Disclaimer : Les lieux et les personnages appartiennent à JK Rowling, l'intrigue appartient à Ashwinder et la traduction m'appartient.
Note : 1 mile = 1.609 kilomètres ; les commentaires de l'auteure sont rapportées entre crochets []
Réponses aux reviews : Merci à tous ceux qui ont prit la peine de reviewer.
alana chantelune : Tu aura la réponse à ta première question dans ce chapitre. Merci pour le compliment. Le pseudo de l'auteur est Ashwinder et elle lit les reviews, mais si tu tiens à lui envoyer un mail, son adresse est tartanboxers@gryffindortower.net Tu n'as pas besoin d'être forte en anglais pour lui parler, comme je l'ai déjà dit elle lit les reviews et c'est une super beta-reader, elle parle aussi français ! Merci d'avoir mis Ginny's Gift dans tes fics préférées. [En effet, je suis bilingue, alors si quelqu'un veut m'envoyer un mot en français, j'en serai contente.]
Fleur : Ton voeu est exaucé.
solla : Je ne sais pas combien de fois je vais encore devoir te remercier, tu me soutiens depuis super longtemps et en plus tu me fais des compliments qui me remontent le moral. En attendant, merci beaucoup.
Céline : Tu as trouvé un bon moyen pour être mentionnée cette fois-ci. En effet j'aurais sûrement pu trouver quelque chose de mieux que "dit-il silencieusement", mais je suis sûre que tu m'as comprise, et ce n'est pas facile de traduire autant de pages chaque semaine. Merci pour le compliment.
Wynzar : La voilà la suite, je suis sûre que l'auteure a beaucoup apprécié ton enthousiasme. [Et oui…]
Olivier : Tu me poses une colle. Peut-être que l'auteure a une opinion sur le sujet. Il est possible qu'ils risquent de ne plus savoir laquelle est la vraie baguette. De plus, l'expelliarmus marche pour la vraie baguette, ça pourrait ne pas emporter le bout de bois. Et puis les Mangemorts ne peuvent pas tous se promener toujours avec un mouchoir et un bout de bois sous prétexte qu'Harry Potter est dans le pays ! [Oui, c'est une bonne réponse. En plus je ne suis pas certaine qu'un mouchoir soit suffisant pour empêcher le mangemort de se faire emporter aussi. J'ai l'impression que lorsqu'on transforme un objet en Portoloin, il faut transformer l'objet au complet, et non juste une partie de cet objet. Je crois cependant que l'expelliarmus marche sur n'importe quel objet et non seulement sur les baguettes. Il y a un exemple de ça dans la série, j'en suis certaine, mais je n'arrive pas a m'en souvenir pour l'instant.]
Lyra : Merci beaucoup chère folle, en fait, es-tu sûre que tu ne te prends pas pour Voldemort ?
Pomfresh : Tu le sauras dans ce chapitre.
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Ginny's Gift, Chapitre Quinze
Harry continua à regarder Macnair, sans voix. Il se dit que l'autre sorcier essayait seulement de l'embrouiller, de le déstabiliser, mais autre chose frappa Harry en plus de la déclaration étrange que Macnair venait de faire. C'était l'inquiétude qu'il avait manifesté pour Ginny plus tôt. Ça n'avait pas de sens. Macnair était un bourreau ; il était supposé avoir le sang froid. Mais, selon Harry, c'était la même chose pour le professeur Rogue. Harry se donna une claque mentale. Il devait agir maintenant, pendant qu'il avait le dessus, s'il voulait sortir Ginny d'ici.
"Appréciez-vous les cours de Potions cette année ?" dit Macnair avec un sourire narquois, comme s'il savait exactement quel sorte de caractère avait Mundungus Fletcher. Cela aiguisa les soupçons d'Harry une fois de plus. Macnair essayait-il de lui dire que Fletcher était du côté de Voldemort ? Que Fletcher était responsable du fait que Ginny soit ici ? Non, ça n'avait pas de sens, ça non plus. Pourquoi délivrer ce genre d'information volontairement ? Mais aussi, si c'était vraiment Rogue, et que Fletcher était du côté de Dumbledore, cela aurait du sens, alors. Harry avait besoin de réponses à présent.
"À quoi jouez-vous ?" lui demanda Harry.
"J'essaye de vous empêcher de me figer avant que j'ai eu une chance de m'expliquer." Il avait l'air très impatient.
"Expliquer quoi ? Que vous êtes vraiment le professeur Rogue ? Je ne crois pas..."
"Je suis le Professeur Rogue," dit Macnair rapidement, ses lèvres bougeant à peine, interrompant Harry.
Harry se dit qu'il ne devrait pas croire cet homme, qu'il devrait simplement figer Macnair pour se débarrasser de ce problème. Les Mangemorts étaient sûrement entraînés à embrouiller leurs opposants, et Macnair venait juste de trouver une très bonne façon de déstabiliser Harry. Mais quelque chose l'arrêta. "Prouvez-le."
"L'année dernière en cours de Potions, vous avez reçu une détention que je vous ai donné parce que votre solution de récurage à explosé et à éclaboussé tout le cachot."
Harry se dit que cela avait été prononcé bien trop vite, comme si l'histoire avait été toute prête. "Malefoy aurait pu vous raconter ça. C'est lui qui a ajouté une cuillerée supplémentaire de sang de dragon dans mon chaudron alors que j'avais le dos tourné. Ron l'a vu le faire juste avant que tout n'explose."
L'expression du sorcier plus âgé était très suffisante. "Je sais. Je l'ai vu le faire, moi aussi. Mais, voyez-vous, ça ne me servirait pas à grand-chose de donner une détention au fils de Lucius Malefoy. Vous, d'un autre côté..."
Il s'arrêta alors qu'Harry levait sa baguette, réalisant peut-être que ce n'était probablement pas le bon moment de dénigrer Harry. "Si vous êtes vraiment le professeur Rogue, vous pouvez me dire quelle note j'ai eu à mon examen de Potions l'année dernière."
"Savez-vous combien d'élèves j'ai ? Vous attendez-vous vraiment à ce que je me rappelle de votre note ?" La façon dont il dit cela fit penser Harry qu'il se souvenait effectivement de la note d'Harry et qu'il cherchait seulement un moyen plus subtil de le faire marcher. Cela plus qu'autre chose convainquit Harry que c'était vraiment Rogue.
"Je parie que vous connaissez celle d'Hermione."
"Ça ce n'est pas difficile. Elle a eu la note la plus haute de toutes," proféra-t-il. "Quatre-vingt-dix pour-cent." Il parlait comme s'il enviait une note aussi haute, mais Harry était sûr qu'avec n'importe quel autre professeur, la note serait encore plus impressionante . "Vous, Potter," continua-t-il, "n'avez réussi à obtenir qu'un maigre soixante-douze pour-cent, si je me souviens bien."
Harry baissa lentement sa baguette, mais resta aux aguets au cas où il se serait trompé. Il savait que seul le professeur Rogue aurait pu avoir accès à ce genre d'information, mais il avait toujours du mal à comprendre ce qui se passait.
"Allez-vous me rendre ma baguette ?" demanda Rogue, croissant ses bras sur son torse.
"Pas encore," répliqua Harry, et il pensa entendre Rogue dire quelque chose à propos du fait que de prendre trop de précautions n'était pas un comportement très Gryffondor dans sa barbe. Pour un peu on aurait pu croire que Rogue était impressionné. "Je veux une explication d'abord. Qu'est-ce qui se passe ici ?"
Rogue poussa un soupir d'exaspération. "Fermez la porte," ordonna-t-il d'un air concis. Harry s'exécuta.
"Ça va devoir être rapide. Je ne sais pas combien de temps il nous reste avant qu'elle soit appelée de nouveau." Il fit un signe de la tête vers Ginny, qui était toujours étendue par terre, inconsciente de tout ce qui se passait.
"Qu'ont-ils fait pour la fatiguer autant ?" Ginny était partie de Poudlard depuis environ vingt-quatre heures à présent, et Harry ne pensait pas que c'était assez longtemps pour qu'elle fabrique un cristal.
"Je n'en suis pas sûr. Macnair faisait partie des privilégiés, mais Lucius Malefoy n'avait pas l'air de l'aimer beaucoup. Il le traitait comme un domestique et ne lui disait pas tout." Son ton était très revêche, et Harry supposa qu'il n'était pas content d'avoir à se lancer dans toutes ces explications.
Harry était surpris d'entendre Rogue parler de Macnair au passé. "Faisait ?" demanda-t-il.
Rogue acquiesça rapidement. "Le vrai Macnair est mort, mais apparemment le Seigneur des Ténèbres ne l'a pas encore découvert. Quand j'ai pris la place de Macnair, personne ne s'en ait rendu compte."
"Comment arrivez vous à faire ça ? Vous avez besoin de lui vivant pour continuer à faire du Polynectar."
"Cela serait vrai si j'utilisais du Polynectar. Ce n'est pas le cas." Il sourit lentement, de la fierté évidente dans son expression. "J'ai développé quelque chose d'un peu plus permanent que ça. Je n'ai pas besoin d'en reprendre toutes les heures, et la personne que je remplace n'a pas besoin d'être vivante pour me fournir des parties de son corps. C'est classé top secret..."
Harry eut l'impression que Rogue frissonna légèrement. Il se demanda comment une potion de ce genre pouvait être faite pour se transformer spécifiquement en quelqu'un d'autre, quelqu'un qui était mort. Il pouvait penser à quelques manières, aucune n'étant agréable, alors il préféra ne pas poser la question. À la place il demanda autre chose. "Êtes-vous en train de dire que vous êtes coincé comme ça ? Avec l'apparence de Macnair, je veux dire."
Rogue haussa les épaules. "Je ne sais pas. Peut-être. Personne n'avait jamais essayé ça avant. Ça pourrait disparaître demain pour ce que j'en sais."
Harry fixa Rogue. Il prenait un très gros risque. En tant que Severus Rogue, sa vie était déjà perdue parce qu'il n'était pas resté un Mangemort loyal. Harry se souvint de la nuit ou Voldemort avait retrouvé son corps et avait appelé ses serviteurs. "Un autre m'a quitté définitivement..." avait dit Voldemort. "Il sera tué, bien entendu." Harry avait toutes les raisons de croire que le Seigneur des Ténèbres avait été en train de parler de Rogue.
Maintenant sa vie courait deux fois plus de risques. S'il était attrapé en train d'espionner, Harry n'avait pas envie de penser à la façon que le Seigneur des Ténèbres utiliserait pour punir Rogue. Le Sortilège de la Mort serait bien trop rapide. Malgré la haine qu'Harry et Rogue éprouvaient l'un pour l'autre, Harry ne souhaitait pas que quelque chose comme ça arrive à cet homme. Rogue rencontra le regard d'Harry et hocha la tête une fois, en un mouvement rapide. Harry avait l'impression que son ancien Maître de Potions avait lu ses pensées.
"Alors vous voyez, Potter," continua Rogue, "nous devons faire attention à notre façon de faire. Si vous allez ramener Miss Weasley à Poudlard avec vous, vous allez devoir faire vite."
Harry était tout à fait d'accord avec ça. "Je n'ai pas beaucoup de temps de toute façon. Ron et Hermione m'attendent à..."
"Quoi ?" siffla Rogue, et d'une certaine manière c'était plus efficace pour exprimer ses émotions que s'il avait crié. Il jura dans des termes très appuyés. "J'aurais dû me douter que vous amèneriez vos deux acolytes ! Cette note vous disait de venir seul !"
"Comment êtes-vous au courant ?"
"C'est moi qui l'ai envoyé," grinça Rogue, comme si cela aurait dû être évident.
"Vous l'avez envoyée," répéta Harry d'un air abruti. Cela expliquait le manque de vigilance autour du château, en tout cas. Aucun des Mangemorts ne savait pour la note, et ils ne s'étaient pas attendus à ce qu'Harry vienne ici. "Si vous l'avez envoyée, vous devriez me connaître assez bien pour savoir que je montrerai cette note à Ron et Hermione. En tout cas, ils étaient avec moi quand je l'ai reçue. Nous savions déjà que Ginny avait disparu."
"Je devais trouver un moyen de faire sortir Miss Weasley d'ici sans trop compromettre ma position. Je savais que je pouvais compter sur votre noblesse pour venir chercher la soeur de votre ami. Vous êtes exactement comme votre père." La façon dont il dit cela fit comprendre à Harry que dans sa bouche ce n'était pas un compliment. "Mais je comptais aussi sur le fait que Granger voudrais directement aller en parler à Dumbledore et l'informer. Apparemment je l'ai mal jugée."
"Alors pourquoi faire quelque chose d'aussi crypté ?"
"Au cas où ça aurait été intercepté. Je ne pouvais pas me permettre d'avoir l'air de lancer Dumbledore sur la piste. En même temps, si ça avait été intercepté, j'aurais pu prétendre que j'essayais de vous amener ici comme une prime supplémentaire pour le Seigneur des Ténèbres."
"Pourquoi ont-ils besoin de Ginny ? Qu'est-ce qui fait d'elle une personne aussi recherchée ?"
"Les Mangemorts ont appris qu'elle vous avait fabriqué un talisman qui fonctionne. Ils veulent qu'elle en fasse un pour le Seigneur des Ténèbres."
"Mais comment sont-ils au courant de ça ?" protesta Harry. "Personne n'est censé le savoir."
"Je ne sais pas comment ils l'ont découvert, mais je pense qu'on peut présumer qu'il y a un espion à Poudlard. Je ne sais pas non plus jusqu'où ils ont été avec elle. Elle est restée avec Lucius Malefoy et ses associés depuis son arrivée hier après-midi pratiquement jusqu'à ce que je monte ici. Elle a dû les défier et refuser de coopérer, si on en juge par l'air que j'ai vu sur la figure de Malefoy. Je lui apportais une potion pour lui permettre de tenir avant qu'ils ne la rappelle."
Harry se souvint de la première potion qu'ils avaient faite en classe cette année. Ça avait l'air si loin. "La Potion Fortitude ?"
"Oui," dit-il simplement, sans aucun éloge à Harry pour s'être souvenu de ses cours de Potions.
"Et bien maintenant elle n'en aura plus besoin..."
Harry s'arrêta alors qu'il regardait sa montre. Son rythme cardiaque s'accéléra. "Merde, je vais être en retard," se marmonna-t-il à lui-même.
Rogue leva les sourcil ; il avait apparemment entendu. "Il y a des potions qu'on peut prendre pour améliorer à peu près tous les sens," commenta Rogue. "Une ouïe surdéveloppée peut vraiment aider quand on est un espion." Cela expliquait au moins à Harry comment Rogue avait réussi à détecter sa présence dans la pièce alors qu'il était sous la cape d'invisibilité. "Ne vous inquiétez pas," continua Rogue, "Je n'en ai pas donné aux autres serviteurs."
"Écoutez, euh, Professeur, il risque d'y avoir un problème. J'étais censé retrouver Ron et Hermione en dehors des murs, et il n'y a aucune chance pour que j'y arrive à temps même sans Ginny. Nous avons passé un accord pour que si l'un de nous est absent au rendez-vous, les autres aillent directement voir Dumbledore."
Rogue eut l'air revêche. C'était assez étrange, en fait, de voir une expression aussi typique de Rogue sur le visage de Macnair. "Très bien. Je vais vous fabriquer un Portoloin pour que Miss Weasley et vous-même vous puissiez tous les deux être de retour à Poudlard avant que Granger et Weasley n'y arrivent. Vous pourrez les devancer..."
Il se tut, et Harry entendit rapidement le bruit caractéristique de quelqu'un montant les escaliers. Rogue jura de nouveau, puis siffla, "Cachez-vous !"
Harry attrapa sa cape d'invisibilité et se précipita vers l'endroit où il s'était caché près de la porte quand elle s'était ouverte. Il se rappela qu'il avait toujours la baguette de Rogue et la lui lança juste à temps. La porte s'ouvrit l'instant suivant.
"Vous voilà enfin !" dit une voix revêche. "On a besoin de vous dans les cavernes immédiatement. Il y a un problème de sécurité."
Les cavernes, pensa Harry frénétiquement, cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Ron et Hermione avaient été attrapés là-bas.
"J'arrive tout de suite," répliqua Rogue. Il n'avait pas l'air content. Harry entendit l'autre homme commencer à descendre les escaliers de nouveau, et Rogue avança pour le suivre. Alors qu'il passait, il regarda Harry durement, comme pour dire, "Ne faites rien de stupide." Puis il était parti.
Harry s'assit sur le sol à côté de Ginny. Elle n'avait pas bougé du tout, malgré toute l'activité autour d'elle. Il écouta attentivement et l'entendit respirer profondément et régulièrement. Elle dormait à poings fermés. Il souleva doucement une mèche de ses cheveux et joua avec, remarquant d'un air absent toutes les nuances de rouge : chaque mèche avait l'air d'être d'une couleur différente.
Son estomac se nouait de façon déplaisante. Tout ce dont il avait envie était de la sortir d'ici et de la ramener en sécurité à Poudlard, mais maintenant il allait devoir ronger son frein jusqu'à ce qu'il sache que ses amis allaient bien, attendant dans l'inquiétude.
Il pensa à Ginny et à tout ce qu'elle avait dû endurer le jour précédent. Il ne savait toujours pas comment ils avaient pu l'enlever. Et que lui avaient-ils fait pour l'épuiser autant ? Rogue avaient pensé qu'elle s'était battue, et Harry se souvint de quelque chose que Ron avait dit un jour, à propos du fait que personne ne pouvait la forcer à faire ce dont elle n'avait pas envie. Harry frissonna à l'idée qu'ils lui aient fait du mal, et une vague chaude de colère l'envahit. Il devait la sortir d'ici, et vite. Il savait qu'ils allaient revenir la chercher, et il devait être parti avant cela.
Mais il devait aussi penser à Ron et Hermione. Il ne pouvait pas les abandonner, non plus. Il ne pouvait qu'espérer que Ron et Hermione créeraient une distraction pour les Mangemorts pour que Ginny ait plus de temps pour récupérer. Puis il s'en voulut à lui-même d'avoir eu une pensée aussi inhumaine. Non. Eux, parmi les quatre, devaient s'échapper de cet endroit aussi rapidement que possible et sans trahir Rogue. Cela avait l'air impossible.
Harry se sentit tout d'un coup extrêmement fatigué. Il avait très peu dormi la nuit précédente, et il avait marché des miles dans le froid. Il s'étira sur le sol à côté de Ginny, s'assurant qu'il était toujours couvert par la cape d'invisibilité, et mit ses bras autour d'elle. Elle soupira dans son sommeil et se pelotonna contre lui. C'était comme s'ils avaient été créés pour être l'un contre l'autre. Harry s'assoupit malgré la pierre froide sur laquelle ils étaient tous deux couchés.
*
Harry se réveilla brutalement. Il faisait noir dans la pièce maintenant. Ginny était toujours endormie à côté de lui, mais à un moment elle avait changé de position et mit sa tête sur son torse. Harry resta étendu là un moment et se gronda de s'être endormi. Quelqu'un aurait pu entrer et le découvrir, et une situation déjà mauvaise serait devenue bien pire. Il se glissa de sous Ginny et se leva, l'entendant murmurer quelque chose et bouger un moment avant de se positionner de nouveau.
Il y avait quelqu'un qui montait les escaliers, et Harry reprit position près de la porte. Si c'était quelqu'un d'autre que Rogue, Harry décida qu'il le figerait et irait chercher Ron et Hermione, mais il se rendit compte que ça voudrait dire abandonner Ginny. Il murmura quelques mots bien choisis. Puis la porte s'ouvrit.
"J'ai entendu ça, Potter," dit une voix doucereuse. "Vous avez de la chance que je ne puisse pas retirer de points ici, parce que vous me tentez."
Si Harry n'avait pas été aussi sûr que Rogue n'avait pas le sens de l'humour, il aurait pu croire que Rogue le taquinait. "Ce n'est pas drôle," grinça Harry. "Que se passe-t-il ?"
"Vos deux acolytes se sont fait attraper. Je pensait que Granger était plus intelligente que ça, mais Weasley est trop vif..."
"Où sont-ils ?" interrompit Harry, sentant son coeur tomber alors que ses peurs étaient confirmées. Il se demanda si la femme de la ferme avait dit à quelqu'un du château qu'il y avait des visiteurs. "Qu'est-ce qui leur arrive ?"
"Ils sont enfermés dans les cachots, mais ce n'est pas le pire. Malefoy a envoyé tous ses valets à votre recherche. Apparemment ils n'ont encore trouvé aucune trace de vous, mais vous allez devoir faire attention. Ils savent que si Granger et Weasley sont là, vous ne devez pas être très loin. Je ne pense pas que cela ait traversé l'esprit de l'un de vous. Ils ont aussi compris que vous aviez été alerté que vous pourriez trouver Miss Weasley ici étant donné que vous êtes arrivés aussi vite." Rogue fit une pause alors qu'Harry absorbait les mots.
"Ont-ils..." commença Harry.
"Ils ne savent pas qui vous a mis sur la piste, et Granger et Weasley ne peuvent pas le leur dire, étant donné qu'ils ne le savent pas eux-mêmes." Il rit durement. "Ils pourraient boire du Veritaserum que ça ne servirait à rien. Vous, d'un autre côté, vous pourriez leur dire un certain nombre de choses qui les intéresseraient." Rogue fit un pas vers Harry, ayant soudainement l'air assez sinistre dans le faible rai de lumière qui entrait dans la pièce. "Vous devez faire très, très attention si vous voulez sortir vos amis d'ici," continua Rogue. "Malefoy aura bientôt fini avec eux, et quand ce sera le cas, il voudra de nouveau voir Miss Weasley. Quand elle sera sortie d'ici, je vous suggère vivement d'aller libérer Granger et Weasley. Je vous fabriquerai un Portoloin qui vous ramènera tous les trois à Poudlard."
"Non !" dit Harry aussi fort qu'il l'osa. Ils avaient parlé en chuchotant jusqu'à maintenant. "Je ne pars pas sans Ginny."
"Je m'assurerais que Miss Weasley est renvoyée à Poudlard saine et sauve."
"Non !" dit de nouveau Harry plus catégoriquement.
"Nous n'avons pas le temps pour ça," siffla Rogue. "Ils viennent la chercher." On pouvait à présent entendre d'autres pas s'approcher, et Rogue abaissa sa voix jusqu'au plus faible murmure. "Ne faites rien pour les arrêter maintenant." Les mots furent énoncés clairement, et Harry pensa voir les yeux de Rogue briller.
Harry avait vraiment envie de désobéir, mais il savait que Rogue avait raison. Si les Mangemorts découvraient qu'il était resté ici tout ce temps, les soupçons se tourneraient vers "Macnair". Harry ne voulait pas se sentir responsable des conséquences si les serviteurs de Voldemort découvraient le subterfuge de Rogue à cause de lui.
Il dut y mettre toute sa volonté pour se tenir là silencieusement alors que plusieurs hommes entraient dans la pièce et remettaient abruptement Ginny sur ses pieds. Ses yeux s'ouvrirent un instant avant qu'elle ne retombe par terre en un tas. Un des individus se tourna vers Rogue.
"Je croyais que vous deviez lui donner quelque chose pour qu'elle reste éveillée."
"J'ai essayé plus tôt, mais elle s'est débattue. Finalement tout a coulé sur ma robe à la place." Harry était stupéfié du changement d'aptitude de Rogue. C'était subtile et pourtant tangible. Il n'avait jamais pensé que son professeur de Potions pourrait être un aussi bon acteur.
"Peut-être qu'il vaudrait mieux attendre demain matin," suggérait Rogue.
"Sa Seigneurie insiste pour le faire maintenant," répondit l'autre. Harry dut présumer que "Sa Seigneurie" faisait référence à Lucius Malefoy, et il trouva le titre assez ridicule.
Il se demanda ce que Voldemort pensait de cette appellation, s'il la connaissait effectivement. "Nous ne devons plus perdre de temps. Si les amis de Potter l'ont trouvée aussi rapidement, Dumbledore ne doit pas être très loin derrière, si ?"
Il fit signe à l'un des autres, qui souleva Ginny et la balança par-dessus son épaule d'où elle pendait comme une poupée de chiffon. Quand ils furent partis, Harry tourna en rond dans la pièce, brûlant de colère au vu de la façon dont ils la traitaient.
Après quelques minutes, il fut sûr qu'ils étaient assez loin pour qu'il puisse s'aventurer lui-même dans les escaliers. Il n'avait aucune idée de la durée pendant laquelle ils allaient la garder cette fois-ci -- bien qu'apparemment ils l'avaient gardé éveillée pendant vingt-quatre heures la fois précédente -- mais il se dit qu'il aurait assez de temps pour se repérer et trouver les cachots. S'il arrivait à faire sortir Ron et Hermione, ce serait déjà une chose de faite. Peut-être qu'ils auraient des idées sur la façon de sauver Ginny. Il pourrait leur dire qu'ils avaient un allié parmi les valets de Lucius...
Mais au moment même où cette pensée lui traversa l'esprit, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas le leur dire. S'ils étaient attrapés de nouveau et qu'on leur donnait du Veritaserum, ce serait la fin pour Rogue, et ce serait de sa faute. Avec toute l'histoire entre Rogue et lui, c'était étrange en fait d'avoir le sentiment qu'il devait protéger cet homme, mais Harry se dit que Rogue avait dû ressentir la même chose pendant la première année d'Harry quand il avait protégé Harry du Professeur Quirrell.
Harry réussit à retrouver son chemin jusqu'à la grande salle sans incident, mais à présent il était perdu. Ron et Hermione étaient enfermés dans les cachots, et il n'avait aucune idée de la façon de les retrouver. D'un air morose, il pensa à la Carte du Maraudeur, qu'il avait laissé dans son dortoir à Poudlard. Pas que cette carte en particulier aurait pu l'aider ici, mais quelque chose de similaire lui aurait sûrement été très utile.
Le château avait l'air très désert, comme auparavant, et Harry soupçonnait que la plupart des habitants étaient impliqués dans ce qu'ils faisaient à Ginny ou le cherchaient. Il se dit que même s'il arrivait à localiser Ron et Hermione ils seraient sous bonne garde, et ce serait difficile pour lui de les libérer sans se faire remarquer. Pendant un moment il pensa à localiser Ginny à la place, mais cela ne l'aiderait pas beaucoup, non plus. Il serait simplement obligé de se tenir à côté et de regarder ce qu'elle endurait, tout en devant faire en sorte de ne pas attirer l'attention pour ne pas être capturé à son tour. Plus que tout autre chose, il ne devait pas laisser cela se produire.
Il se résigna à commencer à un bout de la grande salle et à essayer méthodiquement tous les passages et les portes jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de se rendre aux cachots. Heureusement, le château était loin d'être aussi grand que Poudlard, ou il n'aurait même pas envisagé de faire ça. Il faisait attention à être aussi silencieux que possible, mais même ainsi il failli tout compromettre quand il ouvrit une porte et qu'il trouva quelqu'un derrière. Heureusement pour Harry, la personne tournait le dos, et elle avait l'air de raccommoder une paire de chaussettes. Harry laissa échapper une longue respiration et réprima une envie de rire alors qu'il repartait.
À un moment il arriva à un endroit où Rogue se tenait devant une porte et il se dit que c'était sûrement là que Ginny était gardée. Tout était très silencieux, et Harry n'était pas sûr que ce soit un très bon signe. Il continua à marcher.
Finalement il trouva ce qu'il cherchait, des marches qui descendaient. Il les emprunta, se dirigeant plus encore vers la base du château. Il aboutit dans un passage sombre éclairé seulement par une faible lueur de torche. Il fit une pause avant de continuer, se demandant combien de personnes devaient garder Ron et Hermione.
Un son lui parvint de plus loin dans le passage, le faisant se figer et faisant cogner son coeur contre sa poitrine. Quelqu'un approchait. Non, c'était plus qu'une personne, et apparemment elles traînaient quelque chose de lourd. Harry se colla au mur : le passage était étroit, et il ne voulait pas risquer d'être détecté.
Bientôt il vit deux personnes approcher, en traînant une troisième derrière eux. Alors qu'elles passaient, Harry au un aperçu de cheveux roux et réalisa avec une panique grandissante que c'était Ron et qu'il était inconscient -- ou du moins c'est ce qu'Harry espérait ardemment.
Il hésita, déchiré une fois de plus. Devait-il suivre Ron ou essayer de trouver Hermione ? Hermione était-elle même seulement là, où avait-elle été emmenée plus tôt alors qu'il explorait l'étage supérieur ? L'aventure entière n'avait été qu'une suite de frustrations. Ou bien il lui était totalement impossible d'agir comme il le voulait, ou bien il était obligé de choisir entre deux mauvaises solutions, en décidant laquelle était la moins mauvaise. Il se dit que ça prendrait moins de temps de vérifier et de voir si Hermione était là que de suivre Ron et de se rendre compte qu'il était obligé de revenir pour Hermione.
Il courut le long du passage, et ce ne fut pas long avant qu'il remarque une porte fermée parmi toutes les autres ouvertes dans le passage. Apparemment il n'y avait pas d'autres gardes. Il utilisa le Passe-partout sur la porte, sans même s'ennuyer avec de la magie.
Il y avait une forme sur le sol. Elle bougea alors que la porte pivotait, et Harry pouvait difficilement reconnaître la figure d'Hermione dans la lueur de la torche. La faible lumière était suffisante pour révéler qu'elle avait pleuré.
"Qui est-là ?" vibra-t-elle.
Harry courut vers elle. "Chut, Hermione, c'est moi," dit-il doucement.
"Harry !" Le nom sortit dans un sanglot.
"Hermione, nous devons rester silencieux au cas où il y aurait d'autres gardes dans les environs." Il prit le risque d'enlever sa cape d'invisibilité.
"Harry, qu'est-ce que tu fais ici ?" siffla-t-elle. "Nous avions dit pas d'héroïsme."
Harry prit ses remontrances comme un signe qu'elle n'avait pas été blessée d'une façon ou d'une autre. "Tu t'attendais vraiment à ce que je retourne à Poudlard en vous laissant ici ? Est-ce que tu vas bien ? Est-ce qu'ils vous ont fait quelque chose ?"
"Tu as sûrement vu Ron il y a un instant."
"Oui, qu'est-ce qu'ils lui ont fait ?"
"Je ne sais pas. Ils venaient juste de nous amener ici quand quelqu'un d'autre est venu et a dit qu'ils voulaient Ron là-haut. Puis ils l'ont figé et l'ont tiré. Avant ça ils n'ont fait que nous poser plein de questions. Ron a mené une vraie bataille avant qu'ils ne nous désarment, mais à part ça..."
Harry n'était pas sûr qu'elle lui disait tout. Il soupçonnait Hermione d'avoir pris part dans la bataille, elle aussi. "Qu'ont-ils fait de vos baguettes ?"
"Ils les ont prises. J'ai vu un des Mangemorts les mettre dans sa poche, mais je ne pourrais pas te dire s'il les a toujours."
"Très bien. Écoute. J'ai trouvé où ils gardent Ginny, sauf qu'elle n'est pas là pour le moment."
"Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce que tu as découvert pourquoi ils la voulaient ?"
"Ils savent qu'elle peut faire des talismans. Je ne sais pas comment ils l'ont découvert, mais ils le savent. Ils essaient de la forcer à en fabriquer un pour Voldemort. Je l'ai vu un peu, mais tout ce qu'elle veut c'est dormir."
Hermione fut silencieuse un moment ; puis elle dit lentement, "Je n'aime pas ça, Harry. Ils savaient qui nous étions quand ils nous ont capturé. S'ils essaient de forcer Ginny a faire quelque chose contre sa volonté, ils ont sûrement emmené Ron pour la convaincre de faire ce qu'ils veulent." L'estomac d'Harry se noua alors qu'Hermione continuait. "J'ai lu à propos des talismans. Ils ne marchent pas à moins que le jewel-wright en fabrique de son plein gré. Alors l'Imperium ne les aidera pas. Et ils ne peuvent pas utiliser le Doloris sur elle, ou elle ne sera pas en état de fabriquer un cristal, non plus. Ça prend beaucoup de pouvoir. Mais..."
"Mais ils pourraient torturer Ron pour la faire plier," finit Harry à sa place.
Hermione acquiesça, et Harry crut entendre sa respiration s'accélérer.
"Alors nous devons arrêter ça maintenant." Harry n'en fit pas part à Hermione, mais il savait que Lucius Malefoy et ses associés ne seraient pas contre un peu de torture de Sang-de-Bourbe, comme ils l'appelleraient sûrement, non plus. "La première chose à faire est de récupérer ta baguette et celle de Ron. Reconnaîtrais-tu la personne qui les a ?"
"Oui, je crois."
"Alors viens."
"Où allons-nous ?"
"Je pense que je sais où se trouvent Ron et Ginny. Nous allons les trouver, et si nous avons de la chance, la personne qui a vos baguettes sera dans cette pièce aussi." D'après Harry, ils devraient avoir droit à ce que leur chance tourne, et il était prêt à y croire.
Il tint la cape d'invisibilité, et Hermione se leva et le rejoignit en dessous. Ni l'un ni l'autre n'était aussi petit qu'en première année quand Harry, Hermione et Ron s'étaient cachés sous la cape. Ça les couvrait tous les deux à présent, mais c'était juste. Ils partirent ensemble vers les escaliers qui menaient hors du cachot.
