Le lendemain de l'accident, je peux voir une nette progression dans la relation entre Ginny et Harry. Ils ne cessent de s'envoyer des regards qu'ils pensent discrets, mais qui ne le sont pas le moins du monde. Je souris béatement à la table des Serpentard devant ce spectacle. Je perds mon sourire, quand je vois un certain blondinet s'asseoir face à moi.
- Alors Richards, on est toute seule à la table des serpents.
- Tu devrais pas être à l'infirmerie Draco ? Soupirais-je.
- Mme Pomfresh m'a laissé sortir à l'instant. Elle dit que j'ai un métabolisme qui guéri vite. Me répond-t-il en bombant le torse.
Je lève les yeux au ciel et lui dit malicieusement :
- Tu as surtout un bon ange gardien.
- Oui aussi. Admet-il avec difficulté.
Notre discussion en reste là puisque je me lève pour rejoindre le cours de potion du professeur Slughorn. La journée se passe tranquillement et sans incident. Je décide d'aller voler en fin de soirée pour me détendre et sentir l'air printanier dans mon plumage. L'atmosphère autour du château a changée, elle est plus sombre et plus macabre. Mon instinct me dit que la fin tragique du directeur des lieux est pour bientôt. Cela m'attriste énormément, je sais que Severus va devoir le tuer pour préserver Draco et pour mettre fin aux souffrances du vieil homme. Cet homme qui est devenu mon parrain, qui a pris soin de moi sans me juger et sans attendre quoique ce soit en retour. Je lui en serais à jamais reconnaissante. Je compte bien passer le peu de temps qu'il nous reste ensemble à discuter de tout et de rien, comme nous aimons tant le faire depuis quelques semaines.
Nous sommes à présent trois semaines avant la fin de l'année scolaire. Je trouve Draco de plus en plus distant vis à vis des autres, il se renferme chaque jour un peu plus sur lui-même. C'est en pensant au comportement suspect du serpentard, que je rentre dans le bureau du directeur. Je me stoppe net en voyant qu'il est en pleine conversation avec Harry sur les horcruxes. Les deux paires de yeux se posent sur moi, je me mords la lèvre inférieure et dis d'une petite voix coupable :
- Je suis désolé, j'aurai dû frapper et signaler ma présence.
- Ne t'inquiète pas Diana, de toute manière ce sujet n'a rien de secret pour toi. Me répond le vieil homme en me faisant un clin d'œil.
Je lui souris et m'avance pour me placer à côté du Gryffondor.
- Comme je l'expliquais à Harry avant ton arrivée, nous devons nous rendre demain dans un lieu qui je pense renferme en son sein un horcruxe.
- Je veux venir avec nous ! M'exclamais-je alors.
- Non Diana, tu ne viendras pas. Me dit-il avec une voix sérieuse et sévère.
Je fronce les sourcils, lui lance un regard meurtrier et lui répond froidement :
- Et pourquoi cela, monsieur le directeur ?
- Parce que ce n'est pas ton rôle. C'est celui d'Harry.
- Quand comprendrez-vous enfin que je ne suis pas l'un de vos pions ?! Je veux pas faire partie de votre échiquier !
C'est au tour du directeur de froncer les sourcils et de me regarder très froidement. Son regard me fait mal, il ne m'a jamais observé ainsi jusqu'alors. Je baisse une fraction de secondes mes yeux et les relève dans sa direction. J'essaye de percer à jour ses intentions, mais je fais face à une barrière mentale infranchissable. J'attaque de toutes mes forces, mais rien, je n'y arrive pas. Je commence à m'énerver et les vitres du bureau directorial se fissurent. Une main se pose sur mon épaule et je me calme un peu en entendant la voix de mon ami.
- Diana, calme toi, s'il te plaît. Tu vas finir par blesser le professeur Dumbledore.
Je peux constater qu'en effet mon parrain commence à grimacer, comme s'il était blessé. Je respire profondément et canalise ma magie destructrice.
- Diana, il faut absolument que tu te rendes dans les appartements de Severus, demain après-midi. Me dit le directeur.
- Mais pourquoi ? Je ne comprend pas !
- Il le faut ! Il faut que tu ais confiance en moi, je ne te considérerai jamais comme un pion Diana. Tu es ma filleule et tu le restera quoi qu'il arrive. Demain après-midi va voir Severus il saura quoi faire, il saura te protéger. Harry, peux-tu nous laisser, je te prie.
- Bien monsieur. A tout à l'heure Diana.
Le brun sort du bureau, nous laissant seuls moi et le professeur Dumbledore. Je vais m'asseoir dans un fauteuil près de Fumseck et lui caresse les plumes. Un long silence s'installe, je décide de le briser quelques minutes plus tard en murmurant :
- Je ne comprends pas. Pourquoi ne puis-je pas venir avec vous ? Ais-je commis une erreur sans le vouloir ?
- Non Diana, tu n'as commis aucune erreur. Il est juste important pour la suite des événements à venir que tu sois auprès de Severus.
- Mais je veux aider Harry, je veux aider mon ami !
Le directeur soupire, se lève de son fauteuil et me rejoint près de Fumseck, le caresse à son tour et réfléchi de longues minutes avant de reprendre la parole :
- Tu l'as senti n'est-ce pas ?
- Senti quoi ?
- Le terrible événement qui va advenir.
Je sens les larmes envahir mes yeux et commencer à couler le long de mes joues.
- Je veux être auprès de vous quand cela se produira.
- Quand le moment sera venu, tu seras avec moi.
Je le regarde droit dans les yeux, je sais qu'il me cache quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir quoi. Je renifle et il me prend dans ses bras. Notre étreinte dure un long instant avant que je ne me détache lentement de lui. Il me tend un mouchoir en me souriant, il veut me réconforter et cela ne fait qu'augmenter ma douleur.
- Je ne... je ne veux pas vous perdre.
- Ne plains pas ceux qui vont mourir. Aie plutôt pitié des vivants et surtout de ceux qui vivent sans amour. Rappelles-toi que dans les moments les plus sombres, il suffit seulement de rallumer la lumière.
Je souris tristement et hoche la tête.
- Bien que dirais-tu de prendre un goûter ? J'ai envie de confiseries et d'un bon thé, qu'en dis-tu ?
Je rigole et lui répond en reniflant une dernière fois :
- J'en dis que moi aussi.
Il me fait son sourire de grand-père totalement gaga et lance un sortilège informulé vers le bureau, sur lequel apparaît alors une multitude de douceurs, une théière, des tasses, du lait et du sucre. Nous bavardons jusqu'à tard dans la soirée, oubliant même de nous rendre au dîner, nous goinfrant de sucreries en tout genre. J'ignorais à ce moment là, que ce serait les derniers instants que je passerai en compagnie du directeur de Poudlard. Lui m'ayant promis que je serais avec lui lors du moment fatidique de sa mort.
Le lendemain matin, je mange en compagnie de mes amis à la table des Gryffondors. Étant en week-end, nous décidons de passer la journée ensemble dans le parc à profiter du beau temps. Hermione et moi lisons un livre au pied d'un arbre et discutons de nos ouvrages respectifs, tandis que les garçons parlent de tactiques de Quidditch. En fin d'après-midi, une missive de la part de Dumbledore est envoyé à Harry pour lui dire qu'il est temps de le rejoindre dans la tour d'astronomie. Je le prend dans mes bras et lui dit en le regardant droit dans les yeux :
- Reviens-nous sain et sauf, et prend soin de mon parrain. Sois brave. Je t'adore Harry.
Il me fait son plus beau sourire, m'ébouriffe les cheveux et me répond avec sournoiserie :
- Le serpent devient sentimental, on dirait.
Je lève les yeux au ciel.
- Ne prend pas tes rêves pour des réalités, Potter. Je n'aurais simplement plus personne à persécuter, si tu ne reviens pas.
C'est à son tour de lever les yeux au ciel. Il me fait un baiser sur le front et nous dit avant de partir :
- On se retrouve ce soir.
- A ce soir, Harry.
Je me tourne vers mes amis à mon tour et leur dit :
- Il faut que j'aille voir le professeur Rogue,. Je ne sais pas pourquoi mais le directeur m'a demandait d'aller le retrouver dans ses appartements.
- Si c'est le professeur Dumbledore qui te l'a demandé, vas-y Diana. A ce soir. Me répond Hermione.
Puis la jeune Gryffondore se penche à mon oreille et rajoute tout bas :
- Ne faite pas trop de bêtises, tu es encore son élève et il est ton professeur.
Je la regarde indignée par ses propos qui ne lui ressemble pas du tout et pars en direction des cachots. Je toque à la porte du logement personnel de Severus et attends qu'il m'ouvre. Ce qu'il fait quelques secondes plus tard en me laissant entrer à l'intérieur de son salon. Je recule un peu, quand je vois qui se trouve sur le canapé de la pièce une tasse de thé à la main. Je soupire et m'installe dans le fauteuil face aux deux hommes.
- Diana, vous avez donc décidé d'écouter ce vieux fou d'Albus.
- Oui professeur, même si je dois reconnaître, que je ne connais pas du tout la raison de ma venue ici aujourd'hui.
- Vous prenez toujours votre thé avec un demi-sucre et du lait ? Me demande le maître des potions.
- Oui. Dis-je en fronçant les sourcils.
Cette scène me semble tout droit sorti d'un rêve. Moi, Severus Rogue et Draco Malfoy, réunis dans les appartements du professeur de défense contre les forces du mal en train de prendre calmement le thé. Le prince de sang-mêlé me tend une tasse de thé noir aux fleurs et m'indique d'un signe de la tête les gâteaux qui se trouvent sur la table. Je fronce une nouvelle fois les sourcils, c'est irréel, je dois avoir transplaner dans un monde parallèle.
- Miss Richards, vous ne rêvez pas.
- Alors pourquoi êtes-vous si... amical?
- Cela peut m'arriver de l'être. Me répond-il d'une voix froide et en contractant la mâchoire.
Mal à l'aise, je bois une gorgée de mon thé en silence et regarde le blondinet en face de moi, qui évite mon regard. Je décide alors d'attaquer comme je sais si bien le faire.
- Bonjour Draco.
- Bonjour Diana.
- C'est amusant que tu es eu l'idée toi aussi de venir prendre le thé avec Severus, cette après-midi.
J'insiste bien sur le prénom de notre professeur et attends sa réponse.
- Oui effectivement.
Il semble très angoissé et je décide donc de le pousser dans ses retranchements.
- Dis-moi, tu sembles distant ces derniers temps avec tes amis. Pourquoi tu ne leur adresse plus la parole ?
- Cela ne te regarde pas, Richards.
- T'aurais-je offensé Malfoy ? J'en suis navré. Après tout, si tu préfères passer ton temps dans la salle sur demande à observer attentivement les objets qui s'y trouvent, c'est ton choix.
Il relève précipitamment son regard vers moi et paraît davantage inquiet.
- Arrêtez cela tout de suite, Diana.
Je lève des yeux innocents en direction de Severus et lui souris gentiment en lui demandant :
- Arrêter quoi ? Je ne dis rien de mal, Severus. Je fais seulement part de mes observations à Draco.
Il grogne, me lance un regard meurtrier et me répond très cyniquement :
- Dans ce cas, laissez vos observations là où elle se trouve, Miss Richards.
- Bien, professeur Rogue.
Je rebois une gorgée de mon thé et demande d'une voix qui se veut la plus douce possible :
- Pourquoi le directeur voulait que je vienne vous rejoindre cette après-midi ?
- Il a sans doute placé trop de confiance en moi, tout comme vous.
Je le regarde suspicieuse et commence à m'alarmer. Je me lève hâtivement pour fuir de la pièce, mais je retombe aussitôt dans le fauteuil. Je ne sens plus de force dans mes muscles et ma vue commence à se voiler. Je panique encore plus quand je vois le maître des potions venir me porter pour m'allonger de tout mon long sur le canapé.
- Vous m'avez...
- Chut, il est tant de dormir Diana.
Je sens ma respiration qui ralentit petit à petit, mais je résiste, je ne veux pas m'endormir. Je peux entendre l'homme en noir dire à Malfoy :
- Il est l'heure Draco, allez dans la salle sur demande les accueillir. Je vous rejoindrai en haut de la tour d'astronomie, il me reste une dernière chose à faire.
Le blond s'en va alors avec un dernier regard coupable dans ma direction. Je regarde impuissante le professeur Rogue me déposer sa longue cape noire tout le long de mon corps Je l'observe me faire une caresse sur la joue et je ressens la douceur du baiser qu'il me fait sur le front.
- Pardonnez-moi, Diana. Je ne peux pas vous laisser rejoindre Potter et Dumbledore.
Une larme coule le long de ma joue droite. Pourquoi m'avoir drogué à mon insu ? Pourquoi vouloir me faire sombrer dans les ténèbres de force ? Comment as-tu pu Severus ? Moi qui te faisais entièrement confiance.
