils s'affairent rapidement quand je vois le troisième aller à la voiture. Je le suis discrètement.
« Il y aura de la place pour 4 ? demandé-je en observant l'espace à l'intérieur quand il ouvre la portière.
-T'as vu ce bijou, bien sûr qu'il y a de la place. Par contre, tu t'assois sur une bâche, tu vas salir mes sièges sinon. C'est du pur… »
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que je sors une dague de ma bottine et lui tranche la gorge. Désolée pour tes sièges, ils sont foutus. J'empoche les clés de la voiture, au cas où.
Je retourne doucement vers le feu de camps où les deux autres empilent leurs affaires. Là ça va être délicat.
Puis l'idée me vient en apercevant la bouteille de vodka. Je m'approche du plus fin. Peter je crois qu'il s'appelle.
« Vous avez bientôt fini ? Je ne suis pas trop à l'aise ici. »
Il me fusille du regard. Bingo. C'est un sanguin. Et avec l'alcool ingéré, ça sera facile.
« Tu vas attendre sagement. On a dit qu'on t'emmenait.
-Calme toi Peter. Elle a failli se faire kidnapper. Je peux comprendre qu'elle veuille dégager d'ici.
-Oui ben elle va attendre encore un peu. »
Je me place stratégiquement à côté du feu et de la bouteille. Je me penche pour prendre un des sacs et fait semblant de trébucher. Les deux s'approchent rapidement, Al pour s'assurer que je vais bien et Peter parce que j'ai failli abîmer sa tente adorée qui lui a 'coûté une blinde'.
« Wow, doucement. »
Dès qu'ils sont assez prêts, j'éclate la bouteille de vodka pleine sur Peter et le pousse a travers les flammes du feu de camp. Il s'embrase immédiatement. Al n'a pas le temps de réfléchir, que je lui saute dessus, le lame sous la gorge. Ses yeux emplis de peur me fixent et me supplient de lui laisser la vie sauve. Il n'a pas le temps de réagir que je transperce son cœur de ma lame.
En un mouvement de poignet, je lance ma dague favorite sur la torche humaine qui peut rameuter tout un village avec ses cris. Il ne faut pas longtemps pour que les cris cessent et que le corps s'effondre. Eh merde, va falloir l'éteindre pour récupérer ma lame. Je me dépêche de vider le contenu du bidon d'eau à proximité sur le torse, là où est le poignard. Je le récupère rapidement alors que le corps brûle encore.
J'entends des pas derrière moi.
« Merde Tris, t'aurais pu m'attendre.
-C'était trop tentant. Oh allez, ne fait pas cette tête. Les prochains sont pour toi. »
Il grommèle quelques secondes avant de m'aider à démembrer les trois hommes de la même manière que les précédentes.
Dans un premier temps, nous allions plonger les parties basses en accrochant des briques aux chevilles mais finalement la voiture nous aidera. Nous plaçons tout le matériel dans le coffre et les cinq paires de jambes sur la banquette arrière avant d'utiliser la légère pente de la berge pour envoyer la voiture dans le lac. Nous observons le véhicule couler doucement et lorsque plus aucune bulle ne remonte à la surface, nous repartons pour la deuxième étape.
Je ne saurais expliquer pourquoi cet ordre est si important mais les troubles obsessionnels de Caleb se déclenchent quand nous nous éloignions du plan prévu. Nous avons pris l'habitude de procéder ainsi lors de la nuit d'Halloween. Les jambes dans le lac, le buste dans la forêt, la tête dans le cimetière. Il y a quelque chose de réconfortant dans le fait de suivre cette routine. Et pour Caleb, c'est nécessaire.
Bien entendu, dans la vie de tous les jours nous ne faisons pas ce grand détour. C'est même rare que nous les cachions dans des endroits différents. Pour Halloween, c'est différent, on fait les choses en grand.
Je place les trois nouvelles têtes sur la banquette arrière puis insiste pour que nous ouvrions les fenêtres. La tête carbonisée de Peter dégage une odeur de cochon grillé plutôt désagréable, ou peut-être est-ce ses cheveux ?
Le deuxième stop n'est pas loin. C'est une forêt réputée hantée dans le coin mais rien ne nous arrête. Par ailleurs, il y a-t-il quelque chose de plus effrayant que nous dans les parages ?
Je prends la pelle en main puis aide Caleb a tiré le sac contenant les bustes. Les cinq réunis pèsent une tonne. Après quinze longues minutes de marche, nous arrivons à notre place habituelle. Caleb creuse un mètre sur la gauche de l'emplacement de l'an dernier pendant que je feuillète les portes-monnaies de nos trois nouveaux invités. Je récupère la petite monnaie puis observe leurs cartes d'identités.
« Albert. C'est un vieux nom pour un jeune homme. Commenté-je en m'asseyant sur une souche.
-Tu peux parler, Béatrice. » Réplique Caleb avec un sourire.
Je lui lance une pomme de pin qui traîne à mes pieds alors qu'il ricane.
« Allez creuse, je me les caille.
-En même temps, t'as vu comment tu t'habilles. Fallait mettre un pantalon. »
J'observe mon short jaune qui certes ne me tiendra pas chaud ce soir.
« Dépêche-toi quand même.
-A la base, il y en avait que deux.
-Caleb, s'il te plaît. »
Il ne renchérit pas et m'offre même son gilet. Que ferais-je sans mon frère ? Une fois que je l'ai aidé à pousser les cinq torses, il referme rapidement le trou et nous repartons, non sans avoir placé des feuilles mortes sur la terre fraîchement retournée.
Je jette un coup d'œil sur l'emplacement de l'année dernière et si nous avions le temps, j'aurais presque envie de demander à Caleb de creuser pour voir l'état de décomposition. Malheureusement, nous n'avons pas le temps. Peut être l'an prochain.
Une fois dans la voiture, je maudis ce Peter qui m'empêche non seulement de fermer la fenêtre mais également d'allumer le chauffage. Et dire qu'on va devoir rouler pendant une heure maintenant jusqu'au vieux cimetière à l'orée de Chicago. Je suis presque tentée de jeter cette tête par la fenêtre.
Je prends mon téléphone qui affiche 2H30 du matin. Nous avons été sacrément retardés. Caleb allume la radio et se met à chantonner au rythme de la musique. Il frappe ses doigts sur le volant et je me surprends à chanter les paroles de la chanson.
Ce sont ces moments que j'adore. Ceux où je suis avec mon frère et que nous n'avons aucun souci au monde.
Nous arrivons au cimetière où la famille Prior est enterrée. Nous nous rendons au tombeau familial où nos parents sont enterrés. Notre mère est morte en nous mettant au monde et notre père, trois mois avant cela.
C'est notre tante qui nous a déposé dans cette caserne. Nous le savons car après avoir recherché notre famille après nos 18 ans, nous avons retrouvé la sœur de notre père qui nous a avoué la vérité.
Elle est désormais enterrée ici-même mais éparpillée dans le sol afin que jamais son âme ne retrouve le repos. Je ne suis pas certaine que l'Etat civil sache qu'elle est décédée.
Une fois postés devant le tombeau, nous prenons chacun une tête pour l'enterrer autour de ce dernier. Ainsi, nos parents auront toujours des âmes qui les suivront dans l'au-delà. Ou du moins c'est ce que Caleb ressent avec ses troubles. Et je ferrai tout pour le rassurer et l'aider.
J'écarte les cheveux qui se sont échappés de ma queue de cheval avec ma main pleine de terre et de sang. On en a presque fini pour ce soir. Ensuite, on pourra reprendre notre routine.
C'est-à-dire débarrasser ce monde des personnes qui le méritent. Nous en voyons suffisamment au bar pour les remarquer dès qu'ils posent le pied à l'intérieur. Je m'occupe de glisser un petit quelque chose dans leur verre et Caleb les dirige dans l'arrière-boutique quand ils commencent à divaguer où nous faisons ce qui doit être fait. Rien de plus compliqué.
Caleb expire bruyamment à côté de moi, il doit être exténué de la soirée. Passer d corps n'est jamais facile, c'est épuisant.
« Assieds-toi, je m'occupe de la dernière. » Proposé-je.
Il m'offre un sourire de gratitude et s'assied. Je retourne à la voiture quand j'aperçois au loin, une voiture de police avec les gyrophares allumés et une personne à pied qui s'approche tout en balayant la zone avec le faisceau de sa lampe torche.
En une fraction de seconde, je jette un coup d'œil à ma tenue couverte de sang et soupire. Il va falloir berner la police. Encore une fois.
Je place les clés au sol et les recouvre de quelques feuilles mortes avant de me diriger vers l'officier qui continue sa patrouille.
Je m'avance en étant prête à me défendre si le besoin s'en fait ressentir, ma dague cachée dans ma botte. Alors que j'approche, je devine plus facilement les traits de ce policier qui n'est pas un inconnu. Son sourire tombe en me voyant.
« Tout va bien, mademoiselle ?
-Capitaine Eaton, vous devez m'aider.
-Laissez moi deviner, il y a des têtes enterrées dans ce cimetière ?
-Comment le savez-vous ?
-Je commence à vous connaître, mademoiselle.
-Bien, alors vous devez savoir que c'est madame. »
Il me rend mon sourire mais arrête ce petit jeu et m'embrasse passionnément sur les lèvres. Lorsque je m'écarte pour reprendre mon souffle, il frotte mon front, surement pour retirer les restes de terre.
« Comment tu as su que nous étions encore là ?
-Un pressentiment. Tu aurais pu me tenir au courant quand même.
-Je sais que tu aurais voulu venir avec nous plutôt que de devoir travailler ce soir.
-C'est vrai, je ne me lasse jamais de passer ma soirée avec ma femme hyper sexy. Vous avez terminé ?
-Non, juste encore une. Caleb se repose, ce n'était pas de tout repos aujourd'hui. »
Je récupère les clés au sol puis pars la recherche de la dernière tête. Celle de la fille qui n'a pas les cheveux tressés. Je glisse mes doigts et empoigne sa chevelure avant de me rendre main dans la main avec mon mari au tombeau. J'en profite pour lui raconter en détails ce qu'il s'est passé ce soir.
En arrivant, il salue Caleb puis insiste pour creuser le dernier trou. Afin d'avoir l'impression d'avoir pu participer à l'édition 2022, sans doute.
Une fois qu'il a fini, il me prend dans ses bras.
« Tu rentres avec moi ? J'ai fini mon service.
-Bien sûr… enfin, ça te va Caleb ?
-Rentre avec ton mari, ça m'évitera de devoir te déposer. »
Je le prends dans mes bras puis l'observe s'éloigner. J'en profite pour embrasser à nouveau mon époux. Il a le regard absent mais une certaine joie transparaît.
« Qu'y a-t-il ? Soufflé-je.
-Je viens de penser à notre rencontre, c'est tout. Tu t'en souviens ?
-Comment l'oublier ? »
Et c'est vrai, comment oublier ça ? Je venais d'avoir 19 ans, Caleb avait la grippe et j'étais allée me débarrasser du corps de cet enflure qui voulait abuser d'une fille dans les toilettes du bar. J'avais changé de lieu exceptionnellement car la route était en travaux. Je me suis retrouvée dans une forêt inconnue. Je me suis promenée avec ma pelle pour tenter de trouver un espace correct quand j'ai entendu des bruits au loin. Je me suis approchée à petits pas pour savoir de quoi il s'agit. Et il était là, tel un dieu grec à pousser du pied le cadavre d'un jeune homme dans le trou qu'il venait de creuser. Je me souviens encore du sourire qui a éclairé mon visage. Il avait dû sentir ma présence car ses yeux se sont posés sur moi et mon corps s'est embrasé.
J'ai immédiatement été attiré à lui et une chose en amena à une autre, il m'a aidé à creuser un trou pour ma victime.
Et nous nous sommes revus après. Pour notre troisième rendez-vous, il m'a offert le plus beau des cadeaux. Une victime. C'est une des plus belles choses qu'il a faite pour moi.
Six mois plus tard, nous étions mariés. Caleb m'a assuré qu'il était très heureux pour moi et qu'il ne pensait pas trouver de meilleur mari pour moi. Et il avait raison.
Tobias me guide jusqu'à sa voiture mais ne me laisse pas entrer. Il me plaque contre cette dernière après avoir éteint les gyrophares. Sa bouche prend possession de la mienne et ses mains parcourent mon corps comme il a l'habitude de le faire.
« Ton costume… tu me rends fou avec ton short.
-Tu aimes ? demandé-je en secouant mes hanches sous ses mains.
-Tu plaisantes, j'espère ? J'adore ! Je suis juste très déçu de ne pas avoir pu en profiter toute la soirée.
-Je me ferai pardonner à la maison. »
Il m'ouvre la portière après m'avoir embrassée encore une fois. Une fois attachée, il démarre la voiture pour prendre la route vers la maison. Cependant, il est bien silencieux.
« Tobias ? Tu es en colère ? »
Il soupire.
« Non… enfin… Je voulais être là. C'était ton anniversaire… »
Je me mordille la langue en regardant devant moi. Puis une idée de génie me vient.
« Prends à droite à la prochaine.
-Pourquoi ?
-Tu me fais confiance ? »
En guise de réponse, il tourne à droite. Nous n'avons pas fait un kilomètre que nous tombons sur la maison qui est souvent louée pour des fêtes et qui ce soir, est pleine de jeunes fêtards. Je l'avais vu sur le chemin avec Caleb.
Tobias comprend immédiatement et tourne sa tête vers moi.
« Je t'aime. »
Il gare sa voiture un peu plus loin dans les fourrés et après avoir coupé le contact, saute hors de la voiture. Il ouvre le coffre, y dépose son uniforme après s'être changé et me tend la machette qu'il y garde avec précaution. Il prend le marteau pour lui, claque le coffre pour le fermer puis se tourne vers moi.
« Prête ?
-Avec toi ? Toujours. »
Notre baiser est passionné et débordant d'excitation en pensant à ce qu'il va se passer. Je prends garde de ne pas le blesser avec mon arme puis il me tend sa main que j'accepte sans hésiter.
« Je croyais qu'on devait calmer le rythme, chérie ?
- C'est Halloween, mon cœur. Tu t'attendais à quoi ?
- Tu as raison. Ce soir c'est buffet à volonté. »
Il scelle ses paroles d'un baiser sur ma main.
Encore une très belle soirée qui se poursuit. Joyeux Halloween à nous !
