Draco dévala les escaliers le souffle court. Arrivé en bas, il se figea, confus. Il n'arrivait plus à saisir les pensées qui filaient dans sa tête. Il sentit la paralysie lui glacer le cœur, alors que son pouls devenait de plus en plus erratique.
Qu'est-ce que j'ai fais ?
Sa vision se troublait alors qu'une vague de chaleur l'envahi. Son cœur cognait si fort contre son torse que cela en était presque douloureux. Ses mains devirent moites, son dos couvert de sueurs froides, et il eu l'impression que l'air qu'il inspirait ne suffisait pas à remplir ses poumons.
Il sentit les larmes couler le long de ses joues alors qu'il cherchait son souffle. L'angoisse était entrain de prendre le contrôle de son corps tout entier.
Draco dû faire des efforts pour ne pas être trop bruyant, non seulement parce qu'Hermione pouvait l'entendre depuis l'étage, mais aussi car la boutique de Barjow & Beurk était sensée être déserte depuis les raids des mangemorts, il y a de ça quelques semaines.
Les ruelles de l'allée des embrumes grouillaient maintenant de raffleurs et de serviteur du seigneur des ténèbres. Si Draco savait qu'ils étaient en sécurité car la boutique avait été vidée et barricadée par son propriétaire, il fallait tout de même rester discret.
Il enrageait. Contre Hermione, contre eux, mais surtout contre lui.
Contre tout le monde, en fait. Il n'avait pas le droit de perdre le contrôle, sous aucun prétexte, jamais. Il devait toujours garder la tête haute, faire bonne figure, se montrer fort et digne. Et voilà qu'il s'était impliqué dans l'affaire de trop. Cela dépassait bien l'époque où il espionnait le trio dans les couloirs de Pourdlard pour rapporter leurs faits et gestes à la vieille McGonagall. Non, cette fois-ci, il avait aidé l'une des trois personnes les plus recherchées par Lord Voldemort à s'enfuir de sa propre maison.
L'étendue des conséquences qui pouvaient découler de cet acte de charité le dépassait. Et plus encore, le terrifiait. Qu'était-il sensé faire, à présent ? Avec la meilleure amie de Potter dans le grenier ? Et comment pouvait-il décemment revenir chez lui ? A sa grande surprise, considérer toutes les choses horribles qui pourraient arriver coupèrent le flot de ses larmes instantanément.
Le sentiment de peur était bien plus profond. Bien plus viscéral. Si fort que cela lui tordait le ventre et l'empêchait de respirer correctement. Une crise de panique, voilà ce qu'il était entrain de faire. Il commença à faire les cent pas dans la boutique vide et poussiéreuse. Il se tenait les cheveux, se rongeait les ongles, tapait contre l'un des meubles en pestant, pris de tremblements incontrôlables.
Mais qu'est-ce qu'il m'a prit bon sang ?
En fait, il n'en savait rien. Réfléchir en plus à cette question lui donnait mal à la tête. Pourquoi, par Merlin, s'était-il jeté sur Granger pour lui éviter d'avoir le crâne fendu par le lustre en cristal de son père ? Peut-être était-ce de la pitié. Après tout, il avait été révulsé par ce qui avait eu lieu avant l'accident. Potter et son visage déformé, la main noueuse de son père qui s'était plantée dans son épaule alors qu'il lui demandait de le reconnaître. Le regard anxieux de sa mère, celui fou de sa tante. La pression avait commencé à monter à ce moment là.
Puis il y eu les cris. Hermione avait crié si fort qu'il cru sentir son cœur se fendre en deux. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'il assistait aux séance de « jeux » de Bellatrix. C'était de loin la plus redoutable et la plus cruelle d'entre eux, et elle persécutait volontiers moldus, sang mêlé et autres traîtres à leurs sang.
Mais cette fois-ci, il n'avait pas pu s'empêcher de quitter la pièce. Hermione et lui n'ont jamais été autre chose que des ennemis à Poudlard, mais c'était différent. Ça a toujours été différent avec ces trois là. Comment aurait-il pu supporter d'assister à sa torture alors qu'il n'avait pas oser dénoncer Potter ? Pourtant, s'il l'avait fait, il aurait mis sa famille à l'abri de toutes représailles et dangers. Sa mère ne pleurerait plus tous les soirs, et son père cesserait de glisser dans la folie. Mais il avait permis à Hermione de s'en tirer. Il l'avait même soignée, pris de regrets ou de remords peut-être. Ces émotions là, il ne les connaissait pas très bien, et n'avait pas hâte de les éprouver de nouveau.
Puis il lui avait donné ce fichu mot, qu'il avait écrit sans trop savoir pourquoi.
Depuis qu'il était entré dans les rangs de Lord Voldemort, un dissonance s'était éveillée en lui. Comme la flamme vacillante d'une bougie trop consumée, faible, mais bien présente. Il l'avait fait sans réfléchir, sous la pression. Comme pour donner vie à un scénario utopique mal ficelé qu'il ne mettrait jamais en pratique.
Car lui aussi avait le sentiment d'être captif. Ces quelques mots, c'était une manière pour lui de garder le contrôle, à sa manière. De garder le contrôle sur les choix qu'il faisait. Il avait choisis de Lui rester fidèle mais, grâce à ce petit bout de papier insignifiant, Draco se disait qu'il avait le pouvoir de faire pencher la balance, s'il le voulait vraiment. Qu'il en était capable. C'était comme une porte de sortie imaginaire à la peur et l'impuissance qu'il ressentait plus vivement chaque jour. Une illusion de papier qui lui prouvait qu'il pouvait cesser d'obéir et que, s'il ne le faisait pas, c'était donc par choix.
Bien sûr, il n'avait pas de plan, il n'avait rien prévu. Tout s'arrêtait à un morceau de papier. Mais dans tous les cas la dissonance avait été plus forte qu'il ne le pensait, car il avait secouru Hermione, instinctivement. Et voilà que tout avait basculé.
Il devait passer pour un sombre crétin. Que devait-elle penser, à ce moment là ?
Toutes ces choses qu'il avait lu au fond de ses yeux, que voulaient-elles dire ? Pensait-elle vraiment qu'elle était en sécurité, ici avec lui ? Elle n'avait pas eu l'air d'avoir peur.
Décidément, tout était beaucoup plus simple avant le retour du seigneur des ténèbres. Maintenant que Potter s'était échappé, Il chercherait des responsables. Il chercherait vengeance et réparation. Bien sûr, c'était l'elfe de maison qui était à l'origine de l'accident, pas lui. Draco se dit que peut-être que si son père l'avait mieux traité, beaucoup de chose se seraient passés autrement ce soir là. Dobby n'aurait peut-être pas changé d'allégeance et il serait encore au manoir avec les trois prisonniers à l'heure qu'il est.
Quoi qu'il en soit, si Hermione ne s'était pas échappée, la situation n'aurait pas été si désespérée. Il aurait encore un otage et Potter, étant le Saint qu'il est, toujours prompt à faire le héro, aurait volé au secours de son amie d'une manière ou d'une autre. A cause de lui, ce n'était plus possible. Potter s'était de nouveau envolé dans la nature, et pour de bon
Draco s'arrêta net, réalisant peu à peu qu'il venait de condamner sa famille. Il fallait qu'il trouve une solution et, il le reconnu amèrement, il n'y arrivait pas tout seul. Machinalement, il porta sa main à l'une des poches intérieures de sa veste. Ses doigts auraient du s'enrouler autour du manche de sa baguette, mais sa poche était vide. Une vague de colère s'empara de lui, et il remonta les marches quatre par quatre en direction du grenier.
Hermione se releva doucement. Elle s'attendit presque à sentir ses os craquer sous son poids, mais elle ne ressentait plus aucune douleur.
Vulnera Sanentur. Voilà un sort qu'elle n'aurait jamais cru entendre sortir de la bouche de Draco Malfoy. Elle ne l'avait jamais vraiment considéré comme un imbécile. Après tout il avait d'excellentes notes dans la plupart des matières. Mais jusqu'ici, elle ne s'était pas demandé qui il était vraiment. Son comportement exécrable et son attitude hautaine parlaient généralement d'elles même. Draco n'était pas un enfant de cœur, et ça, elle le savait depuis leurs premières années. Hermione avait cessé d'éprouver la moindre compassion à son égard lorsqu'elle avait apprit qu'il était devenu mangemort. Une part d'elle aurait sûrement préféré qu'il se contente de son rôle de harceleur habituel, qu'il ne franchisse pas le point de non retour.
Pensive, elle arpenta le grenier, soulevant ça et là les draps recouvrant les meubles. Elle découvrit un sofa et une vieille commode. Elle ouvrit l'armoire imposante qui se trouvait dans un coin de la pièce, vide. Son regard se porta alors sur la fenêtre contre le toit et elle tira le sofa jusqu'à cette dernière. Elle grimpa dessus et se dressa sur la pointe de ses pieds pour essayer d'en savoir plus sur cet endroit. La jeune femme reconnu instantanément l'allée des embrumes. Ses petites ruelles crasseuses et sinueuses ne laissaient pas de place au doute. Pourquoi Malfoy l'avait-il amené ici ? Cela la laissa dubitative. Elle se sentait moins en danger depuis qu'il l'avait soignée, mais elle ne comprenait toujours pas pourquoi il était venu à son secours. De toute façon, il avait l'air tout aussi perdu qu'elle. Le garçon sûr de lui et féroce qu'elle avait toujours connu s'était effacé pour laisser place à un jeune homme tourmenté. Par quoi exactement, cela restait un mystère.
Soudain, un fracas retentit dans le grenier.
Hermione se retourna et vit Draco avancer à grandes enjambées vers elle alors que la porte rebondissait contre la chambranle derrière lui. L'angoisse refit surface en un éclair.
- Où est ma baguette Granger ?!
Hermione en était convaincue, s'ils s'étaient trouvés ailleurs en ce moment même, Malfoy aurait hurlé. Mais dans sa rage, il contenait sa voix, sans pour autant la rendre moins intimidante. Il grondait littéralement. Le serpentard se planta devant elle, furieux.
- Quoi ?
- Te fous pas de ma gueule, ma baguette ! Tu l'as cachée, c'est ça ? rugit-il en la pointant du doigt.
Hermione commença à fulminer aussi. Qu'est-ce qu'il raconte ?
- Tu me poses vraiment la question, Malfoy ? Dit-elle, appuyant sur son nom de manière sarcastique.
Il se tourna en sa tenant la tête. Par Merlin, il avait envie de lui crier dessus. Il souffla et se retourna de nouveau vers elle.
- J'avais ma baguette avant de sauver ta peau. Et maintenant, elle a disparue. Vide tes poches.
- Pardon ? s'offusqua t-elle
- Vide tes poches Granger, gronda t-il.
Hermione, qui était toujours perchée sur le sofa, plissa les yeux et serra les dents. Elle descendit de son perchoir et vint planter sa baguette sur le torse du serpentard, qui perdit soudainement toutes ses couleurs.
- Écoute moi bien espèce de malade. Je n'ai pas décidé de me faire torturer, et je n'ai certainement pas décidé de manquer de me prendre un lustre sur la tête, et encore moins de me faire sauver par TOI, dit-elle d'un ton froid et dur et enfonçant encore plus sa baguette dans la peau de Draco. Je ne t'ai RIEN demandé, et crois moi sur parole quand je te dis que j'aurais préféré passer la nuit avec la cinglée qui te sert de tante au lieu d'être coincée ici avec toi ! Ta baguette doit rouler sur ton carrelage de marbre à l'heure qu'il est espèce de... de crétin ! COMMENT aurais-je bien pu penser à prendre ta fichue baguette, hein ? reprit-elle de plus belle.
Draco senti alors le mur dans son dos, le stoppant dans sa tentative d'échapper à la fureur de la jeune femme. Il ne l'avait jamais vue comme ça. Même lorsqu'elle l'avait frappé en troisième année, elle avait semblé moins en colère. Mais se faire tenir en respect par la petite née moldue ne lui plaisait guère, aussi ne se démonta t-il pas. Sans bouger, il avança sa tête vers la sienne. Geste qui la surprit et la fit reculer de quelques pas.
- Peut-être que j'aurais mieux fais de laisser ce lustre t'écraser.
Hermione en resta bouche bée et avant qu'elle ne s'en rende compte leva sa main libre pour le gifler. Mais Draco attrapa son poignet à mis chemin. Il restèrent plusieurs secondes à se fixer d'un air assassin et, désireuse de se montrer plus mature que lui, Hermione s'arracha à sa poigne et lui tourna le dos.
- Qu'est-ce qu'il t'as pris ? Murmura t-elle gravement
Malfoy baissa les yeux, les poings si serrés que ses phalanges blanchissaient à vue d'œil.
- J'en sais rien, répondit-il du même ton après plusieurs secondes de silence.
Hermione soupira et se retourna vers lui. Elle n'était plus en colère. Elle l'observait l'air désemparé et tortillait nerveusement une mèche de ses cheveux entre des doigts.
- Qu'est-ce qu'on va faire ? Demanda t-elle
- Qu'est-ce que j'en sais bordel ?! Répondit-il méchamment.
Elle prit la mouche, détournant la tête dans un flot de mèches brunes. Draco se pinça l'arrête du nez en soufflant. Comment était-il supposé savoir quoi faire ? Pensait-elle qu'il en avait la moindre idée ? Le serpentard se dirigea vers le sofa et se laissa tomber dessus dans un nuage de poussière que la lumière des lanternes de la rue fit briller quelques secondes. Il croisa un bras en travers de sa poitrine et se tint le front de l'autre.
Il donnerait toute la fortune de sa famille sans la moindre hésitation pour faire cesser toutes ces pensées qui le rendaient malade. Puis, il sentit le sofa s'affaisser un peu plus à côté de lui, Hermione venait de s'asseoir à l'autre bout.
Il ne pu s'empêcher de l'observer un peu avant de détourner le regard. Ils étaient décidément à l'opposé l'un de l'autre. Lui était affalé dans les coussins, elle se tenait assise sur le bord du canapé, le dos bien droit. Elle réfléchissait, les yeux perdus dans la pénombre du grenier. Il se surprit à parler en premier.
- Il faut que je rentre.
Hermione contempla l'idée quelques instants.
- Oui. Mais ils vont te poser des questions, tu ne peux pas « juste » rentrer.
- Je le sais bien ça, dit-il d'un ton légèrement agacé.
- Ah vraiment ? Et tu as une brillante idée ? Ironisa t-elle.
Il leva les yeux au ciel et fit claquer sa langue. Elle recommençait à l'agacer, avec son attitude de madame je sais tout. Puis, il eu une brillante idée.
- En fait oui.
Hermione cilla, surprise, avant de tourner son attention vers lui.
- Il faut qu'on se blesse, dit-il sur le ton de l'évidence.
- Pardon ?
- C'est toi qui l'as dit. Si je rentre comme si de rien n'était, ça ne passera pas. Et tu as tout intérêt à ce qu'on pense que t'es échappée, n'est-ce pas ?
Hermione ne lui répondit que d'un froncement de sourcil.
- Il faut qu'ils aient l'impression qu'on s'est battu.
- Nous n'allons pas nous battre.
Malfoy esquissa un sourire mauvais et pouffa.
- Tu as peur, Granger ?
- Tu veux que je te jette un sort, comme ça ?!
- Tu as une meilleure idée, miss je-sais-tout ? Cracha t-il d'un ton dédaigneux.
Hermione se leva, et il l'imita instantanément.
- Je ne suis pas comme toi, Malfoy. Je ne prend pas plaisir à persécuter les autres, moi.
Draco serra les dents.
- Tout le monde s'en fou, de comment tu es, Granger. Si je rentre au manoir sans la moindre égratignure, qu'est-ce que tu crois qu'il arrivera ? Ils vont me poser des questions, et j'y répondrais que je le veuille ou non. Et de toute manière, je pense que tu me dois bien ça. Je te rappelle que c'est grâce à moi que tu es encore parmi nous ce soir. Donc ravale ta fierté de petite première et salit toi les mains, pour une fois.
Hermione ne su quoi lui répondre. Il n'avait pas tord. Il avait pris de gros risques pour la sortir de là, peu importe la raison pour laquelle il l'avait fait. Mais l'idée de blesser volontairement quelqu'un qui ne le méritait pas ne lui plaisait pas. Elle baissa les yeux et mâchonna l'intérieur de sa joue. Malfoy en profita pour s'écarter à l'autre bout de la pièce.
- Allez Granger.
- Je ... Je ne sais pas quoi lancer. Je ne suis pas douée pour ce genre de sortilèges.
- Arrête un peu, tu es plus que capable. Vois-ça comme une petite revanche personnelle, si ça peut t'aider, continua t-il d'un ton provocateur.
Elle l'observa quelques instant avant de reculer. Après tout, pourquoi pas ? Toutes ces années de persécution, restées presque impunies... Elle se ferait justice ce soir, tant pis s'il était consentant et que l'idée venait de lui. Elle lui devait bien ça, dans tout les sens du terme. En revanche, il était hors de question de l'envoyer s'exploser dans l'armoire ou contre un mur. Il lui fallait un sort qui ne provoquerait pas de bruit ou d'agitation particulière. Elle réfléchit quelques secondes, puis son visage s'éclaircit. Hermione leva sa baguette et la pointa sur Draco alors qu'il écartait les bras.
- Diffindo.
Draco du se mordre la langue pour se pas hurler. Il se plia en deux et des gouttes de sang s'éclatèrent sur le plancher. Hermione lui avait entaillé la joue. Il porta sa main à sa blessure en grognant, et fut satisfait de découvrir le bout de ses doigts recouverts d'un rouge sombre. Il se redressa et ôta sa veste avant de la jeter sur le sofa. Le sang coula sur sa chemise immaculée.
- Ca .. Ca va ? Hésita Hermione
- Très bien. Recommence.
- Tu es sûr ?
- Recommence je te dis.
Et elle recommença. Les trois premières fois étaient passé assez vite, mais elle se sentait de plus en plus mal. La dixième fois, elle lui entailla la cuisse. Draco était désormais recouvert de coupures. Son torse, ses bras, son dos, son visage, ses jambes et son cou ; rien n'avait été épargné. Elle avait essayé de contrôler le sortilège pour ne pas l'entailler trop profondément, mais désormais sa chemise était plus rouge que blanche et lui collait au corps. Des larmes perlaient dans le coin de ses yeux. Le serpentard s'était appuyé contre le dossier du sofa et peinait à reprendre une respiration régulière.
- Je peux plus, Draco, dit Hermione d'un ton catégorique.
Il secoua la tête, faisant danser quelques mèches blondes sur son front. Puis, se redressa en grognant et passa une main ensanglantée dans ses cheveux.
- C'est bon, ça ira.
- Oui.
- A toi maintenant, dit-il en se tenant les côtes.
- Pardon ?
Il s'avança vers elle et balaya l'air d'un geste dédaigneux.
- Arrête de faire ta précieuse et donne moi ta baguette. Je ne vais pas te couper en deux.
Elle hésita.
- Tu es sûr que c'est nécessaire ?
- Ecoutes, souffla t-il. Tu viens de me démonter, je refuse de rentrer sans la moindre trace de TON sang sur moi. Tu n'imagine pas ce que je vais me prendre autrement.
Elle le considéra quelques instants, l'air apeurée. Draco s'efforça d'adoucir son ton en conséquence.
- Fais moi confiance.
Te faire confiance ?
Le pouvait-elle vraiment ? Hermione contempla la question. Oui. Après tout, ils étaient dans cette affaire tous les deux. Il ne l'avait ni dénoncée, ni livrée au Seigneur des Ténèbres. Rentrer chez lui la queue entre les jambes comme un chien battu ne lui apporterait sûrement que des ennuis. A son tour d'être courageuse. Elle lui tendit sa baguette et recula. Mais lorsqu'elle se tourna, elle sentit des doigts se refermer doucement autour de son poignet.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda t-il.
- Eh bien ...
Draco fit de nouveau claquer sa langue et la tira doucement vers lui, l'air agacé.
- Viens là. Donne ta main.
Elle lui donna.
- Prête ?
Elle acquiesça d'un signe de tête et détourna le regard. Son visage habituellement doux s'était contracté, anticipant la douleur à venir. Draco baissa les yeux vers sa main. Sa peau était chaude. Il posa le bout de la baguette dans sa paume. Hermione attendit la douleur, mais elle ne sentit rien.
- C'est bon.
Elle ouvrit les yeux. Draco se tenait toujours devant elle, et sa paume était entaillée dans toute sa longueur.
- Je n'ai rien senti, s'étonna t-elle.
- Tu me prends vraiment pour un abruti, hein ?
- Pas du tout, répondit-elle sur la défensive.
Le garçon arqua un sourcil, l'air peu convaincu.
- Bon. Met moi du sang sur le visage.
- Quoi ?
Draco souffla et leva les yeux au ciel comme si toute la fatigue du monde venait de lui tomber dessus. Pourquoi fallait-il qu'elle le fasse se répéter constamment ?
- D'accord d'accord ! Par Merlin ...
Hermione leva une main hésitante vers le visage du mangemort, et appuya sa paume contre sa joue vierge d'entaille. Elle fit glisser sa main sur sa peau, descendant jusqu'à sa mâchoire et son menton. Draco, lui, avait tourné son regard vers l'armoire, qui n'avait jamais semblé aussi intéressante qu'en ce moment même. Son cœur battait un peu plus fort et, lorsqu'elle délaissa sa joue, il lui rendit sa baguette sans rien dire et se détourna l'air agacé.
- Je reviendrais vite. Je te déconseille de sortir, les raffleurs font des patrouilles, dit-il froidement en remettant sa veste.
Il se dirigea vers la porte et marqua une pause avant de l'ouvrir.
- Je crois que ... qu'il reste des livres, en bas. Des trucs du genre.
Hermione cilla.
- Ah ... Merci, souffla t-elle timidement.
- Ne fais pas de bruit, dit-il avant d'ouvrir la porte
- Draco !
Hermione l'avait appelé sans trop savoir pourquoi, mais il s'arrêta net et se retourna vers elle, dans l'attente.
- Fais attention.
Une expression qu'elle ne parvint pas à déchiffrer passa sur le visage du mangemort.
- Toi aussi.
Et sur cela, il partit.
