- Je vous prie de m'excuser, je ne voulais pas vous blesser, calmez-vous, je n'ai rien contre votre famille.
- Ah oui ?! Pourtant ton attitude montre tout le contraire. Tu es froide, insolente et hautaine depuis que tu es arrivé ici. Tu n'as même pas remercié notre mère pour t'avoir soigné alors qu'elle est restée auprès de toi presque toutes les nuits, quand tu hurlais à mort dans la maison ! Tu nous as fait chier toute la semaine et voilà comment tu te comportes maintenant ! Tu n'es qu'une sale...
- Crisco. Murmurais-je alors.
Les lèvres du petit rouquin se rassembent et se collent entre elles. Ce sortilège de magie noire sans baguette, je l'ai appris il y a de cela deux mois. Il a pour effet de coller les lèvres de la personne qui le reçoit, la victime commence alors à ressentir une forte brûlure aux lèvres. Si le sortilège n'est pas levé dans les minutes suivantes les lèvres peuvent chauffer et finirent soudées entre elles. Le Weasley se tord de douleur, essaye de hurler et gesticule dans tous les sens.
- Arrête de gesticuler, ça va te faire encore plus mal idiot. Dis-je calmement.
Je soupire et m'apprête à dire le contre sort, quand j'entends une voix puissante et rauque le faire à ma place. J'avale ma salive et reste de dos, cette voix c'est celle de mon père. Il va sûrement me haïr lui aussi. Tout le monde fini tôt ou tard par me haïr. J'entends des personnes entrées dans la pièce, ce doit être les adultes de l'ordre du Phénix. Mon père vient se placer devant moi. Je le regarde droit dans les yeux, il maintient son regard, lève sa main et me gifle avec force. Je me tiens la joue, relève la tête et le défi de nouveau du regard. Son regard est glacial, je peux y voir sa déception et sa colère.
- Diana ! Mais qu'est-ce qui t'arrive enfin ?! Je ne te reconnais plus, tu viens d'utiliser de la magie noire sur un jeune homme de ton âge ! Te rends-tu compte à quel point c'est grave ! Tu pourrais aller à Azkaban ! Tu veux devenir un mangemort c'est cela ! Tu as l'air sur la bonne voie pour cela. Je ne t'ai pas élevé comme cela ! Mais qu'est-ce qu'ils t'ont appris à Beauxbâtons !
Mon regard se perd dans le vide, je ne l'écoute plus, une chaleur m'envahit et je me sens partir. Je vois mon père reculer brusquement, il sort sa baguette et se met en position de défense mais ne m'attaque pas. Je sens ma main se lever malgré moi, je me sens tellement légère...comme si j'étais transportée dans un autre univers. Une chaleur puissante prend possession de tout mon corps, mes yeux se voilent et je me concentre sur mon père.
- Stupé... commence-t-il à prononcer.
- Charles attends ! dit un autre homme.
Je vois entrer dans mon champ de vision un homme très âgé, ayant de longs cheveux blancs et une longue barbe. Il se place entre mon père et moi, aucune peur ne se lit sur son visage. Il est serein, il pose sa main sur mon front, je sens une froideur venir et petit à petit faire disparaître la chaleur. Je tiens à peine sur mes jambes et c'est le professeur Rogue qui me retient avant que je ne tombe entièrement par terre. Je sens mon souffle s'accélérer et l'homme qui me tient me murmurer d'une voix doucereuse :
- Respirez Diana, voilà doucement, c'est cela.
Je réussi à me calmer progressivement et me détends dans les bras chauds de l'homme. Je relève la tête perdue, regarde les personnes qui m'entourent et constate les regards horrifiés des adultes et des jeunes de la pièce.
- Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
J'éclate alors en sanglots toujours dans les bras du maître des potions. Il ne me lâche pas pour autant. Le vieil homme me regarde attentivement en se frottant la barbe et dit :
- Charles je pense qu'il s'est réveillé. Il faut qu'elle arrive à le contrôler avant qu'il ne le sache. Il fera tout pour l'avoir avec lui.
Je ne comprends rien des paroles du vieillard. Mon père se tourne vers moi avec un regard désolé et coupable. Il s'avance vers moi, veut me prendre dans ses bras mais je le repousse et me blotti davantage dans les bras du maître des potions. Je murmure doucement en le regardant dans les yeux :
- Alors c'est ce que tu crois ? Que je veux devenir comme ces monstres qui m'ont torturé et violé ? Qui m'ont pris ce que j'avais de plus cher, maman... Tu ne comprends rien. De toute manière, tu ne m'as jamais comprise. Tu n'as jamais été là pour moi. Tu n'as jamais été un véritable père. Maman, elle, elle me comprenait et m'aimait.
Mes larmes s'intensifient et mes paroles deviennent saccadées :
- Maintenant elle est morte... je n'ai...plus personne...plus rien...tout ce que je veux c'est tuer et me venger de ces sales porcs et de cette...garce ! Et quant à la magie noire, tu ne pourras jamais m'empêcher de m'en servir. Je suis né avec, j'ai grandis avec et je l'utiliserai pour faire souffrir ces mangemorts de malheur et leur maître ! Tu ne pourras pas me brider comme tu as essayer de le faire, quand j'étais petite !
Je m'extirpe des bras de l'homme aux cheveux noirs et remonte m'enfermer dans les étages plus haut. Une fois arrivée dans ma chambre attitrée je vais sur le lit, ramène mes genoux sous ma tête et me recroqueville sur moi-même. Je sens toute la fatigue qui s'est accumulée au long de ces derniers jours se relâcher à travers mes larmes. Quelques minutes s'écoulent, je finis par me calmer et par respirer doucement. Je sens une main se poser sur mon épaule. Je sursaute et sors ma tête de mes bras. Je suis quelque peu rassurée, quand je constate qu'il s'agit du vieillard de tout à l'heure.
- Je veux être seule.
Le vieil homme me regarde avec des yeux malicieux et me répond :
- Il n'est pas bon de se perdre dans les souvenirs douloureux, il vaut mieux les chasser, les extirper de nos esprits.
- Merci pour cette belle leçon philosophique, monsieur Dumbledore je présume, mais malheureusement je ne suis pas d'humeur.
- Tu sais Diana, ce n'est pas en t'isolant sans cesse, que tu deviendras plus forte. Tu peux fort bien tirer ta force des autres. Il y a beaucoup de jeunes gens dans cette maison qui seraient ravi de se lier d'amitié avec toi.
Je me mets à rire sarcastiquement et lui répond :
- Mais bien sûr... je suis sûre que mon père vous a parlé de mes « amis » de Beauxbâtons. Je sais que vous et mes parents entretenez une grande relation d'amitié. Alors vous savez qu'il m'est impossible de nouer des liens de la sorte avec les jeunes de mon âge. J'ai suffisamment vécu le mépris et les coups de mes « camarades » pour savoir que je serai perçue toute ma vie comme « un monstre qui aime faire souffrir les gens avec la magie noire ».
- Tu peux contrôler cette force obscure Diana.
- Ah oui ? Comment ? Je ne sais même pas d'où elle vient !
- Tu apprendras la vérité en temps voulu, je te le promets. Mais pour l'heure il faut que tu te soignes, que tu reprennes goût à la vie et que tu arrêtes d'approfondir tes connaissances sur la magie noire.
- Je ne...
Il hausse un sourcil, me montrant qu'il n'est pas dupe et qu'il sait pour les livres de magie noire.
- Je vais essayer... mais je suis loin d'être douée pour créer des liens... et quant à ces mensonges j'en ai plus qu'assez ! Mon père, ma mère... et maintenant vous ! J'ai l'impression que tout le monde connaît la vérité sur ma « part obscure » sauf moi. Vous trouvez cela normal ?!
Un léger vent se propage dans la pièce, je respire et il disparaît.
- Tu apprendras bien vite la vérité, mais il ne serait pas bon de te le dire maintenant. Il vaut mieux que tu sois entièrement guérie et remise des atrocités que tu as vécues mon enfant.
Je soupire très fortement et lui dit :
- Très bien...
- Tu devrais aller rejoindre les autres en bas. Tu pourrais échanger avec les jeunes de ton âge et peut être avoir une discussion calme avec ton père.
- Il ne m'a jamais compris. Je doute même qu'il m'ait aimé réellement un jour. Depuis ma naissance, il a toujours été plus ou moins distant avec moi, avec sa propre fille...
- Les apparences sont parfois trompeuses mon enfant. Ton père est dur avec toi car il t'aime plus que tout. Il veut ton bonheur, seulement il ne sait pas vraiment comment gérer cette nouvelle « capacité ». Il a tout aussi peur que toi, il veut te protéger.
- Il ne sait pas du tout comment s'y prendre alors. Même vous, vous semblez plus à l'aise avec moi que lui. Des fois j'ai juste l'impression qu'il n'est pas mon père. Ma mère, elle, elle me comprenait. Elle essayait de m'aider à contrôler cette force. Elle m'a aimé plus que tout.
Des larmes s'écoulent le long de mes joues, encore... je renifle et les essuie avec le mouchoir qui se trouve sur la table de chevet. Le vieil homme me sourit presque tendrement et fait un signe de tête vers la porte de la chambre. Je soupire, me lève et me met en route vers le salon. En passant devant lui, je lui murmure un merci à peine audible et je constate que son sourire s'agrandit un peu plus. Arrivée en bas, je rentre doucement dans la salle pour ne pas être remarquée. C'est inutile, tout le monde se retourne vers moi et je peux voir les regards noirs des Weasley et les regards dubitatifs des quelques adultes présents.
Je souffle et vais m'asseoir sur le fauteuil vide qui se trouve près de la cheminée. A côté de moi, Hermione replonge dans son livre et Harry tourne les yeux gêné par ma présence. Les Weasley me regardent toujours avec des regards meurtriers.
- Bon écoutez, je suis désolé pour tout à l'heure. Je n'aurai pas dû réagir ainsi. Je sais que mes actions sont impardonnables mais... comme je l'ai expliqué au professeur Dumbledore, je ne contrôle pas cette force de magie noire. Elle surgit quand je m'y attends le moins, et elle... peu importe...
Ils continuent de me regarder avec des regards meurtriers surtout le plus jeune des roux. Je soupire et me lève pour aller faire un tour dans le jardin. Je retourne sur le banc près de la mare et regarde devant moi les quelques crapauds qui sautent dans la boue.
- Pffff... ça ne sert à rien, qui voudrait être ami avec un monstre...
- Moi.
Je me retourne vers la personne qui vient de parler et la regarde droit dans les yeux.
- Toi, mais bien sûr alors que je viens de faire souffrir ton meilleur ami et sa famille ?
Je vois qu'il hésite à prendre la parole.
- Te fatigue pas, j'ai compris, c'est toujours ainsi et ça le restera.
Je me retourne vers les crapauds et je vois du coin de l'œil qu'il s'assied à côté de moi.
- Harry si tu n'as que cela à me dire...
- Non ! Bon écoute, je ne crois pas que tu sois méchante. Je pense que ce que tu as vécu dernièrement t'a profondément changé. Je crois que tout ceci n'est qu'une carapace que tu veux montrer aux autres.
- Et bien sûr monsieur l'élu a deviné tout cela seul...
- A vrai dire Dumbledore m'a parlé un peu et je l'ai deviné, quand il a dit que tu te protégeais comme tu pouvais.
- Sacré vieux barbu.
Il me sourit et je lui souris doucement en retour.
- Tu n'as pas peur de ce que je pourrais te faire ?
- Tu n'es pas Voldemort Diana, alors non je n'ai pas peur. Tu ne deviendras jamais comme lui et ses chiens de gardes.
- Non... tout ce que je veux c'est le détruire.
- Oui, je sais, il m'a tant fait souffrir moi et mes proches. Mais il ne faut pas que tu tombes dans le piège de la magie noire c'est ce qu'IL veut !
Un moment de silence se fait pendant lequel je regarde les alentours en respirant profondément.
- Je ne deviendrais pas comme cet être immonde et diabolique.
Les paroles de ma mère me reviennent en tête et des larmes se remettent à couler le long de mon visage. Harry me prend la main et me sourit.
- Vas-y, pleure ça va te faire du bien. Je sais ce que c'est de cacher ses émotions trop longtemps.
J'éclate en sanglots et ce n'est qu'au bout de quelques instants que je me calme. Je remarque alors que j'ai ma tête posée sur son torse et que lui a une main dans mes cheveux. Je me détache de lui, gênée que cela m'arrive avec un jeune homme que je ne connais pas.
- Pardon, je ne devrais pas.
- Ne t'inquiète pas.
On se regarde dans les yeux et on se sourit doucement. Le ciel s'assombrit, je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dehors, mais la clochette de la porte d'entrée retenti et Molly Weasley hurle :
- A table ! C'est l'heure du dîner jeunes gens !
Déjà... je n'ai pas vu le temps passer, cela fait du bien d'être avec une personne de mon âge qui ne me juge pas. Harry et moi nous nous levons et nous marchons l'un à côté de l'autre sans trop savoir quoi dire. Quand nous arrivons dans la salle à manger, une grande table est dressée et il reste deux chaises non occupées l'une à côté de l'autre. Nous prenons place et Molly apporte les plats pour les mettre sur la table. Je regarde tous ces merveilleux plats, ils ont l'air tous très appétissants mais je n'ai pas très faim. Tout le monde se sert et moi je continue de regarder bêtement les plats. Harry se penche alors un peu vers moi et me dit :
- Tu peux manger, ils t'en veulent peut-être, mais pas au point de t'empoisonner.
Je décide de prendre un peu de poulet avec quelques pommes de terre rissolées. Je commence à manger et c'est alors qu'un des jumeaux parle :
- Eh bien je ne sais pas ce que tu lui as fait Harry, mais elle est rouge comme une tomate.
Je lui lance un regard meurtrier, qu'il me rend avec amusement et Harry lui répond :
- Nous avons juste discuté elle et moi c'est tout.
- Vous avez discuté très longuement alors...
Je prends la parole et lui dit :
- Qu'est-ce que tu insinues au juste le rouquin ?
- Oh eh bien pour quelqu'un qui s'est faite malmenée, tu arrives à devenir très proche d'Harry en très peu de temps. On vous a vu tous les deux dans les bras l'un de l'autre.
- Ce n'est pas ce que tu crois. Dis-je.
- Ah oui ? Et c'est quoi ?
Je soupire frustrée, je remarque que tout le monde écoute avec attention notre conversation.
- Je... C'est parce que je...
- Elle pleurait, je voulais la réconforter, c'est tout, ça s'arrête là. répond Harry d'un ton sec.
- Alors « miss-je-suis-parfaite-et-je-ne-veux-pas-être-faible » pleure, c'est une grande nouvelle, tu possèdes donc un cœur.
Je le regarde très froidement et je sens la chaleur caractéristique de ma magie refaire surface. Mon aura doit se sentir car les autres me regardent avec appréhension. Je respire profondément et ferme les yeux pour me canaliser. J'arrive à maîtriser ma magie et rouvre les yeux. Je lance un dernier regard au jumeau et me lève pour sortir de table.
- C'était très bon madame Weasley, je vous remercie pour votre gentillesse et pour votre bienveillance à mon égard. Je vous prie de pardonner mon comportement. Je sais que j'étais odieuse avec vous. Je vais aller me reposer. Bonne soirée à vous tous. Dis-je d'un ton vide rempli de fatigue.
Je prends la direction de ma chambre, une fois arrivée dans les escaliers j'entends la mère Weasley se disputer avec son fils et Harry qui me défend, je souris tristement et rentre dans la chambre.
