Le 28/05/03
Utena au pays des merveilles
Note de l'auteur : Il en aura fallu du temps pour que je me décide à continuer (3 mois)! En fait, j'ai enfin terminé les cours, et j'ai maintenant du temps à consacrer à mes fics, avant de me mettre à bosser cet été, donc voilà, les quelques fans de cette fanfic seront je l'espère satisfaits de ce chapitre... Comme d'habitude, je ne fais qu'emprunter les personnages et bla et bla et bla...
Chapitre 1 : La porte de la Rose
L'obscurité. Tout autours n'était qu'obscurité. Utena pouvait entendre des chuchotements dans les ténèbres et percevoir des frôlements feutrés et intimes de tissus. Mais elle ne discernait rien. Rien si ce n'était une faible lueur émanent tout près de sa main gauche. L'atmosphère était étouffante, oppressante même. Utena, malgré le noir profond dans lequel elle était plongée, se sentait toute nue, comme lors de ces jours de rentrées des classes, où tous les regards se posent sur vous, vous scrutent, vous dévisagent, puis se détournent, rassasiés de préjugés et d'a priori. Oui, c'était comme quand on est exposé sans défense à la vue perçante des autres, ces autres qui vous déchirent de leur regards aiguisés comme des lames de rasoir, auprès desquels il est inutile de ne serait-ce que tenter de dissimuler quelque chose. Utena avait toujours trouvé cela étrange, ce sentiment de culpabilité lorsque les « gens » la regardaient. Pourtant, elle était une des plus populaires de l'Académie et ne souffrait d'aucune persécution. Mais elle avait toujours eu l'impression de devoir quelque chose à ses semblables. Elle avait fini par attribuer ce sentiment de malaise à la pression du regard social. En réalité, les autres en attendent d'avantage de vous lorsque vous êtes dans les hautes sphères. Il lui paraissait parfois plus plaisant d'être une de ces filles invisibles et discrètes, le plus souvent anonymes, qui peuplaient l'école. Au moins, personne n'exigeait rien d'elle ! En cours de philosophie, Utena avait lu une fois dans son manuel, un commentaire de Sartre, qui affirmait qu'il valait mieux être d'une beauté relativement moyenne, ce qui permettait d'avoir le contrôle de sa vie sociale, c'est-à-dire qu'on savait briller et être beau lorsqu'on le voulait, mais qu'on avait également la possibilité de passer inaperçu à loisir. Il lui avait semblé que le penseur avait trouvé le juste milieu... Quoiqu'il en soit, gênée par le poids de l'inconnu face à elle, et intriguée par l'étrange sensation de légèreté qu'elle éprouvait, Utena tendit le bras vers la source de lumière. L'objet était froid et métallique, d'une surface lisse et unie. Il paraissait également être imposant. A tâtons, la jeune fille mis la main sur un interrupteur, et prise d'une joie frénétique, l'actionna vivement... et la lumière fut. Utena descendait en planant dans une sorte de gigantesque conduit circulaire. Regardant autours d'elle, elle constata que la surface était invisible. S'accrochant fermement à l'objet en métal qu'elle venait d'actionner, elle tourna alors la tête dans sa direction. Il s'agissait d'un planetarium identique à celui qu'Akio conservait dans sa chambre. En ce moment même, il diffusait une lumière changeante, épousant l'intégralité des couleurs de l'arc en ciel.
Utena : Qu'est ce que...
N'en croyant pas ses yeux, la jeune duelliste regarda vers le bas, et remarqua qu'elle se rapprochait de la fin de ce qui semblait finalement être une cheminée géante. Au mur étaient accrochés différents tableaux, photographies... Utena remarqua alors certaines photo de ses camarades de classes en tenue de duellistes, puis des cadres successifs représentants un papillon, une chrysalide, et enfin une feuille. Alors qu'elle observait attentivement ces détails, la pesanteur du canal se modifia petit à petit, jusqu'à ce qu'elle ait les pieds en l'air et la tête en bas.
Utena : Oula !! Je n'y comprends rien, qu'est ce que c'est que ce bordel ? Je rêve ou quoi ??
Approchant enfin de la terre ferme, elle toucha le sol après avoir accroché ses pieds à ce qui semblait être le manteau en fer forgé de la cheminée. Se relevant, elle constata avec horreur l'accoutrement avec lequel elle était vêtue. En effet, elle portait l'exacte réplique de la robe que lui avait envoyée Toga lors du bal du lycée.
Utena (en soulevant le pan rose de sa robe d'un geste de dégoût) : Beurk ! Pas çà, encore ! C'est un cauchemar ce truc...
Passant sa main dans ses cheveux, elle y trouva également une rose.
Utena : Bon, si c'est une blague, c'est pas drôle du tout...
A cet instant précis, l'?il d'Utena fut attiré par un mouvement rapide à sa droite.
Utena (éberluée) : Akio ???
Akio était là, habillé dans un carcan rouge aux manches bouffantes et brodée d'or. Il portait une culotte à l'ancienne qui descendait jusqu'à ses mollets, et des bas blancs, comme au temps de la révolution.
Utena (n'en revenant toujours pas) : Akio c'est bien toi ??
Entendant son nom, le jeune homme se retourna et croisa le regard d'Utena. Repéré, il se mit à courir de plus belle dans la salle interminable qui n'était meublée que de la cheminée. Ne souhaitant pas spécialement laisser passer là sa seule chance de comprendre enfin ce qui lui arrivait, Utena se mit promptement à lui courir après.
Utena : Akio !!! Attends moi !!! Qu'est ce que tu fais ici ??
Elle était sur le point de le rattraper, lorsqu'elle le vit s'engouffrer aussi vite que possible dans une porte minuscule marquée du Sceau de la Rose. Désespérée, elle se jeta dans l'ouverture... pour se prendre la porte en pleine figure. Le « clic » sonore du verrou se fit entendre.
Utena se retrouvait à nouveau seule, à l'autre bout de cette salle immense carrelée comme un damier. Comment allait-elle se sortir de là ?
Utena (tournant tout de même la poignée) : Hum, on ne sait jamais...
Plutôt que de s'ouvrir, la porte émit un gémissement de douleur !
Utena (les yeux ronds) : Argh !!! Qu'est ce que c'est que çà encore ?
La porte : « çà » ? Dois-je prendre ceci pour moi ? Utena (pensant) : Pour une fois, utilisons la diplomatie...
Utena (à voix haute) : Euh, non, je parlais de... la Rose vous surplombant bien sur !
Utena (pensant) : Qu'est ce que je raconte moi encore...
La porte : Oh ! Je vois... Ce magnifique symbole représente ma clé. Il n'y a que comme cela que vous puissiez me traverser. He he, vous avez vu, je fais des rimes !
Utena (avidement) : Et où est cette clé ? Je dois absolument poursuivre la personne qui vient de passer !
La porte : La clé ne vous sera d'aucun secours si vous conservez une taille aussi conséquente.
Utena : Qu'est ce que vous voulez dire ?
La porte : Regardez moi donc ! Voudriez vous rester coincée ? Ce n'est pas que çà me déplaise mais...
Utena (pensive) : Comment faire alors ?
La porte : Je vous suggère de manger un peu de ce curry.
Utena (regardant alentours) : Un curry ? Quel curry ?
Un bol de riz au curry apparut alors entre eux.
La porte (en clignant de l'?il) : CE curry.
Utena (l'air suspicieux) : Qu'arrivera-t-il si j'en mange ?
La porte : A votre place, je me demanderai surtout ce qui n'arrivera pas si vous n'en mangez pas.
Utena (jugeant le danger) : hum... Bon, je crois que je n'ai pas le choix. Après tout, je ne pourrais pas tomber plus bas.
Utena saisit la fourchette et la porta à ses lèvres et fermant les yeux très fort dans l'appréhension de la réaction. Celle-ci fut instantanée. Utena rétrécit tellement et si vite, qu'elle fit une chute douloureuse pour son révolutionnaire postérieur.
Utena : Aïe !! Vous auriez pu me prévenir !
La porte : Vous l'auriez pu également quand vous avez essayé de m'ouvrir par la force...
Utena (considérant le reproche) : Hum... oubliez ce que j'ai dit. Regardez ! Maintenant vous pouvez me laisser passer !
La porte : Oh, je regrette infiniment, mais je suis toujours fermé.
Utena (sentant sa patience atteindre ses limites) : Où est la clé ??!!
La porte (indignée) : Ne me dîtes pas que vous l'avez oubliée là-haut ?
Utena (ne comprenant pas) : Là-haut ? De quoi parlez vous ?
La porte : Mais voyons malheureuse, sur la table !
Utena : Une table ? Mais cette salle est complètement vide excepté vous et moi !
Utena qui tendait le bras derrière elle pour attester ses dires, se retourna alors, pour se retrouver nez à nez avec le pied titanesque d'une table en fer blanc, sur laquelle était posé bien en évidence, un Sceau de la Rose.
Utena (faisant un bond en arrière) : Mais ???!!
La porte : Vous auriez dû faire plus attention...
Utena : Mais je...
La porte : Occupez vous plutôt de récupérer la clé, le lapin blanc s'échappe.
Utena : Le lapin bl... Vous voulez parlez d'Akio ?
La porte : Le lapin blanc, ou Akio, où est la différence ?
Utena : La différence c'est qu'Akio est humain, et pas un lapin !
La porte : Vraiment ?
Utena (serrant les poings) : Au moins plus que vous ! Si vous aviez un peu de c?ur, vous m'auriez montré la clé avant de m'inciter à manger ce stupide curry !
La porte (boudeur) : Oh ! Puisque c'est comme çà, débrouillez vous seule ma chère enfant.
Utena commençait à en avoir sérieusement assez. En plus de ne comprendre strictement rien à sa situation actuelle, cette porte feignant l'altruisme empirait sciemment son anxiété. Et puis qu'est ce qu'elle avait contre Akio d'abord ? C'est vrai, après tout, il avait toujours été accueillant et généreux envers Utena. Enfin, si l'on exceptait bien sur cette course poursuite. Pourquoi l'avait-il évitée ? Aurait-il quelque chose à cacher, à enfermer à double tours derrière cette fichue porte comme Juri cachait ses sentiments pour Shiori dans son pendentif ? Qu'importe, l'heure n'était pas aux réflexions mais à l'action. Utena, toute sportive qu'elle était, se rendit rapidement compte qu'il lui serait impossible d'escalader le pied abrupte et sans prises de la table, dans cet accoutrement qui plus est. A sa troisième chute, elle abandonna tout espoir. Tout à coup, une idée germa dans son esprit. Elle revient alors d'un pas léger et l'?il malicieux près de la porte.
Utena : Dîtes moi, c'est vous qui avez fait apparaître ces objets à leur place actuelle ?
La porte (du bout des lèvres) : Et si c'était moi ?
Utena : Dans ce cas, vous pourriez tout aussi bien les faire apparaître selon une autre disposition, je me trompe ?
La porte : Vous avez raison, à cela prêt que si j'ai le pouvoir de les faire apparaître, je fais avec ce que j'ai, comme qui dirait.
Utena : Ce qui veut dire ?
La porte : Ce qui veut dire que je ne décide pas de l'emplacement des objets.
Utena (l'intérêt émoustillé) : Et qui décide dans ce cas ?
La porte : Pourquoi ces questions ? Qu'attendez vous de moi ?
Utena : Que vous me laissiez passer pardi !
La porte : Je ne suis pas en mesure de vous aider.
Utena (prenant son élan) : C'est çà ou je vous défonce.
La porte (hésitante) : Attendez ! On peut certainement trouver un terrain d'entente entre gens civilisés...
Utena : La diplomatie a également ses limites. Qu'est ce que vous proposez ?
La porte : Goûtez à la glace, je pense que vous pourrez atteindre la clé.
A ce moment, une coupe de glace apparut près du bol de curry. Sans hésiter, Utena prit une cuillièrée de glace, et grandit sur le champs, tant et si bien qu'elle atteint rapidement le plafond de la salle.
Utena : C'est malin...
La porte (se moquant d'elle) : Vous aviez raison, la diplomatie a ses limites. Vous avez ce que vous vouliez maintenant.
Utena sentait sa détermination s'effriter comme un biscuit. Assez de ces tours de passe-passe, elle ne souhaitait plus qu'une chose, rentrer chez elle. Mais l'absurdité de la situation la rendait insoluble. Tout était possible et impossible à la fois. C'était un monde sans réelles règles, et forcer le destin comme elle venait de le faire ne semblait pas être le meilleur moyen de s'en sortir, ou du moins, fallait-il qu'elle pèse plus longtemps le poids des choix qu'elle faisait. Exténuée moralement par l'énervement, l'incompréhension et le rire moqueur de la porte, les larmes commencèrent à couler d'elles-mêmes. Les simples larmes se muèrent rapidement en torrent, en cascades, en nuées de par la taille d'Utena. Une véritable mer assaillit alors la porte.
La porte (buvant la tasse) : Arrêtez !! Vous allez me faire sortir de mes gonds !!!
Utena (de plus belle) : Je ne le fais pas exprès, c'est plus fort que moi ! La porte : Le curry !! Regardez le curry !!
Le bol de curry oublié sur le coup par Utena, voguait tristement au gré des larmes de la jeune fille vers la serrure de la porte. Rapidement, Utena s'en saisit et en avala d'un trait tout le contenu, retrouvant alors une taille plus petite que celle qu'elle avait obtenu la première fois et tombant la tête la première dans le bol lui même. A bord de sa coquille de noix de fortune, Utena se vit engloutir par la serrure de la porte, vers l'inconnu déjà vu, à travers le vécu transfiguré...
Utena au pays des merveilles
Note de l'auteur : Il en aura fallu du temps pour que je me décide à continuer (3 mois)! En fait, j'ai enfin terminé les cours, et j'ai maintenant du temps à consacrer à mes fics, avant de me mettre à bosser cet été, donc voilà, les quelques fans de cette fanfic seront je l'espère satisfaits de ce chapitre... Comme d'habitude, je ne fais qu'emprunter les personnages et bla et bla et bla...
Chapitre 1 : La porte de la Rose
L'obscurité. Tout autours n'était qu'obscurité. Utena pouvait entendre des chuchotements dans les ténèbres et percevoir des frôlements feutrés et intimes de tissus. Mais elle ne discernait rien. Rien si ce n'était une faible lueur émanent tout près de sa main gauche. L'atmosphère était étouffante, oppressante même. Utena, malgré le noir profond dans lequel elle était plongée, se sentait toute nue, comme lors de ces jours de rentrées des classes, où tous les regards se posent sur vous, vous scrutent, vous dévisagent, puis se détournent, rassasiés de préjugés et d'a priori. Oui, c'était comme quand on est exposé sans défense à la vue perçante des autres, ces autres qui vous déchirent de leur regards aiguisés comme des lames de rasoir, auprès desquels il est inutile de ne serait-ce que tenter de dissimuler quelque chose. Utena avait toujours trouvé cela étrange, ce sentiment de culpabilité lorsque les « gens » la regardaient. Pourtant, elle était une des plus populaires de l'Académie et ne souffrait d'aucune persécution. Mais elle avait toujours eu l'impression de devoir quelque chose à ses semblables. Elle avait fini par attribuer ce sentiment de malaise à la pression du regard social. En réalité, les autres en attendent d'avantage de vous lorsque vous êtes dans les hautes sphères. Il lui paraissait parfois plus plaisant d'être une de ces filles invisibles et discrètes, le plus souvent anonymes, qui peuplaient l'école. Au moins, personne n'exigeait rien d'elle ! En cours de philosophie, Utena avait lu une fois dans son manuel, un commentaire de Sartre, qui affirmait qu'il valait mieux être d'une beauté relativement moyenne, ce qui permettait d'avoir le contrôle de sa vie sociale, c'est-à-dire qu'on savait briller et être beau lorsqu'on le voulait, mais qu'on avait également la possibilité de passer inaperçu à loisir. Il lui avait semblé que le penseur avait trouvé le juste milieu... Quoiqu'il en soit, gênée par le poids de l'inconnu face à elle, et intriguée par l'étrange sensation de légèreté qu'elle éprouvait, Utena tendit le bras vers la source de lumière. L'objet était froid et métallique, d'une surface lisse et unie. Il paraissait également être imposant. A tâtons, la jeune fille mis la main sur un interrupteur, et prise d'une joie frénétique, l'actionna vivement... et la lumière fut. Utena descendait en planant dans une sorte de gigantesque conduit circulaire. Regardant autours d'elle, elle constata que la surface était invisible. S'accrochant fermement à l'objet en métal qu'elle venait d'actionner, elle tourna alors la tête dans sa direction. Il s'agissait d'un planetarium identique à celui qu'Akio conservait dans sa chambre. En ce moment même, il diffusait une lumière changeante, épousant l'intégralité des couleurs de l'arc en ciel.
Utena : Qu'est ce que...
N'en croyant pas ses yeux, la jeune duelliste regarda vers le bas, et remarqua qu'elle se rapprochait de la fin de ce qui semblait finalement être une cheminée géante. Au mur étaient accrochés différents tableaux, photographies... Utena remarqua alors certaines photo de ses camarades de classes en tenue de duellistes, puis des cadres successifs représentants un papillon, une chrysalide, et enfin une feuille. Alors qu'elle observait attentivement ces détails, la pesanteur du canal se modifia petit à petit, jusqu'à ce qu'elle ait les pieds en l'air et la tête en bas.
Utena : Oula !! Je n'y comprends rien, qu'est ce que c'est que ce bordel ? Je rêve ou quoi ??
Approchant enfin de la terre ferme, elle toucha le sol après avoir accroché ses pieds à ce qui semblait être le manteau en fer forgé de la cheminée. Se relevant, elle constata avec horreur l'accoutrement avec lequel elle était vêtue. En effet, elle portait l'exacte réplique de la robe que lui avait envoyée Toga lors du bal du lycée.
Utena (en soulevant le pan rose de sa robe d'un geste de dégoût) : Beurk ! Pas çà, encore ! C'est un cauchemar ce truc...
Passant sa main dans ses cheveux, elle y trouva également une rose.
Utena : Bon, si c'est une blague, c'est pas drôle du tout...
A cet instant précis, l'?il d'Utena fut attiré par un mouvement rapide à sa droite.
Utena (éberluée) : Akio ???
Akio était là, habillé dans un carcan rouge aux manches bouffantes et brodée d'or. Il portait une culotte à l'ancienne qui descendait jusqu'à ses mollets, et des bas blancs, comme au temps de la révolution.
Utena (n'en revenant toujours pas) : Akio c'est bien toi ??
Entendant son nom, le jeune homme se retourna et croisa le regard d'Utena. Repéré, il se mit à courir de plus belle dans la salle interminable qui n'était meublée que de la cheminée. Ne souhaitant pas spécialement laisser passer là sa seule chance de comprendre enfin ce qui lui arrivait, Utena se mit promptement à lui courir après.
Utena : Akio !!! Attends moi !!! Qu'est ce que tu fais ici ??
Elle était sur le point de le rattraper, lorsqu'elle le vit s'engouffrer aussi vite que possible dans une porte minuscule marquée du Sceau de la Rose. Désespérée, elle se jeta dans l'ouverture... pour se prendre la porte en pleine figure. Le « clic » sonore du verrou se fit entendre.
Utena se retrouvait à nouveau seule, à l'autre bout de cette salle immense carrelée comme un damier. Comment allait-elle se sortir de là ?
Utena (tournant tout de même la poignée) : Hum, on ne sait jamais...
Plutôt que de s'ouvrir, la porte émit un gémissement de douleur !
Utena (les yeux ronds) : Argh !!! Qu'est ce que c'est que çà encore ?
La porte : « çà » ? Dois-je prendre ceci pour moi ? Utena (pensant) : Pour une fois, utilisons la diplomatie...
Utena (à voix haute) : Euh, non, je parlais de... la Rose vous surplombant bien sur !
Utena (pensant) : Qu'est ce que je raconte moi encore...
La porte : Oh ! Je vois... Ce magnifique symbole représente ma clé. Il n'y a que comme cela que vous puissiez me traverser. He he, vous avez vu, je fais des rimes !
Utena (avidement) : Et où est cette clé ? Je dois absolument poursuivre la personne qui vient de passer !
La porte : La clé ne vous sera d'aucun secours si vous conservez une taille aussi conséquente.
Utena : Qu'est ce que vous voulez dire ?
La porte : Regardez moi donc ! Voudriez vous rester coincée ? Ce n'est pas que çà me déplaise mais...
Utena (pensive) : Comment faire alors ?
La porte : Je vous suggère de manger un peu de ce curry.
Utena (regardant alentours) : Un curry ? Quel curry ?
Un bol de riz au curry apparut alors entre eux.
La porte (en clignant de l'?il) : CE curry.
Utena (l'air suspicieux) : Qu'arrivera-t-il si j'en mange ?
La porte : A votre place, je me demanderai surtout ce qui n'arrivera pas si vous n'en mangez pas.
Utena (jugeant le danger) : hum... Bon, je crois que je n'ai pas le choix. Après tout, je ne pourrais pas tomber plus bas.
Utena saisit la fourchette et la porta à ses lèvres et fermant les yeux très fort dans l'appréhension de la réaction. Celle-ci fut instantanée. Utena rétrécit tellement et si vite, qu'elle fit une chute douloureuse pour son révolutionnaire postérieur.
Utena : Aïe !! Vous auriez pu me prévenir !
La porte : Vous l'auriez pu également quand vous avez essayé de m'ouvrir par la force...
Utena (considérant le reproche) : Hum... oubliez ce que j'ai dit. Regardez ! Maintenant vous pouvez me laisser passer !
La porte : Oh, je regrette infiniment, mais je suis toujours fermé.
Utena (sentant sa patience atteindre ses limites) : Où est la clé ??!!
La porte (indignée) : Ne me dîtes pas que vous l'avez oubliée là-haut ?
Utena (ne comprenant pas) : Là-haut ? De quoi parlez vous ?
La porte : Mais voyons malheureuse, sur la table !
Utena : Une table ? Mais cette salle est complètement vide excepté vous et moi !
Utena qui tendait le bras derrière elle pour attester ses dires, se retourna alors, pour se retrouver nez à nez avec le pied titanesque d'une table en fer blanc, sur laquelle était posé bien en évidence, un Sceau de la Rose.
Utena (faisant un bond en arrière) : Mais ???!!
La porte : Vous auriez dû faire plus attention...
Utena : Mais je...
La porte : Occupez vous plutôt de récupérer la clé, le lapin blanc s'échappe.
Utena : Le lapin bl... Vous voulez parlez d'Akio ?
La porte : Le lapin blanc, ou Akio, où est la différence ?
Utena : La différence c'est qu'Akio est humain, et pas un lapin !
La porte : Vraiment ?
Utena (serrant les poings) : Au moins plus que vous ! Si vous aviez un peu de c?ur, vous m'auriez montré la clé avant de m'inciter à manger ce stupide curry !
La porte (boudeur) : Oh ! Puisque c'est comme çà, débrouillez vous seule ma chère enfant.
Utena commençait à en avoir sérieusement assez. En plus de ne comprendre strictement rien à sa situation actuelle, cette porte feignant l'altruisme empirait sciemment son anxiété. Et puis qu'est ce qu'elle avait contre Akio d'abord ? C'est vrai, après tout, il avait toujours été accueillant et généreux envers Utena. Enfin, si l'on exceptait bien sur cette course poursuite. Pourquoi l'avait-il évitée ? Aurait-il quelque chose à cacher, à enfermer à double tours derrière cette fichue porte comme Juri cachait ses sentiments pour Shiori dans son pendentif ? Qu'importe, l'heure n'était pas aux réflexions mais à l'action. Utena, toute sportive qu'elle était, se rendit rapidement compte qu'il lui serait impossible d'escalader le pied abrupte et sans prises de la table, dans cet accoutrement qui plus est. A sa troisième chute, elle abandonna tout espoir. Tout à coup, une idée germa dans son esprit. Elle revient alors d'un pas léger et l'?il malicieux près de la porte.
Utena : Dîtes moi, c'est vous qui avez fait apparaître ces objets à leur place actuelle ?
La porte (du bout des lèvres) : Et si c'était moi ?
Utena : Dans ce cas, vous pourriez tout aussi bien les faire apparaître selon une autre disposition, je me trompe ?
La porte : Vous avez raison, à cela prêt que si j'ai le pouvoir de les faire apparaître, je fais avec ce que j'ai, comme qui dirait.
Utena : Ce qui veut dire ?
La porte : Ce qui veut dire que je ne décide pas de l'emplacement des objets.
Utena (l'intérêt émoustillé) : Et qui décide dans ce cas ?
La porte : Pourquoi ces questions ? Qu'attendez vous de moi ?
Utena : Que vous me laissiez passer pardi !
La porte : Je ne suis pas en mesure de vous aider.
Utena (prenant son élan) : C'est çà ou je vous défonce.
La porte (hésitante) : Attendez ! On peut certainement trouver un terrain d'entente entre gens civilisés...
Utena : La diplomatie a également ses limites. Qu'est ce que vous proposez ?
La porte : Goûtez à la glace, je pense que vous pourrez atteindre la clé.
A ce moment, une coupe de glace apparut près du bol de curry. Sans hésiter, Utena prit une cuillièrée de glace, et grandit sur le champs, tant et si bien qu'elle atteint rapidement le plafond de la salle.
Utena : C'est malin...
La porte (se moquant d'elle) : Vous aviez raison, la diplomatie a ses limites. Vous avez ce que vous vouliez maintenant.
Utena sentait sa détermination s'effriter comme un biscuit. Assez de ces tours de passe-passe, elle ne souhaitait plus qu'une chose, rentrer chez elle. Mais l'absurdité de la situation la rendait insoluble. Tout était possible et impossible à la fois. C'était un monde sans réelles règles, et forcer le destin comme elle venait de le faire ne semblait pas être le meilleur moyen de s'en sortir, ou du moins, fallait-il qu'elle pèse plus longtemps le poids des choix qu'elle faisait. Exténuée moralement par l'énervement, l'incompréhension et le rire moqueur de la porte, les larmes commencèrent à couler d'elles-mêmes. Les simples larmes se muèrent rapidement en torrent, en cascades, en nuées de par la taille d'Utena. Une véritable mer assaillit alors la porte.
La porte (buvant la tasse) : Arrêtez !! Vous allez me faire sortir de mes gonds !!!
Utena (de plus belle) : Je ne le fais pas exprès, c'est plus fort que moi ! La porte : Le curry !! Regardez le curry !!
Le bol de curry oublié sur le coup par Utena, voguait tristement au gré des larmes de la jeune fille vers la serrure de la porte. Rapidement, Utena s'en saisit et en avala d'un trait tout le contenu, retrouvant alors une taille plus petite que celle qu'elle avait obtenu la première fois et tombant la tête la première dans le bol lui même. A bord de sa coquille de noix de fortune, Utena se vit engloutir par la serrure de la porte, vers l'inconnu déjà vu, à travers le vécu transfiguré...
