Le 21/06/03

Utena au pays des merveilles

Notes de l'auteur : Bon, cette fois-ci j'ai raccourci l'espace entre le premier et le deuxième chapitre, car je n'aurai laissé qu'un petit mois d'intervalle entre les deux. Je sais ce que vous allez vous dire en regardant la date. Et oui, c'est la fête de la musique ! Question : Qu'est ce que je fais chez moi à écrire des fanfics ? lol, en fait je dois y aller ce soir avec ma frangine, donc en attendant, disons que la fête de la musique se prête parfaitement à cet épisode d'Utena au pays des merveilles ! Comme d'habitude, je ne fais qu'emprunter les personnages, ne me poursuivez pas.

Chapitre 2 : La course pour l'éternité

Utena (ouvrant doucement les yeux) : Beurk, j'ai le mal de mer...

Utena (réalisant ce qu'elle venait de dire) : Le mal de mer ??

Utena entreprit alors de s'extirper du fond quasi marécageux du bol de curry, en évitant au maximum de toucher l'énorme morceau de poulet gisant dans son jus presque aussi grand qu'elle. Tant bien que mal, elle parvint à s'accouder au bord de son navire de fortune.

Utena (l'air ennuyé) : J'ai dû m'endormir... Super, maintenant je suis bel et bien perdue !

En effet, le bol de curry flottait maintenant sur une mer inconnue au gré des vagues. Utena, s'abandonnant à sa situation, se contenta de fixer nonchalamment l'horizon, vautrée sur le bord du récipient.

Utena (soupirant) : C'est sans espoir, je suis bloquée ici...

C'est alors qu'elle perçut ce qui semblait être un chant. Utena se mit alors fébrilement en quête de sa source, pour constater avec étonnement qu'une embarcation voguait non loin de la sienne. Enfin, une embarcation est un bien gros mot : Le dit navire était en fait une sorte de planche en bois ayant la forme d'une feuille. Au centre des rainures était juché...

Utena (les yeux hors de la tête) : SAIONJI ?????

Le play-boy était confortablement installé sur sa planche improvisée, ses cheveux vert ondulants sous la légère brise marine. Le chant émanait vraisemblablement de lui. Son embarcation n'avait pas de voile, mais disposait d'une source d'énergie non négligeable. Kendo, Yuuko et Aiko se chargeaient en effet de le pousser en battant des jambes dans l'eau.

Utena (sautant aussi haut que le morceau de poulet le lui permettait) : Saionji !!!! Je suis là !!! Keiko !!!! Ohééé venez m'aider !!!

L'étrange équipage continuant sans broncher son chemin, Utena décida de les rejoindre d'elle-même. Elle saisit alors la cuillère et se mit à ramer de toutes ses forces de part et d'autre de son bol de curry.

Utena (en plein effort) : C'est bien la première fois que je suis aussi contente de le rencontrer celui-là...

A l'horizon se dessinaient les traits d'une côte pourvue d'une large plage et de l'orée d'un bois. Motivée par cet espoir, Utena redoubla d'efforts pour rattraper ses camarades de classe, mais plus elle approchait de la côte, plus la houle malmenait la fragile coquille de noix, si bien qu'elle se retourna juste avant d'accoster sur le rivage. Utena s'accrocha alors fermement au premier objet qui lui tomba sous la main, et qui s'averra être... le tristement célèbre morceau de poulet au curry géant. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était saine et sauve allongée sur la plage, serrant toujours par instinct de conservation, son compagnon d'infortune.

Utena (relâchant son étreinte et roulant de côté) : Faites moi penser à ne plus manger de curry.

La jeune fille entreprit alors d'essorer ses cheveux et de se rendre un peu plus présentable, notamment en essayant d'enlever le sable nimbant sa robe. Utena pouvait encore percevoir le même chant que précédemment et se dirigea immédiatement vers son origine, qui semblait provenir de derrière la dune jouxtant la forêt. Elle s'arrêta alors au sommet du monticule sableux, n'en croyant pas ses yeux. En contrebas, une dizaine d'élèves de l'Académie courraient en cercle autours d'un rocher, tout près de la mer. Elles semblaient chanter en c?ur une chanson vaguement familière à Utena, dont seuls les mots « Take my revolution » lui parvenaient clairement. Ces élèves étaient tous des filles que notre jeune duelliste avait déjà croisées dans les couloirs, à des matchs de basket, ou tout simplement frétillant derrière les membres masculins du Conseil des Etudiants. Parmi elle, les trois subordonnées de Nanami, Aiko, Yuuko et Keiko avaient l'air de réellement apprécier le petit manège. Utena, éberluée et toujours trempée jusqu'aux os, décida de se rapprocher de la ronde. Alors qu'elle descendait la dune, elle remarqua alors que Saionji jouait le maestro du haut du rocher surplombant ses groupies inconditionnelles. Fier comme un paon, il chantait également et effectuait les gestes magistraux des chefs d'orchestres en plein opéra, donnant la note, plutôt décalée de ce manège de fous avec son sabre de Kendo.

Utena (rompant le cercle pour s'approcher du rocher) : Hey ! Saionji ! Qu'est ce que c'est que ce cirque?

Saionji (arrêtant de chanter mais continuant inlassablement ses mouvements rythmiques) : Tiens, nous avons un nouveau membre !

Utena, naturellement réticente à engager une conversation poussée avec l'ancien fiancé d'Anthy, décida de couper directement dans le vif du sujet.

Utena (sèchement) : epargne-moi les civilités tu veux ? Qu'est que vous fichez ici ?

Saionji (non moins joyeusement) : Nous recherchons l'éternité voyons !

Utena : L'éternité ? Je crois pas que çà soit en courrant comme des dératés que vous obtiendrez l'éternité.

Saionji : Ah oui ? Pourtant c'est comme çà et on y peut rien. Ce sont les lettres qui me l'ont dit. Courir jusqu'à nouvel ordre.

Utena : Et tu fais courir les autres parce qu'une lettre te l'a dit sans te poser de questions ?

Saionji : Bah nan. Je veux atteindre l'éternité coûte que coûte alors on continue. Tant que j'arrive à battre Toga à ce petit jeu, çà m'est bien égal.

Utena (en colère) : Tu vaux décidément pas mieux que ce fichu code de la Rose toi !

Saionji (souriant) : Tu as aussi ta place parmi nous dans la ronde pour la révolution.

Utena : Je me fiche de tous çà, je veux juste rentrer à Ohtori !

Saionji (les yeux dans le vague) : Mais tu y es.

Utena : Nan ! Tout ceci n'est pas réel ! Je veux rentrer !

Saionji : Entre dans le cercle et poursuis l'éternité, tu trouveras Ohtori au bout de ta course, aux Confins du monde.

Les mouvements de Saionji paraissaient maintenant mécaniques, comme si sont corps tout entier était mu par des fils invisibles, telle une marionnette dont l'énergie vitale serait pompée directement dans le flux massif et enivrant des incantations du groupe. Méfiante, Utena décida alors de les laisser courir après leurs illusions pour chercher elle-même une sortie à ce cauchemar. Après tout, l'éternité n'existait que dans les contes de fées, après que le prince et la princesse se furent mariés. Mais Utena commençait à désespérer de retrouver son prince un jour, et ce n'est certainement pas en restant ici qu'elle le trouverait ! Elle tourna alors les talons pour rompre à nouveau la procession quasi mystique mais alors qu'elle sortait du cercle, Keiko saisit un pan de sa robe pour l'entraîner avec elle. Utena fut alors noyée malgré elle sous le flot des psaumes à l'éternité. Maintenant qu'elle participait contre son gré à la ronde, il lui semblait impossible de pouvoir s'en dégager, comme si le cercle exerçait sur sa volonté et son corps une attraction la poussant à courir de plus belle. Au moment ou ses propres yeux commençaient à se perdre dans le vague, Utena perçut la voix qui la tira de son cercueil dans son enfance. « Que jamais ta force et ta noblesse ne disparaissent... »

Utena (arrachant sa robe des mains de Keiko) : NON ! Je refuse d'être une princesse sans défense !! Je suis un prince, et les princes décident eux- mêmes de leur destinée ! C'est comme çà qu'on atteint l'éternité !

La robe, qui jusque là n'avait pas changé depuis son arrivée dans ce monde parallèle se transforma alors en son uniforme habituel de duelliste. Aiko ramassa les lambeaux de la robe en passant et la posa devant elle. Le morceau de tissu jusque là inanimé se reconstitua puis se mit à suivre la procession en rythme, comme si le corps d'Utena l'habitait encore.

Utena : Ce n'est pas moi... Tôt ou tard je sauverai cette princesse qui a besoin de mon aide, même si elle ne s'en rend pas compte pour l'instant.

Décidée à trouver la sortie de ce songe, Utena fit volte face et se dirigea fermement vers l'entrée du bois. Les chants ne se tarirent qu'une fois qu'elle eut passé les premiers arbres, mais Utena avait l'intime conviction que cette course saugrenue ne s'arrêterai que si elle parvenait à évincer celui qui en tirait les ficelles...