Hermione examina le reste du contenu du sac. Avec la pomme se trouvait un petit sachet rempli de plusieurs choses à grignoter que Draco avait dû attraper aléatoirement chez lui.
Le deuxième objet qu'elle attrapa la laissa toute abasourdie. C'était un livre. « Lever le voile du futur » de Cassandra Vablatsky. « C'est une blague ? » Draco lui avait donné un livre de divination.
Hermione ne savait pas si elle devait rire ou enrager. A Poudlard, il était presque de notoriété publique qu'elle détestait cette matière. Elle avait toujours trouvée cela ennuyeux à mourir et, surtout, elle pensait que c'était beaucoup trop vague pour qualifier cela autrement que de « pseudo-science ». De tous les livres qui devaient se trouver dans son manoir, c'était son livre de divination de troisième année qu'il avait choisi de lui apporter. Il devait être très fier de lui.
Hermione jeta le livre sur le soja en soufflant et continua d'examiner le sac, qui ne contenait plus qu'un objet. Une couverture ? Elle attrapa le tissu et se redressa pour mieux l'examiner.
Ce n'était pas une couverture, c'était une cape d'uniforme de Poudlard. Une cape de serpentard.
Hermione poussa un juron.
Elle avait eu beau se promettre de ne pas se servir de cette fichue cape pour se tenir chaud, Hermione n' eu pas d'autre choix que de ravaler sa fierté et de l'enfiler. Si l'endroit se réchauffait vite lorsque le soleil cognait contre les tuiles, le froid était difficilement supportable lorsque la nuit tombait. Résignée, elle s'était relevée après avoir passé une heure à grelotter dans le sofa pour mettre l'uniforme aux armoiries de l'ennemi avant de se recoucher.
Elle s'emmitoufla dans l'épaisse cape en laine noire, trop grande pour elle, du mieux possible et ferma les yeux. Une odeur qui semblait être un subtil mélange d'eau de Cologne, de cèdre et de cuir persistait dans les mailles du tissu alors qu'elle enfouissait son visage dans la cape et commençait à s'endormir.

Elle n'avait pas fermé les yeux plus de quelques minutes qu'elle se dressa soudainement hors du sofa. Quelque chose s'était renversé au rez-de-chaussée dans un boucan retentissant.
Son sang ne fit qu'un tour, quelqu'un était rentré. Hermione sortit sa baguette et sauta hors du canapé, manquant de se prendre les pieds dans la cape trop grande qui reposait sur ses épaules.
Un éclat de rire gras, plusieurs voix, des bruits de pas lourds, des choses qui se renversaient...
Il y avait des gens en bas. Des gens qui visiblement n'étaient pas soucieux de se faire discret.
Hermione commençait à paniquer. Bien sûr, elle n'était pas sans défense mais cela importait peu. Personne ne devait la voir.
Le boucan, non content de continuer de plus belle, se rapprochait des escaliers. Son coeur battait si fort qu'elle pouvait presque le sentir taper contre ses tempes.
Soudain, elle failli hurler lorsqu'un discret bruit de pas résonna derrière elle. Elle se retourna dans un sursaut, baguette levée. Draco.
- L'armoire, murmura t-il en désignant l'objet d'un coup de menton.
Elle ne réfléchit pas et se hâta de se faufiler dans le meuble. Le visage tendu de Draco disparu derrière la porte lorsqu'elle s'enferma à l'intérieur.

Il ne broncha pas, même lorsque les intrus ouvrirent violement la porte du grenier.
En voyant le jeune mangemort au milieu de la pièce, ils se stoppèrent. Il avait les mains dans les poches et se tenait plus digne et droit que jamais. Ils étaient quatre, pas plus âgés que vingt cinq ans, et avaient l'allure crasseuse. L'un était moins hésitant que les autres et semblait tenir le rôle de leader. Il n'avait surement pas fini sa puberté, sa peau était recouverte de boutons. Draco le connaissait un peu. C'était Stan Rocade, et il avait été "libéré" d'Azkaban en même temps que son père. Le serpentard ne l'aimait pas et le considérait comme un péquenaud prit de folie des grandeurs. Stan s'avança vers lui en écartant théâtralement les bras.
- Tiens tiens, s'exclama t'il. Ma parole, il semblerait que l'endroit soit sous bonne garde, hein les gars ?
- Bonsoir, Stan, répondit froidement Draco.
- Draco Malfoy ! Les gars, c'est Draco Malfoy !
Les autres rirent grassement et commencèrent à entrer dans la pièce, tel une meute de loups.
- Nous en veux pas, c'est pas tous les jours qu'on côtoie le gratin, nous autres.
- De toute évidence, répondit Draco.
Les casseurs se regardèrent en souriant avant que Stan ne commence à déambuler dans le grenier, posant son regard avide sur les meubles; sans doute à la recherche de quelque chose de valeur à dérober.
- Et que me vaut le plaisir ? reprit le serpentard en le suivant du regard.
- Oh, tu sais bien. Les affaires. Faut bien gagner sa croûte, nous n'avons pas tous la chance de vivre dans un manoir gigantesque et de déjeuner dans de l'argenterie. Tu comprends, j'en suis sûr.
Draco entendit le tiroir d'une commode s'ouvrir brusquement, mais ne broncha pas. L'un des laquais de Stan était entrain de fouiller le meuble. Hermione retint son souffle alors qu'elle entendait des pas se rapprocher de son armoire. Elle plaqua une main contre sa bouche.
- Naturellement, continua Draco. Vous constaterez qu'il n'y a pas grand chose ici qui concerne vos "affaires". Vous pouvez partir.
Il avait parlé d'un ton égal et ferme mais Stan se contenta d'esquisser un sourire et ouvrit l'armoire qui se trouvait à gauche de celle d'Hermione, déçu de la trouver vide.
Draco commença à se rapprocher de lui d'un pas lent et souple.
- Ma parole, le grand Draco Malfoy aurait il des choses à cacher ? ricana Stan en se rapprochant de la cachette d'Hermione.
Le casseur posa sa main sur la poignée de l'armoire alors que ses compagnons ricanèrent grassement. Hermione tressaillit. Elle vit un centimètre de lumière s'infiltrer au travers de l'ouverture tandis que la porte s'ouvrait.
D'un coup, la porte se referma dans une violence assourdissante. Draco venait de plaquer la paume de sa main contre le bois. En un éclair, il sortit sa baguette et attrapa Stan par le cou avant de le plaquer contre le meuble, qui trembla sous le choc. Le jeune mangemort vint planter sa baguette dans la joue de Stan, si fort que ce dernier en eu les larmes aux yeux. Il toussota sous la poigne de fer de Draco qui se refermait sur sa trachée, tel un serpent étouffant sa proie.
Tous les casseurs sortirent leurs baguettes d'une main tremblante. Hermione ne le voyait pas, mais les traits de Draco étaient presque méconnaissables.
- Hola dou-doucement, articla Stan, la voix étranglée. On va bientôt fa-faire partie de la même fa-famille, hein ?
Un rictus de dégout déforma les traits de Draco. Il resserra sa poigne et enfonça encore plus le bout de sa baguette, faisant presque couiner Stan qui laissa échapper plusieurs bruits de gorge dégoutants alors qu'il suffoquait. Les autres intrus se regardèrent, les yeux exorbités,
- As-tu oublié à qui tu avais affaire, espèce de dégénéré ? gronda Draco. Tes petites "affaires" se sont terminées à la minute où tu as mis les pieds dans cette boutique. Le Seigneur des ténèbres ne tiens pas à ce que des cafards comme toi traînent ici. C'était un endroit spécial pour lui, tu as oublié, Stan ?
A ces mots, les casseurs prirent leurs jambes à leurs cou, le bruits de leurs pas paniqués résonnant dans la cage d'escaliers. Stan écarquilla encore plus ses yeux, ses deux mains agrippant celle qui s'était refermée sur son cou.
- Tu porteras peut-être la marque bientôt, Stan, continua le mangemort de sa voix menaçante. Après tout nous avons besoin de braves garçon comme toi pour être en première ligne. Mais si j'étais toi, et que mon statut du sang n'était pas tout à fait clair, tu sais ce que je ferais ?
Stan voulu hurler mais il ne s'échappa de sa gorge que des gargouillements.
- Je me ferais tout petit, murmura t'il d'un ton menaçant en rapprochant son visage de celui du raffleur. Je me ferais tout petit car, par les temps qui courent, les sangs de bourbe ça ne fait pas long feu. Ca a plutôt tendance à se faire ouvrir en deux dans le coin d'une ruelle sombre, ou à se faire bouffer par des loups garous. Tu sais comment ils sont, en ce moment, pas vrai ? Je pourrais te présenter quelqu'un, si tu veux. Je suis sûr qu'il serait ravi d'avoir une petite conversation avec toi.
Stan gargouilla de plus belle, ses membres prit de convulsion alors que son visage devenait de plus en plus rouge.
- Jamais nous ne ferons partie de la même famille, espèce d'arriéré. Tu vas gentiment rejoindre tes copains et, si tu tiens à la vie, tu ne remettra plus jamais les pieds ici. Est-ce que tu m'as bien entendu ?
Le casseur hocha la tête temps bien que mal, et Draco le relâcha violement, la colère et le dégout déforma ses traits fins. Stan tomba au sol comme une poupée de chiffon, toussant, crachant et tremblant. Il se releva du mieux qu'il pu, misérable, et partit en courant sans se retourner dans un brouhaha de toux.
Hermione ne respirait plus, et n'osa pas bouger. Elle avait presque eu aussi peur que le pauvre garçon. Jamais elle n'avait pensé que Draco puisse se faire si intimidant et redoutable, et chacun de ses mots l'avaient fait frissonner comme s'ils lui avaient été destinés.
Quelques secondes passèrent dans un silence de plomb. Draco rangea sa baguette, les mains tremblantes, les nerfs encore à vif. Il ferma les yeux et inspira longuement.

- Tu peux sortir, souffla t'il.
Hermione hésita, puis poussa timidement la porte de l'armoire, jetant un regard incertain vers le mangemort. Draco savait qu'il avait été dur, mais avait-il eu le choix ? C'était comme ça, dans son univers. Soit on était le lion, soit on était la brebis. Tout pouvait basculer au moindre signe de faiblesse et ça, il ne pouvait pas se le permettre. La réputation de sa famille avait suffisamment été entachée, le comportement de Stan en avait été la preuve. Maintenant qu'il avait montré les crocs, il serait tranquille pendant un moment. Les rumeurs allaient bon train par les temps qui courent, la petite troupe qui accompagnait le jeune casseur ne perdrait pas une occasion de raconter ce qu'il s'était passé aujourd'hui à qui veut l'entendre.
Lorsqu'il releva son visage vers elle, toute colère avait disparu.
- Ils ne sont pas prêt de revenir, maintenant, dit-il.
Hermione acquiesça d'un signe de tête et referma l'armoire derrière elle, encore un peu secouée.
- Ca va ? demanda Draco
- Je pensais que l'endroit était sûr, bafouilla Hermione.
- Moi aussi je le pensais, répondit-il froidement.
La gryffondor souffla. Elle n'avait pas envie de se disputer, surtout pas après autant d'émotions. Et, de toute manière, il fallait bien avouer que s'il n'avait pas été là, la situation aurait été plus délicate. Il était arrivé juste à temps. Soudain, elle se retourna vers lui, l'œil suspicieux.
- Comment as tu su qu'ils étaient entré ? Demanda t-elle d'un ton méfiant.
Draco sembla prit au dépourvu. Il trépigna un peu et détourna les yeux.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Maugréa t-il.
Hermione plissa les yeux, suspicieuse.
- Tu m'espionne ? reprocha t-elle alors qu'il levait les yeux au ciel en soufflant.
- Un simple merci aurait suffit, répliqua t-il froidement.
- Merci ?! Alors que tu étais tapis je ne sais où à surveiller mes faits et gestes ? Où voudrais tu que j'aille Malfoy ? Je te signale que je ne PEUX PAS sortir. Je suis coincée ici, moi !
- Qu'est-ce que j'en sais ?! s'exclama t-il Je suis sensé te faire confiance, Granger ?!
- Oui ! S'écria t-elle.
Il ne trouva pas quoi lui répondre. Hermione se passa une main dans les cheveux. Il fallait qu'ils arrêtent de se disputer. A ce train là, toute l'allée des embrumes ne tarderait pas à les entendre. Ou bien ils finiraient par s'étrangler. Elle poussa un long soupir, essayant de retrouver son calme.
- Toi tu m'as demandé de te faire confiance, tu te souviens ?
Le serpentard lui jeta un regard indéchiffrable.
Elle lui avait fait confiance, c'est vrai. Elle lui avait confié sa baguette. A ce moment là, il aurait pu, s'il l'avait voulu, faire n'importe quoi d'elle. La tuer, l'ensorceler, la ramener au manoir. Elle lui avait pourtant donné sa baguette, et elle l'avait laissé lui ouvrir la peau jusqu'au sang.
Hermione attendait qu'il réponde, mais il ne dit rien. Cette manie de se cloîtrer dans le silence l'agaçait, mais que pouvait-elle y faire ? Résignée, elle s'affala dans le canapé, les jambes repliées contre elle.

Un moment de silence qui sembla s'éterniser pendant des heures passa, chacun tourné de son côté. Puis Hermione senti les coussins s'affaisser. Elle tourna légèrement la tête en direction de Draco, qui venait de s'asseoir à l'autre bout du sofa. Il semblait fatigué. Des cernes creusaient ses yeux, et sa posture était moins tendue qu'à son habitude. Assis dans le fond du canapé, sa cheville droite reposée sur son genoux, il avait rejeté sa tête en arrière et fixait le plafond d'un air absent. La pâle lueur de ses yeux était toujours aussi frappante, même dans l'obscurité de la pièce. Les ombres des lanternes de la ruelle faisaient ressortir ses traits fins et sa mâchoire. Ses mains étaient nonchalamment posées sur son bas ventre, et il jouait avec une baguette.
- Quoi ? Dit-il d'un ton bourru sans détourner son regard du plafond.
Hermione sursauta presque. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle l'observait aussi fixement.
- Tu as retrouvé ta baguette ?
- Non, dit-il sèchement.
- D'accord ...
Le serpentard soupira.
- C'est celle de ma mère. J'imagine que tes « amis » ont du profiter de la situation pour partir avec, expliqua t-il d'une voix amère.
Hermione y réfléchit quelque secondes, sans relever le ton mauvais de Draco. Si personne au manoir n'avait retrouvé sa baguette, il était fort probable que l'un des membres du groupe l'ait récupérée.
- Ça te va bien, dit-il après un moment de silence.
- Quoi ?
- Le vert.
Hermione cilla. Draco la regardait d'un air satisfait. Elle n'en était pas certaine à cause de la pénombre, mais elle cru discerner un léger sourire mutin étirer ses lèvres.
- Tu es fier de toi, pas vrai ? Répondit-elle d'un ton sarcastique
- Ne me remercie pas, ça me fait plaisir.
Hermione grogna.
- C'est cela. J'imagine que tu m'as prêté ce fichu bouquin par soucis pour ma réussite scolaire ?

Draco ri, à la grande surprise d'Hermione. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà entendu rire. Enfin, rire autrement que du malheur des autres ou des suites d'une blague de mauvais goût. Ce rire là avait été bref, mais spontané. Elle esquissa un sourire.
Ils restèrent quelques secondes sans rien dire. Il n'était pas si insupportable que cela, quand il faisait un effort. Et elle n'était pas aussi agaçante, lorsque qu'elle se détendait un peu.

- Tu pense qu'ils vont revenir ?
Draco soupira
- Oui. En fait, je ne le savais pas, mais la boutique est régulièrement pillée, expliqua t-il d'un ton monocorde.
- Pardon ? Comment tu le sais ?
- J'ai entendu mon père en parler quand je suis retourné au manoir.
Hermione resta pensive. Cela n'augurait rien de bon.
- Alors quoi ? Je vais devoir passer mes journée dans cette fichue armoire en espérant qu'une bande de voleurs n'entre pas au beau milieu de la nuit ?
Le serpentard soupira de plus belle et remua sur son coussin, visiblement mal-à-l'aise.
- Je vais rester.
- Tu vas rester ? Ici, toute la nuit ? S'étonna t-elle
- Et toute la journée.
Les sentiments d'Hermione étaient contradictoires. D'un côté, elle se sentait soulagée de ne pas avoir à s'inquiéter à propos de visiteurs indésirables, mais elle était un peu anxieuse à l'idée d'avoir à partager un si petit espace avec le Draco Malfoy, et ce pendant une durée encore indéterminée.
- Eh bien. Cache ta joie, veux tu, lâcha t'il dans une expression condescendante.
- Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas ? Soupira t-elle
- De quoi ?
- De tout gâcher. Est-ce qu'on pourrait éviter de se disputer juste une heure ? Une petite heure ?
- Ts. Comme si tu étais facile à vivre, Granger, répliqua t-il d'un ton dédaigneux.
- Merlin !
Elle s'apprêtait à se lever pour faire les cents pas lorsqu'un bruissement d'ailes se fit entendre près de la fenêtre.
* toc toc toc *
- C'est pas trop tôt, soupira Draco en se levant.
Un hibou grand-duc se tenait derrière la vitre. Il ne faisait aucun doute que c'était celui de Rogue car il dégageait le même air sinistre et contrarié que son maître. Le serpentard se leva afin d'ouvrir la fenêtre. Même s'il était grand, il dû se mettre sur la pointe des pieds pour la pousser suffisament afin de laisser entrer l'oiseau, qui vint se percher lourdement sur le dossier du sofa en hululant.

A sa patte était accrochée un petit rouleau de parchemin et une petit plume que Draco récupéra du bout des doigts. Il l'observa quelques secondes et se tourna vers Hermione en lui tendant le papier.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire.