Salut tout le monde !

Voici un petit OS que j'ai concocté spécialement pour Halloween héhéhé
(techniquement je l'ai commencé en sept. 2021, s'il ne sort qu'en 2022 vous l'aurais deviné, c'est parce que je prends mon temps haha)

Bon je sais pas si ça se ressent dans l'écrit mais... Cet UA est censé être bien plus large qu'un simple OS. Eh oui encore ! Qu'y puis-je ? Ces deux-là ont toute une back-story et un slow-burn techniquement, et ils gravitent autour de personnages secondaires avec leurs propres mystères... Que je ne peux bien sûr pas développer dans un OS. Peut-être qu'un jour j'aurais la motivation d'écrire la "version longue" de cette fic, en attendant j'ai fini ce one-shot à temps pour Halloween ! Yay !

Bonne lecture !


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Je dédie ceci à mon cher petit libraire, Chuuya Nakahara.

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La librairie était plutôt calme, à cette heure de la journée. C'est pourquoi quand la clochette de la porte retentit pourtant, Chuuya savait exactement qui passait le pas de la porte. Un homme dans la trentaine, de stature naturellement imposante : grand, musclé ; il y avait une odeur de tabac qui le suivait partout et qui avait tendance à irriter les narines du jeune libraire, qui était fier d'annoncer qu'il avait arrêté la cigarette depuis vingt-et-un mois. Pourtant, cet homme, le client, on ressentait sa bonhommie dans son regard doux et presque abattu, dans la façon dont ses épaules étaient affaissées, son menton jamais bien rasé, et quand il ouvrait la bouche, on entendait la voix fatiguée de celui qui ne dormait pas assez. Oda Sakunosuke venait régulièrement, toujours pendant les heures creuses, quand Chuuya était seul derrière le comptoir. Le bonhomme était de bonne compagnie et il ne repartait jamais les mains vides, alors même si il pouvait être un peu agaçant, le libraire l'accueillait chaleureusement à chaque fois.

- Laisse-moi deviner, commença Chuuya rhétoriquement, le stock de l'arrière boutique ?

En un sourire qui ne montrait pas ses dents, le client acquiesça. De grosses cernes s'étaient installées sur ses joues, mais elles disparaîtraient d'ici quelques jours, ce n'était rien d'inhabituel.

L'arrière boutique de la librairie était une pièce assez étroite, se terminant sous l'escalier qui menait aux appartements, dont celui où vivait Chuuya avec sa sœur aînée. Ses murs étaient couverts d'étagères du sol au plafond, un peu comme le reste de la boutique, mais dont l'aspect était bien plus brouillon. Les livres étaient couverts plus sommairement, quand seulement ils étaient couverts ! La plupart des documents de la pièce étaient sur des feuilles volantes, qui parfois avaient la chance d'être reliées entre-elles par un trombone, ou pour les plus heureuses, des petits anneaux. Il y avait sous l'escalier un bureau encombré de plus de piles de pages manuscrites, une chaise en bois dépareillée, et à l'autre bout, un fauteuil à rayures orangées installé sous une lampe sur pied qui était la principale source de lumière de la petite pièce. Chuuya aimait bien s'y installer pour lire tranquillement, mais dès qu'un autre l'y rejoignait, on s'y sentait à l'étroit, et le confort se transformait en étouffement.

Heureusement, Oda n'avait pas la personnalité étouffante que sa silhouette pouvait laisser penser. La façon dont il se baissait pour ne pas se cogner dans le chambranle de la porte était plus comique qu'inquiétante, et quand le jeune libraire s'installait dans son fauteuil en croisant les jambes, il se sentait comme un prince sur son trône de qui on venait demander la grâce. C'était une sensation particulière, nerveux une seconde, et maître du monde la suivante, mais la confiance en lui de Chuuya était capricieuse comme ça.

Chuuya Nakahara était un garçon qui devait dégageait une certaine prestance, malgré son jeune âge. Il était commerçant, après tout. Son style vestimentaire était travaillé avec soin et sa propre sœur lui enviait la délicatesse de ses boucles rousses. Il avait eu une période rebelle dans son adolescence dont il n'était pas tout-à-fait sorti, en témoignait le ras-le-cou en cuir noir qui ne le quittait quelles que soient les circonstances. Le jeune homme se plaisait à jouer avec les limites de ce que les adultes auraient appelé "convenable", et les jeunes - dont il faisait malgré tout encore partie - auraient qualifié de "chiant" ; cherchant toujours la touche de piquant qui rendait son costume trois-pièces plus intéressant. Quand il sortait, un chapeau élégant était toujours vissé sur sa tête, et il laissait les pans de son par-dessus flotter au vent comme s'il avait porté une grande cape. C'était la même chose pour ses cheueux, qu'il coiffait avec une attention très spéciale chaque matin, et attachait en une queue basse à l'aide d'un ruban qui lui donnait un air du siècle précédent. Malgré leurs boucles élégantes, les cheveux de Chuuya étaient très fin, coupés en dégradé, la plupart arrivaient au dessus de ses épaules, et encadraient son visage en formant des crochets presque menaçants. C'était parfaitement calculé de la part du jeune homme, qui aimait faire forte impression.

À côté de lui forcément, Oda avait l'air tout ce qu'il y a de plus négligé. Sa chemise était noire mais on y pouvait distinguer, si on lui prêtait suffisamment d'attention, une petite tâche sur la poitrine. Le libraire prêtait attention à ce genre de détail, mais il était habitué. D'une main distraite, il se saisit des manuscrits qui étaient posés sur la table d'appoint à sa droite, pour les feuilleter distraitement. Il savait déjà ce que son client voulait.

- Tu aurais au moins pu te raser, tu sais qu'avec Kouyou on essaie de faire monter la côte de la librairie. Nos clients se doivent d'avoir une certaine classe.

Kouyou, sa sœur aînée, sa patronne. Sûrement encore en train de dormir, elle avait veillé tard pour la soirée spéciale littérature étrangère. Chuuya avait passé son tour, prétextant devoir être en forme pour le matin suivant. En vérité les soirées de plus en plus pompeuses de son aînée étaient d'un ennui mortel, et la garde du matin était une excuse facile pour y échapper.

- Désolé, désolé, répondit sincèrement Oda. J'avoue que j'ai sauté du lit ce matin pour arriver pendant la période creuse. Tu me connais, je n'aime pas trop me faire remarquer.

- Ouais, ouais, épargne-moi ton charabia et dis-moi plutôt ce que tu veux aujourd'hui.

Ces manuscrits, pensa Chuuya en relisant le titre de chaque nouvelle. Oda semblait ne s'intéresser qu'à un auteur en particulier.

- Tu as des nouveaux manuscrits de Osamu Dazai ?

- Nouveaux, non, fit le libraire faussement attristé. Ils seront disponibles demain sûrement. En revanche, j'ai ceci, il désigna ceux qu'il tenait, ça date un peu mais je crois que tu ne les as jamais empruntés.

Le client tendit la main pour les attraper mais Chuuya ne lui laissa même pas y jeter un œil. Bien sûr, Oda était un homme soigneux - malgré les apparences - qui lui ramenait chaque manuscrit dans un état impeccable - sauf quelques rares accidents vraiment - et payait honnêtement ; mais le jeune libraire ne laissait jamais une marchandise aussi précieuse être touchée avant d'avoir été payée. Un réflexe qu'il avait gardé de l'époque où il dealait des choses moins légales que des mots sur du papier.

Pas que les histoires d'Osamu Dazai étaient précieuses !

La plupart étaient des navets qui ne valaient le coup d'être lues qu'une fois, des histoires fantastiques, des monstres gothiques, des romances mélo-dramatiques, de l'horreur de bas-étage et une poésie qui laissait à désirer. Sans parler de ses œuvres plus érotiques, qui n'avaient pas vraiment de valeur artistique, la seule chose qui pourrait lancer la carrière du jeune auteur étaient ses mystères, qui reflétaient sa vivacité d'esprit : prenants et même surprenants, on en redemandait. Chuuya refusait d'appeler ça de la littérature, mais pour passer le temps, c'était efficace.

Donc, rien de précieux dans les histoires en elles-mêmes, mais leur simple statut de manuscrits leur donnait déjà de la valeur ajoutée, quelque chose d'authentique que cherchait peut-être Oda. Dazai avait une belle écriture, fine et un peu irrégulière, qui se mariait avec les genres dans lesquels il se plaisait le plus.

Soupirant, Oda baissa son bras pour lui tendre une chemise cartonnée.

- Je t'ai ramené mes emprunts de la dernière fois. Est-ce que tu as d'autres aventures d'Akutagawa ? C'est le petit qui est tombé dessus par hasard et je crois que ça lui a vraiment plu.

- Quel petit ? Demanda le libraire intrigué.

Chuuya aimait bien les enfants, mais ce n'était sûrement rien comparé à l'homme qui lui faisait face. Il avait recueilli un nombre admirable de jeunes orphelins, et leur avait offert un foyer aimant et joyeux. Peut-être qu'il aurait aimé rencontrer quelqu'un comme lui, dix ans plus tôt... Heureusement, Chuuya avait toujours pu compter sur sa grande sœur.

- C'est Atsushi, je crois que tu l'as déjà vu, il est grand maintenant, Oda leva sa main pour illustrer son propos. Comme ça à peu près. Ouah, je crois qu'il est déjà plus grand que toi !

- Oui bon. C'est pas un exploit non plus.

Agacé, le libraire se leva pour ajouter à sa pile de feuilles tout ce qu'il avait sur les aventures de Akutagawa, un des héros-monstres de Dazai. Avant de dire au-revoir à Oda, il lui lança de ne pas revenir avant d'avoir pris une douche et s'être rasé parfaitement, ce qu'ils le savaient tous les deux, le plus vieux ne pouvait promettre.

- Tu passeras le bonjour à Osamu Dazai, de la part de son plus fidèle lecteur !

Tous les mois, Chuuya rencontrait Dazai qui lui confiait ses manuscrits en main propre. Comment Oda l'avait-il deviné ? Le rouquin n'en avait aucune idée mais il n'en était même pas étonné. Malgré son air pataud, le plus âgé avait toujours une longueur d'avance, qui ne rendait Chuuya que plus méfiant encore.

...

Depuis la fenêtre, on avait une vue imprenable sur la cour avant, où l'automobile rouge qui était attendue débarqua en trombe. Les phares s'éteignirent avec le vrombissement de la machine, et une figure chapeautée en sortit. Voir un si gros véhicule avancer de lui-même avait toujours quelque chose d'impressionnant, même si ça faisait plusieurs années maintenant qu'il connaissait la Ford rouge que son ami empruntait tous les mois à un de ses voisins pour venir lui rendre visite.

La cour était bien mieux entretenue qu'elle avait pu l'être quand ils s'étaient rencontrés, le maître des lieux y prêtait de plus en plus d'attention. Ses pouvoirs s'étaient bien développés depuis : en se concentrant, il pouvait ouvrir et fermer les portes, allumer et éteindre lustres et chandeliers, et même faire légèrement bouger les ronces de ses jardins, le tout sans bouger le petit doigt. Être le maître d'un château enchanté avait quelques avantages, malheureusement le ménage ne se faisait pas encore tout seul, et la quantité de travail était conséquente. Sachant que son invité viendrait dans la soirée, il avait passé la journée, et même la semaine précédente, à rendre les espaces qu'ils occuperaient présentables. Son ami avait un faible pour le sombre et mystérieux, mais c'était aussi un garçon soigné, et son château pouvait sans problème être les deux à la fois.

C'était une demeure perdue au milieu de la forêt, gardée par une haute grille en métal noir, surplombée de piques qui semblaient acérées. Quand on passait le portail, qui s'ouvrait tout seul lorsque Chuuya s'approchait en voiture, quoi qu'il eut dû klaxonner quelques fois, on arrivait dans une magnifique cour au centre de laquelle trônait une superbe fontaine de pierre, entourée d'une allée circulaire bien assez large pour la voiture. Chuuya ne prenait jamais la peine de se garer, sachant pertinemment que personne d'autre ne les rejoindrait, il arrêtait simplement le véhicule devant les marches de la grande porte, et faisait ainsi son entrée fracassante.

Rien ne coulait jamais de la fontaine, qui devait être bouchée depuis des décennies, mais ce jour là Chuuya remarqua que l'eau était presque claire, recouverte de quelques pétales rouges qui lui donnaient une odeur douce et délicate. Ça changeait de l'eau croupie, c'était agréable. Il y avait au delà de l'allée d'énormes rosiers qui faisaient des murs de ronces, aux épines si pointues et si serrées qu'elles ressemblaient à des gueules béantes et pleines de crocs. Cependant, quelques bourgeons pointaient çà et là et venaient adoucir le tableau. Du lierre et des glycines grimpaient et se faisaient la guerre sur la façade du château, et il crut apercevoir un éclair rouge disparaître d'une des fenêtres à l'étage, avant que la grande porte en bois ne s'ouvrit dans un grincement sinistre pour le laisser entrer.

Chuuya n'avait jamais eu peur de ce château. Il avait peut-être été impressionné la première fois, mais les choses sombres et anciennes l'avaient toujours attiré, quelque part, et il l'avait découvert avec plus d'étoiles que de terreur dans les yeux. Il se plaisait à imaginer que son âme devait refléter ce goût particulier, même s'il n'avait aucun moyen de le vérifier. Plus il revenait, et plus il y avait de nouvelles choses fantastiques à découvrir, si bien que Chuuya n'était même plus étonné quand une porte s'ouvrait là où il voulait aller, quand le porte-manteau se baissait pour attraper ses affaires au vol, c'était incroyable mais c'était aussi étrangement normal. Quand il passait les grilles enchantées, l'esprit du jeune homme avait accepté qu'il se retrouvait dans un nouvel univers, aux lois différentes et dont il était l'invité d'honneur. Quoi que Dazai puisse en dire à voix haute, Chuuya remarquait immanquablement le décor tout entier se plier pour lui, et il se demandait parfois si son ami avait quelque chose à voir là-dedans.

Derrière lui, la grande porte se referma tandis que le lustre plafonnier s'allumait pour dévoiler le décor somptueux du grand hall d'entrée. Le sol sous ses pieds, probablement en marbre noir, reflétait un intriqué mandala de lumière. La lueur dansante des mille bougies dans le lustre gargantuesque, réfractée par les cristaux et anneaux métalliques qui les accompagnaient, tout avait été soigneusement calculé pour donner cet effet hypnotique à la pièce. Les talons de chaussure de Chuuya faisaient résonner chacun de ses pas dans un écho glaçant sous le haut plafond, les murs en tremblaient presque. L'escalier face à lui semblait vouloir le dévorer tout cru, il grimpait en formant un grand T et disparaissait dans la pénombre. Là, en haut des marches, juste avant la séparation de l'escalier, se tenait une silhouette élancée et fière.

Osamu Dazai était un homme qui soignait toujours ses entrées, peu importe le temps depuis lequel Chuuya et lui se fréquentaient. Il ne perdait jamais la face, toujours élégant et toujours dramatique. Il cultivait autour de sa personne un certain mystère, une noirceur attractive, quelque chose de sublime et transcendant. C'était peut-être dans sa façon classique mais élégante de s'habiller, et la belle opale bleue accrochée à son cou. C'était peut-être dans la pâleur de son teint nacré, qui semblait rayonner dans la nuit. C'était peut-être dans les bandages qui dépassaient légèrement de ses vêtements, et cachaient plus de peau au regard avide de Chuuya, et peut-être quelque chose d'autre. C'était peut-être dans sa gestuelle, si fine et élégante, et pourtant si assertive et décomplexée ; Dazai bougeait comme s'il était seul sur scène, il descendait les marches deux à deux les bras grands ouverts pour accueillir son ami.

- Si ce n'est pas mon petit homme préféré, salua-t-il comme s'il avait l'habitude de recevoir toutes sortes de personnes. Que me vaut le plaisir de ta visite ?

Voilà bien longtemps que Chuuya n'essayait plus de le convaincre de ne pas l'appeler petit ou quelque synonyme que le châtelain aurait trouvé ce mois-ci.

- La même chose que toujours, Dazai, je viens chercher tes nouveaux manuscrits.

- Ah, moi qui me languissais ta venue, tu n'es là que pour affaires hélas ! se lamenta Dazai théâtralement, ce qui arracha un petit sourire amusé à son invité.

Il finit de descendre les marches et vint serrer lui serrer la main, échangeant un sourire complice. Une grande porte en bois s'ouvrit à droite de l'entrée, et Dazai s'inclina avec galanterie.

- Après toi.

Chuuya leva les yeux au ciel mais ne fit aucune remarque, se contentant d'avancer dans la galerie familière, qui menait vers le salon privé où se passaient la plupart de leurs rendez-vous. Les premiers de chaque mois, entre dix-huit et dix-neuf heures, Chuuya rendait une petite visite à Osamu Dazai et récupérait ses derniers manuscrits. Le mystérieux châtelain semblait ne rien faire d'autres de ses journées que d'écrire, et chaque mois Chuuya repartait avec une petite dizaine de nouvelles et de chapitres sans grande valeur mais dont il ne se lassait jamais.

Le petit salon privé de l'aile Est n'était peut-être pas la pièce la plus conventionnelle pour recevoir des invités à une heure si tardive, il avait plutôt été pensé pour les petits déjeûners devant le levant, et était donc particulièrement sombre le soir venu, mais Dazai argumentait qu'on y voyait mieux les étoiles, et Chuuya n'y trouvait rien à redire. Lorsqu'ils entraient, tout était déjà prêt pour les deux acolytes. Sur la table basse était installée une petite pile nette de parchemins, triés dans l'ordre dans lequel Dazai voulait les faire lire à son ami libraire, qui faisaient face au divan en velours rouge. Un fauteuil assorti était installé de l'autre côté, pour l'écrivain et hôte. Un chandelier sur une table d'appoint et un autre sur un pied plus long faisaient suffisamment de lumière pour qu'on puisse lire confortablement sans l'aide des rayons du soleil. Les chandelles brûlaient d'une lumière vive et chaude mais jamais ne fondaient, comme toutes les autres bougies enchantées du château. Une modeste bibliothèque avait été déplacée là tardivement, quand il fut clair que la pièce serait reconvertie en salle de rendez-vous littéraires, contre le mur du fond, dans laquelle étaient rangées soigneusement les œuvres préférées de Dazai, mais aussi classés ses brouillons et exposés quelques cadeaux qu'il avait pu recevoir au fil de leurs rendez-vous.

De l'autre côté de la table basse, assez éloignée des manuscrits pour éviter tout risque de tâche, une ancestrale bouteille de vin rouge avait été ouverte et deux verres en cristal les attendaient patiemment. Dazai n'avait jamais été un grand amateur de vins, mais sa cave était remplie de breuvages qui étaient là avant lui, et son invité en était friand, il n'avait donc aucune raison de l'en priver. Souvent il ne se servait qu'un verre qu'il touchait à peine, Dazai se contentait volontiers de regarder son ami siroter en lisant rapidement.

Avec la force de l'habitude, Chuuya vint s'installer dans le divan et saisit les manuscrits qu'il commença à feuilleter, tandis que Dazai servait le vin sans le quitter des yeux.

Il considérait comme une victoire le fait de capturer l'attention de Chuuya dès les premiers paragraphes. S'il lisait une nouvelle ou un chapitre entier sans sauter de pages, ce qui arrivait de plus en plus souvent, c'est que sûrement, il devait y avoir quelque chose de réussi dans l'histoire du jour.

- Ça fait une sacrée pile dis-moi.

- C'est vrai, admit Dazai. Mais tu as tout ton temps pour la lire. Je me sentais particulièrement inspiré, ce mois-ci.

- Tss, c'est parce que je t'ai dit de t'inspirer d'expériences personnelles ?

- Entre autres, même si je le faisais déjà.

- Je me demande bien quelles genre d'expériences tu peux vivre, reclus dans ce château, dit Chuuya en secouant la tête, rhétorique.

Dazai voulut lui répondre avec son regard, mais le petit libraire ne leva pas les yeux un instant, ce qui fut for dommage. Quel genre d'expériences ? Il pourrait rester et le découvrir par lui-même !

Chuuya se laissait toujours absorber par sa lecture. Un moment il discutait avec vivacité et l'autre il était muet comme une tombe, absorbé dans les univers manuscrits de Dazai. Ses yeux sautaient rapidement d'une ligne à la suivante. Parfois, ses sourcils se fronçaient, quand un détail lui échappait, ou lui déplaisait. D'autres fois un petit sourire se dessinait sur son visage, si un passage était particulièrement satisfaisant. Dazai avait appris à interpréter les différentes petites moues de son ami pour prédire ce qu'il avait pensé de chaque récit. Les histoires qui avaient contrarié Chuuya lors de sa lecture étaient celles qui avaient le plus de chances de lui plaire au final ; ce que Dazai trouvait un peu étrange, même si ça ne rendait le défi que plus intéressant.

Patiemment installé dans le fauteuil, Dazai observait avec une certaine langueur le visage concentré de son lecteur. Chuuya ne s'était jamais rendu compte du nombre de personnages qui étaient inspirés de lui, que ce soit sur son physique, son caractère, ou même les sentiments qu'il faisait naître en Dazai. Des choses tout-à-fait singulières - quoi que loin d'être déplaisantes - qu'il n'avait vues chez aucun autre auparavant.

Quand il eut fini la première nouvelle, Chuuya se permit quelques gorgées supplémentaires de vin. C'était une excellente bouteille, Dazai avait beau prétendre ne pas s'y connaître, il possédait une collection épatante. La nouvelle en question était plutôt bonne, et Chuuya s'apprêtait à complimenter l'auteur mais fut interrompu par un violent coup de tonnerre. Un grognement lui échappa malgré lui.

- J'espère qu'il ne va pas pleuvoir, les routes sont impraticables après !

- Ne t'en fais pas pour ça mon ami, et dis-moi plutôt ce que tu as pensé de cet amuse-gueule ? s'enquit Dazai.

- Tu appelles ça un amuse-gueule?

- Oui, ou une mise en bouche, si tu préfères. Attends de lire le reste et tu comprendras.

Efficacement distrait de la météo, Chuuya reprit sa lecture, intrigué. Dazai triait toujours ses manuscrits avec soin avant de les lui remettre, afin que son ami libraire les découvrît dans l'ordre dans lequel il l'aurait décidé. En général, l'auteur parlait plus d'ouverture ou d'entrée vis-à-vis de l'œuvre qu'il plaçait au sommet de la liste. Chuuya ne se souvenait pas avoir déjà entendu Dazai l'appeler amuse-gueule, comme si une nouvelle entière, et de cette qualité, n'était là que pour lui ouvrir l'appétit. Certes, la pile de ce mois-ci était conséquente, mais qu'avait bien pu écrire Dazai en plat de résistance, alors ?

Comme il était un lecteur rapide - et avide - Chuuya ne tarda pas à le découvrir. L'histoire qui suivait était une nouvelle Aventure d'Akutagawa, dans laquelle était introduit un tout nouveau personnage.

- Justement, dit-il en ayant lu que le titre ; il y a ce gamin qui a découvert Akutagawa il y a peu, et qui est devenu un vrai adepte de ton personnage.

- Vraiment ? Dans ce cas ce numéro devrait beaucoup lui plaire ! Enfin, s'il a l'âge bien sûr. Akutagawa n'est pas un héros pour les enfants.

Chuuya ne prêta pas attention au commentaire de Dazai, mais peut-être aurait-il dû ? Au fil des pages, il ne put s'empêcher de trouver qu'il y avait quelque chose de louche avec ce nouvel associé d'Akutagawa... Sans vraiment pouvoir dire ce que c'était. Il y avait une drôle de tension entre les deux associés qui n'était décidément pas propice au lien professionnel qu'ils tentaient de nouer.

Vers la fin du chapitre, le commentaire d'un personnage secondaire fut le déclic qui permit à Chuuya de comprendre ce qu'il se passait entre les deux associés.

- La romance d'Akutagawa, c'est avec un homme ? dit-il choqué, en relevant le regard.

- Eh oui mon ami, tu as le nez je vois.

- Jusque là j'étais persuadé qu'il finirait par épouser sa voisine, mademoiselle Higuchi ? Ils semblaient assez proches, et elle est un personnage récurrent dans ses aventures...

Dazai haussa des épaules nonchalant, mais prit tout de même la peine d'expliquer :

- Un tragique triangle amoureux ! Le belle Higuchi est effectivement éprise du sombre et mystérieux Akutagawa, qui hélas ne pourra jamais répondre à ses sentiments... Ce sont des choses qui arrivent parfois.

- On voit fréquemment une métaphore de la sexualité dans les créatures surnaturelles, mais je ne pensais pas qu'il serait réellement homosexuel, dit le libraire. C'est un bon élément de surprise, même si je doute qu'en l'apprenant, peu de gens veuille encore lire les aventures d'un tel héros.

- Pourquoi donc ? Vous pensez que des lecteurs qui ont réussi à s'identifier à un monstre ne pourraient pas s'identifier à un homosexuel ?

Visiblement en désaccord, Chuuya soupira et but quelques gorgées de plus. Il ne semblait pas dérangé par l'idée de l'homosexualité - un peu plus par celle de l'amour à sens unique - et les conclusions qu'en tira Dazai étaient on ne pouvait plus satisfaisantes. Malgré ses commentaires mitigés, son lecteur était à l'aise, ce qui l'encouragea à s'approcher pour s'asseoir à ses côtés, sur le divan.

- Dazai, t'as pas l'air de comprendre, très peu de personnes lisent tes manuscrits. J'ai peur qu'un détail aussi polémique ne fasse fuir les rares lecteurs qui t'accordent un peu d'attention.

Chuuya n'avait pas réagi au mouvement de Dazai jusque là - il ne l'avait probablement même pas remarqué - mais lorsqu'il se tourna pour le regarder dans les yeux, la surprise de leur soudaine proximité le fit taire. Il déglutit, son rythme cardiaque s'accéléra... Était-il effrayé ou excité ? C'était encore difficile à dire à ce stade, mais Dazai miserait plutôt sur la deuxième option.

- Peut-être que je n'écris pas pour l'attention de ces lecteurs, susurra-t-il. Peut-être que je n'écris que pour mes amis, et mon plaisir personnel.

Les joues rouges, Chuuya détourna le regard. Il se distrayait avec les manuscrits, Dazai ne pensait pas lui faire tant d'effet si tôt mais c'était pour le mieux. À vrai dire, il n'était même pas certain que son cher libraire décèlerait les indices que Dazai avait dissimulés dans le chapitre d'introduction du love-interest, alors qu'il lui parlât de cette histoire de métaphore était une victoire inespérée. Il n'aurait jamais dû douter de son lecteur le plus fidèle, après tout, il n'était pas libraire pour rien.

- J'espère que ça ne te dérange pas quand même, Chuuya ? demanda-t-il sans préciser quoi, exactement.

L'homosexualité de son personnage principal, la romance qui s'installait lentement, leur nouvelle proximité, le nombre de pages qu'il avait encore à lire, la pluie qui battait dehors, il y avait tout un tas d'élément qui auraient pu être dérangeants. Chuuya nia avec discrétion, mais nia quand même, et Dazai en profita pour se rapprocher encore un peu, faisant mine de lire par dessus son épaule. Oh, cette nouvelle là allait être particulièrement intéressante. Trépidant d'une impatience silencieuse, Dazai resta à l'affût des moindres réactions de son invité.

Des personnages inédits, qui se connaissaient déjà. La nouvelle commençait fort, un beau soir dans un jardin à l'atmosphère irréelle. La demoiselle lisait paisiblement à son balcon, éclairée d'une lampe à huile qu'elle chérissait en secret. C'était un objet rustre, et les jeunes filles de son rang méritaient de s'éclairer avec plus de raffinement, mais elle l'avait gardée précieusement, allant même jusqu'à la récupérer dans la mare quand sa stricte gouvernante l'y avait jetée. Le jeune homme qui traversa le domaine pour la rejoindre, était l'auteur de ce précieux cadeau, ainsi que l'invité qu'elle attendait avec tant de langueur, installée inconfortablement dans le froid de la nuit. Il lui dit : La nuit n'est pas froide quand je suis avec vous, et elle arrêta de grelotter, le vent arrêta de souffler, les amants s'embrassèrent à la lueur de la lampe chérie, et sous le regard discret de milliers d'étoiles.

- Encore de la pornographie ? se plaignit Chuuya quand il tourna la page.

- Quoi, tu t'attendais à ce que ces deux amants, qui se retrouvent le soir en secret, s'assoient ensemble pour bouquiner ?

La voix de Dazai était suave et soufflait une chaleur dans son cou qui fit sursauter le lecteur, qui se sentait soudain tout embarrassé.

- Pourquoi tu me partages ces trucs Dazai, tu devrais pas les garder privés ?

- Enfin Chuuya, la littérature érotique est un art qui mérite d'être partagé !

- Tout ce qu'il y a d'artistique dans ce journal de débauche ce sont les noms farfelus que tu as dégottés pour tes personnages !

- Quoi, ils ne te plaisent pas ? Ce sont des anciens noms, j'ai trouvé que ça donnerait une ambiance plus spéciale au tout.

- C'est imprononçable enfin ! Oz-cha... Quoi ? Comment on est censé prononcer ces trucs enfin ?

- Oh, je n'en ai pas la moindre idée, fit Dazai nonchalant.

- Comment ça ? s'énerva Chuuya ; C'est toi qui l'as écrit quand même !

- Certes, mais ce sont des noms que j'ai relevés sur des tombes, personne ne les a prononcés pour moi. Mais de toutes façons quelle importance, puisqu'ils ne sont pas censés être prononcés ? Comme tu l'as vu toi-même, ce n'est pas le genre d'histoires qu'on conte à haute-voix, ce qui signifie que je peux me lâcher sur l'orthographe des noms propres puisque personne n'est censé les prononcer !

Le raisonnement semblait tout-à-fait absurde mais malgré cela, Chuuya ne put y déceler de faille, et se contenta d'un long soupir.

- Quand bien même. Pourquoi tu tiens tant que ça à me les faire lire alors ? Si tu veux des retours, il faut que je puisse prononcer le nom de tes personnages. Et sinon, mets-les au fond de la pile pour que je les lise tranquillement chez moi.

- Alors tu vas me donner des retours ? Tu n'as qu'à les appeler Lui et Elle si c'est tout ce qui te tracasse.

Il était dur de dire si l'air de Dazai était plutôt enjoué ou sensuel, un drôle de mélange des deux qui mettait Chuuya plutôt mal-à-l'aise. En fait, il était lui-même à mi-chemin entre le mal-aise et l'anticipation euphorique d'il-ne-savait-trop quoi.

- Peut-être, hésita-t-il. Est-ce vraiment... Le genre de retours qui t'intéresserait, Dazai ?

- Tu sais mon cher Chuuya, dit-il, et il lui sembla qu'il était vraiment de plus en plus près, alors qu'une main venait se déposer sur sa cuisse. Je chéris toujours chacun de tes retours, et en prends note avec application.

Chuuya déglutit nerveusement, ses yeux sautant de la main pâle et fine innocemment posée sur son pantalon, aux yeux insistants de Dazai, qui reflétaient la lueur rougeoyante des chandelles.

- Je... Je l'avais remarqué, c'est vrai.

- Alors ? Je sais que tu n'as pas encore lu La Lampe à Huile De La Demoiselle au Balcon, mais qu'en est-il du reste ? Tu ne me parles jamais de ma pornographie, comment saurais-je si elle plaît ou non ? se lamentait Dazai.

- Eh bien, si on prend... Ces œuvres, pour ce qu'elles sont... Tu sais, tu as une plume très élégante qui pourrait raconter les pires conneries de manière assez classe donc, tu sais transporter le lecteur de toute évidence. L'univers sombre, mystérieux et magique qui t'inspire tant se marie étonnamment bien avec... Ce genre de choses.

- Oh, donc mon petit Chuuya aime le surnaturel ? dit Dazai avec un petit sourire tout ravi. Et à propos du sexe ?

- Je... ! Ce, c'est un peu gênant !

Depuis tout-à-l'heure ils s'était encore rapproché semblait-il, Dazai avait passé son bras droit derrière les épaules de Chuuya et ses doigts jouaient distraitement dans ses cheveux, tandis que sa main gauche continuait à caresser la cuisse qu'elles avaient pris pour cible un peu plus tôt. À un moment dans la soirée, Chuuya avait lâché les manuscrits qui s'étaient étalés sur la table basse, et avait reposé son verre sur le guéridon. Il ne savait plus trop quoi faire de ses propres mains à présent, mais les employer pour se libérer de l'emprise de son hôte ne lui effleura pas l'esprit la moindre seconde.

- La pluie se fait vraiment forte, dit-il pour détourner la conversation, mais ses mains venaient agripper la chemise de Dazai, contredisant les intentions de ses mots.

- Tu peux rester la nuit, il y a des dizaines de chambres dans ce château, la voiture sera toujours là demain matin.

Dazai pouvait sentir que Chuuya était encore gêné mais pas entièrement réticent. S'il voulait que les choses avancent avant que la pluie ne cesse et offre à son invité une porte facile où fuir ses désirs refoulés, il devrait se montrer plus direct.

- Ce n'est pas la peine d'être gêné ici, dit-il à moins d'un centimètre des lèvres de Chuuya. Personne ne peut nous voir.

Si Chuuya avait continué de rougir et de bafouiller, Dazai l'aurait embrassé sans préambule, mais il faut croire que son petit libraire était plus farouche qu'il l'aurait prédit. Ces mots étaient à peine prononcés que Chuuya se servait des poings dans la chemise de Dazai pour l'attirer à lui dans un baiser d'une surprenante - mais bienvenue - passion.

Dazai sentit son cœur repartir, son cerveau exploser et ses os se liquéfier, et sa situation ne fit qu'empirer - ce bruit-là venait-il vraiment de sa gorge ? - quand Chuuya mordit à sa lèvre avec fougue et que ses bras passaient dans sa nuque. Trop tôt hélas, ils se séparèrent à bout de souffle. Le cœur de Chuuya était erratique contre son propre torse, plus discret mais pas moins excité. Ils se fréquentaient depuis des années, et depuis aussi longtemps, Dazai avait rêvé de cet instant précis. Chaque fois dans des circonstances différentes, chaque fois il s'était dit "Le mois prochain, promis", jusqu'à ce que le mois prochain arrivât, et c'était aujourd'hui. Un long râle échappa à Chuuya qui penchait la tête en arrière, et le regard de Dazai s'attarda une seconde sur sa pomme d'Adam, et deux sur son pouls affolé, avant que les mains accrochées dans ses cheveux ne l'attirent à nouveau vers les lèvres tentatrices. Avec bonheur, Dazai se plia à leur volonté.

- Pourquoi, grogna le rouquin entre deux baisers, je l'ai pas vu plus tôt ? Je me sens tellement...

- J'aime prendre mes précautions, l'interrompit Dazai sans scrupules, de baiser en baiser.

- On n'aura pas besoin de dizaines de chambres ce soir je crois.

Une seule serait largement suffisante, bien que Dazai en eut nettoyé une seconde, pour le cas où.

...

- Chuuya, j'ai un aveu à te faire.

- Quoi, ça peut pas attendre ?

Entre deux baisers, les deux partenaires se fixèrent longuement. Ils étaient couchés l'un sur l'autre, en bonne voie vers la nudité, étendus au beau milieu d'un énorme lit. Dazai s'était préparé pendant des années à cette éventuelle conversation, mais aujourd'hui qu'elle avait lieu, il ne se sentait toujours pas en mesure de l'affronter - bien que pourtant il l'eut fallu.

- C'est important ! On peut pas continuer comme ça sans que je... Enfin... Je voudrais pas te faire de mauvaises surprises d'accord ? C'est important ! bafouillait-t-il malgré lui.

- Ok, alors qu'est-ce que c'est ? Tu risques de tomber enceinte c'est ça ? répondait Chuuya légèrement, ce qui détendit efficacement l'atmosphère.

Dazai roula les yeux vers le ciel.

- Mais non idiot... Je... Tu sais que ce château est ensorcelé pas vrai ?

- Euh... Ouais, je sais. Et donc... ?

- En tant que son maître, c'est moi qui le contrôle. Les portes, les chandeliers, les rideaux, les jardins...

- Oh, oui. Je l'avais compris depuis longtemps Dazai. Enfin, j'avais pas de preuves bien sûr, mais je sais faire deux plus deux, je suis pas aveugle.

Une fois encore, Dazai fut étonné de la clairvoyance de son partenaire, mais y ressentit tout de même une pointe de fierté. C'est qu'il était malin, son petit libraire. Il ne put s'empêcher de taquiner :

- Tu avais compris ma magie mes pas mes intentions séductrices ?

- Eh bien, il faut dire que tu es bien plus doué à l'un qu'à l'autre, répondit Chuuya d'un air hautain, trahi par le rouge de ses joues et la chair de poule sur ses épaules, que Dazai s'empressa de caresser.

L'ambiance s'était bien refroidie entre eux, depuis ces quelques échanges, mais la tendresse subsistait, alors Dazai s'y accrocha comme à une ligne de vie avant de se jeter complètement à l'eau.

- Mais en dehors de ça, dit-il, il y a une raison pour laquelle je peux contrôler ce château à ma guise. Il y a une raison pour laquelle je ne sors jamais, et on ne se retrouve que le soir, et je... Mon corps couvert de bandage, tout a une explication !

Les yeux qui se relevèrent dans les siens étaient pleins d'inquiétude mais pas de peur. Chuuya n'avait jamais eu peur de lui, béni fût-il.

- Ne pleure pas, murmura la voix de Chuuya tout contre sa mâchoire serrée. Je t'écoute, je suis là.

- Je suis un monstre !

C'était dit. Contre ses prédictions - une fois de plus - Chuuya n'esquissa pas même un geste de recul, resserrant au contraire son étreinte. Dazai se sentait comme une grande tige de paille toute fine et cassée qu'on tenait dans ses bras et qui pendait dans tous les sens, ne sachant plus trop quoi faire de ses membres trop longs et fins.

- Tout va bien, dit Chuuya dans son oreille. Je sais que votre père était.. C'était pas quelqu'un de bien. On a tous fait des trucs moches Dazai.

Non, bien sûr qu'il ne comprenait rien. Il faisait trop noir et soudain trop froid - même dans les bras incandescents de Chuuya - et l'air était lourd et l'orage grondait dehors... À contre cœur, Dazai dut s'écarter pour respirer. Son partenaire le regardait avec de grands yeux surpris et patients, et Dazai ne pouvait soudain plus mentir.

- Je suis littéralement un monstre Chuuya. Comme dans mes histoires, je... J'invente pas ces nouvelles de nulle part, elles s'inspirent de moi. De ce que je suis.

Quand Dazai rouvrit les yeux, Chuuya le fixait interdit.

- Désolé, on dirait que j'ai ruiné l'ambiance, dit-il.

Après encore quelques secondes d'un silence assourdissant, le rouquin éclata enfin. Il éclata en petits rires sincères qui éclairèrent la pièce comme mille chandelles, qui diffusèrent ses doutes et les soufflèrent par la fenêtre, au loin dans l'orage.

- D'accord, d'accord, fit-il quand il parvint à se calmer, c'était pas une blague. Je comprends, dit il en inspirant profondément. J'ai toujours trouvé qu'il y avait un truc spécial chez toi Dazai. Est-ce que tu fais sortir des tentacules de ton ombre comme Akutagawa ?

- Alors, techniquement, ce ne sont pas des tentacules mais... Non. Je... Tu ne vas pas fuir ?

- Depuis le temps qu'on se connaît j'ai eu le temps de m'apercevoir que t'étais un type louche, répondit-il en haussant les épaules. Je vais pas commencer maintenant que ça devient intéressant.

L'aveu et la confiance de son petit libraire touchèrent profondément Dazai, mais il préféra mettre ce sentiment de côté, encore trop incertain.

- Je... J'ai tellement envie de toi, dit-il en passant une main dans les boucles rousses de son partenaire. Depuis qu'on s'est rencontrés, tu sais ? Je rêve de... De boire de ton sang comme ça. Ça ne te fait toujours pas peur ?

Un éclair rouge et étranger se refléta dans les prunelles d'argent de Chuuya, quelque chose changea enfin, mais pas pour le mieux. Cette fois-ci, il fut celui qui s'écarta de Dazai. Derrière ses yeux, un engrenage venait de s'emboîter et Dazai n'aimait pas du tout ce que cela présageait. Il retint son souffle d'anticipation.

- Est-ce que... J'étais ta proie ? Depuis toutes ces années ?

Et lorsque Chuuya repoussa le torse de Dazai de ses deux mains pour se relever et s'éloigner, blessé et trahi, il emporta avec lui toute sa chaleur. Une main glacée vint comprimer dans sa cage thoracique cette chose qui avait, à force de pénibles efforts, lentement recommencé à battre ; pour la bâillonner et la soumettre à nouveau. De colère, Chuuya chassa les mains qui l'avaient pourchassé inconsciemment dans sa retraite, comme la dernière accroche d'un homme désespéré. Dazai récupéra ses mains tremblantes, les réprimanda en pensée d'agir sans son accord, mais quand il se leva à son tour, Chuuya fit deux pas de plus en arrière.

- Toutes ces années, répéta-t-il les yeux fous. Je suis tombé droit dans ton piège. Mieux que ça, je venais à chaque rendez-vous avec plaisir ! J'avais hâte de te retrouver, je me suis jeté dans la gueule du loup comme un imbécile !

- Ne dis pas ça, Chuuya...

- J'aurais dû le voir plus tôt ! Un château immense qui s'ouvre et se referme sur moi, un hôte solitaire et mystérieux qui écrit des histoires minables... Et quelle coïncidence ! Je suis un libraire minable, c'est parfait ! Et dire que j'ai pensé que tu me voulais... J'aurais dû voir que c'était trop beau pour être vrai, à commencer par Élise ! Et puis, toi et.. Et ce vin ! Tu ne bois jamais autant de vin que moi Dazai, tu... Tu m'empoisonnais ?!

- Non ! Jamais je le jure !

- Alors comment tu l'expliques ?

Peu à peu, Chuuya se replia sur lui-même, ses mains couvrant sa tête en une vaine tentative de la protéger ; dévasté, dépassé par ses propres émotions contradictoires.

- Comment tu expliques ce que je ressens ? articula-t-il avant un premier sanglot. Comment tu expliques que je sois tombé dans tes bras ? Pourquoi ton corps m'appelle à lui, comme les amants de la Lampe à huile ?

En mille précautions afin de ne pas effrayer son ami - en pleine crise existentielle - Dazai s'accroupit à ses côtés. Il hésita à poser une main sur son épaule, mais finit par céder.

- Alors tu l'as remarqué ? demanda-t-il de sa voix la plus douce. Une âme en peine dans une prison dorée, qui attend chaque soir la venue de cet homme de la ville, si différent d'elle mais qui est le seul à la comprendre. Il n'y a pas que les monstres, qui sont inspirés de ma vie Chuuya. Il y a aussi tous les amants, et tous les héros qui sont inspirés de toi. Je comprends que tu aies peur, je serais terrorisé à ta place ! Mais je veux que tu saches que tu as toujours été et sera toujours bien plus qu'une simple proie pour moi.

Une fois de plus, Chuuya repoussa le contact, mais ses mains ne purent se résoudre à lâcher celles de Dazai.

- Tu pourrais très bien être en train de m'embobiner, comme tu trompes tes lecteurs si habilement, tout ça pour me dévorer dès que j'aurais le dos tourné.

- Chuuya, je ne t'aurais jamais avoué tout ça si ça avait été mon intention dès le départ ! Je n'aurais jamais perdu des années à écrire seul dans le froid, à attendre désespérément tes visites... Je ne veux pas te laisser partir ! Mais... Si c'est ce que tu veux vraiment, je ne veux pas te garer prisonnier non plus, toi aussi.

La porte de la chambre dans laquelle ils avaient eu l'intention de passer la nuit s'ouvrit en grand, laissant entrer la lueur bleutée de la lune, et quelques secondes plus tard les chandelles dans le couloir s'enflammèrent à leur tour, et leur lueur orange domina celle de la nuit. Cependant, Chuuya ne bougea pas d'un pouce, n'ayant aucune intention de s'en aller si vite. La main glacée dans la gorge et autour du cœur de Dazai commençait à faiblir et desserrait lentement son emprise.

- Tu ne vas pas me manger ? demanda Chuuya qui avait toujours des doutes.

- ... Pas littéralement, répondit Dazai taquin, avant de reprendre avec plus de sérieux : Je ne voudrais jamais ta mort, tu as lu mes écrits, tu sais mieux que quiconque comme j'aime !

- Tu m'aimes ? réalisa-t-il soudain, le rouge aux joues et les yeux exorbités. Comme... Comme dans tes histoires ?

Le sourire de l'auteur dut faire son petit effet, car les rougeurs de Chuuya s'étendirent sur toute sa face, jusque sur ses épaules dénudées et frissonnantes. C'était une vision des plus douces et Dazai fut ravi d'avoir pu la contempler à la lumière des chandelles, même si celles-ci ne provenaient que du couloir adjacent.

- Tout le jour durant quand il n'est pas là, et j'en rêve encore la nuit après sa venue, récita-t-il. J'en suis nerveuse rien que d'y penser, mais dès qu'il est là mes craintes s'envolent et je ne pense plus qu'à mes doux rêves réalisés dans ses bras. Je n'ai d'autres désirs que celui de l'enlever à cette Terre ingrate que nous quitterions ensemble vers un monde où nous pourrions nous aimer, hélas ! Il est un garçon occupé, et je suis une fille enchaînée.

- La Lampe à Huile De La Demoiselle Au Balcon, devina Chuuya en un murmure.

- Le souffle court, il releva un bras vacillant vers le visage éploré de sa douce. Dazai mima la scène avec son bras et caressa la joue de son invité. Il prit des voix différentes pour chaque personnage : 'Vous êtes revenue ?' demanda sa voix qui puisait dans les dernières forces de la Bête. 'Bien sûr, je vous l'avais promis !' répondit la Belle en larmes. 'Je suis content, je meurs dans les bras de celle que j'aime. Souriez je vous en prie ! Je serais un monstre comblé si je pouvais admirer votre sourire une dernière fois.'

- La Belle et La Bête...

Dazai prit une longue inspiration avant de planter son regard le plus intense dans les yeux encore brouillés de Chuuya.

- Tous les soirs ils se croisaient, et tous les soirs il y avait cette fragrance qui accompagnait le Docteur Nakajima, et il n'y avait aucune autre explication : Ce devait être la sienne ! Aucun humain ni aucun monstre n'avait d'odeur si alléchante, et pourtant, Akutagawa en avait côtoyé des dizaines, fut une époque. C'était un désir viscéral mais le Docteur restait, hélas, encore et toujours hors d'atteinte.

C'était un extrait que Chuuya n'avait pas encore eu le bonheur de lire, dans le dernier épisode, le Docteur Nakajima venait tout juste d'être introduit. Ce passage là attendait sagement sur le bureau de Dazai, entre deux pages blanches et d'autres projets en cours. Il aurait continué sur d'autres extraits pendant des heures, si Chuuya n'avait pas attrapé son visage ainsi en coupe pour l'embrasser avec une fougue renouvelée. Loin de s'en plaindre, Dazai en fut tout de même étonné, ils en tombèrent tous les deux à la renverse sur le parquet qu'il avait lustré pendant une bonne heure la veille. Il ne l'aurait pas fait pour rien, au moins.

- Je ne suis pas un docteur, dit Chuuya entre deux baisers. Ni une belle, ni même un... Amant secret du soir for occupé... Mais le Docteur Nakajima n'a plus à être si hors d'atteinte, et la Bête n'a plus à mourir à la fin si sa Belle lui rend ses sentiments.

- Que veux-tu ? Il faut bien que je romance un peu, ou j'écrirai toujours la même chose !

- J'aime tes tragédies, mais je ne veux pas en voir la couleur hors du papier !

Et sur ces mots for avisés, Chuuya reprit ses baisers, sans se demander si Dazai était confortablement installé sur le plancher ou s'il aurait préféré revenir sur le grand lit qui les attendait sagement. Ravi d'avoir retrouvé l'enthousiasme de son partenaire, Dazai considéra s'en contenter, mais alors que son désir montait en flèche, ses instincts reprenaient le dessus peu à peu et avant qu'il ne le sût, il arrêtait ses crocs à quelques millimètres des tentatrices tâches de rousseurs de Chuuya, le nez sur sa pomme d'Adam.

- Est-ce que ça fait mal ? demanda-t-il nerveux, et Dazai sentit les cordes vocales vibrer sous ses lèvres.

- Pas vraiment. Tu vas te sentir, un peu bizarre pendant un moment, et ça va passer.

- Bizarre comment ?

- Froid ? Apaisé, fatigué ? Ça dépend des personnes, mais je vais tout faire pour que tu ne souffres pas.

Quelques respirations courtes s'échappèrent encore de la gorge du rouquin avant qu'il n'accepte d'une voix faible mais déterminée. Sans plus de bavardages, Dazai y planta ses crocs avec une avidité qu'il avait rarement exprimée. Le râle que poussa Chuuya n'avait pas grand chose de douloureux, et il s'en délecta tout autant.

Ce qui traversa Chuuya, ce n'était ni le froid, ni la paix, ni la fatigue. Tout au contraire, c'était un mélange de douleur lancinante, de chaleur étouffante et d'un désir vorace et intense. Il sentait ses genoux trembler et ses yeux se retourner dans leurs orbites, comme espérant apercevoir le firmament, dans la douceur des draps. C'était un feu, une vague de plaisir incandescent qui partait de la bouche enivrante de Dazai et s'échouait partout dans son corps et son esprit, le lavant entièrement de toutes les réticences qu'il avait pu éprouver. Si c'était ça un monstre, Chuuya pourrait s'habituer à en fréquenter un. De plus de manières que celle-là.

Trop tôt hélas, ils durent se lâcher. Dazai ne voulait pas vider son cher humain de son sang - bien que la tentation fut grande - mais, simplement y goûter un peu. Oh, il avait fait plus que goûter, il avait savouré chaque gorgée avec toute la révérence qu'elle méritait, n'avait gaspillé la moindre goutte. Dazai continuait de lécher avidement la plaie dans l'espoir de garder les saveurs exquises un peu plus longtemps sur sa langue, mais déjà celle-ci se refermait.

- Je ne saigne plus ? S'étonna Chuuya, le souffle court.

Il n'apparût qu'après cet instant de l'état dans lequel était son petit humain. Lui d'ordinaire si fier et sûr de lui, élégant et apprêté, tout calculé dans sa flambante apparence et passionnée attitude ; les joues rougies et les cheveux en pagaille, délectable tableau érotique qu'il grava avec soin dans sa mémoire. Sous sa chemise toute débraillée qui pendait encore à ses épaules, le torse de Chuuya se soulevait rapidement pour laisser passer ses respirations effrénées. Ses mains s'étaient agrippées avec une force toute humaine mais non négligeable aux bras de Dazai. Ses pupilles, deux tâches d'encre s'étendaient dans l'océan de ses yeux qui reflétaient toujours les éclairs rougeoyants du regard vampire de Dazai, non plus avec la méfiance ni l'incompréhension de tantôt, mais bien un désir ravageur qui les maintenait en haleine l'air de rien.

- Tu pleures ?

Bien que Dazai était sincèrement inquiet de l'état émotionnel de son partenaire, Chuuya trouva évidemment le moyen de se sentir accusé, offensé.

- N'importe quoi ! mentit-il. Viens-là au lieu de dire des âneries.

Sans trop insister, Dazai se laissa tirer par la nuque pour se faire embrasser par son rouquin. Si c'était la stratégie que comptait employer Chuuya dans leurs chamailleries... Dazai pourrait considérer l'idée de le laisser gagner quelques fois. Ces baisers le valaient bien. La suite le vaudrait aussi.

...

- Une fois de plus mon ami, te voir me laisser me brise le cœur, se lamentait Dazai comme il en avait l'habitude. Reviens-moi vite ! Je t'aurais écrit des poèmes, des romans entiers ! Je te ferai goûter les meilleurs vins de ma cave, écouter les plus doux morceaux que je connaisse, caresser le septième ciel avec la langue que...

- D'accord, le coupa-t-il de manière très impolie. J'ai compris, de belles choses m'attendent la prochaine fois !

Chuuya était déjà installé au volant de l'automobile, le moteur en marche, prêt à démarrer. Le soleil était à peine levé mais ils en étaient protégés, dans l'ombre du manoir. Sans aucune gêne, Dazai se délecta de l'embarras qui colorait les joues de son partenaire, pourtant sur le point de s'en aller. Les traces de crocs dans son cou étaient à peine visibles - perdues au milieu de ses tâches de rousseurs - mais les reconnaître parmi ces constellations cuivrées fit s'emballer le cœur de Dazai, entre la fierté et l'affection. Il avait toujours du mal à réaliser ce qu'il venait de lui arriver. Ce garçon qu'il attendait depuis des années ? Il s'était offert cette nuit, et il avait pris à son tour avec enthousiasme le peu - mais délectable - que Dazai avait à offrir. Impensable. Fantastique. Grisant, le simple souvenir. Pourtant il était là, pendu à la fenêtre de l'engin qui s'apprêtait à lui enlever l'homme de son cœur, à peine trouvé déjà s'en allait. C'est qu'il était devenu bien tendre, à mordre avec une telle douceur, à laisser s'échapper ce qu'il voulait plus que tout ne garder que pour lui...

- Ma vie est en ville, Dazai.

- J'en suis conscient, ne t'en fais pas.

Parvenait-il à cacher la déception dans sa voix ? Dissimulait-elle efficacement la déchirure de son âme qui se séparait de la moitié qu'elle avait tant peiné à recoller ?

- Mais qui sait, peut-être qu'au lieu d'attendre le mois prochain, je pourrais revenir d'ici quelques semaines ?

- Vraiment ? s'exclama Dazai, qui s'empressa de calmer son entrain.

Le sourire fier - et un peu taquin - de Chuuya l'avait toujours fait fondre, il était condamné.

- C'est que... Tu écris vraiment beaucoup, alors j'ai intérêt à venir plus souvent si je veux suivre le rythme, non ?

- Tu sais de quoi d'autre tu devrais garder le rythme ?

Une ou deux secondes passèrent avant que le sous-entendu parvînt à Chuuya, mais sitôt l'eut-il saisi, que le rouge lui remonta aux joues sans attendre.

- Je... ! C'est inhumain ce que tu fais ! Personne ne devrait... Enfin... Tu vois !

Chuuya avait beau être un charmeur en apparences, dès qu'on essayait de creuser un peu plus profond il perdait tous ses moyens... Et Dazai ne se lassait pas de faire bégayer son petit humain.

- Tu liras La Lampe à Huile De La Demoiselle Au Balcon, un soir seul dans tes draps, et tu me diras ce que tu en auras pensé. Tu sais que j'attends toujours tes retours avec impatience.

- O-oui, enfin ! Peut-être... Je, euh.. Argh ! Tu le fais exprès pour me retarder Dazai ! C'est toujours pareil quand je dors ici !

Malgré les habitudes énervantes de son hôte, Chuuya ne s'était jamais ouvertement plant, et revenait avec bonheur tous les mois.

- Enfin ! Dit-il, en faisant vrombir le moteur. C'est pas parce que je vais passer plus de nuits dorénavant... Que j'ai l'intention de beaucoup plus dormir !

Dazai n'eut pas le temps de répondre, la machine s'en allait déjà, et au bout de la cour, le soleil pointait dangereusement. Il rentra s'abriter, entre ses bibliothèques de classiques et de manuscrits et son bureau vernis pour rêvasser. Au final, Chuuya s'était montré bien plus entreprenant que ce qu'avait prévu Dazai - surprise plus qu'agréable - mais bon, connaissant bien son ami Dazai avait bien sûr prévu que celui-ci défierait ses prédictions comme toujours. Serait-ce aller trop vite s'il écrivait une histoire érotique avec un vampire, pour lancer le fascinant sujet des pouvoirs occultes au lit ? Peut-être un peu, leur relation venait tout juste de prendre un nouveau tournant... Mais... Il était inspiré alors, fini de perdre son temps ! Dazai saisit sa plume préférée et se mit à l'ouvrage, le sourire aux lèvres.

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Je dédie ceci à mon cher libraire et ami, ma muse, l'amour de ma longue vie, Chuuya Nakahara.

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Et voilà pour cet OS (qui fut assez long, par rapport à ce dont j'ai l'habitude), j'espère qu'il vous a plu !

J'écrirai peut-être la version longue de cette fic, comme je le disais dans les notes de début, mais bon c'est pas pour tout de suite... Il y aura une update dans cette histoire si jamais je la partage, mais pour l'instant, je travaille plutôt sur d'autres projets.

Ne vous inquiétez pas si vous vous languissez d'une histoire longue sur ce ship par ma plume, je suis actuellement sur un autre petit bijou, lui aussi inspiré de La Belle Et La Bête, mais dans un univers bien plus nippon, avec des yokaïs et tout (et cette fois ce sera Dazai dans le rôle de la Belle) ; j'ai très hâte de vous partager ça, mais avant j'aimerais prendre un peu d'avance sur la rédaction, je sais pas du tout à quel point ça va être long ^^'

Bon sur ce je vous dit à bientôt, n'hésitez surtout pas à me dire ce que vous avez pensé de cet OS (: