Hermione se réveilla en sursaut, couverte de sueurs froides, cherchant son souffle à grandes inspirations. Son cœur battait à tout rompre et tous ses membres étaient pris de tremblements incontrôlables. Elle jeta un regard apeuré en direction du serpentard.
Faites qu'il dorme, faites qu'il dorme.
Il dormait. Elle ne l'avait pas réveillé.

Son rêve l'avait transportée jusqu'au manoir des Malfoy. Il avait été si vif dans son esprit qu'elle avait ressenti la douleur lui saisir le corps. Elle entendait les hurlements de Bellatrix résonner dans la vaste salle. Le froid du marbre sous son corps alors qu'elle se tordait de douleur. La baguette lui creuser la peau alors que la mangemort la mutilait. Elle se souvenait même de l'odeur que dégageait la grande cheminée qui se trouvait face à elle, assez proche pour qu'elle puisse se concentrer sur la danse furibonde de ses flammes, mais trop loin pour qu'elle puisse en sentir la chaleur. Elle se souvenait de tout. Du bruit particulier des talons de la mangemort sur le sol, de la texture de sa robe. Son corps de souvenait de tout. Du feu qui avait parcouru chacun de ses nerfs, de ses muscles qui menaçaient de rompre. Elle avait eu l'impression d'être déchirée de l'intérieur.
Hermione devait se contenir, maintenant et tout de suite. Autrement, les tremblements qui parcourraient son corps et ses sanglots réveilleraient Draco.

Cinq choses que je peux voir... Draco, le sofa, l'armoire, la commode, les livres.
Quatre choses que je peux entendre: la respiration de Draco, mon cœur battre, la pluie fine sur le toit et le froissement de la cape sur mes bras.
Trois choses que je peux sentir sur mon corps: Le tissu entre mes doigts, le froid dans mon dos, mes jambes sous les draps.
Deux odeurs: celle de Draco, et la poussière.
Un goût: le sel.

Heureusement, les larmes qui s'échappaient de ses yeux s'étaient écoulées silencieusement. Elle prit plusieurs respirations profondes et contrôlées, satisfaite de sentir son corps se détendre peu à peu. Le calme revint, laissant place à une nouvelle fatigue. Une fatigue morale et physique si forte qu'elle n'en avait jamais sentie de pareilles. Elle jeta un second coup d'œil à Draco. Il n'avait pas bougé et son visage restait parfaitement lisse, presque paisible. Alors, Hermione se recoucha doucement et réitéra l'exercice qu'elle venait de faire.
Elle n'eu pas le temps de le finir, son corps lui hurlait de fermer les yeux. La peur que cette crise ne resurgisse dans son sommeil grouillait au fond de son ventre, mais la fatigue l'emporta.

Draco, lui, ne se rendormi pas. Contrairement à ce que pensait la gryffondor, sa crise l'avait bel et bien réveillé. En vérité il avait même un peu sursauté lorsqu'elle s'était redressée, inspirant l'air comme si elle avait manqué de se noyer. Elle ne l'avait simplement pas remarqué.
Draco comprit vite la situation, mais décida de faire comme si de rien n'était. D'une part pour lui éviter d'avoir à réconforter la jeune femme de quelque sorte que ce soit; il en aurait été incapable. D'autre part car ce genre de situation, il ne les connaissait que trop bien. Cela lui était arrivé plusieurs fois, d'être victime de terreurs nocturnes. Et personne n'aurait pu lui être d'une quelconque aide dans ces moments.
Il l'avait entendu parler aussi, ou plutôt appeler à l'aide en bredouillant. "Ne me laissez pas". "Au secours". Autant de mots qu'elle aurait très certainement voulu dire à ses amis ce jour là.
Une fois qu'elle s'était rendormie, Draco s'était contenté d'observer le plafond, pensif. Le soleil commençait à illuminer timidement le ciel de sa pâleur matinale, mais pas assez pour inonder le grenier. La nuit avait été longue.

La première chose qu'elle aperçu en ouvrant les yeux était Draco.
Le jeune homme était affalé dans un fauteuil; il lisait. Ses traits étaient tirés, sa mâchoire contractée. Lui aussi avait du mal dormir, pensa Hermione. Elle se redressa tandis que ses cheveux emmêlés cascadaient le long de ses épaules. Le serpentard lui adressa un coup d'œil furtif avant de se replonger dans son livre, sans daigner lui adresser la parole.
- Bonjour aussi, dit-elle d'une voix légèrement cassée.
Il l'ignora. Pas de doute, elle ne rêvait plus. Hermione se mit debout et entreprit, sans trop savoir pourquoi, d'arranger leur lit de fortune. Draco lui jeta un regard circonspect.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda t-il.
- Ce n'est pas parce que nous devons vivre dans un grenier poisseux qu'il faut se comporter comme des sauvages. Est-ce que tu peux ouvrir la fenêtre, s'il te plaît ?
- Pourquoi ? Miss maniaque veut aérer ? ironisa t-il
- Très drôle. C'est pour que ... Comment est-ce qu'il s'appelle?
- Qui ?
- Le hibou de Rogue.
- Qu'est-ce que j'en sais moi ? maugréa t-il
Elle répondit en haussant les épaules. Draco tourna une page de son livre avant de se replonger dedans. Hermione attendit plusieurs secondes avant de reprendre.
- Alors ?
- Alors quoi ? soupira t-il
- La fenêtre, Draco.
Le serpentard poussa un long soupir avant de s'exécuter puis retourna s'asseoir, continuant sa lecture.
- Merci. Qu'est-ce que tu lis ?
Draco releva le regard vers elle puis, sans dire un mot, lui montra la couverture du livre qu'il tenait d'une main. « Histoire et Origines d'Azkaban ».
Hermione se mordit la joue pour ne pas sourire et reporta son attention sur son propre livre en rabattant l'une de ses mèches rebelles derrière son oreille.
- Quoi ? Lança t'il d'un air suspicieux
- Rien. C'est intéressant ?
Malfoy plissa les yeux. Il est vrai qu'Hermione avait pensé à lui faire une petite blague. Elle n'était pas douée pour ce genre de choses mais l'idée l'avait faite rire intérieurement. Et puis, vu l'humeur fracassante du serpentard, Hermione n'était pas sûre qu'il aurait apprécié son trait d'humour à sa juste valeur.
- C'est ça. J'ai vu ta tête, Granger. Alors quoi ? Insista t-il.
- Rien, j'ai pensé à une blague, c'est tout, dit-elle en balayant l'air d'un revers de main, désabusée.
- Une blague ?
- Par Merlin Draco, une blague oui, c'est tout.
- Quelle blague ?
Hermione leva les yeux au ciel en soupirant.
- J'en sais rien, j'ai juste trouvé ça ... comique.
- Ah vraiment ? Répondit-il vexé.
- Un mangemort qui lit un livre sur Azkaban ? Oui.
Les traits du serpentard se durcirent instantanément. Sentant qu'il était à deux doigts de répliquer, Hermione reprit.
- C'est un peu comme moi qui lis un livre de divination. C'est ... comique.
Draco arqua un sourcil sans pour autant se départir de son air suspicieux.
- T'as un humour de merde, finit-il par répondre.

Il reporta son attention sur le livre, toujours l'air contrarié, sa mâchoire ne cessant de se contracter. Hermione trouvait cela étrange.
C'est tout ? Elle n'arrivait pas à croire qu'elle s'en tirait à si bon compte. La jeune femme commença à se dire que Draco Malfoy était un parfait inconnu. Ou tout du moins, que celui qu'elle connaissait à Poudlard n'était peut-être que la face d'une pièce dont elle ne connaissait pas le côté pile.
Malgré son sale caractère, il n'était pas si insupportable que cela, la plupart du temps. Bien sûr il n'était pas très loquace, ni particulièrement agréable ou souriant. Mais elle s'était au début imaginé qu'il passerait son temps à l'insulter, la harceler de question concernant l'Ordre, la rabaisser... Mais il ne faisait rien de tout ça; lorsqu'ils ne se disputaient pas. Il se contentait juste d'être là. Après tout, il était presque aussi prisonnier de la situation qu'elle l'était. A cette pensée, elle se senti un peu moins seule.
Un claquement de livre qui se refermait la tira de ses reflexions. Draco se tenait debout et déposa le livre sur sa chaise.
- Je vais rentrer, dit-il
Hermione cilla, troublée.
- Ah bon ? Hésita t-elle. Tu ... es sûr ?
- Oui. Ils vont se poser des questions autrement. Et puis de toute manière la journée cela ne craint rien.
Hermione n'en était pas certaine, étant donné que l'allée des embrumes grouillait de mangemorts et de raffleurs, mais ne releva pas. S'il voulait rentrer, elle ne pouvait pas l'en empêcher, après tout. Mais elle était ... Presque déçue.
Draco du apercevoir son visage s'assombrir quelque peu, alors qu'il remettait sa veste.
- Je reviens d'ici deux heures.
La gryffondor hocha la tête, et il transplana sans dire un mot de plus ou lui adresser le moindre regard.

Draco apparu devant l'immense portail de fer forgé qui marquait l'entrée de son domaine familial, au milieu d'une route bordée de deux haies d'ifs hautes et soigneusement taillées. Le chemin continuait sur plusieurs centaines de mètres pour finalement déboucher sur le manoir. Gigantesque, plusieurs tours encadraient sa façade et de nombreuses et grandes fenêtres ornaient les murs de pierres taillées et grises.
Armand Malfoy, l'ancêtre de Draco, n'avait pas fait les choses à moitié. Ce dernier était arrivé de France en même tant que les envahisseurs normands, en 1066. Après avoir rendu plusieurs services de nature inconnues, (probablement magique et sûrement moralement discutables), au roi William I, Armand avait hérité de vastes terres dans le comté du Wiltshire, et y construisit son manoir; joyau de son héritage.
Le domaine Malfoy était immense, s'étirant sur plusieurs dizaines d'hectares. Au fil des siècles, plusieurs terres (appartenant à des moldus) avaient été annexées à celles d'Armand. Draco n'était pas sûr d'en avoir déjà fait complètement le tour. Le parc du manoir comprenait nombre d'espèces d'arbres et de plantes variées et rares, et une immense fontaine trônait derrière l'édifice. Le tout était bien sûr enchanté de manière à faciliter son entretient. Pas besoin de tailler les haies, pas besoin de ramasser les feuilles mortes. Et surtout, pas besoin de s'inquiéter à propos de visiteurs indésirables.
Depuis que la maison familiale s'était transformée en repère de mages noirs, le portail avait été enchanté. Seuls les mangemorts et leurs invités pouvaient le traverser.
Draco avançait à grande enjambées sur le chemin, se sentant un peu plus à l'étroit entre les hautes haies pas après pas. Il ne s'arrêta pas devant le portail, sa silhouette se dissipa en une fumée noire lorsque sa peau entra en contact avec le fer finement ciselé. Il le traversa sans le moindre effort. Draco aurait pu choisir de transplanner directement à l'intérieur, après tout il était ici chez lui, mais il avait décidé qu'il serait bon de prendre l'air avant. La nuit avait été longue.

Il devait faire faire acte de présence, au moins pour voir sa mère et s'assurer que tout allait bien, peut-être récupérer quelques affaires, et repartir. Laisser Hermione seule chez Barjow & Beurk le stressait un peu. Il avait voulu la rassurer en lui affirmant qu'il n'y avait aucun risque qu'elle soit en danger en pleine journée, mais c'était faux.
Il ralentit un peu le pas et prit plusieurs inspirations profondes lorsqu'il sortit du chemin de haie.
Son cœur se serra lorsqu'il releva la tête vers le manoir. Il ne ressemblait en rien à la maison dans laquelle il avait grandi. Même à cette là du jour, l'édifice inspirait la crainte. Les rayons du soleil ne brillaient pas contre les ardoises sombres qui recouvraient ses nombreux toits et, depuis qu'il avait été désigné en tant que quartier général par Voldemort, quelque chose de d'atrocement sinistre s'en dégageait.
Pourtant, cela n'avait pas toujours été ainsi. Les souvenirs d'enfance de Draco semblaient se dissoudre dans sa tête alors qu'il essayait de se rappeler les journée d'été qu'il avait passé dans cette maison. Sa maison. Il pouvait presque se revoir, plus jeune, courir dans le parc après les paons albinos qui y vivaient. Sa mère était assise sur la balancelle près de leur saule pleureur. Elle lisait, et le soleil brillait haut dans le ciel, faisant chatoyer des reflets éclatants à la surface du petit étang. Le parfum des fleurs flottait dans l'air chaud et épais de la belle saison. C'était sa mère qui les avait enchantées.
Ces jours là étaient révolus, se dit Draco. Désormais, le bâtiment avait l'air d'un mausolée et son parc était le cimetière de ses souvenirs d'enfance. Il réajusta sa tenue et plaqua ses cheveux en arrière, puis traversa la brume qui s'étalait au pied du manoir. Arrivé sur le seuil, l'immense double porte de bois sculpté s'ouvrit devant lui, et il entra.
Home sweet home...

L'entrée était peut-être l'une des pièces les plus imposante de la maison. Ce n'était pas un hasard, en vérité Armand Malfoy voulait que ses invités soient impressionnés dès leur arrivée dans le manoir. De la poudre aux yeux, en somme. Tout était à la fois massif et fin, somptueusement décoré et austère à la fois. Une vision qui forçait le respect.
Et pourtant, la plupart des mangemorts et autres laquais qui entraient ici n'y portaient pas la moindre attention. Ils ne savaient pas que le tapis sur lequel ils essuyaient leurs bottes sales avait été tissé par des artisans en Perse il y a plusieurs centaines d'années. Ils ne prêtaient pas la moindre attention aux tableaux de maître exposés le long des murs et dont les cadres avait été sculptés à la main dans de l'ébène. Non, les gens qui venaient ici considéraient les Malfoy comme des tenanciers d'auberge, tout au plus.

Draco arriva dans le grand salon. "Grand" était un euphémisme car le plafond de cette pièce s'élevait à une dizaine de mètres au dessus du sol. C'était ici même que Bellatrix avait torturé Hermione. Le lustre avait été réinstallé depuis. Sa mère avait été particulièrement chagrinée par cet événement car l'objet, dont avait hérité Lucius, avait été commandé par Armand lui-même et provenait de France. Elle avait tenu à le réparer elle même et cela lui avait pris une journée entière, même avec l'aide de sa magie.
Narcissa se tenait près de la cheminée et discutait avec son mari, un livre à la main. Lorsqu'elle vit Draco s'avancer vers eux, son visage s'illumina.
- Draco ! souffla t-elle en venant à sa rencontre.
Elle le prit dans ses bras. Si, plus jeune, les attentions et autres formes d'affection provenant de sa mère l'agaçait au plus haut point, aujourd'hui il lui rendit volontiers son étreinte. L'odeur familière de son parfum été réconfortante. Son père se tenait près de l'âtre, droit comme un piquet, le visage fermé. Draco se détacha de sa mère.
- Ca va, maman ?
- Par Merlin, où étais tu passé ?
- A Poudlard, prendre des nouvelles de Crabbe et Goyle.
Draco se félicita intérieurement. Il n'avait pas réfléchi à ce qu'il pourrait bien raconter pour expliquer son absence et cette excuse était sortie naturellement.
- Alors ? demanda son père, l'air impérieux.

Draco détestait cette attitude là. Etant donné que son père était considéré comme, au mieux, un mouton noir et, au pire, un bouffon par la plupart des autres mangemorts, il ne pouvait plus se montrer hautain envers n'importe qui. Et il compensait en se montrant indécemment paternaliste envers lui. Le fait qu'il soit le nouveau passe-nerfs de Voldemort n'arrangeait rien. Draco se disait parfois que sa mère ferait mieux de l'envoyer à Saint Mangouste. Il ne savait pas comment elle faisait pour le supporter tous les jours. C'était elle qui tenait la famille debout, pas lui. Sans elle, il serait déjà mort depuis longtemps, où bien définitivement fou. Lucius passait de la paranoïa à la déraison, tantôt colérique, tantôt terrifié. Il faisait pitié à voir.
- Alors rien, répondit Draco en s'efforçant de garder un ton neutre.
- Personne n'a vu Potter ? pressa Lucius.
- Non. Il n'y a rien. Rogue gère le château, et les gryffondor se tiennent tranquilles.
- Pour le moment, maugréât Lucius. Sale engeance. Ils finiront tout ou tard par se rebeller.
- Ils resteront tranquille. Les Carrow sont constamment sur leurs dos.
- Ca ne suffira pas. Ils organisent peut-être déjà une résistance.
Draco commençait à s'impatienter. Il n'était pas venu ici pour parler de la gestion de Poudlard avec son père, ni pour se disputer. Lucius commençait à devenir hystérique, comme cela lui arrivait souvent ces derniers temps.
- Les gryffondors devraient être enfermés au cachots, ou renvoyés, continua Lucius en faisant les cents pas. Tout simplement enfermés quelque part.
Draco serra les dents, exaspéré.
- Alors c'est ça, la solution ? dit-il froidement. Vous allez la Lui proposer lors de la prochaine réunion ? Je suis sûr qu'Il trouvera ça très intelligent.
- Ne me manque pas de respect, gronda Lucius. Je fais de mon mieux pour Le servir. Peux-tu en dire autant ? Il t'avait donné une mission, une seule. Et tu as lamentablement échoué. Ta mère et moi en payons le prix chaque jours.
- Lucius ! souffla Narcissa.
Draco serra les poings.
- Une seule mission, reprit son père en se rapprochant de lui, et tu as été trop lâche pour l'accomplir. Sans compter ton comportement la nuit où Potter s'est enfui. Tu aurais pu profiter de l'occasion pour rattraper ton erreur, mais tu t'es comporté comme un enfant effrayé, encore une fois. J'en viendrais presque à douter de toi, Draco.
Le jeune Malfoy s'approcha à son tour, si bien qu'il se retrouva presque nez à nez avec son père. Narcissa se mit aux côté de son mari et posa une de ses mains sur son épaule dans une tentative d'apaisement. Draco dévisageât son père dans un rictus dédaigneux.
- C'est nous qui payons le prix de votre lâcheté. Vous avez retourné votre veste quand les choses se sont gâtées, n'est-ce pas ? Et maintenant Il nous le fait payer. Le lâche ici, c'est VOUS.
Le visage de Lucius se déforma dans une expression de fureur. Il attrapa son fils par le col de sa veste et leva sa main, s'apprêtant à le gifler.
- Lucius ça suffit ! commanda Narcissa.
Elle lui retint le bras et, dans un accès de colère, Lucius la poussa violemment en arrière. Narcissa se rattrapa au manteau de la cheminée en pierre de justesse, évitant l'âtre flamboyant et manqua de se fendre le crâne dessus. Ses beaux yeux verts étaient écarquillés, sous le choc.

Draco vu rouge. Lucius n'avait jamais levé la main sur lui auparavant, hormis quelques claques derrière la tête. Mais il venait de volontairement agresser sa mère. L'expression de consternation et de choc qu'il vit sur son visage lui fit perdre le peu de contrôle qu'il avait encore sur lui.
Draco attrapa la veste de son père fermement, si vite que Lucius n'eu pas le temps de réagir. Puis, il abattit son poing sur son visage, de toute ses forces. Un craquement sourd résonna dans l'air, suivi du cri rauque de douleur de son père. Narcissa hurla. L'homme recula de plusieurs pas en se tenant le nez, qui ruisselait déjà du sang.
Draco s'approcha, furibond, mais sa mère se précipita entre eux.
- Ne t'avise plus jamais de lui faire du mal, grogna t-il d'une voix qu'il ne reconnu pas lui même.
- Draco, ça suffit. Pars, je m'en occupe, demanda Narcissa.
Elle se retourna vers son mari
- Ton père n'a plus toute sa tête ces derniers temps, dit-elle d'un ton accusateur avant de se retourner vers lui. Prends ce qu'il te faut et va.
- Et te laisser avec lui ?
- Ton père est un idiot, pas un monstre. Ca ira très bien mon fils, ne t'en fais pas.
Draco observa sa mère quelques instants, puis son père. Ce dernier se tenait toujours le nez, mais lui jetait un regard assassin. Il était fou de rage. Draco reporta son attention vers sa mère.
- Il ne te mérite pas.

Il lui embrassa le front et, sans un regard pour son père, tourna les talons.
Alors qu'il traversait les couloirs de ce qui avait été sa maison, il sentit ses mains trembler.
Il avait frappé son père si fort qu'il lui avait surement cassé le nez. Une douleur aigue lui brûlait les phalanges de la main droite, qui étaient parsemées de gouttes de sang. .
Il ne pouvait plus compter sur les siens pour avoir le moindre réconfort. Sa pauvre mère avait déjà bien assez à faire en essayant d'éviter à la famille de courir à la ruine.
Draco sentit alors sa respiration devenir irrégulière et son pouls s'accélérer. C'était comme si l'air était devenu trop fin, comme s'il n'arrivait plus à remplir ses poumons malgré les inspirations. Il devait partir, et vite. Il était hors de question de céder à la panique ici. Mais avant, il avait quelque chose à faire.

Depuis des années, son père gardait une excellente bouteille de Whisky pur feu de 1980, son année de naissance. Lucius la gardait précieusement pour fêter le jour où le Seigneur des Ténèbres vaincrait. "Tu verras fils, un jour nous ouvriront cette bouteille et elle aura le goût de la victoire", avait-il dit, la tête de serpent qui ornait le pommeau de sa canne posée sur l'épaule de Draco.

Le goût de la victoire, hein papa ?