Bonjour à toutes et tous ! Voici le deuxième chapitre de ma fanfiction ! En espérant que la suite des aventures de la grande investigatrice vous plaise !
Chapitre 2 : Portée Disparue
Dolores Ombrage coinça le combiné entre son oreille et son épaule et tira du premier tiroir de son bureau une plume pourpre et un carnet.
— Madame Malefoy, acceptez-vous que notre conversation soit retranscrite par une plume de déposition ? demanda-t-elle en cherchant désespérément le bouton du haut parleur.
— Oui, oui, répondit son interlocutrice sur un ton pressé. Je suis très inquiète, Bella n'est pas rentrée depuis deux jours.
Dolores écrasa enfin le bouton qu'elle cherchait et la voix de Narcissa s'éleva dans le bureau. Aussitôt, la plume se mit à courir sur le carnet.
— Elle vit au manoir avec nous depuis sa… elle marqua une pause… sa sortie d'Azkaban. Elle n'est plus assignée à résidence, mais elle ne sort que très peu et elle ne me laisserait pas autant de temps sans nouvelle.
Dolores ferma les yeux pour rassembler dans sa mémoire tous les éléments dont elle disposait sur la disparue. Bellatrix Lestrange et son mari, décédé en prison, avait été très actif dans la ligue de triste mémoire des sang-pur. Ils avaient été jugés coupables de l'agression de plusieurs nés-moldus, dont les parents de Neville Londubat. Rien n'avait pu être prouvé à l'époque quant à l'implication de Narcissa Malefoy et son mari Lucius, mais Dolores connaissait leur proximité d'alors avec le ministre de la magie, Cornélius Fudge, et se doutait que quelques gallions avaient été échangés sous la table. Elle-même était très proche de Fudge à l'époque, convaincue que sa politique pourrait redresser le relâchement contre lequel elle tentait de lutter au sein du ministère. Mais force était de constater que la corruption avait gagné du terrain et Fudge s'était vu expulser de son siège de ministre, l'entraînant dans son sillage. Elle avait mis du temps à se refaire un nom dans le département de la justice magique, bien que l'on continua à juger ses méthodes trop radicales.
Dolores recentra ses pensées sur Lestrange. À la mort de son mari, Bellatrix avait vu son procès révisé en plaidant la manipulation mentale de feu son époux, et comble du mauvais sort, on avait retenu l'argument. Les aurors l'avaient bien sûr tenus à l'œil, mais Bellatrix Lestrange avait su se faire oublier au fil des années, intégrant le manoir de sa sœur Narcissa. La famille Malefoy n'avait pourtant pas fini de faire la Une de la Gazette du sorcier. Le fils Malefoy, Drago, avait été trouvé une dizaine d'années plus tôt en possession de plusieurs objets de magie noire. De lourdes amendes avaient été dispensées, des filatures, des perquisitions, des assignations à résidence et depuis, plus rien, ils semblaient être rentrés dans le rang. Une famille à l'aura sombre et aux relations multiples. Lucius Malefoy, avide de redorer le blason de ses illustres aïeuls, donnait largement à de nombreuses œuvres de charité. Il avait changé son balai d'épaule et se faisait le porte parole de la coopération magique entre sang-pur, sang mêlé et né-moldu. Un comble, quand on pensait au combat inverse qu'il avait mené pendant des années, contre la souillure du sang sorcier.
Cette disparition s'annonçait des plus épineuses. Dolores allait devoir se montrer efficace et diplomate, surtout si elle ne voulait pas se faire rafler son enquête par le bureau général des aurors, au ministère de la magie. Harry Potter serait bien plus que ravi de s'illustrer une fois de plus en résolvant l'enquête la baguette dans le nez.
Dolores grimaça, elle n'avait jamais supporté ce garçon, qui semblait aussi chanceux que s'il était tombé petit dans un chaudron de Felix Felicis.
— Très bien, Madame Malefoy, hum, hum, reprit-elle en s'éclaircissant la voix, vous me dites que votre sœur n'est pas rentrée depuis deux jours. Savez-vous où elle s'est rendue en dernier lieu ?
Il y eut un silence au bout du fil et la grande investigatrice secoua son combiné avant de comprendre que Narcissa hésitait à divulguer certaines informations.
— Elle devait se rendre sur l'Allée des Embrumes, dans un pub, "La Belladone", pour retrouver… des connaissances.
Dolores fronça les sourcils.
— Pouvez-vous être plus précise ?
— J'ai bien peur que non, soupira Madame Malefoy. Ma sœur est assez discrète quant à ses fréquentations.
La plume écrivit une dernière ligne et s'arrêta sur le bord du carnet, attendant la suite.
— Vous savez si votre sœur aurait eu envie de refaire sa vie ? De partir quelque temps ? Vous a-t-elle parlé de difficultés quelconque ? Allait-elle bien ces derniers temps ?
Narcissa soupira.
— Bella n'est pas du genre à se livrer, et encore moins à entretenir une vie romantique. Non, je ne pense pas qu'elle ait cherché à s'enfuir avec quelqu'un. Et, à savoir si elle allait bien, c'est difficile à dire, vu… son caractère.
Dolores se souvenait très bien de la photo de Bellatrix Lestrange à la Une de la Gazette du sorcier, lors de son arrestation. La femme donnait la chair de poule, le profil de la tueuse froide et calculatrice. Dolores n'avait rien gobé de la prétendue manipulation de son mari. Elle était même prête à parier que c'était elle le cerveau de la Ligue des sang-pur. Elle pensa au jeune Londubat, dans le bureau voisin, et chassa aussitôt cette pensée. Elle devait rester neutre. Bellatrix restait une personne, malgré ses actions et choix passés, et elle avait disparu.
— Votre déposition a été retranscrite, Madame Malefoy. La disparition de votre sœur va être rendue officielle au sein de notre service et nous allons entamer nos recherches. Pour le moment, je vous déconseille de mettre la presse au courant. Je vous propose de nous rencontrer, à votre domicile, pour recueillir plus d'éléments. En attendant, n'hésitez pas à nous faire savoir si votre sœur reparaissait, ou si vous receviez des informations.
— Très bien, je ne bougerais pas du manoir. Venez vite, je vous prie.
Narcissa raccrocha et Dolores replaça le combiné sur sa base. Elle parcourut des yeux son carnet de déposition. La disparition de Bellatrix Lestrange lui inspirait des sentiments contraires. D'un côté, le monde se porterait certainement mieux sans cette femme, d'un autre, elle était comme une araignée, mieux valait savoir où elle se trouvait que de la perdre de vue. Il fallait maintenant mettre le bureau des aurors en mouvement, tout en évitant les oreilles indiscrètes, bien trop pressées d'en référer au ministère.
Pour une fois qu'une enquête intéressante se profilait, autre que l'encadrement de la fête aux citrouilles locale. Dolores avisa les boutons à la gauche du cadran de son téléphone. Londubat lui avait expliqué le principe des raccourcis pour joindre les autres bureaux, mais elle se ravisa, de peur de se tromper. Elle se leva et passa sa porte. Les bruits de l'accueil lui parvinrent, mélange de voix, de sonnerie de téléphone et d'agitation en tout genre. Plusieurs aurors la croisèrent en la saluant d'un air affairé.
La grande investigatrice entra chez Londubat après un détour par plusieurs bureaux pour collecter des informations et le trouva caché derrière une pile de dossiers.
— Qu'est-ce que c'est que tout ça ? s'étonna Dolores alors que le visage rond apparaissait au milieu des pochettes de couleurs.
— Je dois numériser les dossiers, Madame, s'empressa de répondre son assistant.
— Ce n'est pas à Thomas de le faire ?
— Si, mais les archives sont conséquentes, je me suis proposé pour l'aider.
Dolores eut un geste impatient de la main.
— Oui, et bien, laissé tomber cela pour le moment, j'ai besoin de vous. En salle de réunion dans cinq minutes.
Elle sortit sans attendre de réponse et s'approcha, non sans un soupir, du bureau de Sirius Black. L'auror connaissait bien la famille Malefoy, pour avoir filé le train du père et du fils plus d'une fois. Par prévenance, tout le bureau évitait d'évoquer les liens familiaux qui l'attachaient aux Lestrange. De toute façon, Black aurait préféré manger son poids en Bertie Crochu au goût de poubelle plutôt que d'avouer que leurs arbres généalogiques étaient liés. De ce qu'elle savait, Sirius avait coupé les ponts depuis longtemps avec sa famille et avait fini par échouer chez les Potter. Pas étonnant qu'il soit devenu le mentor d'Harry quand sa carrière d'auror s'était profilée. Un bon coup de piston, si on demandait son avis à Dolores.
— Entrez ! lâcha une voix forte quand elle eut toqué, histoire de lui montrer l'exemple. Ah ! Dolly, tu tombes bien, j'ai…
— Plus tard, Black, coupa-t-elle agacée, salle de réunion, de suite.
Elle héla Parvati Patil dans le couloir, en uniforme complet, ses cheveux noirs attachés dans son dos en une longue natte brune. Dolores jalousait toujours son trait d'eye liner impeccable. Parmi tous les crétins du bureau local, c'était sans doute pour Parvati que Dolores avait le plus de sympathie. Elle était une auror avec beaucoup de potentiel, vive et munie d'une bonne intuition.
Dolores s'empressa de rejoindre la salle de réunion, qui sentait la pizza réchauffée. Elle ouvrit en grand la fenêtre en maudissant Dean Thomas et agita sa baguette en direction de la machine à café. Son service à thé ne tarda pas à arriver en flottant, car elle ne supportait pas la boisson noire et amer qu'appréciait ses collègues. Une formule magique supplémentaire et sa baguette expira des nuages de paillettes odorantes aux senteurs florales.
Sirius entra et fronça le nez :
— Oulah, doucement sur le parfum dame pipi ! lança-t-il avec une grimace avant de se remplir une grande tasse de café.
Dolores agrippa sa baguette plus fort que de raison et de petites étincelles furieuses s'en échappèrent.
— On est stressée, Dolly ? demanda-t-il en se vautrant sur l'une des chaises pliantes, la mine nonchalante.
—Investigatrice Ombrage, grinça l'intéressée avec la folle envie de l'étrangler.
Parvati et Neville entrèrent et la bataille de regards entre Black et sa supérieure fut interrompue.
Dolores serra entre ses mains son carnet de notes.
— Je vous ai réuni ici suite à l'appel que je viens de recevoir. Il a été reçu par le standard et m'a été directement transféré au vu de la situation. Madame Narcissa Malefoy a déclaré la disparition de sa sœur, Bellatrix Lestrange.
Parvati se redressa sur sa chaise, intriguée, Neville devint blanc comme linge et Sirius eut un rictus moqueur, sa touilette à café au coin des lèvres. La grande investigatrice partagea les éléments dont elle disposait avec son équipe et attendit que viennent leurs remarques ou questions.
— Les sorciers adultes ont un droit à disparaître, fit remarquer Parvati. Avec la réputation qu'elle se traîne, ce ne serait pas étonnant qu'elle ait cherché à changer de vie.
— Certes, opina Dolores, seulement nous devons enquêter, car les faits datent de plus de 48h, c'est la procédure. Sans compter que Madame Lestrange, au vu de ces antécédents, à des devoirs envers la justice et ne peut quitter le pays sans en informer les autorités.
Parvati acquiesça et se plongea dans de profondes réflexions, ses sourcils bruns arc-boutés en une attitude concentrée.
— Neville ? s'enquit Dolores avec le plus de tact possible. Vous voulez partager vos pensées avec nous ?
Le jeune assistant semblait sous le choc.
— Il te faut un coup de pimentine, Neville ? ironisa Black.
Parvati le fusilla du regard et il sembla se rendre compte de sa bévue.
— Ah… euh… ouais, balbutia-t-il. Peut-être que c' pas une bonne idée de le mettre sur cette enquête, Dolly.
— Non, objecta l'intéressé, je veux y participer !
Il se rendit compte qu'il venait de parler plus fort qu'à l'accoutumée et s'empourpra derechef.
— C'est… c'est mon travail, je veux y participer, reprit-il plus bas.
Personne ne renchérit et pour une fois, Black sembla dans ses souliers d'elfe.
— Bien, conclut Ombrage, dans ce cas, Parvati, je vous laisse enquêter du côté de l'allée des Embrumes, je sais que vous y avait déjà mené plusieurs missions avec succès. Black et Londubat, on se prépare à partir pour le manoir Malefoy au plus vite. Transplanage dans l'arrière-cour dans dix minutes.
Elle les regarda tour à tour et ajouta sur un ton sombre :
— Je vous demanderai la plus grande discrétion, nous tenons là une occasion unique de prouver notre valeur en haut-lieu, ne me décevez pas.
Neville sembla privé de cou tant il se ratatina dans le col de sa chemise, mais Black et Patil affichèrent un sourire entendu.
Etes-vous prêts à entrer dans le manoir des Malefoy ? Rendez-vous la semaine prochaine !
